sauver, draguer, tiser (camiam)

tu regardes sans regarder. les quelques verres que tu enchaînes. la musique qui te prend la tête. la musique qui t'empêche de penser. c'est l'but, c'est pour ça que t'es là. ne pas trop penser, ne plus trop penser. c'est ton truc, ça, en ce moment. juste fermer les yeux et attendre que le temps passe. t'es pas malheureux, mais t'es pas pour autant heureux. t'as voulu trouver des courbes féminines. une demoiselle, ouverte à toute proposition. plaisir charnel, pour un soir. pour une nuit. se perdre dans les draps d'une femme pour oublier celle qui te brusque à chaque fois que tu poses ton regard sur elle. seulement, c'est seul que tu remets ta veste, c'est seul que tu glisse ton bonnet sur la tête, et c'est encore plus seul que tu t'écartes. les bras le long du corps, les mains qui poussent la porte de sortie. sortie de secours. sortie expresse, un peu des deux. ou aucune des deux. même toi, tu n'en sais rien et le pire, certainement, tu t'en fiches. complètement. éperdument. et tout ce qui s'en rapproche. un pas après l'autre, l'air frai d'une soirée bien entamée qui glisse sur ta peau. les yeux perçants, qui observent les environs dont tu n'es toujours pas habitué. rien d'extraordinaire, et en même temps, quelques beautés, si on regarde bien. si on regarde mieux. sourire, sur tes lèvres, tu n'sais pourquoi. il disparaît, aussitôt que tu tentes de le comprendre. la tête que tu secoues. regard qui tombe sur une rouquine, et un mec. tableau normal. pas tellement. une petite qui se débat, qui semble vouloir fuir, et un lourd. gros lourd certainement alcoolisé qui ne veut pas la lâcher. l'aider ? ça te semble la meilleure idée. ça pourrait être ta bonde, et tu pourrais ne pas être là. tu traverses la rue, tu te faufiles rapidement. arrivé à la hauteur, tu observes la scène. hey mec, j'te conseille de la lâcher, maintenant. immédiatement même, si tu j'veux pas que jm'énerve. c'est sur ma copine que tu t'acharnes p'tit con. ça te semble la meilleure des solutions. la faire passer comme une proche. très proche même. ton regard, sur la rouquine, rapidement. regard de braise, coeur qui bat un peu plus fort. soulagement dans ses yeux. enfin, tu crois. tu penses. tu veux, surtout.

Il est tard, mais pas assez pour que la soirée touche à sa fin. Je n’ai pas bu beaucoup, deux verres, peut-être trois, mais je ne suis pas assez amochée pour répondre aux avances de ce mec lourd qui me fait de l’oeil depuis le début de la soirée. « Je t’ai vue sur les magazines… » J’esquisse un sourire forcé. « C’était pas moi. Je suis caissière au supermarché. » Son regard coule sur mes formes magnifiquement mises en valeur dans cette robe de couturier. Quelle conne. J’aurai dû mettre une djellaba j’aurai été moins emmerdée. Le voilà qui tente une approche mais je me recule juste à temps. « Woow, on va se calmer hein, j’ai pas assez bu pour dire oui à un mec comme toi. Donc lâche moi, compris ? » Le mec se la joue vexé et déguerpit. Juliet semble mettre trois plombes à revenir et je lui envoie un message, mais rien. Je me décide alors à aller voir du côté des toilettes mais je la retrouve presque à moitié à poil, la langue dans la bouche d’un mec franchement pas dégueulasse. « Juliet j’me casse, bonne soirée ! » Elle prend juste le temps de lever la main pour me saluer et je soupire, quittant directement la soirée, désespérée de l’issue de cette dernière. Je sors mon téléphone pour appeler mon chauffeur et lui demander de venir me chercher, mais avant que j’ai pu le faire, le mec lourd arrive en courant jusqu’à mon niveau. « Hey, tu t’en vas déjà tu dis pas au revoir ? » Je soupire et tourne la tête vers lui. « Ouais, désolée mais j’avais envie de rentrer seule. » « T’es sûre ? Je peux te tenir compagnie si tu veux… » Le voilà qui se rapproche et il commence à vouloir me peloter. « Lâche-moi putain j’t’ai dit que tu m’intéressais pas ! » Mon coeur commence à battre plus fort et je sais que sous l’adrénaline et la colère, je suis capable de faire des choses complètement dingue, je ne voudrais pas non plus me retrouver en prison pour lui avoir explosé la gueule par terre. Si seulement. Mais heureusement, une voix masculine raisonne à mon oreille. « hey mec, j'te conseille de la lâcher, maintenant. immédiatement même, si tu j'veux pas que jm'énerve. c'est sur ma copine que tu t'acharnes p'tit con. » Je tourne la tête et découvre la silhouette de mon nouveau héros qui s’approche, laissant pantois l’autre tâche. J’en profite pour courir vers l’inconnu aux bras tatoués, entrant dans son jeu. « Mon amour… » Je me jette sur lui et me blottis immédiatement dans ses bras, alors que le mec qui a bien failli bousiller ma vie s’excuse comme un abruti. « Merde, j’savais pas, j’pensais pas qu’elle avait un mec… ouais, pardon… » Et il déguerpit plus vite qu’il est arrivé vers moi un peu plus tôt. Je tente de calmer ma respiration rapide, la tête plaquée contre le torse du bel inconnu, son bras autour de moi qui semble me rassurer. Je soupire et m’écarte au bout de plusieurs longues secondes. « Merci… » Mon regard se plante dans le sien et je peux enfin prendre le temps de découvrir son visage, de la couleur de ses yeux aux traits de sa mâchoire couverte par une barbe de quelques jours.

son regard, qui trouve le tien. elle te regarde, là, surprise, certainement. tu ne l'es pas toi. t'es intervenu, parce que ça te semblait normal. simplement. alors tu la vois, tourner les talons. pendant un instant, tu crois qu'elle va fuir. qu'elle va s'écarter, ou même te demander pour qui tu t'prends. après tout, t'es là, en train de la regarder, de te faire passer pour son copain. mais non. elle s'avance, ses bras, autour de ton. corps qui se heurtent. le sien contre le tien. tu fermes un bras, autour de son corps, sans t'y attendre. réflexe qui te prend. tu la gardes contre toi. simplement. frissons qui s'infiltrent dans ton organisme alors que tu ne perds pas du regard le type.  Mon amour…  un soufflement, tu souris, malgré tout, mais tu ne la regardes pas encore. le temps que l'mec s'en aille. disparaisse.  Merde, j’savais pas, j’pensais pas qu’elle avait un mec… ouais, pardon…  et il s'en va. très rapidement. tu la gardes dans tes bras, la déesse aux cheveux de feu. tu la gardes, son odeur qui vient s'infiltrer dans ton cerveau..  Merci…  elle se décale un peu, elle porte son regard, dans le tien. contre le tien. tu la regardes, tu n'en perds pas une miette. fin sourire, sur tes lèvres, fin sourire qui se dessine oui, sourire en coin. c'est normal. tu lui souffles, simplement, en te décalant encore. ton bras, qui finit enfin par s'écarter de son corps. tu te recules, encore un peu. puis faut dire, avoir une belle femme qui se jette dans ses bras, c'est plutôt agréable. tu continues, sur ta lancée. t'as pas envie de la lâcher, mais en même temps, tu viens de la "sauver" d'un gros lourd. c'est certainement pas pour en devenir un. non. mais alors, qu'est-ce que tu peux faire d'autre. t'as pas envie de partir. non. t'as pas envie d'abandonner cette âme que tu es en train de découvrir, tout juste. mais j'ai trouvé que ça, pour qu'il s'barre. foncer dans l'tas, ça t'arrive, surtout quand tu sens que ça te prend aux tripes. ça aurait été ta blonde, tu sais que tu l'aurais frappé. tabassé.

Je joue le jeu instauré par le jeune homme. S’il vient me sauver des griffes de ce pervers, c’est qu’il soit pas être méchant, au contraire. Je me love dans ses bras, cherchant la puissance et le réconforte, et j’entends l’autre abruti faire demi-tour, s’excusant comme si mon sauveur faisait 2 mètres de plus que lui. J’attends quelques secondes, le temps de calmer mon coeur, et je m’écarte pour le remercier. « c'est normal. » Il se recule doucement, de manière à ce que nos regards se croisent, avec une certaine intensité. « puis faut dire, avoir une belle femme qui se jette dans ses bras, c'est plutôt agréable. » Je laisse échapper un petit rire, me détendant doucement de l’épisode précédent. C’était moins une, il aurait pu se passer quelque chose de bien plus grave s’il n’était pas arrivé. Je sens son regard sur moi, je baisse les yeux une seconde feintant presque la petite fille timide, avant de relever le regard pour le plonger à nouveau dans le sien. « mais j'ai trouvé que ça, pour qu'il s’barre. » Je hoche la tête et esquisse un semblant de sourire. « Oui, c’était une bonne idée. » Je viens refermer mes bras autour de mon propre corps, passant mes mains sur mes bras dont je peux sentir les frissons dûs au froid me donner la chair de poule. « Avec ce qu’il s’est passé, j’me sens pas super en sécurité, ça te dérange de me raccompagner ? » Je lui sers mon regard de chat potté, pour être sûre qu’il accepte. Je ne me sens pas très en confiance en pleine nuit, sans garde du corps, sans chauffeur. je pourrai bien appeler ce dernier pour qu’il vienne me chercher mais je l’entends déjà râler. Après tout, on est pas si loin de chez moi, quelques pâtés de maisons, dix minutes à tout casser, peut-être un peu plus à cause de mes talons. Le jeune homme accepte et nous commençons à marcher. « Je m’appelle Cameron, au fait ! » Je tourne la tête dans sa direction pour lui offrir un sourire. « Et comment s’appelle mon sauveur ? »