Keeping us alive /ft. WADE.

Wade avait fait de drôles de rêves, dans une nuit quelque peu agitée. En fait, il n'avait pas dormi beaucoup, comme souvent quand l'adrénaline le prenait au corps. Et le peu où il parvint à fermer les yeux, son subconscient lui joua de drôles de tour. D'abord, il se retrouva à un festin. Le problème, c'est qu'il ne connaissait pas grand monde à ce dernier. Et impossible d'en déterminer le lieu ou l'année. Les visages n'étaient pas clairement visibles, trop communs, pour marquer son esprit. A mesure qu'ils mangeaient, il y avait toujours plus de nourriture. Tellement bien, qu'à un moment, pris par une forme de nausée, il se réveilla. La nuit était paisible. A côté de lui, Jude respirait de façon régulière. Elle n'avait pas beaucoup bougé. Pour quelqu'un qui devait s'agiter pendant son sommeil... Toujours sur le dos, il tourna la tête de l'autre côté et se rendormit aussitôt, du moins, en eut-il le sentiment. Nouveau rêve, encore plus étrange. Andrea et lui se retrouvaient dans un magasin, pour acheter des décorations pour l'appartement de la belle Rhodes Junior. Sauf que l'ambiance était à l'orage. Wade voulait lui offrir un petit angelot pour veiller sur elle. Elle rejetait le cadeau en bloc, ce qui déplaisait au pompier. Un présent, ça ne se refuse pas... Quel était donc ce comportement d'enfant gâtée ? Les voix s'élevèrent et puis Andrea se mit à lui jeter des bibelots au visage. C'est quand l'un d'eux le blessa, qu'il se réveilla à nouveau, en nage, le coeur battant à tout rompre. Il se redressa, essuya les gouttes de sueur sur son visage et respira doucement, pour se calmer. Jude semblait toujours dormir. En la regardant comme ça, bien logée dans son duvet, Wade devait bien admettre qu'elle n'était pas dénuée de charme. Si elle n'avait pas été sa collègue de travail, peut-être aurait-il envisagé de la charmer.

Après une bonne demie-heure, il s'allongea à nouveau, en se mettant sur le côté, face à Jude. Il mit du temps à se rendormir, alors que ses pensées divaguaient sur tout un tas de sujets non essentiels ET DONC cérébralement indispensables. A un moment, agacé d'être aux prises avec sa tête qui ne voulait rien savoir, il visualisa les pensées parasites et comme sur un téléphone, il les éjecta vers le haut pour les chasser. Il s'endormit à nouveau, presque instantanément. Cette séquence là, dura plus longtemps. Et il n'en retint qu'un seul rêve. Pas des moindres. Jude et lui se retrouvaient devant une cheminée. Entre les mains de la jeune femme, un calendrier de l'avent. Mais pas n'importe lequel. Celui-là était en bois, fabriqué par leurs soins. Aujourd'hui, c'était à Wade de glâner la surprise qu'il contenait. Il s'empressa d'ouvrir le petit tiroir et fronça les sourcils quand il y découvrit un simple papier. Jude le regardait avec un air espiègle. C'était elle qui avait mis cette surprise ! Wade déplia la feuille et lut à voix haute : "On s'ennuie dans cette caserne. Pour y remédier, une seule option : à poil !". Il eut un léger rire et hocha la tête. Sans aucune gêne, il se désappa, se retrouvant bientôt nu comme un ver face à une Jude abasourdie. Il n'arrivait pas à savoir si c'était le spectacle qui la mettait dans cet état ou alors si elle était surprise qu'il ait relevé le défi avec autant de facilité. En tout cas, ils se mirent à rire, en imaginant la tête de leurs chefs s'ils passaient par là. Car oui, ils se trouvaient à la caserne, bien que dans la réalité, celle-ci ne dispose nullement d'une cheminée ! A un moment, ce fut au tour de Jude d'enlever ses fringues, comme ça, parce qu'elle "avait chaud". Par quel moyen, il se retrouvèrent ensuite sur le canapé, collé l'un à l'autre face aux flammes, il ne sut le dire. Seulement, cette vision ne le laissa pas insensible. Il se réveilla, sur le dos. Le soleil n'allait pas tarder à se lever, car dehors tout semblait plus lumineux. Il ne savait pas si Jude dormait encore, sa respiration n'était plus audible.

Il se rendit compte que son dernier rêve avait laissé une trace quelque peu visible, puisque son boxer était déformé. Il changea alors de position, pour tourner le dos à sa collègue et éviter qu'elle n'ait à visualiser ce spectacle. Clairement, Wade en eut honte. Ok, il n'était pas responsable de ce qu'il se passait pendant son sommeil, mais tout de même... Il lui fut impossible de se rendormir, car le flot de pensées avait repris ses droits. Incapable de rester là, sans rien faire, Wade récupéra ses affaires, sortit de sa tente en silence et entreprit de s'habiller. Il en profita pour aller chercher du bois et rallumer le feu. Un petit déjeuner, au chaud, ça permettrait de mettre tout le monde de bonne humeur. Après une petite heure, le guide fut le premier à se réveiller. Ils se mirent à parler, et au fur et à mesure, le campement de fortune reprit vie. Quand Jude sortit de sa tente que qu'elle indiqua, après qu'on lui ait demandé si elle avait bien dormi, que son capitaine n'avait pas arrêté de parler toute la nuit, Wade sentit ses joues rougir. Fait extrêmement rare ! Il se sentait gêné d'avoir pu dire des choses... en particulier s'il avait parlé sur son dernier rêve... Et pour ne rien arranger, quand elle proposa de s'envoyer en l'air, il se demanda si elle le faisait sciemment parce qu'elle avait assisté à tout ça ou bien si c'était sans lien. En tout cas ça le perturba suffisamment pour qu'il cesse de parler, troublé. Très vite, le groupe rassembla ses affaires essentielles. Ils reviendraient ici, pour dormir. Au programme, randonnée, escalade et tout ça pour se jeter dans le vide ! Alors qu'ils se remettaient en route, Wade profita qu'ils soient devant, un peu à l'écart des autres pour dire :

- Au fait... Je suis désolé si j'ai parlé pendant mon sommeil... Pour ce que j'ai pu dire... j'ai rien maîtrisé, je n'en avais même pas conscience...

L'ascension n'était pas de tout repos. Wade s'y attendait. En plus du sol glissant le dénivelé restait particulièrement abrupt. De quoi le mettre d'excellente humeur et en forme, dès le matin. L'adrénaline avait déjà commencé à accélérer son rythme cardiaque. Il avait chaud et il ne tarda pas à finir en débardeur, exhibant une fois encore biceps et tatouages. En fait, le jeune homme ne possédait pas de complexe avec son corps. Il ne voyait pas pourquoi il en aurait eu, à vrai dire. Soucieux que tout se passe au mieux, il écouta les consignes du guide, laissant Nora et Jude passer devant lui. Le danger, là, c'était la glissade. Si l'un de ceux devant tombait, les autres risquaient fort d'en faire de même. Certes, ça pouvait être drôle mais surtout particulièrement dangereux. Cela ne tarda guère à se produire. Wade anticipa la chute in extremis. Il planta ses pieds solidement sur une surface moins meuble, fléchit les jambes et se prépara à encaisser le poids des deux jeunes femmes. Elles n'étaient pas épaisses mais avec la vitesse et le fait qu'elles n'aient aucune prise, elles arrivèrent sur lui comme deux poids morts. Il se cramponna à des branchages qui craquèrent sans céder. Tout ça vint par pur réflexe. Alors qu'il venait de stopper leur chute, il s'enquit de leur état et constata qu'elles n'avaient rien. Soulagement... Mais quand même sous l'impact, ce fut assez rude. Wade sentait que son dos en avait pris un coup... Derek allait péter un plomb quand il allait lui rendre visite pour une séance d'ostéo. Heureusement qu'il lui avait fait la promesse d'être plus prudent et de se ménager... Il avait légèrement grimacé et il lui fallut quelques instants pour retrouver un peu ses esprits. C'était con que l'un d'eux se blesse si près du but ! Il regarda autour d'eux et au moment où ses yeux se posèrent sur un accès moins escarpé, le guide le désigna :

- Ce sera moins risqué de passer par ici, venez...

Le groupe ne tarda pas à l'écouter. Wade en fit de même. Alors que Jude était à nouveau devant lui, il lui dit, en plaisantant :

- Si tu voulais faire du toboggan, il fallait me le dire, je t'aurais emmenée dans un parc pour enfants ! Bon, le prends pas mal, mais, t'aurais pas pris un peu de muscle toi ? 'Tain... je me suis jamais fait plaquer de façon aussi brutale par une femme !

Il se mit à rire. Le chemin moins glissant n'était pas moins physique pour autant. En fait, ils durent monter de façon plus chaotique, en se faisant parfois la courte échelle pour atteindre un point plus haut. Arrivés au mur de pierres, le guide récupéra les cordes et les harnais qui étaient attachés. Ce n'était pas le premier groupe à venir ici. Cependant, ils firent une pause, où cette fois, Wade tomba son débardeur et se versa de l'eau sur le crâne pour respirer un peu. Comme les autres il était essouflé, mais il avait chaud. Et ça se voyait vu comment il transpirait. Il fut néanmoins le premier à s'avancer vers le mur de pierres, prêt à escalader. Le guide n'eut pas besoin d'intervenir pour lui mettre le harnais. Wade avait l'habitude, par son métier et aussi par son expérience passée dans l'armée. Il entreprit alors de grimper. Son corps était encore endolori par la réception mouvement de Jude et de Nora. Pourtant, il se hissa sur le mur de pierre comme un félin, habile, confiant et surtout plutôt souple. Il arriva au sommet de façon trop rapide à son goût. Une fois là-haut, il fut ébahi par la vue magnifique qu'ils avaient. Franchement, c'était superbe ! Il se pencha pour constater que Jude était la suivante. Quand elle fut arrivée pratiquement en haut, il l'aida à grimper.

- Mate-moi ça ! Franchement, c'est pas exceptionnel comme panorama ??? Viens, on se fait une photo tous les deux, avant que les autres ne débarquent !

Il sortit son téléphone et invita Jude à se mettre à côté de lui pour immortaliser le moment.

- Je suis content que tu sois là, tu sais ! Ca n'aurait pas eu la même saveur si je m'étais retrouvé juste avec le groupe. Bon, certes, je t'aurais pas servi de pouf de réception... mais c'est cool de faire ce genre d'activité avec une amie.

« Bah quoi, le rouge te va bien, non ? Même sur les joues ! »

Il ricana à son tour, en lui donnant lui aussi une tape sur l’épaule, légère, bien sûr. Il ne manquerait plus qu’il lui fasse un hématome sans le vouloir ! C’est que Wade avait de la force. Ça servait dans son métier, notamment quand il fallait extirper des victimes de lieux d’accident. D’ailleurs, lors de leur rencontre, c’était un peu ce qu’il s’était produit et qui en avait imposé. Rhodes n’était pas non plus un titan de muscles en acier que l’on pouvait voir jouer dans la catégorie poids-lourds, mais il ne faisait pas de doute qu’il avait de la force, sa musculature, désormais visible en témoignait. Il y eut un échange de regards complices entre eux. Et puis le petit moment sincérité, cœur ouvert qui faisait du bien. Après tout, ils travaillaient ensemble et au quotidien, même s’ils s’entendaient à merveille, ils gardaient un lien « professionnel », formel, du moins. Là, perché sur cette hauteur, avec un panorama à couper le souffle, ils ne trouvaient rien de mieux à faire que de s’éclater. Sans les pressions et le stress de la caserne. Pas question de sauver des vies, là, ils se retrouvaient en vacances et profitaient de ce contexte propice à une relation plus personnelle. Le moment ne dura pas très longtemps, parce l’un et l’autre trouvaient toujours une occasion pour s’enticher d’un autre sujet. N’empêche que cela fit du bien au capitaine, de pouvoir s’exprimer un peu à cœur ouvert, face à sa nouvelle recrue, qu’il considérait comme une amie et pour laquelle il se tenait prêt à tout moment si elle avait besoin d’aide. Elle lui parla de spéléologie et ça ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. Il hocha la tête et répondit, enthousiaste :

« Je n’en ai jamais fait ! Mais je serais ravi de découvrir ! Je suis ton homme, où tu veux, quand tu veux ! J’ai appris à grimper à l’armée ! Enfin, au collège plutôt… tu sais en cours de sport, il y avait plusieurs disciplines, j’aimais bien monter à la corde et faire les murs d’escalade ! Quand j’étais militaire, on faisait souvent ça aux entraînements. Ça dépanne bien sur le terrain, quand tu dois atteindre un objectif en hauteur et que tu peux éviter une confrontation ennemie. Je n’ai jamais eu trop l’occasion de faire quelque chose de plus régulier, mais pourquoi pas ! C’est comme le vélo, tu sais, ça ne s’oublie pas ! »

Le rendez-vous était pris. Ils poursuivirent leur route, attendant régulièrement le groupe. Wade, pour rajouter un challenge supplémentaire à leur ascension se mit à fredonner quelques airs de musique. Oui, cette façon de faire pouvait apparaître comme totalement déraisonnable et ça l’était ! Mais Rhodes possédait un besoin presque viscéral de sentir ses poumons chercher l’air, s’embraser parfois de l’intérieur pour inspirer un maximum de dioxygène, son cœur battre fortement dans sa poitrine pour alimenter toute cette formidable usine qu’était son corps. Taillé pour être en bonne condition physique, tout son organisme répondait présent, de ses muscles échauffés et bandés à sa peau ruisselante d’une transpiration salutaire. Il dormirait surement comme un bébé, le soir prochain ! Parfois, il lui arrivait de tout donner jusqu’à l’épuisement. La sensation de se sentir tomber de fatigue était si agréable qu’elle agissait aussi comme une carotte pour l’inciter à en faire encore et toujours plus, à se dépasser quotidiennement. L’ascension finale ne fut pas simple, loin de là. Outre le parcours escarpé, il fallait aussi compter sur un dénivelé particulièrement important. Ça ne l’arrêterait pas ! Il était trop motivé pour ça ! Contraint d’arrêter de fredonner pour ne pas manquer d’air, il parcourut les derniers mètres, devant les autres, littéralement excité comme une puce. Quand ils atteignirent leur objectif, ils prirent le temps de souffler un peu. Wade et Jude en profitèrent pour admirer ce splendide panorama. Les arbres en contrebas, donnaient l’impression d’être minuscules. Quelques nuages de basse altitude se trouvaient entre eux et le sol. C’était fabuleux et en guise de contentement, Wade siffla d’admiration. Il s’affaira ensuite à enfiler sa tenue. Le guide-instructeur, qui avait des années de pratique et une solide réputation dans le milieu, passa quelques minutes au téléphone pour s’assurer qu’en contrebas, il n’y avait pas de vent. Ce dernier était leur ennemi numéro un. Il suffisait d’un souffle violent et brutal pour dévier leurs trajectoires et les envoyer s’écraser contre le relief.

« Yes ! On y est !!! Ça va être génial ! »

Le guide passa en revue chaque membre du groupe. Il vérifia que tout le monde avait bien enfilé sa tenue. Ce temps de préparation, il était crucial. Ils s’apprêtaient à se jeter dans le vide, à deux mille mètres d’altitude… mieux valait s’assurer que tout était opérationnel avant de sauter. Chaque combinaison était équipée d’un parachute, indispensable à l’atterrissage. Et tous savaient comment l’utiliser en cas de besoin. C’était leur bouée de secours, le truc le plus important de leur descente. Si jamais leur combinaison présentait un problème, le parachute leur permettrait d’avoir la vie sauve, de ne pas finir comme une crêpe en contrebas. Wade avait oublié la politesse et était passé devant tout le monde. Quelques centimètres le séparaient du vide. Le vertige ? La sensation demeurait inconnue, mais il pensa en ressentir un peu les effets. Le moment du grand saut était venu. Après que le guide ait donné son feu vert, Wade se pencha et se laissa tomber dans le vide. Quelle sensation somptueuse que de voir le sol se rapprocher à grande vitesse, d’ouvrir plus amplement ses ailes, de sentir cette poussée venant du sol, capable de broyer n’importe quoi, le maintenir dans les airs. Son « wouhooooooooooou » résonna fortement ponctué par quelques cris d’extase. L’air lui giflait le visage, heureusement qu’il avait mis des lunettes pour ne pas être gêné visuellement. Comme toujours dans ce genre de moment, le plus intense fut aussi le plus court. Les deux minutes passées à voler n’étaient qu’un laps de temps infime par rapport à leur périple. Wade ouvrit son parachute pour atterrir en douceur dans un endroit dégagé, sécurisé. Ses jambes touchèrent le sol et sur le coup, Wade le sentit trembler légèrement. Il adorait cette sensation. Il se dégagea de la piste, attendant les autres n’arrivent à leur tour. Tant d’efforts… mais le résultat en valait la peine ! Vraiment !

EL : Vraiment désolé pour le temps de réponse. Petite baisse d'inspi avec Wade, mais ça revient ! ^^