And nothing else matters (+) Chance & Liam

**○ inscrit le** : 06/08/2019

Pour la première fois depuis longtemps, Liam passe la soirée seul. Lily est restée exceptionnellement au bureau pour terminer son travail dans les délais imposés. Quant à lui, il est rentré de la pâtisserie depuis un bon moment déjà. Il y avait quelques tâches à la maison dont il devait se débarrasser, puis il s’est posé devant la télévision. En zappant d’une chaîne à l’autre, il tombe sur une annonce et se rappelle qu’il y a un match de rugby, ce soir. Il a dû oublier ça parce que ce n’est pas un match important à proprement parler, il s’agit d’une rencontre amicale entre deux clubs néo-zélandais. Néanmoins, comme il a ça dans le sang, tous les matchs sont bons à regarder. Il a alors l’idée de se rendre au bar, comme il avait l’habitude de le faire avant. La plupart des matchs sont retransmis dans la plupart des bars néo-zélandais, pour la simple raison que c’est le sport principal de leur nation. Bien sûr, Liam pourrait aussi rester tranquillement à la maison. Mais il n’a pas tellement l’occasion de sortir et il se dit que, pour une fois, ça ne peut pas lui faire de mal. Alors il se lève pour s’habiller à nouveau, chaudement parce que l’hiver approche clairement. Puis il envoie un texto à Lily pour la prévenir de l’endroit où il se rend. Il lui assure aussi qu’il ne boira qu’un verre et qu’il sera là à l’heure pour aller la chercher.

Quelques minutes plus tard, bien content de quitter la fraîcheur de la rue, Liam s’engouffre dans son bar préféré du centre ville. Plusieurs hommes sont attablés au comptoir, bières et cacahuètes, les yeux rivés sur l’écran. C’est un peu pour ça que c’est bien de regarder un match dans un bar : pour l’ambiance. On se réunit pour un événement sportif, important ou pas, on vit ensemble les moments fort du match et c’est encore mieux que d’en profiter peinard chez soi. Alors, le sourire aux lèvres, Liam s’installe à son tour sur un tabouret vide et commande sa bière préférée. C’est la première fois qu’il vient seul au bar. D’habitude, enfin quand il sort plutôt, il retrouve des potes. Avant, il venait avec Axel, son grand frère. Et comme à chaque fois qu’il fait quelque chose seul qu’ils avaient l’habitude de faire ensemble auparavant, Liam sent un pincement de nostalgie. Son frère lui manque encore souvent, par vagues, des fois plus que d’autres. Mais heureusement, il est vite pris dans l’ambiance bien particulière propres aux matchs de rugby. C’est un peu cliché, mais il s’en fiche, parce que c’est plutôt cool. Quand les Crusaders marquent un essai, le jeune homme pousse un sifflement d’admiration avant de se tourner vers son voisin pour faire un commentaire… Avant de voir de qui il s’agissait. « Chance ? » Il s’est exclamé à haute voix, tellement il est surpris de tomber sur lui. Bien sûr, Liam sait par Maxyne qu’il est rentré. Mais il n’imaginait pas leurs retrouvailles comme ça.

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T'avais prit connaissance de ce match qui opposait Hurricane et Crusaders depuis déjà plus d'une semaine. C'était bien quelque chose qui t'avait manqué, ces matchs amicaux entre les équipes du pays. En service, c'était pas vraiment possible de regarder la télé, alors vous mettiez la radio quand c'était possible, et que ça en valait la peine. T'essayais de rater aucun match, enfin, de ne pas rater les matchs internationaux, surtout, même retransmit à la radio, parce que c'était dans ton sang. Au lycée, t'avait fait partie de l'équipe du bahut pendant un temps. Jusqu'à ce qu'on te dise que tes notes suivaient pas, et que tu pouvais pas rester dans l'équipe si tu ne remontais pas un peu. Tout le monde t'avait aidé, à l'époque. Maxyne, même d'Auckland, Danielle, Liam. Dès que tu penses à cette période, un sourire discret s'affiche sur ton visage. C'est vrai qu'il n'y avait pas de prise de tête, avec ces gens là. Vos gamineries de couple, vous passiez vite au dessus. Les quelques engueulades aussi. Bref, on t'avait finalement viré de l'équipe, mais t'es quand même resté uns des fervent spectateurs de chaque match. Tu ratais pas une seule rencontre, nationale ou internationale, quand t'étais en ville. Alors comment imaginer que tu puisses rayer le rugby de ta vie, comme ça, juste pour l'armée ? Puis c'est pas comme si tu étais le seul de ton unité, vous en passiez des soirées à débattre sur les touches. C'était vivant. Ca te manque, ça aussi. Alors vu la rencontre qui s'annonçait ce soir, t'avait préparé toute ta soirée. Tu mangeais sur place, pour avoir une bonne place dans le bar, au moins une heure avant. Comme ça, dès qu'il commençait, t'étais prêt, bière à la main, et préparé à passer une bonne soirée, dans l'atmosphère joyeuse du meilleur bar de Wellington pour les matchs de Rugby. C'est là que tous les fans se retrouvaient, à chaque match. Quand t'es rentré dans le bar, t'a retrouvé les habitués d'il y a dix ans, une bonne dizaine de rides en plus puisqu'ils ont aujourd'hui dépassé la quarantaine, et un ventre encore plus bedonnant, mais c'était bien eux : déjà bien éméchés. Ils te voient débarquer et tu leur fait un signe de la main : est-ce qu'ils se souviennent de toi ? Leur blague sur le retour d'un fantôme te fait rouler des yeux, mais ils avaient bien le souvenir du gamin qui venait, il y a dix ans. Tu t'installes au bar, c'était là, la meilleure place pour toi. Prêt du ravitaillement en cas de verre vide, t'avait pas à bouger, ni à quitter des yeux l'écran.

Le bar s'était remplit plutôt rapidement. Après tout, ça n'avait pas l'air d'avoir beaucoup changé. T'étais ravi de voir que le bar avait toujours le même propriétaire, ce gars d'une soixantaine d'année, bien costaud. Lui, il avait fait du rugby, tu le savais. Il jouait dans l'équipe des Wellington Lions. Il vous en a raconté des choses : qu'il avait manqué de peu d'intégrer les Hurricane. Qu'il aurait pu être sélectionné pour l'équipe nationale si il s'était pas fait les ligaments croisés... Mais si il se les était vraiment fait, il aurait pas pu continuer à jouer. T'avais toujours aimé ses histoires à dormir debout, parce que tout semblait vrai. Puis quand il tournait le dos, ses amis de longue dates venaient vous raconter tout ce qu'il avait omis de raconter. C'était un vrai cinéma, il ne manquait plus que les pop-corn. Il y avait ces moments où les blagues sur la passe maladroite d'un joueur fusaient, et où t'étais obligé d'éclater de rire. T'avais pas d'équipe préférée, parmi les locaux. T'aimais le rugby, un point c'est tout. Certains joueurs plus que d'autres, mais ils pouvaient être de deux équipes rivales, comme de la même. Les gens continuaient de rentrer dans le bar alors que le match avait commencé, t'y faisait pas vraiment attention, et tu regardais même pas tes voisins. T'étais plongé dans le jeu, la tactique. Les Crusaders marquent, t'hoche la tête, ils ont bien joué le coup. T'entends un sifflement près de toi, dans la salle, personne ne remet en cause l'essai. Mais l'entente de ton nom près de toi te sors du jeu. Tu te tourne vers ton voisin pour y découvrir une tête bien familière. Que t'avais pas vue, là aussi, depuis dix ans. T'es bouche-bée. Liam. Ton coéquipier quand il s'agissait de regarder un match de rugby. Vous veniez toujours ici. C'était avec lui, que tu écoutais les histoires du gérant. Avec lui que tu chantais l'hymne bras-dessus bras-dessous pendant les rencontres importantes. Tu clignes des yeux. « Wow, Liam. Salut ! Mais... Comment tu vas ? Je... t'étais pas aux States ? » tu te sens petit. Tout petit. Mal aussi. Tu retrouvais une fois encore l'uns de tes meilleurs amis, après une décennie. Et tu le retrouvais non pas parce que tu avais cherché à le recontacter, mais encore par le plus grand des hasards. Des bribes de la discussion avec Maxyne te reviennent en tête, et tu sens ton souffle se couper. C'est clair, t'avais autre chose à penser que de retrouver tout le monde, surtout que Liam... Liam était censé être en Amérique, encore. Il avait quitté la ville comme toi, vous n'aviez pas non plus gardé contact. Tu te souviens du Liam qui avait encore dix-sept ans quand tu t'es engagé. Déjà un grand gaillard. Mais son visage avait bien mûrit. C'était devenu un homme, mais toujours parfaitement reconnaissable par son visage qui n'avait fait que vieillir un peu. « C'est marrant qu'on se recroise ici... tu dois t'en douter du coup, vu que je suis devant toi, mais ouais, je suis rentré, c'est finit l'armée. » tu hausses les épaules, un peu désolé, encore mal à l'aise. T'avais promis à Maxyne de faire des efforts, et dans ta tête, ça ne la concernait pas qu'elle, mais bien toutes ces personnes qui ont un jour fait partie, de près ou de loin, de ta vie.

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 « Je vais… Bien. » Pris de court, Liam ne trouve pas grand-chose d’autre à répondre sur le moment. Et comme il ne sait pas quoi dire, il se trouve vachement stupide. Après tout, ce n’est pas comme s’il croyait encore Chance dans des contrées étrangères. Non, Maxyne l’a prévenu de son retour et même préparé psychologiquement à le croiser par hasard. Pourtant, il faut croire que rien n’y a fait. Le jeune homme est bel et bien surpris de tomber sur quelqu’un dont il a été si proche, même si c’est dans un cadre tellement familier pour l’un comme pour l’autre. Mais ils ont beau avoir des goûts en commun, ça fait très longtemps qu’ils n’ont plus partagé quoi que ce soit. La preuve, c’est que Chance se trompe de quelques milliers de kilomètres sur l’endroit où Liam a été pendant près de huit ans. « Euh… Non. J’ai jamais vraiment été aux States, sauf pour des vacances en profitant du transit. Mais sinon, j’étais en Europe. » Il ne sait pas trop s’il est vexé que celui a fait partie de ses meilleurs amis n’ait même pas su où il a passé tant d’années. Pourtant, il sait que ce serait injuste de s’irriter pour ça, même si ce n’est pas un détail. Parce que de son côté, le Millstone est loin d’être tout blanc. Si Chance a complètement coupé les ponts avec la bande, Liam lui a plus ou moins facilité la tâche. Lui non plus ne donnait pas vraiment de nouvelles. Si, au début, il a essayé… Mais comme ses e-mails et ses textos restaient sans réponse, il a arrêté au bout de plusieurs tentatives. Lui non plus n’est pas doué pour garder contact malgré la distance. Malgré tout, il ne s’est jamais complètement isolé du reste de la bande et ça doit être la seule différence entre eux.

« Je suis rentré l’année dernière. Je sais pas si tu l’as appris et je sais pas comment dire ça autrement, mais… On a perdu Axel. » Pour des retrouvailles, il y a assurément moins triste, comme nouvelle. Mais Chance a connu le frère aîné de Liam, il a passé du temps avec lui, il a même appris quelques trucs avec lui, donc autant lui annoncer la couleur tout de suite. Néanmoins, le cuisinier ne veut pas s’attarder sur ce sujet si douloureux et, quand Chance lui apprend qu’il en a fini avec l’armée, il hoche la tête en signe d’assentiment. « Oui… Max m’a prévenu. Tant mieux. » Et il n’a pas cherché à le retrouver. Parce qu’il ne voulait pas le forcer. Parce qu’il voulait que si l’ancien militaire ressente le besoin de prendre du temps pour lui-même, qu’il le prenne. Ils ne se sont pas vus pendant dix ans, alors on n’est sûrement plus à ça près. « Je suis content que tu sois rentré sain et sauf. Et… Et j’espère que tu vas bien. » D’un côté, Liam a envie d’avoir une conversation avec Chance et de l’autre, il se sent timide, comme s’il avait peur de ne pas savoir quoi dire après tout ce temps. Heureusement, un nouvel essai les distrait, au moins momentanément.

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Ton cœur, déjà assez rapide avec la surprise, rate un battement quand Liam t’annonce qu’il n’a jamais été en Amérique. Tu t’insultes intérieurement. Ouais Chance, comme d’habitude, tu fais une connerie. Comme d’habitude, tu fais pas gaffe. Pour le coup tu t’en veux. Maintenant qu’il te le dit, oui, c’est vrai qu’il était parti en Europe. Pourquoi tu avais pensé à l’Amérique ? Tu respires un coup pour essayer de calmer ton angoisse, ta pinte devant toi semble t’appeler. Tu la prends, mine de rien pour en avaler de grosses gorgées. Ça fera peut-être passer ta maladresse. Enfin, pour toi, seulement : un peu d’alcool dans le sang et t’oublie tous tes tracas, hein ? « Excuse moi mec, j’suis con. C’est vrai que tu étais en Europe. Tu étais parti avec ta copine non ? » T’as peur de faire encore une bourde : Liam avait bien une chérie, et cette fois t’as vraiment le souvenir qu’ils étaient partis ensemble. Mais on ne sait jamais, imaginons qu’ils ne soient plus ensemble et que la séparation aurait été difficile ; t’allais peut-être lui rappeler de mauvais moments. Mais tu voulais pas avoir l’air trop déstabilisé. C’est principalement pour ça que tu détestais revenir. Parce que rentrer à la maison après tout ce temps, c’était devoir renouer contact, et t’avais aucune traitre idée de comment le faire. Ou en tout cas, dès que tu essayais, tu foirais. T’avais eu de la chance avec Maxyne. T’en étais conscient. Puis tes parents t’avaient rapidement « pardonné », si on peut dire, à partir du moment où tu avais quitté la maison. C’est clair que c’était dur pour eux de te voir tous les jours chez eux alors que tu avais déserté pendant dix ans. C’était même blessant. Alors finalement, trouver une coloc, c’était peut-être la meilleure chose que t’avais réussi à faire dans l’immédiat. Alors le Millstone te lance une bombe, et tu sens ton ventre se nouer. Non. Tu savais pas qu’Axel était décédé. Personne t’en avait parlé, mais c’était pas forcément ce que les gens te disent dès que tu rentres d’un voyage. Ou d’un service militaire. Tu fixes Liam sans trop savoir quoi dire, encore sous le choc. Ton visage montre clairement que t’as du mal à assimiler ce qu’il vient de te dire. Vous passiez tellement de temps avec Axel. C’était lui qui vous accompagnait ici, regarder les matchs parce que vous étiez encore mineurs. Lui qui vous engueulait aussi quand vous rentriez bourrés d’une soirée. Il t’avait fait prendre conscience de pas mal de choses, c’est clair. Longtemps, il a été comme un grand frère, alors que t’étais en pleine adolescence, en quête d’identité. « Je suis désolé Liam. C’est affreux... Je sais pas quoi te dire d’autre. J’imagine que ça doit être extrêmement dur pour vous. » t’es encore sous le choc, mais t’étais content que Liam t’en ai parlé, après tout, tu aurais fait la même chose. Même après dix ans. T’annonces alors que tu as quitté l’armée, sans vraiment entrer dans les détails, comme tu avais pu faire avec Maxyne. D’ailleurs, Maxyne lui avait déjà appris, à Liam. C’est normal après tout. Ils avaient dû rester en contacts, eux. Peut-être juste un mail de temps en temps. Mais c’était suffisant. Suffisant pour montrer qu’une personne à de l’importance pour une autre. Toi t’avais tout raté. Le manque, l’importance, tu le montrait pas. « Oui ; on s’est revus il y a peu de temps. » Tu croises son regard après une nouvelle gorgée de bière. Presque vide. « Tu sais, je voulais te recontacter. Mais je suis rentré il y a à deux mois. J’ai dû déménager, je suis en recherche d’emploi, j’essaie de me rattraper petit à petit avec tout le monde. Maxyne t’en a sûrement parlé aussi. » T’en voulais pas à Maxyne d’en avoir peut-être parler à Liam. C’est normal, si elle était là pour lui dans les moments difficiles, alors il était là pour elle, dans un moment comme celui-ci. Même si ça s’était bien terminé avec la blonde, ça avait été compliqué, dur aussi. T’en avais prit dans la gueule. « J’attendais un peu. D’avoir repris mes marques, complètement. Puis tu me connais, j’ai toujours été un peu long à la détente… » tu souris, gêné. C’était pas évident cette conversation, entre les cris et les rires des clients du bar devant le match. Pour le coup, tu ne le regardais plus. Un match, c’est bien moins important qu’un ami. Maintenant tu le savais. Tu devais pas refaire les mêmes erreurs. Alors tu t’en foutais de rater dix, vingt ou encore cinquante minutes du match. T’allais pas mourir. Mais avec les amis, la famille, la mort ne prévient pas. Tu l’avais bien remarqué avec la nouvelle qu’il t’avait annoncé il y a quelques minutes. Alors il n’y avait plus de temps à perdre. Il te dit être content que tu sois rentré, t’acquiesce, sourire aux lèvres. « Ouais. Je le suis aussi mine de rien. J’ai fait mon temps. Je devais bien rentrer, ça fait dix ans que je suis célibataire. » t’essayes de détendre l’atmosphère avec une blague. T’avais jamais été le gars beaucoup en couple. Tu tenais. Ou alors c’est les filles qui en avaient rapidement marre de toi, de ta nonchalance d’adolescent, de ton caractère trop exclusif. « Je vais bien. J’espère que toi aussi, malgré tout. Que t’es heureux. »

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 Faisant un signe de la main pour signifier que la méprise de Chance n’a pas d’importance, Liam esquisse un sourire. Pour certains, ce serait peut-être significatif. Mais si on voit le bon côté des choses, l’ancien militaire était au moins au courant que Liam n’avait pas passé ces dernières années à Island Bay. Il aurait pu tout ignorer de la vie des autres, tellement ils s’étaient perdus de vue. Le Millstone n’avait pas cherché à compenser plus que ça, lui-même pris dans la folie de ses formations et la découverte de la vie d’un adulte loin de sa famille. « Oui, c’est ça, on était ensemble depuis deux ans quand on s’est envolés pour le Vieux Continent. » Pour certains, c’était trop tôt et trop loin. Chance, lui, n’était déjà plus dans les parages à ce moment-là. Oui, il en a raté, des choses. Comme Liam ne pense pas avoir été le centre de la conversation entre Maxyne et Chance, il lève nonchalamment sa main gauche pour que ce dernier voit son alliance. « D’ailleurs, c’est plus seulement ma copine. Je me suis marié. Au mois de février. T’as loupé ça de peu. » Parce que oui, même si ça fait dix ans qu’ils ne sont plus proches, Liam est certain qu’il aurait quand même invité Chance à son mariage. Dans des moments aussi importants, il pense sincèrement que tout sentiment comme la moindre trace de rancune ou même d’indifférence n’a pas sa place. Il l’aurait invité, ne serait-ce qu’en souvenir de toutes leurs années passées ensemble, de tous leurs moments de complicité, de leur amitié mémorable. Il aurait regretté d’avoir laissé passer l’occasion de l’avoir à ses côtés pour le plus beau jour de sa vie.

Malheureusement, il n’y a pas que de bonnes nouvelles à annoncer et c’est en arrachant le pansement que Liam parle de la perte de son frère aîné. « Merci. C’était un accident de voiture. Josie est partie en même temps. » Et c’est encore plus affreux. Même après tout ce temps, Liam n’arrive pas à utiliser les mots décès, mort ou tout ce qui s’en rapproche. Il évoque encore une perte ou un départ, parce que le cerveau cherche parfois à atténuer les douleurs les plus atroces. D’ailleurs, comme il a longtemps considéré Chance comme un frère, il sait qu’il aurait bien voulu l’avoir à ses côtés pendant les heures les plus sombres. « Oui… Je sais que tu aurais fini par me recontacter. Mais tu prends ton temps, je comprends… Je veux dire, je comprends que tu aies des priorités. » Il ne s’exprime pas très bien, il a tendance à s’emmêler les pinceaux, il a peur de dire une gaffe. « Ça m’aurait sûrement fait plaisir de t’accueillir à la sortie de l’avion, mais t’as pas besoin de te justifier, Chance. Comment vont tes parents ? Et toi, tu reprends tes marques, dans le coin ? » Ça ne leur ressemble pas, d’être empruntés comme ça. Mais c’est la conséquence de dix ans quasiment sans contacts. Heureusement, Chance détend l’atmosphère avec une blague qui fait sourire Liam. « Je n’ai pas connu grand-chose du célibat, mais peut-être que c’est ce qu’il te faut, à toi. » Il joue avec sa bière entre ses mains. « Oui… Je vais bien. Et je suis soulagé de savoir que tu es rentré. Je sais pas si tu es à Island Bay pour longtemps, ni si tout redeviendra comme avant, mais… Je veux quand même que tu saches que j’ai beaucoup pensé à toi pendant toutes ces années. J’avais peur qu’il t’arrive quelque chose. »

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T’es gêné de ta gaffe. Gêné de passer pour celui qui n’en avait rien à foutre de ce que son pote allait faire. Pourtant t’étais réellement persuadé qu’il était parti en Amérique. Mais dis toi au moins que t’as pas zappé qu’il était parti à l’étranger, c’est déjà ça. Puis au fond, l’Europe, c’était un bon choix de destination. T’avais toujours voulu y aller, mais ça n’avait jamais été possible. Pourtant tu devais avoir de la famille encore en France, mais vous n’en avez jamais entendu parler. Peut-être que tes parents, eux, le savaient ? Il te dit que ça faisait deux ans, avec sa copine, tu hoches la tête. Deux ans c’est bien. Deux ans c’est suffisant. Au fond, pourquoi attendre plus quand on pense avoir trouvé une personne qui nous correspond, même si ce n’est que pour un temps, peut-être ? A peine penses-tu à la longévité de cette relation qu’il lève sa main gauche et te dévoile une alliance. T’ouvres grand les yeux. « Non sérieux ? Et bah. Ça pour une surprise. » tu lui fais un clin d’œil. T’avais de rapides souvenirs de cette jeune fille brune, il vous l’avait présenté, à toi, au groupe. Si tu te souviens bien, elle s’appelle Lily. « Je suis vraiment heureux pour toi mon pote. C’est une belle nouvelle. » tu lui tape sur l’épaule. T’en a raté des choses, Chance, alors que tu étais parti. Personne ne t’avait prévenu, mais tu ne pouvais en vouloir qu’à toi-même. C’était ta faute seulement, si tu avais arrêté de d’avoir des nouvelles. Parce que t’avais arrêté d’en donner, et qu’on ne pensait plus à toi de la même manière qu’avant. Mais tu ne pensais pas à eux non plus pour tout dire. « Je suis désolé d’avoir manqué ça. J’aurais vraiment aimé être présent pour toi. » Tu lui souris sincèrement en remettant les mains autours de ton verre. Le regard nostalgique, tu fixes le vide, le bar, ton verre. Alors il t’annonce la bombe, que son frère est mort. Tu lui réponds, sous le choc avant qu’il ne t’annonce la deuxième. Sa nièce aussi. Tu déglutis péniblement. Les accidents comme ça ne prévenaient pas. Ils ne prévenaient jamais. Tu restes longtemps silencieux. Tu n’avais jamais rencontré la nièce de Liam, mais il en parlait. Souvent. Tu le savais fier. Et il avait perdu deux personnes très importantes pour lui. Sa famille. Tu te rends un peu plus compte de l’influence que la disparition des gens qu’on aime a. Parce que même si tu l’avais vécu, tu ne t’étais jamais dis qu’on pouvait le ressentir pour toi, mais Maxyne t’avait bien fait comprendre le contraire. Alors apprendre que Liam avait vécu ce drame te faisait te sentir tout petit. Tu osais te plaindre. Tu osais disparaître, alors qu’à côté, des personnes à qui tu as tenu, à qui tu tiendra toujours ont perdus leur famille. Ton cœur se serre, tu ne peux que rajouter un simple « je suis désolé. » le souffle court. Tu finis par expliquer à ton ancien ami que tu allais revenir. Que tu devais régler des soucis. Mais quels soucis, alors que lui devait vivre bien pire depuis quelques mois ? Tu continues de te sentir petit, miniature même. Liam te répond peu sûr de lui, en hésitant. Tu le sens gêné. Mais comment ne pas l’être. Tu l’es aussi, ne sait pas comment réagir, si ta réaction sera celle attendue ou non. T’hésites, tout comme lui. Car même si vous étiez très proches, même si vous vous connaissiez, presque par cœur, il s’était passé dix ans. Dix années très différentes, pour toi comme pour lui. Des peines, des joies, des pertes. Tu fermes les yeux en te mordant la lèvre du bas quand il poursuit. T’es un con, Chance. Voilà que tu retrouves uns de tes plus anciens amis, qui n’a pas l’air de t’en vouloir autant que les autres et t’es encore celui qui fait tout foirer. Parce que t’as mal agi, t’as pas prévenu que tu rentrais, personne. Parce que tu pensais pas, sincèrement, qu’on puisse vouloir t’accueillir, après tout ce temps. « Je pense que j’aurais toujours besoin, au moins, de m’excuser. J’ai clairement été un petit con. Pire que quand on était gosses. J’ai prévenu personne et je pensais que ça allait bien se passer, tu sais. J’avais peur de revenir, et de tous vous retrouver. » T’hoches lentement la tête. « Mes parents vont bien. Ils ont été sous le choc quand j’ai débarqué sous le perron. » tu ris avant de rajouter « Mon père m’a rapidement fait comprendre que je ferais mieux de partir de la maison le plus vite possible. » c’est nerveux, mais au fond tu savais qu’il a eu raison de faire ça. « Après dix ans sans moi, c’est compliqué de me retrouver. En plus j’suis envahissant comme gars. » tu ris. C’est faux, t’es pas envahissant. Enfin, pas forcément tout le temps. T’essayais de te faire petit, quand t’es rentré. Mais ta relation avec tes parents aujourd’hui se portait bien mieux que lorsque tu venais de rentrer. Tu rajoutes enfin, plus calme. « Ils sont heureux de me revoir. Je passe les voir régulièrement maintenant. J’ai perdu trop de temps, tu sais. Et puis mes marques, bah écoutes… je retrouves les adresses d’il y a dix ans, comme tu peux le voir ! » tu souris à nouveau. Fallait dire malgré tout que c’était grâce à ce bar que vous aviez pu vous retrouver, avec Liam. Tu lances une petite blague sur ton éternel célibat que Liam connaissait bien avec toi. Lui avait trouvé la chaussure à son pied, et t’étais heureux que ça se passe bien. Tu ris avec lui et sa réponse avant qu’il ne réponde à la vraie question. T’es plutôt heureux d’entendre ce qu’il te dit. Ça te fait chaud au cœur. « Pour te rassurer, je ne compte pas repartir de sitôt. Je l’ai encore dit à personne, mais je vais postuler pour rentrer dans la caserne de la ville. J’ai besoin d’être dans l’action, et ça fait deux mois que je m’emmerde à chercher un emploi, pour finalement ne rien trouver d’intéressant. J’suis toujours aussi indécis. » tu hausses les épaules. Mais devenir pompier c’était sûrement une bonne alternative pour toi. T’avais besoin de retrouver l’adrénaline qui te faisait vivre au début de ton service. L’adrénaline qui t’avait permis d’avoir autant de chance, peut-être. Mais loin d’entamer un nouveau service, tu voulais rester près de ta famille, ne plus perdre de temps. Pour l’instant, tu avais peur de les mettre en colère. Même à Maxyne, tu n’avais rien dis. Tu attendais le bon moment. Tu savais qu’ils ne seront pas tous d’accord, parce que c’était pas un métier sans risques malgré tout. « Moi je suis heureux d’être rentré. De pouvoir essayer d’arranger les choses avec ceux qui l’acceptent. J’suis vraiment heureux pour ton mariage. Comme tu dis, ça ne sera peut-être plus comme avant mais… je pense que ça vaut le coup d’essayer. » tu souris avant de faire un signe au barman. « J’te paye ta prochaine pinte ! »

**○ inscrit le** : 06/08/2019

La surprise de Chance fait sourire Liam, mais c’est encore plus le cas quand il lui exprime sa joie. « Merci. » Au fond, il n’a peut-être pas besoin de dire grand-chose d’autre. Ils n’ont pas besoin de beaucoup s’exprimer au niveau des sentiments, ils se comprennent bien comme ça. Pourtant, il y a quand même chose des choses à dire, factuelles notamment. Et quand Chance dit à Liam qu’il aurait voulu être là pour lui, ce dernier hoche la tête en signe d’assentiment. « Oui… Je sais. Tu es là, maintenant. » Certes, le jeune homme ne sait pas vraiment à quel point l’ancien militaire compte être là. Mais au moins, il est à Island Bay, vivant. Et si des événements, heureux ou pas, devaient marquer à nouveau la vie de Liam, ce dernier sait qu’il pourra compter sur Chance pour être présent. Il a peut-être des doutes sur certaines choses ; mais malgré la distance et les années écoulées, il est au moins sûr qu’il leur restera toujours de l’affection mutuelle. Et alors que leur conversation, quelque peu délicate, se poursuit, le cuisinier veut garder ça en tête. « Tu avais peur de nous retrouver ? Tu veux dire… Tu avais peur qu’on t’en veuille ? » Il se sent à la fois un peu perdu et bête. « Tu sais, certaines choses ne changent pas. Il faut toujours m’expliquer longtemps ce que d’autres ont vite compris ou même deviné. » Si Chance demandait à Lily, il se rendrait compte que Liam n’a pas tellement évolué en ce qui concerne le manque de discernement. Heureusement, il a d’autres qualités pour compenser. Par exemple, il en faut vraiment beaucoup pour qu’il en veuille à quelqu’un, autrement il est relativement doux. « Tu plaisantes ? Je vois mal comment tu pourrais devenir envahissant. Après tout ce temps, on en redemande… » Et il ne rigole qu’à moitié. Chance lui a manqué, même s’il ne le dit pas à haute voix. Il paraît que c’est un truc de mecs. Mais il l’exprime différemment, par son inquiétude par exemple. « Et du coup… Tu es toujours chez tes parents ou tu as trouvé un autre endroit où t’installer ? » Pour quelqu’un qui n’est pas rentré depuis longtemps, le Millstone a l’impression que le brun n’a pas tardé à retrouver ses marques. En même temps, il n’y a sans doute pas grand-chose qui ait changé à Island Bay, depuis son départ - en-dehors des gens. « Pompier ? Ouais, ça t’irait sûrement bien. J’espère seulement que tu n’apparaîtras pas sur un calendrier que ma femme voudra m’imposer sur le frigo, non merci pour la vision d’horreur. » L’idée le fait rire. Et ça fait du bien de rire avec Chance. Liam est pris par différentes émotions, mais au final il a bien l’impression que c’est un mélange de soulagement et de joie qui domine. « C’est cool que tu sois là pour un bon bout de temps. Et… Je suis d’accord. Je sais pas si ça va être facile, mais ça vaut le coup d’essayer. » Et comme pour sceller un accord tacite, Chance leur commande de nouvelles bières. « Merci, mec. Ce sera sûrement la dernière pour moi, ce soir… Je suis censé conduire après. Oui, je sais, je suis toujours un rabat-joie. » Il trinque avec lui. « Eh bien, à l’amitié, la nôtre. Quand est-ce qu’on se refait un vrai match de rugby ? »

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Apprendre le mariage d'un de tes plus vieux amis avait clairement été un choc. T'avait prit un coup, de vieux, dans le moral. C'était le petit jeune de votre bande, Liam. Et c'était bien le premier, de ce que tu savais, à avoir fais sa vie. A l'avoir même réussie. T'aurais pas parié sur lui, quand vous aviez dix-sept ans. Tu devais pas être le seul d'ailleurs. Mais finalement, t'étais heureux, vraiment, que ce soit lui l'heureux élu. Celui qui ouvrait le bal. Même si tu savais pertinemment que t'étais pas sur ses talons. T'avais d'autres chats à fouetter que de trouver une nana, même si peut-être que ça pouvait te tomber dessus à tout moment. Pour l'instant, tu devais penser à ton avenir, individuellement. Un boulot. Une caisse. Une maison. Reprendre ta vie là où elle s'était arrêtée. Forcément, les retrouvailles avec Liam sont discrètes. Vous avez jamais eu besoin de vous exprimer toutes sortes de sentiments. Quand l'un de vous n'allait pas bien, l'autre s'en rendait bien compte, et il n'y avait pas forcément besoin d'en parler longtemps. Alors tu lui dis que t'aurais aimé être présent. Il le savait déjà, mais c'est jamais trop, de le dire pour de vrai. Tu lui dis aussi que t'avais peur. Peur de tous les retrouver. Tu savais pas vraiment pourquoi. C'était pas forcément censé, comme sentiment. T'aurais dû être heureux de rentrer. Mais t'as eu la boule au ventre pendant tout le trajet en avion. T'as eu la boule au ventre dans le taxi. Et t'as même manqué de vomir dans les bosquets devant chez tes parents avant de toquer. T'as longtemps angoissé de ce retour. C'est aussi ça qui te faisait le retarder, encore et toujours. Liam semble ne pas comprendre, et tu souris tendrement alors qu'il rajoute que ce trait de sa personnalité n'avait pas changé. Toi, ça t'a jamais dérangé. Parce que t'étais du genre maladroit dans tes paroles, et que bien souvent, tu t'exprimais mal dans un premier temps. T'étais parfois même vexant. Alors t'avais souvent eu besoin de te répéter, ne serait-ce que pour te rattraper. « Je te rassure, j'ai pas beaucoup changé non plus. » Tu regardes ta pinte, presque vide. « Disons que rentrer, ça m'effrayait. Je saurais pas bien t'expliquer pourquoi, j'ai du mal à tout comprendre de ce que j'ai pu ressentir toute cette periode. J'ai toujours eu le contrôle. Et après tout ce temps, je contrôlais plus rien. Vos réactions, vos sentiments. J'vous avais perdu, mec. Et une partie de moi pensais dur comme fer que vous alliez m'accueillir les bras ouvert. Alors j'avais deux vois dans ma tête qui se battaient en duel. » tu hausses les épaules, sans trop savoir si Liam avait mieux comprit tes explications. Tu racontes alors tes petites péripéties avec tes parents. Evidemment, tu ne leur en voulait pas. Ils avaient eu raison de mettre ces limites dès ton arrivée. De mettre des règles. Tu serais resté chez eux, sans loyer à payer, t'aurais peut-être jamais bougé ton cul pour essayer de trouver un travail. Ils avaient prit la bonne décision, oui. Liam en semble surprit d'ailleurs. Tu ris un coup avant de prendre une gorgée de ta pinte. « J'te jure. Après dix ans c'est compliqué de me voir revenir et poser mes affaires, aussi peu nombreuses soient-elles. Ils avaient perdu l'habitude.» tu dis ça en riant, mais l'idée était bien là, et bien moins drôle sur le coup. Tu leur avait pas vraiment laissé le choix de t'héberger. T'avais coupé les ponts pendant dix ans. Sans nouvelles, ils savaient pas où tu étais, ce qui t'étais arrivé, si seulement tu étais encore à l'armée. Le choc de te revoir s'est additionné avec ta présence permanente. Tu les avais quitté adolescent en quête d'identité, et retrouvé en homme encore plus paumé qu'avant. « J'ai trouvé une colocation au centre ville; mais je risque de bientôt partir. J'ai vécu en communauté pendant tout mon service, je crois que j'ai besoin de changer d'air. » Pour le coup, tu perdais pas de temps. Toi qu'avait peur de pas te bouger après ton retour, finalement t'en faisait plus que ce qu'on te demandait. Mais pour toi, c'était comme leur prouver que tu t'investissait. Tu t'es jamais autant investi avant, alors c'était leur montrer que tu posais presque définitivement tes valises dans le coin. Tu lui racontes aussi pour ta candidature chez les pompiers de la ville. Il te répond, aussi enthousiaste que dépité. Tu ris en imaginant la scène qu'il te décrit. « J'imagine la gêne ! J'espère qu'on me fera pas apparaître sur ces calendriers tout de suite. L’exhibitionnisme c'est pas ce que je préfère. » tu mens un peu. C'est surtout que maintenant, t'as des traces sur le corps dont tu as du mal à supporter le simple reflet. Alors la plage, les soirées piscines, les strip pokers et autres jeux que t'aurais eu aucun mal à faire il y a quelques années, c'était finit. T'étais du genre à te montrer facilement, il y a dix ans. Tu jouais déjà de tes muscles, et t'étais bien plus sec qu'aujourd'hui. Maintenant, c'est à peine si tu ne mettais pas des manches longues pour aller à la salle, même en étant trempé de sueur. Tu complexais pas. T'avais un corps que tu continuais d'entretenir. Tu voulais juste pas qu'on voit ces boursouflures rosées qu'on ne pouvait clairement pas manquer en te voyant. Liam répond alors concernant ton retour permanent en ville. T'es touché par ce qu'il te dit. Touché par ces retrouvailles que tu n'attendais pas de cette manière. Mais t'aurais été bête de penser autre chose de Liam qui avait toujours été le plus calme de votre petit groupe. Les conflits, il n'aimait pas ça. Il était d'une générosité extrême, et tu voyais bien que ça n'avait pas changé. Ton verre était vide et le sien aussi. Tu rappelles le barman pour offrir une pinte à ton vieil ami. Tu lui avais pas demandé son avis, ta faute. T'avais toujours de mauvaises habitudes, tu pensais que tout le monde était comme toi. Mais monsieur Millstone avait une femme. Un travail. Et il ne rentrait clairement pas à pied comme toi. Tu lèves les mains pour t'excuser « Pardon, je t'ai pas demandé. T'es pas obligé sinon, je comprends. » Mais le brun lève sa pinte et trinque. Tu souris. « A notre amitié ! Tu sais que je suis tout le temps disponible, maintenant. Faut qu'on retrouve des joueurs pour se faire des équipes. Mais je suis carrément partant pour qu'on s'organise ça. ça fait un bail que j'ai pas joué au Rugby. » Tu bois quelques gorgées et t'entends quelques braillements mécontents; la mi-temps venait d'être sifflée, un partout. « T'es chaud tu me suis dehors ? J'vais me fumer une petite clope. » tu lui montre le paquet tout en te levant, ton verre à la main. En voyant le regard de Liam, tu souris gêné. « J'ai reprit à mon retour. » tu hausses les épaules. « Le tabac a trouvé un nouveau client régulier.» C'est plutôt paradoxale quand on pense que tu restes très sportif. Tu faisais pas que soulever des poids, tu continuais aussi le cardio. T'as jamais cessé l'entraînement que t'avais à l'armée, au final. Et c'est peut-être pour ça que malgré tout, tu voyais pas tant de différence au niveau de tes scores. T'étais un bon vivant. T'aimais boire, fumer, rire, danser. Pendant que vous vous dirigez vers l’extérieur du bar tu lui demande « C'est comment, d'être marié ? » Pour toi, mariage rimait avec attache. A vos âges, c'était compliqué de continuer de s'amuser. T'avais de nouvelles responsabilités. Des attentes à combler. C'était tôt pour toi. Parce que t'avais loupé une bonne partie de ta vie. Mais tu pouvais comprendre que pour certains, c'était ce qu'il leur fallait. Même si pour le coup, tu savais pas si c'était le cas du Millstone.

**○ inscrit le** : 06/08/2019

 « Alors c’est rassurant. » Peut-être qu’au fond, en dix ans, eux tous n’ont pas tant changé que ça. Les situations des uns et des autres ont évolué, bien entendu, mais les personnalités de chacun étaient peut-être déjà assez bien forgées à l’époque. Car des traits de caractère visibles à l’époque ressortent encore aujourd’hui et, comme il l’a exprimé à haute voix, Liam trouve que ça a quelque chose de rassérénant. Parce que ça veut dire que, même s’il y a des choses factuelles qu’ils ignorent l’un sur l’autre, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils se connaissent encore. S’il y a autre chose que le benjamin de leur vieux groupe ne sait pas trop non plus, ce sont les sentiments de Chance vis-à-vis de son retour. Il semble mitigé, du moins c’est l’impression qu’il en ressort, et c’est sûrement normal. Hochant vaguement la tête en signe d’assentiment, Liam l’écoute s’exprimer. Car à défaut d’être un Luky Luke en matière de compréhension, il est au moins une oreille attentive. « Ça n’a pas dû être facile pour toi de rentrer alors. » Faire des reproches, c’est facile ; essayer de se mettre à la place de l’autre, c’est déjà plus compliqué. « Je pense que si tu ne t’étais pas engagé, les choses auraient été un peu moins difficiles dans les parages. Je veux pas parler à la place des autres, mais… Le fait de savoir que tu risquais ta vie et tout, on s’inquiétait forcément plus que pour moi même si j’étais loin, quoi. » Encore une fois, le jeune homme a du mal à trouver ses mots et à exprimer clairement ce qu’il veut dire. Mais il sait qu’avec Chance, normalement il n’a pas besoin de se prendre la tête outre mesure, parce que celui-ci avait l’habitude d’aller au-delà de ses maladresses oratoires.

« Je vois ce que tu veux dire. Enfin, je crois, vu que j’ai jamais vécu tout seul. Mais on arrive à un âge où on a besoin de se poser, ne serait-ce qu’en matière de logement, hein ? » Il parle assurément comme un vieux, une habitude qui revient de plus en plus depuis qu’il est revenu s’installer à Island Bay. Après tout, c’est ce que la plupart des gens qui ne viennent pas d’ici recherchent, la tranquillité de la banlieue de Wellington. Quand ils étaient plus jeunes, ce calme ambiant avait le don de les agacer. « Alors il y a bien une chose qui a changé, parce que dans mes souvenirs, tu n’étais pas spécialement contre l’exhibitionnisme. Tu avais même sacrément le don de foutre des complexes au maigrelet que j’étais. » Ce serait sûrement encore le cas aujourd’hui, mais ça, c’est une autre histoire. « T’inquiète. » En fait, Liam est trop heureux que les retrouvailles se passent bien pour refuser quoi que ce soit. Il se sent à l’aise, il commence à se détendre et il évoque la possibilité d’un match de rugby - accueillie avec enthousiasme. « Je suis désolé de devoir t’annoncer que je suis pas tout le temps disponible, mais j’te file mon nouveau numéro pour qu’on s’organise ça. » Il est un peu moins content quand Chance ressent le besoin de fumer, mais il n’est pas là pour faire la morale. Ceux qui fument savent bien à quels risques ils s’exposent, ils n’ont sûrement pas besoin qu’on les leur répète. Lui-même a du mal à se passer de sucre raffiné, alors qu’il sait que ce n’est pas bon pour la santé. Est-ce qu’on peut dire que tout le monde a son addiction ? « Ça caille. » L’hiver est clairement arrivé et, tandis qu’il se frotte les mains, le regard du Millstone se tourne vers le ciel. Puis il hausse vaguement les épaules à la question de Chance, ce qui est sa réponse typique quand la réponse est plutôt vaste. « C’est… Intéressant, c’est clair. » Il se racle la gorge. « C’est différent de la vie de couple, je saurais pas très bien expliquer pourquoi. C’est plus… Plus sûr, tu vois un peu le truc ? Tu vas me traiter de gonzesse, mais j’aime bien cet engagement mutuel. Après, c’est pas forcément pour tout le monde hein. Si tu as encore envie de faire la fête, de te sentir pleinement libre, ce genre de choses, c’est sûrement pas le bon plan. » Il se tourne à nouveau vers Chance. « Et toi ? Je me doute que ça peut être compliqué pour un militaire, mais il n’y a aucune femme qui t’ait marqué durant toutes ces années ? »

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Retrouver Liam te redonnait une bouffée d'air frais. Sa bienveillance, sa compréhension. T'avais l'impression de jamais être parti, avec lui. Vous parliez, comme deux amis qui avaient seulement perdu contact par la force du temps; t'avais pas cette impression d'avoir fuit, avec lui. Alors quand tu lui expliques ce que tu penses avoir ressentis en rentrant, tu te sens bien. T'as pas cette boule au ventre. Tu vois qu'il t'écoute, qu'il prend en compte tes sentiments, les émotions qui te traversent. Il semble même essayer de les comprendre, de se mettre à ta place. Et ça ne t’étonne même pas de Liam. Tu penses à sa femme, et qu'elle devait avoir beaucoup de chance d'être tombée sur lui alors qu'ils étaient juste aux lycée. T'acquiesce aussi en comprenant ce que souhaite dire Liam. C'est vrai, et c'était pas le premier à te le dire depuis ton retour. Tu les avait tous inquiétés. « Dis pas ça malgré tout. Je pense que l'inquiétude vient dès que la personne est loin. » Tu penses tout simplement à Loreleï, que tu n'as toujours pas revu, qui ne répond toujours pas à tes messages.Tu pourrais demander son adresse à tes parents, mais tu respectes malgré tout les besoins de ta cadette. Elle n'avait pas envie de te voir, et c'était de ta faute. Tu la savais en ville, en pleine forme. Mais ça t'empêchais pas d'être inquiet. « Mais je vois ce que tu veux dire. C'est clair que y'a quelque chose qui joue, quand on fait un travail dangereux. ça peut être pareil pour la famille d'un flic ou d'un pompier. » tu ris à cette dernière remarque. T'avais quitter l'armée, t'étais sain et sauf et tu allais t'engager dans un nouveau métier, tout aussi dangereux aux yeux de beaucoup. Mais pour toi, ça l'était bien moins, et tu savais de quoi tu parlais. Y'avait des accidents, c'est sûr, chez les pompiers. Mais tu risquais pas de mourir d'une balle dans le crâne ou parce qu'une bombe a éclaté sous tes pieds. Enfin, ça reste possible. Mais c'était tellement moins fréquents. Tu lui confies cette histoire sur les logements. Que t'aimerais en changer. « C'est clair. J'ai jamais vécu seul non plus, et je sais pas si j'aimerais vivre seul. Mais six dans un même appartement, ça fait ambiance dortoir. » Tu ris un coup, mais c'était pas tout à fait faux. Et ça te rappelait beaucoup de souvenirs. De trop mauvais souvenirs aussi. Comme quand tu devais retourner dormir avec ton équipe mais qu'il en manquait un. Parce que pour toi, c'était de ta faute, à chaque fois. Tu te blâme trop Chance, mais tu regrettes tellement que tu peux pas oublier. « T'as quand même sacrément bien évolué depuis dix ans. Toi, t'as grandis, moi j'ai dû prendre que cinq centimètres depuis qu'on s'est quittés. » Rien qu'assis, Liam te dépassait. Tu pouvais facilement deviner qu'une fois debout il était plus grand. « Mais si tu veux, un jour on pourrait aller à la salle ensemble. » tu lui proposes sans vraiment connaître d'avance sa réponse. Après tout, il devait être très occupé. « Mais tu sais, pour le coup, à force de pas avoir d'intimité, ça te laisse des séquelles. » Tu dis ça en riant, fallait bien trouver une raison à ce changement plutôt soudain sur lequel Liam ne pouvait pas passer à côté. Il te conaissait trop bien pour ça. T'insinues beaucoup de choses dans cette phrase. Des rumeurs sur les relations entre hommes dans l'armée, même si pour le coup, t'avais pas l'impression que c'était arrivé à ton entourage militaire. Tu restes mystérieux sur cette phrase, le regard rieur. Tu lui offres finalement sa pinte avant de t'excuser pour la boulette de ne pas lui avoir demandé. Mais ça n'a pas l'air de plus déranger Liam que ça. Après tout, c'est qu'une bière. Et s'il le faut, tu lui appelleras un taxi, tu lui devais bien ça. En parlant Rugby, Liam te laisse son numéro que tu enregistres immédiatement. T'avais déjà fais la bourde de perdre un numéro. Alors pas deux. « Excusez nous, monsieur et son emploi du temps de ministre ! » tu lui fais un clin d'oeil. Evidemment que tu ne lui en voulais pas. Ce serait bien un comble ça. La mi-temps sonne, et tu lui propose d'aller rapidement dehors le temps que tu t'enfile un peu de nicotine dans les poumons. T'imagines bien que c'est pas la chose la plus positive à ton retour, mais t'y pouvais pas grand chose pour le coup. Liam remarque la température pas forcément agréable et tu ne peux qu'approuver en t’emmitouflant un peu plus dans ton manteau. Tu lui pose alors la question qui titille ton esprit depuis qu'il t'a annoncé son mariage. Sa première réponse te fait sourire. Quand il la complète, tu hoches la tête. Tu t'imagines marié. Une vision plutôt surprenante; c'était peut-être trop tôt pour toi. Fin, avant de penser au mariage, fallait peut-être déjà penser au couple. On se marie pas seul, Chance. « J'peux comprendre. L'aspect de fidélité, d'être posé avec quelqu'un que tu retrouves tous les soirs. L'idée de faire sa vie avec. » T'es pas un grand romantique, mais la présence d'une personne pour qui tu as des sentiments te comblerais. Amicalement ou amoureusement, peu importe. Disons que t'aimais la présence. L'engagement pour un temps ou pour toujours. T'étais ce genre d'homme, sinon, t'aurais pas été dans l'armée de terre pendant dix ans. Liam te pose une question sur toi, ta vie sentimentale. Immédiatement, un visage apparaît dans ta tête. Tu baisses la tête, sourire aux lèvres avant de prendre une taffe de ta cigarette. « Possible. Mais j'ai pas eu de copine, c'est clair. Plusieurs amies que je rencontrais un soir et que je quittais le lendemain. C'était un peu mon quotidien. »tu recraches la fumée. « Mais si. J'ai retrouvé une de ces femmes, ici, à Island Bay. Un pure hasard. J'ai encore du mal à en revenir. » tu hausses les épaules. Pour l'instant, vous ne vous connaissiez pas forcément très bien. T'avais partagé son lit une nouvelle fois. Elle avait assisté à une de tes crises post-traumatiques. Elle avait été l'inconnue présente quand t'avais besoin d'un regard extérieur. Bien sûr, tu aimerais bien qu'elle ne soit plus cette inconnue. Tu tires rapidement de nouvelles taffes avant de lui demander des nouvelles de sa vie. « Bon alors dis moi, qu'est-ce que tu fais dans la vie maintenant que t'es rentré au bercail ? »

**○ inscrit le** : 06/08/2019

« Oui donc en fait, tu es en train de me dire que même si tu es rentré, on continuera à se faire du souci pour toi vis-à-vis de travail, c’est ça ? » Pourtant, malgré les risques, Liam trouve que le métier de pompier va bien à Chance. Il est forcément entraîné à réagir aux situations d’urgence et, qui plus est, il a un instinct de protection plutôt développé. Défendre les autres, venir à leur rescousse, ce genre de choses, ça doit être bien ancré chez lui. Et déjà à l’époque du lycée, c’était utile pour ceux qui l’entouraient. Comme Liam fuyait déjà les conflits en tous genres, il se souvient parfaitement d’une fois où Chance s’est battu parce qu’un caïd avait essayé de s’en prendre au benjamin de la bande. Liam ne lui avait absolument rien demandé. Chance s’en était mêlé apparemment sans hésitation, clairement plus sûr de lui et plus impressionnant. Chacun ses forces et ses faiblesses et, au fond, c’est peut-être précisément cette complémentarité qui a toujours fait la beauté de leur amitié à tous les deux. Mais c’était peut-être aussi vrai de tout leur groupe. « N’empêche, six dans un même appartement à l’époque, ça nous aurait bien plu. Aujourd’hui, je sais pas si on arriverait à ne pas se taper mutuellement sur les nerfs. » Le pâtissier est content quand il passe du temps avec Maxyne et il est content aussi de retrouver Chance, mais la dynamique de leur groupe est perdue depuis longtemps. Néanmoins, ils semblent s’accorder pour dire qu’il vaut la peine d’essayer de retrouver leurs relations comme avant, une certaine complicité notamment. « J’irai à la salle avec toi avec grand plaisir, mais en revanche, tu en as soit trop dit, soit pas assez. Peu importe si je n’arrive pas à te tirer les vers du nez aujourd’hui, mais il faudra bien que tu me racontes un jour ce que tu veux dire par les séquelles du manque d’intimité. » Il a bien une idée sur la question… Mais encore une fois, comme il n’est pas très futé en matière de décodage, il préfère s’assurer de ce qu’il faut comprendre ou pas. Ce ne serait hélas ni le premier malentendu, ni le dernier.

Une fois à l’extérieur du bar, les deux hommes se mettent à discuter, inévitablement, mariage et femmes. Liam s’est exprimé à ce sujet et, apparemment, il a bien été compris. « Oui, c’est ça. Je veux pas dire routine, mais la tranquillité, c’est vraiment ce que je préfère dans une relation. Le stress des premiers rendez-vous, très peu pour moi. Mais j’imagine que ça dépend des gens. » Chance, lui, n’a bien évidemment pas été assez posé pour nouer ce genre de liens. Mais le Millstone se doute bien qu’il a quand même dû faire des rencontres et, effectivement, c’est le cas. « C’est pas vrai ? Le monde est vraiment petit hein ! Et quand tu dis que tu l’as retrouvée, tu veux dire que tu l’as croisée par hasard en allant acheter du jus d’orange ou tu l’as retrouvée genre… Genre vous vous êtes vraiment revus, quoi. » Ça devient peut-être un peu plus indiscret, mais il faut croire qu’il retrouve vite ses habitudes avec lui. Quant au reste, il s’agit plutôt de combler des trous, si on peut dire. « En rentrant, j’ai pas tout de suite travaillé, j’ai consacré… Je crois, deux-trois mois à mes parents, quand même. Tu sais… Pour essayer de les aider à surmonter tout ça. Lily a vite trouvé du travail, elle. Puis il a quand même fallu que je m’y mette, j’ai bossé dans un restaurant italien à Wellington. Et maintenant, je me gave de sucre, presque littéralement. Enfin, plus sérieusement, je pâtisse, pour le compte d’une dénommée Luana, ici à Island Bay. Je dois me lever assez tôt, mais sinon c’est plutôt cool. Il faudra que tu passes à la pâtisserie d’ailleurs, ça me ferait plaisir, je te donnerai l’adresse. »

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Liam te fait une remarque à laquelle tu ne peux t'empêcher de hausser les épaules. Oui, il avait pas tord, et toi même tu le pensais. Parce qu'après tout, que tu sois pompier ou militaire, tu risquais presque autant. De manières différentes, certes, mais c'était pareil. C'était des métiers à risques, dis et présentés dangereux. Mais toi, c'est peut-être cette dangerosité, que t'appréciais. L'adrénaline à laquelle t'étais devenu accroc. T'avais plus ta dose, depuis que t'étais rentré. Et même si c'était une mauvaise adrénaline, qui te conduisait droit dans un trou béant qui n'attendait qu'à te bouffer, tu continuais de courir pour la ressentir dans tes tripes. Il te manquait ta dose, depuis plusieurs mois déjà. « Je pense que je pourrais pas y échapper, avec certains. Tu sais, je pense principalement à ma mère ou à Maxyne. Je lui en ai pas encore parlé, j'attend d'avoir une réponse positive de la caserne. Mais j'appréhende beaucoup. » t'étais à peu près sûr de savoir comment Maxyne allait réagir : mal. Très mal, même. Et t'avais pas envie de la revoir se fermer à toi, alors qu'elle commençait à peine à accepter que tu souhaites revenir. Liam fait une remarque sur une colocation à plusieurs, chose qui vous aurait bien plu quand vous étiez jeunes (et cons). Tu ris. « C'est clair ! Mais on aurait finit par s’entretuer. Puis toi, mon pauvre, t'es maso ! T'aurais eu des idées noirs avec nous tous dans le même appart. » Mais rien que d'imaginer cette situation, tu éclates de rire. Viens alors la discussion sur le fait que tu ne te montre plus autant qu'avant. Bien sûr, t'aimerais pouvoir en parler vraiment, un jour. Mais tes cicatrices étaient devenues un complexe que tu devais cacher. Une honte. C'était un rappel de ceux que tu avais perdu, puisque toi tu ne t'en sortais qu'avec des marques indélébiles sur le corps. Tu prenais ça pour une punition, c'était la peine à vie que tu devais tirer. Non pas derrière des barreaux, mais bien libre, et devant tout le monde pour qu'ils voient où tu avais fauté. T'éclates de rire, une nouvelle fois, même si cette fois un peu gêné aussi, à ce que te dit Liam. Curieux comme il est, il ne pouvait pas passer à côté ! « Je sais pas si tu veux vraiment connaître la vérité. C'est jamais beau à entendre. » Tu continues de jouer à ton propre jeu, alors tu lui fais un clin d'oeil. En dix ans, il a pu s'en passer des choses. S'il pouvait croire, ne serait-ce que quelques minutes que t'avais changé de bord, ça serait une anecdote sympa à raconter à Maxyne quand vous vous reverrez tous les trois. Parce que tu prévoyais que ça arrive, tu le voulais, vraiment. Vous sortez rapidement et tu lui parles de son mariage. T'étais pas étonné que Liam soit le premier à se poser réellement, dans votre groupe. Il avait toujours été le plus calme, peut-être aussi le plus raisonné quand il était question de couple. Le seul qui avait respecté l'engagement que vous vous étiez fais. Tu fais un signe de tête pour montrer ton approbation à ce qu'il venait de dire, tout en inspirant la fumée pour la garder quelques secondes dans tes poumons. « Je suis content que ça te convienne. Tu le mérites. » Alors Liam se pose des questions sur toi, tes relations amoureuses. T'es obligé de lui parler de Reira, comment lui cacher ? C'était comme il y a dix ans, quand vous vous racontiez ces histoires de copines. Tu lui expliquais les fiasco que tu avais, parce que même si tu étais du genre mignon, elles se rendaient vite compte que dans ta vie il n'y avait pas encore de place pour elles, entre le groupe, Maxyne et ta famille. Et toi à l'époque, tu ne comprenais pas. Tu venais te plaindre à Liam, plus dégoûté qu'on te plaque que triste. « Je t'assure. C'était pas en allant acheter un jus d'orange, mais juste en allant boire un verre dans un bar à Wellington. Mais tu veux savoir la meilleure ? C'est que je l'ai pas reconnue tout de suite.» tu passes ta main dans ta nuque, encore gêné de cette erreur que tu avais faite. Tu t'en voulais toujours. « J'ai finis bourré ce soir là, et elle m'a ramenée chez elle pour que je dorme. C'est en me réveillant que j'ai fais le rapprochement. Je l'avais rencontré qu'une nuit, en boîte, il y a cinq ans. Et puis, c'était un peu ma routine, quand j'étais en permission.» t'étais devenu un lapin. Un lapin qui prenait ses précautions, mais c'est comme si tes premières années à l'armée avaient augmentés ta libido de plusieurs crans. Puis peu après, ça avait finit par se calmer. « Puis après, j'ai perdu son numéro de téléphone. Alors une nuit je suis retourné chez elle à pied. Puis j'ai encore passé la nuit chez elle. » tu hausses les épaules. T'étais un véritable idiot, mais t'avais de la chance d'être tombé sur Reira qui t'avait laissé un peu de temps pour te rattraper. Tu lui demande alors ce qu'il fait dans la vie, depuis son retour. T'acquiesce quand il te parle de ses parents. Tu pouvais comprendre la douleur qu'ils avaient ressentis. Même si ta douleur n'était pas la même puisqu'il n'était pas ton sang, t'avais perdu une partie de toi, ce jour là. « Mais carrément. Je passerais. Puis ça fait toujours plaisir une petite pâtisserie si je vais chez mes parents après ! Si je leur dit que c'est toi qui les a faites, ils en reviendrons pas. Tu les connais, ma mère viendra te voir tout le temps même s'il faut prendre la voiture pour venir. » tu souris tendrement en imaginant ta mère faire plusieurs kilomètres seulement pour voir Liam, trouver une excuse pour lui parler. « Comment vont tes parents du coup ? Et ta sœur ? » Tu te souvenais de la grande sœur de Liam. C'était ton coup de foudre, quand t'étais ado. Mais tu rougissais dès qu'elle posait les yeux sur toi quand tu allais chez Liam, et t'as jamais osé lui adressé un autre mot que "bonjour". Comme quoi, t'étais vraiment un imbécile.

**○ inscrit le** : 06/08/2019

Si ses premiers sentiments étaient mitigés, Liam sent assez rapidement l’enthousiasme le regagner. On ne peut jamais savoir ce que ça va donner, à l’avenir, c’est vrai. Mais là, tout de suite, dans le moment présent, le jeune homme se sent bien. Et il aimerait qu’il en soit de même pour tout le monde, comme l’éternel optimiste qu’il est. Mais au fond, il sait que ce n’est pas possible tout de suite. D’autres personnes que lui ont été plus blessées par l’absence de Chance, comme les membres de sa famille ou encore Maxyne. « Tu as raison, attends de savoir s’ils t’admettent là-bas avant de leur en parler. Mais tu sais… Elles ont beau s’inquiéter, je crois qu’elles savent comme moi que le risque te colle un peu à la peau, comme si ça faisait presque partie de ta personnalité quelque part. Et peut-être qu’elles voudraient que ça change, oui, mais… On sait aussi à quel point c’est compliqué, ça. » Peut-être qu’il divague totalement, mais de toute manière, il ne fait que partager ses impressions et son ressenti. C’est peut-être banal de dire qu’on voudrait parfois changer des choses chez les gens qu’on aime mais que c’est souvent difficile, il n’empêche que ça reste la vérité. En fait, il y a même des changements qui semblent carrément inconcevables et, quand Chance évoque les relations que les hommes peuvent entretenir entre eux à l’armée, Liam hausse les sourcils. Il le charrie à son tour, parce que c’est la base de toute amitié masculine qui se respecte. « Oui enfin, sache tout de suite que, salle de sport ou pas, exhibitionnisme ou pas, je refuse d’être exposé aux mêmes séquelles que toi. »

Comme la vie amoureuse du cuisinier est assez vite expédiée pour la simple raison qu’il n’y en a pas tant que ça à raconter, ils passent rapidement à celle de Chance. Liam hausse à nouveau les sourcils en entendant une partie de ses aventures. « Attends un peu… Dis-moi, il faut se faire combien de nanas pour en arriver à ne pas en reconnaître certaines d’entre elles ? » Comme ce n’est pas quelque chose qu’il a connu, il est forcément un peu surpris. Et en même temps, il est aussi assez intrigué, ça fait ressortir sa nature curieuse et donc des questions. « Et quand tu as fini bourré chez elle ce soir-là, tu veux me faire croire que tu as vraiment dormi ? » Il lève alors une main en l’air, comme pour l’arrêter. « Oublie ça. J’ai pas besoin des détails. » De toute façon, la suite de l’histoire est assez révélatrice en elle-même. En revanche, il y a bien quelque chose que le Millstone ignore encore. « Et tu as l’intention de la revoir, cette femme ? Parce que comme ça, de l’extérieur, je dirais qu’elle est assez patiente avec toi. » Il y a bien longtemps qu’ils n’ont plus partagé ce genre de discussion alors oui, ça donne envie de se revoir. Ils commencent à faire des plans tous les deux, qu’il s’agisse de rugby ou de pâtisseries. « Oh, ta mère est toujours aussi adorable… Je passe encore les voir, de temps à autre, pour prendre des nouvelles, ils sont contents et moi aussi. » Il n’ose pas évoquer Loreleï, parce que Maxyne lui a fait comprendre qu’il y a de l’eau dans le gaz pour l’instant. Par contre, il peut parler librement de la sienne. « Laquelle de mes soeurs ? Celle pour qui tu avais un béguin ou l’autre ? » Bien entendu, il n’en manque pas une pour le taquiner. « Freya va bien. Elle est toujours célibataire, si tu veux tout savoir. Quant à Poppy, elle… Elle traverse une période un peu plus compliquée, mais j’imagine que ce serait pas le cas si elle était célibataire, justement. Enfin bon… En parlant de mes parents, ça leur ferait plaisir à eux aussi de te revoir. Rien d’urgent, bien sûr, je me doute que tu as plein de gens à retrouver avant. Mais si ça se calme un peu pour toi, n’hésite pas. Je me souviens que t’étais le chouchou de maman, ça nous faisait toujours plaisir de voir qu’elle te gardait les plus grosses parts des goûters alors que c’était moi qui les préparais. Tiens, vous étiez un peu mes cobayes, à l’époque. » Ce souvenir fait rire Liam. Ils en partagent tellement d’autres qu’ils pourraient facilement en parler toute une nuit.

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T'avais toujours aimé te foutre dans le pétrin. Les courses poursuites avec les flic après les soirées, toi, t'attendais que ça. T'attendais même d'être le dernier à sortir de la baraque. T'attendais d'apercevoir l'uniforme des policiers avant de t'élancer, de rejoindre les autres. T'aimais les entendre cavaler derrière toi. La vitesse, t'aimais ça. Tu faisais du rallye, parfois. T'as échappé au tonneau, plusieurs fois. T'as toujours vécu dans une recherche de l'adrénaline, du danger. Ça te colle à la peau, comme le dit si justement Liam. Alors au fond ça t'étonne même pas, d'avoir envie de rejoindre la brigade des pompiers. T'aurais aussi très bien pu devenir flic... T'y avais pensé. Mais c'est l'arme, qui t'a fait reculer. Tu n'pouvais plus oser avoir une arme entre les doigts. Il y a une partie de toi qui le veut, vraiment. Mais une autre sait que si tu retourne dans ce cercle infernal, cette fois, tu en sortira plus. C'est déjà compliqué pour toi de revenir en ville. Quand t'entends des pétards la nuit, tu te réveilles en sursaut. Tu continues de faire des cauchemars, régulièrement. Alors qu'on te mette une arme entre les mains, tu savais pertinemment que c'était plus possible. C'est même pas sûr qu'on te l'autorise, en plus. Alors les pompiers, c'était la bonne alternative pour toi. Pas d'armes, mais de la réactivité face aux situations d'urgence. Le sang qui tourne dans tes veines à une vitesse invraisemblable avec l'adrénaline, comme si on t'avait fait une piqûre. T'étais clairement accroc à ce ressenti. Et trois mois sans, c'était déjà trop long pour toi. « C'est clair... Mais elles finirons par s'y faire. On s'y habitue, je pense, quand on côtoie quelqu'un qui fait un métier dangereux. Sinon, il n'y en aurait pas. » Tu changes de sujet pour arriver a lui proposer de l'accompagner à la salle de sport, puis vous déviez sur des blagues de militaire. Tu ris à sa réponse en mettant ta main sur ton front, conscient de l'ampleur que cette petite blague prenait. Mais ça te rappelait que même après dix ans, si l'alchimie entre deux personne avait été présente, elle finissait toujours pas reparaître au galop. « C'est noté, je veillerais à ce que ça n'arrive pas alors. » tu ris à nouveau. Puis tu lui parle de sa copine, devenue femme. Tu t'interroge sur le mariage. Tu vois tes parents, toujours amoureux, soudés, comme au premier jour, voir plus, alors qu'eux étaient déjà en ménage, à vos âge. Tu te demande quand ça t'arrivera, comme tout le monde au moins une fois dans sa vie. T'en vient même à te demander si ça t'arrivera un jour; parce que t'es même pas sûr d'en avoir envie. Le mariage, c'est un engagement. Tu connais ça, l'engagement. T'as juste peur de te lasser. De perdre la flamme, un jour. Mais l'engagement tu le connais pour des causes autres que celles du coeur. Liam s'en rend bien compte et en semble même surprit vu la question rhétorique qu'il te pose après que tu ais commencé à lui raconter tes dernières péripéties sentimentales. « Je sais pas vraiment. » T'éclate de rire. « J'ai jamais fait attention aux femmes que je côtoyais, tu sais, c'était qu'une nuit. J'avais pas besoin d'en savoir plus sur elles. D'ailleurs, certaines s'en foutaient aussi, de mon nom. » la main que tu fais passer dans ta nuque montre la gêne que tu ressentais à cet instant. C'est vrai que tu les a enchaîné, au début. Tu profitais de tes permissions pour vivre une vie de débauche. T'enchaînais les boîtes, les cuites, les coucheries. Tu t'éclatais, parce que c'était ça l'éclate, pour toi. En vieillissant, tu t'es calmé. T'en voyais moins, tu sortais moins. Tu lui racontes la suite de l'histoire et il te demande si vous n'avez vraiment fait que dormir, en ayant l'air de connaître d'avance la réponse. Pour le coup, il se trompait. Il refuse finalement que tu lui raconte, alors tu finis ton histoire. Tu finis alors par rajouter en levant les mains. « Mais je t'assure que je suis tombé comme une masse sur son futon, la première nuit! J'me suis réveillé le lendemain matin, une sale gueule de bois. Mais elle avait fait des pancakes. » Tu rajoutes la dernière phrase comme un enfant. Comme si qu'elle fasse des pancakes changeait tout. Que ça prouvait vos bonnes intentions, à tous les deux, ce jour là. Il te demande alors si tu as l'intention de la revoir. T'es quelques secondes pensif, la clope à la main en la laissant se consumer. De toutes façons, elle est presque finit. Et la mi-temps aussi, alors vous n'allez pas tarder à rentrer. « J'aimerais la revoir, ouais. Après ça dépendra d'elle. Je vais l'inviter au restaurant, on verra bien si le feeling passe toujours aussi bien.» mais tu l'espérais sincèrement, que ce feeling passe. T'avais eu un coup de cœur, un vrai. Elle occupait tes pensées presque tous les jours. Et tu croyais au destin. S'il vous avait réunit, c'était pour une raison. Que ça dure ou non, cette fille allait intervenir dans ta vie. Vous prévoyez le match de rugby, et tu lui promet de passer à la pâtisserie. Parce que de toutes manières, ça faisait bien longtemps que t'avais pas mangé de sucreries. Alors si elles étaient préparées par ton ami, c'était encore mieux. Tu lui parle de tes parents, de ta mère aussi. Elle avait toujours aimé tes amis. Espérait que vous le restiez toujours. T'osais penser que ça puisse arriver, finalement. « J'en doute pas. Ils ont toujours adoré vous voir à la maison, alors ça m'étonne pas qu'encore aujourd'hui ce soit le cas. » tu jettes ta cigarette dans un cendrier d'une des tables avant de proposer à Liam de rentrer vous installer. Tu lui demande des nouvelles de ses parents, de sa sœur aussi. Freya. Tu ris en repensant à ton comportement avec elle, suite à la réplique taquine de Liam. Il te rappelle qu'il en avait une autre, sœur. Tu l'avais presque oubliée, tant tu la voyais peu. Il te donne de leur nouvelles, tu lance un petit "hmm" taquin en entendant que ton ancien béguin était toujours célibataire, faussement intéressé. Tu pourrais l'être réellement. Mais c'était la sœur de Liam, t'aurais pas trop apprécié qu'un de tes potes sorte avec Loreleï. Même aujourd'hui. Il te parle de ses parents, de sa mère? Qu'ils aimeraient te revoir. Tu souris à l'histoire qu'il te raconte. « Tu sais que j'ai toujours adoré ta mère. On parlait beaucoup, elle et moi ! » Vous vous réinstallez à vos places pendant que le match reprend en même temps que les cris des supporter du bar. « Je viendrais. On s'organisera ça, aussi ! ça me fera très plaisir. Mais on en reparlera, je voudrais pas les embêter un jour où ils n'ont pas prévu de visite. » Tu commandes une nouvelle bière, pour toi seulement cette fois. Liam t'avait dit plus tôt dans la soirée que c'était sa dernière, et t'avais pas envie qu'on t'apprenne dans quelques jours qu'il avait eu un accident, même si tu croyais parfaitement en la lucidité de Liam. Et s'il avait décidé de boire un peu plus, tu lui aurais commandé un taxi. C'était toujours mieux ça plutôt qu'il rentre à pied.

**○ inscrit le** : 06/08/2019

Aux maximes optimistes de Chance, Liam se contente de hocher la tête en signe d’assentiment. Il est d’accord, du moins en théorie, parce qu’en pratique il sait que si sa femme exerçait un métier à risques il ne serait pas tranquille. Il faut dire qu’à deux, on va plus loin, mais la peur pour l’autre peut aussi facilement être une faiblesse. Encore une fois, le jeune homme se dit qu’il y a des avantages et des inconvénients dans le mariage comme dans le célibat et qu’il suffit sûrement tout simplement de choisir ce qui nous convient le mieux. Il a fait son choix. Et, pour l’instant du moins, son vieux pote a aussi fait son choix. Mais bien entendu, ça ne veut pas dire qu’il ne connaît que la solitude des draps et alors qu’ils s’engagent dans cette conversation, Liam ne peut s’empêcher d’être intrigué par ce mode de vie qui lui est étranger mais qui semble passionner beaucoup de ses congénères. « Oui, merci, j’avais bien compris que c’était juste pour une nuit… J’ai juste un peu de mal à comprendre comment on arrive à partager l’intimité de quelqu’un sans même connaître la base, genre son prénom quoi. » Mais ça le fait rire, sans qu’il sache très bien pourquoi. Heureusement (enfin, tout dépend du point de vue), toutes les histoires de Chance ne se résument pas à ça. « Elle t’a fait des pancakes ?? Attends, il faut que tu la gardes, celle-là. » Il ne peut s’empêcher de plaisanter, mais il faut dire qu’il est tellement gourmand qu’à la place de l’ancien militaire, la pensée lui aurait probablement traversé l’esprit. « J’espère au moins que tu te souvenais de son prénom, à elle ? Parce qu’il faut les mériter, les pancakes… » Quelqu’un qui ne connaît pas Liam pourrait croire qu’il juge, mais c’est faux. Il se contente de charrier Chance, parce que oui, après tout ce temps, ça lui fait sacrément plaisir de pouvoir faire ça. « Oh, c’est cool ! Il vaut mieux pas me dire où tu l’invites ni à quel moment, parce que je crois que je serais encore capable de faire comme quand on était ados… Tu te souviens, quand tu t’es pointé à mon premier rencard avec Lily, assis à quelques mètres l’air de rien, parce que tu voulais savoir à quoi elle ressemblait. Je me demande encore comment elle a fait pour ne pas te griller, mais je suis sûr qu’aujourd’hui je ne serais pas beaucoup plus discret. » Il donne une tape qui se veut virile dans le dos de Chance. « J’espère que le feeling passera toujours aussi bien. » En tout cas, entre eux deux, c’est visiblement le cas. Le coeur du pâtissier se gonfle de joie rien qu’à l’idée de tous ces plans qu’ils prévoient ensemble, comme au bon vieux temps. Il se dit que tout est possible. Il se dit qu’il a envie que tout soit possible. Alors pourquoi pas ? Ils terminent tranquillement leur conversation. Le temps passe vite. « Je vais aller chercher ma femme. Mais avant, je voulais te dire… J’avais prévu de boire un verre en regardant le match tout seul. Ma soirée s’est passée bien mieux que ce que j’avais imaginé. Je suis vraiment content que tu sois rentré et… Qu’on puisse renouer, vieux. Faire des trucs comme avant. J’ai jamais eu de meilleur ami comme toi. » La séquence émotions terminée, il lui donne son numéro de téléphone, ainsi qu’une accolade, avant de quitter le bar.

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