love trap [Jillie]

❝ Love trap ❞
billie & jules

« Bon, c’est quoi cette surprise ? » Joy secoue la tête de sa petite bouille d’amour et je viens poser mes deux mains sur mes hanches. « Quoi ? J’ai pas le droit de savoir ? » Elle rit et me pousse légèrement pour que je recule et que je n’entre pas dans sa chambre. « Non maman ! C’est une surprise ! Une surprise ça veut dire que tu ne dois pas savoir ! » Je souffle avant de rire un peu. « Et je saurai quand ? » « Ce soir. Tata Evey va pas tarder à venir me chercher. Tu sauras quand tu viendras me chercher chez elle. » J’arque un sourcil, cherchant à comprendre ce qu’elle essaye de manigancer derrière mon dos. Mais elle me fait craquer, et tant que je la trouve heureuse, je ne veux pas la couper dans son élan. « Bon, très bien ! » La sonnerie de la maison retentit et je laisse la petite fille courir dans les escaliers, non sans la rappeler à l’ordre. Je descends à sa suite et salue la soeur de coeur de mon ex femme. « Tu viens la chercher vers 20h, ça ira ? » «  Si tard ? Tu es sûre ? » « Oui oui, on a quelque chose d’important à faire, avant ce ne sera pas fini. » Je hausse les épaules et enfouis mes mains dans mes poches. « Très bien. Vingt heures. A tout à l’heure mon chat. » Je viens récupérer mon bisou et elles s’éclipsent toutes les deux. J’en profite alors pour aller me pencher sur mes nouveaux dossiers.

Je ne vois pas le temps passer, les heures défilent comme des minutes. C’est sur les coups de 19h30 que je sors mon nez de mon boulot. Je soupire un peu et me décide quand même à aller prendre une douche avant de sortir pour aller chercher Joy chez Evey. Je ne sais pas pourquoi mais j’en ressens le besoin. Une fois propre, j’enfile un jean, un t-shirt noir tout simple, et une chemise en jean par dessus. Je récupère mes clés et quitte notre maison pour entrer dans ma voiture, en direction de chez Evey. Il est vingt heures passées de 2 minutes quand je me gare devant la maison. Je travers l’allée et frappe à la porte de quelques coups, avant d’entendre des pas derrière moi. Surprise, je me retourne et tombe nez à nez avec Billie. Mon coeur s’accélère et je lui souris, légèrement. « Hey ! Je m’attendais pas à tomber sur toi… » L’espace d’un instant, j’imagine qu’elle pourrait croire qu’il y a quelque chose entre Evey et moi, et que c’est pour ça que je viens chez elle à cette heure-ci. Mais ce n’est pas le cas. La porte s’ouvre et c’est Joy qui nous accueille. « Parfaitement à l’heure ! » Elle passe devant moi et va sauter dans les bras de Billie pour lui faire un bisou. Une fois fait, elle prend sa main, puis la mienne. « Venez ! » Je fronce les sourcils en adressant un regard interrogatif à Billie mais elle ne semble pas en savoir plus que moi. Nous entrons dans la maison d’Evey et passons devant la cuisine américaine derrière laquelle elle se trouve, aux fourneaux. « Je vais les installer ! » Je ne comprends rien à ce qu’il se passe, mais je laisse ma fille nous mener là où elle a décidé. Elle nous fait nous installer dans la verranda qui est aménagée d’une table dressée pour deux, avec des bougies et une ambiance tamisée. « Il y a neuf ans aujourd’hui, vous vous êtes rencontrées, et si vous ne vous étiez pas rencontrées, je ne serai peut-être pas là. Alors j’ai voulu vous faire une surprise, et Evey m’a aidée. On a préparé un repas pour vous deux. Ça vous fait plaisir ? » Je ris un peu nerveusement et passe une main dans les cheveux bouclés de la petite fille avant de relever les yeux vers Billie. « Oui, oui bien sûr… » Joy lâche nos mains et nous fait signe de nous installer. « Ce soir, je serai votre serveuse ! » Je ris un peu et hoche la tête. « D’accord, merci mademoiselle la serveuse ! » Je m’installe à table, Billie en fait de même, et Joy s’éclipse non sans avoir fermé la porte qui mène au salon. Les stores ont été baissés sur les parties vitrées séparant le salon de la verranda, histoire de nous laisser de l’intimité, j’imagine. De là, nous pouvons voir le jardin et le ciel étoilé. « Ça ne m’étonnerait pas que l’idée de base vienne d’Evey. Je ne vois pas comment Joy aurait pu savoir que notre rencontre date de 9 ans jour pour jour ! » Je regarde la jeune femme, aussi amusée par la situation que stressée de me retrouver ici seule avec elle, sans avoir imaginé ou préparé ce moment. « Tu avais peut-être quelque chose de prévu ce soir ? »

❝ Love trap ❞
billie & jules

J’essaie d’être discrète quand je pose mon regard sur Billie. Ses longues jambes sublimées par cette jupe me mettent dans un état quasi second, et je dois me faire violence pour calmer mon palpitant qui s’emballe dans ma cage thoracique. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit là, et d’un coup, je me sens pouilleuse à côté d’elle. Je ne sais pas ce qu’elle fait là, ni qui elle est venue voir, mais j’essaie de ne pas laisser aller mon imagination. De toute manière, elle connaît Evey depuis trop longtemps, elle la considère comme sa soeur, il ne pourrait rien y avoir entre elles. Alors pourquoi elle vient aussi si joliment habillée ? Je sors de mes rêveries quand Joy nous accueille et je comprends rapidement ce qu’elle a pu préparer, la petite canaille. J’essaie par un simple regard adressé à mon ex-femme, d’en savoir un peu plus, voir si elle sait quelque chose, mais rien. On a été prises au piège toute les deux. Je m’installe une fois que ma fille nous ait demandé de le faire, et je retire ma chemise en jean que je pose sur le dossier de ma chaise. Joy repart et je pose mon regard sur les traits de la jeune femme, ses yeux soulignés d’un trait d’eye liner discret qui lui donne carrément un regard de biche. Pourquoi faut-il qu’elle soit si belle ? « En fait, on m'a ordonné de ne rien prévoir. » Je penche la tête sur le côté, surprise, fronçant légèrement les sourcils comme pour lui demander de manière non verbale qu’elle continue sur sa lancée pour m’en dire un peu plus. « J'ai ensuite usé de mes charmes pour en apprendre un peu plus et j'ai obtenu mes réponses. J'étais au courant pour tout ça. Mais Joy semble tellement heureuse que je ne voulais pas qu'elle pense que sa surprise était gâchée. » Je la regarde sourire et j’en fais de même, levant les yeux au ciel. « Nous y voilà, j’ai donc été prise au piège ! » Je ris légèrement alors que Billie reprend la parole. « Et toi ? Pas trop déçue ? Tu aurais peut-être préféré passer la soirée avec quelqu'un d'autre. » Je pose sur elle un regard plus appuyé, mes yeux ancrés dans les siens. Si c’est un moyen de me demander si je vois quelqu’un, je trouve ça plutôt mignon, et l’idée même qu’elle s’intéresse à ma vie amoureuse me fait du bien, mine de rien. « Déçue ? Non… jamais de la vie. A choisir entre ça et une pile de dossiers qui m’attendent à la maison, je t’assure que je suis mieux ici avec toi. » J’aurai pu m’arrête à ‘ici’ sans rajouter le ‘avec toi’, mais c’est sorti tout seul. J’esquisse un sourire presque un peu gêné et baisse les yeux une seconde avant de la regarder à nouveau. « En tout cas, ça me fait plaisir que tu sois venue. J’veux dire, si tu étais au courant et que tu es venue quand même c’est que tu en avais envie, au moins un peu… » Je lui adresse un nouveau sourire, tendre, traduisant presque l’amour qui renaît depuis peu.

J’entends la porte qui s’ouvre et je vois que Joy n’est pas très à l’aise mais je la laisse faire, elle veut jouer les grandes, et ce n’est pas plus mal qu’elle travaille sur sa concentration, ce n’est pas une mince affaire pour les devoirs quand elle se déconcentre à peine elle voit une mouche voler. Elle me donne mon verre de champagne et en fait de même pour Billie. « Merci beaucoup. » « Merci mademoiselle, vous êtes bonne à marier ! » Elle rit avec son rire d’enfant qui me ravit les tympans, et repart illico en refermant la porte derrière elle. « Dis donc, campagne, Evey n’a pas lésiné sur les moyens ! » Je ris un peu et prends la flute entre mes doigts pour la lever en direction de Billie, plongeant mon regard dans le sien. « Bon… et bien… à notre rencontre d’il y a 9 ans alors. Je ne me souviens pas de tout mais ça revient petit à petit. D’ailleurs… » Je repose ma coupe sur la table et me tords un peu pour fouiller dans la poche de ma chemise et en sortir un petit bout de papier. « J’ai retrouvé ça l’autre jour. J’ai cherché dans mon répertoire et je me suis rendue compte que ça ne correspondait à rien. Et puis je me suis souvenu du moment où tu l’as écrit, y’a neuf ans, on était encore sur la plage et tu as déchiré un morceau de ton agenda pour y écrire ton numéro. Enfin, si je me souviens bien. Et si c’est pas ça, je vais vraiment avoir l’air conne ! » Je ris un peu, avec une peur légitime de me planter totalement si ce n’est pas le cas et si ce numéro ne lui appartenait pas à l’époque. Si ce n’est pas le cas, je pense que je pourrai me lever et partir en courant le plus loin possible.

❝ Love trap ❞
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J’apprends que Billie était au courant de tout ce petit manège. Je ne dis pas que ça aurait changé quelque chose d’être au courant, mais je me sens quelque peu lésée face à elle. Après tout, Evey est son amie, et je comprends qu’avec le charme légendaire de la jolie brune, Evey n’ait pu résisté à lui dire le petit secret qu’elle avait avec ma fille. Ça ne m’étonne qu’à moitié. En fait, ça ne m’étonne pas le moins du monde, ça m’amuse. J’avoue à la jeune femme que je suis bien mieux ici avec elle plutôt qu’à la maison, seule avec mon boulot. Je ne vois pas qui j’aurai pu aller voir de toute manière, ma meilleure amie est en dépression, mon meilleur ami est sûrement avec sa femme, et puis de toute manière, sortir quand on a un enfant, c’est difficile, même avec une bonne baby-sitter. Je récupère le verre que Joy vient de nous apporter et trinque avec Billie une fois la petite fille disparue. « Méfions-nous, à ce rythme-là, elle nous organise un mariage la semaine prochaine. » Je vois que les mots sont sortis plus vite qu’elle ne les a pensés, vu la tête qu’elle arbore désormais. Moi, je ne peux m’empêcher de sourire à sa spontanéité. « Oui… méfions-nous… » Je lui adresse un regard et un sourire complice pour lui faire comprendre qu’elle n’a pas à se sentir mal. Après tout, c’était de l’humour, je ne dois pas prendre ce qu’elle dit au pied de la lettre. Et quand bien même, si nous devions nous marier à nouveau, je ne suis pas sûre que j’hésiterai bien longtemps avant de donner une réponse positive. Les semaines passant, les souvenirs revenant, je me suis rendue compte que Billie est et restera la femme de ma vie. Si les doutes m’ont envahie, j’ai bien essayé de sortir avec d’autres femmes comme je le faisais avant, mais rien n’y a fait, impossible de coucher avec quelqu’un d’autre. Je me contente de mes rêves osés avec Billie lorsque je ferme les yeux en pensant à elle. D’ailleurs, à cette pensée, j’ai un petit coup de chaud et la gorgée de champagne frais n’arrange pourtant pas les choses. Je tente de trouver un sujet de discussion, et lui reparle de ce numéro de téléphone trouvé dans la poche de ma chemise il y a peu. « Si, ça doit être le mien. À moins que ce soit celui d'une conquête. » Je penche la tête sur le côté. C’est vrai qu’à l’époque, j’avais l’habitude de sortir et coucher avec beaucoup de filles, sans chercher quelque chose de sérieux. Mais je ne vois pas l’intérêt de garder un numéro de téléphone sur un bout de papier si celui-ci n’a pas quelque chose de précieux. « J'avais entendu qu'elles avaient l'habitude de t'écrire leurs numéros sur ta main et comme je ne voulais pas que tu le perdes en prenant une simple douche, j'ai sacrifié une feuille pour toi. » J’arque un sourcil quand elle avoue avoir entendu parler de moi avant même qu’elle me donne son numéro. Elle connaissait donc ma réputation, et elle m’a quand même donné son numéro. C’est plutôt bon signe j’imagine. « Mais du coup, il y a peut-être d'autres femmes qui ont pensé comme moi. » J’esquisse un sourire et la laisse récupérer le papier à même ma main pour regarder le téléphone en question. « C'est bien le mien. Je devais déjà hanter tes pensées si tu l'as gardé précieusement. » Je ris un peu et viens lui récupérer le papier des mains d’un geste sec en jouant la fausse vexée. « Bien sûr, qu’est-ce que tu crois ! Personne n’avait encore jamais arraché une page de son agenda pour m’écrire son numéro de téléphone ! J’ai eu le droit à des serviettes, des notes de restaurants, mais pas un bout de page d’un agenda ! » J’arque un sourcil et replie le petit papier avant de le ranger à sa place dans la poche de ma chemise tout contre ma poitrine. « Et je suppose que si je l’ai gardé, c’est qu’il y avait une bonne raison à ça. J’aurai pu le jeter après l’avoir rentré dans mon répertoire, mais non ! » Je hausse un peu les épaules. « Comme quoi je devais avoir un côté sentimental caché quelque part, et t’es la première a avoir appuyé dessus ! » Je lui souris tendrement et amène ma coupe de champagne à mes lèvres pour en boire une gorgée. « N’empêche, je suis contente de me souvenir au fur et à mesure. Tous les souvenirs qui reviennent sont de bons souvenirs, mis à part les tout premiers, c’était compliqué. Mais depuis, c’est des souvenirs qui font du bien. » Je souris, pensive, alors que de mon index je fais le tour de mon verre. « J’ai l’impression que c’était une belle histoire, je me trompe ? »

❝ Love trap ❞
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Nous parlons de ce fameux morceau de papier sur lequel elle avait marqué son numéro de téléphone, il y a exactement 9 ans. Ça remonte à si loin, c’est dingue de me dire que je ne me souviens quasiment de rien. Mais je garde espoir grâce à tout ce que j’ai pu retrouver depuis quelques semaines. C’est important de me raccrocher au positif plutôt qu’au négatif, sinon je n’avancerai jamais. « À cause de toi, j'ai été contrainte de ne rien faire durant toute une journée parce que je n'ai pas pu marquer mes rendez-vous. » Je ris à sa réponse et grimace un peu en fronçant mon nez, non sans un sourire amusé. « Oh… je suis vraiment désolée. C’est un peu tard, mais je suis désolée ! » Je souris de plus belle. C’est agréable de retrouver une sorte de complicité entre nous, une simplicité et une légèreté dans nos gestes et nos paroles. Ce n’était pas le cas la dernière fois que nous avons eu une discussion toutes les deux au boulot. En général, c’est plutôt tendu, mais là, sans savoir pourquoi, tout semble plus simple. « C'était au cas où ton téléphone ait un problème technique, tu voulais pouvoir continuer à me contacter. N'importe où, n'importe quand. » Je souris de plus belle et hoche la tête. « Tu as raison, ça doit être ça ! » Je rajoute que je devais finalement avoir un petit côté sentimental, enfoui quelque part en moi. Je finis ma tirade en lui disant que j’imagine que nous avons vécu une belle histoire, jusqu’à mon accident j’entends. Mis à part l’épisode de cet homme avec qui elle m’a trompée, et dont j’ai eu les premiers souvenirs avant même de me souvenir d’elle ou même de ce bébé qu’elle a porté et que j’ai fini par reconnaître. « Je suis parti pris, je ne peux pas vraiment répondre. » Je souris légèrement en voyant la grimace adorable qu’elle m’adresse. « Disons que toute personne normale veut vivre une belle histoire d'amour et je pense que j'ai eu la mienne. Je n'ai aucune idée de si oui ou non je revivrais cela un jour, si j'arriverais à ressentir des sentiments aussi forts, mais je suis heureuse de l'avoir au moins vécu une fois dans ma vie. » Je ne sais pas exactement comment je dois prendre cette tirade. D’un côté, c’est flatteur d’entendre que j’ai été sa plus belle histoire d’amour jusqu’à présent, et d’un autre, ça sonne comme si tout ça n’était du passé, comme si elle n’espérait plus que nous arrivions à reconstruire quelque chose toutes les deux. Cette idée fait serrer mon coeur et contracter mon corps. Je me sens obligée de détourner les yeux, me mordant l’intérieur de la joue en hochant à peine la tête. « Je te le souhaite en tout cas. » De revivre une histoire d’amour. Elle est jeune, et si nous deux ça n’en vient pas à revenir comme avant, alors j’espère qu’elle trouvera quelqu’un pour vivre une nouvelle belle histoire. Un silence désagréable s’installe et heureusement, la porte de la veranda s’ouvre sur ma fille portant deux assiettes heureusement pas trop fournies et donc pas trop lourdes. Je souris de la voir si concentrée et si calme, c’est tellement rare. Je souris aussi et surtout pour ne pas l’inquiéter de voir que ce repas n’arrivera peut-être pas à nous rapprocher Billie et moi. Je sais que c’est l’issue que Joy voudrait, Evey aussi, mais j’ai bien peur que Billie tente un peu trop de vouloir passer à autre chose. C’est le sentiment que j’en ai. Sans doute pour arrêter de souffrir, je suppose. « Merci beaucoup. Ça me semble très bon ! » « Je sais pas si c’est bon mais c’est très beau, tu es un vrai petit chef, tu vas pouvoir me faire à manger à la maison ! » Elle rit et ce son me ravit les tympas et me redonne un souffle d’énergie. « Merci monkey. A tout à l’heure ! » Elle hoche vivement la tête et vient déposer un baiser sur ma joue, avant d’en faire de même avec Billie, puis elle s’éclipse en refermant la porte derrière elle. Je souris un peu bêtement, les yeux rivés sur mon assiette. « C’est un vrai soleil. Heureusement qu’elle est là, je suis pas sûre que j’arriverai à surmonter tout ça si elle n’était pas là. » Et dans ‘ça’, je parle de mon amnésie bien sûr, de la perte de mon frère aussi, mais surtout de cette distance douloureuse que Billie semble s’évertuer à mettre entre nous. Et plus les souvenirs me reviennent, plus les sentiments s’en mêlent, et plus il est difficile de supporter cette foutue distance, ces barrières qu’elle érige autour d’elle comme une sorte de protection. Je ne suis pas sûre d’arriver à les faire redescendre un jour. J’en ai peur, horriblement peur. « Comment va Tymeo ? » Super le changement de conversation. Amené subtilement Jules, bravo !

❝ Love trap ❞
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Je la laisse me servir sa vision des choses quant à l’amour et aux relations amoureuses importantes. Je tente au maximum de ne pas trop montrer à quel point ça m’affecte qu’elle puisse émettre l’hypothèse qu’elle se mettra peut-être avec quelqu’un d’autre un jour. Imagine qu’elle puisse dormir avec quelqu’un, embrasser quelqu’un, ou même faire l’amour avec quelqu’un d’autre… mon dieu, un frisson désagréable me parcourt et un goût désagréable s’empare de ma bouche. Ne rien laisser paraître. J’essaie d’esquisser un sourire, de continuer de parler, comme si de rien n’était, ou presque. Heureusement, Joy nous sort de cette discussion risquée et je la remercie du plus profond de mon coeur, sans pour autant le lui dire. Je lui adresse quelques marques de tendresse sous le regard doux de Billie, que je ne remarque pas immédiatement. Une fois la petite fille repartie, j’avoue à Billie qu’aujourd’hui, je ne m’imaginerai pas vivre dans Joy. Elle est devenue réellement indispensable à ma vie. Impensable quand on sait que je n’avais jamais voulu d’enfants. Et si je ne me souviens pas vraiment de Tymeo, la grossesse de Billie, mon acceptation difficile du petit garçon, je sais quand même que ça a été difficile au vue des souvenirs pressants qui sont arrivés quelques jours après mon réveil. Je demande quand même à Billie si son fils va bien. Je dis son fils parce que je doute qu’elle imagine encore qu’il soit le nôtre. Je ne me souviens pas de lui, j’ai déjà du mal à me souvenir de sa mère avec qui j’ai vécu 9 ans… Je me demande bien comment j’ai réussi à me souvenir de Joy. Tout ça est un réel mystère. « Il va bien. » Je ne lâche pas la jeune femme du regard, attendant qu’elle poursuive parce que cette réponse concise ne me suffit pas. « Il a plutôt la vie facile. Il est chouchouté par toute ma famille et cela me permet d'avoir un peu de temps pour moi de temps en temps. Je devrais être ravie de cela, mais j'ai du mal à devoir me séparer de lui. » Je souris, tendrement. « Oui, j’imagine. Tu dois être une vraie mère poule avec lui. » Je laisse échapper un léger rire, comme pour essayer de détendre l’atmosphère auparavant légèrement crispée par notre précédente discussion. La dernière fois que j’ai vu le petit garçon, je m’en suis occupée pendant quelques dizaines de minutes, je lui ai même changé sa couche sans broncher. Je me souviens surtout que Tymeo n’a rien dit, pas pleuré, il a gardé ses grands yeux bleus rivés sur mon visage. Il m’a fait confiance, n’a pas gigoté outre mesure. Comme s’il avait attendu ça depuis longtemps. Mais ce n’est qu’un bébé, il n’a pas conscience de tout ça. « Tu pourrais venir le voir de temps en temps, si ça te dit bien sûr. » J’avais les yeux posés sur mon assiette et je les relève d’un seul coup pour la regarder, ne comprenant pas exactement où elle veut en venir. Un temps de latence plus tard et j’ouvre enfin la bouche. « Oui, oui avec plaisir. » Je n’en ressens pas nécessairement le besoin, mais si ça peut me permettre de voir Billie, je ne refuserai pas sa proposition. Pourtant, je ne peux m’empêcher d’imaginer qu’elle rencontre quelqu’un d’autre, qu’elle vive avec cette personne, et que le petit garçon s’attache et oublie complètement ne serait-ce que mon visage ou le son de ma voix. Un homme, une femme, je n’en sais bien rien. J’ai été la première femme à la faire succomber, mais est-ce que je pourrai prétendre être la dernière ? Tout ça me chamboule et me met dans un état assez désagréable, mais j’essaie de ne pas le montrer. Nous sommes là pour passer une bonne soirée, normalement. Les yeux à nouveau rivés sur mon assiette, un silence s’installe, jusqu’à ce que Billie ne le rompe, assez brutalement je dois dire. « Tu as quelqu'un en ce moment ? » Je manque de m’étouffer avec mon morceau de poisson et attrape ma serviette pour la plaquer sur ma bouche, manquerai plus que je crache. Une gorgée de champagne et ça va mieux. « Pardon, je m’attendais pas à une question aussi… directe. » J’émets un léger rire, un peu crispé je dois dire. « Euhm… Non. Je n’ai personne. Pour être honnête, j’ai essayé un soir. J’ai pas mal bu et je me suis dit que ce serait plus simple de me laisser aller. Elle avait tout pour me plaire, ou disons, elle aurait pu me plaire dans d’autres circonstances. Enfin toute manière j’ai pas réussi. Même alcoolisée. J’ai tout stoppé avant que ça n’aille trop loin… » Je grimace et secoue même la tête pour faire partir cet épisode de ma tête. Je ne sais pas si je dois lui dire que j’ai pensé à elle au moment où c’était censé devenir intéressant. « Si tu veux tout savoir, au moment de passer aux choses sérieuses j’ai eu flash. Je t’ai vue, toi, à sa place, et si au départ je me suis dit que j’allais au moins essayer, en imaginant que c’était toi, j’ai fini par fuir en me rendant compte que c’était pas respectueux pour elle… » Je me pince les lèvres et n’ose pas vraiment la regarder. Je viens chercher ma coupe et la finis d’une traite avant de soupirer. « Et toi ? Je t’ai vue de loin au parc avec une jeune homme y’a pas très longtemps. Je passais vite, j’étais en moto, j’ai pas voulu m’arrêter pour te saluer, je me suis dit que tu avais sûrement mieux à faire… » Et dire que j’ai été jalouse à ce moment est un euphémisme.

❝ Love trap ❞
billie & jules

Je m’étale sur les détails de mon incompétence sur le sujet de l’amour. L’amour sans sentiments je parle. J’ai bien essayé de retrouver un semblant de vie sociale, de papillonner comme je le faisais lorsque j’étais plus jeune, lorsque j’étais célibataire. Parce que si aujourd’hui je suis officiellement célibataire, mon coeur lui ne connaît pas ce terme. Il s’est arrêté au statut mariée et fidèle, et il ne conçoit plus l’idée que j’aille poser mes mains sur le corps d’une autre femme que Billie, mes lèvres sur d’autres lèvres que les siennes. Oui, j’ai essayé, mais le résultat n’a pas été à la hauteur de mes attentes. Au contraire, c’est une nouvelle fois le visage de la brune qui m’est apparu. Impossible de continuer. J’aurai bien pu ne pas dire tout ça à Billie, peut-être que ça pourrait l’effrayer, je n’en sais rien. Après tout, si on en est là c’est en grande partie de ma faute. Si je n’avais pas été violente avec elle au sortir de mon coma, on serait peut-être toujours mariées. On aurait vécu une passe difficile, mais nous retrouver aurait sans doute été plus évident qu’aujourd’hui. Maintenant que nous ne vivons plus sous le même toit, que nous avons repris notre liberté en quelque sorte, tout semble être une montagne si difficile à gravir. Un pas en avant, et deux en arrière. Cette situation me peine plus que je ne le laisse paraître, parce que comme toujours, je suis la meilleure pour arriver à cacher mes émotions les plus profondes. Et si j’avais réussi à m’ouvrir à elle quand nous étions ensemble, aujourd’hui, c’est presque comme tout recommencer du début. Et c’est dur. Je tente un changement de sujet et lui parle de ce jour où je l’ai vue dans le parc avec un jeune homme. Ma question est tintée de jalousie, qu’on se le dire. « Exactement. Enfin.. » Exactement, elle avait mieux à faire que de me voir. Mon coeur se serre et mes mâchoires en font autant. Maladresse ou révélation ? Peu importe, mais ça fait un mal de chien. « Shawn est un ami, un bon ami. Je l'ai rencontré grâce à sa sœur, elle n'avait pas le temps de lui faire visiter la ville quand il est arrivé, alors elle m'a demandé si je pouvais le faire. » Je me contente de hocher la tête, presque comme un réflexe, pour éviter d’avoir à parler et juste lui faire comprendre que j’ai bien entendu ce qu’elle vient de me dire. « Tyméo l'aime bien. Peut-être un peu trop même. Ou alors il manque de figures masculines. Il l'a appelé papa l'autre jour. » Je manque de m’étouffer avec mon morceau de poisson et place mon poing fermé devant mes lèvres pour tousser une fois ou deux, avant de me servir une nouvelle coupe de champagne et en boire une gorgée. « Pardon, c’est la surprise. Papa donc… » Je soupire, bien malgré moi. « Je pensais que ton frère suffirait en terme de figure masculine, mais s’il en cherche d’autres écoute… » Je hausse les épaules et me la joue détachée, même si au fond cette situation me peine beaucoup. Le petit garçon cherche des repères pendant que moi je m’évertue à ne pas me souvenir de lui. Inconsciemment je parle. Je me pince les lèvres et évite soigneusement de regarder Billie pendant que je reprends à manger un peu, plus pour faire plaisir à ma fille que par réel appétit. Un nouveau silence s’installe et ça en devient gênant. Heureusement, Billie décide de rompre ce dernier. « Tu te souviens, l'autre jour tu m'as dit avoir rêvé de nous ? Je n'ai pas voulu te le dire sur le coup, mais il m'arrive aussi de rêver de toi. » Cette fois, je relève les yeux, surprise de son aveu. Je cligne les yeux et avale finalement ma bouchée, ne sachant pas réellement quoi répondre à ça. « Oh. » Super, t’aurais mieux fait de fermer ta gueule Hawkins ! « Et, c’est quel genre de rêves ? Enfin j’veux dire, il se passe quoi dans tes rêves ? Non parce que je doute qu’on rêve exactement de la même chose… » Enfin j’en sais rien qui sait, peut-être qu’elle aussi rêve de moments charnels entre nous, même si j’en doute fortement. Elle est sauvée par le gong quand Joy entre à nouveau dans la verranda. « Vous avez fini, c’était bon ? » Je souris de toutes mes dents. « C’était parfait, mais on garde de la place pour le plat principal, alors on a pas tout mangé ! » Joy sourit de plus belle et hoche vivement la tête. Une par une, elle récupère nos assiettes et les fais passer à Evey qui doit se trouver juste derrière la porte, je suppose. « J’arrive avec les autres assiettes ! » Je hoche la tête en lui souriant de plus belle alors que je repose mon regard sur Billie. « Sauvée par le gong hum ? » Nous échangeons un léger sourire et Joy revient pour apporter son assiette à Billie, puis elle repart et ramène finalement la mienne qu’elle tient fermement de ses deux mains. « C’est superbe, et ça sent divinement bon ! Merci petit chef ! » « Bon appétit ! » Je lui fais un petit signe de main et attends qu’elle ait refermé la porte pour reposer mon regard sur Billie. « Ne crois pas que ma question est déjà passée à l’as. J’attends toujours la réponse ! » Cette fois, je lui adresse un petit sourire complice. Je n’ai ps envie que cette soirée se termine mal, ce n’est pas le but.