all i want for christmas is... hot chocolate ? (fiona)

Un rendez-vous ? Est-ce que c'était vraiment un rendez-vous ? Ou juste une sortie entre amis en communs d'une même amie ? Il faut dire que dans ton esprit, la question était un peu floue. Vous avez commencé à discuter sur ce site de rencontre et finit très rapidement par SMS; en quelques messages la sortie était décidée. Et puis, Fiona t'embarquait à la patinoire alors que vraisemblablement, ni elle ni toi n'étiez très adroits sur des patins. Ca promettait d'être hilarant. T'avais pas fêté le mois de Noël depuis de longues années, t'arrangeant toujours pour être en mission pendant les fêtes quand on te donnait la possibilité d'avoir une permission. Tu étais même en train de te demander si tu savais encore fêter Noël. Fête habituellement familiale, rien ne t'empêchait pour autant de faire tes courses au marché avec quelqu'un d'autre. Et avec Fiona, ça s'était fait naturellement. Depuis cette soirée en Août où vous vous étiez rencontrés pour la première fois, vous avez pu vous revoir chez Maxyne -enfin, chez toi aussi, maintenant- plusieurs fois, jusqu'à ce que tu tombes sur son profil sur cette appli. Ca t'a fait sacrément rire de la trouver là, alors tu t'es pas empêché de liker son profil. Mais finalement, ce n'était pas juste parce que ça t'amusait; la brune était pleine de joie de vivre et tu aimais beaucoup sa présence. On peut même dire qu'elle te plaisait. Tu n'avais jamais eu de nouvelles de Reira, mais tu n'avais pas non plus cherché à la recontacter. Et tu t'étais fais une raison, parce que t'étais pas sûr que c'était ce que tu voulais; continuer inlassablement à t'attacher à elle alors qu'elle ne voyait qu'une distraction, non merci. T'avais pas cherché à insister, t'as abandonné dès le moment où t'as passé le pas de sa porte. Maxyne t'avait dit de passer à autre chose, d'où ton inscription sur le lovemaker. Sacré coïncidence que la première vraie rencontre qui mène à un rendez-vous, soit l'une des meilleures amies de Maxyne, avec qui tu t'entendais déjà bien. Petite veste sur le dos pour pallier aux soirées agréables mais douces, t'avais déjà fait la moitié du trajet à pied, de chez toi à chez Fiona. Il ne restait plus que rejoindre le marché de noël et la patinoire, mais à deux, le trajet paraîtra moins long. Tu t'apprête à lui envoyer un message pour lui dire que tu étais là et que tu l'attendais, mais tu préfères finalement sonner à son appartement avec l'interphone en bas de l'immeuble, sans vraiment savoir pourquoi cette option et pas l'autre. Quand elle répond, tu prends une voix grave assurée « Oui bonjour, je viens récupérer un colis, une certaine Fiona Hanson avec un bonnet de lutin, direction la patinoire.» tu ris un peu quand elle te répond qu'elle arrive, en lui disant de prendre son temps, et tu l'attends au pied de l'immeuble. T'en profite pour sortir une clope de ton paquet, ne sachant pas trop combien de temps ça allait encore lui prendre, mais pas vraiment pressé par le temps. Tu t'adosses contre le mur, dégustant la fumée du tabac brulé qui entrait dans tes poumons, comme si ça te revigorait, après une longue marche.
La porte de l'immeuble claque et tu te retournes, découvrant Fiona toute pimpante. « Prête pour qu'on aille se ridiculiser ? »

Les rendez-vous, tu savais pas ce que c'était. Toi, t'avais pas été du genre à flirter pendant des mois avant de conclure; en tant que militaire, tu ne restais jamais longtemps au même endroit, et les filles que tu rencontrais en boîte n'avaient peut-être pas non plus envie de te revoir après une nuit. C'était ponctuel, uniquement. La russe que tu avais rencontré au Cameroun a été l'exception à ta règle, et ça, sans vraiment que vous le vouliez. Alors forcément, tu ne savais pas vraiment nommer ce qui se déroulait ce soir, mais est-ce que tu avais vraiment besoin d'y mettre un nom ? Tu t'entendais bien avec Fiona, la ricaine et sa joie ne te lassaient pas. Tu connaissais Maxyne tellement bien que tu savais parfaitement pourquoi elle s'entendait si bien avec la jolie brune : elles sont pareilles. C'est peut-être pour ça aussi que tu l'apprécies autant.
Tu n'as pas attendu très longtemps qu'elle descende, tu n'avais pas finis ta cigarette quand elle est arrivée devant toi. Tu lui demandes si elle est prête et elle te répond à l'affirmative, visiblement motivée au fiasco de la patinoire. Sans vraiment que tu t'y attendes, elle s'approche de toi pour coller deux bises sur tes joues, que tu lui rend sans réfléchir, automatisme lorsque ça arrivait. Un peu surpris parce que jusqu'ici entre vous jusqu'ici c'était plutôt des signes de la main ou des hochements de têtes quand vous vous croisiez à l'appartement. Mais ça ne te gênais pas, ça semblait tellement naturel. Mieux que ces fois où tu ne savais pas vraiment si tu devais lui faire la bise ou t'en tenir à un coucou rapide. Tu souris amusé quand elle annonce qu'avant de partir il fallait compléter vos tenues : elle en sort rapidement un premier chapeau typique qu'elle met sur sa tête. Chose promise, chose dû, elle sort un deuxième bonnet pour le mettre sur ta tête : le parfait chapeau du Père Noël. Tu te regarde rapidement dans la vitre d'une voiture garée devant vous en l'ajustant et te redresse. « Carrément ! T'as déjà vu un Père Noël aussi canon ? » tu demandes, en te ventant ironiquement. T'étais pas du genre à parler de ton physique, mais dans des situations comme celles-ci, c'était trop tentant et vraiment dit sur le ton de l'humour. « Mon lutin est vraiment pas mal non plus aujourd'hui, je pense que je vais lui demander de m'accompagner à la tournée des cadeaux plus souvent. » plus taquin cette fois, tu plisses les yeux en regardant Fiona, l'air malicieux. Vous vous mettez rapidement en route, descendant la rue qui menait jusqu'à la patinoire. La brune était au bon emplacement par rapport à la place où était la patinoire : ils n'étaient plus qu'à quelques minutes.  « Je crois que ça date d'avant mon service. Plus de dix ans.» tu éclates de rire en te disant que finalement ce n'était peut-être pas une si bonne idée, la patinoire. « Aux Etats-Unis, c'était de la vraie glace, pas comme ici, non ? » La sensation devait être différente, mais toi, à la periode des fêtes, c'était la seule que tu connaissais. « Je te propose qu'on commence avec les luges pour enfants ? Histoire de tâter le terrain ! » tu la regarde, en faisant la grimace : tu n'étais plus si sûr de toi à présent.
Très vite arrivés au guichet pour louer vos patins, tu sors rapidement ton porte feuille, empêchant Fiona d'ouvrir son sac en plaçant ta main sur les siennes. Du coin de l'œil tu la regardes, rictus fier dessiné au coin. Tu ne lui laissais pas vraiment le choix, et ça te faisait plaisir.

Vous riez de vos chapeaux, tu en joue même, te donnant un air de charmeur dont tu n'avais plus franchement l'habitude. Ça faisait des années que tu n'avais pas dragué comme ça, et tu avais un peu l'impression que ce n'était plus trop d'actualité. Le genre de mec qui se vente, c'était ce que tu étais au lycée; à l'armée, aussi, un peu. Jusqu'à ce que ça dégénère pour toi, pour tes compagnons. Puis ensuite, c'était elles qui venaient à toi. Pour le coup, avec Fiona, c'était de la taquinerie, principalement. Il y avait quelque chose qui te plaisait vraiment chez la brune, mais tu ne te mettais pas la pression. Tu l'appréciais en tant que personne, vraiment. Et tu n'avais pas envie de presser les choses, d'autant que parfois, tes pensées se rappelaient d'une autre avec qui la fracture avait été violente. Tu ris quand Fiona te dit vouloir peut-être déménager pour vivre près d'un père-Noël comme toi. Dans le jeu, tu continues, pousse encore le bouchon. « Je ne dis pas non, ma maison de pain d'épice est immense, je me sens seul. » Tu hausses les épaules avant de la complimenter à son tour; même sans son bonnet elle aurait écopé de quelques flatteries, parce que pour le coup tu la trouvais vraiment jolie. Comme à chaque fois que tu l'avais vue, d'ailleurs.  Vous entreprenez le trajet vers la patinoire, descendant la rue côte à côte. C'est là qu'elle tente d'en savoir plus sur tes capacités de patinage. Mais tu allais la décevoir, tu n'en avais pas fait depuis de longues années, et dans tous les cas, ça n'avait jamais été ton truc, le patin. « Wow, un canal gelé ? J'aurais pas osé, ce genre de trucs c'est un peu trop pour moi. » Dixit la tête brûlée qui faisait du hors piste en snow sur de la poudreuse ? Mais pour le coup, un lac, un canal ou une rivière gelée, ça ne t'inspirait pas confiance. Tu ne maitrisais pas ce qu'il se passait sous toi, et ça t'effrayait. Tout ce que tu ne pouvais pas contrôler, ça t'effrayais. Surtout quand il fallait marcher dessus; ça te rappelait les mines, et de mauvais souvenirs en prime. « Je te préviens, j'irais jamais sur un canal gelé. Déjà, ici, c'est clairement impossible, même en montagne, alors !» tu rigole sans vraiment le faire; t'étais sérieux dans tes propos, et rassurée que ça soit impossible en Nouvelle-Zélande. Du peu que tu connaissais Fiona et de ce que t'en disais Maxyne, tu avais compris qu'elle pourrait te proposer une telle activité. Tu préférais mettre les choses au clair, quitte à lui proposer une activité qui t'angoisserait moins. C'est là que vous arrivez devant la patinoire, et dans la file d'attente, tu lui propose de commencer avec les luges, ordinairement pour enfants. Mais tout le monde pouvait les utiliser, et pour le coup, tu n'étais plus sûr de savoir tenir en équilibre sur les lames qui permettaient de glisser sur la glace. Rassuré que la brune accepte, vous continuez avec une touche d'humour. Tu payes son entrée sans vraiment lui laisser le temps et elle ne proteste pas, un léger coup d'oeil malicieux vers elle; tu savais que tu n'échapperais sûrement pas à ce qu'elle t'offre quelque chose, cependant. Vous récupérez rapidement vos patins et les luges, et les enfilez aussi rapidement. La question de Fiona te plonge dans une petite réflexion; l'ambiance était toujours différente, chez tes parents. La rancune qu'avait Loreleï envers toi, palpable. Mais tu ne pouvais pas en vouloir à ta sœur, pas après dix longues années. T'avais bien compris que tu l'avais fais souffrir, plus que tu n'aurais voulu, et aujourd'hui, tu t'en voulais énormément. « Je suis content oui. Ça fait dix ans aussi que je n'étais pas revenu pour les fêtes alors... Maxyne à dû t'en parler. » Tu connaissais ta meilleure amie, tu avais grandis avec elle. Tu savais qu'elle avait déjà parlé de toi à Fiona, et tu savais pertinemment de quoi il était question : ton absence, ton retour. Mais ça ne te gênait pas, tu étais prêt à affronter tes erreurs maintenant que tu en avais pris conscience, même si c'était parfois dur de les encaisser. « J'ai l'impression d'être un étranger, mais c'est peut-être normal tu me diras. » Tu ricanes et glisse sur la glace au même moment; grâce à la luge, tu réussis à te rattraper. « Sérieux, si même avec ce genre de déambulateur pour gosse je tiens pas debout, qu'est-ce que ça va donner quand on essayera sans ? » tu éclates de rire. Pour le coup, t'avais pas peur te tomber ou de te ridiculiser; c'était un peu ce qui était prévu avec Fiona, d'ailleurs. Puis tu avais toujours été un cancre, quand bien même tu avais changé, te donner en spectacle était une de tes spécialités. « Et toi, Noël en famille ? » Tu savais que la jolie brune était la seule de sa famille dans le coin, mais peut-être qu'elle avait prévu de les rejoindre cette année, ou qu'eux venaient ?

Connu pour être casse-cou, t'en étais pas totalement inconscient. Du moins, pas sur plusieurs points bien précis qui ne te rassuraient pas. T'étais admiratif du courage de Fiona à avoir pu patiner sur un canal gelé; c'était quelque chose que tu n'aurais jamais fais, même il y a plus de dix ans. Les situations de films dramatiques où le personnage tombe alors qu'il semblait en sécurité cinq secondes plus tôt étaient trop nombreux, et c'était aussi une situation de vie réelle qui ne te donnait pas vraiment envie de faire le test, même quand tout prouvait que c'était sécurisé. Tu n'étais déjà pas très doué en patins, alors autant dire que les deux réunis pouvaient être très dangereux. Tu ris avec la jolie brune quand elle te raconte ses péripéties sur ce fameux canal, haussant parfois les sourcils, toujours aussi peu confiant de la situation dans laquelle elle s'était embarquée. Visiblement, Fiona était plus courageuse que toi ce qui t'arrachait un petit sourire malin au coin des lèvres. « Bon, ça va alors ! Tant que tu es rentré en un seul morceau, c'est le principal.» Quel dommage si ça n'avait pas été le cas; tu te retiens d'ajouter cette dernière parole, lueur malicieuse dans l'oeil alors que tu lui annonces qu'il était impossible de t'emmener sur un canal gelé. Tu lèves les yeux vers le ciel bleu, roulant des rétines à sa réponse. « Faut faire un choix Fio', "promis" et "pour le moment" c'est pas compatible je crois. » Large sourire qui s'empare de tes lèvres pendant que tu te tournes vers elle dévalant la rue à ses côtés le temps que vous rejoigniez le centre-ville et la patinoire. Esquisse satisfaite sur tes lippes, tu devais bien t'avouer que cette discussion te plaisait. Est-ce que c'était une promesse indirecte pour faire plus de sorties dans le futur ? Tu ne savais pas vraiment où ce petit jeu vous mènerait, ce n'était pas dans vos sujets de discussion et peut-être même pas dans vos projets. Fiona était libre, comme un oiseau, portée par le vent. Et pour l'instant, de ton côté tout venait tout doucement; c'est le temps qui te portait. Tu ne ressentais pas cet irrépressible besoin de savoir, tu préférais profiter de ce que tu partageais avec l'américaine avant de commencer à t'interroger trop sur la nature de cette relation, risques éprouvants que ça s'arrête trop tôt.
Luges en mains et patins aux pieds, vous vous laissez porter par le sens giratoire du monde, à votre rythme et grâce à l'aide matérielle qui n'était pas de refus. La discussion tournait autours des fêtes, de la famille. Forcément, tu étais heureux d'être avec tes parents cette année bien que la tension qui régnait toujours avec ta sœur t'empêchait d'en profiter comme tu aurais pu, si tu n'avais pas été l'instigateur des malheurs de ta famille. Pourtant, la rancune était légitime : on n'efface pas dix ans de silence par un sourire et des excuses. Pourtant, c'était la seule chose que tu étais capable de leur offrir pour l'instant, avec des gestes et des efforts, du mieux que tu pouvais. Suite à la réponse douce de Fiona, tu hoches la tête. Oui, le temps, c'est ce que tout le monde te disait. Tu lui offre un sourire reconnaissant avant de perdre l'équilibre et te rattraper in extremis grâce à ta luge, porte bonheur. Dommage que tu ne puisses pas l'emmener, ça te servirait bien pour la fin de cette décennie. Tu ris ç sa remarques, large sourire qui dévoilait tes dents. « J'ai pas envie de marcher comme un vieux pendant une semaine !» Coup d'oeil discret pendant ces échanges d'éclats, tu te sentais bien en présence de Fiona. Elle avait beau savoir que tu n'étais pas tout blanc, notamment auprès de votre meilleure amie commune, elle n'en était pas moins compatissante. La douceur de son regard ravivait l'idée qui s'était un peu tassée en toi, celle qui pensait que tu ne serais jamais entièrement pardonné, que tes erreurs te colleraient à la peau. Pourtant, rien dans ses iris clairs ne laissaient paraître un quelconque jugement, et ça te faisait du bien, pour une fois, d'être en présence de quelqu'un qui avait conscience de ton égarement sans pour autant t'en vouloir. Pour en revenir à elle, tu lui retourne la question quant à ses fêtes. L'esquisse compatissante qui avait emprunt ses lèvres se greffa aux tiennes. Passer cette période sans sa famille n'était pas facile, tu le savais. Pourtant, comme elle le disait bien, il y avait toujours moyen de relativiser. Toi, c'était ton choix de ne pas rentrer, et tu préférais fêter noël en mission ou à la base militaire, avec tes coéquipiers, parfois encore en boîtes de nuits. Mais même si c'était ton choix, ton cœur finissait toujours par se serrer quand tu te rendais compte de la date familiale pendant laquelle tu étais à des milliers de kilomètres d'eux. « Vous en profiterez l'année prochaine, quand vous pourrez vous retrouver ! Et puis s'appeler, c'est toujours mieux que rien. » La vie d'adulte était différente de celle que vous meniez gamins, tu t'en rendais bien compte maintenant que tu avais les deux pieds dedans. Il y a des traditions qui se perdent, des exceptions qui se font. On ne peut pas toujours tout prévoir. « Je peux te dire que c'est une autre ambiance, avec les amis. Ça ressemble un peu à une préparation au nouvel an, mais c'est toujours de supers souvenirs. » Sourire qui s'élargit, tu savais que Fiona ne serait pas en reste malgré tout. Avec Maxyne, vous avez pu passer plusieurs soirées ensemble et tu savais que la brune savait s'amuser quoi qu'il arrive, bonne vivante qu'elle était. La discussion change du tout au tout puisqu'elle propose de lâcher vos fidèles compagnes pour vous ridicule. Ecarquillant exagérément les yeux, tu lâches une inspiration qui tire vers les aiguës. « T'es sûre ? Parce que toi encore, tu te débrouilles bien. C'est moi qui vais te foutre la honte. » Tu dis en riant. Mais finalement, vous étiez bien venus pour ça, alors pourquoi ne pas offrir ce fameux spectacle ? Quand vous en avez l'occasion, vous vous arrêter pour laisser les luges glissantes sur le côté, adieux déchirants scénarisés que tu joues pour les beaux yeux de l'américaine. En repartant, tu lui prends la main : quitte à tomber, vous le ferez tous les deux. Et légèrement hésitant, tu te lances à ses côtés.
Forcément, les glissades sont nombreuses. Les chutes, moins que tu ne l'aurais prédis. Ça ne vous empêche pas de vous retrouver quelques fois cul à terre alors que tout semblait aller bien. C'était comme ça, avec le hasard. Rien ne laissait prévoir ce qui allait arriver, et pourtant... Entres chutes et éclats de rire, vous ne lésinez pas sur le spectacle au plus grand bonheur des quelques enfants qui étaient autours de vous à ces instants. « Oh ça va, arrête de te la péter parce que t'as douze ans et que tu sais mieux patiner que moi.» Tu réponds en riant à un jeune homme qui s'était retourné, glissant à l'envers pour mieux se marrer de ton état. Bonne humeur ambiante, tu te relèves finalement et aide Fiona à faire pareil, glisse avant de te rattraper à nouveau in-extremis par la force des cuisses et d'un équilibre que tu venais de trouver. « Bon, c'est pas tout, mais c'est crevant de tomber toutes les cinq secondes. » La brune semble d'accord avec toi et vous décidez de faire quelques derniers tours de piste avant de quitter la scène glacée. « Tu voulais pas un chocolat chaud ? »

Faussement insurgé par la moquerie du gosse, qui, il faut dire, avait raison, tu te relèves et aide Fiona pendant qu'elle en rajoute pour prendre votre défense face au frimeur. Mots qui dépassent sa pensée, tu ne t'en rend même pas compte et ne comprend d'abord pas pourquoi elle s'excuse soudainement. Métaphore qui lui est sortie si naturellement, tu n'as même pas fait attention, déjà habitué à l'expression avant même d'être victime du sens propre. Vu la mine renfrognée de la jolie brune qui avait perdu son sourire, elle s'en voulait. Toi, t'éclates de rire, pas vraiment blessé par l'expression au sens devenu banal, véritables marques qui jonchaient ton corps et que tu n'appelais pas réellement "blessure de guerre", réalité augmentée de la vérité que t'avais du mal à entendre. Tu arques un sourcil, amusé. « Hey, j'te permet pas de dire qu'un bleu c'est pas une blessure de guerre. T'as mal pendant des jours et ça devient jaune au bout de trois jours, franchement, si ça c'est pas la vraie guerre... » Second degré que t'essayes de faire repasser au premier plan, volonté de rendre la conversation plus légère, tu lui fais finalement un clin d'oeil. « T'inquiète pas, je m'en fout. » Esquisse qui se veut rassurante qui se dessine sur tes lèvres, tu embarques la jolie brune en la prenant par la main quand elle accepte l'idée du fameux chocolat chaud en plein été. C'est vrai que c'était plus ou moins une tradition, là où les fêtes de fin d'années se passaient dans le froid; un cliché même, puisque selon Fiona, Noël ne se passait pas sous la neige pour elle non plus, quand elle était aux Etats-Unis. Pour toi, qu'avait toujours connu les fêtes de Noel en famille ici, c'était presque normal de manger des glaces et déguster des granités gelés. Malgré tout, ça t'amusait de changer tes habitudes, premier Noël que tu fêtais à la maison depuis dix ans, il était temps de tenter de nouvelles expériences. La joie de vivre de l'américaine était loin de t'y contraindre puisque tu n'étais finalement pas contre, puisque toi aussi, bizarrement, tu te pelais le cul. Tu rigoles d'ailleurs à sa remarque en hochant la tête d'un air grave. « J'aurais jamais pensé dire ça un jour, mais c'est vrai qu'on se les gèle. » Tu dis en te frottant les mains alors que vous sortiez de la piste de glace pour retirer vos patins, les rendre à l'accueil de la patinoire et récupérer vos chaussures. Marché de Noël installé à quelques minutes à pied de la patinoire, vous ne mettez pas longtemps à le rejoindre, installations lumineuses féeriques qui scintillaient de plus en plus à mesure que la nuit tombait, il faut dire que ça t'avait manqué. Stands et échoppes variées, qu'ils vendent à manger, à boire ou des objets artisanaux : il y avait du monde. Vous trouvez rapidement un stand qui vendait les fameux chocolats chauds désirés, et bien heureusement, il n'y avait pas tant de monde -le contraire t'aurait étonné-. En voyant Fiona sortir son portefeuille tu ne bronche pas, acceptant ton sort; égalité du rendez-vous, tu la laisse payer les boissons chaudes et quand elles sont finalement entre vos mains déjà réchauffées, tu souris en soufflant au dessus du gobelet. « Merci, j'ai hâte de déguster ce chocolat brûlant. Tu sais que c'est le premier été où j'en bois ? » Taquinerie constante, c'est à son tour de prendre la parole pour porter un trinquer avec un gobelet en plastique remplit de chocolat chaud : t'aura tout vu. Mais ça t'amusait, alors tu fais la même chose en hochant la tête. « A ce soir. A refaire, alors. » Rictus intéressé que tu laisses agrandir ton sourire, tu comptais bien revoir la jolie Fiona, surtout après ce premier rendez-vous officieux, complicité évidente que tu ne pouvais pas nier.