she's fine ; morgan

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— with @Morgan Burrough

Double journée pour Nina. Enfin, c'est pas bien grave. Elle dort pas beaucoup. Elle est comme le lapin Duracell. Elle est montée sur piles. Des piles qui durent longtemps. Et elle n'a pas besoin de beaucoup pour recharger ses batteries, si on peut dire ça ainsi. Pourquoi double journée ? Parce qu'elle a été au centre. Comme tous les jours de la semaine. Et ce soir, en plus, elle doit garder Norma Jean. Sept ans. Sept longues années qu'elle bosse pour Morgan. Mais elle ne le considère pas comme un patron. Plus comme un ami. Certes, au départ, c'était son patron. Et puis, quand sa mère est morte, Morgan était là. Il l'a consolée. Réconfortée. Il lui a même offert un toit. Le temps qu'elle se retourne. Elle pouvait pas garder l'appartement. Elle devait enterrer sa mère. Elle était dans une misère monstrueuse. Et le temps qu'elle s'organise, il a été là. Il a toujours été bourru quant au fait de ... d'accueillir des gens chez lui. De les laisser squatter. Mais quand Nina a eu besoin, il a été là. Il lui a tendu la main. Elle lui en a toujours été reconnaissante. Et elle le sera toujours. C'est pour ça que même si elle a plus ou moins lâché le baby-sitting depuis qu'elle bosse au service téléphone des appels d'urgence, Nina ne peut pas dire non à Morgan quand il a besoin d'elle.

C'est pour ça que ce soir, elle est chez lui. Parce que Norma Jean a besoin d'aide avec ses devoirs. Mais également parce que Morgan rentrera tard. Il l'a un peu prévenu à la dernière minute mais pas grave. Elle n'avait pas grand chose à faire. Nina est donc attablée à côté de Normal Jean qui est en train de galérer sur son devoir. Nina n'a jamais été très bonne élève. Mais elle essaie de l'aider. Autant qu'elle le peut. "J'crois que c'est ça. Et qu'on y est arrivées." Elle a un sourire. "On s'fait un check ?" Un câlin oui. Elles se font un câlin rapide. Nina lui prépare à manger, aussi. Même si elle n'est pas la plus grande des cuisto ! Elle se débrouille. Elle n'a jamais tué personne. "Tu voudras faire un jeu après ?" Pourquoi pas qu'elle lui répond. Ce qui fait sourire Nina. Ouais. Un petit monopoly. Ou une bataille navale. Ou que sais-je encore. Elles vont s'amuser un peu. Après quoi Norma Jean devra quand même prendre une douche rapide. Hygiène avant tout. Se brosser les dents aussi. Et puis go au lit. Même si c'est encore les grandes vacances, et que ... que l'école ne reprendra qu'en février, c'est bien qu'elle fasse quelques devoirs. Et qu'elle ne perde pas la main.

Il est un peu plus de vingt-heures trente quand la porte de la maison finit par s'ouvrir. Nina redresse la tête tandis qu'elle vient de jouer un coup aux dames. Elle a de l'avance sur Norma Jean. Mais ça ne veut pas dire pour autant que tout est fini pour elle. La fillette arrête tout soudainement pour aller faire un câlin à son père. Elle a bien vu ... qu'elle n'était pas ... comme d'habitude. Sans doute le fait qu'elle ait été dans une famille d'accueil le temps que son père fasse son temps en prison. Peut-être qu'il faudra qu'elle en touche deux mots à Morgan. Nina se lève à son tour pour venir le saluer. Lui faire la bise. "Bonsoir ! La journée a pas été trop dure ?" Sans doute. Faire des heures supp', en plein été, c'est pas la joie non plus !

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J'étais plutôt content de retrouver la maison, même si j'avais le sentiment de ne plus me sentir aussi bien qu'avant chez nous.
On s'était embrassés, câlinés, on avait pleuré, mangé des pizzas, fait du base ball dans l'allée, Avec Norma jean qui voulait qu'on l'appelle NJ maintenant.
Mais je sentais comme une fissure au fond de moi, remplie de tristesse et de mélancholie. Je l'avais attribuée à quelques vestiges de ce temps passé derrière les barreaux, à m'insurger contre l'injustice qui faisait de surcroit de ma fille une victime.
Mais ce soir, ça allait mieux. Nina était là, comme souvent lors des jours heureux passés. Les retrouver toutes les deux autour de la table de la cuisine semblait avoir rendus ces temps joyeux moins lointains. J'ai embrassé Norma, qui sentait bon la savonnette, et j'ai remercié en pensée une nouvelle foi Nina de m'avoir sorti une fameuse épine du pied!

Par dessus la chevelure de ma fille, j'ai lancé un regard reconnaissant à Nina, tout en lui répondant la phrase attendue

-Non pas trop Nina, merci...

J'avais trop entendu mon père vanter le mérite de la fatigue pour mesurer la qualité du travail pour envoyer, même indirectement l'idée d'une inéluctable association de merde entre le travail et la pénibilité, bien qu'en fait je sois un peu claqué par les efforts faits pour démonter cette saloperie de transmission sur la camionnette du laitier qui devait impérativement tourner avant qu'on ferme ce soir.
Nina me connaissait bien, depuis le temps qu'on se pratiquait l'un l'autre, et elle savait comme je pouvais être parfois emprunté pour dire ma reconnaissance avec des mots, aussi étais-je certain qu'elle avait su interpréter mon regard.
Les filles avaient mangé, et sur le rebord de la petite table basse, je voyais la pochette orange contenant les documents de l'exposé que Norma Jean devait finir pour la rentrée. Connerie du système scolaire qui oubliait que les vacances étaient logiquement faites pour se reposer.

-Bon, Miss Norma Jean, on met son pyjama et...

- et une claque sur l'cul et au lit!

Phrase rituelle depuis qu'elle avait, à l'école élémentaire importé cette réplique ce qui avait provoqué mon courroux. Je tenais à ce que l'on châtie la langue à la maison!
je répliquai par le non moins ritualisé regard noir en mémoire de ma vraie colère originelle, tandis quelle courait vers l'escalier menant à sa chambre pour singer la fuite de l'enfant craintive des foudres paternelles.
Je n'aurais su dire lequel des deux s'amusait le plus de cette cérémonie, témoignage rassurant de la permanence de notre complicité.
Je me tournai alors, encore attendri, vers le plan de travail devant lequel , à en croire les cliquettements de vaisselle, Nina s'affairait.
cambrée au dessus du bac de l'évier, ses fesses tendaient le tissus de sa jupe d'une façon qui provoqua en moi une association curieuse entre les propos enfantins de ma fille et mes graveleuses pensées.
Merde, c'est vrai que Nina était devenue...bonne!
Je me secouai, comme on le fait pour effacer un gribouillage dont on a honte sur un télécran, avant de lancer, sur un ton qui me parut artificiellement dégagé.

- T'emmerdes pas Nina. J'm'occuperai de ça demain. Ca c'est bien passé avec la petite?

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Morgan vient de rentrer. Et il lui répond, tout aussi, que ça n'a pas été une journée des plus géniales. "Désolée ... A croire que toutes les voitures ont décidé de partir en sucette en même temps." Elle a un léger sourire. Elle veut essayer de lui remonter le moral. Mais c'est peut-être plus facile à dire qu'à faire. Oui. "J'vais croiser les doigts pour que ça aille mieux pour toi." D'ici à quelques jours. Quelques semaines. Et puis, c'est l'été. Il faut chaud. Enfin, le temps reste quand même clément en Nouvelle Zélande. C'est ça qui est bien. Ni trop froid. Ni trop chaud. Juste ce qu'il faut. Ce qui est parfait. Mais quand même, température un peu plus élevée, des gens un peu plus grognons. Ou qui ont du mal. Est-ce que Morgan est grognon avec elle ? Maussade peut-être. En même temps, dernièrement, la vie n'a pas été simple pour lui. La prison, comme on le dit si souvent, ça change un homme. Ouais. Et même s'il n'en parle pas avec elle, Nina se doute que ce n'est pas simple pour lui. Déjà que c'est pas facile pour sa gamine ... Ca doit être pareil pour lui d'ailleurs.

Nina finit par ranger le jeu. Parce qu'elle se doute que NJ ne va pas continuer à jouer maintenant que son père vient de revenir. Non. Elle va aller faire la vaisselle. Parce qu'elle n'a pas encore eu le temps de le faire. Elle laisse donc père et fille se retrouver quelque peu. Elle va s'occuper de la vaisselle. Ensuite, elle rentrera chez elle. A moins que Morgan ait envie qu'elle reste un peu pour papoter avec elle. Il est peut-être pas aussi expansif que ça. Peut-être qu'il va préférer aller sous la douche. Se boire une bonne bière et mater un film. Ou un match. Si elle doit partir, elle s'éclipsera. Miss rouquine n'est pas du genre, non plus, à tenir la chandelle. Tel un éléphant qui ne fait pas dans la demi-mesure, NJ grimpe les escaliers comme si sa vie en dépendait. Une grâce naturelle, si on peut dire ça ainsi, ce qui fait sourire Nina à dire vrai. Et pas qu'un peu. Elle est marrante la petite. Même si ... même si elle sait que pour elle aussi, c'est pas drôle en ce moment. La vie nous joue des tours. Nina sait très bien ce que c'est. Après tout, sa mère est morte pile l'année où elle escomptait faire des études. Elle en a fait. C'était pas pour elle apparemment. Qu'est-ce qu'elle ferait, en ce moment, si sa mère était toujours vivante ? C'est une question qu'elle se pose assez souvent. Elle n'a pas trop mal tourné. Ca aurait pu être pire. Elle est tombée sur les bonnes personnes, sans doute. Celles qu'il fallait pour qu'elle ne sombre pas. Et qu'elle évite les mauvaises ... fréquentations. Ouais.

Une voix s'élève dans son dos. Elle a pas besoin de faire la vaisselle. "Oh, t'inquiète, c'est rien ! y'a pas grand chose en plus." Elle tourne légèrement la tête vers Morgan. "Y'a encore des pâtes si t'as pas mangé. C'est dans le micro-ondes." Soit il s'amuse à reprendre une casserole et y faire chauffer dedans. Ou bien soit il se contente d'utiliser le micro-ondes. Libre à lui de faire comme il veut. Peut-être qu'il a mangé un bout avant de rentrer à la maison. Ou peut-être qu'il a la dalle. "Ca a été." Tandis qu'elle reprend la vaisselle. "Ca a pas été simple avec son devoir mais on a réussi à s'en sortir !" Une véritable galère. Le jour où elle aura des enfants, ça sera peut-être pas simple. Non. Mais bon, elle n'en est pas vraiment encore là. Un jour peut-être bien. "Mais j'dois t'avouer que j'la sens un peu sur la réserve." Elle se tourne vers Morgan. "Elle est ... différente." Ou du moins, Nina la trouve différente. Elle ne sait pas trop si c'est à cause de son père, la prison, ou bien si y'a encore autre chose là dessous.

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C'était fou comme le retour de Nina redonnait un parfum des jours heureux à la maison!
C'était vrai que ça faisait un fameux bail qu'elle était entrée dans la famille! Avant la cafetière qui faisait des vrais expresso à l'Italienne par exemple...Et pour cause puisqu'elle me l'avait offerte pour me remercier une fois pris son nouveau départ dans son nouveau chez elle. Même que j'étais super gêné, parce qu'un engin comme ça, ça devait couter bonbon, et que j'sais bien qu'elle roule pas vraiment sur l'or Nina. Mais elle était comme ça, généreuse...Et j'l'aimais bien aussi à cause de ça!
Le café et nous...Une vieille histoire dont l'évocation me refilait la banane, bien que je sois quand même un peu crevé.
elle l'aimait pas ma vielle machine orange chinée dans un vide grenier, qui crachouillait de la vapeur sous son couvercle en plastique gondolé.
Elle disait que ca faisait un jus de chaussette infâme, et qu'en plus ca collait des gouttes de café partout. Moi j'l'aimais bien, ce café clairet, qui me rappelait un peu celui des diners, au pays... Pis les goutes, franchement, j'en avais rien à cirer!
Quand son percolateur de la mort est arrivé, y'avait fallu lui faire de la place et ranger l'orange mécanique au grenier.
Putain, j'ai mis un mois à prendre le plis ...Merdoyant dans l'ordre d'appui des boutons, me gourant de capsules ou oubliant d'en mettre...
et pas loin d'une année à m'habituer aux jus corsés, même en version "allongée" d'extrait de café que restituait le terrible engin.
mais même dégueulasse d'amertume j'le trouvais bon ce café, parce que c'était un peu de sa bienveillance que j'buvais dans ma tasse avant de démarrer ma journée.
J'ai ouvert la porte du micro onde pour regarder à quoi ressemblaient les fameuses pâtes...Parce que j' savais que la cuisine expérimentale de Nina, parfois, c'était un poil trop avant gardiste pour un vieux mec comme moi!
Des macaronis, sur lesquels des tranches de cheddar fluorescentes s'étaient avachies... Bouffe d'ado. Norma jean avait du adorer. je souris à l'idée, en enclanchant la minuterie. j'avais faim. Ca m'allait!

-Merci d'avoir pensé à moi pour le repas.. J'ai la dalle! t'imagines même pas!

La sonnerie indiquait que c'était prêt. j'avais soif aussi! Je suis allé au frigo piocher une bouteille de bière, et machinalement, j'ai aussi sorti le lait que j'ai posé sur la table. Elle était devant le placard, et je l'ai frôlée pour prendre un verre afin de le remplir pour qu'on trinque ensemble, comme avant.
je le lui tendis remarquant alors que ses seins, dans l'alignement de mon bras avaient pris un troublant volume... Et en croisant dans la seconde suivante son regard, je me sentis bien con, avec mon verre de lait.

- chuis con! Tu préférerais peut être une bière?

L'assiette était fumante, dégoulinante de fromage luisant. J'engouffrai une imposante fourchetée avec avidité... C'était chaud, ca faisait du bien!

- Ha ouais, vous en avez bavé pour ce devoir de merde...Ils abusent les profs, j'te jure

j'avais souri avec compassion, parce que je devais bien le reconnaitre pour avoir aidé au démarrage du travail, c'était un truc bien trop complexe à mon sens pour des mômes de 13 ans...Ceci dit, Nina n'avait pas 13 ans!
Ca lui faisait combien maintenant 20? 22? Merde 23, déjà...tu m'étonnes qu'elle fasse vraie gonzesse maintenant!

le seconde bouchée se bloqua en cours de déglutition, parce que je sentais au ton embarrassé de Nina qu'un truc tournait franchement pas rond, à propos de Norma Jean.
Elle avait raison. elle avait changé ma gosse. plus secrète, plus grave aussi. Bon, c'était un âge ou on changeait 13 ans mais moi aussi j'la sentais pas trop bien depuis ...toutes ces merdes!

- Tu vois, c'que tu dis Nina, ça confirme c'que j'sens !

j'avais repris mon repas après une gorgée de mousse à même le goulot...parce que ouais, j'avais vraiment faim et qu'en fait, sa bouffe d'ado, j'trouvais ça au final même plutôt bon!

- Bon , on va pas se mentir...tu sais c'qu'on a vécu Norma jean et moi...Forcément ca laisse des traces!

Tout en mastiquant je tentais de trouver quoi faire pour aider ma fille à passer ce putain de cap

- Tu crois que j'devrais la conduire chez un psy, toi?

**○ inscrit le** : 07/09/2016

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Elle a de l'affection pour Morgan et sa fille. Parce que ça fait sept ans. Sept longues années qu'elle bosse pour lui. Pas tous les jours. Pas tous les soirs. Mais y'a quelque chose de fort quand même. Elle a vu grandir NJ. Et peut-être que la rouquine elle-même a grandi en passant du temps avec eux. Oui. A la mort de sa mère, elle était toute seule. Renfermée. Elle ne savait pas quoi faire. Elle ne savait pas comment le faire. Elle n'avait plus de toit. Elle était paumée. Elle était perdue. Elle était vraiment pas bien la pauvre. Du tout. Peut-être ... qu'elle aurait eu les mauvaises fréquentations. Ou peut-être qu'elle aurait été ... elle ne sait pas trop. Tout ça, c'est derrière elle maintenant. Elle n'a plus ... elle n'a plus à s'en préoccuper. Non. Parce que tout ça, c'est loin derrière Nina. Parce que ça va bien en ce moment. Oh, bien sûr, elle n'est pas à l'abri d'une nouvelle galère. Mais celle qui est en galère, pour le moment, c'est bien NJ. Ouais. Mais passons.

Il semble ravi qu'il ait de quoi manger. "J'en ai fait plus spécialement parce que je me doutais que t'aurais pas le temps de manger." Elle lui offre un sourire. "Et puis, si au final, t'avais eu le temps de manger, j'aurais simplement mis tout ça au frigo. Et toi ou Norma, vous y auriez mangé plus tard." Ca n'aurait pas été perdu. Du moins, elle ne le pense pas. Rien ne se perd quand on y mange plus tard. Certes, quand on passe les choses au micro-ondes, c'est moins ... savoureux. Enfin, pas tous les plats. Y'a des choses qui se font bien au micro-ondes. Et d'autres, quand on y réchauffe, c'est pas génial. Enfin, ce qu'elle en dit.

Le dong de la machine retentit. Morgan finit par lui tendre un verre de lait alors que dans l'autre main, il a une bière. Elle est étonnée quand même. "Tu sais que je suis majeure, non ?" Elle se moque un peu de lui. Juste un tout petit peu. Il est fatigué. Elle ne va pas lui en tenir rigueur. Non. "Mais j'avoue, oui, c'est vrai que je préfère une bière." Il pourra toujours remettre le lait au frais, avec le verre de lait également. Ca se boira plus tard ça aussi. Nina le laisse avec son verre et elle finit par s'attraper une bière qu'elle décapsule assez rapidement. Elle parle de ce devoir un peu trop ... dur à dire vrai. Et pas qu'un peu. Nina, elle a fini le lycée. Elle a essayé l'université, ça ne lui a pas plu. Et elle a essayé deux cursus différents ! Mais rien n'y a fait. Non. C'est mieux comme ça. Certaines personnes ne sont pas fait pour l'école et les cours. C'est la vie. Elle s'installe sur le rebord de l'évier en se hissant un peu. Elle se retrouve les pieds dans le vide tandis que Morgan est en train de manger ses pâtes. "Pour un devoir de merde, j'avoue, il était gratiné celui-là !" Il était clairement pas simple. "Mais le principal, quand même, c'est qu'on a réussi à le faire. Elle va être tranquille maintenant !" Bon, ok, la reprise des cours, c'est en février. Mais elle est débarrassée maintenant. Elle sera ... NJ n'aura plus à penser à ce fichu devoir. Non. Une bonne chose de faite.

Ils vont pouvoir discuter, plutôt, de ... et bien ... de ce que peut ressentir la jeune adolescente. Elle trouve qu'elle n'est pas bien dans sa peau. Et c'est pas forcément évident d'en parler avec Morgan. Parce qu'elle peut se tromper. Ou du moins, ne pas voir les choses. Apparemment, elle a fait mouche. Parce que ... parce que Morgan semble être d'accord avec elle. "J'pensais ... que je me faisais des idées." Elle lui offre un léger sourire qu'elle veut réconfortant. Ou du moins, elle essaie. Elle boit un peu de sa bière. La prison ... Il pense que c'est la prison qui l'a marquée. Et Nina est plutôt d'accord avec lui. "J'pense que ... ça pourrait pas lui faire de mal." Elle secoue la tête. "le problème, c'est qu'il faut qu'elle accepte de parler. Et parfois, parler, c'est pas évident." Nina a essayé de lui tirer les vers du nez. Mais ... Elle a pas trop voulu parler la petite. Elle s'est pas heurtée à un mur pour autant. Mais elle n'a pas tiré grand chose. "T'as essayé de lui parler toi ?"

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Si j'avais essayé de parler avec Norma jean? Quelle question! Evidemment que j'l'avais fait! Ca faisait pas loin de 13 ans que je mettais tout en oeuvre pour avoir un rapport constructif avec ma fille!
Elever...mettre en hauteur...donc! Putain les mots ont du sens, quoi!
Je me repris. C'était Nina qui me parlait, Nina dont les jolies jambes se balançaient négligemment au niveau de ma figure sans même que j'y prête attention, tant pour le moment mes pensées étaient focalisées intensément sur Norma jean. Moi qui d'ordinaire, pourtant, ne restait guère insensible aux charmes des gambettes féminines!
Et puis c'était aussi parce que Nina, c'était la famille en quelque sorte, et le fait de nous retrouver ensembles pour parler de la petite me le rappelait avec d'avantage de force encore. Et justement, Nina était suffisamment intime pour savoir au moins aussi bien que moi combien j'étais impliqué dans l'éducation de Norma jean, et que le dialogue avec elle avait une place primordiale dans ma conception de la chose.Nina et moi avions bien des choses en commun, dont parfois une tendance à dire les choses trop vite, instinctivement, sous l'impulsion de la pulsion du moment, quitte à parfois les exprimer maladroitement.
Oui, elle avait juste voulu savoir si ce dialogue n'était pas rompu. Je avais pas le sentiment qu' c'eût été le cas. toutefois, je ne pouvais dénier que l'échange s'était détérioré

-ben tu vois bien...c'est pas si simple

Et me raccrochant à une fallacieuse lueur d'espoir j'ajoutai

-bon c'est peut être juste l'âge aussi?

Pourtant on s'était expliqué suite à la violente intrusion policière dans notre vie paisible. Pas violente au sens où les choses se soient passées avec brutalité. Les flics m'avaient cueillit comme une fleur à l'aube, tranquillement. J'me méfiais de rien depuis si longtemps, 'faut dire!
Non violente de par ses conséquences.
Merde, elle avait fini dans un foyer, son père était soupçonner de meurtre,... c'était quand même salement lourd!
L'pire, c'est que j'y était pour rien dans l'histoire...Un comble! mais basta, pas la peine de me cailler le lait avec ça. C'était fait et le rat qui m'avait balancé ce putain de colis empoisonné avait réussi son affaire. primo, il m'avait bousillé ma p'tite vie pépère, et secundo, c'qui était encore pire, il m'avait blessé là où ca faisait le plus mal: Il avait bousillé la vie de ma gosse!
Ca j'l'avalait pas...Et non bousiller, c'était pas un grand mot. parce que le trauma du foyer, de la taule et tout ça, c'était que la face visible de l'iceberg qu'allait crever la coque de notre navire et nous envoyer dire bonjour aux poissons et aux spectres des noyés du titanic.
Parce que cette vérole qui avait été à l'autre bout de la planète, précisément ici, en Nouvelle zelande, pour y déposer la charogne de Vince, il s'était pas tapé le voyage pour rien... Et qu'il ait fait la route avec Vince sous forme de viande froide ou qu'il soit venu le crever sur place ne changeait pas grand chose à l'affaire.
dans tous les cas, ça voulait dire que les gens de mon ancienne vie savaient où je créchais, qu'ils étaient sur ma piste...Et compte tenu de la façon dont on s'était dis adieu, s'ils me croisaient ce s'rait pas pour boire un coup en parlant du bon vieux temps, mais bien pour me pourrir la vie au moins autant que je l'avais fait quand j'avais tiré ma révérence au monde des voyous!
Et ça, surtout ça, ca me bouffait. savoir qu'une raclure avec les dents aiguisée par la vengeance m'attendait au tournant, c'est simple j'en dormais plus!
méfiance revenue, avec en plus une trouille foireuse au bide, parce que j'étais vulnérable, par le bias de Norma Jean.
Mais tout ça, j'pouvais pas en parler avec qui que ce soit...Même pas la fidèle Nina!
Mais une chose était sure, Norma jean, c'était une éponge rayon sentiments...alors me sentir comme ça pas tranquille, par simple contagion, d'instinct, sans réfléchir, ca la stressait aussi pas mal, j'le savais bien... Et là dessus qu'est-ce que je pouvais faire, hein?
La mettre à l'abri, donc encore une fois l'abandonner. Sauf extrême nécessité, j'allais éviter d'en rajouter sur ce plan là. Elle avait déjà eu plus que sa dose!
Et même, où la mettre en sécurité?
A qui la confier à part Nina, et Nina, elle était surement elle aussi déjà grillée...Putain s'ils s'en prenaient à elle pour m'atteindre?
Plus je cogitais et moins ça allait!
stop!
je croisai le regard interrogatif et inquiet de Nina. Elle me connaissait bien, elle se doutait que ca n'allait pas fort pour moi!
Stop, vraiment...rassurer un peu Nina, en chassant le plus possible ces pensées anxiogènes pour me refaire une face rassurante. J'pouvais au moins faire ça!

- 'faut faire confiance au temps, peut être...Mais t'inquiètes, j'ai pas changé, j'la couve toujours la gamine. P't être même trop parfois, qui sait...?

j'avais fini ma bière et même si la picole c'était pas mon truc d'habitude, ce soir j'en avais un peu besoin pour engourdir mon ciboulot qui tournait à plein régime, avant de couler une bielle. J'ai sorti deux canettes que j'ai décapsulées sur l'angle du plan de travail. J'ai affiché un air jovial que j'espérais convainquant, et j'ai sourit à Nina en lui tendant une des deux bouteilles

-Allez ma belle. On va boire un coup, ca va nous faire du bien. A nous! Ca m'fait bien plaisir que tu sois là, tu sais!

les yeux dans les yeux, tendis qu'on choquait nos goulots , j'me suis dit qu'c'était vrai, qu'elle était belle!

**○ inscrit le** : 07/09/2016

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Morgan reste dans ses pensées pendant quelques instants. Elle comprend Nina. Elle comprend très bien que la situation n'est pas plaisante. Non. Que ça soit pour le père. Ou bien pour la fille. Elle se doute que Morgan doit essayer de faire son maximum pour sa gamine. Elle se doute qu'il doit faire en sorte que tout aille bien. Mais ... NJ doit être perturbée, sans doute, par le fait que son père lui a été arraché. Même si c'était seulement trois mois, il n'était pas là quand même. Et Nina peut comprendre que c'est pas facile pour Norma Jean. Sa propre mère ... a été enfermée. mais Nina n'est pas mal tombée. Non. Elle a même vécu un moment assez sympathique là où elle était. Pour une fois, elle se sentait en sécurité. Pour une fois, elle avait quelqu'un qui veillait sur elle. Pour une fois, elle avait la sensation ... qu'on l'aimait. Qu'elle avait de l'importance. Tout ça, même après qu'elle soit revenue, Ana n'était toujours pas en mesure de le lui offrir. Et puis, elle a fini par se foutre de sa fille. Complètement. Et elle a fait ... le shoot de trop, si on peut dire ça ainsi. Et Nina s'est retrouvée livrée à elle-même. Pas forcément très longtemps. Puisqu'il a réussi à s'entourer des personnes qu'il faut. Mais bon.

Elle offre un sourire à Morgan qui lui avoue que c'est pas simple. "Je sais que c'est pas simple. J'ai jamais dit que ça le serait." Elle secoue la tête. "Va falloir que vous arriviez à avancer ensemble." Ce qui est peut-être plus facile à dire qu'à faire. Morgan ose présumer que c'est peut-être une crise d'adolescence. "J'aimerais, pour toi, que ça soit juste l'âge. Ca sera quelque chose de plus facile à régler si c'est ça." Elle soupire un peu. "Face à une crise d'adolescence, tu peux pas faire grand chose. Tu peux juste serrer les fesses et attendre que ça passe." Ou gueuler. Et donner des punitions. Mais c'est pas forcément une solution. "J'vais croiser les doigts pour toi. Et espérer vraiment que ça soit ... une crise d'adolescence." Il va devoir serrer les fesses. Voilà tout. Ou trouver vraiment ce qui tape sur le système de sa fille.

Laisser au temps ... le temps. Peut-être qu'elle retrouvera ... ce sourire. Cette étincelle. Peut-être qu'elle arrivera à se calmer. A s'ouvrir. C'est tout ce que demande Nina. "J'veux bien croire que tu la couves toujours." Tant qu'il lâche pas sa gamine, c'est le principal quand même. "Mais fais attention à ne pas trop la couver. Elle pourrait ... trouver ça étouffant." Elle doute très honnêtement que NJ enverra sur les roses son père. Mais sait-on jamais. Ouais. Il veut trinquer avec elle. Ils vont boire un coup. Et elle laisse sa bière s'entrechoquer avec celle de Morgan. "T'as de la chance que j'étais dispo !" Elle sourit. "Quoi qu'avec ce boulot, c'est mieux que quand j'étais serveuse." Bien mieux même. "J'ferais toujours en sorte ... Enfin, dans la mesure du possible quand même, pour être dispo. Pour Norma et toi." Peut-être que des fois, elle aura bien du mal à se libérer. mais tant qu'elle peut se libérer, tant qu'elle peut venir, elle essayera de le faire. "Tu comptes te prendre quelques vacances avant la rentrée avec Norma ?" Elle porte sa bière à ses lèvres. Avant de reprendre. "Ca pourrait vous faire du bien de changer d'air pendant quelques jours." Enfin, ce qu'elle en dit.

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-C'est vrai, ma Nina que tu t'es toujours coupée en quatre pour nous!

En y repensant, ma Nina avait déjà une vie bien remplie malgré son jeune âge.
Depuis 7 ans qu'on se connaissait, elle en avait passé des orages. enchaîné des boulots pour éviter les naufrages, et toujours avec le sourire, enfin presque...Une chouette fille quoi, y'avait pas, ma Nina.
Ma? D'où me venait ce soudain sentiment d'appropriation?
C'était pas parce qu'on se sentait bien ensembles, parce qu'elle et Norma jean, c'était une affaire qui roulait plutôt bien qu'il fallait que j'commence à déconner, à m'imaginer des choses...
D'abord oui, c'était vrai que moi j'me sentais bien avec elle, spécialement là, en la regardant porter à ses lèvres pulpeuses le goulot de la bouteille...ce qui m'entrainait sur une autre pente tout aussi savonneuse, quoi que plus scabreuse! Mais elle, qui avait du tout laisser en plan, alors qu'en ce moment, avec son nouveau job, elle était plus que servie question charges de l'emploi du temps, était-elle si bien que ça avec moi?
Qu'elle soit fidèle, reconnaissante même si c'était pas nécessaire, c'était une chose, mais de là à vouloir, parce que j'en avais envie, me persuader que cette sensation de bien être était partagée, y'avait grave de la marge.
J'me faisais l'effet de profiter, d'abuser...et j'aimais pas ça.
Si j'avais été le mec bien que j'aurais voulu, être, du être peut être, j'lui aurais dit de rentrer se coucher, de pas se faire de bile, de penser à elle aussi un peu...
Mais voila! J'avais tellement de merdes qui me polluaient la tête à ce moment, ne serait-ce que par rapport à norma jean, que j'trouvais pas la moelle de faire ce qu'il aurait fallu.
j'me trouvais moche, à siroter ma bibine en me lamentant, même pas ouvertement, sur mon sort tout en fantasmant sur les formes au combien troublantes de Nina. Moche et trop lâche pour même le dire ouvertement, me contentant d'exprimer mon malaise à mots couverts, et de tenter de retenir les regards troves que ma libido engendrait.
J'étais moche. Une chouette fille comme Nina méritait quand même plus de considération. Alors putain, au lieu de m'auto fustiger intérieurement, pourquoi j'lui demandais pas simplement de ses nouvelles, avant de la raccompagner chez elle?
Elle qui avait encore la générosité de songer à nos vacances alors que ca faisait combien de temps qu'elle en était elle même privée?

- Mais bon Nina, on cause que de Norma jean et de moi depuis que j'suis rentré...Et toi, t'en es ou de ta vie. Ce nouveau job, ca dit quoi?

j'avais bougé ma carcasse pour débarrasser mon assiette dans l'évier, et je m'activais à frotter mon couvert sous un mince filet d'eau, par soucis de ne pas éclabousser Nina toujours assise sur le plan de travail contigu à la vasque.. Au gré de mon nettoyage, mon coude parfois venait à toucher sa hanche dont l'élasticité de la chaire provoquait en moi une onde qui malgré les sages résolutions prises il y avait à peine un instant, me donnait envie qu'elle reste prés de moi, tout prés, collées, lovée même contre moi... Et j'ai maladroitement fait glisser le verre de lait imprudemment posé sur le rebord du bac. Un jet de liquide blanc. un rebond, puis deux, puis trois, avant éclatement final sur le carrelage beige.

- Putain de merde!

Voilà...du lait et du verre pilé plein le sol, j'étais bien avancé, moi.
Déjà Nina posait ses mains de part et d'autre de sa taille pour se préparer à se relever,.. le reflexe d'aider, toujours prompt à surgir, chez elle!

-J't'en prie, laisse...J'vais éponger. Manquerait plus que tu te coupes

Il était vrai que si marcher pieds nu chez moi pouvait se révéler parfois audacieux, le faire au milieu des éclats coupants relevait franchement de l'imprudence...Et comme à son habitude, Nina avait ôté ses chaussures pour se mette à l'aise à la maison!

Muni d'une serpillère , je rassemblait la flaque, agenouillé à ses pieds qui continuaient de se balancer au raz de mon nez, ce qui ne contribuait pas à apaiser mes pensées grivoises

- t'inquiètes, j'm'en sors tu sais...continues, où tu en étais?

me reconcentrer sur son récit, oublier ses gambettes, ne pas me couper avec les tessons... me reconcentrer sur... oublier ses...ne pas me... trop tard!

Je venais de m'enficher un triangle de verre dans le gras du pouce!

**○ inscrit le** : 07/09/2016

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— with @Morgan Burrough

Nina se met à rire un peu à la remarque de Morgan. "C'est que je dois bien vous apprécier !" Elle ne dira pas que ... que c'est de l'amour. Quoi que ... C'est un amour particulier. Elle les connaît depuis longtemps. Ils ont toujours été adorables avec elle. Carrément. Ils lui ont offert ... la sensation de faire partie de la famille. Alors qu'elle n'est pas de leur famille. Mais oui, ils sont chouettes avec elle. Et même si Norma n'est pas ... comme d'habitude en ce moment, la rouquine fera son possible pour être là. Pour les aider. Au besoin. Elle essaiera de trouver ce qui se passe pour la fillette. Elle ne dira pas qu'elle sera prête à remuer la merde pour savoir ce qui se passe. Peut-être ... On lui a toujours appris qu'il valait mieux s'occuper de ses affaires, et pas celles des autres. Ca serait une famille lambda, quelqu'un qui l'aurait prise à une ou deux reprises pour garder un enfant, Nina, elle s'en ficherait. Totalement. Seulement, elle est là depuis longtemps. Elle a passé du temps avec eux. Elle a même vécu un moment avec eux. Donc, forcément, c'est important pour Nina. Et elle a envie de les aider. Comme elle le peut. Oui. Elle ne sait pas si elle va y arriver. Elle ne sait pas si elle trouvera quelque chose. Si elle pourra aider cette famille. Mais elle va essayer en tout cas. Oui. Elle va essayer. Ca compte. C'est important pour elle. Est-ce qu'elle se plierait en quatre pour sa propre famille ? Elle est pas si proche que ça de son père. En même temps, hein, ça fait à peine quatre ans qu'elle le connaît. Et elle a encore du mal avec lui. Ses cousins et cousines, pareil. Et ceux du côté russe ... Et bien, elle apprend encore à les connaître également. Les Burrough, c'est plus facile pour Nina. Un peu plus vieux. Sans doute qu'il faudrait qu'elle mette autant d'énergie avec sa propre famille. Mais passons.

Nina, elle ne remarque pas tous les regards qu'il peut lui lancer. Parce qu'elle reste ... disons que la priorité chez les Burrough, là, tout de suite, c'est d'essayer de comprendre NJ. De savoir ce qui ne va pas. Et de voir comment elle peut l'aider. Et si elle peut l'aider d'ailleurs. Parce que rien n'est moins sûr. Elle porte sa bière à ses lèvres, une nouvelle fois. Elle continue de réfléchir un peu tandis que Morgan lui pose une question. Enfin, pour lui, assez parlé de Norma ou bien de lui. Il a envie de savoir elle, comment ça va. "Ce nouveau job ... il est plus si nouveau que ça." Elle glousse. "Ca fait quand même un an que j'y suis. Enfin, bientôt un an !" Elle hoche la tête. "Mais ça me plaît ... Tu sais, j'ai l'impression que je fais quelque chose de ma vie." Et c'est plutôt chouette. "En tant que serveuse, j'faisais rien ... de spécial." Et ne parlons pas de sa période strip-teaseuse où elle avait cette perruque bleue pour éviter de ... et bien, pour éviter qu'on la reconnaisse ! Mais si ça se trouve, avec cette perruque, elle ne trompait personne. Et elle ne veut même pas y penser. Elle ne veut plus penser à cette période sombre de sa vie. Ca a duré le temps que ça a duré. Mais elle est bien contente de s'en être sortie. Nombre de filles se lancent dans le strip-tease par facilité et parce qu'elles n'ont pas de choix. Une fois qu'elles ont le pied à l'étrier, elles ont dû mal à s'en sortir. Pire, certaines deviennent ... des prostituées. Et Nina l'aurait mal vécu. De devenir comme sa mère. Une accro ... une drogue. Une alcoolique ... Tout ça, elle n'est pas certaine qu'elle l'aurait supporté. Du tout. Elle passe une main dans ses cheveux tout en regardant Morgan qui est en train de faire la vaisselle. Ou du moins, de nettoyer ses affaires. Il l'effleure. Tantôt. Marque de tendresse ? Autre chose ? Elle n'en sait trop rien.

"Oh, j't'ai pas raconté. J'suis partie avec ma coloc en Suisse !" Non, il est vrai qu'avec les fêtes de fin d'année, ça s'est un peu bousculé. Ils se sont pas forcément vus. Et elle lui a pas dit. "On était dans un superbe chalet. Et ..." Nina s'arrête soudainement parce qu'il fait tomber le verre de lait. Le liquide se renverse par terre avant de s'éclater complètement. "Oh mince !" Elle est prête à descendre de son perchoir. Et de nettoyer tout ça. Sauf que ... sauf Morgan est bien plus rapide. Il lui conseille de rester où elle est. Fichue manie de traîner pieds nus. Mais elle aime bien être pieds nus ! Ca la dérange pas en tout cas. Enfin, là, dans cette situation, c'est ... elle pourrait se faire mal, oui. "Gaffe à toi !" Manquerait plus qu'il se coupe, lui aussi. Il lui demande de continuer à lui parler. "Oui, donc, un superbe chalet. On a été faire du ski ..." Et là, c'est le drame. C'est le drame parce qu'elle voit qu'il vient de s'entailler. Nina se bouge un peu les fesses de là où elle est, histoire ... d'éviter la flaque, et les bouts de verre. "Le sol, c'est de la lave !" dit-elle avant de récupérer ses chaussures. Et d'aller de quoi nettoyer la plaie de Morgan. Elle revient avec du désinfectant. Une pince. Et de quoi faire un pansement. "Fait voir." Elle est un peu autoritaire Nina. Mais si elle ne le fait pas, il lui laissera pas voir. "Ca pisse un peu." Il a dû bien se couper. Elle finit par récupérer le tesson de verre. Elle amène la main de Morgan au dessus de l'évier afin de verser un peu de désinfectant. Qui doit lui piquer un peu. Beaucoup. En même temps, c'est fait exprès, non ? "Fait pas l'enfant. C'est pour ton bien !" Elle se marre, un peu. Juste un peu. Elle sèche un peu la plaie avec du sopalin avant de lui faire une jolie poupée au pouce. "Et voilà ! Presque comme neuf !"

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ONGLET 1 ONGLET 2

J'étais donc si peu attentif aux autres? Un an déjà que Nina avait du me parler de son nouveau boulot, et j'avais l'impression que c'était la veille. Certes j'étais préoccupé mais pas au point d'être gâteux...'Fallait pas déconner!
Enfin si, je trouvais que justement je déconnais, de faire si peu attention a cette jeune fille...cette femme?...qui pourtant, elle de son côté était délicatement attentionnée.
Encore une claque dans mon amour propre...c'était la soirée...mais bon y'avait parfois des baffes salutaires, du genre de celles qui vous extirpent du coma de connerie pour vous ramener sur terre.
N'empêche que ca mis au bout du reste, ça me faisait un poil remettre en question mes qualités d'écoute. J'me surestimais pas aussi sur ce point vis à vis de Norma jean?
merde, moi qui m'voyais en bon père, j'étais pas si bon qu'ça si ça s'trouvait...
Moi, moi, moi!
Putain j'allais jamais en sortir de ma connerie égocentrique?
C'était l'bon dieu qui m'punissait, comme aurait dit mon bigot de père enfin là l'bon dieu, le thaumaturge, c'était plutôt Nina qui en guise d'eau bénite aspergeait d'alcool mon vieux doigt tout coupé.
La vache, ca picotait et j'ai pas pu retenir un p'tit sifflement de douleur. c'étai con cette réaction, surtout venu d'un mec comme moi, qui avait pas mal encaissé de gnons. Mais ce soir, j'régressais. j'me sentais vulnérable comme un gosse à l'aube de l'âge adulte qui sait c'qu'il est plus sans trop se rendre compte de c'qu'il devient...Un gosse que j'avais jamais été à l'âge où d'habitude ces questions s'posaient... Trop dans mes rêves gavés de série noire pour me laisser aller à mettre mon énergie dans autre chose que faire de mes rêves une réalité.
une soirée vraiment bizarre, qui malgré les baffes parvenait pas à m'être foncièrement désagréable.
Etrange, oui de sentir qu'instinctivement, Nina avait pris une posture d'adulte. renversement des rôles étonnant...qui relativisait clairement l'idée un peu figée que j'avais de nos positions respectives. Elle la gamine fragile qu'il fallait soutenir et moi l'ancien, le sage, le rocher solide sur lequel elle pouvait s'appuyer. J'le savais pourtant que les trucs qu'on gravait dans le marbre, c'était pas la vérité. c'était juste une façon de faire crever le vivant avant l'heure en le privant de c'qui était sa substance profonde. L'évolution!
V'là que j'fuyais encore son récit de vacances, à coup de philo de cuisine cette fois, comme si tous les prétextes étaient bons pour ignorer sa présence qui...bref...qui m'filait des envies justement de la ressentir jusque dans ma chaire, encore plus proche, encore plus intense.
y'avait rien à faire j'étais mordu, comme toujours, comme chaque fois....indécrottable, même Nina!

J'ai ri en regardant la grosse poupée qui s'auréolait de carmin au niveau de la coupure. Je l'agitait comme un gosse jouant avec une marionette, ce qui arrangeait rien niveau coagulation...gamin crétin!

- tu disais...le sky, le chalet?

J'nous ai sorti une troisième bière, pensant qu'elle aussi avait peut être soif, et j'me suis posé, tranquillement sur ma chaise habituelle devant la table de la cuisine, pour l'écouter cette fois jusqu'à ce qu'elle me fasse visiter les pentes alpines, au coeur de cette Europe où j'avais jamais foutu les pieds.
Tout glissait dans ce récit simple truffé d'anecdote drôles qui me refilaient le sourire. Elle était comme ça Nina, une source de joie de vivre, capable , sans manière, sans autres armes que sa générosité et sa soif de vie, de flinguer mes chimères.

Pis c'est quand ma bouteille fut presque vide, que j'ai entendu du bruit en haut...Un chuintement, une sorte de sanglot sourd, étouffé. Un bruit si tenu et discret que j'sais pas vraiment si j'lai entendu ou deviné. En tout cas j'le savais, Norma jean était en train de chialer.

J'me suis précipité dans l'escalier, plantant Nina aussi sèchement qu'un bâton de skieur avant un stemm dans la poudreuse.
J'm'étais pas gouré. Doucement je l'ai prise dans mes bras, ma Norma, mon bébé, parce que si j'avais rajeuni ce soir, elle n'avait jamais franchement vieillit elle au fond de moi.
J'lai pas serrée trop fort, pour pas l'écraser, et j'ai posé un baiser sur chacune de ses paupières salées de pleurs, tendrement...
J'lai gardée contre moi, pour mélanger nos chaleurs, parce que dire on est ensemble, c'est de la connerie en barre. Ca s'dit pas ces trucs là, ca s'vit simplement, ou pas!

**○ inscrit le** : 07/09/2016

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— with @Morgan Burrough

Oui. Il est comme neuf ! Il a une poupée au niveau de son pouce. Il est guéri. Enfin, soigné plutôt. Même si y'a un peu de sang partout. C'est pas grave. Elle va nettoyer tout ça. Elle va nettoyer aussi les bouts de verre. Elle se doute qu'elle sera un peu plus précautionneuse que Morgan. Et elle fera ... en sorte de ne pas se faire mal. Enfin, elle espère. "Arrête de bouger dans tous les sens. Tu vas vraiment arriver à te faire mal." Enfin, c'est peut-être ce qu'il cherche. "J'aimerais pas devoir te conduire jusqu'aux urgences." Elle fait mine de réfléchir pendant quelques instants. "Enfin, techniquement parlant, j'suis pas prête à te conduire là-bas ... J'ai toujours pas le permis !" Et Nina n'est toujours pas décidée à ... Et bien, à le passer. Quand elle aura mis un peu plus d'argent de côté. Elle pourra se lancer dans les leçons de code. Dans un premier temps. Et elle verra ensuite pour les leçons de conduite. Elle le fera. Nina sait qu'elle en aura besoin un jour ou l'autre. Mais elle prend son temps. Tout simplement.

"Oui, vacances à la neige." Elle reprend la serpillère afin de nettoyer le lait, le sang. Et de ramasser, par la même occasion, le verre cassé à l'aide d'une petite balayette. "Donc, avec Livia, on a été en Suisse. On avait un chalet qui était plutôt pas mal. Même si c'était trop cher pour nous deux. On l'a partagé avec des jeunes de notre âge." Elle a un sourire. "Ils étaient plutôt cools. Mais bon, c'est pas comme si on était là pour passer du temps avec eux." Clairement pas. "On a eu le droit à des massages aux pierres chaudes. On a fait du ski. Du snowboard. Plus amusant, de la luge." Elle a passé un super bon moment pendant ses vacances, c'est certain. "J'ai perdu un gant le deuxième jour ... Pendant une séance de ski. J'l'ai retrouvé sur un poteau en bas des pistes le quatrième jour, alors qu'on allait visiter un peu avec Livia." Pas que ça aurait été gênant. Mais tomber dans la neige sans gants, c'était pas marrant à dire vrai. Non. "Comment j'me suis gelée les doigts !" C'était pas drôle. Mais bon, c'est pas grave. Elle est bien. Elle est vraiment vraiment bien. Tout va bien dans le meilleur des mondes, comment on le dit.

Nina est sur le point de continuer à lui parler de tout ça. Sauf que ... sauf qu'elle entend des sanglots. Et Morgan l'abandonne aussitôt. Elle comprend. Après tout, c'est ... c'est sa fille, elle n'est pas bien. Elle ne veut pas les interrompre. La rouquine finit de nettoyer le sang et les bouts de verre. Elle jette également les cadavres de bouteilles de bière finies. Elle remet ses chaussures correctement. Sans doute... sans doute qu'elle devrait les laisser tous les deux. Ils ont forcément des choses à se dire. Pas que Nina se considère comme étant de trop. Mais un peu quand même. Peut-être que NJ se confiera plus facilement à son père si ... si la rouquine n'est pas dans le coin. Ce qui prouve, mine de rien, que c'est pas forcément la joie pour l'adolescente. Non. Elle a ... elle est pas bien. Voilà tout. Elle est pas dans son assiette. Nina est partagée entre ... entre l'idée de grimper pour les saluer. Et interrompre ce moment. Ou bien simplement partir, sans leur dire au revoir. Si elle opte pour cette solution, ils ne lui en voudront pas, non ? C'est pas comme si elle faisait quelque chose d'ultra grave après tout. Et puis, ils ont vraiment besoin de ce moment tous les deux. Alors, elle va les laisser partir. Elle attrape son téléphone. Tout en espérant que Morgan l'a sur lui. Juste pour le prévenir qu'elle s'en va et qu'il vaut mieux qu'il reste avec sa petite. Elle attrape ses affaires après avoir vérifié que tout était bien rangé, tout bien nettoyé. Et puis, elle passe la porte. Elle ne la claque pas non plus. "Bon bah ... Plus qu'à rentrer maintenant !" Y'a encore des bus à cette heure là. Donc, elle va l'attendre à l'arrêt de bus. Marcher ... Oh, elle peut marcher aussi. Bien que ça fasse une petite trotte. Elle va juste vérifier à quelle heure passe le bus. Et si ça vaut le coup de l'attendre. Ou bien de rentrer à pinces.

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J'sais pas combien de temps j'étais resté dans la chambre de Norma Jean. L'temps qui avait fallut, en tout cas, pour que progressivement elle se relaxe. Nina avait peut être raison...Peut être que ça manquait de mots, tout ça. Peut être que ça lui aurait fait du bien de pouvoir dire, autrement qu'avec des larmes, ses bleus à l'âme. Peut être que c'était moi qui aurait du dire, redire....
J'savais pas. J'pensais qu'on s'était expliqué. Elle commençait à être grande la p'tite, à comprendre....Ceci dit, c'était pas que j'comprenais pas c'qu'y s'passait. Ca m'empêchait pas d'le vivre mal...pas mieux qu'elle, même si je chialais pas. Y'avait le stress, ce putain de stress qui me pétrifiait les trippes, le soir, quand le corps se relâche, quand la tête, enfin libérée du poids de commander les viandes, s'donnais un peu de temps pour s'occuper d'elle, juste d'elle...
Ma tête putain, marmite en ébullition dans laquelle mon cerveau cuisait à en crever, comme un langouste dans son court bouillon.
C'était vrai que la parole, c'était pas forcément mon fort. Pas qu'je savais pas m'en servir, non...Juste que d'instinct j'm'exprimais plus en actes qu'en mots, et c'était encore plus flagrant quand il s'agissait des sentiments. pas qu'j'avais honte de ma sensibilité. D'toute façon, avec Norma Jean, on était loin des questions de paraitre. On était, ensembles, intensément. Et ouais, c'était évident que la rupture brutale de cette présence qui, sans passer par le verbe, disait tant, ca avait cassé quelque chose.
Son corps niché contre mon torse, j'sentais que je réparais...au moins un peu, le plus qu'il me semblait possible de le faire.
J'avais attendu de la sentir se ramollir, au fur et à mesure de la progression du sommeil. J'espérais bien que cette fois, des angoisses indicibles viendraient pas l'interrompre... Doucement, avec précaution, j'l'avais déposée dans son lit,.la tête calée sur l'oreiller en forme de bonbon presque trop enfantin pour elle aujourd'hui, qu'on avait choisi, quand elel était encore toute petite, avec sa queue de cheval trop mince qui prenait des allures de queue de rat battant sa nuque.
J'avais quitté à pas feutré la chambre, en faisant bien gaffe de pas marcher sur la latte qui grinçait dans le couloir, et j'étais redescendu tout aussi discrètement jusque dans le salon. Le portable vibrait contre le plateau de la table basse....
Putain la caserne! J'm'étais précipité dans un reflexe pas encore oublié sur l'appareil. En le saisissant, j'me suis traité d'crétin. la caserne...Encore un lien rompu à cause de cette saloperie qu'on me faisait. le coup était réussi. Ils m'avaient bien pourrit la vie, et c'qui aggravait encore la chose, c'était que ce Ils, j'pouvais pas lui mettre un visage. Un ennemi, ça , j'pouvais l'gérer, à condition que j'sache d'où risquait de partir les coups. mais là j'me sentais dans la position d'la proie condamnée à se terrer en attendant de subir, animal de fuite attaché par ce foutu bracelet qui l'entravait, exposé, sans abri ni échappatoire Putain, c'était reparti pour une poussée de flip.
J'voulais pas encore passer une nuit seul, dans les brumes agitées de mes peurs irrépressibles. 'fallait que j'sente de la vie à côté de l'espèce de zombie que le mauvais sommeil commençait à m'faire d'venir, Pour avoir autre chose à penser, pour arrêter de tourner en rond comme un con autour de mes soucis.
Vraiment, une chance que Nina soit là ce soir. j'allais la rejoindre dans la cuisine et elle continuerait à m'donner des nouvelles du monde vivant, avec son enthousiasme communicatif. C'est le léger souffle d'air frais qui m'a fait rourner la tête vers la porte d'entrée.

-Ben , Nina...tu t'en allais?

La déception filtra malgré moi au travers de ma voix

- Attends...

J'lavais même pas encore réglé pour sa soirée... le telephone toujours dans ma main m'encombrait et je le déposai en hate sur la tablette de l'entrée. fouillant la poche de mon pantalon pour y trouver quelques billets.
mes doigts rencontrèrent deux coupures. Une de 10 et une de 5$... C'était pas lourd, mais c'est tout ce qui me restait...Demain 'fallait que j'voie le banquier, parce que sur ce plan aussi, la taule et les frais annexes, ça m'avait pas mal foutu dans la merde!

- ... J't'ai pas donné tes sous!

Sans lui laisser le temps de protester comme à son habitude depuis qu'elle était un peu moins gênée question thunes, j'ai glissé dans sa petite main douce et chaude les billets. les plaquant au creux de sa paume

- C'est pas grand chose, j'te filerai le complement au plus vite, promis

Je m'accrochais à cette douceur, à cette présence, ne parvenant pas à lâcher sa main. son contact me réconfortait... comme si par ce simple toucher, un peu de l'énergie vivifiante passait d'elle à moi mes doigts, revigorés, caressaient le dos de sa main, effleurant la naissance de son poignet, avec une douceur qui, subrepticement se teintai de sensualité. je laissai mon corps se rapprocher du sien, comme pour mieux m'inclure dans sa bulle tendre... je ne réfléchissais plus, j'étais simplement bien.... Alors, naturellement, mes lèvres si proches des siennes à présent que je sentais son souffle les caresser, j'ai murmurer.

- Tu voudrais pas rester?

**○ inscrit le** : 07/09/2016

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— with @Morgan Burrough

Nina ne va pas rester et faire le pied de grue. Elle ne sait pas pour combien de temps il peut en avoir avec sa fille. Et c'est important qu'il soit avec sa fille. Vraiment important à dire vrai. Nina, elle n'a plus rien à faire ici. Morgan vient de rentrer. Elle a fait son job. Même si elle ne voit pas vraiment ça ... comme un job à dire vrai. Non. Quand bien même il n'aurait pas de quoi la payer, ça serait pas gênant. C'est comme la famille après tout, non ? Quoi qu'il en soit, oui, la rouquine va rentrer. C'est la seule chose à faire à dire vrai. Seulement, au moment où elle s'apprête vraiment à partir, elle entend Morgan qui est en train de lui poser une question. "Bah ... oui. J'pense que t'as besoin d'un peu de temps avec Norma." Enfin, c'est peut-être la fillette qui a besoin de passer du temps avec son père. Même s'il n'est parti que trois mois, dans la tête d'une enfant, ça reste ... long. Nina sait de quoi elle parle. Elle l'a vécu. Sauf qu'elle était bien trop heureuse quand sa mère a été enfermée parce que ... parce qu'elle était quelque part où elle était bien. Parce que pour une fois, on s'intéressait à elle. Pour une fois, on l'aimait. On s'occupait bien d'elle. Elle ne dira pas que le jour où Ana est revenue, ça a été le pire jour de sa vie. Mais presque. Oui. Presque.

Morgan lui demande d'attendre. Il fouille dans sa poche pour sortir de quoi la payer. "C'est pas grave. On aurait pu voir ça à un autre moment." Elle lui offre un sourire. Ou jamais même. Quand elle devait payer, rembourser la dette de sa mère, oui, chaque centime était important pour Nina. Une fois qu'elle a réussi à se débarrasser de cette dette, c'était le rêve. Au moins, chaque centime économisé, c'était pour elle. Et c'est toujours le cas. Tout ce qu'elle gagne. C'est pour elle. Pour se faire plaisir. Ni plus. Ni moins. Morgan attrape sa main et dépose l'argent dans le creux de celle-ci. Il se rapproche un peu d'elle. Caresse légèrement son poignet. Elle lève le nez vers lui. Parce qu'elle reste plus petite que lui après tout. "Oublie le complément, c'est pas grave." C'est clairement pas grave. "Tu sais que c'est toujours un plaisir de venir." Elle est venue. Pas au départ. Elle venait simplement pour baby-sitter Norma. Mais avec le temps, oui, elle a ... elle venait un peu quand elle en avait envie. Et pas simplement pour la petite. Et ce soir, même s'il avait besoin d'elle, quand bien même il n'aurait pas eu un copeck dans sa poche, ça n'aurait pas été grave. L'argent, c'est plus autant un problème qu'auparavant. Non. Elle fait ... elle fait avec maintenant. Elle est bien. Vraiment bien.

Morgan rentre plus ou moins dans sa bulle en étant aussi proche d'elle. C'est limite si elle ne ressent pas la chaleur qui émane de son corps. Ou bien si ... si elle ne sent pas son souffle sur sa peau. Et ça rend Nina un peu toute chose à dire vrai. Pourtant, c'est pas la première fois qu'il est aussi proche d'elle. Non. Nombre de fois où il a pu la prendre dans ses bras. Surtout quand elle était pas bien. Seulement, elle a l'impression ... que cette proximité, c'est différent. De d'habitude. Elle ne sait pas trop pourquoi. Ni comment. Mais c'est ... étrange. Bizarre. La manière dont il lui tient la main. Est-ce que ça lui fait peur ? Non. Pas le moindre du monde. Mais c'est une sensation curieuse. Etrange. Et Nina ne sait pas trop quoi penser de tout ça. Ou peut-être qu'elle s'imagine des choses. Et qu'il n'est pas en train de d'envoyer des signaux ou quoi que ce soit dans le genre. Encore un pas. Un peu plus proche d'elle. Son souffle sur sa peau. "Je ..." C'est comme si elle était hypnotisée. Il est proche. Vraiment très très proche d'elle. Il suffirait qu'elle se mette à peine sur la pointe des pieds pour qu'elle capture ses lèvres. Mais non. Elle peut pas faire ça. C'est Morgan bordel ! Il pourrait être son père ! Elle ne dira pas qu'elle le considère comme un père. Mais presque. A croire que Nina craque un peu pour les hommes plus âgés. Sasha. Joshua. Morgan ? Le seul vieux qui a un peu de mal avec la demoiselle, quand même, c'est son père. Il doit sortir les rames pour qu'ils puissent s'entendre. Et se comprendre. Mais faut croire qu'avec les autres, c'est plus ... comme une évidence, ou presque. "J'peux ... peut-être ... rester encore un peu. NJ t'a dit ... ce qui n'allait pas ?" Peut-être que si elle change de sujet, ça leur permettra ... de revenir les pieds sur terre.

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J'sais bien que j'suis faible, sur certains points.
A plusieurs reprises, déjà, sournoisement, l'amoureux des voluptés feminines avait pris le pas sur le père responsable, l'ami fidèle. Et si l'un ne pouvait plus franchement refuser c'que ces yeux lui révélaient, l'autre ne pouvait accepter ses lubriques conclusions. Nina, j'la connaissait tellement bien. J'lavais vue vieille ado, un peu paumée, mais sympa, dynamique, disponible... Et puis j'm'étais ému, ouais, sous ma vieille peau tannée par mes mauvaises années, j'avais encore un coeur!
J'm'étais ému, vraiment, face à son combat pour pas glisser, pour rester la tête hors des eaux sombres dans lesquelles j'avais barbotté sans vergogne. J'sais pas si elle avait bien mesuré qui sauvait qui, au temps ou sa vie r'semlait méchamment à un naufrage. Parce que ,j'lavais sentie proche de l'abysse, quand elle savait plus comment trouver tout le fric qu'elle devait. j'savais bien le prix de la chaire fraiche, pour m'en être pas mal offert quand je jouais les affranchis. J'en avais vu plonger, des filles paumées, qu'ce soit dans la dope, ou dans les coups merdiques. Des illusionnées par le fric faciles, des acculées au gain rapide... J'savais qui on fréquentait, j'savais que le vice et la violence des méchants p'tits gars finissait toujours par les éclabousser, jusqu'à les imprégner jusqu'à l'os.
J'avais pas su empêcher Peggy de couler. J'sais même pas si de c'temps là j'avais vraiment voulu...Mais j'lavais pas fait, et quand c'était Nina qu'était sur la pente périlleuse, j'me sentais pas fier d'pas avoir su prévenir la noyade de la mère de Norma jean.
Sauver Nina, c'était comme un peu me racheter , m'alléger du poids de cette putain de culpabilité.
J'devais être sa bouée, et ça m'laissait pas le loisir de sombrer. Elle m'avait sorti d'mon nombrilisme malsain, à creuser mes plaies à l'âme comme si ça pouvait , par une pénitence plus imbécile que rédemptrice, racheter mes fautes passées.
Ouais, elle m'avait autant maintenu à flot que j'lavais fait...plus même, p't'être...enfin on s'en foutait...c'était pas un concours de vertu, l'enjeu...c'était juste une dynamique vertueuse, simplement!

Et là, ce soir, j'me sentais prêt à rompre cet équilibre construit au fil du temps...Juste parce qu'elle sentait bon, ouais, là, tout prés de moi, si prés que ça frôlait le trop!
Si j'avais été l'mec que j'aurais voulu être, j'me serais écarté, j'aurais sorti ma voiture, et je l'aurais raccompagnée chez elle, mais j'étais que le mec qui aimait trop les jolies femmes, qui comprenait aujourd'hui que Nina en faisait partie, et qui du coup n'avait qu'une envie: celle d'un peau à peau, d'un chaires contre chaires, d'un corps accord en râles majeurs...Enfin majeure...de si peu et moi de trop longtemps pour que je ne sente pas des accents de malhonnêteté dans l'invitation que je lui faisais du bout des doigts. Ouais, j'dev'nais malhonête de désir pour cette femme de laquelle je tentais, à la déloyale, de dissocier le prénom de mon amie.
J'étais faible...J'me disais, comme si ça me dédouanait d'la responsabilité d'être fort, comme si ça m'autorisait à vouloir percevoir une forme d'accord timide dans son corps qui s'attardait si prés du mien...dans son souffle que je voulais sentir plus rapide...
J'me sentais crade, pas juste à cause de mon T Shirt maculé de taches de sang séché brunâtres, ni à cause de la douche peut être un brin expéditive que j'avais prise au garage, qui me faisait douter de la fraicheur de ma peau, de peur de rentrer trop tard pour embrasser Norma Jean
Norma jean...dont justement elle se Souciait à cet instant, reprenant une distance moins équivoque avec moi

Décontenancé, n'osant plus croiser son regard, de crainte d'y lire un désir que je redouais presqu'autant que je l'espérais, j'ai marmonné, le regard rivé sur ses petits pieds émouvants dans leurs innocentes ballerines

J'pense l'avoir rassurée...enfin j'espère quoi

Sa taille bien faite était à hauteur de ma main... L'envie de l'enlacer , malgré mes objections de conscience, reprenait le dessus, alors, mes doigts se sont doucement posé dans le creux de ses hanches, pour la guider du geste vers la maison... Il ne fallait pas, Il n'aurait pas fallu...mais, putain, qu'est-ce que je la voulais!

Un soubresaut de moralité me reteint de la diriger vers le canapé, de l'accompagner pour qu'elle s'y allonge...

- J'crois qu' j'ai encore un vieux jogging à toi, dans la salle de bain, si tu veux... pour que tu sois à l'aise pour dormir...

J'déconnais plein tube moi, Qui avait dit qu'elle restait pour la nuit, sinon l'animal sensuel en moi qui était en train de m'allumer le cigar?!

Et puis, là à tergiverser entre l'audace et le remord, j'pataugeais comme un cormoran englué dans le mazout après une catastrophe maritime. Ridicule, hésitant...
Pour qui avais-je l'air de la prendre?
une marionette?
Il fallait que je tranche la question, me disais-je en me fustigeant dans la salle d'eau.
Je passai à la hate un gant de toilette sur mon torse, enfilant, à l'envers sans m'en apercevoir, un T shirt propre, mais chiffonné pris dans le tas de linge en attente de repassage.
Bien plié, à côté des serviettes, se trouvait la tenue de sport encore un peu tâchée de peinture malgré les lavages, qu'elle avait abandonné ce printemps, quand elle m'avait aidé à repeindre la barrière devant la maison.

Je devais crever l'abcès. Regagnant rapidement le salon où je l'avais encore une fois plantée... Plein de courage, j'me suis lancé

-Nina... Ca va peut être t'étonner, mais 'faut que j'te dise...

Ses yeux pétillants, ses courbes arrogants de jeunesse, la peau nue de ses jambes... m'ont coupés net dans mon élan!
y'avait pas...J'la voulais, gravement, intensément...
j'étais surement pas un mec bien, mais face à elle, j'men foutais à présent!

**○ inscrit le** : 07/09/2016

she's fine

— with @Morgan Burrough

Elle va rester. Elle a l'impression que Morgan en a terriblement besoin. Peut-être qu'il a des ennuis. Peut-être qu'il y a tout un tas de choses qui l'embêtent. Qui l'ennuient. Peut-être qu'il a besoin d'aides. De conseils. Nina ne sait pas si elle peut lui apporter tout ça. Elle ne sait pas si elle peut l'aider. Comment l'aider. Et elle ne sait pas non plus ... si ... la proximité qu'ils viennent d'avoir peut se transformer en autre chose. Quand elle y pense ... Ca lui fait froid dans le dos. Un peu. Pas qu'elle craigne Morgan. Mais être si proche de lui, ça l'a rendu un peu toute chose. *Redescends sur terre Nina.* pense-t-elle. Oui. Garder la tête sur les épaules. Ou du moins, la remettre sur ses épaules. Recentrer le débat. Sur la petite fille. Sur l'adolescente. Pour savoir si ça va. "J'espère aussi." Elle lui offre un léger sourire. Tout ce qui importe à Nina, quand même, c'est NJ. De savoir si ça va pour elle. De savoir si ... Et bien, si elle peut faire quelque chose. Ou bien si ça changera rien qu'elle s'en mêle.

Une main sur la hanche de Nina, il la ramène dans le salon. Puisque apparemment, elle ne rentrera pas chez elle ce soir. Ou du moins, pas tout de suite. Elle peut reporter. Rester encore quelques heures. Ou finir par s'endormir dans le canapé. Ca serait pas la première fois. Et sans doute pas la dernière fois non plus. Et puis, il est sacrément bien confortable ce canapé ! Enfin, elle ne s'est jamais plainte. Et c'est pas maintenant qu'elle va le faire. Elle a toujours aimé être dans le coin. Mais cette proximité avec Morgan, elle ne sait pas trop ... ce dont elle doit en penser. Peut-être que c'est rien. Elle veut que ça soit rien. Elle n'a pas envie que ça change entre eux. Elle n'a pas envie de perdre ce qu'ils ont. Même si elle ne sait pas vraiment ce qu'il y a. Non. Morgan la sort de ses pensées en lui indiquant qu'il a encore quelques affaires à elle. Notamment un jogging. "Ah ... oui ... Je veux bien." Donc, elle repartira pas. Peut-être qu'il veut la savoir en sécurité. Nombre de fois où elle est partie tard. Et puis, il est pas encore ... si tard. A peine 21h30. Il fait encore doux dehors. Il fait encore bon. Elle pourrait rentrer. A pied. Ou avec le bus. Elle se pince les lèvres. C'est pas une bonne idée. Elle devrait vraiment ... elle devrait vraiment partir.

Morgan s'absente quelques instants. Sans doute pour pouvoir récupérer le jogging de Nina. Elle pourrait ... Elle pourrait utiliser cette absence contre lui. Elle pourrait partir. Le laisser. Mais n'a-t-elle pas dit ... qu'elle allait rester ? La rouquine est ... disons que la rouquine ne sait plus quoi faire. Partagée entre rester et s'en aller. Si elle reste, elle craint ... elle craint qu'ils ne fassent des bêtises. Si ça se trouve, Morgan va se contenter d'aller prendre une douche et se mettre au lit. Il a fait pas mal d'heures supp' en ce moment. Il doit être fatigué. Elle soupire un peu. Elle tourne la tête vers Morgan tandis qu'il revient vers elle. Il veut lui parler. Mais il s'arrête. "Quoi ?" lui demande-t-elle comme suspendue à ses lèvres. Ou presque. "Tu veux me dire quoi ?" Est-ce que c'est important ? Sans doute. Elle ne sait pas ce qu'il a envie de lui dire. Est-ce qu'elle en a une vague idée ? Même pas. Mais elle est curieuse. Et elle attend.

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(c) Miss Pie

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