it's so loud outside (Aela)

Aujourd’hui t’as eu envie de bosser sur une prod’ perso. Tu t’es installé depuis à peine deux ou trois jours chez ton frangin que déjà tu prends tes marques dans le salon. Une idée t’est venue à l’esprit, la petite lumière s’est allumée et tu t’es dit : faut que je fasse cette prod. Comment ça t’est venu ? C’est tout simple en réalité, tu regardais un épisode de Naruto, pour changer, et là tu t’es dit que tu pourrais faire un truc incroyable avec le thème principal de l’anime. En modernisant l’instrumental, en y ajoutant quelques phrases cultes, tu pourras obtenir un truc qui ferait un tabac sur l’internet weeb. Au début t’avais ton casque sur les oreilles pour bien attraper toutes les nuances des percussions et des basses. T’as redynamisé la musique en y incorporant de la trap, et des sonorités plus graves, un peu de flûte coréenne. Boum, t’avais fait un son qui pulse. Avant tu devais te contenter d’écouter tes musiques dans ton casque, parce que fallait pas que tu sois entendu par ton père mais là t’es seul, Jaeyoon est parti à l’université. Du coup, tu peux te laisser aller, le chien est dans la chambre donc même ses oreilles ne devraient pas souffrir. Du coup, tu sors ton enceinte portative mais puissante et la branche en bluetooth. Et là tu balances la sauce. Ta tête bouge en rythme, tes bras réalisent des mouvements approximatifs. Tu sais pas danser, tu sais simplement te déhancher pour les soirées. À ce moment-là, tu te dis que t’es drôlement bon quand même. Tu mets la musique un peu plus forte et t’hurles les paroles que t’y as intégré. Tu ne peux que t’égosiller à crier « Sasuke » en même temps que Naruto. T’es un enfant parfois Sunwei, t’as l’impression d’être un gamin à Disneyland tant t’es heureux de ta création.

Tu t’amuses tellement que tu remarques même que quelqu’un est en train de marteler la porte d’entrée de coups. Tu râles en coupant la musique d’un clic sur le pad de l’ordinateur avant d’aller ouvrir d’un pas décidé. T’aimes pas être interrompu en plein travail. L’écoute est aussi importante que le processus créatif lui-même. Et on vient te couper en plein milieu. T’espères que c’est pas un livreur ou du démarchage, parce que sinon, ça va encore plus t’énerver. T’ouvres la porte, passablement sur les nerfs. C’est pas un livreur, ni un travailleur de l’industrie du démarchage. Nan c’est une petite bonne femme d’une vingtaine d’années, plus jeune que toi, c’est certain. La voisine ? Sûrement, tu connais pas les habitants de l’immeuble de toute façon. Elle est plutôt grande pour une femme, mais tu la dépasses quand même d’une bonne tête. Si elle avait pas l’air si jeune, elle pourrait te plaire. Elle a de jolis traits, presque angéliques. Ouais, presque angéliques parce que ses sourcils sont froncés et son regard noir. Tu sais déjà qu’elle va se plaindre. Le bruit, sûrement. Enfin, tu vois que ça. Toi t’adoptes une attitude nonchalante en t’épaulant à l’embrasure de la porte, un sourcil haussé. « J’peux vous aider ? » T’as un petit sourire narquois qui tire un coin de tes lèvres. « Si vous cherchez Jaeyoon, il est pas là, il rentre en fin d’après-midi. J'peux prendre un message au besoin.» Tu te dis que t’aurais dû la tutoyer cette petite, juste pour l’agacer encore plus. Parce que bizarrement, son air énervé t’amuse plus qu’il ne te terrifie.

Ce n’est jamais facile de se réveiller après une nuit bien agitée. Aela avait passé la nuit entière à faire la fête et danser, une de ses habitudes d’ailleurs. Son ami l’avait prévenu que les étudiants en médecine avaient organisé une soirée de folie et, bien évidemment, elle était invitée. Elle ne pouvait pour rien au monde rater cela, surtout qu’elle savait que rare étaient les soirées des étudiants en médecine mais lorsqu’ils s’y mettaient, on était jamais déçu. Toute guillerette, elle avait rejoint son appartement vers six heures du matin. Sans hésiter, elle s’était allongée directement sur son lit sans se changer ni se démaquiller.

C’est avec un mal de crâne qu’Aela ouvra les yeux ce matin là. Elle aurait préféré dormir un peu plus que les quelques heures de sommeil qu’elle venait d’avoir mais une drôle de musique l’en empêcha. "Qui est ce con qui ose me réveiller là ??" Elle avait totalement perdu la notion du temps mais comptait bien gueuler un grand coup à ce petit con qui a osé la déranger dans son sommeil. Avant de quitter l’appartement, elle se dirigea vers son congélateur où deux petites cuillères l’attendaient. Elle les posa sur ses yeux gonflés pendant cinq minutes. C’était sa petite astuce histoire de ne pas avoir l’air d’une droguée de service, et puis, qui la prendrait au sérieux avec une tête pareil et ses cheveux en pétard. Elle essaya alors d’être un minimum présentable mais sans pour autant se changer ; son jean déchiré d’hier soir était toujours à sa place.

Le bruit venait directement de l’appartement 12, c’est bien bizarre parce qu’il était habituellement bien calme, contrairement à elle. Elle toqua bien fort en oubliant ses manières et sa politesse et était prête à déballer toute sa colère sur le premier venu. Un jeune homme ouvra la porte, la tête de ce dernier était méconnaissable pour Aela, elle ne l’avait jamais vu dans le coin. Ce n’était même pas le jeune homme habituel. La brunette se demandait si c’était simplement l’effet de l’alcool qui la rendait comme ça. Son analyse lui prit quelques minutes, ce qui laissa le temps au jeune homme de prendre la parole. Il avait bien compris pourquoi elle se retrouvait devant sa porte à cette heure ci mais, apparemment, ça l’amusait bien de poser la question. D’ailleurs, ce sourire narquois lui donnait des envies de meurtres. Et ce vouvoiement encore plus ! Aela allait exploser c’est certain. Cette dernière croisa les bras autour de sa poitrine avant de toiser son interlocuteur avec dédain. "C’est toi le p’tit con qui dérange l’immeuble entier avec sa musique de merde ?" Elle aurait pu le formuler autrement mais elle n’avait ni l’envie ni le courage. "Si tu veux foutre le bordel tu n’as qu’à t’acheter une maison dans une forêt, mais ici, on respecte les voisins, c’est clair ?" Elle ne le ménageait pas du tout mais à voir le petit sourire sur ses lèvres, il n’avait pas l’air de se laisser marcher dessus non plus.

L’attitude de la brunette te donne presque envie de rire. En fait, tu ne te retiens pas vraiment et laisse échapper un pouffement de rire. Tu ne sais pas vraiment pourquoi elle te fait rire. Peut-être que c’est tout simplement le contraste entre elle, ses mots et son insolence. Parce que oui, elle est sacrément insolente la petite, même si tu ne peux pas totalement lui en vouloir parce que tu l’as un peu cherché. Pas avec la musique, plutôt avec ta réaction. Pour la musique, t’as abusé Sun, tu ne peux pas le nier. En réalité, t’aurais vite arrêté, t’es pas sans-gêne non plus. Puis t’as vécu en appartement, tu connais les galères de voisinage. T’as juste eu envie de profiter une fois de ton morceau au maximum de sa capacité. Tu t’es dit que la plupart des voisins était parti au travail donc que tu ne dérangerais pas beaucoup. En tout cas, elle, ça l’a bien remontée de t’entendre t’amuser. Tu te doutes à son air fatigué, que ce n’est pas ce qui lui manque l'amusement et la fête. Tu reconnais les traits tirés d’une nuit presque blanche, les cernes bleutés qui tâchent le contour de l’œil. Malheureusement, tu ne les connais pas tellement pour la fête, plus pour les nuits blanches de travail ou de révisions. Tu te demandes d’ailleurs si c’est parce qu’elle n’a pas assez dormi qu’elle est aigrie à ce point ou si… hé bien elle est juste comme ça de nature. T’aimes pas cette façon qu’elle a de te tutoyer. T’es quelqu’un qui respecte les règles de bienséance de la société, et tu vouvoies toujours les inconnus, sauf les enfants. C’est une marque de respect. Tes sourcils se froncent, et tu prends un ton un peu sévère. Tu rentres dans son jeu du tutoiement vu qu’elle semble aimer ça, non sans glisser une remarque. « On a élevé les cochons ensemble pour que tu me tutoies ? Tu ne connais même pas mon prénom. » Tu hausses un sourcil en la défiant du regard. « Et dis, tu veux te faire péter une veine à t’énerver comme ça ? Tu vas choper des rides aussi, ce serait dommage. » T’adoptes un ton calme, ni trop dédaigneux, ni trop orgueilleux. Pourtant tu restes un fier lion, et elle te pique dans ton égo à qualifier ta musique de merdique. Tu ne manques pas d’envie de la recadrer. Mais t’as pas non plus envie de t’excuser. En fait, si elle n’avait pas touché ton égo en s’attaquant à ta musique, tu te serais clairement excusé, mais là, elle peut toujours aller se faire voir. « Ça fait beaucoup de mots moches dans la bouche d’une si jolie jeune femme. C’est pas ce que j’appelle respecter les voisins de parler comme ça. » Tu sais par expérience qu’il ne faut pas répondre aux insultes par des insultes, ce qui énerve le plus l’interlocuteur ce sont des paroles posées, avec une pointe d’ignorance et d’arrogance. T’en rajoutes un peu. « Une maison dans la forêt ? » Tu laisses un petit blanc pour faire mine d’y réfléchir. « Si tu me payes la maison, j’me casse. Sinon, faudra me supporter. » Même si en réalité, tu ne sais pas si ce ne sera pas plus dur pour toi de la supporter, elle. « Je m’appelle Sunwei, d’ailleurs. Une vraie autoroute du soleil, j’vais illuminer toutes tes matinées par ma présence. Heureuse ? » Tu laisses échapper un soufflement de nez, montrant ton amusement alors qu’un sourire malicieux se dessine sur tes lèvres. Même dans des situations inadéquates tu restes blagueur et taquin. Le burn-out t’a sûrement pas aidé à enfouir tout ça. Au contraire, depuis que t’as eu ce truc et que tu t’en es un peu débarrassé, t’as tendance à vivre la vie comme elle vient, tu cherches plus à te contenir, tu te laisses aller et ça te fait du bien de ne plus te prendre la tête, en tout cas avec toi-même. Parce que ce n’est pas la brune, ou blonde, tu ne saurais même pas dire, qui va t’offrir du répit et le calme dont t’as besoin.

Ni l’envie ni le courage n’étaient présents pour que la brunette fasse un quelconque effort, mais lorsqu’elle fut réveillée par une musique qui lui cassa les tympans, Aela quitta aussitôt son lit, bien colérique. Le jeune homme, responsable de tout ce bruit, se tenait à l’embrasure de la porte et son attitude ne faisait qu’énerver encore plus la jeune femme. Elle n’avait pas dormi et n’était pas d’humeur à s’amuser avec qui que ce soit, alors en deux temps trois mouvements, elle lui cracha ses sombres pensées au visage. Elle était bien directe la petite Aela et ne passait jamais par plusieurs chemins pour dire ce qu’elle pense vraiment. Ça en perturbait plus d’un mais lorsqu’on la connaissait vraiment, alors on s’y habituait. Et puis elle préférait largement dire ce qu’elle pense qu’être reconnue comme hypocrite. C’est ce qu’elle détestait le plus d’ailleurs. A quoi sert de faire de beau sourire lorsqu’on détestait la personne ? En fin de compte, l’attitude d’Aela n’avait pas l’air de plaire au jeune homme en face, et elle en était bien fier. C’est ce qu’elle voulait. Ses sourcils se sont froncés et son ton était plutôt sévère, il essayait sûrement de la déstabiliser mais cela marchait rarement avec elle. Un sourire s’afficha, à son tour, à ses lèvres et ce petit jeu du regard continua. Il la défiait du regard mais elle n’avait pas l’impression de vouloir baisser le sien, elle continua alors de le soutenir. "Je ne vouvoie que les personnes que je respecte. Et puis, je n’ai que faire de ton prénom monsieur." Rare sont les personnes qu’elle respecte d’ailleurs. Elle avait employé ce petit air soutenu rien que pour l’énerver d’avantage et d’ailleurs ça marchait, puisqu’il n’hésita pas une seconde à renvoyer une autre pique. Cette fois-ci, c’était au tour de la jeune brunette de s’énerver. Elle n’aimait pas sa manière de parler, ni la façon dont il l’a traitait et encore moins ces petites piques qu’il lui lançait constamment. En résumé, elle ne l’aimait pas tout court. "Depuis quand tu t’intéresses à mes rides ou encore à mes veines. Occupe toi de tes oignons plutôt." Une vraie bébé oui. Il avait bien réussi à l’atteindre cette fois-ci, mais ce n’était pas fini, Aela n’avait pas encore dit son dernier mot. La réponse de la jeune étudiante était parfaite, elle s’était lâchée et en était bien fier, d’ailleurs le jeune homme en était bien surpris. "Si tu crois que je vais te traiter comme un voisin alors tu te fourres le doigt dans l’œil. Et puis, c’est pourtant clair non ? Je ne respecte que les personnes respectueuse, ce qui n’est pas ton cas." Elle haussa alors les épaules, comme si c’était une évidence. Elle lui proposa également une alternative, histoire de ne plus revoir sa petite tête dans l’immeuble. Mais apparemment, elle demandait la lune. Sa réponse ne faisait que la désespérer de plus en plus. Elle plissa les yeux puis soupira longuement. "Si j’avais ce fric, je ne serai même pas encore là à voir ta tronche de cake." Elle aurait bien aimé avoir une grande maison dans une forêt, elle imaginait déjà toutes les soirées qu’elle pourrait organiser. Personne ne serait dérangé, elle pourrait clairement faire tout et n’importe quoi. D’ailleurs cette idée la faisait sourire. Mais cette bonne humeur s’évapora bien rapidement lorsqu’elle se souvint de pourquoi et comment de sa venue à cet appartement. Sunwei, c’était son prénom apparemment. Aela garda son visage aussi impassible qu’elle le pouvait avant de soupirer une seconde fois. "Ah tu n’es pas simplement con mais aussi très prétentieux, ça en fait des qualités dis donc !" Aela afficha un grand sourire. "Tout ce qui m’intéresse c’est que tu baisses ta musique, parce que moi j’essaie de dormir là. D’ailleurs on a pas fabriqué des casques pour rien." Sunwei, d’ailleurs c’était un joli prénom, assez original mais elle aimait bien. Ça ne voulait pas du tout dire qu’elle aimait la personne qui le portait, bien au contraire.

La petite brune commence sérieusement à t’agacer, elle est peut-être même en train de te donner la migraine. T’es pas du genre à insulter, mais lorsqu’on t’emmerde un peu trop, t’as les noms d’oiseaux sur le bout de la langue. Toutefois, tu ne l’insulteras pas directement, parce que tu ne veux pas attirer de soucis à ton frère. Tu te contentes juste de l’embêter autant qu’elle le fait avec ses paroles. Cette nouvelle remarque sur le respect te fait crisper la mâchoire. Tu ne veux pas t’énerver, tu n’aimes pas t’énerver. Mais visiblement, la diplomatie ne mène à rien avec cette insolente. « M’en voilà ravi. » T’es attaché au respect, après tout t’es asiatique et les règles sont bien ancrées en chacun d’entre vous. Alors ça t’agace qu’elle se comporte ainsi mais tu es qui pour la faire changer ? Personne. Ce n’est pas comme si tu en avais l’envie de toute façon. Alors tu laisses couler, t’as conscience que cette histoire de respect est vouée à l’échec, à cause de la brune trop butée. De façon surprenante, tu éclates de rire à sa remarque. « M’occuper de mes oignons ? » Cela fait bien longtemps que tu n’as pas entendu cette expression. Les adultes utilisent un mot bien moins végétal pour dire ça. « T’es au lycée ou quoi pour m’sortir ça ? » Ton sourcil se hausse à nouveau alors que tu te demandes justement quel âge elle peut avoir cette nana. Tu lui donnes la vingtaine mais avec son comportement, tu lui donnerais probablement moins. Celles qui prennent l’insolence pour un train de caractère sont souvent jeunes. Ça lui correspond bien. « Et tu devrais me remercier, à partir de 25 ans, c’est trop tard pour s’en occuper. » Tu sais de quoi tu parles, même si t’as pas été dermatologue, t’as eu des bases à ce sujet. Tu sais que c’est au milieu de la vingtaine que le collagène commence à disparaître. Un léger sourire machiavélique se dessine sur tes lèvres. Sa dernière remarque te plaît bien, parce qu’elle te tend une perche gigantesque que tu te dépêches de saisir. « La réflexion est belle. Mais du coup, j’en déduis que tu ne te respectes pas toi-même. » Finalement, tu te fiches pas mal qu’elle te respecte ou pas. Cette nana, c’est personne pour toi alors t’en as rien à cirer qu’elle te considère comme un voisin ou comme Pierre, Paul ou Jacques. Encore une fois, la brune ouvre sa jolie bouche pour t’offrir une occasion de lui renvoyer l’ascenseur de ses remarques piquantes et cinglantes. T’as encore failli éclater de rire face à son insulte de tronche de cake, comme si ce genre d’insultes de bac à sable pouvait t’atteindre d’une quelconque façon. « J’espère que tu l’auras bien vite, comme ça, toute la ville n’aura plus à te supporter toi et ton insolence. » D’ailleurs, tu vas être bien attentif au comportement de la jeune femme, vu le malin plaisir qu’elle prend à t’emmerder pour trois pauvres minutes de musique. Au moindre faux pas, tu seras là pour lui rappeler jour et nuit. Tu lui rends son sourire, un brin ironique. « Excuse-moi, j’prends exemple sur toi, t’as tellement de qualités que j’en suis ébloui. » D’habitude, tu n’es pas du genre à piquer les gens à vif, mais celle-là, elle te fait sortir de tes gonds. Alors tu te lâches, peut-être que ça lui fera prendre conscience qu’à se comporter comme une idiote avec les autres, on récolte ce que l’on sème. À nouveau, ton sourcil se hausse lorsqu’elle te parle de son envie de dormir. « Tiens donc, une fêtarde, ou une bosseuse. J’opterais pour la fête, drôlement bizarre que t’apprécies par la musique forte. » Tu serais prêt à parier que cette fille, c’est une fêtarde invétérée, tu le sens. Et, tu la tiens ta possible vengeance. T’as hâte qu’un jour elle se mette à foutre la musique à fond dans son appartement, là tu pourras aller râler. Parce que pour le moment, tu es effectivement en mauvaise posture. « Rassure-toi, j’compte pas remettre la musique de sitôt, surtout si ça implique que tu viennes te pointer. J’préférerais ne plus jamais te voir de ma vie. » T’y vas peut-être un peu fort, mais tu te dis que ça doit être réciproque. Vu sa bouille de démon et ses sourcils froncés, tu peux facilement affirmer qu’elle ne t’aime pas.

Aela était bien le genre à mettre de la musique dans son appartement en se baladant presque à poil pour mettre un peu d’ordre dans celui-ci. Mais elle avait tendance à faire cela lorsque la majorité des voisins n’étaient plus chez eux. Et lorsqu’elle comptait organiser une grande fête, cela se passait forcément chez son père car son appartement ne pouvait pas accueillir la fac entière. Par contre, son sommeil était sacrée et elle était prête à tuer quiconque la perturbe. Elle n’était pas du genre à dormir énormément, d’ailleurs, elle n’a jamais réussi à avoir huit heures de sommeil. Elle paraissait le genre à passer ses journées à faire la fête mais elle bossait énormément pour pouvoir se payer son loyer et de quoi se nourrir. Elle avait ses cours à la fac, qu’elle ratait la majorité du temps, ses services au bar et café, ses cours en tant que professeur de boxe et sa chaîne YouTube à tenir. Elle avait donc une bonne semaine chargée à chaque fois mais cela ne l’empêchait pas de faire la fête et de vivre sa vie en liberté.

Ce nouveau voisin avait perturbé les quelques heures qu’Aela se consacrait pour dormir et grâce à cela, il avait réussi à se la mettre sur le dos. Ils avaient passé quelques minutes à se lancer des piques devant sa porte et Aela espérait grandement ne plus jamais le recroiser un jour. S’il le fallait, elle irait squatter chez sa meilleure amie pour dormir et avoir la paix. "Au moins on est d’accord là-dessus ! Moi non plus je n’ai pas envie de revoir ta face." Aussitôt, la jeune femme tourna les talons en rogne et rejoint son appartement pour se préparer à sortir. Elle était de service ce matin là.