we're both gonna be okay » adèle

Il devait être aux alentours de midi lorsque je termina enfin ma matinée de travail. J'avais dû me rentre à l'hôtel simplement pour un petit contre temps avec des rénovations dans le hall d'entrée. Aussitôt le tout fixé, j'avais profiter pour quitter aussi vite que j'étais arrivée. La semaine avait été longue et chargée d'émotions. Beaucoup de projets voyaient le jour et du côté personnel, James et moi avions décidé de retenter le coup. Bien sûr, tout ne se ferait pas du jour au lendemain, mais il important de commencer quelque part. Bref, je quittais le parking de l'hôtel afin de retourner chez moi, enfiler quelque chose de plus simple et d'aller me promener.

Rares étaient les moments ou je pouvais me retrouver seule avec moi-même. J'avais l'impression que le boulot prenait tout mon temps. Personnellement, j'adorais travailler, mais il est vrai que des fois tout cela empiétait sur mon temps personnel. Je venais d'arriver à l'appartement et me gara devant. James n'étais pas là, probablement au boulot. Depuis ma tentative de recherche de logement, qui avait fortement échouée, je vivais avec mon .. ex-petit-ami, futur petit-ami .. bref je ne sais pas comment décrire la chose, mais James! J'entra dans le logement quelques minutes, le temps de me changer. J'enfila une tenue relativement simple et emmena Penny avec moi.

Laissant la voiture à la maison, je me dirigea au parc le plus près. Un peu de frais ne me ferait aucun mal. D'ailleurs, l'endroit était très calme. Nous étions sur les heures de travail et d'école alors il n'y avait pas beaucoup de gens. Penny s'aventurait dans les buissons, sentant tout ce qu'elle pouvait voir sur son passage et allant même jusqu'à courir après quelques petits animaux qui se trouvaient là. Un moment, je décida de m'installer sur un petit banc, qui donnait vue sur un lac, probablement artificiel, mais tout de même. Le chiot s'allongea sur la pelouse près de moi.

À un certain moment, j'entendis mon petit chiot se mis à aboyer, mais de façon joyeuse. Il semblait reconnaitre quelqu'un. Je me demanda soudainement si ce n'était pas James qui rentrait plus tôt du boulot. Je me releva rapidement et me retournant, prête à sauter dans ses bras. La personne que je vis me coupa encore plus le souffle. Adèle. Ma meilleure amie. Depuis toujours. Immédiatement, mes yeux se remplirent d'eau et je baissa la tête. Elle aussi, je l'avais abandonnée à New-York, sans rien dire, ne rien faire. Je m'approcha lentement, reprenant Penny dans mes bras. « Ma Adèle .. » murmurais-je la voix remplie de culpabilité.

©clever love.

We're both gonna be okay

Voilà quelques semaines que je vivais à présent en Nouvelle Zélande, aujourd'hui j'étais en repos alors je me décidais à défaire le reste de cartons que j'avais. Assise en face d'eux, je les ouvris avec une boule au ventre, je savais qu'à l'intérieur je trouverais des objets de mon passé que je voulais oublier, comme James me l'avait dit, il fallait que j'avance. Et le premier pas vers la guérison était de faire face à mes démons. Je pris une longue inspiration et commençais à sortir toutes sortes de choses et quand je vis un énorme album photo que j'avais laissé prendre la poussière, j'eus un léger sourire et passa ma main dessus pour retirer la poussière. Je l'ouvris et redécouvrais toutes les photos de Chuck et moi, je les regardait attentivement me rappelant chaques moments que l'on avait vécu puis au fut et à mesure que je tournais les pages, les photos de mon défunt petit ami et moi laissèrent place à celles que j'avais de Jillian et moi.

Je les fixais un long moment, sentant des larmes innonder mes yeux. Actuellement, je lui en voulait mais je ne pouvais nier qu'elle me manquait énormément. Décidant de le refermer pour le ranger, je vis une lettre tomber par terre, intrguée, je l'ouvris et me rappelais que c'était une lettre que j'avais écrite pour elle et que je n'avais jamais eu la force de lui envoyer. Agacée, je me mordais la lèvre, elle me manquait énormément et maintenant il fallait que je prenne mon courage à deux mains pour enfin lui faire parvenir ce morceau de papier. Je mis donc la lettre dans mon sac et prit ma veste pour me rendre chez elle. Etant policière je n'avais pas eu de mal à avoir son adresse, alors je sortis de chez moi et traversais le parc. Toutefois, je vis un petit chien que je connaissais si bien et qui me reconnu immédiatement. Je m'arrêtais et le regardais sans bouger...Non! Je ne voulais pas la voir, je n'étais pas prête!

Cependant, je la vis attraper le chiot et me faire face, les larmes aux yeux. Le visage impassible, je la fixais, la boule au ventre et l'entendit m'appeller "Ma Adèle". Je voyais bien sur son visage qu'elle culpabilisait mais moi je lui en voulait! Alors je pris une grande inspiration et m'avançais vers elle. Une fois en face d'elle, je baissais les yeux et d'un ton légèrement froid et indifférent, je lui dis: "Ta Adèle est morte le jour ou tu as disparu de sa vie...". Je ne lui laissais pas le temps dire quoique ce soit et poursuivis: "Je suis ici depuis plusieurs semaines et ce n'est qu'aujourd'hui que j'ai trouvé le courage de faire ceci..." Je relevais les yeux pour plonger mon regard dans le sien, je sortis de mon sac la lettre: "Je t'ai écris cette lettre juste après ton départ, mais comme tu vois je ne te l'ai pas envoyé...Ne dis rien, écoute juste...".

Je me râclais la gorge et ouvrit le morceau de papier: « Chère J, mon univers est entrain de s'effondrer..Tu es la seule qui pouvait me comprendre! Chuck est parti pour toujours, il a quitté ce monde lors d'un bracage de banque qui a mal tourné, me laissant seule dans ce monde cruel qu'est New York. J'ai l'impression de devenir folle parce que, je n'ai plus personne à qui parler, personne pour me soutenir comme toi tu l'as toujours fait. Tu n'es plus là, Chuck n'est plus là, James est malheureux sans toi, où tu es ?!Pourquoi tu n'as pas appeller ? Pourquoi tu es partie sans me dire aurevoir ? T'étais censée être ma meilleure amie...
Tu me manques, je t'embrasse.

A. »

Au fur et à mesure que je lisais, je ne pouvais empêcher mes larmes de couler sur mes joues, parce qu'effectivement, elle me manquait terriblement et que je voyais que je n'arrivais pas à m'en sortir, et que j'avais plus que jamais besoin d'elle...

Mon petit chiot m'avait prévenu de l'arrivée de quelqu'un. Se mettant à aboyer comme s'il voyait un revenant, il avait attiré mon attention. J'étais certaine qu'il s'agissais de James qui rentrait plus tôt du travail et qui venait à notre rencontre. Au lieu de ça, je tomba nez à nez avec Adèle. Je me souviens encore de mon brutal départ, laissant James et elle dans le néant. Je ne savais même pas qu'elle était en Nouvelle-Zélande maintenant, qu'elle mauvaise personne je faisais. Rongée par la culpabilité, mon regard se baissa aussitôt vers le sol. Prenant Penny dans mes mains, nous nous approchâmes l'unes de l'autre. Mon souffle était bloqué et je ne savais pas quoi dire. Faiblement, je brisa la glace laissant échapper quelques mots d'entres mes lèvres.

Je ne fus pas surprise lorsqu'elle se braqua contre moi, m'empêchant de rajouter un mot. Elle semblait mal, très triste et peut-être même fâchée. Adèle savait, elle était au courant que je vivais ici. Bien sûr, avec son métier de gardienne de la paix, elle pouvait obtenir ce genre d'informations aisément. Adèle et James travaillaient ensemble depuis un petit moment, je ne voulais m'imaginer le genre d'enfer qu'ils avaient dû vivre à deux, alors que moi je n'envoyais même pas un sms. Mon amie sortit alors une lettre de sa poche, elle me demanda de ne rien dire, d'écouter juste. Adèle ouvrit le petit bout de papier et se racla la gorge. Je posa doucement le petit chien au sol, afin d'avoir un peu plus de concentration pour écouter les paroles de mon amie.

Ses paroles sonnèrent comme un coup de poignard. Chuck ? Il était décédés? Comment avais-je pu manquer cette terrible nouvelle, à quel point était-je perdue dans mon petit monde éloigné que je n'avais rien su, rien demandé. Ma main vint se poser devant mon visage, cachant mon expression de surprise alors qu'elle m'annonçait cette terrible nouvelle. J'aurais immédiatement voulu la prendre dans mes bras et lui parler, mais j'attendais la fin. Nerveusement, je passa ma main dans mes cheveux, lâchant un soupire lorsqu'elle prononça les mots « James est malheureux sans toi » évidemment, je savais. Elle termina sa lecture, je pris doucement le petit bout de papier d'entre ses mains et l'enfoui dans mon sac à main violet. Sans rien ajouter de plus, je m'approcha de mon ami, passa mes bras derrière elle et la serra contre moi. Elle était plus petite que moi, me faisant sentir géante. « Je m'excuse tellement Ad. Je ne sais pas quoi te dire .. j'ai merdé. Vraiment. » Lentement, je me recula, essuyant ses larmes sur ses joues. « J'aurais dû être présente, j'aurais dû savoir .. je suis tellement désolée..»

©clever love.

We're both gonna be okay

Une fois ma lecture finie, je la vis me prendre contre elle tout en s'excusant du mieux qu'elle le pouvait. Et moi, comme une sombre idiote, je restais contre elle comme si toutes rancoeurs s'étaient estompées. J'avais besoin d'elle, mes larmes s'amplifiées comme pour enfin me libérer de toute cette peine que je n'arrivais pas à sortir depuis des mois. Puis elle s'écarta de moi alors j'en profitais pour essuyer mes larmes et prendre une grande inspiration. "Que tu sois présente où non ne me ramènera pas Chuck, mais Jillian, sais tu quelle sensation ça fait de se retrouver en deuil, seule, tout le monde qui te tourne le dos? A pleurer chaque nuit dans ton lit, qui, à mon plus grand désespoir est vide?"

Je baissais le visage , regardant le sol puis le bout de lettre qui dépassait de son sac à main. "J'avais besoin de toi Jil! T'es tu seulement demandé, à l'intérieur de ta cage doré si j'allais bien? As tu regardé chaque matin la rubrique nécrologique du New York Times pour voir si mon nom était écrit?!... T'es tu seulement demandé ce qui pouvait bien m'arriver?! Ou encore à James, après ton départ! Cinq fois....Cinq fois il m'a empêché de mettre fin à ma vie alors qu'il était tout autant désespéré que moi." . Je relevais le visage vers elle, grimaçant légèrement de colère, j'étais vraiment partagée car effectivement elle était mon amie et elle l'est toujours mais au fond de moi une question persistait. Riant nerveusement je la regardais dans les yeux.

Passant brièvement ma main dans mes cheveux, je sentis mes larmes s'évaporer peu à peu puis repensant enfin à la chose qui me travaillait "Dis moi sincèrement Jillian... Suis-je vraiment ton amie? Réellement? Est-ce que je suis toujours ton amie? Est-ce qu'on abandonne une amie?..."Je marquais un temps de pause..."...Réponds moi..."

À mon grand étonnement, mon amie ne quitta pas mon étreinte lorsque je la serra contre moi. Je pense qu'elle était tirailler entre le fait de reprendre contact avec moi, comme nous eussions fait et de vouloir me repousser dignement, vu mon départ pressant. À la seconde ou je recula d'un pas, Adèle poussa un long soupire, essuyant le restant de larmes qui lui roulaient sur la joue. Son ton changea soudainement, se retrouvant légèrement plus brusque qu'il y a quelques secondes. Je plongea mes mains dans mes poches, nerveusement. Elle me remit carrément à la figure qu'elle était seule et que je n'avais rien fait pour changer cette situation. Je ne savais pas quoi répondre à son affirmation, j'ouvris simplement la bouche, laissant échapper un mini son presque incompréhensible. Je n'avais pas su répondre, je prenais simplement le blâme.

Adèle continua dans sa lancée. Évidemment, un de mes plus grands défaut était que je suis une personne égoïste parfois. J'avais pensé à mon propre bonheur dans toute cette histoire et je n'avais eu aucune pensée envers ma meilleure amie ou bien mon petit-ami. Tout deux avait dû assumer mon départ et le malheur que j'avais fait autour de moi. Brusquement, je releva la tête lorsqu'elle dit que James l'avait empêcher de mettre fin à ses jours. Non pas une fois, ni deux fois .. mais bel et bien cinq moi. J'étira alors un bras vers elle, posant ma main sur le sien. « Adèle .. »  Avant même que je continue ma phrase, elle s'interposa en me demandant quelque chose de bien plus important. Elle voulait savoir. Elle voulait savoir si j'étais encore son amie. Dans le cas contraire, il est clair que je me serais posé la question aussi.

Je pris alors son bras et l'entraîna avec moi vers le banc sur lequel j'étais posée préalablement. « C'est sur que tu es encore mon amie Adèle .. tu n'as jamais cesser de l'être. J'ai merdé sur ce coup là.. tu le sais, James le sait .. tout le monde le sait. Une fois partie, je ne savais juste plus comment revenir vers vous .. comment m'excuser. Je ne pouvais pas simplement partir et envoyer un message qui dirais seulement ''Salut, je suis partie bye..'' franchement .. » Je pris une bonne respiration, baissa la tête vers le sol. Entre mes deux paroles, je laissais passer quelques secondes, reprenant mes esprits et mon souffle. « Je ne te demande pas de me pardonner tout de suite Adèle .. je te demande juste de rester ma meilleure amie .. et de ne pas m'oublier.. »

We're both gonna be okay

Je la vis me prendre par le bras et m'entrainer avec elle sur le banc. Je la suivis et m'asseya à coté d'elle tout en écoutant attentivement sa réponse. J'eus un léger sourire sarcastique quand elle m'annonçait que j'étais toujours son amie et qu'elle avait merdé sur ce coup là...Effectivement, elle avait merdé mais alors royalement! Mais je me disais que dans cette cage dorée dans laquelle elle s'était enfermée, elle ne pouvait pas penser à cela. Alors je relevais le visage vers elle quand elle me demandait de rester sa meilleure amie et de ne pas l'oublier. Je la fixais, silencieusement, puis prit l'initiative de la prendre dans mes bras, ne la lâchant pas pendant de longues minutes. Ma tête sur son épaule, je regardais le ciel afin de ne pas laisser mes larmes couler mais sourit en remerciant le ciel de m'avoir au moins rendu ma meilleure amie. Je caressais ses longs cheveux blonds et murmurais: "Tu m'as tellement manqué J...Biensûr que non je peux pas t'oublier, la preuve même en t'en voulant j'ai réussi à revenir vers toi."

Je m'écartais à présent d'elle et lui sourit tout en essuyant mes larmes sur mes joues puis posais mon sac à main à coté de moi. Je pris une grosse inspiration et regardait dans le vide avant de reprendre la parole;"Tu sais Jill', j'ai tellement à te raconter...". Je souris me rappelant les bons moments que j'avais vécu et qu'elle avait loupé; "Tu as faillis être tatie il y a de cela un an. J'avais prévu de faire la surprise à Chuck sauf que dans la journée j'ai eu une intervention qui a dérapé et j'ai perdu le bébé. Chuck m'en a voulu et depuis ce jour, il m'en voulait tout les jours." Je gardais le sourire et soupirait pour rester calme. "Et je m'en veux tous les jours qui passent, je me hais si tu savais Jillian comme je me déteste...Parce que le jour où Chuck a perdu la vie c'était de ma faute, il a tenu a y aller pour me faire comprendre ce que cela faisait...". Je regardais furtivement l'état de mes doigts, depuis la mort de mon petit ami mes démons d'adolescente étaient revenus et Jillian les connaissaient, j'avais toujours eu cette tendance boulimique qui m'avait prit des mois et des mois de thérapie pour que j'arrête.

Je la regardais et lui sourit tout en rangeant mes mains dans mes poches; "Et toi? J'espère qu'avec James tout ça c'est tassé, enfin je l'espere Jill, sincèrement... Parce que tu dois te rendre compte que toi tu l'as toujours en vie et qu'il a quitté New York pour te récuperer."