Restless day - Finn

Assise sur un muret, les jambes croisées, son pied d'appui rebondissant frénétiquement et inconsciemment au sol entrainé par la nervosité et certainement un peu aussi la quantité de caféine importante -même pour elle- déjà ingurgitée Helena tente de faire abstraction de tout ce qui l'entoure pour s'éviter de trouver un signe quelconque qui la pousserait à prendre ses jambes à son cou avant l'arrivée de tout le monde ce qui reviendrait de fait à agir de façon tout à fait opposée à ce que lui a ordonné son manager, à savoir être adulte.
Fille unique et gâtée outre mesure, hormis à l'école ou dans ses activités extrascolaire, Helena n'a jamais vraiment fréquenté à long terme de minis humains. Elle a grandit entourée d'adulte, poussée à toujours plus de maturité, de bonne conduite et de respect de l'étiquette bourgeoise malgré ses trop nombreuses crises et ça n'aide pas à la compréhension de ses jeunes congénères tout à fait normaux. Il faut donc préciser qu'en plus de son duo de gardiennage à venir avec Finn, l'idée même de s'occuper d'un enfant la déstabilise particulièrement. de quoi pousser son niveau de stress à un point assez élevé.

Un raclement de gorge tout près fait presque sursauter Helena tant elle avait bien réussi à se déconnecter de la réalité toute absorbée qu'elle était par un nouveau profil instagram à espionner et lorsqu'elle relève la tête elle n'est pas tout à fait surprise de croiser le regard de son ex mais ça n'en reste pas moins désagréable. A vrai dire c'est même la première fois qu'ils se retrouvent seuls en tête à tête depuis que leurs chemins se sont recroisés au studio d'enregistrement, normalement il y a toujours un ingénieur du son ou un collègue doubleur avec eux dans la cabine ou au moins de l'autre côté de la vitre. Là il n'y a personne pour la sauver de la solitude extrême accompagnée d'une légère pointe d'agacement elle-même mêlée d'une bonne dose de honte qu'elle éprouve face à lui. Alors elle porte la paille de son café à sa bouche pour aspirer une petite gorgée de courage et se redonner une contenance avant d'ouvrir enfin la bouche pour s'exprimer, mais déjà le petit Hans et son père débarquent. La voilà sauvée une fois de plus.

Debout elle hoche la tête, assure au père qu'elle a compris toutes les recommandations et autres règles, qu'il n'y aura pas le moindre problème et que son petit trésor est entre de bonnes mains et déjà il disparait en laissant le trio du jour seul. C'est alors Finn qui prend l'initiative d'entrainer l'enfant jusqu'à sa voiture qu'Helena qualifierait bien de caprice de nouveau riche dans un élan de mauvaise foi dissimulant le fait qu'elle est presque un peu déçue qu'il ait eu l'idée avant elle et qu'elle ne puisse plus maintenant s'en pendre une sans laisser imaginer à tout le monde qu'elle a copié sur son collègue. Le cerveau humain est souvent tordu. Reléguée à l'arrière, elle est particulièrement vexée et s'enfonce dans sa banquette avec une tronche d'enterrement, profitant d'avoir bazardé son gobelet vide pour croiser les bras et marquer mieux encore son mécontentement. Le petit lui est ravi et avec sa tête qui dépasse à peine par dessus le tableau de bord il égrène depuis plusieurs minutes tous les cris d'animaux qu'il maitrise pour répondre à la question que lui a posé Finn en tournant un peu en rond ce qui rallonge plus encore le calvaire.  Un regard noir dans le rétroviseur à l'attention du conducteur et Helena préfère se concentrer sur le paysage par la fenêtre, laissant les deux mâles à l'avant communiquer entre eux.

Arrivés au zoo elle a finalement réussi à ravaler son amertume et réussi même à sourire à Hans et avoir l'air jovial. L'idée de voir des animaux et d'avoir une journée off la réjouit plus qu'elle ne l'aurait prévu et l'aide à se détendre un peu. « Tu veux voir quoi en premier Hans ? Les gorilles ou les loutres ? » Une main enfoncée dans sa poche, l'autre accrochée à celle de l'enfant elle hoche la tête pour approuver le choix des loutres et se tourne même vers Finn pour lui adresser ses premiers mots de la journée en désignant l'enfant qui suit le mouvement en sautillant d'excitation. «J'ai vu sur le plan qu'il y a un spectacle d'oiseaux à 11h, tu crois qu'on le fait manger avant ou après ? Je sais pas trop comment ça fonctionne ces bêtes là. »

À cette heure somme toute encore relativement matinale, le zoo n'est pas trop fréquenté ce qui promet de rendre la visite plus agréable, mais à savoir si ça durera à mesure que les heures passeront, rien n'est moins sûr. Quoi qu'il en soit, pour l'instant ils ne risquent pas grand chose avec le petit surexcité qui s'agite au bout du bras de la blonde, le nez collé à la vitre de l'enclos des loutres, de la buée commençant à s'y former rapidement à cause de son souffle qui donne l'impression d'être toujours aussi rapide que ses paroles (et sans doute ses pensées aussi) qui fusent à la vitesse de l'éclair. « Comment veux-tu que je sache si tu sais ? » L'enfant tire sur sa main pour lui montrer l'une des bestioles qui vient de se jeter dans le bassin pour une petite nage paresseuse tandis que Finn renchérit avec sa propre dose de question et elle profite de la distraction qui lui est offerte sur un plateau pour laisser le temps à des réponses plus polies que les premières à lui venir, de faire leur chemin dans son cerveau. Accroupie pour se mettre à la hauteur de Hans elle prend même le temps de pointer du doigts un recoin plein de pierres au milieu duquel se prélasse un petit loutron non sans une pointe d'excitation elle-même, toujours attendrie par les bébés animaux. Lorsqu'elle a retrouvé la station debout elle se décide à enfin accorder une réponse à Finn, après tout c'est elle qui a commencé à lui adresser la parole sans pour autant lui adresser un regard, toujours l'air concentrée sur les animaux. « Ben... Je sais pas ? Oui, on a qu'à faire ça, ça sera sûrement le plus simple. » Elle aurait pu agrémenter le tout d'un "tu as raison" ou autre chose dans le même genre mais ça lui arracherait la bouche de dire à voix haute qu'il a raison, qu'il a eu une réflexion plus intelligente qu'elle, alors elle s'abstient naturellement et suit la direction dans laquelle l'entraine l'enfant, direction l'enclos suivant.