over the waves, #lucri

Soleil formellement brûlant pour une telle journée alors que la saison de l'été approche. L'océan s'agite et s'amuse à former différents rouleaux d'eau de mer salée, plus ou moins impressionnant pour le plus grand bonheur des surfeurs et autres amateurs de sport nautique. Bien entendu, il aurait été surprenant de ne pas y voir ces deux mômes - qui ont d'ailleurs maintenant bien grandis - s'amuser dans l'eau. Mais depuis toutes ces années, cet amusement était quelque peu différent. Pas de château de sable, non, ils avaient prévu - dès qu'ils en avaient forcément l'occasion - de repousser un peu plus leur endurance. Bodyboard et planche à voile au programme. Ces mômes en question avaient décidément bien grandis et leur ambition pour le sport également. Christopher & Lucy connaissaient parfaitement les mouvements marins, les différents courants, la plage - souvent bondée de touristes - et ses alentours. Les rouleurs des vagues n'avaient plus de secret pour eux..

Crique isolée du reste de la plage, c'était un endroit idéal pour s'éclater avec le vent. Une crique où les habitués se connaissaient au fil du temps. A vrai dire, on retrouvait toujours les mêmes têtes familières quand le vent se levait et que les vagues se prêtaient au jeu.. Combinaison de plongée venait à serrer le bas de son corps effilé alors qu'un simple bikini retenait au mieux sa poitrine. Les fesses dans le sable, un kiwi juteux dans l'une de ses mains, Lucy essayait en vin de finir ce fruit du pays. Cheveux longs et ondulés tombaient en cascade sur ses fines épaules légèrement ensablées, alors que le soleil réchauffait ce cuir chevelu et rendait sa couleur naturelle un peu plus claire.. Les yeux plissés par les rayons UV, la jeune femme se laissa tomber en arrière, tête tapant délicatement le sable chaud. " Pfiou Chris' on a trop bouffé là ! " C'était pourtant une bonne idée d'avoir pique-niqué sur la plage en cette fin de matinée ! Elle se redresse sur ses coudes, et le regarde amicalement. " Arrêtes d'te gaver tu vas finir par tout dégoupiller dans l'rouleau ! " Petit rire cocasse et taquin vient à faire vibrer sa cage thoracique restreinte. Que de chamaillerie, que de taquinerie. Ils ne changeront jamais ces deux-là.

Over the waves

Christopher & Lucy

Chris était heureux, excité de pouvoir remettre sa combinaison, de pouvoir repartir à l’océan, de revoir Lucy. Peut-être aurait-il du dire non, décliner l’invitation, mais il avait pas pu s’en empêcher. Il était pas du genre à réfléchir, Chris, à prendre les bonnes décisions, celles dictées par la raison. Mais il avait cette plaie à son bras, ces fils, ce bandage à refaire tous les jours, et aller se baigner était clairement déconseillé. Il pouvait pas dire non à Lucy, tout comme il pouvait pas dire non aux plaisirs de la vie. Et le sport et son amie en étaient deux, alors il allait deux fois moins refuser. Tant pis. Il avait quand même acheté ces pansements transparents hyper collants, ceux à mettre par-dessus d’autres moins puissants, qui étaient censés empêcher l’eau de passer au travers. Il espérait que ça fonctionnerait, que la combinaison bien serrée autour de son bras permettrait de tout tenir bien en place, sinon, il se ferait encore engueuler par son frère. Il savait pas prendre soin de lui, Chris. Et il savait pas dire non à Lucy. Et il n’avait pas non plus pu dire non en jetant un coup d’oeil à météo plage. La journée allait être particulièrement intéressante pour n’importe quel amoureux des vagues.

L’idée du pique-nique était sacrément bonne. De toute manière, quand ça concernait de la bouffe, l’idée était toujours bonne. Chris avait fait des sandwichs pour l’occasion. Il ne savait clairement pas cuisiner, mais ça, au moins, c’était facile, alors il y avait mis tout son coeur. Il avait ramené quelques autres choses, apéritifs et fruits, et avait tout mis en commun avec ce que Lucy avait ramené de son côté.

« Tu rigoles ? » Répondit directement Chris, alors que lui attrapa un énième fruit. Il finirait tout ce qu’ils avaient ramené s’il le pouvait. Il avait un sacré appétit, ce n’était pas nouveau. Dans un rire, il posa sa main sur l’épaule de son amie pour doucement la pousser. « J’avais 20 ans quand ça m’est arrivé pour la dernière fois, et j’te rappelle que c’est ta faute, tu m’avais traîné ici alors que j’avais une putain d’gueule de bois ! » Il finit son fruit en à peine quelques bouchées, et tourna sa tête vers la brunette, un énorme sourire plâtré sur le visage. Il aimait la voir rire, heureuse, et il aimait d’autant plus la voir manger. En fait, il aimait la voir prendre la peine de vivre. Il leva son index pour le poser en une caresse sur le bout du nez de Lucy, un air joueur trahi par ses yeux. « Et même si ça m’arrivait, j’arriverais à mieux tenir les vagues que toi. J’suis l’meilleur, qu’importe les circonstances, alors retient bien ça. »

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Une journée comme elle les adore. Loin de tout, loin de son passé, loin de tout ce qui la tant blessé. Mais proche de l'eau salée, qui ne cesse de lui procurer un certain réconfort, une certaine aisance dans ce milieu marin. Mais aussi proche de lui, qui à toujours été à ses côtés. Amitié qui perdure, qui n'a pourtant jamais été fragilisée et pour qui, la jeune femme détient une confiance formelle. Affronter le vent, affronter les vagues, se laisser emmener par un courant ou se faire secouer par un rouleau, rien de cela ne lui fait peur..parce qu'il est là et qu'il veille. Elle le sait. Alors demain, elle pourra cocher sur son calendrier, une journée de plus bien remplie par l'adrénaline qui les a propulsé à chaque fois sur une planche pour dominer la surface de l'eau.
Fruit qu'elle a du mal à terminer malgré ces nombreuses mastications insoutenables et qu'elle laisse finalement tomber lorsque Christopher la pousse doucement, main sur l'épaule. Occasion pour elle que ce kiwi termine dans le sable pour ne plus être comestible. Rire naturel qui pose son emprise sur ses côtes fragilisées mais qui tremblent d'amusement alors qu'il lui rappelle ce dur souvenir. Dur pour lui. Ricanement qui s'aggrave alors qu'il la désigne en tant que coupable. Pied qui soulève une quantité de sable pour le fouetter. « De ma faute ? J'y pouvais rien moi si t'avais bu comme un trou la veille ! T'avais juste pas assurer ce jour là, reconnais-le ! » Y a seize ans, il avait pas assurer et encore moins assumer d'avoir bu autant d'alcool. Mais de cette situation, Lucy s'en avait bien joué pour le mettre en difficulté. De toute manière, dès qu'elle avait l'occasion de le coincer, elle osait la prendre pour s'en vanter ensuite. Inégalités entre leurs deux forces respectives, fallait bien avouer qu'il arrivait mieux à dompter l'eau qu'elle, et ce malgré toute l'énergie qu'elle y mettait. Son index se pose alors sur l'arrête de son nez, caresse qu'elle accepte et qu'il l'a fait se sentir un peu plus vivante. Contact complice. « Pff, c'est c'que toi tu dis..peut être pas c'que j'pense aussi ! » Sur l'eau, leurs scores frôlaient souvent l'égalité même si elle ne lui avouera jamais qu'il était un chouille plus doué qu'elle. Juste un peu, rien de plus.. Ventre quelque peu ballonné, elle se redresse, défi qu'il vient indirectement d'énoncer. Là, fallait pas la chauffer. Désormais debout, elle remonte sa combinaison et referme la fermeture éclaire dorsale à l'aide de son lacet. La brise se lève, l'incitant à poser ses pieds sur une planche pour se faire propulser. « Viens donc me prouver que tes rides ont tord.. » Ricanement qui s'envole, yeux amusés qui se posent une nouvelle fois sur lui. Elle veut le voir à l'épreuve..

Grandes enjambées qui s'exécutent rapidement, laissant tout derrière elle pour rejoindre le rivage. Bord de l'eau qui s'agite au rythme des vagues mousseuses, planches à voile posées sur le sable solidifié par l'eau, elle gagne l'eau, une main sur sa planche, l'autre sur son mat. Corps qui frissonne légèrement sous la fraîcheur contrôlée de l'eau, elle s'éloigne vers le large pour grimper sur sa planche. Pieds placés, mains accrochées à la barre de sa voile, elle tâte la direction du vent et commence à gagner de la vitesse. Pas le temps de digérer, elle comptait une fois de plus, le faire dégoupiller.

Over the waves

Christopher & Lucy

Il aimait Lucy, de la manière la plus platonique mais protectrice soit-elle. Il aimait prendre soin des gens qu’il aimait, sûrement car il arrivait pas à prendre soin de lui-même. Ca compensait. Et elle avait déjà des frères, Lucy, elle avait déjà des gens pour prendre soin d’elle, mais Christopher pouvait pas s’en empêcher. Il était la preuve que la famille ne comptait pas par le sang, mais bien par l’amour qu’on lui portait. Il ne partageait aucun gêne avec ses propres frères et sœurs, avec ses propres parents. Alors pourquoi Lucy ne ferait-elle pas, elle aussi, partie de sa famille ? Il lui accordait une place toute aussi importante dans son coeur. Encore plus depuis son retour.

Il avait aucune idée de ce par quoi elle était réellement passée. Il avait eu le droit à quelques histoires qui restaient, selon lui, beaucoup trop vagues, mais les détails importaient peu. Le résultat était là : elle avait souffert, et il avait peur qu’elle souffre encore. Après tout, n’avait-elle pas souffert toute sa vie ? Il ne pouvait pas s’empêcher de l’imaginer. Et il avait envie de l’aider, même s’il savait pas si elle en avait vraiment besoin. Lucy, c’était sûrement une des seules personnes pour lesquelles Chris poserait un lapin à son frère Nathan. Bon, ok, sauf si lui-même avait atrocement besoin d’aide. Fallait savoir mesurer la gravité des situations, quand même.

« J’ai pas de rides ! » Rétorqua directement Chris, les sourcils froncés alors que Lucy s’enfuyait vers l’eau. Il avait pas de rides, si ? Il toucha directement son visage, laissant ses doigts glisser au niveau de ses yeux. « Eh ! » Cria-t-il. « J’ai vraiment des rides ?! » Voilà qu’il s’inquiétait, maintenant. Mais rien de surprenant, il avait un petit syndrome de Peter Pan, le Peñali, il refusait de vieillir. Et la blessure qu’il cachait sous sa combinaison qu’il refuserait d’ouvrir devant Lucy le prouvait bien.

Elle était déjà partie, et lui, après l’avoir regardée quelques secondes encore, attrapa vite son attirail pour s’élancer à son tour dans l’eau. Le ventre à plat sur sa planche, Chris s’avança à la nage avant de finalement attraper la corde pour relever sa voile, et attraper le wishbone. Genoux légèrement pliés, épaules tenues en arrière, il n’avait pas eu de mal à trouver son équilibre. Problème, tenir sa voile lui lançait des douleurs dans sa plaie qui avait déjà du mal à se refermer, longeant l’un de ses bras. Il se tenait alors plus sur son bras valide, espérant qu’il tiendrait le coup. « Eh ! » Tenta-t-il à nouveau d’attirer l’attention de son amie, alors qu’il était plus occupé à la pourchasser qu’à s’occuper des vagues pour lesquelles il était venu. « J’ai pas vraiment de rides, hein ? » Il la lâcherait sûrement pas avant qu’elle lui dise que non.

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Over the waves

Christopher & Lucy

Y’avait toute cette adrénaline qui grimpait, grimpait et grimpait dans son corps alors que ses genoux se pliaient et dépliaient au rythme des vagues qu’il enchaînait. Ouais, ça faisait bien longtemps qu’il avait pas fait ça, Chris, qu’il avait pas profité de la mer comme ça, mais en même temps, en même temps le printemps venait à peine de montrer le bout de son nez, alors il allait pouvoir bien se rattraper, Chris, il allait pouvoir profiter de chaque marée. Suffirait que Lucy le lui propose, il saurait jamais dire non. Même en cas de tempête, si elle y tenait tant. Il aurait suivi l’aventure avec elle, sans se soucier des conséquences. C’était Christopher Peñali, après tout. Les conséquences, il s’en souciait jamais. En témoignait l’état de son bras qu’il oubliait carrément. Fallait dire que cette sensation de puissance grossissant en lui lui faisait zapper la douleur. Il ressentait plus rien à part les hauts et les bas de l’eau, le vent qui claquait son visage et l’eau qui atterrissait à ses pieds dans des tournants trop larges. « J’t’emmerde ! » Qu’il avait presque crié pour être sûr que Lucy l’entende, un rire rythmant ses mots doux. Ok, il allait peut-être se renseigner sur s’il avait vraiment des rides ou pas, auprès de quelqu’un de plus objectif que Lucy. Il voulait pas vieillir, Peñali. Il refusait de vieillir. En témoignait son style de vie propice aux adolescents et son care-free un poil trop dangereux pour lui parfois.

Elle jouait, Lucy. Et il aimait ça. Il aimait ça parce que son sourire était sincère, qu’il voyait ses yeux se plisser sous sa peau, qu’elle semblait juste bien. Et parce qu’elle le méritait. Après tout ce qu’elle avait traversé, après tout ce qu’il ne savait sûrement même qu’à moitié, elle méritait bien ces instants de paix, ces instants où elle pouvait se rappeler que tout allait bien, que tout irait bien. Et Chris, Chris il était heureux de pouvoir être là dans ces moments, de pouvoir s’imaginer qu’il pouvait aider rien qu’un peu. Parce qu’elle le méritait.

Ils vaguaient tous les deux, silencieux un moment. Y’avait rien de gênant de ce manque de parole, y’avait que deux amis qui profitaient du bon temps, qui avaient pas besoin de se parler pour prendre possession pleinement du moment. Ils se suivaient l’un l’autre, jouaient à qui serait le plus fort alors qu’ils ne cessaient pas de se dépasser. Ils cessaient pas de se rapprocher, de frôler leurs planches comme s’ils hésitaient à jouer aux auto-tamponneuse. Elle le défiait, gamine qu’elle était. Il faisait tout pour aller plus vite, elle faisait tout pour l’embêter. Alors il tournait souvent sa tête vers elle, sourcils faussement froncés un air de dire lâche moi la grappe, pour voir si elle était proche ou s’il arrivait à la délaisser au large.
Puis elle s’abandonne, elle s’allonge, elle laisse tout tomber, elle compte sur lui. Il aurait bien lâché un commentaire Chris, une blague qui aurait dit qu’elle était trop lourde pour qu’il avance plus vite, qu’elle était un poids, mais il se retint. Pour une fois il réfléchit, parce que Lucy y’avait des trucs qu’elle devait pas entendre. Et ça, ça en faisait parti. Alors il allait pas niquer la journée pour une simple blague de merde qui aurait même pas dû lui effleurer l’esprit.
Il se contenta de bouger son pied. Trop légèrement pour lui faire quitter l’emprise qu’elle avait sur sa cheville, mais il pouvait pas faire plus. Déjà qu’il avait un bras qui faiblissait, si en plus il commençait à naviguer sur un seul pied, il allait vite se retrouver à l’eau. « Si tu me lâches pas j’te jure que j’te fou à l’eau. » Fausse menace, mais c’était vrai qu’ils avaient perdus en vitesse avec cette seconde planche, avec cette voile qui traînait à l’eau. Il plia un peu plus ses genoux, se pencha un peu plus en arrière pour récupérer la moindre rafale de vent. Il tourna d’un coup, tentant de s’échapper d’elle. « Encore pire, je m’allonge sur toi, de tout mon poids. Tu comprendras ta douleur quand tu pourras plus respirer. »

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Over the waves

Christopher & @Lucy Jenkins

Y’avait tout, absolument tout pour qu’il se sente bien, Chris. Y’avait l’eau, y’avait les vagues, Lucy et le sentiment de liberté. Y’avait sa planche qui glissait sur les tonneaux, l’air qui frappait son visage, l’adrénaline qui chauffait son coeur. Chris, il avait la tête pleine de bons sentiments, pleine de rêves éveillés, pleine d’amour. Il se sentait vivant. Il se sentait vivant, et c’était la sensation qu’il préférait au monde. Alors il lançait quelques cris parfois, sur sa planche, l’air de crier « je suis le roi du monde » même s’il était pas à bord du titanic, l’air de crier « j’vous emmerde vous et tous les autres ». Parce qu’il était bien. Parce qu’il oubliait toujours tous ses soucis quand il faisait ce qu’il aimait.
Puis leur façon de jouer, leur façon de jouer ça le boostait toujours encore plus. Parce qu’ils se donnaient jamais vraiment de limites. M’enfin, si, ok, lui ici, mais seulement à cause de ce qu’elle avait vécu. Il s’empêchait quelques mots, quelques gestes. Il voulait jamais la brusquer, il avait peur de dire ou faire un truc de travers, peur de lui rappeler des démons qu’elle aurait préféré oublier. Mais elle, elle c’était pas pareil. Parce qu’il y avait rien à réveiller en lui. Pas par elle en tout cas. Alors elle se laissait aller, elle se laissait porter comme l’océan sur lequel ils glissaient. Et la preuve en était : elle était littéralement sur sa planche, allongée, assumant totalement le faire chier, adorant le faire chier. Parce qu’ils étaient que des grands enfants, parce qu’ils fonctionnaient comme ça.

« Me lance pas de défi Jenkins, tu sais très bien où ça nous mènera ! » Qu’il lui lança sous ses challenges à peine subtiles, à la brune. Est-ce qu’il se serait vraiment allongé sur elle ? Si elle continuait à insister, à rabâcher qu’il en serait incapable, alors oui, oui, juste pour lui prouver qu’elle avait tort, juste pour être le plus fort, avoir le dernier mot. Comme un de ses personnages préférés de série disait si bien « ne me dites pas que je ne peux pas faire quelque chose ». Sans ça, sûrement pas. Parce qu’il avait trop peur de la casser. Ca faisait partie de ces limites imposées avec elle, celles qu’il avait avec littéralement personne d’autre, même pas sa propre sœur. Mais Lucy, Lucy elle était à part, Lucy c’était la personne qu’il s’imaginait protéger, la princesse attendant le chevalier dans sa tour. M’enfin, c’était comme ça qu’il le voyait, Chris. Parce qu’ils e faisait trop de soucis. Il l’avait trop vu dans des états pas possibles, et il voulait juste éviter ça : la souffrance. Le pire.

Son virage serré n’avait pas eu l’air de la faire dégager. Lucy, fallait croire qu’elle savait s’accrocher, qu’elle était robuste malgré tout ce qu’il pouvait penser. Elle avait toujours cette emprise sur ses chevilles, qu’il sentit vite remonter sur ses mollets, sa cuisse… Elle allait se mettre debout. Elle allait le rejoindre dans son ascension, et ça le faisait marrer. Mais il pouvait pas s’avouer vaincu. Alors il redoubla d’effort, tenta le tout pour le tout pour accélérer, encore et encore. Chris, il pliait de plus en plus ses jambes, serrait de plus en plus son wishbone pour attraper chaque coup de vent dans sa voile. Y’avait ses veines qui ressortaient sur ses bras, avec toute la force qu’il donnait. Et pourtant, pourtant il sentait pas ce sang qui s’en échappait, ce pansement qui avait bougé sûrement à cause de ses mouvements et sa combinaison pas adaptée. Il sentait pas qu’il se déversait dans la mer, et il imaginait pas que les cris de la brune étaient pour ça. Lui, il se disait juste qu’elle plaisantait. Parce qu’ils plaisantaient toujours, alors pourquoi pas là, là alors qu’il avait aucun indice. Et le vent, il l’empêchait d’entendre le ton paniquait qui tiraillait sa voix. Il entendait que des mots lointains alors qu’elle était juste à côté de lui. Alors Chris il chercha pas bien loin, il resserra encore plus son wishbone, se pencha, ancra ses pieds sur sa planche, et faisait de son mieux pour ne louper aucune occasion de vitesse qui se présentait à eux. Et elle arrêtait pas. Et lui non plus. Jusqu’à ce qu’elle décide que c’en était trop.

Christopher, il se retrouva dans l’eau sans comprendre ce qu’il venait de se passer. Il était sonné, son corps plongeant sans qu’il ne capte rien. Il avait les oreilles qui sifflaient, le corps à la fois détendu et si angoissé. Il resta là, à flotter, quelques secondes avant de finalement remonter. Il fut directement face à Lucy, et ses sourcils se froncèrent alors qu’il ne pouvait poser aucun mot sur ce qu’il venait de se passer. Pourquoi, pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi avait-elle pris le risque de les envoyer valser dans l’eau agitée, à une telle vitesse ? « Mais t’es malade ? » Même lui, il aurait pas osé. Alors pourquoi elle ? « Mais pourquoi t’as fait ça, Lu, putain ?! C’est hyper dangereux, si tu veux me tuer je sais pas, étouffe moi avec un oreiller, ça sera plus sympa. » Lui, lui il avait toujours pas capté que son bras avait recommencé à saigner, que ça avait carrément traversé sa combinaison, et la douleur, la douleur elle était toujours pas revenue alors que son adrénaline redescendait pas encore.

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Christopher & @Lucy Jenkins

Maintenant que sa plaie traînait dans l’eau, alors que son pansement qui était, pourtant, censé résister aux plus gros efforts aux liquides, avait bougé de place sous sa combinaison qui le serrait sûrement trop, il ressentait la douleur que ça lui procurait. Le sel de l’océan n’arrangeait absolument rien à son mal, et voilà que Chris laissait son visage grimacer. Il prétexterait que c’était à cause du soleil, ou du seul qui restait dans ses yeux après cette chute. Peut-être même qu’il avouerait qu’il avait mal, mais au dos, pas au bras. Sauf qu’il avait pas capté, lui, que Lucy avait compris, qu’une traînée de sang suivait ses moindres mouvements. Il avait pas capté que derrière sa souffrance, y’avait de vraies preuves pour que tout le monde comprenne à quel point il pouvait être menteur et égoïste. Ou l’était-il vraiment ? Non, selon lui, c’était l’inverse. Il faisait ça pour protéger les gens. Elle aurait jamais accepté, Lucy, qu’ils viennent ici, si elle avait su, et pourtant elle passait du bon temps. Enfin, jusqu’à maintenant.

Quand elle releva son bras, c’est seulement là que Chris découvrit les tâches brunes sur sa combinaison, et toute cette marre colorée de rouge dans l’eau qui partait à la dérive avec le courant. Il entrouvrit ses lèvres, prêt à dire que c’était rien, mais elle le devança. Elle le devançait toujours dans ces cas là, Lucy, parce qu’elle avait toujours trop peur, parce qu’elle faisait toujours plus attention. C’était même pas seulement à cause de tout ce qu’elle avait vécu, qu’elle était comme ça, c’était tout simplement son caractère. Une douceur effroyable, que Chris n’arriverait jamais à égaler. Parce que peu importait à quel point ils pouvaient se ressembler, ils restaient des opposés. « Lucy ! » Cria-t-il presque, comme pour la rappeler à l’ordre. Parce qu’elle était clairement en train de délirer. Elle était en train de paniquer, de péter un câble, et il avait franchement pas envie de l’entendre lui gueuler dessus parce qu’il avait encore merdé. Il préférait Nathan, qui lui soufflait quand son frère débarquait à la morgue avec une nouvelle blessure à soigner, et encore plus Casey, qui ne disait jamais rien même si Chris arrivait chez lui la gueule en sang à 3 heures du mat. Il avait juste pas envie qu’on traîne derrière son dos, qu’on s’accroche à ses moindres mouvements, qu’on le surveille et qu’il perde cette indépendance et ce carefree auxquels il tenait tant.
Il souffla, détourna son regard. Il aimait pas lui raconter ces problèmes là, car il aimait garder l’idée que Lucy était une innocente gamine qui avait besoin de protection et de filtres. Puis si elle commençait à lui crier dessus avant même de savoir, qu’est-ce que ça serait après ? « C’est bon putain, y’a juste un mec qui m’a énervé et ça s’est mal fini ! » Il avait bien débuté sa phrase, mais elle avait fini sur un ton plus dur et plus élevé.
Chris, il chercha pas plus loin. Il raconta pas plus que ça, se contentant de commencer à nager vers sa planche qui, comme son sang, suivait le courant. Et s’il arrivait avant à la tenir à deux bras, là, il nageait qu’avec un comme un vrai éclopé, incapable de claquer sa peau contre l’eau mortelle. « Dépêche toi de récupérer ta planche avant qu’elle t’abandonne. » Conseilla-t-il à la brune sur un ton sûrement un peu trop désinvolte et vipère. Il tentait de s’enfuir, de s’échapper de ces explications qu’il ne lui devait pas, mais il se doutait bien, dans le fond, qu’elle n’allait pas délaisser le sujet. Parce que c’était Lucy. Parce qu’elle était une de ses plus vieilles amies. « Allez, viens, on s’en va. »

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