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contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
mai 2024
6° - 16° // un peu de soleil pour faire plaisir !
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.


elles étaient meilleures amies, mais le temps les a éloignées..
qu'est-ce qu'il en sera quand elles se recroiseront ?

elles ont partagé une relation amoureuse il y a quelques années
et aujourd'hui elles sont toujours en contact et sont mêmes devenues confidentes
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 Paint it black (Romeo)

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MessageSujet: Paint it black (Romeo) (#)   Paint it black (Romeo) EmptyLun 25 Jan - 17:34

Paint it black @Romeo Walsh

La chanteuse qui était encore allongée dans son lit une heure plus tôt, venait de se lever de bon matin. Pressée par une force supérieure, elle avait appelé un uber pour se rendre au label Walsh. Arrivée sur place, elle traversa les couloirs du bâtiment d’un pas déterminé pour rejoindre un des studios. Deux semaines qu’elle était sortie de désintoxication. Voilà qu’elle remettait pour la première fois les pieds dans son antre après des mois passés loin d’ici. Les rayons de lumière qui s’immisçaient entre les stores à moitié ouverts se posèrent sur elle. Loin de faire ressortir les marques de ses imperfections, ils la rendaient encore plus éblouissante. L’abstinence des substances chimiques lui avait redonné un teint de pêche. Le silence dans le studio n’était troublé que par les battements assourdissants du cœur d’Erin, qui s’emballait dans sa cage thoracique. Un cœur qui ne lui appartenait plus depuis la disparition d’Arielle, songeait-elle d’une humeur maussade. Erin déposa son sac dans un coin et s’installa dans le studio. Les doigts de la jeune femme effleurèrent les cordes de sa guitare, qu’elle avait emmenée avec elle. Un élan d’inspiration musicale s’était emparé d’elle cette nuit et elle la mettait en pratique en cette heure matinale. Concentrée, Erin joua sans se poser de question. Ses doigts fins glissèrent fluidement sur les cordes, accordant facilement les notes sur un rythme doux et percutant. Elle tenait quelque chose, une mélodie qui lui était apparue cette nuit alors que sa meilleure amie disparue lui était venue en rêve. Dans ce rêve, elles avaient partagé une session de musique ensemble et la chanteuse avait commencé à composer une chanson. La raison d’Erin tentait de lui dire que c’était improbable, qu’Arielle n’était plus là, pourtant elle était persuadée que son amie était toujours présente à ses côtés, qu’elle veillait sur elle dans une autre vie. Le bruit de pas dans le studio ne la fit pas sursauter. Erin l’avait reconnu. Celui qui l’avait envoyée dans ce centre, celui où on lui avait pris sa liberté de fuir le monde réel, celui où elle avait été violemment confrontée à la réalité d’une vie sans Arielle et à la perte de tous ceux qu’elle avait perdu. Il ne lui avait pas laissé d’autres choix, il l’avait poussée à oublier ses interdits, à bousculer sa vie et une part d’elle lui en voulait toujours, filtrant ses appels depuis sa sortie. Erin savait qu’en venant au studio, ils se croiseraient. Le label était la maison, le bébé de Roméo. Mais l’inspiration et l’envie de jouer étaient plus forte. Sans jeter un regard à l’homme qui se tenait près d’elle, la jeune femme continua de gratter sa guitare. Entre ses cils, elle l’observa finalement en coin, son expression de froideur toujours accrochée au visage, comme si rien n’avait changé.
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MessageSujet: Re: Paint it black (Romeo) (#)   Paint it black (Romeo) EmptyMer 27 Jan - 19:02


paint it black
@erin millstone

Tu appuies ton dos contre la chaise en cuire de ton bureau, dossier qui s'affaisse un peu sous ton poids, soupire las. Tu sers les poings, joue avec tes doigts, cette chevalière à ton majeur que tu fais glisser, perdu dans tes pensées. La nouvelle année s'était lancée, et rien n'avait changé. Tu n'avais pas récupéré ta fille, disparue à jamais; les tensions entre tes enfants restaient constantes : pas plus, mais pas moins non plus... La dernière altercation avec ton ex-femme remontait maintenant à plusieurs mois. En fait, elle remontait à l'enterrement d'Arielle. Parce que depuis, vous ne vous êtes plus adressés la parole. Pas même un message de bonne année, du moins, une réponse d'elle. Parce que tu avais pensé à lui envoyer un message pour son anniversaire, un message pour Noël -tu l'y avais même invité- et un message pour lui souhaiter tes vœux. Mais Lorena restait un fantôme, sans doute blessée par tes mots crûs quant à son départ trop rapide, après l'enterrement de sa fille. Tu avais su t'occuper depuis le drame, t'avais accueilli de nouveaux artistes, fait connaissance avec ton nouveau partenaire, vu tes enfants, indépendamment les uns des autres... T'avais pas eu le temps de penser à ta princesse déchue. Jusqu'à il y a quelques jours, où les journées semblaient s'allonger, que ta peine reprenait le dessus sur tes activités. Il y avait des jours comme ça, où les souvenirs revenaient. Mais tu savais pourquoi c'était le cas, en ce moment. Tu le savais pertinemment, parce que tu suivais son état depuis longtemps.  Erin, une tornade dans son genre. Tu n'avais eu de nouvelles que par les médecins et le centre dans lequel tu l'avais obligée à passer ces derniers mois, incapable de voir le schéma se redessiner devant tes yeux. Tu ne pouvais pas la laisser faire, t'avais pas le droit : tu ne pourrais jamais te pardonner si elle suivait les pas d'Arielle, et que t'avais rien fais pour l'en empêcher. Parce que t'as bien compris que si ta protégée avait trouvé du réconfort dans ce qui avait tué Arielle, c'était à cause de ta fille. Tu te sentais responsable d'elle, comme tu n'as pas su sauver la première. Alors tu lui a pas laissé le choix. Soit elle allait purger son corps, soit le contrat avec AWP serait rompu; t'as joué carte sur table, un coup de poker. Parce qu'Erin était ta plus grosse tête, qu'elle pourrait très bien trouver ailleurs si l'envie l'en prenait, et qu'elle ne se serait pas gênée si t'avais pas commencé à évoquer sa famille, la peine qu'ils auraient, et puis, Arielle. Parce qu'Arielle était un modèle à ne pas suivre, un chemin escarpé qu'Erin recherchait sans le vouloir avec ses déboires dangereux. Tu ne sais pas si la jeune femme s'est ressaisie avec ta menace ou si elle n'a pas plutôt pensé à sa famille et à cette fin dont elle ne voulait pas. Ce qui est sûr, c'est qu'elle a accepté, à contrecœur et excéder par ta simple présence. Elle t'en voulait, tu le savais. Elle a jamais accepté tes visites, au centre. Jamais répondu à tes appels lorsque tu appelais le bâtiment pour qu'ils te la passent lorsqu'elle en avait la permission. Elle n'a jamais cherché à te recontacter, jamais non plus essayé de te revoir, depuis qu'elle était sortie... Tu n'existais probablement plus, pour la chanteuse à qui t'as tout donné. Mais elle s'en était sortie, et c'était probablement la meilleure chose que tu pouvais espérer. Ça t'importait peu qu'elle t'en veuille si sa santé n'était plus en danger et que sa vie reprenait peu à peu, se remettant des drames qui sont survenus, trop précipitamment dans sa vie.
Tu regardes la dernière photo de famille que vous avez fait qui datait de plusieurs années. Azraël n'était pas encore partie en voyage, Aela et Arielle étaient lumineuses, et Avery égal à lui même. Toi, t'étais au milieu, un grand sourire, entre les quatre bijoux de ta vie, ceux pour qui tu donnerais tout. Pourtant, déjà à l'époque de cette photo, Arielle n'était plus la petite fille que tu avais connue. Tu triture ta chevalière, celle qu'ils t'ont acheté pour tes cinquante ans. Il y a quatre ans, déjà. Tes yeux se portent sur ton écran d'ordinateur, ouvert sur les caméras du label. Cadre lumineux autours de la fenêtre d'uns des studio. Personne ne devait enregistrer aujourd'hui, normalement. Il n'y avait que toi et la secrétaire, fidèle à son poste. Tu soupires, mélancolique, en reconnaissant la silhouette de la jeune femme accompagnée de sa guitare. Tu comprenais maintenant pourquoi on l'avait laissée entrer. Tu te lèves, jambes endolories par ta journée passée assis et sors de ton bureau. Tu rejoins en quelques pas le studio occupé puisqu'il était juste à côté de la pièce où tu te trouvais; discret, tu entres dans cette salle dont elle avait fait son repère. Tu restes en retrait, les bras croisés, le visage livide. L'envie était trop forte pour résister, tu la connaissais bien. Elle n'avait pas changé, même si ses cheveux étaient plus brillants que la dernière fois que tu l'as vue, signe de bonne santé. T'étais rassuré par sa présence, rassuré de voir qu'une part d'elle était encore capable de se rendre dans cet endroit qui t'appartenait et où tu toute ton âme se trouvait. Tu vois bien qu'elle sait que tu es là, mais tu la laisse dans sa bulle, quelques minutes encore. C'est quand elle s'arrête enfin, sans pour autant se tourner complètement vers toi, que tu décides d'entamer la conversation. Cynisme à la Romeo. « C'est sympa ça d'être passé me voir, Erin. Désolé si je t'ai fais attendre, on ne m'a pas prévenu, je comprend pas pourquoi. »
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MessageSujet: Re: Paint it black (Romeo) (#)   Paint it black (Romeo) EmptyMar 2 Fév - 21:33

Paint it black @Romeo Walsh

Tout comme ce moment suspendu qu’elle avait passé sur la patinoire en compagnie de Nate, Erin s’enferma dans la même bulle pour jouer de la musique. Les doigts de la musicienne glissaient sur la guitare aussi gracieusement que ses pieds sur la glace. S’installant confortablement, elle se concentra sur la mélodie, qui lui vida la tête. Depuis cette nuit, les accords de cette musique la hantaient et Erin ressentait le besoin de leur donner vie. Parce qu’en leur donnant vie, elle avait l’impression de retrouver une partie de la personne qui les lui avait inspirées. Arielle. Ce n’était pas juste sa meilleure amie, c’était aussi la personne qui avait changé sa vie. Très tôt, Erin avait développé un talent inné pour apprendre la musique. D’abord dans sa chambre comme bon nombre d’adolescents, puis en prenant quelques cours pour se tester. Elle ne se destinait pas à devenir une chanteuse à succès, elle jouait à son niveau et surtout pour son plaisir. Mais la véritable explosion de l’artiste était née quand elle avait posté des vidéos sur un réseau social et qu’Arielle les avait présentées à son père. Elle lui devait tout. Alors quand la fille de Roméo avait disparu de son monde, la volonté d’Erin s’était brisée. Elle avait choisi l’autodestruction comme secours à une réalité trop difficile à encaisser : elle avait brimé ses désirs de vie heureuse pour se complaire dans sa descente aux enfers. Il était tellement plus simple de se laisser aller, vivre pleinement sa vie comme n’importe qui était bien trop douloureux. Sans Arielle, lutter pour quelques ridicules moments de bonheur volés au temps ne lui paraissaient pas valoir la peine. Défigurée par les drogues qu’elle prenait, la femme qu’elle aurait pu devenir depuis des années s’éteignait : plus le temps passait, plus elle se sentait pourrir de l’intérieur. Elle avait besoin de ces substances chimiques pour se sentir encore vivante. Alors, Roméo était intervenu. Pour que le schéma ne se reproduise pas. Il lui avait retiré ce qui la tuait à petits feux en même temps que ce qui la maintenait en vie.

Un nouveau chapitre s’ouvrait pourtant. Erin ne savait pas ce qu’elle venait chercher au studio, peut-être un apaisement momentané à ce manque douloureux qui s’était creusé dans son cœur. Lassée de fuir, agacée par son manque de courage et pourtant incapable de l’affronter, elle était revenue pour reprendre sa vie. Peu importait ce qui se passerait, c’était le cours naturel des choses après un passage en centre de désintoxication. Essayer de prendre un nouveau départ. Brusquement, Erin entendit un bruit de pas derrière elle. Un froid glacial pris possession de son corps, elle termina de jouer sa composition puis suspendit sa trame, l’inspiration en pause. Comme abandonnée par le soleil qui l’habitait dans sa bulle, elle se retrouvait à nouveau dans l’obscurité de sa vie, confrontée à la personne qui l’avait forcée à se sevrer et à affronter ses démons intérieurs. En dépit du bon sens de Roméo, Erin lui en voulait. Il lui avait sauvé la vie et pourtant elle refusait toujours de voir cette évidence. Pour elle, il restait cet homme en qui elle avait donné sa confiance et qui s’était acoquiné avec sa famille pour l’enfermer dans une prison où elle n’avait aucune échappatoire à ses cauchemars et aux manques criants de son corps. Elle avait commencé à consommer pour tenir le rythme des tournées, elle avait ensuite continué par habitude et dépendance mais elle avait explosé le compteur quand elle avait vrillé. Son cœur scellé depuis des années allait le rester encore longtemps, peu importait la douleur et les incompréhensions entre eux, elle refusait de céder. Pauvre gamine idiote. Lui aussi avait souffert, lui aussi avait perdu plus que sa vie mais elle s’était réfugiée derrière un mur qui l’isolait de ces considérations. Les véritables fantômes dans ce monde n’étaient pas les revenants ni même ces créatures qui peuplaient les scénarios de films horrifiques. Non, les pauvres fantômes se cachaient au fond d’eux, dans leurs rêves brisés, leurs proches disparus, leurs espoirs chamboulés.  

D’une voix cynique, Roméo prit alors la parole. Bingo. La pique ne manqua pas de la provoquer. « J’oubliais, tu as une vue imprenable sur toute ta maison dans ta tour d’ivoire. Pourquoi, tu comptais m’organiser un comité d’accueil spécial si tu l’avais su ? » Peut-être pour vérifier qu’Erin arrivait dans un état acceptable. « On t’a mal informé, je ne t’attendais pas. Tu peux revenir plus tard, quand je serai partie, par exemple. » Posant sa guitare à côté du piano disposé dans le studio, la chanteuse se releva et adopta le même ton ironique. « A moins que tu comptes inviter ma famille pour cette joyeuse fête de retrouvailles ? Aux dernières nouvelles, vous êtes comme cul et chemise. »
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MessageSujet: Re: Paint it black (Romeo) (#)   Paint it black (Romeo) EmptyJeu 4 Fév - 19:13


paint it black
@erin millstone

Souvenirs brulants  d'une vie où tout allait encore bien. Plus qu'une simple figurante dans le film de ta vie, Erin s'était faite une place dans ta famille, auprès de ta première fille. Trop de moments forts qu'elle avait passé avec vous, elle avait aussi assisté à l'évolution du label. Presque dix ans, maintenant, qu'elle avait été embauchée pour remplacer ta secrétaire. T'aurais été heureux de la voir grandir, vieillir, fonder son succès, et un jour te présenter une personne importante à ses yeux; une personne qui la suivrait jusqu'au bout du monde. Pourtant, ce semblant de rêve s'était envolé au moment où tu as signé les papiers de son internement. Contrat légal établie avec le centre, bénédiction de la famille Millstone qui t'a appuyé. La santé de ton artiste primait; tu en étais en partie responsable. Sans le contrat avec le label, peut-être qu'elle n'aurait jamais eu besoin de rentrer dans ce cercle infernal des addictions. Ou peut-être justement que ça aurait été pire et qu'elle en aurait décroché un avec une maison de disque loin des valeurs d'AWP, prête à laisser ses artistes se détruire pour le rapport économique qu'il leur apportait. Toi, t'avais décidé que la carrière d'Erin serait mise en stand-by, le temps qu'elle reprenne du poil de la bête, que la tension palpable entre vous se tasse, un peu, peut-être. Cette dernière idée n'était qu'inconsciente. T'avais le sentiment que jamais la brune ne redeviendra celle qu'elle était avec toi, une troisième fille, adoptée par la force du cœur. Tu te laisse emporter par le son des cordes grattées par la brune, retrouve l'oiseau que t'as laissé voler de ses propres ailes. Erin était certainement l'artiste la plus libre du label, tu la laissais gérer ses enregistrements, choisir chaque équipe, chaque musicien; confiance ultime que tu plaçais en elle. Pourtant, t'étais en train de serrer les vis, réprimer cette liberté trop longtemps accordée. Parce qu'elle volait trop loin et que ses ailes n'étaient pas faites pour résister à la météo lancinante de la vie. Tu gardais précieusement chaque premier exemplaire de ses albums, tu lui en avais même fait développé un en vinyle, pour fêter son premier disque d'or. Souvenirs qui s'effaçaient peu à peu, la force du temps et des agitations y était pour quelque chose. Quand elle s'arrête enfin, tu reprends cette casquette froide du directeur de label aigri. Ironie marquée par l'intonation de ta voix, tu ne lâches pas des yeux la silhouette feutrée de la chanteuse qui se tenait à quelques pas de toi. Esquisse amusée par sa réplique, jeu de ping-pong qui était la marque de fabrique de votre relation. Pourtant, tu sentais une certaine agressivité dans sa voix, sentiment qu'elle n'avait jamais envers toi, avant. Tu réprimes la douleur qui s'empare de ta poitrine. S'attacher à ses artistes, voilà ce que ça faisait. C'est aussi pour ça que t'as jamais voulu t'occuper de la carrière de tes enfants, préservation de votre relation plus importante qu'un quelconque succès. Pourtant, avec Erin, c'était différent. Au début, elle n'était qu'une amie talentueuse de ta fille aînée. Amie qui a tracé sa route, s'est frayé une place sur vos photos de famille, accueillie comme telle. Tu souffles par les narines avant de répondre aigrement. « Ouais, une petite bannière avec noté "Bienvenue à la maison", mais peut-être que ça t'aurais fait fuir, finalement. » Tu roules des yeux, bras croisés sur ton torse. « Ça serait bête maintenant que je suis là. Le vieux con que je suis a assez fait d'effort physique pour venir jusqu'ici.» Tu laisses un sourire ironique se dessiner sur tes lèvres entourées par une barbe que tu laissais pousser depuis plusieurs semaines. Tu suis la chanteuse des yeux alors qu'elle pose son instrument. « Par exemple oui, j'aurais pu les inviter. Peut-être une autre fois, pour une vraie fête de retour, qu'en penses-tu ? » Tu lances, ta voix grave un peu plus douce qu'elle ne l'était lors de tes précédentes réponses. Erin n'était pas vraiment revenue; seulement pour gratter un peu des cordes dans un lieu calme et fait pour ça. Un lieu auquel elle était habituée et était censé la faire se sentir bien. Tu savais qu'elle repartirait d'ici, encore plus en colère qu'elle ne l'était en arrivant. Parce que ça se voyait dans ses yeux, et que tu te connaissais. Tu serais incapable de la laisser entendre ce qu'elle voulait. « Je sais que ce n'est pas réciproque, mais ça me fait plaisir de te voir en forme. » Tu décroises les bras et te redresse. « J'imagine que t'es pas venue seulement pour le plaisir de gratter un peu et encore moins pour voir ma gueule. Je peux t'aider ? »
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MessageSujet: Re: Paint it black (Romeo) (#)   Paint it black (Romeo) EmptyMar 16 Fév - 19:37

Paint it black @Romeo Walsh

Peu de personnes s’adressaient au directeur du label de la façon dont Erin venait de le faire. Pourtant, son rôle premier s’était progressivement effacé pour devenir celui d’un mentor, puis d’un père dans le monde de la musique. Le sang des Walsh ne coulait pas dans les veines de la jeune chanteuse mais elle était ce qui se rapprochait le plus d’un enfant supplémentaire pour le cinquantenaire. La frontière entre sphère personnelle et professionnelle avait été franchie depuis longtemps mais elle n’avait jamais atteint les limites de ce que l’un ou l’autre pouvait tolérer avant aujourd’hui. En tant que directeur, Roméo avait menacé de la virer du label, au risque de perdre une de ses meilleures artistes. Mais il avait définitivement joué la carte du chantage affectif pour la raisonner. Il avait parlé des Millstone, de la tristesse qu’elle infligerait à sa famille, puis il avait mentionné son profond attachement à elle et enfin il avait cité Arielle dans son argumentaire. Roméo s’était servi de son levier affectif contre Erin pour qu’elle accepte de se faire soigner. Dans un état psychologique fragile, elle s’était finalement résignée pour lui et pour ses proches. Si la chanteuse avait refusé, elle aurait été emmenée de force. Il avait signé les papiers avec l’accord de sa famille. Aucun d’eux ne lui avait alors dit qu’elle resterait dans ce centre durant des mois. Cinq longs mois. A présent, Erin savait. Elle savait à quel point ce même levier affectif pouvait se retourner contre Roméo. Il ne la virerait pas. Il ne prendrait pas le risque. Pas pour le chiffre d’affaires qu’elle représentait, mais parce qu’elle était comme sa fille, une fille qu’il ne voulait pas perdre. Il la gardait à l’œil. La preuve encore aujourd’hui : il était descendu pour la retrouver. Au risque de recevoir un accueil des plus glacials. La musicienne arrêta de gratter son instrument et le déposa. Lançant un regard ironique, elle réagit à la prétendue petite fête dont Roméo parlait pour son ‘‘vrai‘’ retour. « Je pense que c’est une excellente idée. Surtout tenez-moi au courant de la date que je m’épargne le déplacement ce jour-là. » Et qu’elle se fasse surtout une joie de ne pas se montrer quand tout le monde serait présent. Que croyait-il ? Qu’il pourrait revenir la bouche en cœur et que tout redeviendrait comme avant ? Il joua alors la carte de celui qui était content de la voir en meilleure santé. « En forme… Tu veux dire sevrée. » Répondit-elle, froidement. Puisqu’elle n’était pas venue pour ses beaux yeux, il lui demanda ensuite s’il pouvait l’aider. « M’aider ? » Elle pouffa. « Comme cet hiver ? » Non, il s’en sortait trop facilement. « J’te faisais confiance, putain ! Oui, t’es la personne en qui j’avais le plus confiance et tu m’as convaincue d’aller m’enfermer dans ce truc où l’on me répétait tous les jours que… » Erin stoppa net sa tirade. Parler, provoquer des réactions chez elle… N’est-ce-pas ce qu’il attendait d’un côté ? Parce que tant qu’elle réagissait, Roméo garderait l’espoir de renouer quelque chose. La colère restait un sentiment. Que voulait-il ? Que cherchait-il ? Détruire le peu qui les liait encore en faisant comme si de rien était ? La haine enflamma les veines d’Erin, elle lui brûlait le cœur, se mélangeant à l’amour renié pour son mentor et à la tristesse qui coulait en elle. Pour l’heure, elle le détestait. Jamais, elle n’aurait pensé qu’il lui inflige ça, pas lui. Devait-elle lui raconter ce qui se passait dans ce centre lorsque le sentiment de dépendance couplé au manque l’avait poussée à flirter avec la folie ? Les hallucinations qui avaient pris possession de son corps quand elle était entrée dans un état entre-deux, les sédatifs qu’on lui avait administrés, les liens qui l’avaient attachée quand elle était devenue incontrôlable et avait essayé de se blesser à cause du manque. Ça avait duré des jours, mais ces jours-là étaient devenus infernaux alors que les substances chimiques avaient progressivement abandonné son corps. Une éternité. Un enfer qu’elle n’était pas près d’oublier. Alors oui, son corps allait mieux, il s’était habitué à la désintoxication. Mais son esprit n’avait pas guéri et la chute l’avait bien plus abîmée que Roméo ne le croyait. La rage au cœur, elle serra les dents et prit une profonde inspiration pour ne pas donner un violent coup de poing dans un mur ou un coup de pied dans le matériel. Le cœur de glace reprit ses droits sur le corps de cette jeune femme. « Tes bonnes intentions, tu peux te les garder. » C’est bon, elle avait vu ce que ça avait donné.
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MessageSujet: Re: Paint it black (Romeo) (#)   Paint it black (Romeo) EmptyJeu 18 Fév - 17:53


paint it black
@erin millstone

Le tension palpable dans le studio d'enregistrement pourrait te faire hérisser les poils sur les bras, pourtant, t'y étais préparé. En rejoignant la brune, tu savais que tu ne serais pas bien reçu, c'était couru d'avance. Tu t'es quand même senti obligé de venir la voir, par principe. Parce que tu pouvais pas lui laisser croire qu'elle ne comptait pas pour toi au point que tu l'ignores dans ton propre label. Erin pouvait te détester, elle pouvait t'insulter, te cracher à la gueule, t'étais parfaitement incapable de l'abandonner. Quand bien même elle pouvait aussi t'ignorer pendant des années, il suffirait qu'elle t'appelle, te demande un service et tu ferais en sorte de lui offrir. Tu lui donnerait tout, à Erin. Exactement comme tu donnerais tout à tes enfants. Elle faisait parti de ces personnes qu'Arielle aimait plus que tout, tu le savais. Alors c'était pour sa mémoire, honorer ce qu'elle aurait fait pour Erin si elle était encore parmi vous, mais aussi pour toi. Parce que tu t'y étais attaché, à la Millstone, devenue bien plus qu'une simple tête d'affiche, ou un trou à bénéfices. Elle pouvait arrêter la musique, Erin, que jamais tu ne la renierais. T'as tout misé pour la préservé, t'as risqué sa place, son intégrité, coup de poker qu'elle aurait pu envoyer valser, t'as bluffé derrière des lunettes aux verres transparents. Emotions grandes ouvertes au cœur de pierre de la jeune femme. T'empêches pourtant pas l'ironie de fuser dans tes mots, ni l'air glacial de souffler pour rajouter de la condensation à l'atmosphère extrême qui imprégnait la pièce. Réponse tenaillantes, la brune avait véritablement un couteau aiguisé à la place de la langue. Coups acides contre ta poitrine, tu tenais debout quand même, incapable de la laisser te faire défaillir; image du patron impassible que tu devais tenir pour ne pas ternir ta crédibilité auprès de la musicienne. C'est pour ça que tu oses lui dire que t'es content de la voir : un peu de vérité dans l'épave de faux-semblants que t'étais devenu en l'espace de quelques minutes pour réussir à faire face à cette fille de cœur. « En forme ou sevrée, ça ne veut pas dire la même chose dans ta langue ? » Tu l'interroge, vraie question qui te brûle les lèvres. Parce que pour toi, elle n'allait pas bien avant son internement. Non. Descente aux enfers qu'elle subissait depuis plus d'un an, peut-être même plus de deux; Erin n'allait pas bien, se planquait derrière ses cachets, euphorie des drogues dures offertes gracieusement dans le monde de la musique, "pour tenir". Cette impression d'aller bien, celle de se sentir vivant... Elle venait juste camoufler le sentiment de dépendance, l'état de déchet en perdition que chaque utilisateur trop fréquent devenait. Parce qu'Arielle aussi, elle avait l'air d'aller bien. Elle souriait, elle riait, elle s'amusait. Elle vivait. Tout ça, parce qu'elle était sous drogue, dépendante à ces substances qui lui donnaient l'impression de s'en sortir, l'impression de pouvoir tenir debout quand tout s'écroulait sous ses pieds. Découvrir Erin dans ce déni constant te brisait littéralement en morceaux. Jambes qui tremblaient, cachées par ton corps qui se retrouve adossé contre la vitre du studio. Nouvelle question, celle de ce que tu pouvais bien faire pour elle. Aide que tu voudrais lui apporter de son plein gré, tu savais pourtant que ça ne serait pas facile; elle n'avait déjà pas accepté la précédente. Alors évidemment, t'aurais pu y aller moins fort, moins vite. Mais le décès de ta fille était trop récent, plaie du palpitant à vif, béante, qui ne faisait que s'agrandir en voyant sa meilleure amie rejoindre les méandres qui l'avaient emportée. T'as pas su être plus doux, t'as pas su lui laisser le choix. Parce que tu ne pouvais tout simplement pas faire la même erreur que celle qui t'a coûté ta fille aînée. Langue persiffleuse de la vipère qui s'énerve, détresse dans le regard, trahison frappante. Tu serres la mâchoire, encaisse les mots pénibles qui viennent te tirailler, frapper là où ça fait mal. T'as brisé quelque chose, en l'envoyant là bas. Tu le savais, et tu ne pourrais sûrement jamais le retrouver. Mais l'état de santé d'Erin prenait le pas sur le lien qui vous unissait, elle était plus importante que n'importe quel sentiment d'une affection réciproque. Perdre sa fille parce qu'on n'a pas fait le nécessaire, t'as déjà donné; savoir sa fille vivante, même si elle te détestait... C'est la fin que tu aurais préféré, si tu devais faire un choix. Et c'est le choix que tu faisais pour Erin. « Qu'est-ce que tu veux, Erin ? Rejoindre Arielle ? T'avais qu'à refuser alors. » Tu lâches après quelques secondes. « Si je ne t'y avais pas envoyé, est-ce que t'es sûre que pourrais te tenir dans ce studio aujourd'hui ? Alterner entre ce putain d'hosto et le centre, c'est pas la vie que tu veux. Alors fais pas la même connerie que ma fille.» La voix cassante quand tu évoques Arielle, sentiments éclipsés qui reprennent le pouvoir sur ton corps. Tu ravales les larmes qui aimeraient atteindre tes rétines, mais le sujet épineux qui était évoqué les en empêchait. Touché de trop près par ce qui avait manqué d'emmener la jeune femme trop loin pour qu'elle ne puisse revenir, tu ne pouvais pas rester silencieux face à ses attaques. Arielle avait fait plusieurs séjours dans des centres de désintoxication, t'as été obligé de l'y renvoyer, plusieurs fois. Et à chaque fois, elle rechutait. A chaque fois, ça recommençait. Trop fragile pour réussir à refuser une dose, elle se laissait prendre par la fièvre euphorique qui lui a coûté la vie. « Je suis désolé si ça a été éprouvant pour toi. Sincèrement. Mais tu voulais que je te laisse te détruire, et qu'en plus je te regarde crever ? » Dernier mot étranglé par ta gorge qui se sert, t'avais déjà tenu le corps inerte d'Arielle pour égoïstement te l'épargner, à toi ou quelqu'un d'autre, pour Erin.
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MessageSujet: Re: Paint it black (Romeo) (#)   Paint it black (Romeo) EmptyDim 21 Fév - 17:08

Paint it black @Romeo Walsh

Interloqué, Roméo lui demanda la différence entre les deux états évoqués. Croisant les bras sur sa poitrine, Erin leva un sourcil interrogateur. Était-ce une forme de plaisanterie ou une vraie question ? Non, il n’avait clairement pas le cœur à rire. « Donc pour toi, il suffit de sevrer un corps pour que tout aille mieux ? » La chanteuse était étonnée, parce que si les problèmes de dépendance se réglaient de cette unique façon alors qu’on lui explique pourquoi tant de monde replongeait si vite. « Parce que s’il suffisait de ça, Arielle serait toujours là. En forme. » Un silence suivit les paroles d’Erin. Elle ne cherchait pas à causer de la peine à Roméo, c’était une vraie constatation aussi. Pourquoi avoir laissé les choses aller aussi loin s’il suffisait d’enfermer son enfant pendant cinq mois dans une institution spécialisée ? Tout comme elle, le directeur du label savait que ce n’était pas la réponse au problème sous-jacent. La dépendance corporelle se résolvait en forçant les choses mais pas ce qui avait conduit à vouloir s’échapper de la réalité au départ. L’impression de se sentir vivant et invincible quand tout le reste s’écroulait. Dans le déni, Erin répondait comme une vipère à son père de cœur ; elle se sentait trahie. Il lui demanda alors si elle aurait préféré rejoindre Arielle et passer sa vie à l’hosto jusqu’à ne plus jamais se relever. « Ah ! Tu me parles de ce pseudo choix que ma famille et toi m’avez laissé. Je risquais quoi encore si je n’acceptais pas ? Toi, tu menaçais de me retirer la seule chose qui me tenait encore à cœur : la musique. Ma famille a agité la carte de la dénonciation pour que je me fasse enfermer d’une façon ou d’une autre et m’empêcher de continuer. Tu parles d’un super choix. » Soit Erin acceptait de son plein gré et tout se passait sans « forcing », soit elle refusait et elle se retrouvait virée du label et chez les flics pour consommation de drogues dures et de stupéfiants. Sa famille n’aurait peut-être pas osé aller jusqu’à cette extrémité mais elle n’en était pas sûre. « Ce dont j’avais besoin, c’était de vous, pas d’être attachée à un lit quand je ne réagissais pas comme ils le voulaient. C’est ça que tu appelles aider quelqu’un ? » Ce n’était arrivé que dans les pires moments de crise liés au manque mais elle avait volontairement cité cette période puisque c’était celle qui avait été la plus compliquée à vivre. Enfin, pas tout à fait. Les séances avec les différents thérapeutes qui essayaient de la comprendre avaient été assez pénibles aussi. Entre les consultations où elle ne parlait pas et celles où elle crachait son venin, ils s’étaient longtemps arrachés les cheveux avant d’obtenir quelque chose d’elle. Et puis, Erin avait finalement compris que pour retrouver sa liberté, elle devait cesser de lutter et jouer à leur jeu. La brune s’était résignée à leur dire ce qu’ils voulaient entendre, des réponses bateau pour qu’ils baissent leur garde et cessent de se méfier d’elle. Bien sûr, tout n’avait pas été mauvais dans ce centre. Erin avait réellement progressé, elle s’était un peu retrouvée et elle allait mieux qu’en y entrant. Entourée par des spécialistes, elle avait probablement tenu bon parce qu’elle était régulièrement surveillée. Vivre dans ce centre lui avait créée une bulle en dehors du monde extérieur, une bulle dans laquelle elle s’était réfugiée pour ne pas penser à un monde sans Arielle. Mais la sortie n’en était que plus violente à vivre. Et toujours plongée dans cette phase de déni et de colère contre Roméo, elle ne reconnaitrait pas les bénéfices – autres que corporels – que ce petit séjour lui avait octroyé. « Va savoir ce qu’ils lui ont fait, à elle. Ça a tellement bien marché que tu t’es dit que ce serait bon pour moi aussi. » Pourquoi pensait-il que cette cure fonctionnerait sur elle alors qu’Arielle avait rechuté à chaque fois ? Peut-être qu’il n’y avait pas de solution miracle… Si ce n’était de la personne elle-même. Certaines personnes ne voulaient pas être sauvées. Soudain, la peine et la résignation de Roméo la frappa. En fait, il n’était pas contre elle, il était même désolé qu’elle traverse les mêmes démons qu’Arielle. Attristé par l’évolution de la situation et marqué par la peur de perdre une seconde fille, la gorge du producteur se serra. Cette vibration dans la voix de son mentor fit un peu redescendre la colère d’Erin, par cette peine qu’ils partageaient. « Tu sais, je n’arrête pas de la voir, tout le temps. Dans mes rêves, dans mes cauchemars. Quand je prends ces trucs, aussi. » Dans une douloureuse confession, elle lui admit alors l’horrible vérité qui l’avait poussée à vriller complètement, au-delà de sa dépendance aux drogues. « C’est ce que j’ai fait, quand on venait de la perdre. Je voulais me rapprocher d’elle, je refusais de la laisser partir. Je ne sais pas comment toi tu fais pour vivre sans elle, si c'est le cas, mais moi je n’y arrive pas. » Les vices d’Erin ne dataient pas d’hier, elle consommait depuis des années, cependant la disparition d’Arielle avait joué un rôle dans son overdose. Chacun vivait la perte d’un proche et le deuil différemment. Erin, elle, se sentait affreusement coupable. « Tu dis que tu n’as rien pu faire pour elle mais toi tu essayais tout le temps. Moi, je savais qu’elle était mal. Et pourtant, elle a réussi à me faire croire le contraire aussi, les derniers jours avant de nous quitter. Non, je n’étais pas là non plus, j’étais bien trop occupée à faire des putains de chansons. » Avalant péniblement sa salive, elle expira difficilement l’air qu’elle avait inspiré quelques secondes plus tôt. Ses jambes tremblaient, tant et si bien qu’Erin s’assit sur le banc du piano.
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MessageSujet: Re: Paint it black (Romeo) (#)   Paint it black (Romeo) EmptyMar 23 Fév - 18:49


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Manquement à se rendre compte de l'importance d'un sevrage pour sa santé, que la drogue n'avait rien de bénéfique à son état, moral ou physique. Tu n'allais pas entrer dans un débat avec elle, ton avis restait figé : Erin allait mieux, qu'elle en ait conscience ou non. Sa colère en était la preuve, caractéristique du retour évident de la Erin caractérielle que tu connaissais, pouliche conquérante du monde de la musique. Malgré tout, elle avait raison; paroles qui t'atteignent en plein cœur, dague aiguisée emprunte d'un poison lent et destructeur. Si aller mieux était si simple, Arielle n'aurait pas bu la tasse à plusieurs reprises avant de se laisser couler, sac remplit de pierres. Il y avait seulement des personnes plus fortes que d'autres, capables d'aller mieux plus longtemps, si ce n'était toute leur vie.  Parce qu'Arielle allait bien, à la sortie de ses cures. Addiction terrée au fond de son esprit, c'est les semaines qui suivent, qui sont dures. Independence exiguë, sentiment d'être capable et puis la rechute. Falaise qu'elle a dégringolé, encore et encore, incapable de résister à l'appel du vide qui lui manquait. C'est pour ça que tu ne lâcherais pas Erin et que lui dire qu'elle semblait aller mieux était important. Lui prouver qu'elle pouvait vivre sans l'aide chimique que ses cachetons lui apportaient, c'est ce que tu n'avais fais qu'à moitié, avec Arielle. Toi, t'as jamais connu l'addiction. Vie de famille rapide, seul mec casé du groupe pendant vos tournées : tu devais t'occuper des jumeaux, prunelles de tes yeux. Pas d'occasion manquée, t'as cependant découvert ce qu'était la descente aux enfers. Une chance sur deux pour que quelqu'un qui s'y essaye s'y perde, coéquipier à la batterie qui a finit par s'en sortir, plusieurs années de luttes avant d'être sevré complètement. T'aurais jamais imaginé revivre ça avec ta propre fille, et encore moins qu'une force antique te remette face à tes erreurs, remue ce couteau dans la plaie encore béante de la mort d'Arielle en te le faisait revivre avec Erin. Ses attaques te blessent, mais tu tiens debout, face impassible et bras croisés. Tu ne devais pas flancher. La chanteuse était devenue une faiblesse, et elle ne devait pas s'en rendre compte. Image du patron acerbe que tu devais garder puisqu'elle ne voulait plus du père affectueux; est-ce qu'il fallait mettre tes sentiments à la trappe pour avancer ? Choix qui n'en était pas un, Erin vous en voulait. Marchandage et négociations, son sevrage était devenu source de conflits avant même qu'il ne commence : deux parties sur trois voulaient qu'elle y aille, tandis qu'elle composait seule la troisième. Tu secoues la tête quand elle continue, yeux baissés et plongés dans le sol sombre du studio. Esquisse de ce qui avait été une partie de sa vie pendant quelques mois, tu déglutis. T'as envoyé tes filles dans ce centre que tu pensais bon pour elle en sachant pertinemment ce qu'ils étaient capables de faire; si Erin avait été de mauvaise volonté, tu savais que ce n'était pas le cas d'Arielle. Véritable envie de s'en sortir, la Walsh n'arrivait juste pas à retrouver la réalité, monde chimérique bien plus intéressant et qui la faisait tenir debout. Béquilles imaginaires qui ont juste aggravés la blessure. Nouvelle attaque glaçante qui te met face à tes démons : t'as pas pu aider ta fille, et c'est peut-être toi qui a entraîné sa chute. Cette erreur, peut-être que tu la refais. Ou peut-être qu'elle n'en sera pas une et qu'elle sauvera Erin. T'as essayé, ce que la brune proposait. Être là pour Arielle, t'as essayé, oui. Pourtant ça ne l'a pas sauvé; alors qu'est-ce qui était bon ? Est-ce que t'aurais dû laisser Arielle et Erin se sevrer seules, ou attendre qu'elles meurent toutes les deux d'une overdose, comme ce qui était arrivé à ta fille ? Est-ce que t'aurais dû les soutenir, les rassurer, leur apporter ton aide quitte à ce qu'elles n'en veuillent pas et qu'elle te mentent ? Ou est-ce que les envoyer dans ce centre était bon ? Tu ne savais pas quelle solution était la meilleure, mais t'as imaginé que le centre pouvait en être une. Parce qu'elles ont été suivies par des professionnels, qu'elles n'étaient pas seules, qu'elle pouvaient voir les dégâts de la drogue sur d'autres corps, moins résistants, ou encore plus malades. Malgré tout, tu t'excuse. Véritable regret de n'avoir peut-être pas fait le meilleur choix en ce qui concernait la Millstone, t'as été naïf. T'aurais pas dû croire qu'elle réagirait aussi bien qu'Arielle, caractère déjà plus fort que celui de ta fille, effacée et douce qui vivait à cent à l'heure. Voix qui trépasse, tu essayes d'éviter un maximum l'étouffement qui venait enserrer ta glotte. Explications à demi-mots que tu ne supporterais pas sa chute, répétition inconditionnelle de celle de sa meilleure amie. Souvenirs qui t'animent, tu essayes de chasser les images qui te reviennent. Cette salle de bain, son corps, inerte, sa bouche béante et ses yeux blancs. Boîtes de médicaments ouvertes et vidées, elle baignait dans ce qu'elle avait vomit, à moitié. Images qui te hantaient de la même manière que son visage apparaissait dans les songes d'Erin, tu comprenais sa détresse. Sauf qu'Erin t'explique qu'en la voyant, elle s'en rapprochait. Toi, ça te rappelait seulement qu'elle n'était plus là, qu'elle t'avait abandonné pour toujours. Sa peine t'atteint en plein cœur, confessions qui avaient besoin de sortir et qu'elle laisse éclater, plus douce sans pour autant perdre cette haine qui l'animait. Mais est-ce que c'était vraiment à toi, qu'elle en voulait ? Et à sa famille ? Non. Elle s'en voulait à elle, sa colère vous faisait porter le chapeau, mais les vices qui l'habitaient venaient d'elle et de ce sentiment de culpabilité amplifié par la disparition de son amie. Tu plonges tes yeux sur son visage alors qu'elle s'assoit, jambes qui peinaient à la porter. « Je ne sais pas vivre sans elle non plus, tu sais. Elle est partout. J'ai pas touché à sa chambre. J'ai pas refais son lit; elle avait dit qu'elle le ferait en revenant récupérer ce qu'il lui restait après le déménagement. Elle en a jamais eu l'occasion. » Tu déglutis avant de t'avancer pour t'asseoir près d'elle, banc du piano assez large pour accueillir deux silhouettes. « Les draps ont toujours son odeur, même si elle s'estompe petit à petit. Il va falloir que je me résigne, mais je ne pourrais pas le faire seul.» Tu attends inlassablement que ta famille se ressoude un peu, mémoire d'Arielle à préserver. Mais tes enfants sont encore loin du compte, rancune alimentée les uns par les autres. « Elle est ici, aussi. Ce studio c'était son préféré. Elle y venait tout le temps. » Et puis la photo d'elle qui trône sur ton bureau, celle qui reste cachée dans ton porte feuille, que t'as peur de perdre si tu la sortais, ou encore cette part d'elle mise dans ta chevalière. Arielle était absolument partout, et tu faisais avec. « Pour tenir je me dis juste qu'elle voudrait qu'on continue à vivre. Elle savait... Elle savait ce qui l'attendait. C'est pour ça qu'elle allait "bien". Parce que ça serait bientôt finit. » Iris sombres qui s'embrument, perles transparentes qui en tapissent la surface. Ton âme voudrait les laisser s'échapper, crier qu'elle te manquait et que tu ne savais plus vivre sans elle. Mais Romeo, tu vis, et pas elle. Alors t'en est capable, même si c'est dur, même si elle te manque. Tu le fais pour elle, parce qu'il y a deux ans, quand tu as eu ton AVC, elle s'est précipitée à ton chevet comme si elle venait de perdre son âme pendant que toi tu te marrais. Tu disais qu'un Walsh, c'était increvable. Mais ta fille t'a prouvé le contraire, terrassée par une addiction. « T'aider en étant juste présent... c'était pas assez. Tu le sais. Et j'en suis désolé. Mais maintenant qu'on a essayé ça... Maintenant que t'en es sortie... Si t'as besoin de moi, je serais là. Et si tu me détestes, je te laisserais me détester. Mais Erin, je pourrais pas te voir partir. » C'est son départ définitif que tu ne pourrais pas supporter, la perdre comme t'as perdu Arielle. Elle pouvait quitter le label, elle pouvait t'ignorer pendant dix ans, quitter le pays; tu ne la laissera jamais partir avant toi.
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MessageSujet: Re: Paint it black (Romeo) (#)   Paint it black (Romeo) EmptyMer 3 Mar - 19:22

Paint it black @Romeo Walsh

Face aux attaques gratuites d’Erin, Roméo avait contenu sa colère. Il avait l’habitude de gérer le caractère difficile de l’artiste et d’encaisser les piques de celle qu’il considérait comme une fille. Son calme apparent avait finalement payé. La peine et l’accablement de ce père d’adoption étaient apparus aux yeux de la jeune femme qui partageait ces sentiments confus. Aucun parent ne devrait vivre la perte d’un enfant, ce n’était pas dans la logique des choses. Pour des raisons diverses, la disparition d’Arielle les avait éloignés mais leur peine commune aida Erin à canaliser sa colère et à redescendre d’un ton. Elle lui avoua qu’elle voyait son amie partout, principalement dans son sommeil. Sortie depuis deux semaines du centre de désintoxication, elle prenait conscience qu’Arielle n’était réellement plus de ce monde. C’était comme si elle revivait le deuil une seconde fois. Roméo non plus ne s’était toujours pas fait à l’idée : il n’avait pas touché aux affaires de sa fille, ni à son lit. Comme si elle était toujours parmi eux, il avait tout laissé en l’état, conscient qu’il devrait se résigner à débarrasser sa chambre un jour ou l’autre. Actuellement, il n’en avait pas la force tout seul. « Tu me laisserais y retourner ? » Habitant juste à côté des Walsh depuis qu’elle avait acheté la villa voisine de la leur, Erin passait souvent chez eux et Arielle passait aussi le plus clair de son temps chez elle. Les deux jeunes femmes avaient partagé de nombreux moments dans la chambre de la fille de Roméo. Ce serait peut-être une chance pour Erin de lui dire au revoir plus facilement. Tant que la chambre était encore imprégnée de leurs souvenirs et du parfum de sa meilleure amie. Peut-être que cette visite produirait l’effet inverse et raviverait sa douleur mais elle avait ce sentiment urgent d’en avoir besoin. Proposer son aide à Roméo pour débarrasser la chambre ne serait pas dans ses cordes. Elle était très loin d’être prête. Effacer les dernières traces d’Arielle dans ce monde reviendrait à braquer directement le chargeur d’un pistolet sur le cœur de l’artiste. Pour preuve, elle avait gardé le numéro de téléphone de son amie dans son répertoire, comme pour éviter de la tuer une deuxième fois. Elle savait, pourtant, que ce n’était que des chiffres ayant appartenu à la jeune femme, un identifiant qui lui avait permis d’entendre encore sa voix sur sa messagerie vocale avant son internement et qui avait probablement été réattribué depuis. Mais, à l’instar de Roméo, il y avait cette petite voix un peu étrange qui lui soufflait que tant qu’elle ne supprimait pas les données d’Arielle, le lien était maintenu. Alors, Erin comprenait tout à fait ce qu’il voulait dire, et cette compréhension avait légèrement rouvert le dialogue entre eux. Roméo évoqua ensuite le studio où Erin avait choisi de jouer. Le préféré de sa fille. Toutes les deux y avaient passé un sacré bout de temps. Première fan de la brune, Arielle avait partagé en secret les démos et vidéos de son amie à son père avant qu’il ne la signe, elle lui avait réservé ses premières sessions d’enregistrement dans ce studio, l’un des meilleurs du label, pour assister aux compositions de son premier album. Avec les années, l’aînée des filles Walsh venait souvent la voir quand Erin créait ses nouvelles chansons. Lorsqu’elle écrivait un nouvel album, l’artiste restait plusieurs semaines d’affiliée à Island Bay entre deux tournées et les deux amies passaient beaucoup de temps ensemble. Et même quand Erin donnait des concerts aux quatre coins du monde, Arielle la rejoignait souvent – par surprise ou non. La jeune femme avait toujours fait partie de sa carrière musicale, elle en était l’instigatrice depuis le début. Et tout avait précisément commencé dans ce studio. « Certains de nos meilleurs souvenirs sont ici. J’ai l’impression qu’elle est toujours là, à veiller sur nous. » Pour ne pas craquer, Roméo se raccrochait à l’idée qu’Arielle voudrait que ses proches continuent à vivre et qu’elle savait ce qui l’attendait. Erin préféra ne pas répondre, elle n’en était pas si sûre, pas après les dernières conversations qu’elles avaient échangées. Une part d’elle se demandait s’il ne s’était pas passé quelque chose ce jour-là qui l’aurait fait basculer. Que ce soit dans sa tête ou autour d’elle. Peu désireuse de lancer une théorie fumeuse, elle se contenta d’écouter sa justification. Ce n’était pas le grand patron du label qui se tenait en face d’elle aujourd’hui, ce n’était qu’un père désolé et démuni contre un mal qui rongeait ses filles et contre lequel il se sentait impuissant. Dans tous les cas, qu’Erin le déteste ou non, il répondrait présent si elle avait besoin de lui. C’était rassurant et touchant mais ce petit moment d’accalmie n’avait pas effacé l’amertume de la jeune femme. Les cinq mois d’enfermement et de privation lui restaient en travers de la gorge. La partie rationnelle en elle comprenait les motivations de Roméo, l’autre partie lui en voulait toujours. « D’accord. » Répondit succinctement la jeune femme, d’un air entendu, en retrouvant son masque. C’était froid mais elle n’était plus tranchante. Aimer à l’en détester, mais l’aimer quand même. Qu’importait cette différence ? Elle n’avait plus ni envie d’en parler, ni de débattre du bien-fondé de ses décisions sous peine de redevenir acerbe. La brune se leva du banc et récupéra sa guitare pour reprendre les accords où elle s’était arrêtée. « J’ai un truc qui m’est venu cette nuit. C’est une ébauche, je cherche encore la bonne tonalité. » Erin avait testé différentes versions de la musique. Elle tentait de se rappeler de son rêve et de cette discussion avec Arielle sur la dimension à donner au morceau. C’était très instructif de parler avec elle dans son sommeil. Erin avait retrouvé l’inspiration. Pour le côté technique, elle en appela à l’oreille de producteur de Roméo. A défaut de pouvoir l’aider dans son entêtement, il était doué dans un autre domaine : la musique. La jeune femme rejoua donc la mélodie sur laquelle elle travaillait quand il était entré. « Je tiens le début et la fin. Il manque quelque chose pour donner du relief dans le cœur de la musique. »
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MessageSujet: Re: Paint it black (Romeo) (#)   Paint it black (Romeo) EmptyMar 16 Mar - 10:47


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@erin millstone

Surmonter un décès était douloureux; toujours. Ça te prend aux tripes, ça te tord, dans tous les sens, ça t'écartèle. Puis ça te reconstruit, toujours, pour réitérer la douleur de l'âme, peine qui n'est jamais que passagère, qui reviendra incommensurablement un jour ou l'autre. Parce qu'un décès c'est à vie. Encore plus quand il s'agit de sa chaire, son sang; une personne pour qui on a tout donné, une personne qu'on a aimé, qu'on a élevé. La douleur de la perte d'Arielle était toujours bien là, elle te serrait, te poignardait, t'empêchait de dormir correctement. Pas encore un an que ta fille s'en était allée, vers un monde meilleurs, t'espère. Parce que tu crois pas en une présence divine, en un paradis. Sauf pour elle, repos éternel mérité par l'ange déchu, véritable fleur éternelle, bouffée d'oxygène. Erin te la rappelait. Parce qu'elles étaient pareilles, la même lueur éternelle brillait dans leur regard, avant toutes ces conneries. Tu craques, toi aussi. Tu lui parles du mal que t'as à faire le vide dans la chambre de son amie, chambre à laquelle t'as jamais vraiment touché, sauf pour enfouir ton visage dans son oreiller, sentir une dernière fois les effluves du parfum qui s'évanouissait dans la nature, cadrant qui ne cessait de tourner. Si t'avais pu arrêter le temps, tu l'aurais fais, t'imprégner encore une dernière fois de la douceur de son derme. Mais c'était impossible, et tu devais faire avec, comme Erin. Elle avait perdu son alter-ego, sa sœur, sa meilleure amie. Une partie d'elle, comme Arielle était une partie de toi, et elle vous avait été arrachée par la force. T'acquiesce à sa question, simple hochement de têtes : jamais tu ne refuserais à Erin de venir sous ton toit, encore moins pour l'empêcher de retrouver les souvenirs intarissables de sa vie avec Arielle, avant tout ça. Le deuil passait aussi par cette étape, entre deux reconstruction de l'âme profondément découpée. Il y avait la nostalgie, l'euphorie des souvenirs, le bonheur qu'on laissait derrière soit. Et on se retrouvait à nouveau à être trainé dans tous les sens, torturé par le manque de sa présence. Cercle vicieux, infernal qui oncques ne s'arrêterait. Souffle lent que tu reprends, tressaillement de la gorge, l'émotion qui prenait le pas sur tout le reste, tu viens soulager tes jambes tremblantes en t'asseyant à côté de cette fille de cœur que t'avais déçu. Tu continues de lui donner ton ressenti, places tenant au palpitant de ta sirène déchue, elle te manque, dans cette pièce. Elle te manque, chez toi. Elle te manque, constamment, âme dépourvue d'une partie d'elle. Erin le comprenait, elle le savait que ce n'était pas forcément plus simple pour toi. Mais t'as dû tenir bon, debout, rester fort : parce que t'as d'autres enfants, qui ont besoin de leur père; une affaire à faire tourner, aussi. Ta main vient se poser sur l'épaule baissée de la jeune femme, signe de réconfort que t'aimerais lui apporter : si tu pouvais, tu la prendrais dans tes bras. Mais elle acceptait déjà que tu t'installes près d'elle; une étreinte, aussi succincte soit-elle, ne sera peut-être pas la bienvenue. « Je l'espère. » Hochement de tête approbateur de ce monde auquel tu aimerais croire, présence consolante de l'esprit déchu qui serait près de vous, à guider vos pas, suivre vos vies. T'aimerais y croire. Mais t'y crois pas, vœux cher à ton cœur qu'Arielle soit loin de ce monde qu'elle a quitté. Tes paroles se perdent sur la chanteuse, besoin de lui faire savoir que tu ferais tout ton possible pour elle, l'aider, la soutenir; maintenant qu'elle avait étreint la voie de la guérison, t'étais prêt à faire un pas, toi aussi, utiliser la méthode qu'elle approuvait, laisser au tapis celle qu'elle haïssait. Sa réponse froide ne t'empêche pas pour autant de continuer à penser ce que tu venais de lui dire; on ne s'entend pas nécessairement avec les membres de sa famille, les désaccords surviennent et c'est pareil pour la famille de substitution qu'on se crée. Arielle n'était pas toujours d'accord avec toi, et toi avec elle, pourtant ça ne t'a jamais empêché de l'aimer du plus profond de ton âme. Mouvement rapide du corps de la Millstone, elle récupère sa guitare pour te proposer d'écouter la bribe d'inspiration qui lui était venue. Le regard bienveillant du père laissait place à celui du musicien, ancien bassiste reconnu et nouvelle référence musicale en terme de production artistique. Tu t'avance un peu, coudes posés sur tes genoux pendant que tu la laisse te rejouer la mélodie qui hantait ses pensées. Yeux que tu fermais par moment pour mieux t'imprégner des notes, elle te demandait ton avis parce qu'elle te savait sincère en ce qui concernait la musique, tu lui dirais sans langue de bois, et c'est bien ça qu'elle était venue chercher. « J'aime bien, ça a du peps, c'est frais. C'est tout toi, mais en effet, il manque quelque chose. Je dirais de rajouter une tonalité, une nuance plus haute ou plus basse selon ton aise, mais qu'à certain moments. Par exemple, pendant le refrain ? Tu peux garder une ligne simple au début et à la fin, c'est pas gênant. Je dirais même qu'à la fin, tu pourrais encore la simplifier, et laisser ta voix à capella sur le dernier couplet, ne rajouter que des notes uniques. Regardes. » Demi-tour sur toi-même, tu te retrouves face au piano, y place tes doigts, reprenant les notes que tu avais vu Erin jouer. Mélodie que tu mets quelques secondes à t'approprier pour la reproduire, même si pas exactement à la perfection. Tu lui montre ce que tu venais de lui expliquer, relief aux notes plus hautes dans ton cas; mais pour une voix féminine, les basses pouvaient être très surprenantes aussi. Une fois la démonstration de ce fameux relief terminée, tu laisses tes doigts ne poser que certaines notes, reprenant la mélodie simple de la fin du morceau qui se dessinait en live. Nouvelle profondeur, l'intérêt d'une fin partiellement a vide de musique donnait une certaine importance aux paroles du texte qui viendrait. « Que penses-tu de ça ? »
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MessageSujet: Re: Paint it black (Romeo) (#)   Paint it black (Romeo) EmptyJeu 18 Mar - 22:20

Paint it black @Romeo Walsh

Erin entendait l’émotion dans la voix de Roméo, elle voyait l’armure imperméable de cet homme se fendre à l’évocation de sa fille, une douleur qu’ils partageaient différemment mais ils se comprenaient. Elle n’avait pas réagi verbalement à tout ce qu’il venait de lui confier, pas parce qu’elle en était détachée. Au contraire, elle en avait ressenti chaque mot, chaque inflexion mais elle ne savait simplement pas comment lui montrer son empathie sans s’effondrer, alors elle l’écoutait dans un silence respectueux et compréhensif. Cette chambre, Erin était soulagée que Roméo n’y ait pas encore touchée. Maintenant qu’elle était sortie, elle se rendait compte qu’elle ne reverrait plus jamais son amie, cette amie à qui elle n’avait pas été en mesure de dire au revoir correctement. La chanteuse ressentait le besoin de venir voir la pièce, de s’imprégner de leurs souvenirs et des affaires d’Arielle, pour donner une autre dimension à son deuil et dans l’espoir d’enfin réussir à vivre sans elle. Son père n’avait pas encore trouvé la bonne façon de le faire, tout comme Erin, qui passait pratiquement tout son temps libre avec cette sœur disparue. Après cet échange vibrant à propos de leur ressenti respectif, une vague d’émotion gagna Roméo et il rejoignit la chanteuse sur le banc du piano tout en lui adressant un geste affectueux et réconfortant. Frissonnant légèrement à ce contact, elle ne le repoussa pas mais c’était un peu bizarre. Bien qu’elle ne le montrait pas, Erin était plus réceptive qu’à son entrée dans le studio. Parler d’Arielle et des motivations qui avaient encouragé le patron du label à agir comme il l’avait fait avaient apaisé un peu les cœurs. En cet instant, la brune se rappelait des moments passés avec son amie dans ce studio, des premiers enregistrements qui remontaient à plusieurs années. En principe, Erin ne croyait pas spécialement en des forces supérieures mais voir Arielle dans ses rêves ou auparavant dans des hallucinations l’avaient un peu chamboulé et amené à penser que son amie veillait sur eux. Une vision que Roméo ne contredit pas, dans l’idée de ne pas lui enlever cette pensée consolatrice. A la place, il lui ouvrit un peu plus son cœur et lui répéta qu’il se montrerait présent en toutes circonstances pour la soutenir, à chaque fois qu’elle en aurait besoin. Ce sujet restait sensible et Erin se referma comme une huître lorsqu’il lui proposa son aide, lui rappelant douloureusement comment il avait choisi de l’aider quand elle avait pété les plombs. D’un hochement de tête entendu, elle avait répondu succinctement pour montrer qu’elle avait entendu, puis elle avait attrapé sa guitare afin que l’aide de Roméo se concrétise sur le plan musical, puisque les autres différends entre eux ne se résoudraient pas aujourd’hui. D’une oreille attentive, le producteur écouta la musique d’Erin, dans cette session particulière improvisée. Peu d’artistes pouvaient se vanter d’avoir cette chance dont elle bénéficiait de lui soumettre directement sa musique à l’état brut mais son statut de fille de cœur lui donnait des privilèges. Bien sûr, Roméo était toujours à l’écoute de ses chanteurs, prenait du temps pour eux, etc. Mais c’était un homme occupé par des dizaines de rendez-vous, de réunions de travail, de projets sur le feu, tout ce qui était inhérent aux activités d’un patron de label. Il ne pouvait pas toujours s’interrompre pour venir à des sessions d’enregistrement à l’improviste. Or, le retour au bercail de son enfant de cœur avait été la raison de sa descente dans le studio. Il avait interrompu son planning pour venir la voir, ce qui en disait long sur l’attachement affectif qui les liait. Entre eux, le côté professionnel était devenu secondaire depuis longtemps, ne revenant sur le devant de la scène que lorsqu’Erin était prête à s’y consacrer de nouveau. Et suite à sortie du centre, elle avait besoin de s’occuper l’esprit, de retrouver un but, une ligne de conduite. Quoi de mieux que de s’en remettre à ce qui la faisait vibrer le plus ? La musique. Inspiration de mise, Erin rejoua sa mélodie et reconnut objectivement qu’il manquait un relief pour rendre tout cela plus percutant. Quand les dernières notes s’éteignirent, son regard croisa celui de son mentor. Franc, il lui donna un avis sincère. Il aimait l’idée de base mais lui donna des pistes pour agrémenter la musique. Rajout d’une tonalité, nuances plus hautes ou plus basses, démarcation du refrain, simplification de la fin pour donner à la voix d’Erin tout sa place à capella. Pour illustrer ses conseils, il les mit en pratique sur le piano. L’oreille de la musicienne se concentra et fonctionna à plein régime. Rapidement, elle comprit où il voulait en venir. En quelques secondes à peine, il avait réussi à donner une autre dimension à la musique, une nouvelle profondeur. Tout ce qu’elle lui avait demandé. Elle était d’accord avec ses suggestions. « Oui, c’est mieux déjà ! » Première intonation enthousiaste dans la voix de la brune depuis l’entrée de Roméo dans le studio. « Et l’a capella pour la fin, ce sera percutant. » Ecoutant les conseils, Erin tenta de mettre les nouvelles tonalités en pratique sur la guitare. C’est ainsi qu’au départ d’une mélodie encore brouillonne, l’artiste déchue et le mentor retrouvé associèrent leurs idées et explorèrent des pistes pour donner à la base d’Erin une version plus aboutie. Après avoir retravaillé la musique, la jeune femme décida de prendre congé avec l’intention de poser des paroles sur le morceau. Une mélodie trouvait aussi sa force dans le texte. « Merci. Je repasserai bientôt. » Glissa Erin en rangeant sa guitare dans la housse. Que ce soit au studio pour travailler ou chez lui pour des raisons privées, elle lui donnerait bientôt à nouveau signe de vie, elle avait juste besoin d’encore un peu de temps. D’un signe de tête entendu, synonyme d’au-revoir, Erin quitta ensuite le studio et le label Walsh. Pas d’étreintes ou de grands discours envers Roméo mais le dialogue était au moins partiellement rétabli entre eux au travers de leur peine partagée et de leur passion commune : la musique.
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