Si tu savais la vérité... | Rick & Clayton.

ONGLET 1 ONGLET 2

Si tu savais la vérité tu ne voudrais pas la conter.

Rick & Clayton

Clayton entamait son deuxième mois dans l'université de Wellington. De ce coté là tout aller bien, à son plus grand bonheur, il s'était très vite fait une place parmi tous les étudiants. Chose pas forcément évidente au début puisqu'il n'était pas professeur à la base. S'il était venu en Nouvelle-Zélande c'était d'abord par obligation mais aussi pour retrouver l’anonymat qu'il n'avait plus en Angleterre. Il n'irait pas jusqu'à dire que personne ne se retournait pour le regarder dans la rue mais au moins personne ne l'interpellait pour lui demander ce que ça faisait d'être prisonnier en Libye. Clay se demandait toujours pourquoi les gens avaient cette soif de connaître des détails aussi sanglant que les cicatrices qu'il avait un peu partout sur le corps. Désormais cela faisait presque un an alors Clayton arrivait à prendre un peu mieux sur lui, le fait qu'on puisse lui poser ce genre de questions un peu dérangeante mais ce n'est pas pour ça qu'il y répondait pour autant. Il fallait être très habile dans sa façon de parler avec lui.

Dans l'université, il y avait un grand amphithéâtre, c'était ici que Clayton et les autres professeurs en littérature et journalisme donnaient leurs cours car cet endroit pouvait accueillir beaucoup d'étudiants et faire ainsi de grosses conférences. Clayton quittait son dernier cours aux alentours de seize heures et quart, il gardait toujours un quart d'heure pour pouvoir parler avec les élèves qui le désiraient de leurs travaux en cours ou n'importe quoi qui avait rapport avec son cours. Il faisait très attention à ne pas franchir la limite entre le professeur et un étudiant. Il ne devait pas devenir « ami » avec eux mais bel et bien rester un professeur et c'était plutôt difficile. En sortant, il passa rapidement par un petit point de vente, un snack qui lui faisait de l'oeil très souvent. Bien qu'il avait toujours aimer manger depuis sa prise en otage, ce trait là chez lui c'était amplifier. Heureusement pour lui, son amour pour le sport lui permettait ces quelques écarts. Il prit un cookie et une bouteille d'eau se dirigeant ensuite vers l'arrêt de bus. Pour venir étant donner qu'il n'était pas loin de son appartement, il laissait la voiture au garage. C'était un moment avant et après le travail qu'il prenait pour se poser, écouter de la musique et se couper du monde quelques instants.

Alors que Clayton s'approchait de l'arrêt, il passa à coté d'un homme, plus petit que lui d'au moins une tête qui avait le regard plutôt insistant sur sa personne. Clayton plutôt poli en général lui accorda un bref sourire avant de détourner la tête.

By Phantasmagoria

ONGLET 1 ONGLET 2

Rick venait de se faire engager à Warner Bros sur Wellington. Il s’y rendait bien souvent en retard avec le journal du jour, tenté à chaque fois de l'acheter en kiosque près de son lieu de travail.

Ces temps-ci, face à son word, ce n’était guère qu’un joli défilé de pages blanches. Il n’arrivait à rien. Il ne tapait rien. Il peinait à s’habituer à son nouveau cadre de travail. Il se sentait enfermé dans une entreprise. L’écossais n’avait connu jusqu’ici qu’une vie de free-lance à Londres. Il peinait avec sa nouvelle situation de salarié. Ces derniers jours, il tapait la même lettre sur le clavier pendant des heures, et effaçait ensuite le tout lettre par lettre. Bercé par l'ennui, peu habitué à la routine, il avait trouvé cette occupation. Il soupirait devant son écran et naviguait sur internet ou lisait son journal du jour ou des jours antérieurs. Il amassait une pile de journaux qui grandissait de jour en jour sur son bureau...

Depuis qu’il venait d’arriver en Nouvelle-Zélande, on évoquait fréquemment des guerres en Afrique dans la presse. Peu à peu, cette triste actualité donna des idées de scénarios à Rick, sans qu’il en prenne vraiment conscience lui-même. Il commença à se renseigner sur les guerres récentes dans le monde et surtout en Afrique. La presse ne lui suffisait bientôt plus. Boulimique, sur ses pauses du midi au bureau, il dévora les pages web sur le sujet autant que ses pâtes asiatiques. Le soir, chez lui, il se consacra à des visionnages de films de guerre. Il finissait par s’endormir devant la télévision, à force de s’en passer à la suite jusqu’au lendemain matin. Il y puisa une vision assez romanesque de la guerre. Rick n’arrivait toujours pas à trouver une idée de scénario. C’était une première pour lui de se mettre à écrire pour des films de guerre. Il n’avait scénarisé que de la fiction ou du policier. Il avait besoin de creuser le sujet.

Par un heureux hasard, en poursuivant ses recherches sur internet au travail, il tomba un jour sur le site de l’université de Wellington. Il y trouva un listing de conférences, avec les noms de leurs intervenants enseignants. L’ancien londonien repéra, en défilant la page de haut en bas, un nom qui lui évoqua tout de suite quelque chose. Il regarda les horaires du cours correspondant... et… il se leva soudain de sa chaise de bureau avec détermination. Il amorça un départ précipité, puis revint sur ses pas, empoignant sa besace au passage, et quitta le bureau dans l’agitation, comme s’il avait rendez-vous et qu’il était en retard.

Une fois dehors, il prit le bus jusqu’à l’arrêt du campus. Rick se déplaçait toujours à pied ou en vélo. Dans la foulée, il oublia son vélo à Warner, et prit les transports en commun, ne connaissant pas encore très bien la ville. Il poursuivit sa marche en direction de l’université dès qu’il descendit du bus. Il se savait en retard. Il semblait n’avoir plus aucune chance d’arriver à temps pour la fin du cours de l’intervenant qu’il voulait aborder... Et pourtant, Rick vit arriver l’homme qu’il cherchait. Il longeait le même trottoir que lui. Il le croisa même, un homme plus grand que lui, sur lequel il leva les yeux : le journaliste Clayton O’Lachlan. C’était ce nom que Rick avait vu sur le site web de l’université de Wellington. Rick insista du regard sur lui. Il le reconnut. Il savait que le journaliste s’était retrouvé en zone de guerre en Libye. Malgré son insouciance, Rick avait bonne mémoire. Ce visage, il l’avait déjà vu dans les médias en Angleterre. Rick répondit au bref sourire de Clayton par un sourire, spontané et large. Il en oublia presque qu’il s’agissait de l’homme qu’il souhaitait rencontrer. Rick eut une courte absence et se reprit.

« Excusez-moi. Bonjour, vous êtes bien monsieur O’Lachlan ? »

Interpella-t-il et rattrapa-t-il le maigre écart entre eux. Par réserve et politesse assez anglaise, il respecta toutefois une distance avec le journaliste. Il avait encore l'accent londonien, son accent écossais ne venant pas toujours. Rick prenait vite l'accent de la région dans laquelle il vivait. Il garda ses mains dans les poches de sa veste en cuir.

« Je, je m’appelle Rick Pratchett. Écrivain. Scénariste. A, à Warner Bros. »

Rick pointa le vide derrière lui d'un pouce, comme pour désigner son lieu de travail dans les environs. Pris par l'élan, il retira alors les mains de ses poches. Il hésita à tendre sa main pour saluer Clayton. Il ne savait pas s’il devait le faire. Réservé, il parvenait peu à prendre cette initiative.

« Je, j’écris un scénario en ce moment, pour un film de guerre, et… peut-être que… Je me disais que vous pourriez peut-être m’éclairer avec votre expérience… ».

Il était encouragé à l’idée comme un lion. Motivé par son âme de scénariste à la recherche de sources d'inspiration, il affichait de l'entrain, de l'enthousiasme, son regard se préparant déjà à s’émerveiller de ce que pourrait lui raconter le journaliste.

ONGLET 1 ONGLET 2

Si tu savais la vérité tu ne voudrais pas la conter.

Rick & Clayton

Clayton s'arrêta de marcher lorsqu'il entendit l'homme qu'il venait tout juste de croiser s'adressait à lui. En à peine une phrase, il comprit immédiatement que cet homme était anglais. Clay parlait environ dix langues et les accents n'avaient plus vraiment aucun secret pour lui. Dans tous les cas, il comprit immédiatement le regard insistant qu'il avait pu avoir et surtout pourquoi il l'interpellait en pleine rue alors qu'il finissait sa journée de travail. Pas chance, il était plutôt de bonne humeur et quelque chose lui donnait envie de savoir ce que voulait cet homme maintenant face à lui. Il acquiesça doucement la tête en plissant sa bouche un bref instant avant de répondre.

- Oui, en effet. C'est bien moi.

Rick Pratchett. Ce nom ne lui disait pas grand-chose, en même temps Clayton fuyait clairement tout ce qui se rapprocher de ce milieu là ne voulant pas que l'on médiatise son histoire. Par réflexe, il leva les yeux vers l'endroit que pointait l'écrivain même si on ne distinguait rien d'ici. Clay fronça légèrement les sourcils reportant son regard sur Rick qui continuait de parler se demandant bien où il voulait en venir. Clayton pouvait paraître un peu froid, un peu sur la réserve, c'était légitime mais quand on le connaissait, il était tout l'inverse. Il fallait juste être assez têtu pour casser cette carapace qu'il avait forgé pour se protéger. Quand Rick eut fini de parler, il eu un léger rire.

- Expérience ? Je ne suis pas militaire.

Bien que Clayton connaissait pas mal de choses sur les militaires ayant travailler à de nombreuses reprises à leurs cotés, il n'en était pas un. Il n'avait pas l'expérience d'un militaire ni son parcours. Lui, il avait été au mauvais endroit au mauvais moment. Il s'était retrouvé dans une cage avec trois autres personnes, en l’occurrence des amis mais aussi des collègues et c'est là qu'il avait apprit l'arabe. Il préférait que les choses horribles qu'il avait du faire pour rester en vie ne soit pas connu des autres. Il avait très honte de la faiblesse humaine dont il avait fait preuve, de la cruauté de ces gens qui cherchaient à retourner des citoyens contre leurs propres pays. Si tu ne suivais pas leurs idéaux, tu étais le prochain sur leur liste. Cependant, que les gens connaissent une certaine partie de l'histoire et en prennent conscience pouvait être un bon moyen de faire réagir le monde entier.

- Peut-être que vous pourriez me parler de votre projet. Je pourrais peut-être pas répondre à vos questions, je ne vous promets rien.

Au moins, il jouait sur la franchise mais il ne disait pas complètement non également, ce qui laisser la porte ouvert à Rick et c'était quelque chose de plutôt rare. Il regarda son bus s'arrêtait et repartir tout aussi rapidement avant que son regard se repose de nouveau sur Rick. Il trouvait que l'endroit n'était pas vraiment très approprier pour aborder ne serait-ce qu'un tout petit peu ce genre de sujet. Des gens passaient, des étudiants et même quelques enfants et lui, il préférait resté le simple prof en journalisme.

By Phantasmagoria

ONGLET 1 ONGLET 2

Si tu savais la vérité tu ne voudrais pas la conter.

Il était bien Clayton ! Rick lâcha un sourire enjoué à se savoir face au journaliste qu’il voulait aborder depuis sa visite sur le site web de l’université. Le naïf scénariste avait comme un élan d’excitation qu’il garda en lui en son âme d’enfant.

Clayton eut un léger rire. Rick se gratta l’arrière du crâne lorsque le journaliste précisa qu’il n’avait rien d’un militaire. Le scénariste gardait le sourire. C’était peut-être loufoque de s’adresser à un reporter plutôt qu’à un militaire. Rick avait oublié de se poser la question. Aussi vite qu’il avait repéré le nom du journaliste sur internet, il s’était dit qu’il pourrait peut-être l'interroger un peu plus sur ce qu’il avait connu là-bas... en Libye... Il n'avait pas non plus réfléchi sur la manière d’aborder le sujet avec lui... Il était trop insouciant pour cela. C’était aussi peut-être, l’occasion de sortir des sentiers battus, de ne pas se tenir qu’aux visions des militaires, que beaucoup de films représentaient déjà, et d'explorer d'autres visions de la guerre. Alors, Rick fut motivé de plus belle en lui, à l'idée d'échanger sur son film de guerre avec le journaliste, même s’il ne s'avoua pas militaire. Clayton proposa, par chance, de parler à propos du projet du scénariste, et de répondre à ses questions. Rick laissa se dessiner un très large sourire qui s’étendait jusque dans un coin de joue.

- Merci ! Merci beaucoup.

Le scénariste avait l’air ravi. Il avait l’air aux anges. Il hocha un peu la tête pour appuyer son remerciement. Il sautillait presque en lui, même s’il se contenait, doux et réservé. Il avait le regard brillant. Rick n’entendit pas Clayton dire qu'il ne lui promettait pas non plus la lune. Bizarrement, ce morceau de parole passa dans l’oreille d’un sourd ou presque. A l’écoute, il hocha à l’affirmatif tout de même. Mais, trop motivé, il imprima moins cette réserve du journaliste.

Puis, Rick vit Clayton avoir un regard pour le bus qui s’arrêta pour ensuite repartir. Il suivit ce regard du journaliste. Il détourna même un peu son propre regard derrière l’épaule, et pivota sur lui-même quelque peu pour observer le bus partir. Il reprit conscience qu’il était dans la rue avec Clayton. Rick, insouciant, se sentait presque capable de tout dans la rue. Dans son monde, il n’était parfois pas présent dans le réel des choses. Il ne se rendait pas compte que les autres pouvaient regarder et écouter les conversations. Il se disait que tout le monde était plongé dans son quotidien. Il comprit pour autant la situation. Il s’agissait de parler d’un sujet sensible. Il valait mieux en parler ailleurs que dans la rue. Il revint du regard à Clayton, qui, justement, revint du regard vers lui.

- Euh ? C’était votre bus peut-être ?

Interrogea-t-il. Mais, presque aussitôt, peut-être parce qu’il redoutait que Clayton change d’avis...

- Vous voulez qu’on en parle ailleurs pour mon projet ? Dans un café, ça vous dit ? Je vous invite.

Il proposa, sincère et avec entrain. Rick aimait beaucoup inviter. Malheureusement, lorsqu’il invitait chez lui, rares étaient ceux qui revenaient. Les gens ne savaient pas où marcher sur le sol chez lui, tellement c’était le bordel. Pourtant, c’était plutôt propre, et il y avait toujours à boire et à manger, et même trop. Rick ne connaissait aucun café aux alentours de l’université. Il ne connaissait pas une seule rue dans les environs. Il n’y pensa pas. Il y pensa un peu. Il bougea un peu son pied dans sa chaussure converse, la marque dissimulée sous l’ourlet de son jean passe-partout. Il n’avait pas la moindre idée où il était dans Wellington. Mais, le principal, c’était qu’il avait trouvé le journaliste, qui, le scénariste était convaincu, allait pouvoir l’inspirer, le débloquer et stimuler sa plume.

avengedinchains

ONGLET 1 ONGLET 2

Si tu savais la vérité tu ne voudrais pas la conter.

Rick & Clayton

Clayton fit un léger roulement des yeux lorsque Rick le remercia. Il ne fallait pas qu'il cri trop vite victoire car le journaliste était plutôt quelqu'un de renfermer ces derniers temps. S'il ne parlait pas de la Libye, c'était en grande partie parce qu'il avait honte. Honte d'être parti en laissant Charly derrière lui, honte d'avoir plier les genoux lorsqu'on lui avait demandé de le faire et honte d'avoir abandonné sa femme pour cette mission qui lui avait presque coûter la vie. La vie était faite de bon et mauvais choix mais il considérait en avoir fait beaucoup trop de mauvais d'où son arrivée ici, un nouveau départ en quelque sorte. Clayton afficha une légère moue sur son visage en acquieçant. Oui, c'était son bus mais il en aurait d'autres jusqu'à très tard ce soir.

- Je prendrai le prochain.

Même s'il n'avait pas spécialement envie de répondre à ses questions, Clayton se sentait d'humeur à prendre une pause avant de rejoindre son appartement. Il en avait prit un beaucoup plus petit qu'en Angleterre puisqu'il était seul. Au final, il reflétait exactement ce que le jeune homme ressentait lorsqu'il était à l'intérieur, la solitude. Il avait aimé être seul à son retour de Libye. Ne plus être étouffer dans un tout petit espace clôt avec trois autres personnes. Il avait apprécié le silence mais cela n'avait durée que quelques jours. Les cauchemars avaient suivi puis cette peur qu'il avait pour les espaces clos. Il n'aimait pas non plus la foule et il était devenu très irritable, presque lunatique. Il se soignait mais ce n'était pas gagné d'avance.

- C'est gentil. Il y en a un pas très loin d'ici.

Clayton ne connaissait pas encore beaucoup cette ville mais il était plus ou moins roder au niveau des cafés. Il en avait testé plusieurs et seulement deux ou trois avaient attiré vraiment son attention. Il n'y venait pas spécialement pour le café qu'on y servait, après tout, il n'avait pas besoin de cafeine pour rester éveiller. Non, il venait principalement pour les pâtisseries, c'était quelque chose qu'il adorait.

- Vous êtes anglais n'est-ce pas ? J'ai vécu là-bas assez longtemps et je pense avoir reconnu votre accent. Oh, ça expliquerait également pourquoi vous m'avez reconnu.

Il fit un léger signe de tête pour montrer la direction à prendre puis il se mit à marcher. Le café n'était cas quelques blocs de l'université, inutile de prendre le bus. Clayton ne voulait pas se montrer fermer ou froid car après tout il n'était pas un journaliste en quête de scoop mais plutôt de détails. De vrais détails pour écrire une histoire encore fallait-il savoir ce qu'il voulait raconter au juste car Clayton était bien incapable de se mettre à la place d'un militaire. Lui, il n'avait fait que les suivre. Récolter les informations et informer le monde. En Afrique, où il avait épousé sa femme, il avait rencontré des populations toutes plus marquantes les unes que les autres, ça avait été les meilleurs années de sa vie il en était persuadé.

By Phantasmagoria

ONGLET 1 ONGLET 2