Better half of me | Trey & Bailey

Profitant de sa journée de congé pour passer du temps avec son filleul, Maxyne avait récupéré Arun chez son frère en fin de matinée et elle l’avait ensuite ramené chez elle. Les premières fois, elle l’avait gardé sous l’œil bienveillant de Trey, parce que l’ancienne nageuse n’avait pas l’habitude de s’occuper d’enfant en bas âge toute seule mais une fois qu’elle avait appris les rudiments nécessaires, elle avait pris les choses en main. A tel point que la blonde avait aménagé un espace jeu spécialement pour l’enfant dans son salon en dépit du peu de place dans son appartement. Elle avait eu l’habitude de vivre dans des espaces réduits et depuis l’emménagement de Chance, elle avait profité du garage de sa mère pour y stocker des affaires qu’elle n’avait pas besoin de garder ici pour faire de la place à son colocataire. L’ancienne nageuse passa donc un moment à jouer à des jeux d’éveil avec le petit garçon de trois ans puis elle lui réchauffa la préparation que Trey lui avait confié pour le repas de l’enfant – elle n’était pas soudainement devenue un cordon bleu en cuisine alors elle préférait que son frère s’occupe de tout en amont – et elle resta à côté de lui pendant qu’il mangeait. Arun était un petit garçon éveillé et souriant. Quand il était arrivé en Nouvelle-Zélande, il avait tout naturellement pleuré après sa mère qui avait disparu de leur vie. Trey avait connu une période compliquée avec son fils mais la phase la plus critique était à priori passée même s’il l’évoquait encore. Pourtant pas très à l’aise avec les enfants, Maxyne avait très rapidement pris son rôle de marraine à cœur. Parfois, Liam et elle organisaient même des journées à trois avec le petit. Après le repas, la nageuse se posa avec lui devant The Many Adventures of Winnie the Pooh, un dessin animé gentil et adapté à son âge, puis vint le moment de la sieste d’Arun. Pendant que le petit récupérait, elle s’occupa de ranger l’appartement. Après un bon dodo, il se réveilla avec de gros yeux. Elle lui donna son quatre-heures fruité et l’emmena ensuite sur la plaine de jeux dans le parc du centre-ville. Avec ce soleil au beau fixe et le vent léger, la météo était parfaite pour un moment en famille à l’extérieur. Entre galopades et éclats de rire, Maxyne veilla sur Arun et restait à ses côtés quand il s’engageait sur le petit toboggan et sur d’autres jeux destinés aux plus petits. Au terme de leur petite sortie, il était temps de le ramener chez son père, d’autant que la blonde avait prévu de passer la soirée avec son frère, ce qu’elle n’avait pas fait depuis un moment. « Allez, un dernier tour, et puis on devra rentrer chez papa. » Maxyne aida Arun à profiter de sa dernière descente, elle remit ensuite sa veste en place et glissa sa main dans celle du petit garçon. Ils marchèrent doucement, au rythme de l’enfant, mais elle trouvait important de lui donner le temps, ça leur faisait une petite balade. Peu de temps après, ils arrivèrent devant la maison de Trey. Signalant leur présence, Maxyne prit Arun dans ses bras. « Bonjouuuuur Papa. » Salua-t-elle joyeusement le coach sportif lorsqu’il ouvrit la porte. « On avait envie de venir voir comment tu allais, tu nous manquais déjà. » Grand sourire aux lèvres, la nageuse entra et rendit sa liberté à Arun tandis qu’elle déposait le sac avec ses affaires dans le hall d’entrée. « Ta journée s’est bien passée ? Nous en tout cas, on s’est bien amusés. Je l’ai emmené à la plaine de jeux après sa sieste. » Résuma-t-elle brièvement leur après-midi.

Heureuse. C’est le premier mot qui venait dans la tête de Maxyne lorsqu’elle pensait à son frère. Heureuse de le voir évoluer si fièrement en tant que papa comblé d’un fils adorable, heureuse de le voir réussir à reconstruire sa vie après l’échec de sa dernière relation amoureuse, heureuse que cette nouvelle personne qui partageait son amour soit celle que la nageuse lui avait un jour pensé destinée le jour même de la réception de mariage de Bailey, heureuse qu’il soit rentré à Island Bay avec l’intention d’y rester, heureuse de le retrouver et de l’avoir à ses côtés. Son frère, sa chair, son sang. Celui qui la relevait quand elle perdait pied, qui trouvait les mots pour la calmer quand elle pétait les plombs, qui la ramenait à bon port quand elle s’égarait, qui lui offrait son épaule même quand elle refusait de s’appuyer sur les autres, qui la protégeait quand elle jouait les têtes brûlées, qui jouait les pacificateurs dans la famille, qui l’écoutait quand elle avait besoin de vider son sac ou qu’elle s’inquiétait. Son grand frère était la force tranquille des Oakley. Son retour s’était aussi accompagné d’une nouveauté dans la vie de la blonde. Celui d’un rôle qu’elle prenait à cœur, marraine d’Arun. Pourtant, ce n’était pas gagné, Maxyne était plutôt le genre de femmes à se tenir loin des enfants, mais avec celui de son frère, le déclic avait été immédiat. Et la journée qu’elle venait de passer avec le petit garçon s’était déroulée dans la joie et la bonne humeur. Du temps qualitatif et amusant. Lorsqu’ils arrivèrent chez Trey, la petite famille se retrouva comme il se doit et s’étreignit chaleureusement. Contrairement à elle, son frère n’avait pas trop de problèmes à exprimer ses sentiments, à leur dire combien ils lui avaient manqué. Esquissant un sourire sincère, Maxyne regarda ensuite le coach sportif retrouver son rôle de papa modèle en s’occupant de son fils et en débarrassant les affaires qu’elle avait ramenées. « Dis donc, ça sent bon ici. » Son frère l’avait invitée à rester pour partager un moment avec lui aussi, moments trop rares depuis la fin de l’année. Ce qui ne les empêchait pas de rester tout le temps en contact. Il était prévu que Bailey les rejoigne dans le courant de la soirée. Trey lui raconta alors sa journée, essentiellement orientée rangement. Lorsqu’il évoqua le mot magique « moto », les yeux de Maxyne s’illuminèrent. Depuis son retour, il n’en avait plus puisque sa sœur disposait de la sienne depuis qu’il était parti. La simple idée de pouvoir un jour recommencer à rouler avec lui l’enchantait. Après tout, elle tenait sa passion pour les deux roues de lui. « De la place pour des motos… Ça veut dire que tu as regardé pour des modèles ?? Il faudra que tu me montres ! » Soudainement excitée à cette simple idée, Maxyne n’allait pas le laisser s’en tirer sans lui en dire plus, il n’allait pas y échapper. « Tu envisages de revenir au club bientôt ? » Le club de motards dans lequel il l’avait intégrée et dont il faisait jadis partie. Peut-être que la nageuse brûlait des étapes mais cette passion qu’ils partageaient les avait soudés à l’époque compliquée de leur adolescence et avait exercé une bonne influence dans sa vie malgré des périodes casse-cou. Trey lui demanda ensuite des détails sur la journée de la marraine et de son filleul. Retour du père curieux et inquiet, clap dix, action. « Oui, oui, rassure-toi, il a presque tout mangé, un vrai petit ogre, à croire que le goût est meilleur quand c’est marraine qui le nourrit. » Son frère l’avait prévenue que parfois le petit garçon était plus difficile quand la fatigue le gagnait alors elle le taquinait un peu au passage. « A la plaine, il a suivi une sorte de parcours adapté avec des copains de son âge, puis je l’ai aidé à glisser sur le toboggan rouge, son préféré. N’est-ce-pas, mon petit cœur ? Tu aimes bien glisser et crier « 1, 2, 3, on voleeee ». Et si tu racontais à papa tous les jeux qu’on a faits ? » Face à l’enfant, Maxyne n’était définitivement plus la même, méconnaissable. « Et plus tôt, on a regardé un dessin animé aussi, les aventures de Winny l’Ourson. » Maxyne savait que Trey n’était pas favorable à ce qu’Arun passe trop de temps devant des écrans mais tant que ça restait raisonnable, en principe, il ne serait pas contraire. Surtout qu’elle n’avait pas mis le dessin animé pour ne pas s’occuper de lui, elle était restée à côté d’Arun et avait échangé avec lui pendant l’histoire. Son frère lui demanda alors si tout s’était bien passé et elle confirma. C’est vrai que son filleul n’avait pas toujours été facile avec elle. Comme tous les enfants, il avait déjà cherché à la tester mais les derniers moments partagés avec lui avaient été plus « sereins ». Le petit bout avait surtout été difficile quand sa mère lui manquait beaucoup. « Oui, ça se passe mieux maintenant. Au fait, tu as besoin d’un coup de main en cuisine ou tout est déjà prêt ? » Maxyne n’était pas un cordon bleu mais elle pouvait jouer les commis, à moins que Trey, l’as de l’organisation, avait déjà tout anticipé. La blonde suivit son frère dans le salon de cette belle maison qu’il s’était offerte. « Et sinon quoi de neuf ? Tout se passe bien avec Bai’ ? Et au club ? »

Pendant que Maxyne et Arun passaient leur après-midi ensemble, Trey avait trouvé le temps de regarder différents modèles de moto parmi ses occupations, une nouvelle qui suscita l’intérêt de la blonde. Depuis le retour de son frère, les Oakley n’avaient pas pris le temps de rouler ensemble. C’est pourtant son aîné qui lui avait transmis cette passion, une passion qui était née peu avant le départ de la nageuse pour Auckland et qui avait surtout pris de l’ampleur quand elle était revenue et que les médecins lui avaient annoncé qu’elle ne pourrait pas reprendre la natation de haut niveau avec ses entrainements intensifs. Pendant cette période, Maxyne avait vécu avec son frère qui l’avait aidée dans sa rééducation et puis à retrouver goût à la vie après un énorme passage à vide sur le plan moral. Et clairement, la moto avait été un des déclics qui l’avait remise en selle. Autrefois attiré par les machines plus sportives, Trey regardait aujourd’hui après un modèle familial, désireux d’emmener son fils avec lui. « Tu vas transmettre cette passion à tous les membres de la famille. » Sourire amusé aux lèvres, Maxyne se projetait dans le futur et les imaginait tous les trois en virée sur une célèbre route américaine. Qui sait. Par contre, son frère n’était pas emballé à l’idée de revenir dans le club qu’il avait quitté, cœur orienté vers d’autres priorités. Petite moue de déception parce que ces années renvoyaient à certains de leurs meilleurs moments mais elle le comprenait aussi. Revenir en arrière n’était pas toujours une bonne idée. La vie avançait et les souvenirs se chérissaient. La perspective que Trey s’y remette à l’occasion la réjouissait tout de même. « D’accord. Il suffira de me faire signe le jour où tu voudras rouler, on s’arrangera. » Se posant dans le salon, Maxyne répondit ensuite aux interrogations de son frère par rapport à Arun. Il ne voulait pas manquer une miette de leur journée. Activités qui provoquèrent des réactions amusées chez son père. « Je crois aussi, on dirait que les enfants le sentent. » Faire tourner les parents en bourrique, les tester, était une expérience que de nombreux petits bouts tentaient pour apprendre les limites de ce qui pouvait être fait. Enfant plutôt facile, Arun ne dérogeait pas à la règle. Trey échangea avec son fils puis revint vers Maxyne puisque l’enfant était trop absorbé par ses jeux. « En même temps, il a la tante la plus cool. Il ne peut que s’amuser. » Répondit-elle, sur le ton de l’humour. Elle n’abonderait pas dans le sens de son frère en allant jusqu’à dire qu’il était rasoir, parce qu’il ne l’était pas, mais en effet, il était devenu un papa gâteau prêt à tout pour son fils, présence exacerbée par l’absence précoce de la mère d’Arun. Après lui avoir raconté leur après-midi, Maxyne proposa d’aider son frère en cuisine, une aide dont il n’avait pas besoin puisque tout était déjà prêt. Il lui offrit donc à boire pour lancer un autre moment que la blonde appréciait dans une journée : l’apéro. « Une bière, ce sera parfait. » Pendant que son frère sortait les boissons du frigo et farfouillait dans les placards de la cuisine, la jeune femme lui demanda d’autres nouvelles. La vie avait une curieuse façon de fonctionner. Lui qui avant son départ n’avait jamais déclaré sa flamme à celle que Maxyne avait considéré comme l’amour de sa vie depuis le mariage de Bailey s’était finalement mis en couple avec elle quelques mois seulement après son retour. Les astres s’étaient enfin alignés pour eux et la monitrice de plongée était contente que tout se passe bien dans leur couple. Après l’échec de sa dernière relation, elle avait craint que son frère ne s’en relève pas de sitôt mais il avait retrouvé une stabilité amoureuse auprès de la jeune mère. « Oui, tu me l’avais dit. » Sa ‘belle-sœur’ les rejoindrait plus tard dans la soirée, ce qui leur donnerait l’occasion de passer un moment tous ensemble. Trey revint s’asseoir en tendant sa bière à Maxyne qui le remercia puis il continua sur sa lancée. Au niveau pro, il menait bien sa barque aussi dans le rôle de coach sportif. « Un monde de fou avec le beau temps ET ta belle gueule d’ange. » Le taquina-t-elle, en haussant excessivement les sourcils. Dans le milieu, c’était connu, les rentre-dedans étaient nombreux. Entre des jeunes femmes aux corps sculptés et des hommes aux muscles saillants ? Inévitable, même si son frère lui, n’était pas comme ça. Au niveau des hautes et des basses saisons, Maxyne était bien placée pour les vivre dans le cadre de la plongée. L’été était aussi la période la plus chargée de l’année et avec les températures qui rafraichissaient progressivement, l’affluence se calmait, ce qui n’était pas plus mal pour la blonde, qui avait connu des petits soucis récemment, une situation dont elle n’avait pas parlé jusqu’à présent, désireuse de n’inquiéter personne. Et puis, c’était plus facile pour elle de vivre dans le déni, de ne pas mettre de mots sur un problème qui la minait de plus en plus. Pourtant, quand il lui retourna la question, elle ne put réprimer une petite grimace. Les Oakley ne s’étaient jamais rien cachés. « Non en effet, c’était assez dingue aussi, heureusement ça redescend un peu. Et tout se passe bien, c’est juste que… » A vrai dire, Maxyne avait finalement besoin de lui confier de ce qui la préoccupait, peut-être que l’avis de son frère l’aiderait à y voir plus clair ou à se faire une raison, une raison sur une situation qu’elle se refusait d’accepter. « Avec la haute saison, je plonge trop. L’année passée, je me suis blessée à l’épaule à cause de la fatigue, de la répétition. Le gérant du centre a essayé d’aménager mes horaires, d’alléger le nombre de mes excursions en mer sur une semaine. Je fais des journées à l’accueil pour entrecouper, mais c’est impossible en plein été. Nous ne sommes pas assez. » Maxyne avait donc pratiquement replongé tous ses jours de travail pendant la belle saison et son corps le lui faisait payer. « Depuis le début de l'année, j’ai des douleurs qui se réveillent partout dans le corps, pas juste des courbatures… Du coup, j’ai été voir les médecins. » La blonde vida une gorgée de sa bière, le verdict avait très clair. « Ils m'ont dit que je souffrais de traumatismes chroniques, acquis à cause des années d’entrainement, de compétition et comme séquelles de l’accident. La plongée est devenue trop exigeante pour mon corps. Si je ne diminue pas, je me blesserai de plus en plus souvent et de plus en plus sérieusement. » Au lieu d’exercer un travail tranquille après sa rééducation, Maxyne avait sollicité son corps par le biais de la plongée depuis cinq ans. Continuer occasionnellement sous forme de loisir ne serait pas un problème mais pas au rythme actuel. A court terme, son travail risquait de lui causer des soucis de santé irréversibles. Pour n’importe qui, cette nouvelle ne serait pas insoutenable mais quand on connaissait l’histoire de Maxyne, celle-ci risquait d’avoir de terribles conséquences sur son moral. « Dans l’idéal, il faudrait que j’arrête bientôt. J’ai déjà arrêté de nager... Et maintenant ça ? » S’entêter l’exposerait pourtant à des problèmes permanents.  

« Arun est tellement adorable aussi. C’est toujours un plaisir pour Liam et moi de l’avoir. » D’après Trey, le petit garçon ne cessait de parler de son parrain ou de sa marraine quand il savait qu’il allait les voir. Eux aussi étaient contents de le garder régulièrement. A supposer que le petit garçon n’aurait pas été aussi facile qu’il l’était, l’affection que Maxyne lui portait n’aurait pas été différente pour autant. Parfois, un enfant était un peu plus difficile en raison de la fatigue ou de petites contrariétés. C’était normal. Les adultes aussi avaient leurs moments de haut et de bas. Mais Arun n’était pas un enfant capricieux, ce qui rendait les moments qu’ils partageaient en famille d’autant plus agréables et légers. Les Oakley s’installèrent ensuite autour de la table de la cuisine, une bière à la main, à grignoter un apéro. Effet magique, les chips attirèrent le petit garçon sur les genoux de son père, ce qui amusa Maxyne. Le frère et la sœur échangèrent ensuite des nouvelles. Du côté de Trey, tout se passait bien avec Bailey et au club de sport depuis son retour. Lorsque son frangin lui retourna la question par rapport à la plongée, la mine de Maxyne s’assombrit. Elle n’avait jamais été douée pour lui cacher des choses, même ses secrets d’adolescente. Ce ne serait pas une surprise qu’il finisse par deviner que quelque chose n’allait pas. De plus, l’ancienne nageuse s’inquiétait à l’idée de retomber dans des problèmes similaires à ceux qui lui avaient pourri la vie après l’accident, elle redoutait de régresser sur le plan de sa condition physique. Pour toutes ces raisons, Maxyne confirma dans un premier temps à Trey que tout se passait bien au centre nautique, puis elle lui avoua l’ombre qui planait au-dessus de ses épaules. La saison avait été chargée, les journées n’avaient pas désempli. Le tourisme battait son plein en Nouvelle-Zélande et la jeune femme travaillait dans un secteur d’activité très prisé par les amateurs de faune sous-marine et de découvertes. Les nombreuses excursions l’avaient épuisée. Sa santé lui jouait des tours depuis l’été, corps qui se rebellait contre l’exigence physique de son travail, signe avant-coureur d’une renonciation à venir. Elle avait trop tiré sur la corde et des douleurs lui étaient réapparues dans tous les membres, d’abord sous forme de courbatures, de microdéchirures musculaires et à présent son dos la préoccupait. Avec le retour de la basse saison, Maxyne allait pouvoir lever le pied et réaménager ses horaires, comme l’année précédente, mais le problème se répèterait à la rentrée. En soi, le diagnostic posé par les médecins n’apparaissait pas insurmontable : elle pourrait continuer de vivre normalement en pratiquant des activités sportives modérées et en se préservant sur le plan physique mais cette nouvelle annonçait un changement de rythme de vie important. La nage ou la plongée sur un plan professionnel, ce serait définitivement terminé tout comme toute activité trop énergivore. Son passé de sportive, son accident et ses années comme plongeuse pesaient trop lourd sur son organisme fragilisé. Comme Maxyne l’avait expliqué à son frère, s’entêter, c’était jouer avec sa santé. Dans aucun scénario, Trey ne l’encourageait à continuer. Coach sportif, il était bien placé pour défendre l’importance de se préserver. En accord avec les médecins, il tenta de raisonner sa sœur de la façon la plus logique : ne valait-il pas mieux lever le pied avant qu’il ne soit trop tard, pour continuer sa passion sous forme de loisir plutôt que de tout arrêter pour de bon ? Il avait raison car même si elle jouait aux têtes brûlées, elle tiendrait peut-être deux ou trois ans en plus – et encore, sous quelles conditions – mais l’issue serait de toute façon la même, à la différence qu’elle récolterait peut-être des blessures irréversibles. En effet, ce n’est pas ce que Maxyne avait envie d’entendre mais ce qui avait besoin d’être dit et confirmé par Trey. « Je ne sais pas… Il n’existe pas des trucs qui permettrait de tenir plus longtemps ? De ne pas ressentir la douleur ? » Astuces médicales, médicaments, peu importe. Au point où elle en était, elle étudiait toutes les options possibles. Son frère avait raison, elle le savait. Maxyne devait aussi prendre en considération tous les autres aspects de sa vie. « Je n’arrive pas à comprendre, tu vois ? Ça me parait si soudain… Enfin pas tout à fait, il y a eu des signes l’année passée, mais c’est vraiment depuis quelques mois que c’est devenu plus présent et gênant dans le quotidien. Ça fait cinq ans que je plonge. Pourquoi ça ne s’est pas déclaré avant si c’était trop dur ? » Les médecins n’avaient pas été très clairs à ce sujet. Les lois de la santé étaient régies par des règles différentes pour chacun puisque personne n’avait les mêmes caractéristiques ni le même vécu, alors Trey n’aurait certainement pas la réponse à cette question non plus mais Maxyne était en droit de s’interroger. Peut-être que c’était juste les années qui l’avaient usée, il ne fallait pas chercher plus loin. Par contre, lorsque son frère compara la décision qu’elle devait prendre à celle d’arrêter de fumer, la jeune femme secoua la tête d’un signe de tête désapprobateur. « Ce n’est pas tout à fait pareil. Fumer, tu te bousilles consciemment la santé et ce n’est pas ce qui te permet de gagner ta vie. C’est comme un plaisir coupable, un truc qui te fait sentir mieux sur le moment. Quand t’arrêtes, la seule chose qui change, c’est une mauvaise habitude, une dépendance. Avec des conséquences positives pour la santé. » Et pourtant, c’était une habituée du briquet qui en parlait. « L’eau, c’est toute ma vie, ça fait partie de moi et c’est mon travail aussi. Je n’ai connu que ça. Qu’est-ce que je pourrai bien faire d’autre ? » Sans diplôme et sans avenir dans le sport, ses options seraient limitées. Et un travail de bureau où elle resterait assise toute la journée, elle ne le supporterait pas. De toute façon, Maxyne n’était pas encore dans l’optique de stopper la plongée. Mauvaise graine têtue. Trey lui avait donc donné un bon conseil : prendre le temps d’arrêter quand elle serait prête. En effet, Maxyne avait encore un peu de temps devant elle pour se faire à l’idée et réfléchir à ses options. Pour l’instant, elle ne les voyait pas encore et n’arrivait pas à se projeter. « Comme tu dis, je vais prendre le temps de cogiter sur tout ça. Avec la basse saison, ce sera gérable pour l’instant. » Son frère lui avait donné son avis, à elle de poser les actes qui s’imposaient, même si elle lui cachait quand même à quel point elle était sapée. Prenant une profonde inspiration, Maxyne se concentra ensuite à grimacer et à jouer avec son neveu, toujours assis sur les genoux de Trey.

Trey était la première personne à qui Maxyne se confiait au sujet de sa santé. Les Oakley avaient grandi ensemble, il avait été présent à ses premiers entrainements, ses premières compétitions. La nageuse avait été bien entourée par ses parents et encore plus par ce frère qui la soutenait inconditionnellement. Il avait vu sa petite sœur éclore puis carrément exploser dans sa discipline au point de participer aux plus grands événements mondiaux. Atteindre ce niveau exigeait des sacrifices autant sur l’hygiène de vie pour l’athlète concerné(e) que sur l’aspect financier pour le sportif et son entourage. Ce n’est que lorsqu’elle avait réussi à franchir des caps qu’elle avait aussi été aidée par des sponsors et équipementiers pour ses grandes compétitions. Cette période de sa vie avait été une de ses plus belles aventures tout comme la plongée, qui avait ensuite égayé son quotidien de façon différente. Tout le monde n’avait pas le luxe de se lever le matin et de clamer qu’il ou elle aimait ce qu’il faisait. Pour Maxyne, chaque jour était une bénédiction. Chaque excursion sous l’eau était différente et réservait son lot de surprises. Après cinq ans à pratiquer la plongée, elle ne s’en lassait pas. C’est pourquoi, renoncer à ce qu’elle aimait, même pour des raisons de santé, était très difficile à accepter. Heureusement, Trey qui avait déjà assisté à la première dépression et à la rééducation de sa soeur après l’accident, savait exactement ce qu’il fallait dire pour la raisonner, notamment à propos du risque de perdre bien plus si elle ne levait pas le pied et qu’elle s’entêtait contre l’avis des médecins. Lorsque Maxyne envisagea d’autres options, des options chimiques, cette suggestion montra à quel point elle était désespérée et prête à tout car elle était diamétralement contre toutes ces substances d’habitude. Cette fois, Trey s’opposa plus fermement à ses idées insensées. Certes, elle se sentirait mieux sur le moment car la douleur disparaitrait mais celle-ci reviendrait plus forte car Maxyne aurait dépassé ses limites. Coach sportif effrayé à l’idée que sa petite sœur sombre dans des problèmes plus sérieux encore, lui qui avait vu de nombreuses personnes céder à ces pilules et ne plus pouvoir s’en passer. « Alors quoi, je dois juste accepter la situation sans rien faire ? » Se rebella-t-elle, en soutenant le regard de son frère sans flancher. C’était exactement ce que les médecins et Trey lui répétaient entre arrêter et ralentir, mais son cerveau refusait toujours d’enregistrer cette issue comme la seule option possible. En effet, Maxyne n’arrivait pas à comprendre pourquoi son corps la lâchait soudainement alors que tout se passait bien depuis cinq ans. Face au désarroi de sa sœur, Trey se radoucit et tenta de formuler une explication. Selon lui, elle avait bien récupéré après la rééducation et elle avait puisé dans ses réserves mais elle avait désormais besoin de repos. Dans la jeune trentaine, il lui restait de nombreuses années à vivre et il valait mieux se préserver. « Oui, tu as sans doute raison. C’est juste que je vois des gens se blesser tellement de fois, s’arrêter et quand même réussir à s’y remettre. Pourquoi moi, on ne peut plus me réparer ? » Dépitée, Maxyne haussa les épaules en signe d’incompréhension. La main de son frère trouva la sienne et il continua de la soutenir, essayant de lui remonter le moral et de la convaincre qu’elle était pleine de ressources. D’après lui, elle pourrait même se reconvertir dans des activités connexes comme l’entrainement dans un club de natation ou l’encadrement d’activités nautiques au centre. Des activités qui ne la solliciteraient pas excessivement sur le plan physique. Trey continuait de penser que seule l’épaule de Maxyne était touchée mais les douleurs se répandaient dans tout son corps. « Oui, je verrai bien. » Pour l’heure, elle n’arrivait pas à se concentrer sur l’après. Il fallait déjà accepter l’idée de tout arrêter. La basse saison diminuait la fréquence des plongées, la blonde allait lever le pied, ce qui lui donnerait ainsi l’occasion de digérer la nouvelle. Son frère soupira. Lui, il aurait préféré qu’elle prenne le temps d’y réfléchir pour arrêter maintenant. Le sujet clos, Trey proposa de passer à table. Les bonnes odeurs qui émanaient de la cuisine annonçaient un délicieux repas. « Ouh ! Hâte de goûter tout ça. » Son frère ne cessait de l’étonner, il avait hérité des talents culinaires de la famille, contrairement à Maxyne qui n’appréciait pas préparer à manger. D’ailleurs, quand les deux Oakley vivaient ensemble, c’était son aîné qui assurait derrière les fourneaux, le cordon bleu de la colocation. Buvant une gorgée de sa bière, la blonde se leva ensuite et mit la table pendant que Trey sortit le plat du four. Elle aida ensuite Arun à s’installer puis s’assit à son tour, prête à goûter aux talents culinaires de son frangin. « Mmmm ! T’as raison, c’est une tuerie ! Tu t’es inspiré de la recette de Bai’ ? » Maxyne apprécia le dîner et ce moment passé avec son frère et Arun. Le temps fila à une vitesse folle. Finalement, le plat était terminé et le petit garçon était déjà endormi dans son lit quand Bailey arriva. Le temps des retrouvailles avait sonné entre la blonde et la rousse qui s’étaient un peu perdues de vue depuis le départ de Trey. Elle donna le temps à son frère d’ouvrir et d’accueillir son amoureuse avant de s’approcher à son tour et de la saluer joyeusement. « Hey ! Salut ! Ça va ? »

Trey était habitué au caractère ronchon de Maxyne. Il avait déjà géré sa sœur au quotidien quand elle avait emménagé chez lui à Island Bay après son accident. Et autant dire qu’elle n’avait pas toujours été facile à vivre pendant sa rééducation. Parfois, la blonde avait montré de la mauvaise volonté, à deux doigts de baisser les bras quand les résultats escomptés n’avaient pas suivi dans la foulée. Il y avait des jours où elle avait sans doute tapé sur le système de ce frère patient, dont la vie avait été bousculée par le retour de Maxyne. Pourtant, il n’avait jamais flanché. Il était resté auprès d’elle jusqu’à ce qu’elle se retape et commence à aller mieux. Bien sûr, il l’avait parfois bousculée verbalement, ne mâchant pas ses mots pour la secouer et la rebooster. Trey avait toujours su comment lui rentrer dedans tout en la canalisant et en la remotivant. Il avait été l’allié parfait, tout comme Sunwei qui l’avait aidée médicalement et moralement aussi. Ce n’était donc guère étonnant qu’aujourd’hui, alors que Maxyne vivait ce qui s’apparentait au même cauchemar, elle se tourne en premier vers ces deux mêmes alliés pour leur demander conseil et être raisonnée. Trey ne prenait pas de pincettes avec elle, ce qui fonctionnait plus ou moins. Même si elle refusait toujours d’accepter la réalité, elle prenait ses inquiétudes en considération et avait été secouée par la façon dont il lui avait fait comprendre que son entêtement à braver l’impossible était stupide pour sa santé. C’était aussi ce qui importait en famille ou entre amis. Être capable de dire ce que l’autre ne voulait pas entendre, ce qui lui déplaisait, pour qu’il entende raison. Et c’était exactement ce qui était en jeu aujourd’hui : rester valide. Maxyne lui partagea alors ses doutes et ses interrogations. Cependant, Trey n’avait pas la science infuse, c’était juste la vie. Il préférait qu’elle ne se fasse pas de faux espoirs et ignorait pourquoi le destin lui jouait un sale coup des années après. En se rétablissant la première fois, Maxyne avait gagné du temps bonus, elle en avait bien profité, à présent, elle devait en gagner autrement, en préservant sa santé. Quand l’ancienne nageuse accepterait la réalité, tout deviendrait plus facile. Par le biais d’un proverbe de Bouddha, Trey lui conseilla aussi d’être patiente et confiante dans l’avenir. L’adage qui proclamait la patience comme la plus grande des vertus était effectivement connu. Le sujet clos, Maxyne hocha la tête et aida ensuite son frère à dresser la table pour manger. Elle apprécia le repas ainsi que les derniers moments avec son filleul. La jeune femme embrassa affectueusement Arun avant que Trey ne l’emmène rejoindre les bras de Morphée. Pendant ce temps, Maxyne débarrassa la table. La sonnette retentit au moment au son frère réapparut dans la pièce. Il partit donc ouvrir à sa compagne pour l’accueillir comme il se doit. De la cuisine, la blonde entendit les retrouvailles et se surprit à ressentir un petit manque dans son ventre. Était-ce de voir Trey et Bailey heureux qui la retournait ? Pas vraiment, elle était contente pour eux. C’était juste qu’elle se posait beaucoup de questions aussi sur cet aspect-là de sa vie et qu’elle traversait une période plus confuse. Depuis Marcus, tout était très clair dans sa tête. Rien de sérieux, peu ou pas d’attachement, pas d’engagement. Mais si elle fréquentait quelqu’un à qui elle était déjà attachée autrement, est-ce que les règles changeaient ? Difficile à dire. De toute façon, elle avait enfoui très loin dans sa tête ce qui s’était passé à la Saint-Valentin avec un de ses meilleurs amis. C’était juste que de voir comment les choses fonctionnaient si bien entre Trey et Bailey, meilleurs amis dans une autre vie eux aussi, que cette dynamique lui revenait en tête. Et elle ne songeait pas à Chance avec qui tout avait toujours été très clair. Après les tendres retrouvailles du couple, Bailey s’avança dans la maison et les deux jeunes femmes se saluèrent joyeusement. « Oh oui ! Trey m’a parlé de ta fameuse recette de lasagnes mais en cuisine, il n’a rien à envier à personne, je crois. Il faudra que je goûte la tienne pour me faire ma propre idée. » Maxyne lançait un appel du pied pour tester la fameuse pépite de Bailey, pour autant qu’elle accepte. Pas d’obligation entre elles. « Oui, cet enfant est magique, il s’endort dès que tu le mets au lit. Il a de la poussière dans les yeux. » Petite métaphore liée aux plus petits quand ils étaient de bons dormeurs. Par contre, Ethan n’avait pas été commode avec sa mère. « Arun s’entend bien avec lui ? » Maxyne ignorait si les enfants du couple s’étaient déjà rencontrés mais c’était plus que probable étant donné que les parents passaient le plus clair de leur temps libre ensemble. A moins que Bailey ne s’arrange à chaque fois pour ne pas les avoir dans ces moments-là. La monitrice de plongée ne se mêlait que très peu de leur histoire d’amour, d’où cette question un peu directe. Trey installa ensuite la rousse à table et Maxyne prit place à côté d’elle pour poursuivre la discussion. L’ainé Oakley raconta sa journée de rangement productive et la benjamine détailla les activités avec Arun. « Oui, nous en avons profité pour aller à la plaine de jeux et regarder Winny l’Ourson. Il a adoré. Et toi la tienne ? » Elle avait ainsi résumé leur journée. « Ça m’fait plaisir de te revoir un peu plus, depuis le temps. » Maxyne et Bailey s’étaient recroisées souvent mais très rapidement ou s’étaient eues au téléphone vite fait quand la blonde appelait son frangin et qu’ils étaient ensemble mais l’ancienne nageuse n’avait pas encore pris le temps de se poser avec eux.

« Quand un homme comme mon frère frappe à la porte, on réfléchit deux fois avant de le laisser filer. » Le sourire aux lèvres, Maxyne répondait à la remarque de Bailey sur les agréables surprises que Trey lui réservait. Petite perche directe pour que la rousse ne passe pas à côté de sa chance cette fois. Son frère était husband material. Au même moment, l’aîné Oakley se rapprocha de sa compagne et se joignit à la conversation quand elle proposa d’organiser un repas – qu’elle cuisinerait de ses doigts de fée – lors des prochaines vacances, par facilité d’agenda. « Pas de soucis. On s’arrangera. » La jeune maman lui décrivit ensuite la relation entre Arun et ses enfants entre lesquels une bonne entente régnait. Maxyne écouta d’ailleurs d’un air amusé la raison de la bouderie d’Ethan : il aurait voulu accompagner sa mère pour voir Arun mais ce n’était pas possible. « Oui, ce n’est pas toujours facile pour de jeunes enfants de se partager entre des parents séparés. » La jeune femme comprenait leurs sentiments, même si quand ses propres parents avaient divorcé, elle était déjà une ado. Heureusement, Trey avait été très présent pour elle. La présence d’un frère ou d’une sœur aidait beaucoup à traverser cette période difficile. Et Ethan pouvait compter sur Kayla en plus d’Arun. En tout cas, l’arrivée d’un nouveau compagnon dans la vie de leur mère ne semblait pas mal se passer pour eux. Quant à Arun, le souvenir de sa mère était moins omniprésent et il s’habituait à la nouvelle dynamique dans la vie de son père aussi. A son tour, Maxyne raconta sa journée avec son filleul. Les dessins animés Disney étaient des grands classiques pour les tous petits. « Je ne suis pas étonnée. Je crois qu’elle aime la reine des neiges et Harry Potter aussi ? » Il semblait à Max que Kayla lui en avait déjà parlé. Les petites filles n’avaient plus que le nom d’Elsa à la bouche. En ce qui concernait la saga des magiciens, elle n’était pas si ancienne et suscitait encore la fascination des adolescents. Les premiers volets étaient suffisamment bon enfant pour être regardé par une préado. La nageuse releva alors la remarque de Bailey à propos du rangement effectué par son frère. « C’est vrai ça. On dirait que tu libères beaucoup de place, Trey. » Peut-être en vue d’accueillir une autre personne ? Façon détournée de se renseigner en avant-première auprès des deux tourtereaux. A voir comme ils se dévoraient des yeux et en considérant tout le temps qu’ils passaient ensemble, ce ne serait pas une surprise. Maxyne les taquinait gentiment, c’était de bonne guerre entre son frère et elle. Elle écouta ensuite le récit de la journée de Bailey. « Les élèves t’ont écrit des petites pépites sur leurs copies ? » Le regard espiègle de la monitrice de plongée traduisait qu’elle comptait parmi les anciens élèves un peu indisciplinés ou qui ne brillaient pas à l’école. A propos de revoir Kayla, elle hocha la tête d’un signe approbateur. « J’en serai ravie aussi. » La jeune maman se tourna ensuite vers Trey pour parler photographie, une passion pour laquelle sa fille s’était éprise. Elle utilisait un appareil qui avait toute une histoire derrière lui. « Oui, je vois très bien. Il est simple mais il tire de belles photos. Pour commencer, il est très bien. Kayla pourra bien s’amuser. » Maxyne faillit ajouter qu’elle pourrait volontiers l’emmener en excursion dans de beaux endroits en bateau mais elle n’était plus en mesure de prévenir son avenir au centre au vu de sa santé fragile alors elle s’abstint de tirer des plans sur la comète et profita de la diversion involontaire offerte par Bailey qui demandait l’origine des bonnes odeurs. « Un moelleux au chocolat… Trey qui nous prend par les sentiments. » Maxyne rigola puis lança un regard affectueux en direction de son frère qui quittait la pièce pour aller voir son fils réveillé. Lorsqu’elle tourna à nouveau la tête vers sa belle-sœur, la rousse saisit l’occasion pour lui parler du centre. Ne souhaitant pas parler de ce qui n’allait pas, l’ancienne nageuse expliqua la routine habituelle de la basse saison. « C’est calme en ce moment. Nous en profitons pour réviser et faire l’inventaire du matériel, vérifier que tout est opérationnel pour le retour de la belle saison ou le cas échéant et planifier les prochaines semaines… » Sa vie pouvait paraitre ennuyeuse présenté comme ceci, cependant Maxyne n’était pas assez proche de la jeune femme pour raconter ses soucis de santé, les retrouvailles inopinées avec Marcus ou le retournement récent et incompréhensible de son cœur. « Des courageux se motivent pour aller plonger ou piquer une tête mais on organise plutôt des séances en intérieur. Les surfeurs, eux, essaient quand même d’aller dompter les vagues par tous les temps. » Le centre disposait d’une piscine pour la natation et d’une autre plus profonde pour que les plongeurs continuent de s’exercer à plus de trois mètres sous la surface dans une eau qui n’était pas trop froide. Au final, c’était un peu le même principe que l’aviron. Quand le mauvais temps jouait les troubles fêtes au point d’empêcher les sorties de bateau, les rameurs privilégiaient un entrainement en intérieur. Le four sonna. Maxyne se leva et profita de cette diversion pour sortir les moelleux du four et les disposer sur les assiettes préparées par son frère. « Ça sent trop bon. On va se régaler. »