défoulement à petites foulées.[Polly/Morgan]

Je commençais à me réacclimater à la liberté. Etrangement, cette incarcération qui pourtant n'avait durée que trois mois m'avait parue la plus longue de ma vie.
Etait-ce du fait que j'avais perdu l'habitude de l'atmosphère carcérale depuis bientôt dix ans?
Etait-ce juste parce que j'avais simplement dix ans de plus?
Je méprisais la lâcheté qui m'incitait me poser de fausses questions, tant je redoutais de me mettre face aux vrais réponses, même en pensées. J'avais failli. Ils avaient enfermé Norma Jean, aussi. Certes dans un pénitencier de luxe, mais j'avais failli à la promesse que je nous avait faite de préserver son innocence de mes égarements passés.
Un passé qui s'était si soudainement transformé en présent, alors qu'il sombrait presque dans les brumes caligneuses de l'oubli. En un éclair, tout avait basculé.

Bon, t'es content mon connaud, fier de ta lucidité? T'es plus avancé maintenant?

Vraiment je m'agaçait, je m'insupportait presque, comme si cette colère retournée contre moi me permettait d'éviter la peine primaire, instinctive, que l'idée du sentiment d'abandon qui avait du empoisonner durant ces trois interminables mois la vie de mon enfant chérie.

J'avais besoin d'essayer de faire le vide ...de décompresser, et je profitai que ce matin, mon chef d'atelier m'avait donné une demi journée de récupération compensatoire des heures supplémentaires effectuées pour aller courir le long du parc jouxtant l'école.
La reprise était dure, mais peu m'importait la morsure dans les mollets. Je savais qu'après quelques foulées, le muscle chaud, le rythme reviendrait.
Bercé par les impacts de mes pas sur le sol, je parvins à me laisser emporter dans cette sorte de torpeur mystique confinant à l'état de transe que les
sports de fond procurent. Oui ça marchait. J'expirais non seulement les résidus de mes carburations physiologiques internes, mais aussi les sombres nébuleuses qui polluaient mon coeur et mon esprit.
Flottant , quasi béat, je relâchai mes muscles pour une halte le long de la rembarde afin de m'étirer.
C'est alors que je remarquai ses fines jambes qui s'allongeaient à quelques mètres de mon propre point d'appuis. Un profile harmonieux bien dégagé par ses cheveux retenus pas un élastique en une joyeuse queue de cheval qui me paru presque familier.
Je pivotai mon bassin, m'attardant plus que ne le nécessitaient les impératifs gymniques tourné en sa direction...
Et là, la mémoire me revint!

C'était Polly!Putain, polly...
Un souvenir plutôt agréable, Polly, qui m'incitait à me rapprocher, mon sourire le plus chaleureux dégainé, l'éclat un brin canaille à l'ombre de la paupière, paré pour l'aborder.

-Polly, c'est toi? C'est une sacrée bonne surprise de te croiser ici!

C'était manifestement une belle matinée ! le soleil était encore timide, et l'air pas encore engourdi par les torpeurs estivales parfois étouffantes. La lumière douce donnait à son délicat visage un peu halé des reflets de miel, renforçant l'aspect velouté de ses joues aux pommettes si sexies!
Oui je me souvenais à présent parfaitement de la carnation ambrée de ses courbes, dans la pénombre de la chambre.
Et j'avais la chance qu'elle se jette à mon cou, avec un enthousiasme simple, aussi tendre que la matinal soleil d'été. instinctivement ma main avait retrouvé le chemin de sa taille toujours aussi délicieusement incurvée.
Son corps était tiède, souple, comme une brioche tout juste sortie du four. je le serrai légèrement contre moi, mon torse devinant avec un plaisir évident la pression délicieusement élastique de sa poitrine à travers la double paroi de nos t Shirts. Sa joue était un peu salée par l'effort; Une odeur de sueur fraiche, loin des agressives acidités des transpirations qui avaient trop longtemps macérées... des effluves légèrement épicées. Une brioche à la cannelle, avec peut être un peu de girofle, que j'avais envie de déguster bouchées après bouchées...Déjà mon bassin menaçait de se rapprocher avec un peu trop d'audace du sien. Je prolongeais avec trop de témérité cette étreinte...
Aussi me suis-je écarté, lentement, cherchant son regard pour savoir si quelque reproches y étaient perceptibles.
je ne me résolvais pourtant pas à rompre totalement le plaisant contact physique avec le jolie Polly, aussi avais, je laissé glisser ma main doucement vers le haut de son dos, entre ses omoplates encore humides de son récent exercice.
J'étais content vraiment, d'avoir retrouvé, l'espace de quelques instants une stimulante proximité avec elle.

-moi aussi, ca me fait bien plaisir tu sais!

Lui souris-je avec sincérité.

-j'ai du m'absenter des emmerdements...

La prison, la séparation de Norma jean, l'injustice de ces sanctions...Toutes ces preoccupations tristes venaient de remonter, laissant passer un voile sombre sur mon visage, le temps de les chasser en plongeant mon regard dans l'échancrure de son débardeur duquel s'échappait un liseré dentelle blanche parure parfaite pour la naissance du sein doré qui se devinait...dont en plus je me souvenais!

- mais tu vois, te retrouver, ça me les fait un peu oublier!

J'avais toujours envie d'elle c'était évident, et je cherchai un prétexte pour prolonger le moment.

- Tu aurais le temps pour un petit déjeuner?

Je songeais que la maison n'était pas si loin, et qu'une fois n'était pas coutume, d'autant que norma jean devait être déjà partie à la plage avec ses amies pour l'heure.. Je songeais aussi à ce putain de bracelet...qui allait forcément susciter des questions, raviver mes sombres pensées... Chiennerie, cette affaire de macchabé!
Mais tant pis, l'invitation était lancée...et au pire, j'aurais au moins la satisfaction de prolonger le plaisir de sa présence qui me permettait de faire épouser ses jolies formes à mes pensées.