Matin pas de chance

with @Milan O'Brien + Harvey s’était rapidement habituée à sa nouvelle vie et à son appartement à South Bay, même s’il était franchement tenté de revenir à Wellington, là où personne ne le connaissait réellement et là où son drame n’avait pas lieu d’être, il ne semblait pas pouvoir quitter son nouveau quartier, la vue de son balcon, l’air de la mer et la sensation que cette dernière lui procurait chaque matin alors qu’il courait avant que le monde autour de lui ne se réveille. En l’espace d’un mois, il avait l’impression d’avoir vécu des choses, cette fois personnelles et non pas sur le plan professionnel. En effet, la plage lui rappelait ses retrouvailles avec son ami, Azraël, sa première vraie expérience à cheval, les sujets fâcheux qu’ils avaient traités, puis, l’étreinte que la brise lui avait donné alors qu’il venait d’apprendre que son fils n’était plus, la solitude qu’il avait ressenti, la présence de Derek… Bref, un tas de choses qui étaient arrivées à cet endroit même, le rendant plus spécial que ce qu’il en avait l’air.
Cette matinée n’était alors pas différente, comme à son habitude, Harvey changeait son short contre un jogging et un hoodie à capuche, des pantoufles contre des baskets, un téléphone chargée et une playliste qui motiverait la plus flemmarde des personnes et se dirigea vers le sable, courant des minutes qu’il ne comptait plus, s’arrêtant pour faire des étirements de temps en temps en appréciant le soleil qui se réveillait timidement réchauffant peu à peu la terre.

Il inspira profondément, l’air matinale lui donnait l’impression de vivre, lui donnant le courage nécessaire pour affronter la nouvelle journée qui s’annonçait à lui. Mais alors qu’il se retourne pour enfin se décider à délaisser cette vue et se diriger à son entreprise, il vit un corps qui semblait être en difficulté. Il se dirigea naturellement vers celui-ci pour s’assurer que tout allait bien. Ce n’était pas un héros qui volait à la rescousse de tout le monde, mais au vu de son karma du moment, faire un peu de bonnes actions ne lui feraient pas de mal… « Vous avez un problème ? » Hésitant, il s’approcha encore un peu. « Vous êtes blessé ? » Bien sûr qu’il l’était. Le jeune homme qui se tenait devant lui avait un visage plutôt fermé, même si bon, il ne le connaissait pas vraiment pour pouvoir juger si c’était son expression naturelle ou non, mais il n’y avait pas de doute que la journée n’avait pas bien commencé pour lui. Il lui tendit la main alors qu’il se baissa légèrement pour être plus ou moins à sa hauteur. « Appuyez-vous sur moi, je vais vous aider à vous relever. » Il espérait en tout cas que ce n’était rien de grave...

with @Milan O'Brien + Une des résolutions de Harvey pour la nouvelle année est de faire plus de bonnes actions. A la base, il aurait juste voulu s’excuser auprès des personnes auxquelles il avait fait du mal mais finalement, il s’est vite rendu compte que des excuses n’allaient pas tout arranger par magie. Oui, il avait trente-quatre ans et la quarantaine approchait à grands pas, mais Harvey n’avait presque pas vu le temps passé, probablement trop occupé à fixer son objectif, se noyer dans son travail pour oublier ses misères ou même pour se jeter dans cette illusion de vengeance qui n’allait jamais avoir lieu. Il a beau essayer, le mal était fait quand il était adolescent et même s’il gardait toujours des séquelles, la vengeance n’allait pas les faire partir. Et il devrait même arrêter d’essayer. Il était adulte et il a pu avancer jusque-là, se construire lui-même et construire une sorte de petit empire autour de lui devaient être suffisants pour qu’il aille mieux. Mais non, encore une fois, le karma, les mauvaises décisions et son aimant à connerie semblaient toujours lui causer des misères. Mais oui, faire plus de bonnes actions allaient probablement équilibrer la balance.

Ce n’était pas plus mal, les quelconques divinités qui contrôlent le monde lui envoyaient des occasions avant la nouvelle année, juste auprès de chez lui, pendant une séance de footing mondaine. Ni une ni deux, Harvey s’était approché du jeune homme qui n’avait pas l’air méchant ni ce genre de jeunes beaucoup trop fiers qui ne veulent l’aide de personne, ses traits s’étaient adoucis, alors Harvey allait probablement l’aider dans la joie et la bonne humeur, puis il rit, malgré la position plutôt misérable, il arrivait tout de même à faire des blagues. « Oh ne t’en fais pas, aucun risque de passer la nuit ici vu le monde qui va débarquer dans quelques minutes. » Et sa maison qui était juste à côté. Il aida alors le jeune homme à se relever, il n’avait pas non plus l’air lourd malgré les muscles qu’il pouvait ressentir, marchant doucement pour ne pas le brusquer ou aggraver la blessure qu’il n’avait toujours pas inspectée. « Vous raccompagner vers la route ? Et après ? Quelqu’un va venir vous chercher ? » Il ne s’attendait pas à avoir une réponse, il avait remarqué que son téléphone n’était pas fonctionnel pour le moment. Harvey observait ce genre de détail. Travailler dans le domaine du High Tech, cotôyer des Pentesters et des Ingénieurs Sociales lui avait appris beaucoup plus de choses qu’il ne le pensait. Comme ce genre de choses qu’il observait sans efforts et sans s’en rendre compte… Alors il rajouta sans attendre de réponse de son vis-à-vis : « Je vis à deux pas d’ici, si ça ne te dérange pas de débarquer chez un inconnu… J’ai des caméras de surveillance, ne t’en fais pas. » dit-il tout bas voulant le rassurer plus qu’autre chose qu’il n’était pas dangereux de un, et que s’il osait faire un quelconque faux-pas, on risquait de le retrouver facilement. Il suffit de pouvoir hacker son téléphone portable pour avoir accès à toutes les images... Il s’empressa de lui sourire, jugeant sa phrase plus flippante qu’il ne le pensait. « Mais bref pour dire, tu pourras recharger ton téléphone ou utiliser le mien d’ailleurs, si tu as des numéros en tête, puis on verra pour ta blessure, ça ne me paraît pas méchant, c’est peut-être une entorse ? J’ai de quoi la soulager je pense. Et si tu veux, je peux même t’emmener à l’hôpital, c’est à côté de mon boulot, faudra juste attendre que je me change tout ça… » Du Harvey tout craché, son cerveau s'activait à trouver le plus de solutions possibles et puis… il réfléchissait souvent à haute voix, pratique pour s’organiser mais pas sûr que son interlocuteur le suive…

with @Milan O'Brien + Il se doutait bien que le jeune homme était gêné face à la situation, à vrai dire, toute personne le serait, débarquer chez un inconnu et en mauvaise forme faisait franchement flipper, surtout avec tout ce qu’on entend et on voit à la télé, mais on était à Island Bay, une petite ville où presque tout le monde a des connexions, des amis ou proches en commun avec tout le monde. Puis honnêtement, Harvey n’avait pas l’air d’un criminel, si ? « Oh je t’en pris ce n’est vraiment rien, et puis tu peux me tutoyer. » Il avait l’air plus jeune mais pas assez pour qu’il y ait autant de politesse entre eux, Harvey se considérait toujours comme étant “jeune” et il aimait bien avoir cette étiquette en dehors de ses bureaux. « Tu as raison, enchanté Milan, moi c’est Harvey ! » Le chemin n’était pas très loin de la plage vers la maison de l’informaticien et Milan n’était pas non plus très lourd ou il faisait probablement assez d’efforts pour ne pas être une sorte de fardeau pour son vis-à-vis, en tout cas, ils se trouvèrent rapidement dans la demeure du plus vieux, il installa Milan sur le sofa de la pièce de séjour, heureusement qu’il était maniaque en ce qui concerne la propreté, autrement, l’inconnu verrait un vrai bordel à la place d’un logement. « Fais comme chez toi. » Il lui lança la télécommande, si jamais il voulait l’allumer puis chercha sur un tiroir d’un meuble des chargeurs de téléphones. « Tu as quoi comme téléphone ? J’ai le type C et le micro USB. La prise est juste à côté là-bas, tu peux y arriver ou tu préfères que je t’aide ? » ça ne demandait pas de marcher pour l’atteindre, elle était vraiment juste à côté du Sofa.

Harvey tourna autour de lui, un peu perdu d’avoir quand même un étranger chez lui mais surtout, parce qu’il essayait de penser à tout pour le confort de ce dernier, ça datait la dernière fois que quelqu’un débarquait de cette façon à l’improviste… De l’eau ! pensa-t-il. Il courut presque à la cuisine pour ramener une boisson au jeune et des glaçons qu’il a failli oublier. « Normalement tu as tout à ta disposition, ça te dérangerait que j’aille rapidement me doucher ? » En effet, il ne s’était toujours pas changé pour la journée et il sentait toujours autant la sueur sur son corps, pas très hygiénique après une séance de footing matinal… Puis, bien sûr qu’il n’allait pas tarder sous la douche, déjà parce qu’il avait un “invité” mais en plus il était généralement rapide, sauf les weekends où il prenait plus ou moins son temps.

with @Milan O'Brien +Douche prise, Harvey prit son téléphone pour prévenir son ami et collègue qu’il viendrait un peu plus en retard que d’habitude aujourd’hui, ce n’était pas de son habitude alors l’ami en question s’inquiéta et demanda aussitôt si tout allait bien et c’était le cas. Il le rassura alors rapidement, toujours par SMS pour éviter que Milan n’écoute la conversation et se sente encore plus gêné de le déranger ce qui n’était pas vrai non plus, le chef d’entreprise n’avait aucun rendez-vous important la matinée et l’équipe pouvait se passer de lui pendant trente minute ou une heure, voire plus. Il s'habille rapidement avant de débarquer une nouvelle fois dans le salon, sa trousse à pharmacie à la main. « Comment tu te sens ? » Il alluma la radio pour un bruit de fond, il avait oublié de le faire plutôt et Milan dû s’ennuyer à mourir, même s’il avait la télécommande à proximité, mais bien sûr qu’il n’allait pas s’en servir, il était vraiment gêné… « ça s’est calmé un peu ? J’ai une chevillère, tu peux la mettre en attendant qu’on arrive à l’hôpital, si elle est immobile ça ne te fera pas mal. »

Joignant le geste à la parole, il lui donna la chevillère et l’aida à la mettre correctement, d’ailleurs, il fallait qu’il fasse un stage de premier secours maintenant qu’il y pense, si ce n’était pas ses anciennes blessures il n’aurait sûrement pas su comment s’y prendre, et puis la plage est dangereuse en temps normal, si cette fois ça ressemblait à une entorse, une autre fois pourrait être plus grave. Puis une fois fini, il se redresse invitant Milan à faire pareil pour éviter qu’il n’appuie sur sa jambe « Je n’ai pas de béquille mais la voiture est juste en face de la porte d’entrée, un petit effort et on arrive. Et sinon, tu fais quoi dans la vie Milan ? » il tente de faire la conversation déjà pour qu’il ne sente pas les efforts qu’il fait pour traverser le salon mais aussi pour changer un peu d’atmosphère vers quelque chose de plus amical et plus chaleureux peut-être.