Je suis détendu de chez détendu

Rapidement, Max termina de se préparer. Jimmy n’allait plus tarder à arriver. Après le fameux match de tennis remporté, ils avaient convenu d’une journée pour le programme promis. La blonde avait vraiment hâte de se poser au spa et de se détendre. Même si elle ne plongeait plus ces derniers jours à cause de sa blessure à l’épaule, elle se sentait encore toute courbaturée. Au vu de l’endroit de standing où l’homme d’affaire avait prévu de l’emmener, Max trifouilla dans ses belles affaires. S’habillant en mode cool et décontractée d’ordinaire, elle ne mettait jamais des heures à s’apprêter mais elle s’appliqua cette fois-ci. Optant pour une robe blanche, bustier en dentelle sur le haut, lâchant ses cheveux en cascade, la nageuse était à la fois classe et élégante sans être trop guindée. Il lui avait rappelé de se mettre sur son trente-et-un pour la soirée et elle avait glissé la tenue parfaite dans sa valise à cet effet. Fin prête, elle entendit alors la sonnerie et appuya sur l’interphone pour confirmer qu’elle descendait. Un coup d’œil par la fenêtre de son appart’ du deuxième étage lui permit de voir la Porche Cayenne attendre en bas, une voiture qui dénotait dans le quartier où elle habitait par rapport aux villas le long de la plage. Si les voisines du dessus regardaient par leur fenêtre, elles seraient vertes. Sans trainer, Max prit ses affaires, ferma la porte de son appartement et elle descendit en bas. A peine dehors que Jimmy la salua d’une bise sur la joue et la débarrassa de sa valise. « Salut. » Direct, il se la joua charmeur. La blonde le voyait à des kilomètres, il était ainsi. A fond dans le rôle gentleman même si c’était à la suite d’un défi. « Oui, c’est pas difficile d’être plus classe que sur un terrain de tennis. Toi non plus d’ailleurs. » Répondit-elle en souriant. Non, clairement. Jimmy était bien plus élégant aujourd’hui. En mode James Bond, avec dix à vingt ans de moins que les acteurs choisis pour les films. « T’inquiètes, j’ai pris ce qu’il fallait pour ce soir. » Ok, Max n’était pas une riche fille à papa mais elle n’était pas insortable non plus. Caméléon, elle se mélangeait assez facilement d’un milieu social à l’autre quand la situation l’exigeait… Même si le caractère bien trempé de la jeune femme revenait vite au galop. Jimmy lui ouvrit galamment la portière et Max monta dans la voiture. Un mastodonte confortable. C’était bien de se laisser porter parfois. Au même moment, O’Reilly prit place derrière le volant et démarra. « Très bien. J’ai hâte de découvrir où tu nous emmènes. » Jimmy ne lui avait pas dévoilé l’hôtel et elle n’avait pas cherché à savoir non plus. Les surprises, c’était bien aussi. Et elle se doutait que les siennes étaient bonnes. Il avait des défauts irritants – par exemple son air supérieur constamment collé au visage en mode tout lui était dû – mais c’était un homme de parole. Qualité non négligeable au regard du reste. « Et toi ? C'est pas de tout repos. J’ai entendu que t’étais dur en affaires dernièrement. Faut pas t’emmerder. » Max n’allait pas lui parler de son travail toute la journée, elle lui évoquait juste cette histoire qu’elle avait entendu de par un membre de sa famille.

Maxyne n’avait pas l’habitude de tous ces élans de galanterie. Ou alors elle ne donnait pas l’occasion aux hommes de son entourage de l’être avec elle. Indépendante, elle avait appris à se débrouiller dans tout et elle n’attendait pas qu’on lui porte sa valise par exemple. Tout comme elle demandait rarement de l’aide à moins de n’avoir d’autre choix. Sa vision était biaisée par sa fierté mal placée. Un homme galant ne prenait pas forcément une femme pour une petite chose fragile, mais elle s’était forgé un caractère qui abondait dans ce sens et en dissuadait plus d’un. Cependant, elle s’était promis de prendre sur elle aujourd’hui et de se laisser porter par la journée. C’était le but : se détendre et ne pas se prendre la tête. Dans la voiture, Jimmy et elle se mirent à discuter. La nageuse mentionna cette affaire dont elle avait entendu parler. A part ce qui était de notoriété publique, Max ne connaissait pas bien Jimmy. Elle avait déjà été chez lui, découvert certains de ses hobbys, mais ils ne s’étaient pas souvent vus. Et voilà qu’ils allaient passer plus de vingt-quatre heures ensemble. « Oui, j’imagine qu’il ne faut pas se laisser faire, sinon tu te fais écraser. » Jimmy n’était pas le premier à le lui dire. Issue d’une autre grande famille, sa copine Brianna lui en avait déjà parlé. A la différence qu’elle avait fui sa famille de requins pour vivre sa vie comme elle l’entendait tandis que Jimmy suivait les traces de son père dans l’entreprise familiale. « Et tu n’as jamais voulu faire autre chose ? Je veux dire, ça a toujours été évident pour toi, de travailler dans la société de ton père ? » Un sourire étira ensuite les lèvres de Max lorsqu’il plaisanta sur sa dureté dans les affaires et le fait qu’il avait accepté ce qu’elle avait demandé. Disons qu’elle avait élargi l’idée du dîner au restaurant à une journée au spa et qu’il avait embrayé sur une nuit dans un hôtel luxueux. En général, on ne lui refusait pas grand-chose à Max mais elle s’abstint de le préciser. C’était un peu présomptueux de sa part. Juste un peu. « Certes… Enfin, j’me rappelle que t’aimais pas trop l’idée de céder ta villa une semaine. » Répondit-elle d’un ton léger. « Et puis, c’est tellement dur de passer une journée détente. Le redoutable homme d’affaire en toi négociera peut-être sur les options de l’hôtel ou trouvera à redire sur la finesse des bulles de champagne ? » Le ton taquin du week-end était donné. Ils arrivèrent ensuite à l’hôtel, la route donnait place à une longue allée bordée d’arbres. Une grande fontaine jaillissait juste devant l’entrée, comme dans ces films du temps des grandes propriétés d’aristocrates. Max n’était pas encore à l’intérieur qu’elle s’extasiait déjà. Un voiturier prit en charge le véhicule tandis que des employés de l’hôtel s’occupait des bagages. Max passa son bras dans celui de Jimmy et le suivit à l’intérieur. Son regard se perdait sur la décoration riche, les dorures, les statues, les grandes pièces qui se devinait depuis l’accueil… La blonde en prenait plein les yeux. Intérieurement, elle était comme un poisson hors de l’eau. Cet hôtel était un cinq étoiles au moins. Concentrée, Max n’écouta que d’une oreille distraite le topo de la réceptionniste. Elle ne redescendit sur terre qu’au moment de se retrouver dans l’ascenseur. Le dénommé Peter les accompagna jusqu’à leur chambre, leur montra la suite et leur exposa les fonctionnalités et tout ce qu’ils pouvaient trouver dedans. A peine était-il parti que Max refit le tour. « Waouh ! C’est immense ! » La chambre était plus grande que son appartement, ça ne rigolait pas. La nageuse fit coulisser la porte-fenêtre et elle se rendit sur le balcon, assez grand pour y prendre un petit déjeuner ou s’y relaxer. Elle se posa sur le rebord pour profiter de cette vue à couper le souffle sur l’eau. « C’est magnifique, vraiment. » Oui, il n’était pas facile de la mettre sans voix. Max se prenait une claque dans la figure.

« En sport, ton pire ennemi, c’est avant tout toi-même. » Répondit Max lorsque Jimmy compara le monde des affaires à celui de la compétition. Il fallait d’abord se construire en tant qu’athlète, se forger un mental d’acier. Accepter de faire des sacrifices, mener une vie saine, être rigoureux. C’était d’abord une bataille contre soi-même avant de se mesurer aux autres sportifs de la discipline. A ce niveau-là, il fallait bien sûr avoir un esprit de compétition pour essayer de gagner. C’était bien le but. La nageuse interrogea ensuite Jimmy sur son choix de carrière. Avait-il toujours voulu suivre les traces définies par son père ? Il hocha la tête positivement. Depuis son plus jeune âge, papa O’Reilly l’avait préparé à prendre la relève. Il n’avait jamais envisagé une autre voie et ne voyait pas qui refuserait l’opportunité qui lui avait été offerte. « Je ne sais pas. Tu ne t’es pas posé la question parce que tu reprenais le flambeau mais il y a des gens qui prennent un chemin différent de l’entreprise fondée par leurs parents, pour faire un truc bien à eux. » Max ne jugeait pas le choix de Jimmy, il avait suivi la voie tracée pour lui, cependant il existait d’autres options pas si inhabituelles, contrairement à ce que sa question sous-entendait. Dans son domaine, O’Reilly semblait être un redoutable homme d’affaires, même s’il avait marqué un point en rappelant qu’il avait accepté la demande de Max. Disons qu’il avait adapté la sienne pour ne pas prêter la grande villa. Il ne fallait pas pousser mémés dans les orties, pardi. Surtout pas sur l’endroit où il aurait dormi. « Dans le cagibi. » Max esquissa un sourire. C’était bien la seule pièce de la maison qu’il ne devait pas connaître. Elle ne l’aurait pas viré de chez lui, elle aurait simplement profité des installations. Quoique, en vrai, la nageuse ne serait probablement pas venue tout ce temps. Il ne comptait pas dans ses amis proches et elle tenait à son indépendance. Par contre, contrairement à son impression, l’homme d’affaires ne pinaillait pas sur les détails. « Parfait alors. » Il n’y avait rien de plus chiant qu’un client mécontent pour tout et n’importe quoi. Max ne l’aurait pas supporté.

Dans la chambre, la nageuse explora la suite puis se rendit sur le balcon pour admirer la vue. Elle n’avait plus profité d’un tel spectacle depuis longtemps. Le dernier hôtel de luxe dans lequel elle avait logé remontait au temps des compétitions internationales. Durant un bref instant, elle se remémora les nombreux voyages à travers le monde. Souvent, Max n’avait même pas le temps de visiter le pays d’accueil car elle devait s’entrainer et se concentrer sur les courses de nage. Parfois, elle s’éternisait à un endroit avec d’autres nageurs comme la fois où ils avaient prolongé leur séjour en Irlande d’une dizaine de jours. Ils avaient loué une voiture et roulé à travers le pays pour profiter des magnifiques paysages. En dépit de la façon dont elle avait dû mettre un terme à sa carrière de sportive à la suite d’un accident stupide, Max en gardait de bons souvenirs. Jimmy la tira alors de sa rêverie en lui proposant à boire. « Volontiers. Du champagne. » Décidée à en profiter, Max se mettait tout de suite dans le bain. Une telle vue s’admirait avec la bonne boisson. Et peut-être que de parler de la finesse des bulles lui avait aussi donné envie de le tester. « Merci. » Dit-elle quand il la rejoignit et lui tendit son verre. Il partageait son avis quant au panorama, malgré sa préférence pour la ville. « J’aime bien la ville aussi mais je préfère quand ce n’est pas trop bruyant. Et puis, respirer cet air frais qu’on n’a pas dans le centre. » Effet urbain, tout ça. Heureusement, Max était habituée à plonger au sein même de la nature, à vivre des moments d’un silence reposant. Elle les avait donc assez souvent. La nageuse était une fêtarde aussi alors vivre dans un coin totalement isolé ne serait pas fait pour elle non plus. Elle avait besoin de l’animation d’une ville. Il fallait un juste équilibre et elle l’avait trouvé. Jimmy l’incita alors à bouger de la chambre, histoire de profiter des installations de l’hôtel. « D’accord. » Max termina sa coupe de champagne et retourna ensuite dans la chambre. La blonde retira sa robe blanche, dévoilant ainsi un bikini bleu. Elle n’était pas gênée. Depuis son adolescence, elle avait passé le plus clair de son temps en maillot. C’était comme une seconde nature chez elle. Enfilant le peignoir qui lui était destiné, elle termina de se préparer puis se tourna ensuite vers Jimmy pour voir s’il était prêt. « C’est bon pour moi, on peut y aller. » Elle lui emboîta le pas. « Par quoi veux-tu commencer ? Tout me va perso. » Autant elle avait un mauvais caractère dans la vie de tous les jours, autant elle n’était pas prise de tête sur le choix des activités quand il s’agissait de se détendre.  

« Ah mais j’ai un foutu caractère, oui ! Je ne m’en cache pas. » Répliqua Max quand Jimmy glissa qu’il ne la louperait pas si elle râlait pendant le séjour à l’hôtel. La nageuse n’était pas facile à vivre et elle en avait parfaitement conscience. Après, elle n’était pas la fille qui pinaillerait sur les détails non plus, d’autant qu’elle n’avait pas l’habitude de mener la grande vie alors elle ne trouverait sûrement rien à redire à moins d’une grosse aberration à l’hôtel. Cependant, c’était de bonne guerre. Max avait piqué Jimmy sur ses airs de prince alors il ne manquerait pas de lui rendre la monnaie de sa pièce si l’occasion se présentait. Une fois dans la chambre d’hôtel, ils prirent le temps de boire un verre et d’admirer la vue. En week-end détente, la blonde n’était pas regardante sur ce qu’elle consommait contrairement aux restrictions qu’elle s’imposait par période pour garder une bonne hygiène de vie et une bonne condition physique dans le cadre de son travail. Non, elle comptait bien profiter et elle avait envie de goûter à ce champagne bien cher de l’établissement depuis qu’ils avaient évoqué la finesse des bulles. Jimmy la rejoignit sur la terrasse et lui tendit son verre, tout en admirant la vue à côté d’elle. Malgré son goût pour la ville, il reconnaissait les bienfaits d’une petite escapade telle que la leur en dehors du centre, loin de pollution ambiante et sonore. Du même avis, Maxyne hocha la tête puis elle rentra afin de se préparer à profiter des autres divertissements de l’hôtel puisque Jimmy venait de proposer de décoller.

Fin prêts, ils sortirent de la chambre et se dirigèrent vers l’ascenseur. Il suggéra de commencer par le jacuzzi et d’enchainer par le massage ou le hammam. « Parfait. » Max se laissait porter. L’homme d’affaire semblait penser qu’elle avait régulièrement vécu des journées similaires à l’époque de ses compétitions. Pas faux. « Oui, on alternait les entrainements intenses et les journées plus tranquilles avec massage et tutti quanti. C’était la clef pour ne pas se blesser. Après, ce n’était pas toujours dans des hôtels de luxe. L’école de natation avait ses propres installations et quand on voyageait sous le flambeau national, une équipe nous suivait ou alors le pays accueillant mettait des spécialistes à notre disposition aussi. » Max n’avait jamais eu à se plaindre de ses logements en tant qu’athlète à l’étranger mais ils n’étaient pour autant pas dans des suites présidentielles non plus. Fallait pas exagérer. Elle était nageuse, pas footballeuse ou pilote de F1. En tout cas, Jimmy semblait intéressé par la vie qu’elle menait à l’époque. « T’es pas mal sportif aussi, l’air de rien. Et pas qu’en tennis ou à la piscine. » Plus que la moyenne en tout cas. Certes, il avait les moyens mais il s’entretenait aussi. Aucun billet ne pouvait lui donner sa condition physique sans de la volonté dans les entrainements derrière. L’ascenseur s’ouvrit au bon niveau. Ils sortirent et se dirigèrent vers la zone jacuzzi en croisant des personnes en sens inverse. Jimmy ouvrit la porte et Max rentra à l’intérieur. Le changement de température signifiait qu’ils étaient arrivés au bon endroit.

Jimmy s’étonnait de l’organisation des compétitions internationales, notamment par rapport à l’approche des médecins mais il était évident qu’aucun spécialiste en dehors de ceux de leur fédération n’aurait pu les approcher aux jeux olympiques par exemple. Dans des événements plus modestes, c’était déjà arrivé. Les joueurs de tennis recevaient aussi parfois des soins prodigués en dehors de leur staff, notamment par les personnes rattachées à un grand tournoi. Rien de surprenant, donc. « Qui sait ? Je ne le saurai peut-être jamais. Après, c’était vraiment en cas d’extrême nécessité et avec une batterie de contrôles hyper stricts. Sinon, on évitait. » Libre à Jimmy de penser ce qu’il voulait de toute façon. A propos de sport, l’homme d’affaire n’était pas non plus en reste au niveau de sa condition physique. Certes, il n’était pas devenu en athlète mais il s’en sortait mieux que la moyenne des gens. Il pratiquait de la natation, du tennis… Peut-être d’autres sports aussi. Evidemment, Jimmy ne la rata pas sur l’ambiguïté de sa phrase. « J’sais pas. Tu ne pratiques rien d’autre ? Si je me répète, tes chevilles vont tellement gonfler que tu ne sauras plus avancer. » Max leva les yeux au ciel, puis esquissa un sourire. L’ascenseur s’ouvrit au bon étage et Max emboita le pas de Jimmy jusqu’au spa puisqu’il connaissait déjà les lieux. La blonde le suivit jusqu’au jacuzzi et retira son peignoir avant de le rejoindre dans l’eau.

La température lui détendit progressivement les muscles tandis qu’elle s’appuya confortablement contre la paroi, profitant des remous. O’Reilly lui rappela les services inclus de l’hôtel, dont les boissons à tout instant si elle avait envie d’un verre. « Ça marche. » Pour l’instant, Max profitait du moment. Toutefois, Jimmy avait l’air d’avoir envie de continuer la discussion. Il s’attendait à ce qu’elle le remercie, ce que la nageuse comptait faire au cours de leur séjour mais elle n’aimait pas avoir l’impression qu’on lui tendait trop la perche. Alors, elle se contenta d’acquiescer présentement. « C’est vrai. T’as pas fait les choses à moitié. » Elle pouvait lui accorder ce point. Quand ils avaient parlé d’un restau et d’une journée spa, Max se doutait qu’il n’irait pas chercher le bas de gamme mais il était loin d’être rapiat, c’était certain. « A voir comment tu t’en sortirais contre des adversaires de même niveau. » Max esquissa un sourire. Venait-elle d’insinuer qu’il avait eu la victoire un peu trop facile face à ses deux amis du tennis ? Peut-être pas avec Max dans ses rangs mais il jouait clairement mieux que les deux autres réunis. Pour se faire une vraie idée de son jeu, elle ne demandait qu’à assister à un match contre des adversaires tout aussi coriaces que lui. A ce moment-là, la nageuse pourrait saluer la performance en tout objectivité. « T’as déjà fait des teams buildings dans un endroit comme celui-là ? » Pour encourager ou remercier les employés, des entreprises organisaient des voyages ou des week-ends dans des hôtels tout service inclus avec des excursions. Ça resserrait aussi les liens des équipes. Alors certes, il n’était pas le grand patron mais il en était l’héritier et avait son mot à dire. Et comme la boîte de Jimmy se portait bien, la question n’était pas si saugrenue.

Quand Jimmy lui répondit qu’il passait encore les portes, Max le pinça légèrement au niveau d’une poignée d’amour à travers le peignoir. « Tout juste. » Elle retroussa le nez sous forme d’une grimace désapprobatrice et rit doucement. Il était limite pire qu’une femme pour ce qui était de faire attention à son apparence. Jimmy lui expliqua ensuite qu’il pratiquait de la muscu et des exercices cardio, rien qui ne sortait de l’ordinaire. « C’est mieux que rien, c’est sûr. » Soucieuse de garder un certain niveau, Max essayait de combiner du sport en salle à ses longueurs ou ses plongées mais elle rencontrait des difficultés à rester consciencieuse quand elle ne nageait pas. C’était toute la différence entre se maintenir en forme ou pratiquer sa passion. Mais aujourd’hui, le programme invitait à la détente et bientôt les deux partenaires de tennis d’un jour se retrouvèrent à se relaxer dans le jacuzzi. Ils reparlèrent d’ailleurs brièvement du match qui les avait amenés à partager cette journée au spa. « T’es venu me chercher et j’ai fait avec mes armes. C’est le résultat qui compte. » La méthode importait parfois aussi, en particulier en sport de haut niveau, mais pas pour une sorte de défi entre amis. Comme Max ne connaissait pas beaucoup l’homme d’affaire en lui, elle lui posa une nouvelle question sur son travail, oubliant qu’il cherchait peut-être à s’en évader dans cet hôtel. Les hauts fonctionnaires de la société ou les partenaires importants bénéficiaient d’un traitement de faveur pour les négociations mais chaque service organisait sa sortie sur l’année et profitait différemment. Vu la taille de l’entreprise, il n’y avait pas de voyage commun pour tout le monde. « Oui, je vois. Un vrai casse-tête d’organiser des événements pour tous. » Sans parler de la gestion des risques. Sans transition, Jimmy lui posa alors une question sortie de nulle part, lui faisant du même coup comprendre qu’il souhaitait changer de sujet. Max aussi n’avait plus envie de s’éterniser sur la natation, les compétitions ou même les JO. Alors, elle réfléchit au truc le plus fou qu’elle avait bien pu faire. La conversation avec Jimmy se voulait légère alors elle ne pensa pas à des idées super sérieuses non plus. Juste à des choses qui sortaient de l’ordinaire. « Je crois bien que c’était de rouler à Motegi, le circuit moto GP au Japon, sur une machine de dingue. De l’adrénaline à l’état pur. Ou alors quand j’ai sauté en parachute, ça demande un vrai lâcher-prise. Nager avec des requins en liberté, c’est pas mal aussi. » Adepte de sports extrêmes, Max avait déjà expérimenté plusieurs disciplines mais elle venait de lui citer les souvenirs les plus marquants en termes de sensation. Après, la blonde avait aussi tenté d’autres choses un peu fofolles pour elle mais qui ne l’étaient pas forcément pour d’autres. Avoir une aventure avec une femme, faire croire qu’elle était la petite-amie d’un de ses potes devant les collègues de l’ami en question, suivre un cours de langue en faisant semblant d’en être une spécialiste… Ce genre de bêtises un peu plus légères. « A moins que ce soit de t’avoir suivi jusqu’ici. On verra bien. » Elle esquissa un sourire taquin, puis lui retourna la question. « Et toi ? »

« Je suis mauvaise perdante, je l’avoue. » Max avait l’habitude qu’on la prenne pour la blonde écervelée parfois. Le dicton « sois belle et tais-toi », elle l’avait entendu un nombre incalculable de fois au cours de sa vie. Quand elle devait rester à sa place dans le cadre des compétitions ou dans certains contextes. Son physique avantageux lui avait déjà joué des tours, en suscitant parfois des jalousies, notamment chez les femmes ou des réactions masculines machistes. Alors, il lui arrivait de s’en servir pour retourner la situation à son avantage, comme lors de cette partie de tennis où elle avait légèrement distrait les adversaires d’en face, juste assez pour que Jimmy et elle reprennent la main sur la partie. Ce jour-là, son côté compétiteur était ressorti et elle avait agi en fonction, un trait de caractère qui avait surpris l’homme d’affaire. Max n’avait certes pas froid aux yeux mais elle n’était pas non plus prête à tout dans tous les contextes. La conversation revint un moment sur le travail d’O’Reilly avant de s’en éloigner de nouveau grâce à une question sur les trucs les plus fous que Max avait fait dans sa vie. Jimmy s’étonna d’apprendre qu’elle roulait à moto. Peut-être parce qu’elle n’avait pas la « tête » à ça. « Oui, je roule souvent, j’ai la mienne. Je fais des virées avec d’autres, tout ça. » La nageuse ne précisa pas qu’elle avait intégré un club de motards de Wellington, qu’elle considérait comme sa deuxième famille. Jimmy n’avait pas à connaitre tous les détails de sa vie. « Je ne sais pas trop si c’est ouvert au public, j’imagine qu’il y a moyen d’avoir des accès oui… Là, c’est une copine qui habite dans ton quartier qui m’a fait la surprise et m’y a emmenée. » Préciser le lieu de vie de son amie donnerait à l’homme d’affaire une idée des moyens de la fille en question. Max n’avait rien demandé mais elle avait bénéficié d’une de ses relations en effet. Jimmy s’attarda ensuite sur la nage en compagnie des requins. « Oui, j’ai déjà nagé avec des requins sans cage. Inoffensifs ou non. Une fois, je suis tombée à côté de grands requins blancs. Ils se sont retrouvés dans la zone où je plongeais avec d’autres nageurs. Quand on part en excursion, on est dans le milieu naturel des animaux, on essaie de faire attention mais on ne peut pas tout prévoir. Ils ont surgi de nulle part. » La nature leur réservait parfois des surprises, dans des lieux où les plongeurs n’auraient pas pensé croiser les grands squales. C’était eux les intrus, pas les animaux. « C’est dangereux, mais l’important, c’est de garder son calme. Les attaques sur l’homme sont rares. » On en recensait moins d’une vingtaine ces cents dernières années au large des côtes néo-zélandaises. Max plaisanta ensuite un peu et Jimmy rentra dans son jeu. Elle lui retourna ensuite la question. Il lui raconta notamment des mésaventures d’étudiants, que ce soit celles d’autres malheureux bizutés ou celles qui le concernaient lui. « Qu’est-ce qu’on n’a pas fait comme bêtise quand on était étudiant… » La blonde n’avait pas intégré une prestigieuse université mais elle avait été formée dans une école sportive alors elle avait aussi le souvenir de quelques soirées arrosées (pas trop quand même vu leur régime alimentaire strictement surveillé) avec des défis marrants ou ce genre de bêtises, peut-être pas de l’ampleur des confréries ou des sororités. « Je note quand même que vous finissiez toujours à poil, toi ou un autre. Remarque, ça ne change pas de l’état dans lequel tu finis tes soirées dans la piscine maintenant. » Max rigola et écouta ensuite l’anecdote suivante. « C’est marrant. Je ne te voyais pas perdre ton sang-froid dans le cadre de ton travail. Plus le genre à en pousser d’autres à bout. Tu lui avais fait quoi ? Ou lui ? » Comme quoi, Max et Jimmy se connaissaient toujours très peu. A part les bizutages estudiantins, le reste n’était pas si « fou ». La blonde aussi s’était déjà battue, pas toujours contre des femmes d’ailleurs. Avait-elle triché en compétition ou nuit à un adversaire ? Non. Elle n’aurait pas pris le risque et préférait gagner à la régulière. En revanche, Max n’était effectivement pas une enfant de chœur et avait déjà fait des blagues aussi. « J’imagine aussi. Nageuse, nageur. J’suis pas du genre à me laisser faire non, mais ça tu le sais déjà. » Elle lui adressa un sourire impassible, un sourire qui cachait un de ses pires souvenirs. Elle ne s’était pas laissée faire quand son ex avait levé la main sur elle, après une énième crise de jalousie contre elle. A ce moment-là, il était au volant de la voiture et il avait provoqué leur accident, l’accident qui l’avait grièvement blessée et qui l’avait forcée à mettre un terme à sa carrière de nageuse de haut niveau. Parce que Max ne s’était pas laissée faire. Inutile de ressasser des mauvais souvenirs, elle était ici pour s’amuser et se détendre. Les bienfaits du jacuzzi se faisaient ressentir dans tout son corps. « Et je suis sûre que tu n’es pas en reste non plus quand tu rencontres d’autres connards ou que tu cherches à obtenir ce que tu veux. »