Resto (grec) du coeur [ft. Noomi]

Avant que vous ne vous posiez la question : non, bien sûr que non, Noomi ne se prenait pas pour une experte pour tout ce qui concernait les problèmes sentimentaux. Au contraire, elle était très consciente qu’elle était plutôt mal placée pour donner des conseils aux autres, voire même tout simplement leur être d’un quelconque réconfort et pourtant, ça ne l’empêchait pas de le faire. Que ça soit au boulot – car évidemment qu’il y avait une espèce de rubrique courrier du cœur dans son émission – ou avec ses amis. Ce soir, en l’occurrence, c’était Wade qui avait besoin d’être consolé. Et en bonne amie qu’elle est, la blonde s’était bien évidemment empressée d’accepter. Sauver, ancien amant, ami, Noomi avait finalement cessé d’essayer de mettre des mots sur ce qu’il représentait pour elle parce qu’elle s’était rendue compte qu’aucun de ceux-là ne convenaient, il aurait peut-être fallu en inventer de nouveaux. Le lieu de rendez-vous n’était autre qu’un resto grec, et je sais très bien ce que vous vous dites, qu’un resto grec pour une grecque c’est pas très original. Sauf qu’en termes de nourriture, Noomi était rarement très originale ; elle qui n’avait pourtant pas peur de foncer tête baissée dans n’importe quelle aventure, pour le coup, elle préférait rester dans ce qui lui était familier, voilà tout.

La blonde fut la première sur les lieux, ce qui lui laissa tout le loisir de garer sa Mustang un peu à l’écart, là où il y avait moins de monde pour éviter qu’on la lui raye d’un coup de portière ; un vrai réflexe, à force. Puis elle attendit sagement l’arrivée de Wade, une cigarette entre les lèvres, son téléphone entre les mains. Le moteur d’une moto lui fit alors relever les yeux de son écran et laissa à Wade le temps d’en descendre avant d’aller à sa rencontre, grand sourire aux lèvres. Elle lui fit la bise et l’étreignit brièvement en guise de salut tandis qu’il s’excusait de son retard.

« T’inquiètes, j’attends pas depuis longtemps. »

Elle n’allait clairement pas l’accabler alors qu’il faisait cette tête ; petite déprime qu’il n’aurait pas pu cacher. Ce qui tombait bien puisqu’il n’avait même pas besoin d’essayer avec elle. Noomi écrasa sa clope sous la semelle de sa Converse et le suivit à l’intérieur. Où ils trouvèrent tout de suite une table libre. Elle se saisit de la carte qu’elle parcourut vite fait tout en écoutant religieusement l’histoire de Wade. Si elle se souvenait de Calvin, oui bien sûr… non en fait pas tellement mais c’était de la faute de sa mémoire toujours un peu défaillante. Soit, ce n’était pas bien grave puisqu’il se chargea de la lui rafraîchir, la mémoire. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle le jugea très sévèrement, le Calvin.

« Non, il a quand même pas osé ! Quelle enflure… »

Un comportement qu’elle condamnait et pourtant, elle n’avait pas toujours été hyper regardante fut un temps, même si elle avait toujours posé la question avant de draguer le premier venu ou la première venue.

Si ça ne tenait qu’à elle, Noomi proposerait d’aller exploser la caisse de ce malotru à grands coups de batte de baseball. Ça, c’était la méthode Savalas : passer ses nerfs de la plus brutale des manières. Mais heureusement, tout le monde n’était comme elle, sans quoi le monde déjà chaotique le serait encore plus. Et puis elle savait que parfois, le mieux qu’on puisse faire, c’était de prêter une oreille attentive aux problèmes des autres. Ce qu’elle était précisément en train de faire avec Wade. Elle sentait bien qu’il avait besoin de vider son sac. Ainsi le laissa-t-elle donc faire, le tout en hochant la tête à intervalles réguliers, histoire de prouver qu’elle écoutait bien. Jusqu’à ce que le serveur vienne les interrompre pour prendre leur commande. Un petit Souvláki pour elle, histoire de pouvoir faire la comparaison avec celui que faisait son père. Puis elle écouta Wade répéter que ce fameux Calvin était un vampire. Tiens c’est marrant, voilà bien un terme qu’elle n’employait jamais au sujet de son ex-mari mais c’est sûrement parce que si elle l’avait fait, elle aurait pu se définir comme telle aussi. Comme quoi, on a tous des vécus différents.

« Dis pas ça, tu vas rapidement l’oublier. »

Et si elle avait pu, elle lui aurait volontiers prêté un peu de ses troubles de la mémoire. C’est qu’ils n’étaient pas dénués d’utilité, ils pouvaient même s’avérer très pratiques, parfois. Bien qu’elle ne souhaite ça à personne, évidemment. A son tour, elle prit une chips de légume et se servit à la carafe d’eau tandis que Wade lui annonçait s’être inscrit sur le site de rencontre à la mode au pays des kiwis : lovemaker.

« Ah oui, je connais. J’suis dessus aussi. »

Avant qu’on ne la juge trop sévèrement, maintenant qu’elle est de nouveau en couple : elle s’y était inscrite avant que Jimmy ne débarque. Et puis si elle y était restée, c’était surtout parce que son profil était vraiment drôle et qu’elle se sentirait mal d’en priver les autres utilisateurs qui, d’après les profils qu’il lui était arrivé de checker, en tout cas, n’avaient pas l’air de rigoler tous les jours. Et puis bon, du temps où elle pouvait se permettre de s’envoyer tous les jours en l’air avec une nouvelle personne, ça lui avait permis de faire quelques rencontres, il est vrai.

« C’est plutôt cool si c’est pas là-dessus que t’as l’intention de trouver l’âme sœur. »

Comme elle autrefois ; c’était plus pour s’amuser qu’autre chose. Bien sûr, elle n’excluait pas non plus la possibilité que quelqu’un puisse réellement s’entendre avec un des utilisateurs de cette appli mais ça lui paraissait quand même très… peu probable ?

Il faut dire qu’à l’époque où elle s’était elle-même inscrite sur des sites de rencontre (oui, au pluriel, tout le monde connaît Tinder), Noomi n’avait pas la moindre envie de se remettre sérieusement en couple avec qui que ce soit. C’est qu’elle sortait d’un mariage avec Lucifer en personne – bon okay, c’est peut-être un rien exagéré mais tout qui connaissait Frank savait pertinemment qu’on n’était pas si loin de la vérité -, voilà qui passerait l’envie de réitérer l’exploit à n’importe qui. En revanche, durant ses très longs mois de dépression, la blonde s’était des plus seules et prendre du bon temps avec tout qui croisait son chemin l’avait quelque peu aidée. Du moins sur le moment. Sans la moindre conséquence puisqu’elle ne s’en souvenait même pas le lendemain matin. Alors il fallait recommencer. Encore et encore. Non, elle n’était pas mécontente d’être enfin sortie de cette phase car dans le fond, les bienfaits de cette thérapie, si on peut appeler ça ainsi, n’étaient que très passagers. Bref, ça fait qu’elle s’y connaissait pas mal, du coup, en site de rencontres. Comment ça se passait, ce qu’il fallait en attendre et ainsi de suite. Elle pouvait donc être de bons conseils. Ou essayer en tout cas. Et tout commençait par un sourire qui se voulait des plus rassurants. Suivi d’un hochement de tête lorsque Wade lui demanda si elle ne voulait pas l’aider à personnaliser son profil.

« Mouais, Captain c’est pas mal mais t’as pas pensé à Lucifer, plutôt ? Quoi ? Ça te branche pas, les gothiques ?? »

Et pourquoi pas, hein ? Elle avait bien précisé qu’elle était une princesse vaudou sur le sien, de profil et ça n’avait pourtant pas attiré tous les barjots de Kiwiland. Seulement quelques-uns. Non bien sûr, elle le charriait, Wade n’avait vraiment rien de Lucifer – si on l’appelle trois fois (Lucifer, Lucifer), est-ce qu’il rapplique comme Beetlejuice et Bloody Mary ? -, si ce n’est que Wade est un ange, lui aussi. Et à vrai dire, son pseudo importait assez peu, au final. Est-ce que quelqu’un s’amusait seulement à les lire ? Parce qu’elle serait bien incapable d’en citer ne serait-ce qu’un seul. Vint alors le moment de choisir une photo et le fait est qu’il avait l’embarras du choix ; c’est qu’il était tout sauf moche. Et elle le trouvait particulièrement photogénique, comme le prouvaient toutes les photos qu’elle voyait défiler. Même les plus dénudées étaient flatteuses, c’est dire.

« C’est vrai qu’elle est pas mal. Par contre, tu sais que c’est un cliché sur les sites de rencontre, pas vrai ? Des mecs qui font tomber la chemise, y en a à la pelle. »

Il lui fit alors part des remarques qu’il s’était prises au sujet de ses tatouages et pour le coup, on peut dire que ça la surprit. Non parce qu’elle aussi, elle en avait, des tatouages. Plus d’un et pourtant, ça ne lui avait jamais posé de problèmes avec ses éventuels coups d’un soir de l’époque.

« Sérieux ? Comme si ça pouvait changer quoi que ce soit… Tu fais bien d’annoncer la couleur alors. »

De son côté, ç’avait plutôt l’air de leur faire de l’effet à tous mais peut-être était-ce parce qu’elle se définissait comme une artiste et que c’était dès lors indissociable du personnage ? Elle ne saurait dire, de toute façon, la blonde du genre à assumer absolument tout ce qu’elle faisait, soit on la prenait telle quelle, soit on ne la prenait pas du tout. Mais c’était dommage de s’arrêter à quelque chose comme un peu d’encre. Et Wade semblait vouloir faire pareil. Du moins, c’est ce qu’elle crut comprendre en le voyant remplir le reste des informations cash.

« Tu sais, tu peux faire preuve d’un peu d’originalité, aussi. Si tu veux que ton profil attire le regard, faut que tu vois ça comme un entretien d’embauche : qu’est-ce qui peut faire sortir ton profil du lot ? »

Non parce que bon, des gars solitaires, qu’ils soient réellement célibataires ou pas, sur ces applis, il y en avait des tas. Vraiment des tas. Ce qui fait qu’il était très facile de swiper vers la gauche. La grecque prit une gorgée d’eau et en servit un verre à Wade tandis qu’il se posait des questions existentielles au sujet des signes astrologiques et leur importance, voire signification. Bien sûr, ce n’était pas Noomi qui allait lui faire un cours là-dessus, voilà qui leur prendrait toute la soirée. Elle haussa donc les épaules.

« Pour pas mal de femmes, ça a de l’importance, j'crois, mais seulement si elles ont l’intention de passer le reste de leur vie avec l’autre personne. Nan, j’te rassure, t’es pas du genre à donner des ordres. Mais t’as pas mal de charisme. J’pense que ça fait que t’en imposes un peu et que quand tu parles, on t’écoute tout naturellement, tu vois c’que j’veux dire ? Ça fait pas partie des caractéristiques du lion ? J’en sais trop rien. »

Tout ce qu’elle savait, c’est que Frank était bélier, lui. Ce qui fait que maintenant, elle avait une espèce d’aversion pour tous les béliers qu’il lui arrivait de croiser. Bien que ça puisse paraître complètement idiot, même à elle.

Alors comme ça, les gothiques ne branchaient pas trop Wade ? Quelle surprise ! Ou pas en fait, ça devait être aux antipodes de ses croyances. Et bien qu’il soit quelqu’un de tolérant – sans quoi ils n’auraient jamais pu s’entendre étant donné que les origines de la grecque voulaient qu’elle croie à une religion, une moitié allant même jusqu’à baigner dans la magie vaudou mais là n’était pas la question, la question c’était surtout que selon elle, les croyances religieuses avaient pour but d’apaiser un peu le gens alors elle tâchait autant que possible de ne pas avoir d’à priori. Oui, même en ce qui concernait les gothiques et mêmes les satanistes -, pas de gothique pour lui. Très bien, c’était un choix personnel après tout et elle ne jugerait pas. Au lieu de quoi ils en vinrent à choisir une photo de profil. Les photos torse-nu, qu’est- que c’était cliché. Pourtant, la blonde n’avait rien contre : elle n’était pas facilement choquée et pas pudique pour un sou. Si elle le pouvait, elle vivrait sans doute toujours à poil, même, c’était tellement plus plaisant que de se cacher derrière des couches de vêtements. Mais Wade avait de très bonnes raisons et ça la désolait d’apprendre que certaines personnes jugeaient encore les tatouages des autres alors que c’était devenu quelque chose de normal, voire même de relativement commun : qui n’était pas marqué à l’encre, de nos jours ?

En l’entendant lui lire sa bio, elle comprit qu’effectivement, il ne voyait pas ce qu’elle voulait dire par « faire preuve d’originalité », c’était d’une banalité à faire peur.

« Okay. Alors, si tu ne cherches rien de sérieux, pas besoin de t’appesantir sur tes défauts. On se fiche bien de savoir que tu es du genre maniaque si on n’a pas l’intention de s’installer chez toi, tu vois c’que j’veux dire ? Puis c’est mieux de laisser un peu de place au mystère. Oh, et puis sache qu’en mentionnant ta récente déception amoureuse, tu vas attirer tous les gens qui ont ce besoin de pouponner en eux. Et ça, c’est toujours un peu glauque. »

Mais ça, c’était à lui de voir si c’était ce dont il avait envie, en fin de compte, elle préférait le mettre au courant, voilà tout. A l’entendre, on pourrait croire qu’elle s’y connaissait extrêmement bien là-dedans. Alors que bon… au final, cette appli ne lui avait pas tant permis de pécho que ça, au final ; rien ne valait une bonne vieille sortie dans un bar miteux et de dragouiller un peu le premier venu qui vous tape dans l’œil après s’être assuré de deux choses : d’abord de son âge pour ne pas finir en taule, ensuite de s’il n’était pas marié pour ne pas finir avec un tas d’emmerdes sur le dos. Du moins, c’est de cette façon qu’elle voyait les choses. Noomi mordit dans une autre chips de légume avant de répondre :

« Non. Et si tu veux mon avis, tu en dis beaucoup trop sur toi, ça donne plutôt l’impression que tu cherches à te caser définitivement. »

Ah ça, Noomi se doutait bien que Wade ne se doutait pas que c’était si compliqué de compléter un profil sur une appli de rencontre mais il fallait voir ça comme une façon de se vendre, ni plus ni moins. N’en déplaise aux romantiques. Une fois qu’on avait compris ça, tout devenait plus simple. Du moins, c’était son avis ainsi que sa propre expérience. Et la grecque se croyait suffisamment experte en la matière pour se permettre de donner des conseils. Et uniquement dans cette matière, entendons-nous bien. Elle écouta donc la nouvelle bio de son ami et approuva d’un signe de tête.

« C’est déjà bien mieux. »

Pas parfait, mais mieux. Puis leurs commandes arrivèrent et il rangea son portable. Comme elle le ferait avec sa fille ou encore si elle était là, la blonde déplia sa serviette qu’elle posa sur ses genoux et lui souhaita un bon appétit avant d’attaquer le plat. C’est qu’elle pouvait parfois se montrer très à cheval sur les bonnes manières, surtout quand Sarah était dans les parages, histoire de lui montrer le bon exemple. Sans pour autant se montrer trop sévère non plus, elle tenait à ce que sa fille soit bien éduquée et ç’avait tendance à parfois déteindre sur ses autres relations. Soit, il changea alors radicalement de sujet pour lui demander comment ça se passait à la radio. C’est vrai qu’elle n’y pensait pas souvent mais beaucoup de ses amis écoutaient ses émissions, peu importe les conneries qu’elle pouvait y raconter, parfois. Wade s’excusa toutefois de ne pas avoir été très à l’écoute cette semaine parce qu’il avait découvert un nouvel artiste. Oh, ça ne serait certainement pas elle qui allait lui jeter la pierre parce qu’il n’écoutait pas le radio, elle ne le faisait jamais elle-même donc bon.

« Oh, ça s’passe bien ! Ils m’ont envoyée interviewer une chanteuse locale en hélico pas plus tard que mercredi dernier. Ça m’a bien plu alors j’ai décidé de prendre des cours. »

Voilà qui ne devrait pas le surprendre ; c’était tout à fait son genre à Noomi de faire des choses qui sortaient du commun. Puis elle fouilla dans sa mémoire pour savoir si le nom de Sunquelquechose lui parlait mais non. Apparemment, il serait japonais et dans le fond, ça ne la surprenait pas que ça puisse plaire à Wade.

« Les asiatiques font d’la musique assez sympa. Même si j’trouve qu’ils ont tendance à toujours rester enfermés dans l’même style. »

Ça, encore une fois, c’était son avis perso mais pour le coup, on pouvait dire qu’elle s’y connaissait très bien. La musique, sous toutes ses formes, c’était toute sa vie après tout. Bref, elle s’apprêtait à lui retourner la question quant à son travail, en espérant tout de même que quelque chose de fun s’y serait passé parce que bon, pompier, ce n’est certainement pas le boulot le plus fun au monde mais ça leur arrivait quand même assez souvent d’être appelés pour faire aller sauver un chaton coincé au sommet d’un arbre ou ce genre de trucs, pas vrai ? Vrai ! Sans qu’elle eût besoin de lui poser la moindre question, Wade se mit à lui raconter une anecdote qui l’amusa beaucoup.

« Excellent ! T’as raison, encore heureux que j’ai pas fait ça parce que mon voisin strip-teaser, en l’occurrence, il était juste flic alors ç’aurait été un coup à m’retrouver au poste ou avec une ordonnance restrictive. Encore une fois. »

Encore une fois, oui, puisque c’était ce qui l’empêchait d’approcher à moins de cent mètres de Leonardo DiCaprio depuis environ deux ans. Suite à… ce qu’on pourrait appeler une espèce de coup de folie. Bon, cela dit, cette ordonnance ne la dérangeait pas des masses non plus étant donné qu’elle n’avait pas souvent l’occasion de pouvoir approcher la star d’aussi près tous les jours.

Parfois, Noomi en venait à se demander comment les autres pouvaient encore être surpris à chaque fois qu’elle leur annonçait avoir fait un autre truc un peu dingue. Bon okay, pour ceux qui ne la connaissaient pas trop, ça restait compréhensible mais si on prenait le cas de Wade, par exemple… Ils avaient beau ne pas se connaître depuis des siècles, seulement bientôt trois ans mais elle avait tout de même la sensation de le connaître depuis presque toujours. Pas mieux que quiconque, ça non, d’ailleurs il n’y avait que deux personnes qu’elle pouvait se targuer de connaître mieux que personne : James et Frank. Et encore, Jimmy parvenait toujours à la surprendre, c’est dire. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle avait bien accroché avec Wade. Pour une obscure raison qu’elle ne cherchait d’ailleurs pas vraiment : c’était ainsi. Tout ça pour dire que oui, il eut l’air surpris d’apprendre qu’elle prenait des cours de pilotage d’hélicoptère. Et que ç’avait l’air de l’enthousiasmer beaucoup, à en juger par les mouvements qu’il faisait. La blonde s’attendait à ce que quelqu’un passe par-là et se prenne un coup à tout moment, ce qui l’aurait bien fait rire mais ce ne fut pas le cas.

« C’est vrai ? Tu voudrais v’nir voler avec moi ? Ça s’rait avec plaisir ! »

Et non, Noomi ne disait pas ça uniquement dans le but de lui faire plaisir mais aussi parce qu’elle aurait aimé avoir quelqu’un avec qui partager cette expérience mais qu’elle tenait bien trop aux personnes qui l’entouraient pour seulement y songer. Sauf son ex-mari mais ça serait vraiment une très mauvaise idée de l’emmener faire de l’hélico. Une très mauvaise idée qui se terminerait assurément en crash. Et puis bien sûr, ça ne signifiait pas non plus qu’elle ne tenait pas assez à Wade pour vouloir l’en protéger juste qu’il était un grand garçon capable de prendre ce genre de décisions tout seul et qu’en plus de ça, il avait l’air très conscient des risques encourus.

Puis ils en vinrent à évoquer les frasques de la grecque qui n’en loupait vraiment pas une quand elle s’y mettait. Là-dessus, son ami l’incita à collectionner les ordonnances restrictives. Tu parles d’une bonne idée.

« Alors ça m’tente bien mais n’oublie pas que j’essaye de récupérer la garde exclusive de ma fille. J’dois faire profil bas au moins jusque-là. Après, pourquoi pas ? Ça reste un très bon souvenir. »

Ça va vous surprendre mais elle disait ça pour rire. Surtout parce que Frank n’hésiterait pas une seule seconde à s’en servir contre elle. Sinon oui, c’était vraiment un bon souvenir dont elle était plutôt fière alors qu’elle ne devrait sans doute pas. Tout ça pour reparler de son ancien voisin. Qu’elle avait cru strip-teaser mais qui s’était avéré n’être qu’un flic, finalement. Incontestablement une des plus grosses déceptions que Noomi ait jamais connue. Elle détestait les flics avant même que son ex n’en fasse partie. Quelle blague, d’ailleurs, les conneries, ils les avaient commises à deux à une époque. Soit.

« Ah, j’aurais probablement pas dit non. »

Même si maintenant elle ne voyait plus Jax que comme un pote, il serait idiot de prétendre qu’il n’était pas son genre, il devait être le genre d’à peu près tout le monde. La grecque hocha ensuite vivement la tête.

« Si, j’vais même te révéler un secret : à un moment, j’avais pour but de collectionner les pompiers. »

Et pourtant, il n’y en avait eu qu’un seul à son tableau de chasse : Wade lui-même. Parfois, tout ne se passe tout simplement pas comme on l’aurait voulu même si ce n'était en aucun cas une plainte.

Ah, Noomi ne pouvait pas nier qu’elle avait parfois usé de certaines ruses pour arriver à ses fins du temps où Wade et elle étaient un peu plus que de simples amis. Depuis qu’elle sortait avec un musicien, cette passion pour les pompiers avait fini par lui passer mais à une certaine époque… disons simplement que ça l’avait énormément travaillée. Et puis elle s’était fait une raison : son charme semblait mieux opérer sur d’autres. Comme les militaires, par exemple. Ça oui, eux, elle avait l’air de les attirer comme le miel attire les abeilles. Mais soit, tout ça était derrière elle, à présent. En guise de réponse, elle le gratifia d’un haussement de sourcils suggestif suivi d’un sourire qui voulait tout dire. Bien sûr que tout avait été calculé cette fois-là, autant en profiter tant qu’elle en avait les moyens, non ? Si ! Là-dessus, Wade enchaîna quant au fait qu’il savait quoi lui offrir pour Noël. Ah oui ? Quoi donc ? Une panoplie de super pompier ? Son casque dédicacé ? Non, l’intégrale d’une obscure série ayant pour titre Chicago Fire. Si la grecque en connaissait le nom, c’était uniquement parce qu’un des acteurs de Sex and the City jouait apparemment dedans. Pas sûr qu’il soit encore au top aujourd’hui mais en à l’époque, elle ne lui aurait jamais dit non.

« Oh, ben si ça baise régulièrement alors j’suis partante. »

Même si on connaît la rengaine ; dans ce genre de trucs, les nanas sont toujours filmées en plan large quand elles sont à poil alors que les mecs, en revanche… Ça ne la dérangeait en aucun cas, elle se rinçait l’œil que ça soit l’un ou l’autre mais quand même, ça manquait un peu, il fallait bien l’admettre. Puis ils changèrent quelque peu de sujet tout en restant sur la même thématique, à savoir Noël. La blonde n’avait jamais raffolé des fêtes de fin d’année, notamment parce que ça signifiait devoir passer son réveillon enfermée avec sa mère alors que ses potes l’attendaient pour aller fêter ça sur Bourbon Street autrefois. Maintenant, c’était plus une question de garde alternée. Ce que ses parents avaient connu quand elle était gosse, c’était à elle de le vivre.

« Pour Noël, j’suis toujours en Louisiane, pas moyen de faire autrement. D’ailleurs, t’étonnes pas de ressentir des picotements ce soir-là, on aime bien jouer avec nos poupées quand on sait plus quoi faire d’la soirée. En revanche, pour le nouvel an, j'serai rentrée. C’est moi qui ai la garde de Sarah et j’suis sûre que ça lui ferait très plaisir d’aller voir les illuminations. »

Parce que Frank ne penserait jamais à l’y emmener, n’est-ce pas ? Sans doute pas mais c’est vrai que ça valait le détour et bien qu’elle ne se souvienne pas le moins du monde des pommes d’amour – bon sang, elle devait vraiment être au trente-sixième dessous cette fois-là -, elle gardait quand même un très vague souvenir de la fois où ils s’y étaient rendus avec Wade. Sûrement qu’elle avait jugé ça digne de ne pas être totalement oublié.