time to help you out of a jam ((bailey))

Une belle journée, quelques messages échangés avec Bailey et me voilà prête à quitter l’appartement pour une fin d’après-midi à la plage en famille. Quand les messages viennent de ma cousine, je ne refuse jamais les plans qu’elle me propose parce qu’elle fait partie de ces personnes pour qui je vendrais père et mère. Bien entendu, vendre mon père ne serait pas un gros souci - loin de là même - mais au sujet de ma mère, c’est bien différent. J’embarque les muffins et cupcake fraîchement préparés et appelle un Uber pour m’emmener jusqu’à la plage. N’ayant pas le permis, c’est toujours un peu galère de se déplacer si loin du centre mais ça ne me gêne pas. Je pense même que j'appellerais Basilton pour le chemin du retour. On ne s’est pas vu depuis que je lui ai avoué que j’avais avorté il y a plus de dix ans de cela. J’espère toujours qu’il ne l’a pas mal pris et qu’il ne m’en veut pas pour lui avoir caché cela toutes ces années. Je suis la première à dire ‘mon corps, mes choix mais la déception que je pourrais causer à mon frère me fait tout remettre en question. Et le fait que je sois toujours célibataire n’aide pas forcément non plus, on ne va pas se mentir. Une vieille fille, voilà comment je risque de finir et ça me tracasse énormément. Mais aujourd’hui, je décide de laisser mes petits tracas de côté et de profiter d’un joli moment avec ma famille. Lorsque j’arrive à la plage, je mets mes lunettes de soleil et retire mes chaussures avant même que mes pieds touchent le sable. Moi qui aime marcher pieds nus, dès que je le peux, je le fais et là, c’est un véritable bonheur pour moi. Une grande inspiration prise et les poumons pleins de l’air marin, je me dirige vers notre lieu de rendez-vous. Nous nous rejoignons toujours au même endroit alors je ne suis clairement pas surprise de croiser Bailey et les enfants en train de quitter robes de plage et chaussures pour leurs maillots de bain colorés. Salut les monstres. Que je souffle en posant mon panier de picnic sur la serviette de bain de Bailey avant de me pencher pour accueillir mes deux neveux et nièces dans mes bras. J’embrasse chacune de leur chevelure et leur souffle d’aller se badigeonner de crème solaire avant d’avoir droit à quoi que ce soit. Tata gâteau, c’est moi et je sais qu’ils ont hâte de goûter mes dernières créations, enfin dernières saveurs. Mon visage se tourne vers Bailey et j’embrasse sa joue d’un baiser bruyant avant de commencer à m’installer. Comment tu vas ma belle ? Tes étudiants ne t’ont pas encore achevé ? Que je souffle avec un sourire sur le visage. Professeur de physique-chimie… C’est bien la dernière des vocations qui m’auraient attiré, je dois l’admettre. Si les chiffres et les formules à coucher dehors m’ont toujours semblé faciles et plus que compréhensibles, les réactions chimiques ont toujours été un monde auquel je n’ai jamais rien compris, à mon grand regret. J’aurais pu gagner de nombreuses heures de révisions et d’exercices si la logique de cette matière avait été la mienne. Alors, bientôt libre ? Que je dis à voix basse alors que les enfants étalent - à leur tour - les serviettes de plage. James a enfin du lâcher l’affaire. Avec une blonde à son bras, impossible qu’il croit encore à son mariage avec la rousse ! En tout cas, j’ai bien hâte d’en discuter avec la jeune femme.

Pouvoir faire un tour sur la plage après le travail est un privilège et, même si Bailey y est habituée, elle essaye de s’en souvenir à chaque fois. Quand ils sont de retour à la maison après leur journée chez ses grands-parents parents pour Ethan et au collège-lycée pour Kayla et leur mère, il n’a pas fallu longtemps pour qu’ils soient opérationnels. Bailey n’a même pas eu besoin de préparer le goûter, puisque Alice les rejoindra là-bas. Moins d’un quart d’heure plus tard, les pieds de la rousse foulent le sable et elle sent presque tout de suite un sentiment de bienséance l’envahir. L’air marin lui fait toujours du bien, il n’y a pas à dire. Elle installe leurs affaires dans le coin qu’ils affectionnent particulièrement et relève la tête au moment où elle entend Ethan détaler avec un cri d’excitation. Un sourire apparaît sur le visage de la mère de famille. Sa cousine Alice s’approche d’eux ; les enfants sont visiblement enchantés de la voir et c’est bien entendu également le cas de Bailey. « Tu peux laisser tata respirer un peu, Ethan, s’il te plaît ? » demande-t-elle, amusée. Elle met de la crème solaire sur son fils qui se calme un peu, tandis que sa fille se tartine elle-même. « Autant en profiter encore un peu avant qu’il fasse trop froid, hein ? » L’été les quitte définitivement, mais l’eau est encore assez bonne pour s’y glisser, c’est pour ça qu’elle emmène encore ses enfants tant qu’il est encore temps.

« Je vais bien, merci... Et non, ils ne sont pas près d’avoir ma peau, même si je perds quelques cheveux au passage » plaisante-t-elle. « Les premières évaluations de l’année sont là, alors j’ai pas mal de corrections à faire, mais c’est un peu la routine. » La mère de famille aime son travail, même si c’est parfois stressant. « Mais toi, comment tu vas ? Tu as sûrement plus de choses intéressantes à raconter. Comment marchent les affaires ? » Forcément, Bailey s’intéresse beaucoup au café que sa cousine gère avec une autre femme. « En tout cas, je suis sûre que tout le monde adore tes pâtisseries... Mais peut-être pas autant que ces deux-là » ajoute-t-elle en glissant un regard vers ses enfants qui frémissent presque d’impatience mais sont trop polis pour réclamer quoi que ce soit à Alice. « Ça t’ennuie pas si on commence à goûter ? Franchement, je sais pas comment te remercier, avec toutes les bonnes choses que tu nous donnes à chaque fois... T’es la meilleure ! » Elle se penche pour étreindre sa cousine, qu’elle considère en réalité plutôt comme l’une de ses sœurs. Elles sont proches depuis de nombreuses années, depuis toujours en fait. Et pendant qu’elles s’occupent de distribuer les muffins et les cupcakes pendant que les enfants se répandent en remerciements ravis, la rouquine se dit qu’elle est contente de profiter de ce moment en famille. Elle mord dans un muffin, régalant ses papilles. « C’est trop bon ! T’es tellement douée. » Pendant qu’elle en profite, Bailey continue à discuter avec Alice. « Qu’est-ce que tu veux dire ? Si tu penses aux vacances, alors oui bientôt deux semaines de liberté. Enfin, en quelque sorte. Avec un peu plus de temps libre, quoi. »

On pourrait penser que lorsque l’on grandit et vit près de la mer, on s’en lasse rapidement. Après tout, voir la plage est comme voir la Tour Eiffel pour les parisiens, quelque chose qui devient presque banal et à laquelle ils ne font plus attention à partir d’un moment. Pourtant moi, avec la plage et la mer, je ne m’y habitue pas. Peut-être parce que je n’y vais plus aussi souvent qu’à l’époque, je ne sais pas trop. Une chose est sûre, dès que l’Uber se gare près de la plage et que je quitte la voiture, je ferme les yeux quelques secondes pour profiter de l’air marin et de la brise qui me fait un bien fou. Je peux respirer pleinement ici, sans difficulté et sans avoir peur d’un trop plus de pollution. Je file rapidement retrouver ma famille et ris à la réaction d’Ethan. Ce sont les cupcakes qu’il a senti à dix mètres de distance, c’est sûr. Je ris légèrement et me rapproche de tout le monde. Des moments en famille, je n’en ai jamais assez. J’aimerais que mon frère soit un peu plus souvent là mais ce n’est pas facile avec son emploi du temps. Alors on fait avec, ou plutôt sans. J’essayerais d’organiser un dîner de famille sous peu et Basilton aurait intérêt d’être là. Tu aimes ce que tu fais alors c’est l’important... Que je souffle rapidement en m’installant confortablement sur ma serviette de plage. S’il y a bien une chose que je ne regrette pas dans ma vie, c’est d’avoir quitté le monde du management, où je n’étais pas heureuse, pour devenir pâtissière. Un changement de vie à cent pour cent mais l’une des plus belles choses que j’ai faite, si ce n’est la plus belle. Les affaires se passent bien, très bien même. Le café carbure comme jamais. C’est agréable de voir que l’argent, le temps et les idées que nous avons eu avec les filles ne servent pas à rien. Je suis vraiment heureuse. Je suis à ma place, je suis là où j’ai envie d’être et j’en profite. Je sais bien que ce n’est pas donné à tout le monde et que je fais partie des chanceuses. Franchement, je ne pouvais pas rêver mieux. Même mes apprentis sont géniaux. On a plein de projets, de quoi me tenir occupée pour les prochains mois. Je souris largement, vraiment bien en pensant à tout ce qui arrive. C’est à croire que l’enfance, on a essayé de me la détruire mais là, le bon Dieu a décidé d’être sympa avec moi. Je regarde Bailey et les enfants et acquiesce. Faites vous plaisir. Parce que moi, ces pâtisseries, j’en mange tous les jours et - même si elles sont bonnes - j’en ai assez. De toute façon, j’ai fait tout cela pour eux et clairement pas pour moi. Moi, je suis là pour profiter de leur présence, pour profiter des derniers beaux jours mais aussi de cette parenthèse qu’ils me permettent d’avoir. Je regarde Bailey et fronce les sourcils. Oui, les vacances, bien sûr mais il y a plus important que cela, non ? Je parlais plutôt de la blonde au bras de laquelle il se balade en ville ? Que je souffle en haussant un sourcil. Il ne peut plus te refuser le divorce alors qu’il est avec quelqu’un d’autre, non ? Il doit vouloir se ‘débarrasser’ de cette union aussi, histoire de faire sa vie, non ? Je n’en sais rien, pour tout dire, je ne suis que supposition. Mais j’espère qu’il ne la fera plus chier longtemps. Il avance dans sa vie et elle en a envie et besoin aussi. T’as pas l’air au courant. Que je rajoute doucement, me redressant pour lui faire face.

« Il a aussi sauté de joie quand je suis allé le chercher à l’école et qu’il a su qu’on allait te retrouver à la plage » assure-t-elle, tout sourires. C’est le genre de moment qui est simple, mais précieux. Être ensemble, sur la plage, pour en profiter un peu. « On devrait faire ça avec tout le monde, un de ces quatre. » Il n’est pas facile de réunir toute la famille, parce qu’ils sont nombreux et que chacun a son emploi du temps chargé. Mais ça en vaudrait la peine, assurément. Quoi qu’il en soit, ils sont là à quatre et c’est déjà très bien. Et pendant quelques minutes, les deux trentenaires échangent des nouvelles. Elles parlent naturellement boulot. « Oui, on a beaucoup de chance d’aimer ce qu’on fait au quotidien. » Pour ça, Bailey a reçu un bel exemple. Ses parents ont un travail difficile, mais s’ils continuent à trimer tous les jours, c’est parce qu’ils aiment la vie à la ferme. Et ils leur ont appris que quel que soit leur choix de métier, il faut qu’il soit fait par passion. Là-dessus, Alice est probablement d’accord, étant donné qu’elle a plaqué son boulot pour lequel elle a fait des années d’études pour se consacrer à ce qui la fait vibrer. « Je suis vraiment contente de savoir que ça se passe bien. En même temps, ça ne m’étonne pas. À chaque fois que je viens, ce ne sont pas les clients qui manquent. Et ça me fait trop plaisir de te voir te dépenser dans ce projet qui te tient à cœur. Je suis fière de toi. » C’est la vérité et la mère de famille tient à l’exprimer à sa cousine.

Pendant ce temps, les enfants s’en donnent à cœur joie pour leur goûter. Bailey les surveille du coin de l’œil, parce qu’ils sont capables d’ingurgiter du sucre et du gras à une vitesse hallucinante. Mais très vite, elle est déconcentrée dans son inquiétude maternelle lorsque Alice lui balance une bombe sans avoir l’air de s’en rendre compte. Apparemment, elle a l’air d’avoir des informations que la rousse n’a pas et, plus encore, qu’elle est censée avoir. Décontenancée, Bailey fronce les sourcils. Les propos de sa cousine mettent quelques instants à faire le chemin dans son cerveau. « Attends... Tu parles de James ? » s’exclame-t-elle, pour le moins surprise. Puis elle se ressaisit aussitôt et s’empare d’un plat de cupcakes avant de se tourner vers Kayla. « Ma puce, tu veux bien aller faire un tour avec ton frère, s’il te plaît ? Allez prendre votre goûter sur le banc près de l’eau. Mais ne vous éloignez pas. » Sa fille se lève et prend le plat, ainsi que la main d’Ethan. Puis ils vont s’asseoir sans rechigner à l’endroit indiqué, plutôt excités d’être plus près de l’océan pour manger. Et en même temps, ils sont dans le champ de vision direct des deux adultes. « Je n’ai pas rêvé, tu es en train de me dire que James se balade en ville avec une blonde accrochée à ses bras ? » répète-t-elle, incrédule. « Non, en effet, je n’étais pas au courant... » Les yeux de Bailey se perdent au loin en même temps que les pensées fourmillent dans son esprit. Elle n’en revient pas. « Quel hypocrite ! » lâche-t-elle, bien contente que ses enfants ne soient pas là pour entendre leur conversation. « J’arrive pas à croire qu’il ait quelqu’un après tout ce qu’il m’a dit... » Sous le choc, la rouquine a du mal à réaliser. « Qu’il voulait à tout prix sauver notre mariage, qu’il allait tout faire pour me reconquérir... C’était encore ce son de cloche il y a à peine deux semaines, ça me paraît difficile de croire qu’il a changé d’avis en aussi peu de temps. » À moins que ça n’ait pas été sincère... Bailey est perdue. « Mais tu as raison, c’est une bonne nouvelle. S’il a quelqu’un aussi, il ne pourra plus décemment me refuser le divorce. » Et elle pense aussitôt à Trey. Oui, Alice a raison, c’est un vent de liberté qui souffle. « Alors ça, pour une nouvelle, c’est une sacrée nouvelle... Est-ce que tu connaissais la blonde en question ? »

Je ne peux m’empêcher de sourire aux mots de Bailey. J’attrape le garçon et embrasse sa joue, soufflant un T’es mon petit cousin préféré, ne le répètes à personne. Que je dis tout bas, pour que personne ne nous entende. Je me doute bien qu’à la prochaine dispute avec sa sœur, il lui dira qu’il est le préféré mais je me débrouillerai d’ici là. Si t’arrives à organiser ça, t’es ma championne. Que je réponds rapidement à la jeune mère de famille. Ça serait plus que merveilleux, je ne peux le nier, mais nous avons tous des emplois du temps prenant et il est déjà dur de se voir à deux alors à cinq ou plus, je n’imagine pas la chose. Moi, j’ai grandement la flemme de m’impliquer là dedans, passant bien trop d’heures à remplacer Céleste à la pâtisserie puisqu’elle est en congé maternité. Pas tous les jours facile, plutôt fatiguant même mais c’est temporaire alors ça me va parfaitement. S’il faut ramer quelques semaines pour permettre à mon amie d’avoir l’esprit tranquille, il n’y a aucun souci là-dessus. Sans compter les mots de ma cousine qui me font terriblement chaud au cœur. Je lui souris, les joues qui rosissent légèrement et je suis incapable de réellement répondre à son compliment. Je suis aussi très fière de ce qu’elle fait de sa vie, de la manière dont elle gère tout cela, surtout en sachant que tout va bientôt se décanter, en quelque sorte. Je ne m’attendais pas à une telle réaction de sa part. Je m’attendais à un sourire, à la joie qui rayonne sur son minois mais il n’en est rien. J’ai fait une bourde et je m’en rends compte avant de pouvoir changer quoi que ce soit. Euh… Oui... Que je souffle, toute penaude d’avoir ‘outer’ mon futur ex beau cousin - je ne sais même pas si ça se dit mais l’idée est là - de la sorte. Mais pourquoi profite-t-il de sa vie comme si tout allait bien alors qu’il fait toujours galérer Bailey ? Enfin, c’est ce que j’en conclus quand elle congédie les enfants et qu’elle répète l’information que je viens de lui donner. Oui... Que je souffle en passant une main dans mes cheveux, complètement gênée de tout cela. Mais je ne sais pas ce qui énerve le plus la jeune femme, l’apprendre de la sorte ou le fait que James lui ait parlé de se battre pour… abandonner si facilement. Je ne sais pas trop quoi dire et répondre à tout cela alors je laisse ma cousine continuer la conversation avant qu’elle me pose une question directement. Non, du tout. Elle avait l’air un peu plus jeune que lui mais c’est tout. J’ai pas trop regardé et je n’ai pas été les saluer, tu te doutes bien. Que j’ajoute rapidement. Ce n’est pas que j’ai un parti à prendre ou pas mais bien que James est le mari de Bailey et que ça s’arrête plus ou moins là. Il ne m’a jamais fait de mal et quand ils étaient ensemble, je le saluais dans ces cas mais là… C’est différent. Tout ce qu’il t’a dit, il l’a peut-être réellement pensé. Que je souffle doucement. Je ne veux pas qu’elle croit qu’il se soit servi d’elle, quel intérêt y a-t-il ici ? Aucun, tout simplement. Mais peut-être que c’était son dernier saut de l’Ange avant d’abandonner ? Et de s’adonner à une autre. J’en sais trop rien. Ce sont des suppositions que j’émets à voix haute parce que j’aimerais bien que tout ça fasse sens pour elle. Je suis désolée d’être un boulet pareil... Et je m’en veux vraiment sur le coup. En plus, de balancer ça devant les enfants. La communication, ce n’est vraiment pas la force de tous ces hommes qui nous entourent, il n’y a pas à dire !


Avec Alice, Bailey ne manque jamais de sujets de conversation. Elles parlent de la famille, du travail, échangent des nouvelles. Comme elles ne se voient peut-être pas aussi souvent qu’elles l’auraient voulu, les deux femmes ont toujours quelque chose à se dire. Mais aujourd’hui en particulier, Alice balance une bombe sans même avoir l’air de s’en rendre compte. Visiblement, elle sait des choses que Bailey ignore et il n’en faut pas beaucoup plus pour que cette dernière s’enflamme, faisant honneur à la couleur de ses cheveux. Du coup, Alice a l’air toute embarrassée, ne sachant visiblement pas où se mettre. Bailey, toute à la confusion de ses pensées - ainsi qu’à son indignation, bien entendu -, ne le remarque pas dans l’immédiat. Son cerveau est déjà parti vers d’autres horizons, dans un fourmillement d’émotions. Ça se ressent dans ses paroles d’ailleurs. Elle finit par poser la question de l’identité de la blonde, que sa cousine ignore visiblement. Bailey se contente de hocher la tête de haut en bas. « Plus jeune, tu m’étonnes… » Classique. Les lèvres pincées comme à chaque fois que la colère pointe le bout de son nez, la rousse inspire profondément pour tenter de se calmer. Ce n’est pas la soudaine et inattendue apparition de cette personne qui l’agace suprêmement ; elle-même est déjà en couple avec Trey depuis plusieurs mois. Mais ça ne colle pas du tout avec les supplications encore récentes de son futur-ex-mari, allant de pair avec le refus de signer des papiers qui leur permettraient d’avancer. Pour qui se prend-t-il ? « M’ouais. Peut-être qu’il l’a réellement pensé, tout en assurant ses arrières. » Aux yeux de Bailey, ça ne colle pas vraiment. Elle a un reniflement de dédain. « J’ai surtout l’impression qu’il m’empêchait d’avancer alors que ça ne lui tenait pas tant que ça à coeur, vu qu’il était prêt à… » La mère de famille préfère s’arrêter là. Si elle continue, elle va devenir vulgaire et à la base, ce n’est pas son genre. Mais au-delà de son irritation, elle voit les bonnes nouvelles qui se profilent. Enfin, ils pourront tourner la page comme il se doit. La seule préoccupation qu’ils auront ensuite - ou plutôt qu’ils garderont -, c’est de prendre soin des enfants du mieux qu’ils peuvent. Tandis qu’elle pense à ce genre de choses, c’est là que Bailey remarque à quel point sa cousine a l’air mal à l’aise. « Mais non… Tu n’es pas du tout un boulet, qu’est-ce que tu racontes ! » Après avoir jeté un coup d’oeil à sa progéniture, la rousse se tourne vers la brune pour lui prendre les mains et lui adresser un sourire qui se veut rassurant. « Au contraire, heureusement que tu es là… Merci de me l’avoir dit. Tu m’apportes une bonne nouvelle. Je devrais pouvoir lui faire signer les papiers du divorce… Et on pourra avancer chacun de son côté. »

Si j’avais su que Bailey était dans l’ignorance totale à ce sujet, je n’aurais rien dit. Ou peut-être pas de cette manière. Mais s’il se balade tranquillement avec sa nouvelle conquête, comment pouvais-je savoir qu’il n’avait pas abandonné l’idée de se remettre avec ma cousine il y a quelque temps encore ? Est-ce que tous les hommes sont comme ça ? À ouvrir leur coeur pour le refermer aussitôt ? Je ne sais plus, je ne sais pas. Dans tous les cas, je crois que je viens de donner l’occasion de retrouver sa liberté, de pouvoir faire ce qu’elle veut de sa vie et ça, j’en suis ravie. Ma petite boulette n’a pas que des mauvais points, elle en a aussi de très bons et je vais bien finir par le voir. Mais pas tout de suite. Là, je donne des informations que je ne devrais pas avoir en ma position. Pourtant, je sais que je fais bien les choses. J’aurais pu juste donner la couleur des cheveux de la nouvelle petite amie du père de mes petits cousins mais non, je lui donne tout ce que j’ai. De toute façon, je ne vois pas pourquoi lui cacher les choses maintenant que j’ai fait entrer l’éléphant dans le magasin de porcelaine. Tu peux pas savoir Bai… C’est probablement elle, la roue de secours et au moindre geste de ta part, il lui brisera le coeur. Mais pour le moment, oui, il a l’air de bien jouer sur deux tableaux et je trouve cela triste et pitoyable, en plus d’être déplorable. Je ne veux prendre partie pour personne mais force est de constater qu’il n’est pas clair avec la jeune rousse et qu’il prend surement les enfants en otage pour avoir un poids dans la vie de ma cousine. Et ça, ça ne me plaît pas. Alors j’ai bien envie de crier que c’est bien fait mais quand je vois le changement de comportement sur la douce, je me sens de plus en plus coupable. Je n’ai pas fait entrer l’éléphant dans le magasin de porcelaine, je suis cet éléphant. C’est juste qu’elle était la propriétaire de la boutique et lui, celui qui fait la porcelaine. Un peu quand même... Que je souffle en baissant le visage, me rendant compte de tout cela. Je ne regrette pas mais un peu quand même ? Et s’il avait une timeline bien précise dans son esprit ? Je sais bien que ma loyauté est envers elle et non lui mais tout de même. T’es sûre ? Que je demande en lui adressant un léger sourire. Il pourrait toujours refuser, même avec ça, non ? Je ne sais pas trop. Je le connais mais pas aussi bien qu’elle. J’aimerais qu’il te signe tout ça que tu puisses enfin avancer. Parce que, même si elle a quelqu’un d’autre dans sa vie, ce n’est pas pareil. Il n’y a aucune loyauté envers son ex futur mari mais, à part égale, elle ne peut peut-être pas forcément s’afficher totalement avec Trey. Elle a tout ce que je recherche quand j’y pense. L’amour. Des enfants. Une belle famille qui la soutient. Pas de jalousie. Juste un peu d’envie, je ne peux le nier. En tout cas, il n’y a que le bonheur que je lui souhaite.

Spoiler:

Quand sa cousine évoque d’autres possibilités que celles que Bailey envisage dans sa tête - qui fourmille déjà à mille à l’heure -, cette dernière se contente de hausser les épaules en signe d’ignorance. « C’est pas ce que je veux, en tout cas. S’il est heureux avec elle, tant mieux… Même si franchement, sa secrétaire, je sais pas si c’est une bonne idée au travail… Enfin bon, je sais quel canon c’est, j’imagine que ça compte beaucoup. » Elle-même est amoureuse de l’homme le plus viril et le plus sexy que la planète ait jamais porté, alors elle n’est peut-être pas bien placée pour dire quoi que ce soit à ce sujet. Mais elle l’aime pour sa personne toute entière, les qualités et les défauts qui font de lui l’homme qu’il est, ses traits de personnalité qui n’ont pas tant changé que ça au fil du temps. Le fait qu’elle soit éblouie par son apparence physique n’est qu’un plus, bien accueilli certes. S’il en est de même pour James et sa secrétaire, tant mieux. Ceci dit, dans son esprit, la rousse se permet d’en douter légèrement - une relation comme celle qu’elle entretient avec Trey, qui est devenu son meilleur ami à l’âge d’onze ans, est difficilement comparable. « Bref, si le père de mes enfants est épanoui, ce sera moins difficile pour eux deux. » Parce qu’au fond, c’est ça l’essentiel, de préserver (autant que c’est possible dans le cadre d’un divorce) les deux merveilles qu’ils ont eues ensemble. Et Bailey n’attend rien d’autre de James, qu’il continue à être le bon père qu’il est déjà. Alors oui, pour elle c’est une bonne nouvelle, parce que ça voudra dire qu’il rechignera moins à signer les papiers. Autant faire plaisir à sa blonde hyper bien foutue, non ?

Mais Alice, elle, n’en a pas l’air aussi certaine. « J’imagine qu’il peut toujours refuser en théorie, oui… Mais je peux au moins balayer sa prétendue morale. Et crois-moi, maintenant que j’ai cet élément… Si j’ai quelqu’un et lui aussi, à quoi bon s’entêter pour garder seulement quelque chose d’administratif ? » La mère de famille a toujours considéré le mariage comme plus qu’une simple formalité : c’est tellement plus que ça. C’est justement la raison pour laquelle aujourd’hui, elle refuse de rester mariée alors qu’elle en aime un autre. « T’en fais pas pour ça. La donne a changé… Alors je saurai me montrer persuasive. Et ça m’étonnerait pas qu’il ait encore peur de mes colères noires. » Tout en parlant, Bailey pose les yeux sur ses deux enfants. Kayla et Ethan ont terminé leur goûter et ils se sont approchés du bord de l’eau, prenant plaisir à tremper leurs pieds et à faire semblant de s’éclabousser mutuellement. « J’espère seulement que ça va aller, pour eux. » Elle attrape un cupcake pour le grignoter, l’appétit soudain aiguisé par une conversation qui, elle en sûre, sera importante pour la suite. « Ils aiment bien Trey, mais le divorce de ses parents, c’est forcément une épreuve pour des enfants. » Elle se tourne ensuite vers sa cousine, exprimant une crainte qui la taraude depuis de longs mois. « Tu trouves que je suis égoïste ? »

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C’est une sacré bombe que je viens de lancer, sans trop le savoir et sans le faire exprès. La culpabilité me ronge doucement, voyant bien le sourire disparaître du visage de ma cousine et réfléchissant à tout ce que cela va impliquer pour elle et sa famille, pour les enfants qui sont toujours très calmes un peu plus loin. Réfléchir avant de parler, voilà quelque chose auquel je devrais réellement penser et que je n’ai pas du tout fait. La réflexion de ma cousine m’arrache un très léger sourire et je dis Probablement pas… Mais ce n’est pas ton problème. Et même si j’ai lancé un sacré bombe, elle va pouvoir se dépatouiller et sortir de cette drôle de relation. Il ne va plus pouvoir - et vouloir - la garder près d’elle et mettre les enfants dans l’équation. C’est égoïste, pour commencer, et James n’aurait jamais du le faire. C’est sur oui… Mais ils ont l’air d’aller bien. Que je dis, en parlant des deux microbes un peu plus loin. Je tends le cou pour les voir et un sourire se dessine sur mon visage. Dix ans. Dix putains d’années. Je n’y avais pas pensé depuis si longtemps et là, tout me revient continuellement en tête. Je chasse ces pensées et me concentre sur ma cousine. Je ne saurais même pas dire laquelle de nous deux est le plus perturbée par tout cela. La messagère ou celle qui va pouvoir se sortir de ce mariage où l’amour n’est plus partagé ? Pour les impôts ? Que je dis en riant doucement quand elle demande à quoi ça sert de garder quelque chose d’administratif qui n’a plus aucune valeur morale et sentimentale. Je ne sais pas… Je ne comprends pas trop pourquoi il n’a pas déjà signé avant. Vous ne vivez plus sous le même toit, vous ne couchez plus ensemble… Les enfants seront toujours vos enfants que vous soyez mariés ou non. Alors vraiment, je ne comprends pas le point de vue de mon futur ex beau-cousin. S’il avait envie de retrouver sa relation avec Bailey, pourquoi pas. Mais là, ce n’est plus d’actualité. J’écoute ma cousine me confier quelques ressentis, quelques craintes aussi et je fronce les yeux quand elle me demande si elle est égoïste. Tu sais ce qui est le plus difficile dans une famille ? Voir tout le monde souffrir mais rester ensemble pour faire jolie sur le papier, sur les photos et toutes ces choses superficielles avec lesquelles on peut s’empêcher de vivre. J’hausse les épaules et me rapproche d’elle, prenant sa main dans la mienne. Je ne sais pas si elle sait vraiment l’horreur que nous avons vécu, Basilton et moi, lorsque nous étions plus jeunes, mais j’aurais préféré que ma mère quitte mon père et trouve quelqu’un d’autre. Tout plutôt que de rester dans cette famille qui ne s’aime pas et se déchire à chaque coup de colère. Kayla et Ethan ne seront que plus heureux de te voir heureuse et de voir leur père heureux aussi. C’est tout ce qu’ils veulent, j’en suis persuadée. Pas que je leur ai demandé leur avis mais c’est obligé. Aucun enfant ne préfère voir ses parents se déchirer et se faire la guerre que de se la jouer réglo et posé. Alors non, tu n’es pas égoïste ma douce, loin de là. Que je souffle, gardant sa main dans la mienne et rajoutant rapidement Si tu es heureuse, tes enfants seront heureux, crois moi... J’en suis sûre, aucun doute là dessus. Pourquoi tu dis ça ? Ça doit la ronger et je déteste cela, je ne peux pas le nier.

« Les impôts ? Ah, c’est peut-être pour ça que ça c’est m’est égal, vu que le gouvernement prend d’office sur mon salaire tout ce que je lui dois » plaisante Bailey. En tout cas, en-dehors de la blague, Alice résume assez bien la situation. « C’est ça. Comme à peu près tout le monde j’imagine, j’ai toujours cru que je me mariais avec lui pour toute la vie… Et je suis la première à souligner l’importance de cet engagement, on est d’accord. Mais au point où on est, franchement… Avec chacun quelqu’un de son côté, inutile qu’il continue à se leurrer ou je sais pas trop quoi. » Bailey hausse légèrement les épaules, parce qu’elle est toujours un peu perplexe. Et en même temps, même si elle n’a rien d’un fin psychologue, elle sait que la nature humaine est compliquée et que parfois, ce n’est pas la peine d’essayer de comprendre les motivations de quelqu’un même quand le connaît bien. De toute façon, même si elle n’a jamais voulu le faire souffrir, les sentiments de James ne sont clairement pas la priorité de Bailey. Comme toute maman un tant soit peu digne de ce nom, elle se soucie avant tout de ses petits rayons de soleil et de toutes les éventuelles conséquences sur eux. Tous les enfants veulent que leurs parents restent ensemble, c’est un fait - sauf dans des cas exceptionnels. Alors même si elle retrouve le bonheur et l’amour dans les bras de Trey, la rousse ne peut s’empêcher de se sentir coupable. En fait, c’est peut-être même parce que cet homme, le meilleur ami qu’elle ait jamais eu, celui qui n’est pas le père de ses enfants, la comble autant qu’elle culpabilise encore plus vis-à-vis de ses enfants. C’est presque un sentiment incontrôlable, si bien qu’elle ne peut s’empêcher d’exprimer sa crainte à sa cousine, de lui poser directement la question. La réponse de la brune est posée, douce, réfléchie, en résumé pleine de bons sentiments. « Oh, tu le penses vraiment ? » demande-t-elle, la voix qui s’étouffe un peu. La main qui se pose sur la sienne la rassure encore plus. « Tu penses qu’ils peuvent comprendre ça… Même à leur âge ? » Kayla saisit bien plus de choses, évidemment. Elle est mature pour une fille d’onze ans. Mais qu’est-ce qui se passera si elle lui fait des reproches une fois adolescente ? Et Ethan, lui, ne se souviendra même plus du temps où ses parents étaient mariés. Pourrait-lui lui en vouloir, une fois devenu plus grand ? « Je sais que ça sert à rien de s’inquiéter comme ça, parce que ça change rien dans les faits, ça risque pas d’améliorer quoi que ce soit d’angoisser. C’est juste que… En quittant leur papa, même s’il n’y avait pas d’autre homme dans l’équation à ce moment-là, j’ai l’impression d’avoir priorisé mon bonheur au leur. » Elle chuchote en disant ça, comme si elle avait peur que cet aveu soit en fait un gros mot. « C’était plus une vie. Et j’ai retrouvé cette joie avec Trey. Mais eux… Je leur impose un divorce. Alors j’ai l’impression de… D’être une mère horrible. » Et tout le sucre au monde ne pourrait pas la réconforter - mais la présence de ceux qu’elle aime, comme elle, oui.

Bien que mon enfance n’ait pas été des plus faciles, notre famille est quand même bien soudée. J’ai une très bonne relation avec mes cousines et c’est surement aussi pour cela que je me sens si mal d’avoir lâché le morceau comme ça. Je ne l’ai pas prévenu, pas préparé et ça ne devrait pas arriver. C’est surtout que vous avez essayé non ? C’est pas comme si vous aviez tout abandonné sans se laisser de chances... Enfin, je crois. Mais je connais assez ma cousine pour être sûre qu’elle a tout tenté pour son mariage, pour ses enfants. Bien sûr qu’on préfèrerait tous avoir une jolie famille unie, papa, maman et les enfants. Mais il y a des cas où la séparation est inévitable aussi bien pour papa et maman que pour le bonheur des enfants. Ces derniers ne me semblent pas perturbés pour le moins du monde et peut-être un peu plus heureux de savoir que leurs deux parents vont bien. Je pense tout ce que je dis. Que je lance avec un sourire à Bailey. Je ne suis pas là pour lui passer de la pommade ou d’amoindrir ce qu’elle ressent. Ce qu’elle pense et sent est plus que légitime mais il faut aussi qu’elle abandonne cette part de culpabilité qui risque de lui faire beaucoup de mal. Je comprends bien d’où cela vient mais elle doit faire attention à elle. Ils sont jeunes mais pas idiots Bailey... Que je souffle rapidement, posant ma main sur la sienne avec un léger sourire. Ils ne voudront qu’une chose : qu’ils soient tous heureux et ça, je n’ai aucun doute dessus. Et malgré le jeune âge d’Ethan, je n’ai aucun doute qu’il réagira bien. De toute façon, James et Bailey ne sont plus ensemble alors pour lui, c’est normal tout ça. il ne s’en souviendra probablement plus quand il sera plus âgé mais c’est une bonne chose : cela voudra simplement dire qu’il n’a pas été traumatisé et c’est tout ce que l’on souhaite tous. Je l'écoute et je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine. Je ne l’interromps pas, mes yeux sur elle et quand elle dit qu’elle a l’impression d’être une mère horrible, je me penche en avant et la prends dans mes bras. Je reste quelques secondes là, mes bras autour d’elle, ma main qui caresse son dos et ma bouche qui embrasse sa tempe. Après quelques secondes, je retrouve ma place initiale et prends ses deux mains dans les miennes. On a les doigts qui collent mais je m’en fiche comme de ma première couche. Alors… Je comprends ton chemin de pensées mais réfléchis-y de cette façon : est-ce que tes enfants seraient heureux de te voir et savoir misérable ? La réponse est non et elle le sait. Mes yeux dans les siens, je secoue la tête de droite à gauche. En quittant James, tu t’es donnée la chance de ne pas sombrer dans une dépression, dans une tristesse incontrôlable parce que tu n’étais plus autant attaché à James. En quittant leur père, tu leur as donné la chance de toujours continuer à être heureux, de grandir dans de bonnes conditions et surtout, d’avoir une maman heureuse. Tu ne leur imposes rien Bailey. Que je dis tout simplement. Je ne le vois pas comme imposer quelque chose. Tu leur permets vraiment de grandir de la meilleure des façons. Par contre, si t’étais restée avec James et que tu avais été misérable, là tu leur aurais imposé des choses... Et ça, il faut qu’elle le comprenne et vite ! Tu es surtout une mère forte et courageuse. Et ça, c’est la seule chose qu’un enfant veut... Parole d'ancien enfant qui aurait voulu que sa mère se barre avec ses deux gamins sous le bras… Qu’est-ce que j’aurais aimé que ma mère ait la force, l’envie et le courage de ma cousine. Elle ne l’a jamais eu et Basilton et moi avons beaucoup souffert de tout cela. Alors, une Bailey comme maman, on serait surement moins meurtri Basil et moi…

« Oui, on a essayé et pas qu’un peu. Tu peux me croire, j’ai vraiment donné plusieurs chances à mon mariage. » La main d’Alice posée sur la sienne réchauffe le coeur de Bailey. Sa cousine la croit, elle le sait très bien et ça a un côté réconfortant. Et c’est sans compter ses paroles rassurantes et son attitude posée qui donne un côté raisonnable à tout ce qu’elle dit. Oui, Alice est assurément convaincante et cette conversation fait beaucoup de bien à la maman pleine de doutes. Ses questions la font aussi réfléchir. « Tu as sûrement raison. J’ai tout fait pour cacher à mes enfants que ça n’allait pas très bien et que la vie n’était pas toute rose, mais… Je pense que Kayla l’avait compris. Ils sont intelligents, les enfants, ils perçoivent les signes, les variations dans l’ambiance, les faux-semblants aussi. Peut-être qu’en effet, ça n’aurait pas été très sain pour eux de continuer à grandir dans ce genre contexte ou avec une atmosphère comme ça à la maison. » Elle n’y avait pas pensé avant. Les paroles de la blonde l’aident à voir les choses sous un angle différent. « Je sais qu’eux aussi tiennent à mon bonheur, à me voir épanouie. Et si ça se trouve, c’est moi qui les traite d’égoïste en ayant de telles craintes, alors que je sais très bien qu’ils ne le sont pas. » Voir ses parents se déchirer, ce n’est pas une vie, c’est sûr. Et si James et Bailey n’en étaient pas encore là, ça aurait peut-être pu finir par arriver s’ils étaient restés ensemble pendant encore longtemps. Et leurs enfants n’auraient pas été plus heureux. « De toute façon, comme tu le sais déjà, ils seront toujours ma priorité absolue… Tout comme le fils de Trey l’est pour lui. On se comprend. » Comme les parents qu’ils sont, qu’ils s’efforcent d’être. « Je suis pas sûre d’être aussi forte et courageuse que tu me décris, mais… Ça me fait chaud au coeur. T’imagines pas à quel point tout ce que m’as dit me fait du bien. » Comme pour montrer sa reconnaissance, la rousse se rapproche de sa cousine pour l’étreindre. Petites filles, elles se faisaient souvent des câlins. Avec le temps, ça n’a pas tellement changé. « Merci, Alice. T’es la meilleure des cousines dont on puisse rêver. » Le coeur apaisé, l’esprit rasséréné, la tête pleine d’espoir pour l’avenir, Bailey se lève. Elle tend la main à Alice pour l’aider à en faire de même. « On rejoint les enfants ? Je suis sûre qu’on va bien s’amuser tous ensemble. » Main dans la main, les deux jeunes femmes se dirigent vers le bord de l’eau, où se trouvent toujours Kayla et Ethan. Le goûter terminé, ils peuvent en profiter pour faire d’autres activités et Bailey est persuadée qu’ils passeront un très bon moment tous ensemble.