This is me trying ♕ Reed

“Madame Cianelli vous ne pouvez pas sortir sitôt de l’hôpital”

D’un ton qui n’a rien d’amical, alors que j’ai encore un bras dans cette foutue attelle mes yeux bleus se foncent, et je réponds d’une voix plus que sèche. Et pour une première fois je suis volontairement désagréable .

“ Marlowe, je suis divorcée je porte mon nom de jeune fille cela fait plus de cinq jours que vous me gardez ici en plus de votre évaluation psychiatrique, donnez moi cette foutue décharge que je me casse”

En même temps quand je repense à mon état en arrivant, les quarante heures de surveillance en psychiatrie étaient nécessaires, étant moi-même du milieu je peux comprendre . Un bras cassé, des ecchymoses de partout et surtout une fille qui sursaute au moindre bruit. Même quand elle fait tomber un truc, elle s’attend à se prendre un coup du pauvre bénévole venu lui apporter un malheureux livre, afin de mieux tromper son ennui .  Je ne me serais pas moi-même reconnue, mais maintenant que j’ai été évaluée je veux juste sortir . En plus, je sais parfaitement que si je signe cette foutue décharge ils ne peuvent me retenir, puisque personne ne sait, que je suis venue rejoindre Reed. Hors de questions qu’il vienne me chercher ici, c’est à moi d’aller jusqu’à lui .

Qu’est ce que je vais pouvoir lui dire, d’ailleurs j’en sais strictement rien ! C'est vrai que quand j’ai réalisé que je devais partir, le seul endroit qui soit venu à mon esprit c’est Island Bay. La Nouvelle- Zélande la terre de notre famille, celle dont mon ex-mari ne sait quasiment rien, puisque je suis née à la grosse pomme. Ainsi je suis sûre qu’il ne me retrouvera pas, ou du moins je prie pour, chaque minute.

Le médecin me regarde exaspéré mais me note le précieux sésame, mentionnant qu’il me conseille fortement de me faire suivre, mais je n'écoutais déjà plus que qu’une oreille . Après tout on dit bien que les cordonniers sont les plus mal chaussés ? Bah j’ai le diplôme sans avoir exercé, clairement je vais pas finir allongée sur un divan à étaler mes tripes . Mais surtout exprimer ô combien j’ai été conne de me laisser faire par amour, tort de croire qu’il changerait, au fil du temps . Parce que je croyais que l’amour pouvait tout surpasser, j’ai encaissé, jusqu’au jour où j’ai découvert un amour bien plus fort que l’union de deux êtres . Il m’a enlevé ma Rose, ce fût tellement un électrochoc que je n’ai eu qu’un réflexe fuir, fuir jusqu'à l’autre bout du monde, sans réel plan, seulement le besoin de trouver un soutien.

Reed est certes mon cousin, mais il est le seul en qui j’ai confiance, après tout malgré deux frères dans la police, un père chef des forces de l’ordre, rien ne dissuadait  Vicente que j’étais “sa chose” qu’il avait tout pouvoir, étant simplement mon mari, et au fil des années j’ai fini par le croire . Quand on connaît l’histoire des Marlowe c’est le comble du siècle.

En effet j’aurais dû être de celles qui portent plainte dès la première gifle, ce que la famille m’a toujours dit, et pourtant une fois aveuglée par ce foutu sentiment d’amour, je suis devenue la plus facile des proies . L’ironie totale, le paradoxe absolu . Je sais que donc seul mon cousin, ne va pas s'enguirlander, sans doute parce que c’est lui le rebel de la famille, celui qui a osé s’éloigner du chemin déjà tout tracé   . Gamine, enfin adolescente une partie de moi admirait sa volonté d’indépendance et de liberté . La pâtisserie, travailler avec passion, et non pas suivre juste un héritage familial . C’est le seul atypique de la famille, le seul donc qui ne me regardera avec un regard rempli de jugement mélangé à cette foutue pitié, qui me colle à la peau, de façon plus tenace que de la glue extra forte .

Je pourrais certes, rien lui dire, mais mon corps parle pour moi, j’ai encore des bleus visibles, et porter des lunettes de soleil ne va pas me sauver indéfiniment .  Voilà pourquoi, je demande à un taxi de me déposer à sa pâtisserie, je ne sais pas si c’est le corps qui est endolori, ou si au contraire, j’ai encore des médicaments dans le sang, mais j’ai du mal à m’extirper de la carcasse de fe. Retrouvant ainsi une certaine contenance, avant de passer le seuil de la boutique .

La fameuse petite cloche s’active alors, quand j’entre, et je regarde attentivement la pâtisserie après tout, c’est la première fois que je rentre complétement dans son monde, et je dois dire que l’endroit a du charme. Bon Ok je sais pas comment l’interpeller, puisque je ne l’ai même pas prévenue que j’arrivais . C’est là que la femme parfaite robotisée reprend le contrôle, marchant avec assurance vers le comptoir, m’asseyant sur un siège, tout en prenant soin de garder mes lunettes tout en souriant et en disant le plus naturellement possible .

” Il paraît que tu fais les meilleures pâtisseries de la ville ! Mais pour commencer, je gouterais bien un de tes donuts, pour le côté familiale avec un double latte au lait d’amande s’il te plait “

J’aurais pu être plus chaleureuse, mais s’il veut m’étreindre j’ai peur de ne pas pouvoir masquer ma douleur. Pourtant on ne s’est pas vu en chair et en os depuis des années, et une partie de moi ne souhaite que de me réfugier dans ses bras: pour qu’il me jure que tout ce cauchemar est derrière moi.

Je le sais mon cousin va se demander ce que je fous ici, c’est simple je n’ai pas mis les pieds en Nouvelle Zélande depuis mon adolescence  bien trop attachée à mes racines New Yorkaise . Certes nous avons été en contact, via les réseaux, mais quand je me suis mariée et que l’enfer m’a peu à peu enfermé, j’ai coupé les liens avec beaucoup de monde . C’est aussi pour cela que je viens le voir lui; Vicente n’a aucune idée que j’ai de la famille dans ce coin du monde et ainsi j’espère trouver une certaine tranquillité .
Sans mentir, je penses toutes les trois minutes, que ce dernier trouvera toujours le moyen de me retrouver, mais je suis partie, c’est bien la preuve que je veux m’en sortir non ?!

Même si j’ai l’impression d’être morte de l’intérieur, comme-ci perdre ma fille m’avait ôté la vie, et l’envie de vivre . Je sais aussi que lui sera le seul à ne pas me juger, il a osé dire non à l’héritage familiale, pour tracer sa route . Je peux le voir oeuvré et voir qu’ainsi il est heureux, n’est pas le plus important ? Je ne sais pas trop comment m’annoncer après tant d’années, par quoi commencer? Que dire ou bien taire ? C’est le bordel dans mon cerveau, sans oublier que j’ai encore des médicaments de l’hôpital dans le sang . Ainsi alors que je tente de faire passer la pilule sa phrase me surprend, enfin plutôt la formulation .

”Quoi voir mon cousin n’est pas permit? “

Je crois pas être convaincante du tout, mais sur l’instant c’est tout ce qui me viens, j’allais pas dire je fuis mon taré d’ex-mari qui m’a fait perdre ma fille, et je n’ai que toi vers qui me tourner, en pleine matinée alors qu’il est entouré de ses clients . Surtout que je débarque telle une tornade sans m’annoncer . Pourquoi avoir rien dit? Tout simplement parce quand j’ai fais mes valises, j’ignorais encore ma destination, je voulais juste partir le plus loin possible … Et surement que j’avais peur qu’il m’envoie balader, il le sait je ne l’ai jamais jugé pour son choix, il m’a soutenu pour mes études de psychologie, mais nous nous sommes entendus à distance, être si proche c’est très perturbant .

Quand il m’étreint j’ai le souffle coupé de douleur, je retiens un cri de douleur, et tente de faire mon maximum pour ne pas grimacer de douleurs . Lui rendre son étreinte me demande beaucoup d’effort surtout avec mon bras dans une atèle, mais je ne veux pas qu’il sente que j’ai mal. Sans m’en rendre compte d’ailleurs mes yeux s'humidifier car je comprends que j’ai fais le bon choix en venant ici, le seule soucis reste à cacher mon état . Quand il pose ses mains sur mes joues, pour tenter d’atteindre mes lunettes, je lui dis dans un murmure presque inaudible .

”Ne les enlèvent pas, tu n’aimeras pas ce que tu verras …. “


Combien de fois ais-je trouver des excuses bâteau du style “ je suis tombée sous la douche” où encore “je suis très maladroite et distraite, je me suis cognée bêtementé” … Tel un robot j’étais formatée pour éviter la question et l’éluder, mais à lui je ne peux mentir . Je ne veux plus avoir à le faire en réalité, je ne veux plus faire semblant. Seulement est-ce que Reed aimera cette Clay là je n’en sais strictement rien … J’ai joué un rôle depuis tellement longtemps, que c’est dur de m’en détacher .

Je me recule légèrement, bien décidé à m’approcher du comptoir pour avoir mon café, même si clairement s’il y ajoutait du whisky dedans, cela me serait d’une grande utilité, surtout pour parler . En attendant j’attends qu’il passe du côté professionnel du comptoir pour lui dire, alors que mes mains entourent mon café, et qu’il peut donc constater que je ne porte ni alliance, ni bague de fiançailles . Une marque blanche à prit leur place, cela me fait encore une drôle de sensation par moment.

”Je ne savais pas où aller pour être franche … Tu as été ma seule réponse, je débarque comme ça dans ta vie, et je m’en excuse, mais je n’avais pas d’autres choix … J’espère que tu ne m’en veux pas …”

Encore une fois voilà la version qui s’excuse, d’exister, presque c’est dire mais j’en ai tellement l’habitude . Mais après tout que sais-je de sa vie actuelle, que son boulot le comble c’est un fait mais le reste ? Si sa relation avec sa famille s’est apaisée, s’ils le comprennent enfin ? Je n’en sais rien … Parce que j’avais peur d’avoir un lien avec lui proche et que du coup l’homme qui a fait de ma vie en enfer puisse le prendre pour cible, comme il l’a fait avec un de mes frères . Je ne pouvais pas faire cela à Reed, pas à lui qui n’a toujours voulu qu’exercer son rêve, avoir un barge qui n’hésite pas à cogner un homme avec un plaque doré, que ferait-il a un pâtissier… Rien que d’y penser j’en frissonne déjà !

Relevant la tête vers lui, sans pour autant ôter mes lunettes je lui dis alors …

”J’ai besoin de toi, de ton aide ...”

Qu’est ce que ces mots ont été dur à sortir bon sang, depuis le temps que je les portent sur le coeur, aussi lourds que des rochers, je n’étais même pas sûre de parvenir à finir ma phrase c’est dire… Maintenant il va sans doute me questionner, et je vais passer sur le grill, mais comment répondre à tout, sans l’effrayer … Sans qu’il m’en veuille d’avoir autant menti aussi … Je sais clairement pas comment il va réagir, et certes j’ai la boule au ventre, mais après Vincente je crois que je n’ai plus de réelle grande peur insurmontable, j’ai tout connu. Me voilà donc comme vaccinée, j’ai surtout peur de son jugement à mon égard, alors que pour lui j’étais la plus heureuse des femmes, et que certes j’avais comme lui réaliser un rêve loin des carrières de famille . Que ce n’était pas mon rêve à moi, mais celui de ma mère, mais surtout que le fait d’être une femme au foyer par la suite, n’a jamais fait partie de mes volonté bien au contraire, mais à l’époque encore bien trop amoureuse et aveuglée, j’ai cru que cela serait temporaire… Le fait que je ne travaille pas; mais aussi que ses sautes d’humeurs passeraient avec le temps, que je saurais être assez parfaite pour ne plus mériter ses coups …. Oh putain oui, je croyais être le problème de nous deux, et il m’a fallu frôler la mort, mais surtout perdre ma fille, pour réaliser que je devais m’enfuir pour ne pas être la prochaine à mourir! Mais surtout j’ai connu un amour, beaucoup plus puissant que celui, que j’avais pour mon mari, l’amour maternel est en être privée me tues d’avantage, mais j’ai compris ce que c’était d’aimer sans concession, tout en étant en paix avec moi-même .

J’ai étais assez conne pour me dire que porter notre enfant, me ferais éviter sa colère, que son amour pour notre enfant à naître serait plus fort que l’envie de me tabasser, et pour cela je me maudis chaque jour …

Mais voilà qu’un client vient au comptoir et me fais une remarque sur mes lunettes, je n’oses même pas répondre à la plaisanterie, je me contente de fixer mon café .

J’ai conscience d’arriver comme un cheveux sur la soupe, mais c’est bien parce que Vincente me croit cent pour cent New Yorkaise, que je pense pouvoir trouver la paix dans cette ville.
Voilà pourquoi j’ai donc coupé petit à petit les ponts avec ma famille éloignée, dont Reed, alors certes on va vous sortir,  qu’il y a un code pour les femmes battues, pendant un appel visio. La réalité est tout autre, quand on est dans cette spirale, on ne parle à personne parce qu'on se dit que la personne va changer, mais pas seulement la honte s’installe rapidement !

Pour beaucoup de mon passé, je suis la femme au tempérament bien trempé, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, mais après presque dix ans, je me suis complètement perdue. Je ne sais quasiment plus qui je suis c’est dire . Et puis quand j’en ai parlé à mes frères à part me passer un savon, comme quoi je suis fille, et sœur de flic et que je connais la procédure : je vous épargne le langage fleuri employé pour désigner Vincente, pour autant à part la voie purement légale, ils n’ont pas cherché à me sauver de mon enfer.

Seconde claque que je me suis prise dans la tête, et pas à cause de mon mari, je n’ai pas compris mais surtout je me suis sentie rejetée, voilà pourquoi je n’ai pas parlé de ma grossesse. Mais aussi pourquoi Reed reste mon phare dans la nuit obscure.

Lui qui a toujours été différent, et qui a su voir le monde autrement j’ai besoin d’être prêt de lui, au sujet du sms, je réponds alors que je sais pertinemment qu’il ne va pas comprendre le sens exact de ma phrase .

”Trop risqué les sms.”

Comment lui dire, qu’il avait le contrôle de mon portable aussi. Le pire reste quand il m’étreint, même si cela me réchauffe le cœur, physiquement parlant c’est extrêmement douloureux, au vue de mes blessures, et le pire c’est de rien laissé paraître .

”J’ai pas assez d’argent pour l’hôtel, et tant que je ne sais pas si je suis prise chez les pompiers ici, tu m’aiderais si je pouvais squatter un peu promis je me rattraperais en course et en cuisine.”

Les joies du divorce que voulez vous, vu que je travaillais pas autant dire, que mon compte bancaire tend clairement vers le rouge, après tant d’années je lui en demande beaucoup à mon cousin je le sais. Enfin assise au comptoir, je lui demande à nouveau mon café, et quand je le prend il voit sans nul doute que je suis divorcée.. Mais pour l’heure j’ai besoin de quelques gorgées pour me donner du courage. C’est très dur à formuler pour moi d'ailleurs cette phrase, lui dire que j’ai besoin de lui, mais là je perds ma voix quand l’émotion prend le dessus.

Sa réponse fait couler quelques larmes, si seulement il savait mais non il ne le peut pas le comprendre .

”Personne n’a su l’en empêcher par le passé, je veux dire dans ma famille j’espère être juste assez loin, mais surtout Reed je ne veux pas te mettre en danger toi ou ta sœur, alors si tu le sens pas tu me le dis, et je partirais .”

Je sais ce dont Vincente est capable et je veux pas mettre ma famille en danger, je veux dire il a déjà cassé la figure à mon aîné ça suffit comme ça ! Reed en étant pâtissier s’est éloigné de tout ce monde de devoir et de service des Marlowe . C’est un sacré fardeau, que je lui donne en venant ainsi. Comme il est occupé un moment, je bois mon café, alors que je prends enfin le temps d’enlever ses fichues lunettes, après tout je ne leurre personne et surtout pas moi-même. Je vide ma tasse, mais ne tarde pas à en demander une autre, alors que je vais m’installer dans le box indiqué par Reed.

Mes mains tremblent à l’idée de lui parler, alors que je regarde mon café fumant maintenant que la tasse est remplie de nouveau…, quand il s’assoit en face de moi je sens mon cœur s’accélérer et j’ai du mal à déglutir à l’idée de tout lui dire… Comment faire ? Par où commencer … Il y a tant à dire et pourtant si peu à la fois, tout se mélange dans ma tête . En tout cas je ne suis pas prête à lui parler de Rose, c’est encore trop frais et bientôt trop douloureux.

” Reed, depuis presque dix ans je vis une double vie… Je ne suis pas si heureuse que tu le crois… J’ai tout sacrifié pour mon mari, et les premiers temps quand il me frappait je me disais qu’il allait changer, que c’était ma faute à moi … Puis je m’y suis faite, et j’ai voulu être la femme parfaite, ce n’était jamais assez… ”

Je lève alors les yeux pour les plonger dans les siens, alors que je suis à deux doigts de pleurer :

”J’ai tenté une première fois de partir il a menacé, ma famille à New York, mais il y a eu l’acte de trop, j’ai fais mes valises, et je suis arrivée ici, je suis certes divorcée grâce aux avocats de mon père, mais il me l’a bien fait comprendre, je suis “à lui” … Il ne connaît pas nos racines en Nouvelle Zélande, tu es mon seul espoir de lui échapper. “

En effet, il ne sait pas que les Marlowe sont d’ici, et que je reviens aux origines que mon père à renier pour la grosse pomme! Divorcée on va dire que les avocats ne lui ont pas laissé le choix, au vue des photos de ma dernière hospitalisation, quand j’ai perdu ma fille ; mais c’est trop tôt que je lui parle de cela… Les mots ne veulent pas sortir c’est trop dur.

”Je suis venue ici pour refaire ma vie, mais je ne suis plus la Clay que tu as connue, il m’a fait devenir l’ombre de moi-même, par amour je pensais pouvoir tout supporter… Parfois l’amour ne suffit pas ! ”

Je baisse les yeux en achevant ma phrase, j’ose pas imaginer ce qu’il pense de moi à cet instant … Ce que j’ai enduré en pensant que l’amour arrangerait tout, mais surtout ne comprenant pas que je n’étais en rien le problème. Mais que c’était lui le monstre, de façon hésitante ma main vient chercher une des siennes, afin de la serrer très fort...