get down it's saturday night → abel

De temps à autres, Vesper aime bien écumer les bars de la ville puis également ceux de la capitale. Et non, je vous vois venir, ce n’est pas une alcoolique, elle aime juste s’imprégner de l’ambiance et puis ça lui permet parfois de faire des rencontres, aussi. Souvent drôle d’ailleurs, car si elle ne fréquente pas ces endroits dans le but de picoler, il n’en va pas de même pour tout le monde, ça serait même plutôt l’inverse. Tout ça pour dire que ce soir-là, la texane passe devant certains bars de la capitale sans trop savoir lequel finira par avoir sa préférence jusqu’à ce qu’elle trouve un flyer par terre, piétiné par une centaine de chaussures au moins mais peu importe, ce qui importe, c’est que ce flyer annonce une soirée karaoké pour ce soir. Quelle chance ! Elle vérifie le nom du bar avant de le chercher dans la rue et de finir par tomber dessus. Effectivement, on ne peut pas se tromper, on entend une voix massacrer Eye of the Tiger depuis le trottoir. Ne pouvant résister bien longtemps à l’appel de cette sirène, Vesper en pousse la porte et tâche de se trouver une place. C’est qu’il y a tout de même un peu foule ; à croire qu’une vedette locale à décidé de leur faire l’honneur de chanter une chanson à ce karaoké. Cela dit, ça pourrait même être le cas que la blonde n’en saurait rien, c’est pas comme si elle y connaissait grand-chose.

Bref, elle s’installe au comptoir et demande une Corona avant de reporter toute son attention sur le chanteur, un sourire moqueur s’affichant sur son visage. Car non, pas question pour elle de prendre le micro, elle ne ferait clairement pas mieux que ce gars mais c’est justement ce qui fait qu’elle peut bien se moquer sans le moindre scrupule : c’est qu’elle, elle sait pertinemment qu’elle chante comme une casserole. Alors oui, bon, peut-être bien que lui aussi et qu’il a juste envie de s’amuser et dans ce cas, c’est tout à son honneur étant donné qu’il doit bien être conscient qu’il s’expose aux critiques des autres. Vesper prend une gorgée de la bière qu’on vient de poser devant elle et prend tout de même la peine d’applaudir ce type alors qu’une femme prend sa place au micro. Chantera bien, chanter mal ? C’est toujours la question et le verdict tombe très vite : mal, encore une fois. Sur du Céline Dion, qui plus est. De mieux en mieux. Elle ricane avant d’hausser un peu la voix et de se pencher sur le bar pour demander au barman :

« C’est souvent comme ça ? »

Parce que si oui, alors elle viendrait plus souvent.

A en voir la tête du barman, oui, c’est souvent comme ça. Vesper ne peut que sourire face à sa remarque au sujet de l’iceberg. Ah, force est de reconnaître qu’il n’a pas tort et puis ça ne serait jamais qu’un juste retour de karma. Il ajoute ensuite que, plus tard dans la soirée, il y aura également ce fameux groupe de nanas pas mal déchirées qui voudront absolument chanter de toutes les célibataires de la planète : Single Girls. Enfin, Single Ladies mais c’est l’hésitation qui la fait rire cette fois. Comment peut-on se tromper ? A chaque nouvelle chanson de Beyoncé, les radios se sentent obligées de la passer en boucle durant des mois tout ça parce qu’il s’agit de Queen B. Et tant pis si ça dégoûte à force. Et puis parce que ce type parle de ces soirées karaoké comme un vétéran parle du Vietnam. Cela dit, il a peut-être développé un superpouvoir qui lui permet de ne plus les entendre ? Elle ferait sans doute pareil à sa place. En parlant de ça, une autre chose qu’elle apprécie c’est le fait qu’il se permette d’en parler avec un brin de moquerie dans la voix alors que c’est tout de même de ses clients dont il parle. Bon okay, il ne reverra sans doute jamais plus de la moitié d’entre eux, alors ça s’excuse.

« J’imagine bien. Et vous, il vous arrive de quitter votre place pour aller pousser la chansonnette en leur compagnie ou pas du tout ? »

La texane se doute déjà de la réponse, bien entendu ; il n’a vraiment pas la tête du gars qui attrape le micro pour chanter My Way on se prenant pour Sinatra et s’il se moque, c’est que lui aussi peut se le permettre mais qui sait ? Une fois que sa voix se mêle à celles de jeunes femmes enivrées – et donc à moitié sourdes parce que ça va de pair ? Sans oublier que c’est très sûrement un excellent moyen de pécho. Mais ça, c’est un cliché, peut-être bien que les barmans ne sont pas tous comme ça. Toujours est-il que quelque chose la titille et la blonde ne met pas bien longtemps avant de mettre le doigt dessus. Ce léger accent.

« Vous êtes du pays, je me trompe ? »

Et par-là, elle ne veut bien sûr pas dire la Nouvelle-Zélande mais les Etats-Unis, ce qu’il est inutile de préciser étant donné que son accent à elle est très loin d’être « léger ».

« D’ailleurs, votre tête ne m’est pas inconnue. »

Oui, maintenant qu’elle y pense. Bon d’accord, on oublie difficilement une tête comme celle-là mais on ne s’attend jamais à croiser un visage familier sur un sol qui ne l’est beaucoup moins.

Elle ? Chanter ? Cette seule pensée la fait bien rire. Dieu les préserve tous dans ce bar qu’une telle chose arrive un jour. C’est un peu dommage, d’ailleurs, car Vesper adore la musique. Pas au point d’en jouer elle-même, ni même de chanter en publique mais elle pourrait en écouter des heures durant. Et bien sûr, on ne parle pas de gens qui chantent tout aussi faux qu’elle mais qui n’ont pas peur de prendre un micro même si elle avoue volontiers bien aimer se moquer d’eux. La blonde secoue donc la tête.

« Sûrement pas. Contrairement à eux, je suis bien consciente que le temps change dès que je me mets à chanter. Mais ça fait plaisir de trouver quelqu’un d’autre avec qui me moquer. Gentiment, bien sûr. »

Enfin, ou pas. Tout dépendait du chanteur ainsi que de son attitude. S’il donnait l’impression de se prendre pour le nouveau Sinatra, alors pas de quartier, c’est ainsi que ça fonctionne. Elle lui demande ensuite s’il ne serait pas du pays, du sien, donc, pas de la Nouvelle-Zélande et prend une gorgée de sa bière en attendant la réponse qui ne tarde pas : elle a vu juste. Le barman lui retourne alors la question, la précisant un peu plus : ne serait-elle pas du Texas ? Un sourire étire ses lèvres, elle ne pourrait jamais le cacher. Ce qui tombe bien puisque ce n’est pas non plus le but.

« Exact ! »

Puis la texane va plus loin en lui demandant s’ils ne se seraient pas déjà croisés par hasard. C’est que son visage lui paraît familier, une réflexion qu’elle se fait depuis qu’ils ont commencé à parler. Alors certes, elle en a vu passer des visages, Vesper, surtout du temps où elle bossait à Hollywood. D’autres très beaux mais elle est quand même à peu près sûre de ne pas se tromper. Et puis au pire, elle s’excusera, si ça se trouve il avait peut-être un sosie. Mais ce ne sait apparemment pas utile puisqu’après quelques secondes, il semble la remettre lui aussi. Oui, la Californie ça lui parle. En même temps, on ne rencontre pas tellement de gens au Texas, uniquement ceux qui sont là depuis toujours et qui resteront là jusqu’à ce que mort s’ensuive. Elle opine donc du chef, un sourire toujours collé aux lèvres.

« Incroyable qu’on se retrouve ici ! Qu’est-ce qui t’amène, si je peux me permettre ? »

Maintenant qu’elle est sûre de déjà le connaître, Vesper repasse tout naturellement au tutoiement. A quoi bon se faire chier s’ils ne sont pas de parfaits inconnus l’un pour l’autre, hein ?

La neige à Noël, Vesper n’a jamais vraiment connu. Pas de neige au Texas, pas plus en Californie. La Nouvelle-Zélande est incontestablement le pays le plus froid où elle a vécu mais avec une petite spécificité : les saisons inversées. Ce qui fait qu’elle peut à peu près comprendre qu’on puisse rêver d’un Noël blanc comme on en voit dans les films – encore que ça ne soit pas son cas, elle se gèle déjà suffisamment les miches comme ça – mais de là à déclencher carrément un déluge pour ça, c’est peut-être un peu abusé, non ? Voilà qui lui provoque un sourire.

« Ça ou alors on a droit et des gens très altruistes qui veulent faire stopper la sécheresse chez leurs voisins australiens, allez savoir. »

La blonde a déjà eu à faire à des gens qui se prétendaient altruistes par le passé et elle savait d’expérience que tout geste altruiste était généralement dicté par une pensée égoïste. Pas toujours, cependant, il existe très certainement quelques exceptions mais Vesper serait bien en peine de n’en citer qu’une seule. Bref, ils en viennent alors à se reconnaître. Du moins au niveau de la physionomie car en ce qui concerne la mémoire des prénoms, ce n’est pas trop ça pour aucun des deux. Néanmoins, elle l’écoute lui donner la raison pour laquelle il se trouve dans ce pays bien loin du leur. Besoin de changement plus connaissances, ça penche forcément dans la balance au moment de mettre les voiles. Il lui retourne alors la question, y allant même de sa petite supposition qui la fait rire.

« En quelque sorte. »

Disons qu’il a vu juste sur le côté fuite de la chose. Pas vraiment à cause des influenceurs, ça serait même plutôt l’inverse.

« Par contre on doit plutôt ma présence ici au hasard. Le coup du globe qu’on fait tourner. »

Pas tout à fait mais presque. ; la texane ne connaissait personne ici, à son arrivée. Ce qu’il lui fallait en ce temps-là c’était mettre le plus de distance possible entre elle et San Francisco.
Lorsqu’il lui donne son nom, Abel, ça fait bel et bien écho à son souvenir. Elle aurait pu douter de l’identité sous laquelle elle s’était présentée à lui à cette époque mais ça lui paraissait évident.

« Et moi Vesper. »

Après qu’elle ait quitté Abernathy, Vesper ne s’était plus présentée sous le nom de Jamie. Ça lui rappelait trop sa vie d’avant, sans doute.

Spoiler:

Abel n’a pas tort : faire tourner un globe et se rendre à la destination qu’on pointe, c’est prendre le risque de tomber sur un endroit vraiment craignos. Comme la Russie, par exemple. Ou encore l’Ouzbékistan. Bien que Vesper n’y ait jamais mis les pieds et n’y connaisse rien, tous les pays dont le nom se termine par « istan » ne lui disent rien qui vaille. Pourtant, c’est peut-être très cool. Enfin, elle en doute fortement mais elle ne peut pas en jurer non plus. Bref. Tout ça pour dire qu’il ne valait mieux pas tenter le diable. Un sourire aux lèvres, la blonde opine du chef. Le nom de Vesper semble alors lui revenir. Oui, c’est une sacrée coïncidence qu’ils se retrouvent là tous les deux. Bien qu’elle n’y croie pas. Non, s’ils sont là en ce moment, c’est qu’il y a une bonne raison à ça. Laquelle ? Elle l’ignore et peut-être ne le saura-t-elle jamais – si ça se trouve, l’Univers a juste envie de les entendre critiquer les chanteurs du dimanche -, mais elle n’en doute pas. Quoi qu’il en soit, elle sait qu’elle n’est pas là pour trop le distraire de son travail aussi balaie-t-elle son excuse d’un geste de la main ; tout à fait normal qu’il poursuive son service malgré sa présence.

D’ailleurs, ça lui permet de se concentrer un peu plus sur la casserole qui s’est emparée du micro pour chanter The Final Countdown tout en imitant les instruments. La texane grimace d’autant plus en lançant un regard entendu au jeune homme. Non, ce n’est vraiment pas nécessaire de faire les instruments en plus de chanter faux. Puis il revient vers elle et lui demande depuis combien de temps elle est là. Vesper fait rapidement le calcul dans sa tête.

« Un peu plus d’un an. Et toi ? »

Avant d’enchaîner directement :

« Tu t’y fais bien à la vie ici ? »

On ne pourrait pas aller jusqu’à dire qu’elle non mais, et sans doute parce qu’il s’agit d’un pays bien calme que le leur, l’acclimatation se fait vraiment en douceur. Pour ne pas dire lenteur. Ici, les gens sont calmes et polis – en tout cas en règle générale -, chez elle, les gens se tirent dessus sans arrêt ; y a pas à dire, ça fait un sacré changement, déjà. Sans compter au niveau du boulot. En revanche, elle imagine que pour Abel, un bar reste un bar. Cela dit, barman, c’est rarement une vocation donc peut-être bien qu’il a le même souci.

Quelques mois seulement. Vesper aimerait pouvoir en dire autant. Ça fait quoi ? Quelque chose comme presque deux ans qu’elle est là, maintenant. Et pourtant, elle a toujours du mal à s’y faire. C’est pas qu’elle aime pas. Ni même qu’elle voudrait être ailleurs, en fait, elle aime plutôt mais c’est si radicalement différent de ce qu’elle a connu jusque-là qu’elle s’adapte très lentement. Elle acquiesce et pense à la conduite inversée. Elle non plus n’a pas de voiture et ça s’applique fort heureusement assez peu aux bateaux ce genre de règles mais il n’empêche qu’elle est tout à fait d’accord ; ça doit être d’autant plus difficile de s’adapter à ça. Pourtant, la texane se targue de pouvoir absolument tout conduire ou piloter mais… le fait d’être écolo l’arrange pas mal, en l’occurrence.

« Ouais, tu m’étonnes. Une fois passée l’impression d’être James Bond, ça doit vraiment être hyper chiant. »

Et en ce qui concerne James Bond, ça va, depuis qu’elle a joué dans le dernier qui ne sortira peut-être jamais, ça l’a en quelque sorte exorcisée. Dans tous les cas, voilà qu’Abel lui demande si les vrais tex-mex ne lui manquent pas et cette question la fait pouffer de rire. Clairement si. Oui, oui, bien sûr, c’est un plat qu’on peut retrouver ici ou même n’importe où ailleurs mais comme bien d’autres, ça a un goût différent. On peut même aller jusqu’à dire que, chez eux, le goût diffère déjà d’un état à l’autre, alors forcément…

« Evidemment que si. C’est même sûrement ce qui me manque le plus du Texas. »

Avec ses chevaux, ses nièces et sa sœur. Dans cet ordre. Granny aussi et même sa mère parfois mais la blonde aurait moins volontiers tendance à le mentionner. Elle hausse alors les épaules et ajoute :

« Mais y a pas que ça : la pizza, les burgers, les milkshakes, même les hot-dogs ont une autre saveur ici, tu trouves pas ? »

Sans doute que le monde entier n’a pas envie de risquer la crise cardiaque à la moindre bouchée, contrairement aux américains qui, eux, ont clairement l’air de courir après.

« Cela dit, je connais un endroit où les hot-dogs sont presque pareils. Si ça te dit, un soir où tu bosses pas, on pourrait y aller ? »

Non, pas un rencard qu’elle lui donne mais elle aime bien l’idée pour deux américains vivant à l’étranger de se retrouver de temps en temps autour d’une bière et d’un hot-dog dans les tribunes d’un terrain de base-ball. Plus américain c’est impossible.

C’est pas toujours simple de l’admettre mais parfois, Vesper a le mal du pays. Pourtant, il lui suffit de remettre un pied aux States pour s’apercevoir que s’expatrier était la bonne décision. Mais forcément, pour quelqu’un qui a vécu là-bas toute sa vie, certaines petites spécificités de son pays natal lui manquent de temps à autre. Comme la conduite en sens inverse. Qui n’est pourtant pas spécifique à son pays pour le coup mais la blonde se rend à présent compte qu’elle a assez peu visité de pays où ça se passait de cette manière, d’où sa confusion bien qu’elle n’ait même pas de voiture. Elle acquiesce d’un air grave à la remarque d’Abel, même en tant que piéton c’est parfois un peu dangereux. Loin d’elle l’idée de se plaindre de sa terre d’accueil non plus, soit dit en passant, mais elle a compris qu’il lui fallait trouver des endroits qui lui rappellent chez elle pour pallier à ce manque. D’aucun pourrait croire que n’importe quel fast-food ferait l’affaire mais même pas. Lorsqu’elle récupère sa commande, elle vérifie constamment qu’elle n’a pas demandé un menu enfant par mégarde. Alors certes, chez eux, tout est toujours trop. Trop sucré, trop salé, trop gras, trop abondant. Mais ici, ça serait presque l’inverse. Un juste milieu pourrait être le bienvenu. Petit sourire aux lèvres, elle opine à nouveau du chef.

« Je te l’accorde. »

Ce qui ne l’empêche pourtant pas de faire profiter les copains d’un bon plan. Car oui, Abel, qu’il le veuille ou non, est devenu un pote. C’est d’ailleurs ainsi qu’ils en viennent à échanger leur numéro de téléphone, Vesper entrant celui qu’Abel vient de faire glisser dans sa direction pour lui envoyer un SMS afin qu’il puisse également enregistrer le sien. Puis elle réfléchit quelques secondes à sa question. Elle est à peu près sûre qu’elle connaît un bar où ça se fait alors elle sonde sa mémoire pour retrouver lequel. Non, n’allez pas croire qu’elle les écume tous à la moindre occasion c’est juste que, quand elle a envie de passer un peu de temps seule, elle aime le faire accompagnée.

« Hum, je suis presque certaine qu’il y en a un à Te Aro. Un bar un peu ambiance saloon. D’ailleurs, tu savais qu’il y a pas moins de deux ranchs à Island Bay ? »

Rien à voir pour le coup mais quand on dit « ranch », on pense tout de suite à Dallas, pas vrai ? La texane, oui, en tout cas, ce qui explique qu’elle ait été surprise de découvrir qu’il y avait ça ici aussi. Quoi qu’on fasse, la culture américaine se retrouve partout.

Lorsqu’elle a fui San Francisco et ses collines remplies de hippies, Vesper n’a pas tellement réfléchi à sa destination. Mettre le plus de kilomètres possibles entre eux et elle avait été le seul but. Elle n’a pas choisi la Nouvelle-Zélande parce que c’est joli, parce qu’il y fait bon vivre ni même parce qu’elle avait envie de venir, non, seulement parce que c’est loin. Et qu’à moins d’être extrêmement bien renseigné, on ne viendrait pas la chercher ici. Absolument rien ne laissait supposer qu’elle avait mis le cap pour ce pays. Pour ce qui est de savoir si elle resterait longtemps, la blonde ne fait plus le moindre projet depuis belle lurette, se contentant de se laisser vivre au jour le jour. Mais sa vie commence à ressembler à quelque chose de stable alors ça ne serait pas un mal. Ce qui explique qu’elle connaisse un peu le coin. Te Aro est un chouette quartier où elle aime bien passer du temps. Il lui semble qu’on peut tout y trouver. Okay, peut-être pas comme c’est le cas dans le centre de Los Angeles mais disons à l’échelle néo-zélandaise tout du moins. La texane opine du chef et sans trop savoir pourquoi, se met à parler de ranchs. Elle trouve ça fou qu’il y en ait ici aussi. Pour une obscure raison, soit dit en passant, mais elle a toujours eu l’impression que c’était typique de chez elle. Et encore plus précisément du Texas alors qu’elle sait pourtant qu’il existe des ranchs ailleurs également.

« Pas trop, en effet. »

Bien que le ranch où elle s’est rendue est très différent du sien. Mais chacun a sa propre vision de comment gérer ce genre d’endroits, sans doute.

« Ouais, j’y passe pas mal de mon temps libre. »

Pas si souvent qu’elle aimerait le faire croire, donc, car en termes de temps libre, entre son boulot, son copain et l’entretien de son bateau, ça se pose là. Mais elle aime bien l’ambiance de cet endroit et puis surtout les chevaux. Sûrement l’une des choses qui lui manquent de plus de chez elle après ses nièces et sa sœur. Puis Abel lui demande s’il lui offre un autre verre et elle jette un œil à l’horloge murale derrière lui.

« Non, c’est gentil mais faut que j’y aille. Je te laisse subir ce calvaire tout seul. A bientôt pour le hot-dog ! »

Spoiler: