I haven't been everywhere but it's on my list (+) Andrei & Lou

« Tu me demandes encore une fois si on est ensemble et j’t’assure que j’te pète la figure ! » Bien sûr, Lou n’est pas sérieuse. Enfin, seulement à moitié. Mais c’est plutôt parce qu’elle sait que si elle met sa menace à exécution, elle n’aura plus l’usage de sa main dominante pendant quelques jours. « Tout le monde n’est pas obsédé comme toi et je m’en fiche de ce que tu penses. » Elle est exaspérée, comme c’est souvent le cas en compagnie de son frère jumeau. Enfin, c’est ça la famille ; il paraît que qui aime bien châtie bien, or elle est en présence de la personne qu’elle aime le plus dans l’univers. « De toute façon, lâche-moi un peu la grappe, j’fais c’que je veux. » Au moment où cette réplique franchit ses lèvres, la jeune fille se rend compte qu’elle a l’impression d’être revenue à l’époque de l’adolescence. Elle secoue la tête, comme désireuse de chasser le passé et les gamineries. Mais à force d’insister sur l’étrangeté de ce week-end de son point de vue, il lui prend la tête. Or, elle n’a jamais eu l’habitude de se laisser faire, peut-être parce qu’on accorde un peu tout facilement à la petite dernière. Bon d’accord, ils ont le même âge ; mais c’est différent quand il s’agit d’une fille, non ? Mais visiblement, aux yeux de certains, ça leur retire aussi certains privilèges - ce qui est inacceptable. « C’est bon, t’as fini ? Enfin, de toute façon, même si c’est pas le cas, je te dis à dimanche soir. Amuse-toi bien pendant ces deux jours sans moi. » Et elle l’embrasse quand même, parce que oui, il reste son espèce de moitié, qu’ils soient d’accord ou pas.

Deux heures et demi plus tard, tenant à peine sur sur le siège passager de la voiture d’Andrei, Lou a le nez collé à la fenêtre. « Y’a des gens de l’autre moitié du globe qui ont déjà joué les touristes ici et c’est la première fois pour moi, tu te rends compte ? » Elle s’est déjà rendue à Christchurch, pendant les six mois où elle vivait à Dunedin. Mais entre Blendheim et Christchurch, ça n’a jamais été le cas, voilà pourquoi elle a pleinement profité du paysage le long du trajet dès qu’ils sont descendus du ferry. « N’est-ce pas, que mon pays est le plus beau du monde ? » Elle n’est peut-être pas très objective, mais elle s’en fiche pas mal, c’est ce qu’elle pense au plus profond d’elle-même. « Tu regrettes pas encore d’avoir accepté ma proposition ? » Un léger rire s’échappe de ses lèvres, tandis qu’elle pioche dans les cookies aux pépites de chocolat qu’elle a préparés avant leur départ. Ce week-end, pas de restrictions, ce sont un peu comme des vacances. « Tu te rends compte que ça fait déjà un an qu’on s’est rencontrés ? Enfin, rencontrés est un drôle de mot au vu des circonstances, mais… Qu’on se connaît, on va dire. Dire qu’à ce moment-là, je te faisais seulement visiter les coins d’Island Bay, des plus connus aux plus cachés. Et maintenant, on va à Kaikoura ! » Elle déborde d’enthousiasme, pas seulement parce qu’elle va visiter une bourgade connue qui a l’air sympa comme tout, mais aussi et peut-être surtout parce qu’elle est en bonne compagnie.