one call away (Nina)

ft. @Nina Baranovski

Palpitant qui tonne dans la poitrine, Reira a l’impression de défaillir dans ce jardin qu’elle a trop côtoyé pendant trois semaines. Le pouce en suspens au-dessus de l’écran tactile, elle n’ose pas presser le petit bouton vert. Le numéro de sa mère est inscrit, prêt à la lier à la Russie. Nina est là aussi, parce que la brune l’a prévenue qu’elle contacterait sa famille et comme voulu, il y a quelques mois de ça, elle souhaite avoir sa cousine avec elle. Première main qui l’a reliée à ses origines, son passé, depuis beaucoup d’éléments se sont succédés. Plan dûment échafaudé, la présence de Piotr et son accident ont forcé la belle à renouer avec son paternel avec qui elle a déjà pu échangé pendant la fuite du petit frère. Pendant son séjour forcé à la maison, le petit Tsvetkov l’a convaincue de le rappeler, pour le rassurer disait-il. Son père lui a ensuite dit d’appeler sa mère parce qu’il a parlé avec elle, et qu’elle mérite l’attention retrouvée d’une fille indigne. Un dernier regard à la rousse à côté d’elle, car elle le fait aussi pour elle, et elle appuie sur l’écran avant de porter le téléphone à son oreille. En attendant la voix de sa mère, le myocarde de Reira manque un tas de battements. Le palpitant se serre, prétexte presque une crise cardiaque pour mettre un terme à cette conversation même pas débutée. Finalement, la russe trouve le courage dans le regard de sa cousine, salue enfin sa mère.

Elle passe de longues minutes avec sa mère, de quoi faire fuir la gêne logique du début. Elle ose sourire et même rire alors qu’elle rattrape un tas d’années perdues en de précieuses minutes. Mère et filles discutent d’elles, évidemment, puis Reira n’oublie pas Nina. S’intéressant alors à la mère de la rousse, Ana apparaît dans leur conversation. Embarras dans la voix, Ekaterina se risque à confirmer le lien de sang. C’est encore trop tôt pour l’évoquer peut-être. Reira se ravise alors qu’elle allait confier ce que Nina a pu lui dire, se contente juste de lui avouer que malheureusement… il ne reste que sa descendante. Ce n’est pas encore le moment d'aller plus loin. À la place, elle lui confie qu’elle a une nièce ici, avec elle, qu’elles s’entendent bien, et qu’un jour elles comptent visiter la Russie. Paroles de grande valeur, parce que la matriarche comprend que sa fille est prête à revenir au pays, un jour. Pour ne pas teinter l’appel d’embruns moroses, elles repartent sur une discussion plus joyeuse avant de raccrocher. Premier pas enfin fait, Reira se sent soulager d’un énorme poids si bien que ses épaules s’abaissent brusquement tandis qu’elle pousse un profond soupir. Toute la tension accumulée depuis sept ans semble se dissiper, petit trou dans la carapace qui permet une évacuation sereine. Les doigts fins glissent sur les paupières fermées des prunelles perses puis remontent sur son front pour détendre ses traits tirés. Quand ses mains retombent, Reira offre à nouveau son attention à Nina, rictus qui étire la commissure de ses lèvres. « C’est fait… c’était pas si terrible en fait. C’était même… bien. » Difficile à qualifier de telles retrouvailles, au téléphone et à plusieurs heures de décalage. Mais c’était toujours mieux que rien, et ça, Reira en a pleinement conscience. Elle a tant de personnes à remercier, des bouts du passé qui l’ont forcé à reconnaître les faits sans honte. « Merci Nina, d’avoir été là. On dirait pas, mais ça m’a beaucoup aidée. » Russe trop tracassée, elle n’arrive plus à vivre ou faire quelque chose sans une épaule sur laquelle s’appuyer. Chance, Piotr, ou Nina, ou même les médecins de l’hôpital, son kiné ou son psy. Puis, il faut prendre un air sérieux, lippes qui se pincent, s’humectent pendant que le regard se perd un peu sur le salon de jardin. « J’ai parlé de ta mère, et… elle m’a confirmé son identité. J’ai été obligée de lui dire qu’elle n’était plus de ce monde parce qu’elle pensait que je l’avais retrouvée. Du coup, j’ai parlé de toi, et elle m’a dit que quand tu serais prête, elle serait ravie de discuter avec toi. » Peut-être qu’Ekaterina a parlé sous le coup de l’euphorie de retrouver sa fille, parce que Reira se doute tout de même que ça fait beaucoup à avaler pour sa mère. À moins qu’elles n’aient toutes consciences que tout peut disparaître du jour au lendemain et qu’il faut profiter de tout sans perdre de temps.

codage par aqua

Une demie-heure plus tôt.

Nina est chez elle. Tranquille. Elle surfe sur internet. Elle a uploadé dernièrement sur son cloud les photos de son voyage avec Finn qui date d'un an. Ouais. Elle avait un peu de retard. Elle en a profité également pour rajouter celles de son voyage avec Livia en Suisse pour les fêtes de fin d'année. Noël sous la neige, c'était quand même top. Une saveur différente. Assez particulière. C'était chouette. Elle a fait du camping dernièrement avec Finn. Elle a pris quelques photos aussi. Loin d'être bien extraordinaire. Quoi qu'il en soit, elle est dans le canapé. Quand son téléphone émet un petit bip. Plusieurs messages. Des SOS à dire vrai. De Reira. Elle compte enfin appeler sa mère. Et elle a besoin de Nina. Et la rouquine, elle a promis. Elle a promis qu'elle sera là. Donc, il ne faut pas longtemps pour qu'elle attrape ses affaires et qu'elle parte. C'est dans ces situations là qu'elle aimerait avoir passé le permis et qu'elle aimerait avoir une voiture. Ce qui lui fait penser à Sasha. Il avait dit ... il avait dit qu'il pourrait lui donner quelques cours. Mais il est parti. Et elle ne sait pas vraiment où il est passé. Elle espère vraiment qu'il va bien. Qu'il est heureux. Et qu'il n'a plus tous ses problèmes. Mais passons. Là n'est pas vraiment le sujet.

Maintenant.

Elles sont dehors. Nina est là. "Ca va aller." Elle lui offre un sourire. Reira passe l'appel. Ca sonne. Ca sonne. Et finalement, ça décroche. Elle commence à parler. Ce qui veut dire que ... Et bien, elle ne sait pas trop ce que ça veut dire. Tout ce qu'elle comprend, c'est que mère et fille vont pouvoir renouer quelque peu. Et ça la ramène immédiatement dans le passé. Elle, elle n'a pas eu cette chance avec sa mère. Ana était bien trop auto-destructrice. Et son mode de vie a fini par la tuer. Est-ce qu'elle cherchait vraiment à se tuer ? Ou bien est-ce que ... c'était la faute à pas de chance ? Nina ne saurait dire. En tout cas, elle n'aura jamais l'occasion de ... de faire quelque chose avec sa mère. C'est comme ça.

Nina, elle essaie de suivre la conversation. Mais c'est pas une mince affaire. Elle parle russe avec Reira, tantôt. Elle est un peu rouillée quand même. Elle a dû mal. Elle est pas parfaite. En tout cas, elle l'écoute. Elle essaie de comprendre. Au maximum. Et puis, finalement, Reira raccroche. La rouquine se met à rire quand sa cousine lui indique que c'était pas si terrible. "Tant mieux !" Elle a un hochement de la tête. "Même si j'la voyais mal, quand même, te hurler dessus au téléphone." Elle ne connaît pas sa tante. Elle connaît pas vraiment le caractère des membres de sa famille. Enfin, ceux du côté russe. Ceux du côté de son père, elle les apprivoise. Petit à petit. De plus en plus même. Mais sa famille russe ... A part Reira et Piotr, ouais ... Elle les connaît pas bien. Et encore, elle a pas mal de choses à apprendre sur eux. "Mais y'a pas de quoi ! J't'avais dit que je serais là ! J'allais pas te faire faux bond !" Ca n'aurait pas été cool de sa part. Vraiment pas. Et elle ne voulait pas lui faire ça.

Reira indique ... qu'elle a parlé de sa mère. Enfin, d'Ana. "J'ai cru entendre son nom, oui." Sa mère confirme. Et Reira a été obligée de dire à sa mère qu'elle était morte. Elle serait ravie, également, de pouvoir discuter avec elle. "Oh ... Et bien ... J'aurais peut-être quelques difficultés. J'veux dire, mon russe n'est pas parfait." Elle sourit. "Mais je pense ... que ça serait bien." Elle doit sûrement avoir beaucoup de questions sur Ana. Sur ce qui s'est passé. Et tout un tas d'autres choses sans doute. "Tu pourras me donner son numéro. Ou toi lui donner le mien." L'un ou l'autre, c'est du pareil au même, non ?

ft. @Nina Baranovski

Bips incessants, liaison Wellington-Moscou. Il faut plusieurs tonalités avant que la matriarche ne décroche. Des secondes qui s'écoulent comme des heures, myocarde comprimé dans sa cage thoracique. Comme si Nina lisait dans ses pensées, elle lui offre trois mots d’encouragement, de calme. Oui, ça va aller. C’est ce que lui a toujours répété sa cousine. Surtout ce jour-là, quand elles ont fouillé les photos et qu’elles sont tombées sur la famille Baranovski. Celle de Reira, et celle de Nina. Sa mère n’a ni été déçue, ni colérique. Elle est simple heureuse et soulagée de retrouver cette fille qui a décidé de se faire la malle il y a sept ans de ça, pour échapper à un traumatisme que ses épaules frêles étaient incapables de supporter. Les temps ont changé, le vent a soufflé sur la carapace de la brune pour révéler les plaies qu’il faut désormais suturer. Quoi de mieux que de commencer par renouer avec ses parents. Reira savait que ce serait plus facile avec sa mère, parce qu’elle a toujours eu une connexion plus forte avec elle. L’appel passe, trop rapidement. Mais Reira ne peut pas abuser du temps de Nina, qui ne comprend sûrement rien à la discussion. Et puis avec le décalage horaire, il est un peu tôt en Russie, trop tôt même, détail à laquelle elle n’a pas fait spécialement attention. Ainsi, elle n’abusera pas du réveil de sa mère pour aujourd’hui, histoire de lui laisser le temps aussi d’avaler le torrent d’émotions qui doit dévaler les courbes de son cœur. Il faut y aller doucement, ne rien précipiter, comme avec Piotr. Ils ont besoin de plus de temps que toi, Reira. Le premier pas est fait, si elle veut la rappeler plus tard et passer toute une après-midi à discuter, elle pourra le faire.

Après avoir raccroché, un soupir soulage le palpitant de la russe mais aussi tout le reste de son corps. Elle sourit aux paroles de Nina. En effet, les hurlements n’auraient pas été de mise, pas pour ce genre de retrouvailles. Le sermon viendra sûrement plus tard, elle n’en doute pas. Ou alors, peut-être qu’elle y échapperait. Après tout, elle a vécu une vie bien tranquille sans pour autant vivre dans une paix intérieure. « C’est sûr… Mais sait-on jamais, parfois les gens ne réagissent pas comme on pourrait s’y attendre. Avec les émotions, tout ça… » dit-elle avec une moue contrite. L’émotion les avait faits penché vers l’apaisement et la consolation mutuelle. Sûrement beaucoup de joie aussi, ponts retrouvés après tant d’années.  L’événement vaut bien des remerciements à l’égard de Nina. Même si elle est restée muette, elle a joué le rôle de pilier. Surtout, elle a rappliqué aussitôt. « C’est vrai, mais j’aurais pu comprendre que tu n’aies pas le temps, je t’ai un peu prévenu à la dernière minute. » Une main glisse sur sa nuque qu’elle gratouille nerveusement. « J’avais déjà appelé mon père sur un coup de tête, alors… j’me suis dit que si je faisais pareil, ça m’éviterait de repousser encore le moment. » Et finalement, peut-être que c’était la meilleure de ses idées. Au moins, tous les pas sont faits, ils ne restent plus qu’à continuer sur la route dégagée. Nina n’étant pas là que pour l’encourager et la soutenir, Reira lui parle alors de sa discussion avec sa mère et surtout de sa propre mère à elle, Ana. Car la russe n’a pas pu laisser passer l’occasion d’obtenir une réponse claire et précise de la part de la Baranovski de Moscou, tout en lui annonçant l’existence de sa nièce. Situation expliquée brièvement, et proposition de la part d’Ekaterina, prête à renouer avec les russes égarées en Nouvelle-Zélande. Nina hésite, pas par manque d’envie, simple problème linguistique, barrière d’une langue mal maîtrisée. « Si tu veux, je pourrais faire la traductrice. Je crois que ma mère parle anglais mais elle n’a jamais été vraiment très douée, sauf si elle s’est améliorée depuis. » Reira hausse une épaule. « Après c’est comme tu veux, si tu préfères l’appeler tranquillement, je peux comprendre. » Il y a peut-être des détails intimes que Nina n’a pas envie de partager avec Reira, des choses qu’elle ne voudrait juste pas lui dire. Elle peut comprendre la brune, et ne lui en voudra pas. Elle-même a caché beaucoup de choses à un tas de gens, donc elle serait bien culottée de juger ou de jouer la vexée de service.  « Oui bien sûr tiens, attends. » Reira rallume son téléphone, écran numérique dont les pixels s’excitent. Quelques tapes et la fiche du contact apparaît. Elle tend alors l’appareil à Nina. « Je te laisse noter, et je lui enverrai ton contact aussi, histoire qu’elle sache qui tu es, etc… » En prime, elle n’aura pas à douter de la provenance de l’appel parce que c’est vrai que la suspicion traîne toujours quand un numéro étranger s’affiche sur le cadran. « Elle ne m’a rien détaillé sur l’histoire de ta mère, ni même ce qu’il s’est passé. Elle a juste parlé de disputes qui se sont soldés par sa fuite de la Russie… Mais elle en saura certainement plus que moi sur Ana, et sur tes origines. » Sourire discret, léger. « Ah et aussi, je lui ai dit qu’on viendrait en Russie, toutes les deux. Pas tout de suite, mais elle avait l’air ravie ! Je crois qu’elle ne s’attendait pas à retrouver deux membres de sa famille aujourd’hui. » Un ricanement s’échappe d’entre les lippes de la brune, sa mère doit être aux anges à l’heure qu’il est.

codage par aqua

Nina, elle ne comprend peut-être pas tout ce qui se passe. Ce qui se dit. Elle est certes russe. Enfin, elle est née sur le sol néo-zélandais. Mais elle a appris le russe avec sa mère. Un peu. Et même si quand elle voit Reira elles ne peuvent s'empêcher de parler russe parfois, elle a perdu ... quelques notions. Elle arrive à tenir une conversation. Mais avec quelques difficultés quand même. C'est pas facile. Mais elle essaie. Oui. Alors, là, elle tend l'oreille. Elle essaie de ne pas trop se montrer intrusive non plus. Du moins, elle ne veut pas mettre son grain de sel. Mais elle guette toutes les réactions de Reira. Et de ce qu'elle voit, sa cousine semble ravie de cet échange avec sa mère. C'est chouette. Vraiment. Ca aurait très mal pu se passer. Mais c'est pas le cas. Et tant mieux d'ailleurs. Elle n'aurait pas aimé voir le visage de Reira se décomposer pendant la conversation. Non.

Quoi qu'il en soit, la russe finit par raccrocher. C'est donc le moment de faire un petit débriefing. "Le principal, c'est que ça se soit bien passé." Elle a un hochement de la tête. "Certes, on peut s'imaginer tout un tas de choses. Comment ça aurait pu dégénérer à n'importe quelle minute." Et pas qu'un peu. "Mais j'pense que ... qu'elle devait être contente d'avoir de tes nouvelles." Enfin, Nina serait mère. Et elle n'aurait pas de nouvelles de son enfant pendant un moment, sans doute qu'elle sauterait au plafond. Qu'elle serait ravie de renouer le contact. Enfin, c'est elle. Reira, sa mère, ça peut être différent. Elle connaît l'histoire la russe. Sa cousine lui en a parlé, bien évidemment. Mais bon. Comme le dit si bien Reira, on ne sait jamais comment les choses peuvent se passer. Oui.

En tout cas, elle a pu se libérer. Et Reira la remercie d'avoir été là. "Ah, c'est sûr que niveau time, c'était un peu short !" Et pas qu'un peu. "T'as eu de la chance surtout que je ne bosse pas." Mais tout le monde a le droit à quelques jours de congés, non ? Et ça fait du bien de se poser un peu. De ne pas penser au travail. Elle est là, aujourd'hui, simplement pour aider sa cousine. A affronter cette conversation. Qui s'est bien passée. Et c'est tout ce dont elle va retenir. Oui. Que c'était bien. Qu'elles ont bien parlé. Le ton était cordial. Peut-être que ... peut-être que les reproches seront pour une autre fois. Elle n'en sait rien. Et Nina veut présumer que ça irait entre elles. Tout simplement. Oui. Elle sourit quand Reira lui avoue qu'elle a appelé son père sur un coup de tête. "Tu m'as pas dit d'ailleurs. Enfin, tu m'as dit que tu l'avais appelé. Mais on a pas fait de debrief !" Ou vraiment très très brièvement. Peut-être que Reira ne voulait pas rentrer dans les détails. Peut-être qu'elle n'avait pas vraiment le temps. Enfin. Passons.

Reira a parlé de Ana à sa mère. Que celle-ci était malheureusement décidée. Et sa cousine propose à Nina d'avoir un échange directement avec Ekaterina. Que ça serait plus simple pour avoir les réponses à toutes les interrogations qu'elle pourrait avoir. "Je pense que ça serait quand même mieux si tu pouvais être là." Elle a un hochement de la tête. "J'pense que j'ai autant de choses à découvrir sur ma mère que toi." Et surtout, comprendre ce qui a pu se passer. Elle essaiera juste de la prévenir un peu avant. Histoire que la rouquine soit certaine que la russe soit disponible pour cet appel. Oui. Reira lui donne le numéro de sa mère. "Merci." Nina le note dans son téléphone. Comme ça, elle pourra appeler sa tante. Même si elle le fera en présence de Reira. Au moins la première fois. Après, elle verra comment ça se passe. Reira n'a que peu de détails sur Ana. Sa mère est restée vague. Juste une histoire ... qui a fait que Ana s'est tirée à l'autre bout du monde. Elle en a profité également pour parler de ce voyage qu'elles feront. Quand elles seront prêtes. "J'pense qu'elle sera trop contente de te serrer dans ses bras !" Pour Nina, ça sera différent, bien sûr. Mais elle a hâte quand même. Hâte de découvrir toute cette famille. "Alors, comment tu te sens maintenant que tu as passé l'appel ? Soulagée ? Encore stressée ?"

ft. @Nina Baranovski

Elle aurait dû faire confiance à Nina plus tôt, la russe. Parce qu’elle lui a toujours dit que techniquement, ça ne pouvait pas mal se passer. Sauf que le cerveau blessé a préféré s’imaginer un tas de scénarios, se construire des barrières pendant sept longues années pour se dissuader de faire un pas vers sa famille. Quitte à penser qu’ils étaient mieux sans elle. Encore aujourd’hui, après avoir aperçu l’âme écorchée de son petit frère, elle se demande comment elle a pu croire à son propre mensonge. Bien sûr qu’aucun d’eux n’était heureux, perdu entre l’idée qu’elle soit vivante ou morte. Sa tête opine doucement du chef quand sa cousine lui fait justement remarquer qu’on peut toujours s’imaginer un tas de choses, surtout des choses négatives. Un revirement de situation soudain qui nous laissera pantois. C’est exactement ce qui a traversé la cervelle de Reira encore et encore. Mais elle a fini par tenter l’expérience. Sans regrets. Soulagement dans le myocarde qui provoque un vent de douceur dans sa poitrine. Il y a un élan de courage qui la traverse, après une telle décision elle se sentirait presque capable de conquérir le monde. Mais seulement presque, parce qu’elle doit rester dans le jardin et faire le débrief à Nina, d’abord. « En réalité, elle avait déjà eu des nouvelles mais pas par moi. En retrouvant mon frère, il a forcément prévenu notre père qui a prévenu ma mère. J’ai juste dit, que j’avais besoin de temps avant… bah de leur parler. » Car, même si elle avait voulu se jeter de toutes ses forces sur le combiné après avoir croisé Piotr au café, elle n’a pas pu. La peur dans les entrailles qui grouille toujours et gagne du terrain. Il a fallu la faire partir et nettoyer les lieux pour assainir l’esprit embrouillé. « Mais je pense qu’elle était heureuse, enfin ça s’entendait à sa voix. » Et sûrement à celle de Reira, et à ce rictus qui habille ses lèvres depuis les premières minutes de la conversation. Le flou plane encore, mais beaucoup de voiles se lèvent sur l’horizon. Remerciements obligés, la brune ricane doucement aux remarques de Nina. L’instinct l’a poussé à faire ce pas maintenant. Comme si c’était le bon moment, il fallait que ce soit aujourd’hui et pas un autre jour. « Boarf, tu aurais toujours pu dire que ta cousine a des béquilles et que donc elle a besoin de ton aide de toute urgence. Bon, là je les ai plus mais elles sont encore dans le garage. » Moue rieuse, un ricanement s’échappe d’entre ses lèvres. Son immobilisation pendant trois semaines lui a valu le droit à ce joli souvenir. Tiges mécaniques qu’elle ne veut pourtant plus revoir, elle espère sincèrement qu’elle n’en aura plus besoin. « On a pas beaucoup parlé… Piotr a fait sa fugue et vu qu’il était resté en contact avec lui, je m’étais dit que peut-être il saurait où il est. Sauf qu’il en savait rien. On a un peu discuté, c’était plus froid qu’avec ma mère. Il a toujours fait beaucoup pour moi, mais je continue de lui en vouloir malgré moi d’avoir fait exploser notre famille pendant mon adolescence. » Pourtant il lui a aussi apporté beaucoup, dont son petit-frère même s’ils ne partagent qu’un demi-lien de sang. Et puis, elle est culottée de continuer à en vouloir à son père alors que la plus fautive des deux, à l’heure actuelle, c’est bien elle. Visiblement, il est difficile de lutter contre les rancunes de l’enfant en soi.

Reira approuve d’un hochement de tête aux mots de Nina. Même si elle n’a pas forcément envie de s’immiscer dans les affaires de sa tante, ça ne peut pas lui faire de mal d’en apprendre plus sur cette famille qu’elle ignore tout autant que la rousse. Et puis, ce sera plus facile pour Nina de se concentrer sur les informations reçues plutôt que de se triturer la cervelle à d’abord les traduire. « Pas de soucis, c’est vrai que ça me fera pas de mal d’obtenir aussi des informations sur ma tante cachée. » Même si elle en sait déjà grâce à Nina, il y a beaucoup de pièces manquantes au puzzle. La russe lui tend alors son téléphone pour qu’elle puisse le noter et au même instant, elle transfère la fiche contact de Nina à sa mère, en la prévenant que Nina a accepté, précisant que, tout comme elle, il faudra un petit temps avant qu’elle l’appelle. À moins qu’elle ne se décide sur un coup de tête à le faire demain. Tout comme Nina l’a fait pour elle, elle se débrouillera pour être disponible. Au chômage pour le moment, ça ne sera pas bien compliqué. Voyage qui sera encore plus reporté sur Reira n’a plus les moyens de se le payer, les Baranovski de Moscou pourront toujours leur payer. Enfin, elles verront ça le moment venu, pour l’instant ce n’est qu’une possibilité qu’elle a laissé entendre à sa mère. « Tu penses ? » Question bête, c’est une évidence et la joie au travers du combiné téléphonique n’est qu’un énième indice qui le confirme. Reira esquisse un sourire alors que son regard se repose sur le téléphone. « Ça va me faire bizarre, mais tellement naturel et nécessaire à la fois. » Comme quand elle a serré Piotr dans ces bras, moment de tendresse dont ils avaient besoin parmi la détresse qui les étreignait. Elle relève le regard de Nina a sa question, rictus toujours niché au coin de ses lèvres. « Soulagée quand même, je pense que le plus dur était de faire le premier pas. Mais j’ai toujours le stress, l’angoisse et toutes les possibilités qui pourraient mal tourner qui restent. Je le vois avec Piotr, c’est pas toujours facile… En plus, avec l’accident, ça lui a foutu un coup. Parce qu’il pense que je vais encore partir et l'abandonner. » Un soupire gonfle sa poitrine avant que l’air ne soit expulsé rapidement. « Mais je compte pas partir, je reviendrais pas au pays c’est sûr, mais ici j’me sens bien. J’ai trouvé quelque chose, et ça me donne envie de grandir et de me soigner aussi. » Esquisse de tendresse sur les lippes, il y a de l’espoir à Island Bay, et même si elle a passé trois ans à l’ignorr, elle le voit enfin. « J’espère que c’est un peu plus la joie de ton côté, avec la fin et le début d’années, j’ai pas beaucoup eu le temps d’être présente. » Excuses lachées, piètre cousine restée à distance avec tous les soucis.

codage par aqua

Nina est contente pour Reira. Elle a enfin eu l'occasion de parler avec sa mère. Et ça s'est bien passé. Et franchement, elle ne pourrait pas espérer une meilleure issue. Bien sûr, c'est juste un appel téléphonique. Si ça se trouve, si elles s'étaient vues, ça ne se serait pas passé de la même manière. M'efin, elle veut croire que sa tante n'attend qu'une chose : d'avoir sa fille dans ses bras. De la tenir tout contre elle. Elle a envie de croire que c'est le genre de famille qu'elle va trouver quand elle partira avec Reira en Russie. Pas pour tout de suite. D'autant plus que Reira a eu un gros accident. faut quand même qu'elle s'en remette. Et qu'elles remettent toutes les deux de l'argent de côté pour ce voyage ! Mais elle y croit. Cette année, c'est la Russie. Cette année, c'est la famille. Comme elle n'est pas forcément proche de la famille de son père, elle a envie de se dire que même s'ils sont plus loin, elle sera plus proche de sa famille russe. Enfin, elle le voit déjà la rouquine. Dans le sens où elle passe bien plus de temps avec Reira. Qu'avec Sean ou bien Beth. Pour elle, c'est comme une évidence. Elle a plus de liens avec les Baranovski qu'avec les Sawyers. Peut-être parce que son cousin Sean l'a prise en grippe dès le départ, pensant qu'elle ne voulait qu'une chose de son père : de l'argent. Alors que c'est pas du tout le cas. Quand Nina a fait les recherches pour trouver son père, c'était pas pour une question d'argent. C'était juste parce qu'elle se retrouvait toute seule. Et qu'elle avait besoin ... Envie de trouver la famille. Enfin, passons. Et revenons-en à ce qui nous intéresse.

Reira avoue que sa mère avait eu quelques nouvelles déjà. Indirectement par Piotr. Enfin, le père de ce dernier. Qui a quand même prévenue sa mère. "Elle n'a rien dit je présume quant à ce temps ?" demande Nina en penchant la tête sur le côté. "Si ça se trouve, c'est ton père qui a pris cher quand il a appelé." Peut-être que Ekaterina s'est retrouvée partagée entre la joie, la peine, ou bien tout un tas d'autres sentiments. Nina sourit. Elle ne peut pas s'empêcher de le faire quand elle voit que Reira est si ... soulagée. Si contente d'avoir eu cet appel. Enfin. Sa mère était ravie. "On dit que le sourire s'entend dans la voix, même si on ne le voit pas." Elle le sait. C'est ce qu'on n'arrête pas de répéter au centre. Seulement, il est vrai que parfois, selon les appels, Nina ne peut pas vraiment sourire. Simplement parce que c'est la merde. C'est ultra la merde. Si quelqu'un se fait agresser, elle ne va pas sourire, non ? Ca serait ... ultra bizarre. Ultra chelou. Et la victime pourrait croire que Nina se fout de sa gueule alors que ce n'est clairement pas le cas. Non. Elle, son boulot, c'est de les rassurer. De les garder en ligne. Le plus possible. D'essayer de faire en sorte que ça aille. Même si c'est pas toujours facile. Evident. Mais elle s'en sort plutôt bien. Reira trouve une excuse parfaite à Nina. Dans le cas où elle aurait été au travail, et pas en mesure de ... de venir. "Et laisser un pauvre enfant au bout du fil alors qu'il a découvert un truc horrible ?" Elle l'aime bien son job. Même si c'est assez horrible parfois. "J'aurais peut-être réussi à m'éclipser une heure ou deux. Mais peut-être pas plus." Poser une après midi à la dernière minute, c'est pas ce qu'il y a de plus facile. Et parfois, c'est pas vraiment possible. Mais bon, c'était le premier appel qui était le plus compliqué à gérer. Maintenant qu'elles ont repris contact toutes les deux, ça va aller. Tout simplement. Ca ira pour elles. Elle n'en a aucun doute. Reira et son père ? C'est pas la joie. C'est plutôt froid entre eux. "Ca finira par passer tu sais." Elle lui offre un sourire. "Tu sais, malgré moi, j'en veux à mon père de ne pas avoir été là. Mais c'est à cause de ma mère. Elle lui a rien dit. Et elle n'était pas certaine ... de qui était le père." Mais au fond, oui, elle lui en veut un peu. Elle aime à croire qu'un jour, tout ça, ça lui passera. Un petit pas chaque jour, des pas de bébé.

Quand Nina appellera sa tante, quand elle sera prête, elle voudra que Reira soit présente. Ca sera plus simple. Surtout par rapport à la langue. Elle a peur de ne pas comprendre. Ou bien de comprendre de travers. Donc, avoir Reira sous le coude, ça serait pas plus mal à dire vrai. "Tu sais ... Moi aussi ça m'fera du bien d'obtenir des informations. Quand j'lui posais des questions sur avant ... Avant qu'elle ne quitte la Russie, j'ai ... jamais vraiment eu de réponses." Elle secoue la tête. "Elle était si mystérieuse. Et je sais pas vraiment pourquoi elle en faisait tout un secret." Peut-être que sa tante pourra l'aiguiller et lui dire pourquoi Ana était aussi mystérieuse. Peut-être qu'elle a eu un problème. Ou peut-être qu'elle a simplement eu envie de voyager. La rouquine ne sait pas. mais elle le découvrira peut-être. "Bien sûr que je le pense ! T'es sa fille ! Et j'suis sûre qu'elle veut trop te serrer dans ses bras." Elle l'espère en tout cas. Ca serait dommage de donner tout un tas de ... et bien, beaucoup d'espoir à Reira si ce n'est pas ça. "On a tous besoin de hugs parfois." Et Nina en mettrait sa main à couper qu'elles en ont besoin toutes les deux.

En tout cas, Reira est ... Elle est bien. Elle est rayonnante. Cette discussion avec sa mère, c'était ce qu'il lui fallait. Elle reste inquiète quand même. Et puis, son accident n'a pas forcément arrangé les choses avec son frère qui pense qu'elle va l'abandonner. "Tu lui en as parlé ?" lui demande-t-elle. "Peut-être qu'il veut juste que tu le rassures. Et que tu lui fasses comprendre que c'était pas contre lui. Il le sait peut-être déjà mais il a besoin de l'entendre à nouveau ?" Une fois de plus, ça ne peut pas faire de mal, non ? Reira s'excuse quelque peu. A sa manière. De ne pas avoir été là ces temps. "Hey, t'inquiète pas ! C'est pas comme si t'avais voulu avoir un accident !" Elle lui sourit. "Et puis, on ne peut pas non plus être non stop tout le temps ensemble." Nina a son boulot, Reira le sien. Chacune a sa vie. "Mais moi ça va. C'est tranquille. Linéaire. Presque ennuyeux. Mais parfois, l'ennui, c'est bien."

ft. @Nina Baranovski

Temps d’un passé suranné, la brune a subi les coups de sa destinée sans broncher. Temps venu de tomber à nouveau sur le chemin de ses parents. C’était écrit de toute façon, une fille n’est pas vouée à oublier ses parents comme si de rien n’était pour l’éternité, à moins que quelque chose d’extrêmement grave ne soit arrivé. Sauf que chez les Tsvetkov, il n’y avait eu rien de grave à part l’accident sur scène de Reira, la dépression qui lui a étouffé le cœur et le départ déchirant d’une gamine déboussolée. Alors oui, depuis le début, elle savait que leurs chemins se séparaient pour mieux se retrouver plus tard quand la blessure sera guérie. Hélas, la russe n’a jamais pu guérir car elle s’est enfermée dans une vie mensongère où tout semblait être une découverte, futur d’une danseuse brisée annihilé au profit d’un avenir plus brillant peint par la brune elle-même. En réalité, ce n’était qu’une bulle mensongère pour se soulager l’esprit. Oui, elle a eu besoin de temps quand Piotr est revenu et qu’il a balancé un tas de paroles, comme quoi ils la croyaient tous morte. Comme si la mort n’aurait pas été un cadeau plus doux pour le fardeau que Reira a voulu arrêter de porter. Danse dans l’âme, explosion interstellaire des astres rêveurs. Temps nécessaire pour trouver le courage d’affronter le jugement de ses proches, leurs réactions, condition sine qua non pour qu’elle revienne dans leurs vies. « Pas à ce que je sache… J’pense qu’en fait pour elle, c’était pas mal d’avoir ce laps de temps avant de m’entendre. Pour se préparer, je suppose. » C’était de préparation mentale, d’une bonne dose de courage dont Reira avait eu besoin pour réaliser cet appel. La russe ne peut s’empêcher de ricaner en imaginant son père s’en prendre plein la tête. « Ouais c’est pas impossible ça… » En sept ans, il a pu s’en passer des choses entre eux, mais Reira est quasiment certaine qu’il reste une bonne dose de tension entre ses parents. En tout cas, la russe est soulagée d’avoir pu entendre sa mère être si douce, et presque apaisée. Au final, ce fût une très bonne chose que de s’appeler, pour l’une comme pour l’autre. Les mots de Nina la berce de tendresse alors qu’un sourire s’étire sur ses lèvres. Reira ne saurait pas dire si sa mère souriait derrière le combiné, mais à sa voix elle peut le deviner. Pour sûr, elle se plaît à y croire. Peut-être que l’appel aurait été bien différent si Reira n’avait pas eu le droit à la présence bienfaitrice de sa cousine rousse. Malheureusement, dans la précipitation, l’âme en détresse n’a pas vraiment prêté attention au travail de Nina. Énième signe du destin, elle avait finalement pu se libérer alors elles plaisantent là-dessus, la blessée jouant de sa position pour offrir dans le pire des cas une bonne excuse à la rousse. Léger sourire qui imbibe les lèvres à sa remarque. « C’est vrai… Mais tu es la seule à récupérer les appels ? » Ça doit être invivable si elle est seule, malgré la beauté d’un tel travail, il y a de quoi rapidement devenir fou sans aide. Reira comprend totalement que poser des congés aussi brusquement n’étaient pas possible, et elle ne lui aurait d’ailleurs jamais demandé ça. À la place, elle parle plutôt de son père ce qui soulève un point intéressant car, en effet, elle ne l’avait pas encore prévenue de ce détail pourtant loin d’être insignifiant dans sa décision du jour. Reira apprécie l’aide des paroles bienvenues de Nina même si elle doute de la véracité en ce qui concerne leur situation. « Je ne trouve pas vraiment qui blâmer à par lui. J’veux dire… la tromperie, tu vois ça ne s’excuse pas par le comportement de l’autre. Peut-être que ça allait plus dans leur couple, que je le voyais pas, mais c’était pas une raison pour aller se construire une vie avec une autre femme en parallèle. Même si grâce à ça, j’ai Piotr… » Passé difficile, souvenirs déchirants d’une gosse qui se sentait comme une moins-que-rien aux yeux du paternel, comme si la famille qu’elle lui offrait ne suffisait plus. Le cœur de la petite Reira restera toujours marquée par cette blessure indélébile. Pourtant, elle a aussi appris en grandissant qu’il faut savoir faire des compromis, que malgré tout, il l’aime.

Elle écoute sa cousine parler après s’être accordées sur le fait que Reira sera à son tour présente pour elle, lorsqu’elle appellera Ekaterina. Ana est finalement autant sa famille que Nina, et ça ne lui fera pas de mal d’apprendre à la connaître même si ce n’est que par des souvenirs. Exaltation du moment qui se ternit légèrement lorsqu’elle évoque le fait que sa mère restait très silencieuse sur son passé en Russie, écho qui trouve résonance dans le cœur de Reira. « Je sais pas ce qu’il s’est passé pour qu’elle quitte la Russie, j’pense que ma mère pourra nous en apprendre plus sur ça. Mais j’pense que si elle en parlait pas c’est parce qu’elle voulait oublier et vivre comme si de rien n’était. C’est un peu ce que j’ai fait alors… c’est la seule explication que je pourrais t’offrir pour l’instant. » Sourire désolé qui gagne ses lippes alors que Reira aimerait pouvoir lui en dire davantage. Il faudrait attendre le prochain appel. Joie qui revient quand Nina lui dit que sa mère serait sûrement heureuse de pouvoir la serrer dans ses bras, léger doute qui subsiste à ce propos rapidement balayé par la rousse. Les lippes de Reira esquissent un large sourire. « Tu as raison ! » Reira a pu faire confiance à l’instinct de Nina sur ces choses-là depuis le début, alors elle ne doute pas qu’effectivement, quand viendra le temps de visiter la Russie, sa mère sera ravie de la serrer dans ses bras. Surtout si jusque-là, elles continuent de se donner des nouvelles ; car Reira ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Des tâches d’ombre subsistent pourtant sur le tableau, à commencer par son accident et les traumatismes que ça réveille chez son petit-frère. Moue contrite, Reira hausse une épaule à la question de sa cousine. « J’essaye de le rassurer, mais j’peux pas grand-chose contre les traumatismes que je lui ai créés. Je lui en veux pas d’avoir peur, évidemment, mais en même temps j’ai envie qu’il me fasse confiance… Je ne veux pas trop lui en demander parce que j’ai peur que ça nous éloigne. Alors, j’fais en sorte d’être là et de lui montrer que je ne compte pas partir, même quand je serais rétablie. » Soupire au travers des lèvres, elle ne sait plus réellement sur quel pied danser, crainte dans le ventre de décevoir son frère. « J’ai aussi peur que si je m’établis trop ici, il pense que j’peux vivre sans lui, tout ça… C’est vraiment compliqué. » Beaucoup de choses se dévoilent, sentiments et blessures mélangées, elle essaye d’y faire abstraction pour ne pas se laisser envahir par les pensées moroses. Alors pour compenser, elle s’intéresse à Nina car elle a l’impression de ne parler que d’elle depuis son arrivée. « C’est vrai mais j’aurais pu te bombarder un peu plus de sms, j’ai que ça à faire. » ricane-t-elle. En réalité, Reira ne l’aurait fait que le soir, pour ne pas embêter Nina au travail la journée, sauf que du coup la russe devenait soudainement très occupée entre les visites de Chance et les soirées passées avec Piotr. Pointe de déception et de surprise dans les prunelles quand elle apprend qu’il ne se passe rien de spécial dans la vie de Nina. Haussement des sourcils avant de prendre la parole. « Sérieux ? Ceci dit, pour débuter l’année c’est plus mal de commencer tranquillement… Je troquerai bien un peu de ton ennui pour te refiler un peu de mes péripéties. » Nouveau rire qui vibre dans sa gorge. « Je t’offre du rebondissement et et du drama pour ton petit cœur avec plaisir. » Non pas qu’elle souhaite à Nina de souffrir de quelle que façon que ce soit, par la disparition d’un membre de sa famille ou son cœur qui joue aux montagnes russes à cause d’un beau mec.

codage par aqua

Mère et fille vont avoir des choses à rattraper. Beaucoup de choses à dire vrai. Nul doute qu'elle aimerait que ça soit également le cas. Avec sa propre mère. Si seulement c'était possible. Et Nina sait très bien, justement, que ce n'est pas possible. Que ce n'est pas demain la veille qu'elle va pouvoir le faire. Simplement parce qu'elle est dans une tombe. Et qu'elles n'ont jamais vraiment su se comprendre. Enfin, ça, c'est l'impression que Nina a. Elle ne sait pas trop si sa mère avait vraiment la fibre maternelle. Elle ne sait pas si elle voulait avoir vraiment un enfant. Mais elle a été là. Nina a essayé de faire son maximum. Elle a essayé d'être une bonne fille. Mais elle n'était pas ... suffisante. Pour que sa mère arrête les conneries. La drogue et tout ça.

Quoi qu'il en soit, oui, la rouquine est plutôt heureuse pour sa cousine. D'abord, elle arrive à renouer le contact avec son père. Maintenant, avec sa mère. C'est plutôt chouette, non ? C'est même cool. Vraiment cool. Oh, bien sûr, elle n'escompte pas sur le fait que tout ce beau monde va ... s'entendre. Il y aura peut-être des tensions. Mais au moins, Reira a pris des nouvelles des siens. Et ça, c'est bien. Nina parle ... de son boulot. Parce que Reira a eu de la chance. Sacrément de la chance. "Non, on est plusieurs." Elle chasse l'idée de bosser toute seule. "J'suis pas certaine que j'pourrais faire ça toute seule ! Ok, Wellington n'est pas la plus grande ville au monde. Mais y'a de quoi faire !" Elle sourit. "Y'a des journées plus ... Oh non, c'est vrai. J'ai pas le droit d'utiliser le mot en "C" ou en "T"." Elle glousse. Dire calme ou tranquille, dans ce genre de boulot, c'est risqué. Ca attire le mauvais oeil. Et forcément tous les appels arrivent en même temps, ou presque. Donc non, pas question de prononcer le mot et de se porter malheur dès qu'elle retournera au travail ! Reira en veut à son père. Tout comme Nina peut en vouloir aux siennes. C'est pas pour les mêmes raisons, c'est vrai. Rhett n'était pas au courant de son existence. Mais quelle est l'excuse de son oncle ? Pourquoi il a été voir ailleurs ? Est-ce que ça n'allait plus avec Ekaterina ? Est-ce qu'il en avait marre ? Ou est-ce qu'il avait besoin ... de plus pour être comblé et heureux ? "J'sais que c'est sans doute une conversation très compliquée. Mais est-ce que t'as parlé de tout ça avec ton père ?" Elle observe sa cousine. "Est-ce que tu lui as déjà dit toutes ces choses ? J'sais qu'avec mon père, j'lui ai reproché. Souvent. De ne pas avoir été là. Et aujourd'hui encore, j'lui lance toujours la pique. Pour pas qu'il croit que tout est ok ok entre nous. Même si ... j'aime à croire que ça l'est quand même." Elle n'obtiendra peut-être pas des réponses de la part de sa mère. Son père pourrait être plus enclin à parler, comme il a des choses à se faire pardonner auprès de Reira. "Je sais que la vérité n'est pas toujours bonne à dire ou bien à entendre. Mais parfois, ça fait du bien." Ca pourrait ... arrondir les angles entre Reira et son père ? Possible.

Quoi qu'il en soit, oui, Ana était très mystérieuse. A ne jamais parler de la Russie. A gifler sa fille quand Nina était trop ... intrusive. Reira ne sait pas non plus. Pourquoi elle a quitté la Russie. Elle pense que sa mère pourrait éventuellement répondre à la question. "J'le pense aussi." Elle a un hochement de la tête. "Mais ça m'blessait quand même ... de voir qu'elle se refermait comme une huître à chaque fois que j'évoquais le sujet." Est-ce qu'elle a hâte de parler de tout ça avec sa tante ? Bien sûr. est-ce qu'elle va découvrir des choses ? Elle l'espère. Elle a envie en tout cas. Envie de découvrir un peu plus cette famille qui est la sienne. Nina n'a pas de frère. N'a pas de soeur. Mais elle se permet, quand même, de donner quelques conseils à Reira. Sur sa relation avec Piotr. Elle essaie de le rassurer. Mais il reste inquiet. "Et si ... tu lui proposais une colocation ? Pendant un temps ? Ca pourrait être le rassurer. Peut-être qu'il comprendrait que t'as pas envie qu'il soit loin. Que tu veux bien qu'il soit dans le décor. Et qu'il aura toujours une place importante dans ton coeur ?" C'est une idée comme une autre. Même si elle ne saurait dire si la colocation est la meilleure des idées.

Reira s'en veut un peu. De ne pas avoir ... pris de nouvelles de Nina durant tout ce temps. de l'avoir un peu délaissée. Mais Nina ne lui en veut pas. Aucunement. Elle a la rancune tenace, pourtant, selon les personnes. Mais là, elle n'a pas à en vouloir à sa cousine. Avec l'accident, les choses à gérer à tout ça, la russe a dû être un peu débordée. Nina se met à rire. "J'aurais peut-être pas pu forcément répondre à chaque fois." Surtout si elle est au travail. Oui. Il ne se passe pas grand chose dans sa vie. Et pour une fois, elle apprécie ce calme. Loin de e douter que d'ici à quelques semaines, elle va tomber sur sasha. Celui qu'elle a considéré un peu comme un père après la mort de sa mère. Et qui est parti sans prévenir alors qu'il avait toujours dit qu'il serait là. Elle rigole un peu en coeur avec Reira qui est prête à lui filer un peu de ses péripéties. "Tu sais, c'est gentil, mais ... j'ai eu mon lot de malheurs. Une passe tranquille, calme, ça me va bien." Jusqu'à quand ? Là est toute la question. Oui. "Ca te dit de boire un petit quelque chose ?" Parce que papoter, mine de rien, ça donne soif !

ft. @Nina Baranovski

La russe arbore un doux sourire en voyant Nina se confier sur son boulot et même rire de ces mots interdits qu’elle ne peut pas prononcer. Piment ajouté à des journées qui doivent se ressembler tout en se teintant d’expériences différentes à chaque interlocuteur. Ça fait plaisir à Reira de la voir s’épanouir dans son travail, c’est selon elle ce qu’il y a de plus important dans la vie. D’ailleurs, elle ne cesse de le répéter à Piotr. Il est encore jeune, il est important qu’il prenne le temps de trouver ce qui le fera vibrer. Puis, le patriarche russe s’impose dans la discussion, parce que si l’appel était avec sa mère, ça ramène Reira à d’autres réalités dont celle de son paternel. Leur relation n’a pas toujours été facile, hormis durant la petite enfance quand tout était encore rose, avant la tromperie et la double vie qui a scindé l’existence de la brune entre un père et une mère qui passaient leur temps à s’écharper. Heureusement qu’il y avait Piotr pour la comprendre et apaiser ses tourments. Reira entend pourtant bien les conseils de sa cousine qu’elle juge d’ailleurs très précieux. Après tout, Nina est de bon conseil depuis qu’elle la connaît, encore plus quand il s’agit de la Russie, comme si quelque part elle avait vécu tout cela avant elle, avec un degré assurément différent, et qu’elle pouvait mettre à profit son expérience pour aider sa cousine paumée. « Je lui en ai parlé mais jamais de façon posée, c’était plus pendant des disputes. Où tu discutes pas vraiment parce que tu claques la porte pour t’enfermer et ne plus parler… » Reira continue d’écouter sa cousine qui lui confie qu’elle aussi, elle lui a reproché des choses, qu’aujourd’hui ça va mieux même si ça revient comme une rengaine lancinante. Reira se doute qu’elle ferait mieux d’adopter le comportement de Nina, de faire un pas vers lui, pour laisser au passage l’occasion de s’expliquer maintenant qu’elle a une vision un peu plus adulte du monde et de ses enjeux. « J’essaierai de lui parler, j’pense que ça peut pas faire de mal. Et puis t’as raison, ça peut, peut-être, faire du bien. Au moins à moi, j’aurais vidé mon sac. » La russe ne trouvera pas le moyen de mettre ça à plat rapidement, la situation est encore trop particulière pour qu’elle jette de l’huile sur le feu des Tsvetkov, mais ça viendra un jour, elle le sait.

Reira tente de rassurer Nina comme elle le peut, en lui parlant de sa façon de voir la vie après son départ en Russie, ce mensonge qui comme la gangrène s’est répandu dans son être au point de l’empoisonner. C’est qu’elle n’a jamais voulu évoquer la Russie, sa famille, ni même son passé de façon générale. Parce que ça aurait été donner du point à ce truc qu’elle cherche à fuir depuis des années. Elle opine tout de même du chef, bienveillante et touchée par la détresse qui se sent encore chez Nina. « Je comprends… J’espère que tu pourras avoir les réponses que tu n’as jamais eu. » C’est vraiment tout ce que Reira peut lui souhaiter. Parce qu’elle a pu voir à quel point l’incompréhension peut bouffer quelqu’un, avec son frère. Le choc des retrouvailles et la douleur des révélations a laissé des marques indélébiles dans le cœur de Piotr, elle le sait bien. D’ailleurs, elle en vient à parler de lui, parce qu’elle s’inquiète de voir son accident les séparer à nouveau. Car la russe va s’installer ici maintenant, oui, elle ne compte pas partir et elle craint que ça ne plaise pas forcément à Piotr. Peut-être qu’il souhaiterait l’embarquer dans ses valises pour la Russie… Même si quelque part, il a l’air de vouloir s’installer ici aussi. « On est un peu en colocation là, il en a eu marre de sa coloc à lui donc depuis Décembre il vit avec moi. D’ailleurs, il est super présent avec l’accident, mais je sens quand même qu’il a peur… Franchement je lui en veux pas, il s’est passé un an avant que je m’enfuis la première fois donc… » Un soupire échappe à la russe quand vient la question du cœur, place acquise à jamais par le petit russe, un rang spécial lui est assigné quoi qu’il advienne d’eux. Et même si un jour il venait à la détester, ça ne changera rien à son amour. « J’ai peur qu’il ne se sente plus aussi important parce que j’ai rencontré quelqu’un et… ben je l’aime aussi. Il ne m’a jamais connu amoureuse. Ça, ajouté à l’accident, j’ai peur que ça fasse trop. Je veux pas lui mentir, mais je ne veux pas qu’il s’inquiète non plus. » Reira ne sait pas vraiment quoi faire, bien qu’elle refuse de lui cacher les échos chantants de son cœur.

La brune s’amuse d’un sourire en plaisantant sur un possible harcèlement de textos qu’elle aurait dû offrir à Nina. Si elle a passé sept ans à vivre loin des relations attachantes, Reira veut désormais pouvoir être présente pour ses proches, et ça l’embête un peu de ne pas vraiment avoir pu l’être avec Nina. Trop dépassée par les événements, elle s’en excuse. Elle rigole pourtant à sa réponse, rire qui se joint à celui de sa cousine. L’idée était peut-être un peu trop extrême, il est vrai. Si bien, qu’elle finit par lui proposer d’échanger un peu de ses péripéties contre son calme, plaisanterie sans réelle profondeur. « C’est vrai que tu as eu ton lot de soucis pour des années, tu mérites bien une petite pause. » Sourire bienveillant sur les lèvres, elle l’observe avant d’approuver à sa question. « Je veux bien du jus de pomme, il doit en rester dans le frigo. Si tu veux te prendre un fruit, des biscuits, fais comme chez toi ! » L’estropiée ne peut pas bouger et vit malheureusement au crochet de ceux qui passent par là. Chance, Piotr et maintenant Nina. Sa cousine revient rapidement avec les boissons et ce qu’elle a bien voulu prendre. Elle lui sourit automatiquement quand ses prunelles se posent sur elle. « Tu voudrais qu’on s’organise un truc quand j’irais mieux ? Avec Piotr même, pourquoi pas. Un week-end, ou je sais pas. » Elle propose ça comme ça, pour resserrer les liens de la famille qui se trouve désormais près d’elle.

codage par aqua

Niveau famille, c'est compliqué. Nina a perdu sa mère. Elle ne connaît pas si bien que ça son père. Mais elle se permet quand même de ... de donner quelques conseils à Reira. Parce que elle, elle connaît son père. Même si elle est en froid avec lui, ils ont l'occasion de se côtoyer. Il a été là quand elle était petite. Même s'il a fauté et qu'il s'est retrouvé avec une seconde famille à côté. Alors oui, NNina pense que Reira ne doit pas perdre de vue tout ça. Elle doit faire en sorte de ... Et bien, d'arranger ... les choses. Dans la mesure du possible après, bien évidemment. Peut-être que la discussion ne servira pas à grand chose. Peut-être que les choses ne s'arrangeront pas. Peut-être que ça sera toujours la guerre entre eux. Mais Reira doit essayer. Pour le bien. Pour le bien de son père. Pour sa famille qui est plus ou moins déchirée, oui. Bien sûr, Nina sera là. Pour la soutenir. En cas de besoin. Mais faut vraiment qu'elle lui dise ce qu'elle a sur le coeur. Plus elle gardera ce qu'elle a sur le coeur, ça va finir par noircir son âme, et ça sera pas bon pour elle. Nina n'a pas forcément eu le temps de dire tout ce qu'elle voulait à sa mère. Elle aurait voulu lui dire tellement de choses. Lui faire comprendre qu'elle était sur une très mauvaise pente. Et qu'elle devait arrêter tout ça. Mais elle n'a pas eu le temps. Elle est malheureusement morte avant que Nina n'ait l'occasion d'avoir cette discussion sérieuse. Et elle s'en veut. Si elle avait pris les devants, si elle avait réussi à faire comprendre à Ana, peut-être ... qu'elle serait encore en vie. Bien sûr, la rouquine ne peut pas être certaine que ça aurait changé quoi que ce soit. Mais passons. Reira a son destin entre les mains. C'est elle qui va décider de ce qu'elle veut faire avec son père. Et surtout, comment elle veut le faire. Nina peut lui donner des conseils, c'est un fait, mais ça ne veut pas dire pour autant qu'elle a raison.

Il est vrai que Nina va avoir une discussion assez sérieuse avec sa tante. Et elle ose espérer que ça va lui apporter des réponses. Sur sa mère. Pourquoi elle est partie. Ce qui s'est passé. "J'espère également." Elle a un hochement de la tête. "Et si c'est pas le cas ... j'pense pas que j'en ferais toute une histoire. Ca voudra simplement dire ... que j'aurais pas la réponse." Jusqu'à présent, elle pensait ... que c'était mort. Du moins, elle pensait que du côté de sa mère, elle ne connaîtrait jamais sa famille. Elle a été agréablement surprise quand elle a rencontré Reira, par hasard. Et elle peut espérer avoir quelques réponses. C'est une chance pour elle. Peut-être que sa tante n'aura pas plus d'informations. Elle verra bien. Reira et Piotr ? C'est pas ... disons qu'il a peur. Il a peur de l'abandon. "Bah, tu m'avais pas dit qu'il avait déménagé !" Il est vrai qu'elle est peut-être un peu plus proche de Reira que de Piotr. Elle doit encore apprendre à le connaître. Comme Reira. Nina se doute qu'elle ne connaît pas tout non plus sur sa cousine. "Et tu comptes t'enfuir à nouveau ?" Nina ne lui fait pas des reproches. D'une certaine manière, elle a l'habitude. Que les gens la fuient. Sa mère, même si c'était pas forcément voulu à dire vrai. Ses meilleurs amis. Sasha. "Je juge pas, hein. Parfois, on a besoin de partir ... de s'enfuir. Pour mieux revenir." Mais il est vrai que si ça ne tenait qu'à elle, oui, elle aimerait bien que Reira reste dans le décor. Parce que Nina l'apprécie. Beaucoup. Parce que ça lui fait du bien de l'avoir dans le décor. Parce qu'elle a vraiment l'impression, pour une fois, d'avoir une famille. C'est dingue, peut-être bien. Mais c'est comme ça. Et c'est une sensation assez agréable. Assez chouette. Et elle n'a pas envie de lâcher ça. Reira lui avait déjà parlé. De cet homme qui a croisé la route de la belle. Et bien sûr, ça fait sourire Nina. Qui n'aime pas parler d'amour ? "Et d'ailleurs, ça ses passe comment ... avec lui ?" Elle fait mine de réfléchir. "Chance si mes souvenirs sont bons, c'est ça ?" Elle est quasi sûre que c'est ça. Certes, elle peut se tromper. Et si tel est le cas, et bien, 'est qu'elle a bonne mémoire ! Oui.

Reira n'a pas été trop proche. Du fait de son accident. Et Nina ne lui en veut aucunement. C'est la vie. Tant qu'elle ne disparaisse pas totalement, c'est tout ce que Nina demande. Même si sa vie est assez ... calme en ce moment, ça lui convient. Parce qu'elle n'a pas forcément envie que ça soit le bordel monstrueux. Ca l'a déjà été. Et franchement, elle apprécie ce moment de calme. Elle apprécie le fait qu'elle n'ait pas à courir à droite à gauche pour régler des problèmes. Elle apprécie simplement ... la vie. Voilà. C'est facile. C'est simple. Elle ne se prend pas la tête en ce moment. Et c'est chouette. "Ouais. Après, si ça pouvait être une petite année tranquille et sympa, ça me plairait." Elle sourit. Ouais. Un peu de calme, elle ne serait pas contre. Bien sûr, elle sait que la vie, c'est un peu comme les montagnes russes. Elle sait très bien qu'il y a des hauts. Et des bas. Que parfois c'est facile. Et d'autres fois où c'est la merde. Mais elle a envie, pour le moment, que ça soit plat. Tout simplement. Même si c'est ennuyant à en mourir. Nina se lève. Lui demandent par la même occasion si elle veut boire quelque chose. "J'nous ramène ça !" Direction le frigo. Un plateau. Des verres. Un jus de pomme pour miss Reira, bien frais. Avec des glaçons pour que ça soit encore meilleur. Un jus d'orange pour Nina avec des glaçons. Des petits gâteaux également. Parfait. Tout simplement. "Tiens." Elle lui donne son verre et elle se rassoit. Reira propose de faire quelque chose avec Piotr. "Ouais, j'pense que ça pourrait être sympa !" Elle a un hochement de la tête. "J'valide carrément. Mais oui, quand t'iras mieux. J'aimerais pas que tu te fatigues !" Manquerait plus que ça.

ft. @Nina Baranovski

La situation est compliquée, vraiment tendue entre Reira et son père depuis l’évocation de sa seconde vie ; la russe a toujours mal pris cette double vie franchement vexante pour la petite fille qui s’est sentie bafouée par la trahison de son propre père. Elle sait pourtant qu’elle ne devrait pas s’arrêter aux ressentiments d’une enfant en construction, et plutôt juger la situation avec un œil nouveau, celui d’une adulte qui a aussi fauté. Au final, elle a beau l’exécrer pour ce qu’il a fait, la brune ne peut pas se cacher derrière sa faute à lui pour lui taper dessus toute une vie durant alors que là n’a pas arrêté de lui tendre la main, malgré sa bévue, malgré la décision désastreuse qu’elle a prise il y a sept ans. Alors comme avait pu lui dire Piotr sous le coup de la colère, peut-être qu’elle n’est pas mieux que lui et qu’elle devrait arrêter de se cacher derrière son erreur pour annihiler la sienne. Donc oui, Reira suivra le conseil de sa cousine une nouvelle fois et optera pour une discussion quand elle se sentira d’attaque pour subir une telle conversation. Quoi qu’il en soit, comme elle le dit à sa cousine, ça ne lui fera pas de mal au final de vider son sac, car il y a beaucoup de choses qu’elle garde en elle depuis toutes ces années. Des raisons qu’elle n’a jamais avoué, la vision d’une gamine brisée qui n’a pas pu exposer la vérité à son paternel ; de quoi offrir au père une nouvelle vision des choses, spectre qui n’est pour l’instant que chimérique. Puis, la russe n’est pas la seule à avoir des soucis avec sa famille et si Reira a pu renouer avec sa mère, Nina a perdu cette chance de gagner une complicité maternelle pour des raisons qui lui échappent encore. Si l’immigrée a fait tant d’efforts pour retrouver les Baranovski de Russie avec ce premier appel, c’est également pour sa cousine, pour qu’elle puisse vivre et profiter de cette famille qu’elle n’a jamais eu et obtenir les réponses qui lui manque tant. Une grimace gagne le visage de Reira en écoutant sa cousine, tristesse d’une situation trop acquise. Presque résignée, Nina ne se crée pas trop d’espoir, pour ne probablement pas être déçue, d’autant plus qu’elle a réussi à vivre sans cela jusque-là. « Tu as raison. Si tu en as, tant mieux, sinon hé bien, tant pis… Au moins tu auras essayé, tu auras tout tenté. » Sourire discret mais encourageant que tu lui offres tout en posant une main délicate sur son avant-bras pour prouver son soutien. Au moins, une nouvelle famille l’attend et lui ouvre les bras, de quoi gommer légèrement ce besoin de réponses. Une famille encore imparfaite, à cause de Reira, forcément. Et de Piotr, ce cousin par presque alliance qui rythme aussi sa vie sur l’île néo-zélandaise. La russe ricane doucement quand Nina est surprise d’entendre la nouvelle quant à la présence du petit-frère dans la baraque. « Ça a été assez soudain, mais en même temps naturel. Je vais être un peu triste quand il va partir. Enfin, il s’est absenté longtemps de toute façon… » L’arrivée chez Reira avait été assez naturelle, complicité presque automatiquement retrouvée, le ciel ne s’est assombri qu’à Noël où le petit russe a décidé de quitter Island bay pour une fugue de trois semaines, ça ne faisait que deux petites semaines qu’il était de retour chez elle. L’amusement s’estompe quand Nina lui demande si elle compte s’enfuir encore une fois, choquée par les mots, elle n’est pas pour autant blessée par ses paroles que certains pourraient juger maladroites. Reira se perd dans d’innombrables efforts, et forcément, ça la touche que l’on doute encore de ses bonnes volontés mais elle n’en veut à personne, elle serait toute autant suspicieuse qu’eux. Nina se reprenant aussitôt, Reira esquisse un sourire bienveillant pour lui montrer qu’elle ne lui en veut pas. « T’inquiète pas, je ne compte pas partir… J’ai bien compris que ça ne m’a pas servi la première fois alors je préfère tenter quelque chose de plus sain, pour m’en remettre. » Le choc était aussi fort qu’il y a sept ans, peut-être pire encore car cette fois elle devait vraiment abandonner son rêve, car la troisième fois ne sera pas aussi clémente avec elle.

Reira s’empresse d’ailleurs de dire qu’elle a trouvé de quoi être heureuse ici, qu’elle n’a pas besoin d’aller chercher du bonheur ailleurs. Le sourire de Nina entraîne naturellement celui de la russe. « Oui c’est ça ! Disons qu’on est pas ensemble parce qu’il a eu une aventure avec quelque d’autre et il préfère éclaircir ce point avec cette personne en tout bien tout honneur avant que… hé bien ça n’aille plus loin entre nous. De toute façon, on compte prendre notre temps. Mais il est très présent, il passe dès qu’il peut pour voir si je vais bien. Un vrai ange, sérieux ! » Objectivement, Reira ne mérite pas tant de gentillesse de la part du pompier, pas après ce qu’elle a pu lui faire subir. De quoi apporter du bonheur, de la joie et peut-être apaiser cette année qui commence plus mal que bien. Malheurs qui se sont suivis que Reira met sur la table sans vraiment approfondir, bien que teintée d’humour dans ses remarques sur le calme de la vie de Nina, évidemment elle ne lui souhaite que du bonheur, et si cela se trouve dans une apparence monotone pendant un temps, ce n’est pas plus mal. Elle part d’ailleurs chercher de quoi se désaltérer, laissant la brune zieuter son jardin bien calme aujourd’hui après l’avoir remercié par avance. Elle revient presque aussitôt avec deux verres remplis de jus, de la pomme pour elle et de l’orange pour Nina. La russe remarque les glaçons en plus, touchée par l’attention, elle le fait remarquer. « Oh tu as pensé aux glaçons ! Merci ! » Puis une idée lui vient, celle de s’organiser un petit quelque chose pour toujours plus resserrer les liens, avec le troisième russe aussi, pourquoi pas. Heureuse de la voir emballée par cette idée, elle tapote dans ses mains. « Génial ! Oui rassure-toi, on va laisser passer quelques mois au cas où, parce que j’ai pas mal de kiné et tout ça, je ne peux pas tout faire… Bon, c’est encore compliqué. Et puis il faut aussi que je retrouve du travail, parce que je ne peux plus vraiment passer la journée debout à servir des cafés. » Grimace à peine déguisée, ça l’embête ça. Car elle doit dire adieu au café, et ne peut plus compter ses petits extras dansants. Trouver une nouvelle vocation ça va lui prendre du temps, c’est certain. « Ça vient de me venir comme ça mais du coup il faudra qu’on réfléchisse à quoi faire. La montagne peut-être ? Ou alors à la mer, ailleurs dans le pays. Le bled où était Piotr après Noël avait l’air pas mal du peu qu’il m’en a dit… Mais je ne sais pas s’il voudra aller là-bas. Enfin bref, faut en discuter. T’as des envies particulières toi ? »

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Peut-être qu'elle devrait se battre. Peut-être qu'elle devrait retourner chaque pierre pour essayer de trouver ... ce qui s'est passé pour sa mère. Ou peut-être que ça ne sert à rien. Et que ça lui fera uniquement du mal. Ana était secrète. Ana n'aimait pas parler de sa vie en Russie. Elle a essayé de lui tirer les vers du nez pendant ... pendant tellement de temps. Mais elle n'a jamais rien eu. Aucune information. Rien de bien important. Si elle peut avoir quelques détails, bien. Dans le cas contraire, ça fera juste parti ... du mystère qui entoure sa famille. Tout simplement. Enfin, du côté de sa mère. Puisque du côté de son père, maintenant, elle sait tout. Mais elle sait pas si elle a encore envie de faire des efforts. Elle ne sait pas si elle est prête à faire encore autant d'investigations. Ca a pris du temps pour son père. Et elle ne sait pas si elle a envie que ... ça prenne encore du temps. Ou bien qu'elle se retrouve dans des impasses, ou des choses dans le genre. C'est dur de faire des recherches. Et c'est encore plus dur quand on tombe face à un mur. Avec la mort de sa mère, elle pensait qu'elle ne pourrait jamais résoudre le mystère de sa famille. Parce qu'elle n'en parlait pas non plus. Au moins, ça, elle sait ... qu'elle a de la famille. Même si elle est tombée sur Reira, mine de rien, par le plus grand du hasard. "Et puis, ne pas en savoir plus ... Ca va pas gâcher ma vie." Elle sourit. C'est pas bien grave. Elle s'en sortira même si ... même si elle n'arrive jamais à résoudre ce mystère. Reira se montre tactile avec sa cousine. Comme pour lui remonter le moral. Mais elle est bien. Ouais. Ca va bien.

Une information toutefois qu'elle n'avait pas, c'est ... que Piotr a emmenagé. Soudainement. Rapidement. "Il est obligé de partir ? Peut-être qu'il peut rester un peu plus longtemps ?" Elle hausse les épaules. "Peut-être que ça lui permettrait de se rassurer un peu." Et ne pas penser que sa soeur a envie de se débarrasser de lui. Enfin, ça ne la regarde pas. Nina se doute que c'est quelque chose qu'ils doivent résoudre. Tous les deux. Et elle sait que ça va bien se passer pour eux. Ouais. Elle le suppose en tout cas. Quant à savoir si Reira va partir, encore ... Nina a l'habitude que les gens finissent par sortir de sa vie. Comme ça. Pour Piotr, ça a été plus compliqué. Oui. Mais elle espère bien qu'ils ne vont pas disparaître du jour au lendemain. Qu'on se le dise, ça l'embêterait. Fortement. mais bon. Elle n'est pas dans la tête de Reira. Ni dans celle de Piotr. Nina ne cherche pas à les faire fuir. Elle a envie qu'ils restent dans le coin. Mais comme elle a un sérieux complexe d'abandon, c'est pas évident pour la jeune femme. Non. Peut-être ... que ça lui passera. Peut-être que ça ira. Ouais. Elle a envie d'y croire en tout cas. Pour sûr. "Et bien, j'suis ravie d'apprendre que tu n'aies pas envie de filer." Elle sourit. "Parce que je dois t'avouer que ça m'embêterait !" Fortement. C'est qu'elle aime bien sa cousine Nina ! Et puis, ça a été tellement une surprise de la rencontrer ! Et quoi qu'on en dise, elle n'a clairement pas envie de la perdre. Non.

Reira l'éclaire. Sur sa relation avec Chance. Ou sa non relation à dire vrai. Puisqu'il était avec quelqu'un. Et qu'il doit encore ... savoir s'il éprouve des sentiments envers cette personne. "Oh ... Mince ..." Nina fait un moue. "Mais au moins, c'est un gentleman ! J'veux dire, il s'amuse pas à courir plusieurs lapins en même temps !" Enfin, lapine en l'occurrence. Et ça fait sourire Nina. Parce qu'il semble tenir à Reira. Vraiment. Et ça, c'est plutôt cool. Va falloir qu'elle le rencontre ce petit Chance. Histoire de voir à quoi il ressemble. De pouvoir mettre un visage sur son prénom. Et surtout, se faire une idée.

Nina s'absente quelques instants. Juste pour ... Et bien, pour récupérer. A boire. Et à manger. Parce que papoter, mine de rien, ça doit soif. Ca donne super soif. Et pas qu'un peu d'ailleurs. Elle revient donc après quelques minutes avec tout ce qu'il faut. "Mais y'a pas de quoi ! Faut qu'on reprenne des forces !" Elle glousse un peu. Elle se réinstalle. Prend son verre et boit un peu. Reira envisage qu'ils se fassent un petit quelque chose. La rouquine, Piotr. Et elle. Et c'est pas une mauvaise idée. Avant ça, bien sûr, il faut que Reira se remette de son accident. Parce que Nina s'en voudrait toute sa vie si jamais Reira mettait en péril sa ... sa convalescence simplement parce qu'elle a envie de sortir ou bien de voir le monde. "Pour le boulot, tu sais, j'peux glisser un mot au mien. On est assis toute la journée. Il y a des jours où c'est pas marrant. Mais la formation est sympa. Les collègues sont sympa. Et ... la paie n'est pas mauvaise." Elle secoue la tête. "J'ai pu partir en Suisse avec Livia. Donc, tu vois, c'est plutôt ... pas mal." La prochaine étape, c'est de mettre de l'argent de côté pour la Russie. "Enfin, c'est toi qui vois bien sûr. Mais niveau boulot, j'peux peut-être t'aider." Et elle le fera avec plaisir ! Faut parfois se serrer les coudes, n'est-ce pas ? Après, c'est peut-être pas ce que Reira a envie de faire. Mais faute de trouver mieux, peut-être qu'elle pourrait y faire son trou pendant un temps. A voir. Oui. Où ils iront ? Tous les trois ? A la montagne ? A la mer ? Bonne question. Ouais. "Pas forcément. Après, pour choisir the destination, j'pense qu'il faudra déjà qu'on s'fasse une soirée tous les trois. Et qu'on en discute !" Et puis, ils vont aller de plus en plus vers les mauvais jours. Vers l'hiver. Ils devront également prendre leur décision, donc, par rapport au temps.

ft. @Nina Baranovski

Flots de la vie en continus, l’eau coule sous les ponts et le frangin s’émancipe. Reira n’en veut évidemment pas à son frère de chercher de quoi loger ailleurs, à vrai dire elle est même plutôt ravie de voir qu’il renoue si bien avec la vie qu’il est prêt à vivre pour qui il est vraiment. Le retour de sa fugue et ses excuses auprès de ses proches lui ont permis d’ouvrir les yeux et de voir la réalité en face. Tout le monde s’en fiche qu’il aime les hommes, comme sa sœur avait pu lui dire : la Nouvelle-Zélande n’est pas la Russie, et ici, il peut vivre. Vraiment vivre. Et ça, ça ne peut que faire plaisir à Reira. Ce n’est pas bien grave si elle se retrouve toute seule à Westbay, elle a toujours Blacky, Rocket, et Chance qui vient la voir, donc elle ne sera pas excentrée du monde. En plus de cela, ce n’est pas comme si elle pouvait avoir la décence de réclamer à son frère sa présence ici, refuser qu’il emménage. Ce serait clairement malvenu. « Il n’est pas encore parti, à vrai dire pour l’instant il cherche où est-ce qu’il pourrait aller donc ce n’est pas pour maintenant, mais je sens qu’il a envie de voir de nouveaux horizons. J’suis contente pour lui d’ailleurs. » Haussement nonchalant des épaules, la russe ne va pas en faire tout un drame, ni même réglementer la vie de son frère. « Island Bay ce n’est pas bien grand, ça ne changera pas grand-chose, et puis s’il est heureux comme ça, ça me va. » Un doux sourire écarte les lèvres de Reira, pensées tendres qui s’envolent vers son frère et son petit-ami. Reira ne dévoilera pas son secret ici, ne sachant pas si Piotr s’est déjà confié à ce sujet à Nina ou non. « Je pense que c’est une bonne chose en vrai, ça veut dire que lui aussi est prêt à se lancer dans la vie, peut-être que ça l’aidera aussi à surmonter mon accident. Il ne faut pas qu'il vive que pour moi. » Reira ne peut pas prévoir ce qu’il se passera, mais elle ose espérer que tout ira pour le mieux si son petit-frère retrouve goût à la vie. Ça n’empêchera pas la brune de continuer à le rassurer quant à sa désormais stabilité. Chose qu’elle s’empresse également de faire à sa cousine, car Nina semble soudainement prise du même doute. Un sourire s’empare des lippes de la russe aux répliques de sa cousine. « Je t’aurais manqué ? » Rictus rieur sur les lippes, Reira l’embête légèrement, juste de quoi apporter un peu d’humour à ce sujet toujours un peu tendu malgré la bonne volonté de chacun. Non, elle ne compte définitivement pas partir. « J’ai trouvé une famille ici, des liens de sang, mais pas que. J’compte plus abandonner ça. » Et sa main vient enlacer la sienne, buste qui se penche vers la rousse tandis que Reira garde son large sourire. Elle ne les laissera clairement pas de sitôt, il faudra plus qu’un genou en vrac pour ça.

La russe s’attarde légèrement sur ses histoires de cœurs, évoquant celui qui a été capable de dégeler son myocarde de glaces après quelques déboires, il a fallu que l’accident les pousse à nouveau sur la route de l’autre. Tout n’était pas encore fait, mais c’était presque comme si les amants pouvaient renouer. Ça ne demande qu’une petite conversation du côté du pompier, pour que les choses s’arrangent. « Oui clairement, et il a eu la décence de ne pas déraper tant qu’il n’aurait pas pu parler à l’autre, j’trouve ça vraiment honnête. Ça me plaît encore plus. » lance-t-elle avec un petit gloussement d’adolescente qui se confie sur son premier amoureux. Il faudra quelques temps à la russe pour s’assurer qu’elle le mérite, efforts qu’elle fera autant qu’il faudra, peu importe à quel point ça peut devenir complexe avec sa psyché blessée. Un petit sourire s’étire encore lorsque Nina file chercher les boissons pendant que la russe pense encore à celui qui fait battre son cœur. La cousine revient à peine quelques minutes plus tard, chargée de boissons glacées, de quoi apporter un peu de glucides à vos organismes. Le sourire qui orne la trogne de la brune s’éteint lentement à mesure qu’elle évoque le boulot qu’elle ne peut plus faire avant de revenir dès que Nina lui propose de travailler avec elle. « C’est super gentil de me le proposer, merci, mais… je ne suis pas certaine de pouvoir gérer les urgences des autres. Disons que j’ai déjà un travail à faire sur moi-même avant de pouvoir gérer les difficultés des autres, tu vois ce que je veux dire ? » Ce serait dommage de finir en crise d’angoisse parce que les souvenirs de la russe se mêlent à ceux de ses patients, ou presque. « Après le producteur pour qui je travaillais, il m’a proposé une place de choix dans son label si jamais je voulais revenir, que je pouvais renouer avec la danse sans vraiment danser. Mais ça reste trop loin pour l’instant. » Reira n’oublie pas le poste créé sur-mesure pour elle par Roméo, c’était une chose unique qu’elle adorerait saisir mais qu’elle ne peut pas toucher du bout des doigts pour l’instant. Dans quelques années peut-être. « Mais je pense que quelque chose dans le secrétariat ça peut être pas mal, si je suis assise. À condition que ça ne demande pas de diplômes. » Sa formation au Bolchoï a été gratifié d’un diplôme alors même qu’elle n’a pas pu assister à la dernière année, l’académie l’a jugée suffisamment talentueuse et en avance sur sa promotion pour lui faire en quelque sorte sauter une classe et la dédommager de son accident et de sa perte de chance de rejoindre le ballet. Sauf que ce n’est pas vraiment utile dans le monde réel éloigné de l’univers dansant. Reira hoche lentement de la tête aux mots de Nina, qui a encore une fois raison. « T’as raison, une petite soirée à trois ça peut être pas mal pour s’organiser ça. Comme je te disais, Piotr est à fond dans ses recherches donc je ne sais pas s’il aura le temps avant d’avoir trouvé et de s’être installé, mais faudrait pas trop tarder. Histoire qu’on se le fasse avant l’hiver quoi. Sinon on va se les peler, même si la résistance au froid c’est dans nos gênes. » Elle porte son verre à ses lèvres, se délecte de la douceur sucrée de la pomme avant de récolter les perles agglutinées sur la chair. « En tout cas, en attendant, si tu veux passer quelques soirées par ici, on ne bouge pas vraiment donc hésite pas ! Ma porte t’est toujours grande ouvert tu sais ? »

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Nina, elle pourrait presque être perdue ! Piotr qui emménage chez Reira. Mais qui va bientôt déménager. Enfin, apprendre ça dans la même conversation, le même jour, c'est ... étrange, oui. Mais bon. Au moins, elle est au courant de tout. C'était une bonne chose, au final, de venir pour Reira. D'être là pour cette conversation avec sa mère. La rouquine n'en a pas su plus sur sa mère, et peut-être qu'elle n'en saura pas plus à l'avenir. Mais qu'importe. Le principal, c'est qu'elle reste proche de Reira. Proche de Piotr. Des autres membres de sa famille. Elle est ravie d'avoir retrouvé tout ce monde. Du côté de sa mère. Du côté de son père. Bien sûr, elle a toujours ... elle a toujours des choses à apprendre sur chacun des membres de sa famille. Mais ça fait du bien. Au moins, elle sait qui ils sont. Au moins, elle n'aura pas ... elle n'aura pas à faire tout un tas de recherches. "Tant qu'il reste dans les parages, c'est tout ce qu'il faut." Elle sourit. Avoir tous les membres de sa famille sous le coude, ou presque, c'est tout ... c'est tout ce dont elle a besoin. Nina lui confie qu'elle est plutôt ravie que Reira n'ait pas envie de fuir. Qu'elle n'ait pas envie de partir. "Bien sûr que tu m'aurais manqué !" Elle a un hochement de la tête. "Ca fait peut-être pas longtemps que t'es rentrée dans ma vie. Mais tu restes importante pour moi." Très importante. Peut-être plus que les Sawyers ? La famille du côté de son père ? Disons que c'est différent. Mais elle a un lien très fort avec Reira. Peut-être parce que ... c'était une véritable surprise et coïncidence de tomber sur Reira. Qui aurait pu croire qu'elle avait de la famille sur Island Bay ? Une curieuse surprise. Mais c'était une belle surprise. "Et puis, sans toi dans les parages, qu'est-ce que j'ferais moi ?" Elle lui fait son air de chien battu. Elle espère fortement qu'elle ne va pas partir de sitôt. Jamais même. Enfin, Nina sait que les gens vont et viennent. Des fois, elle se demande même si elle n'est pas une ... comment dire ... une sorte de chat noir. A effrayer tous les gens qui tournent autour d'elle. Elle a eu pas mal de personnes proches qui ont décidé de partir. De s'éloigner d'elle, comme ça, du jour au lendemain. Alors, elle aimerait bien que Reira reste. C'est sûr. Reira lui tient la main. Joignant la parole comme quoi elle ne compte pas abandonner. Nina resserre son étreinte sur la main de la russe. Ca lui fait du bien d'entendre ça.

Chance ? Et bien, il a une fille dans sa vie. Une fille avec qui c'est compliqué. Il aurait pu se laisser aller avec Reira. Il aurait pu ... se foutre des deux. De son amie. De Reira. Et entamer quelque chose avec la russe. Mais non, il est droit dans ses bottes. Et il préfère clarifier ce qu'il peut ressentir. Et ça, c'est bien. Parce que c'est pas tous les mecs qui pourraient le faire. Non. "Un parfait gentleman." Ca ne peut être que ça. "J'crois que tu as trouvé le prince charmant." Et c'est pas donné à tout le monde de le trouver. Enfin, mine de rien, elle espère fortement que ça va bien se passer entre Reira et lui. Qu'elle va ... qu'elle va être heureuse avec Chance. "Par hasard, ton prince charmant, il aurait pas un frère ? Ou un cousin de sa trempe ?" Histoire de ... histoire de se trouver un homme qui pourrait lui convenir. Même si elle papillonne et qu'elle ne semble pas avoir envie de se fixer. Mais faudra bien qu'elle le fasse. A un moment ou à un autre. Se fixer. Trouver quelqu'un avec qui elle pourra ... mener sa vie. Oui. Elle est jeune, mais elle est prête pour vivre une belle histoire d'amour. Ca lui ferait ... Ca serait une victoire, en quelque sorte.

Si Reira le veut, Nina est prête à parler d'elle à son travail. Seulement, la russe ne pense pas pouvoir ... le faire. Elle a du travail à faire sur elle, gérer les problèmes des autres. "Oui, je comprends tout à fait." Elle a un hochement de la tête. "Sache que si tu changes d'avis, t'hésites pas à me le dire." Parce qu'elle sera prête à parler d'elle en cas de besoin, pour sûr. "Et tu ferais quoi pour ce producteur ?" Histoire d'en savoir un peu plus. Reira évoque un boulot de secrétaire. "J'suis sûre que tu trouveras. Enfin, j'vais croiser les doigts !" Trouver un boulot, c'est pas toujours évident. Nina en sait quelque chose. Elle n'a pas de diplôme. Et le job qu'elle a trouvé et qu'elle exerce depuis un an a changé sa vie. Oui. Et elle n'est pas mécontente que ça ne demande aucun diplôme. C'est rare. Mais c'est cool. Parce que devoir reprendre des cours, elle a déjà essayé. Deux ans d'université, deux cursus différents. C'était pas pour elle. Quant à s'organiser quelque chose avec Piotr, le mieux, avant, c'est de se faire une soirée tous les trois. Enfin, c'est ce que Nina propose. "C'est sûr que si on va camper, par exemple, y aller en plein hiver, ça sera pas génial." Et Nina se met à rire. "Tu m'dis quand vous êtes ok pour une soirée tranquillou avec Piotr et j'viens." Parce qu'elle ne travaille pas de nuit. parce qu'elle n'a pas vraiment de rencards. A part quelques sorties à droite à gauche avec Finn ou bien Livia, hein, il se passe rien d'extraordinaire dans la vie de la rouquine. Donc, elle pourra venir n'importe quand. Reira n'hésite pas à lui dire que si elle veut venir, c'est quand elle veut. "Et bah ... avec plaisir pour l'invitation ! Comme ça, on pourra s'faire cette fameuse grande discussion pour qu'on trouve où on ira." Elle glousse. Elle pourrait ce soir. Peut-être que Piotr rentrera pas trop tard. Et qu'ils pourront voir tout ça.

ft. @Nina Baranovski

Nina souhaite garder sa famille retrouvée près d’elle, et la russe la comprend totalement. Égoïstement, elle ne veut pas voir son frère s’éloigner alors même qu’elle l’a volontairement fui. Cependant, si Piotr venait à retourner en Russie ou se faire une virée dans un autre pays, elle ne râlerait pas, car ce serait son choix, elle l’accepterait. Mais en ce qui la concerne, Reira ne compte pas fuir on-ne-sait-où. Non, elle est bien ancrée dans cette réalité, avec un avenir qui se dessine même si encore très incertain. Et puis elle tente aussi d’apprendre à son cœur à s’accrocher à nouveau, à ne pas être effrayée pour le bonheur et sa face ombragée. Alors forcément, le myocarde s’étant ouvert à Nina en premier, ça lui met du baume au cœur d’apprendre qu’elle est devenue importante à ses yeux. Réciproque véridique, la brune sourit en venant ranger sa main contre la paume de la rousse. « Promis je ne vais pas t’abandonner. Je ne peux pas promettre de rester ici jusqu’à ma mort parce qu’on ne sait pas ce que réserve la vie, mais je ne fuirais pas. J’serais là pour jouer mon rôle de cousine. Tu es toute aussi importante pour moi. Tu es la première famille avec qui j’ai renoué. » Épaules confortables, oreilles réconfortantes, Reira se comportera comme une sœur même s’il le faut, si elle en est à nouveau capable. Chose dont elle doute parfois, à cause de Piotr. Mais elle sait, elle le sait au fond d’elle, que le bonheur va à nouveau lui ouvrir les portes. Même si ce n’est pas la danse qui pousse les battants, ce sera autre chose. La famille, l’amour, les deux ensembles. De fait, elle en vient à parler de Chance, le beau pompier qui a bousculé sa vie au Cameroun en lui permettant d’échapper à son esprit maltraité en laissant place à la parole, puis le retour inattendu dans sa vie juste ici, sur le sol néo-zélandais. Si ce n’est pas un signe du destin, de continuer à se tourner autour et se croiser même quand les mots les séparent, alors elle ne sait pas ce que c’est. Reira ne peut que peindre un beau tableau du brun qui contrôle son cœur, donc quand Nina le compare à un prince charmant, la russe ricane avant d’esquisser un large sourire. « Franchement ? Je crois aussi. Ça met un peu la pression, alors j’essaye de donner le meilleur de moi-même pour lui. Même si c’est compliqué, j’ai jamais eu d’amoureux moi. » Sa cousine réclame aussi un bout du gâteau des O’Brien, espérant récolter un peu du côté gentleman de Chance. Elle cherche un frère, un cousin, qui lui ressemblerait. Malheureusement, Reira n’a la chance de connaître que sa sœur pour le moment mais elle a eu vent de Milan et l’imagine tout aussi bienveillant que Loreleï et son frère. « Figure-toi que si, il a un frère. De ton âge en plus je crois. Je t’avoue que je ne l’ai pas encore rencontré, mais j’ai fait la connaissance de sa sœur et ça semble faire partie de la famille d’être adorable… Donc si tu veux un date arrangé, fais moi signe. » Rictus malicieux sur les lippes, la russe pourrait bien arranger un petit quelque chose quand ça deviendrait vraiment sérieux avec Chance, une rencontre entre famille par exemple, enfin ce qu’elle a ici pour Reira. Peut-être pas les parents de suite, mais ce serait un bon début. À méditer.

Il n’y a pas que la famille du pompier qui semble faire preuve de magnanimité, Nina aussi se la joue adorable en lui proposant une place à son boulot. Loin d’apprécier le travail proposé, Reira craint surtout de se sentir dépassée par les cas téléphoniques, de paniquer ou de transposer leurs soucis aux siens. Pas franchement génial, elle attendra d’aller mieux pour se questionner sur cette possibilité si elle n’a toujours rien trouvé. « Merci, c’est vraiment adorable. » Un autre poste qui vaudra le coup de réfléchir quand le temps sera venu, c’est la proposition de Roméo, le patron du label s’est plié en quatre pour proposer à Reira un poste à son effigie, adaptée sur mesure. « En gros, je serais en quelque sorte conseillère et chorégraphe pour les clips. Ça ne me ferait pas vraiment danser, mais je pourrais tout de même exploiter ma fibre artistique. Mais bon je suis pas encore prête à imaginer quelque chose avec la danse alors que j’essaye de me convaincre de ne plus m’accrocher à ça. » Ce serait dommage de sombrer alors qu’elle n’a pas encore réussi à sortir la tête de l’eau. « Il y a bien de quoi faire ici, c’est sûr. Je l’espère aussi. » dit-elle avec un large sourire, gagnant le soutien de sa cousine et les offres s’accumulant déjà. Elle ne fera pas la difficile, elle cherche simplement quelque chose qui lui correspondra sans réveiller ses démons intérieurs. Ça ne doit pas être impossible à trouver, tout de même. Puis, Reira propose de passer du temps ensemble, entre russes, de quoi renouer les liens, s’occuper. Avec le temps, la relation entre les Tsvetkov s’améliorent, même si les nouvelles émoussent quelques peu les liens tout juste renoués. Le temps de se programmer tout ça, ça devrait s’améliorer. Du moins elle l’espère. Reira n’a pas grand-chose à faire donc tout se jouera surtout du côté du petit frère qui se prépare à déménager. Les recherches lui prennent du temps et de l’énergie, le déménagement lui en prendra encore plus. « Ça marche ! » Reira en profite d’ailleurs pour lui rappeler que si elle veut passer à l’improviste, la situation veut qu’elle trouvera toujours quelqu’un pour lui ouvrir donc elle peut se faire plaisir. Elle reprend une gorgée de son jus de fruit laissé à l’agonie le temps de papoter puis elle sourit en hochant la tête. « Je sais pas si on peut faire ça ce soir, si tu es dispo, Piotr devrait pas tarder à rentrer je pense. Il s’est absenté promener Blacky, ça ne devrait plus être long. S'il apparaît, ne dis rien sur Chance surtout, même si ce n'est pas officiel ni rien, c'est tendu avec Piotr donc... j'attends que ce soit officiel pour lui dire. »

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