an evening together (natalia)

Depuis plus de dix jours maintenant, notre vie a littéralement changé : nous sommes passés de trois à quatre personnes. En ne faisant qu’un déni de grossesse partiel, nous avons trois mois pour nous préparer et pourtant.. C’est toujours une sacré étape lorsque la famille s’agrandit. Ce fut le cas avec Elliot et ça l’est maintenant avec Leo. Surtout que là, il y a quelques différences. Il s’agit du deuxième enfant, il faut faire avec les émotions de son grand-frère et puis, il y a Natalia aussi. La jeune femme n’avait rien demandé et elle s’est retrouvée prise dans cette tempête. Notre relation ne faisait que commencer, elle aurait très bien pu faire le choix de partir et pourtant, elle est restée à mes côtés. Ce fut un peu la course aux préparations, à l’acceptation et pour être honnête, ce ne fut pas toujours facile. Même si elle ne l’a pas toujours dit, la jeune femme a eu un peu de mal à se dire qu’un bébé allait bientôt nous rejoindre et qu’il allait avoir besoin de nous. Heureusement pour moi, ou plutôt pour nous, il y a eu comme un déclic le jour de l’accouchement et ce fut le coup de foudre avec Leo.

Natalia a pris plusieurs jours suite à la naissance du petit garçon, alors forcément, pour compenser, elle a dû travailler plusieurs soirs de suite. Mais pas ce soir et nous allons pouvoir nous retrouver un peu : avoir un nouveau-né, c'est éreintant et ses besoins passent en priorité. Pourtant, j'ai besoin de passer du temps avec ma petite amie, de ne l'avoir que pour moi. Et pour ça, j'ai anticipé un peu les choses. J'ai passé une bonne partie de l'après-midi à préparer différentes choses pour que l'on puisse faire un apéritif en tête-à-tête lorsque les enfants seront couchés. D'ailleurs, je ne m'en sors pas trop mal : avant même qu'elle n'arrive, les deux garçons sont mis dans leurs lits et endormis. Rien ne devrait se mettre entre nous. Enfin ça, c'est ce que je pensais. Après son arrivée, la jeune femme s'éclipse pour aller les embrasser, mais je ne la vois pas revenir et je finis par aller voir s'il s'est passé quelque chose. Elle n'est pas dans la chambre d'Elliot, alors je rejoins très vite celle de Leo. « Qu'est-ce que tu fais ? Je t'attends.. » La brune est debout, à côté du berceau et elle le regarde. « Natalia.. Il dort. Ce qui implique que tu peux quitter sa chambre. » Elle a passé toute sa journée à l'extérieur, c'est normal qu'elle veuille passer du temps avec lui, mais il a aussi besoin de dormir et à son âge, quand cela arrive, on essaye d'en profiter au maximum. « Quand tu reviendras, il sera toujours là. » Et puis si jamais il se réveille, nous n'aurons qu'un étage à monter pour le retrouver. « Fais une pause. Au moins ce soir. S'il te plaît. »

elle n'a jamais été ce genre de femme, celles qui s'inquiètent pour leur enfant h24, celles qui montrent à qui le veut (et le veut pas d'ailleurs) la photo de son bébé, pourtant elle l'est. tout le commissariat a vu la photo de leo au moins trois fois depuis sa naissance, il est devenu son fond d'écran et sa photo de naissance est fièrement exposée sur son bureau. mais pire que ça, elle compte les heures natalia, elle regarde l'aiguille de l'horloge avancer avec lenteur quand enfin vient le moment de quitter son travail. elle qui a toujours été la dernière à partir, on s'étonne de la voir quitter son bureau rapidement. pourtant elle grille presque des feux rouges pour être devant chez celeste et après un baiser échangé rapidement, elle fonce à l'étage embrasser le front d'elliot avant de se rendre dans la chambre de leo. forcément son coeur fond et il faut toute la bonne volonté du monde pour ne pas le prendre contre elle. salut mon ange. doucement elle vient déposer une main sur son ventre et caresse son fils. la vérité c'est qu'elle pourrait passer des heures à la regarder et ça aurait sûrement été le cas sans l'intervention de celeste. chut ! ne le réveille pas. elle est hypocrite natalia, car elle meurt d'envie de le réveiller pour pouvoir le serrer contre elle. parfois les bébés meurent quand ils dorment dans une mauvaise position, je l'ai lu dans un magazine. elle quitte du regard son bébé pour trouve celui de celeste, clairement elle y a pensé un moment à cette info, ça l'a rendu dingue même. il m'a manqué, toi tu l'as eu toute la journée, laisse moi en profiter un peu. elle hausse les épaules natalia, trouvant n'importe quelle excuse pour justifier de passer autant de temps avec son fils, car elle sait qu'elle abuse. parce qu'en réalité, durant son temps de congés, elle était certainement plus avec leo que l'était celeste. elle refuse de se séparer de son fils et elle sait que ça peut jouer sur son couple, juste elle ne peut pas s'en empêcher, pourtant elle se doute que si celeste a déjà couché elliot c'est qu'elle a un truc en tête et hors de question de la décevoir. ok, ok ça va. je vais faire un effort. doucement elle se penche en avant pour pouvoir embrasser son fils avant de quitter la chambre et de rejoindre le salon et de s'installer sur le canapé. tout s'est bien passé ? elle ne lui demande pas seulement comment s'est passé sa journée, mais surtout si leo va bien. tu sais, on devrait installer des caméras de surveillance dans sa chambre, j'ai un collègue qui peut nous faire ça gratuitement et comme ça je pourrais le surveiller depuis mon ordi au bureau. ça marche aussi depuis mon téléphone. elle est persuadée que c'est une bonne idée natalia, comme si elle n'allait pas passer ses journées à surveiller son fils.

La soirée que j'imaginais disparaît petit à petit : Natalia est montée voir les garçons et elle n'est toujours pas redescendue. On pourrait croire que je ne suis pas patiente, mais ça fait maintenant plus d'une quinzaine de minutes. Alors je finis par monter à mon tour, pour m'assurer que tout va bien. Heureusement, oui. La jeune femme est juste en admiration devant le petit dernier de la famille et dès que je commence à parler, j'ai l'impression de déranger. Non pas Leo, mais bien Natalia, qui s'empresse de me demander d'être silencieuse. C'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité. En étant ici, Natalia a autant de chance de le réveiller que moi en parlant. « La mort subite du nourrisson, je sais. C'est bien pour cela qu'il y a un moniteur respiratoire dans son lit. » Des mots qui feraient presque peur. Mais désormais, il est facile de pouvoir mesurer la respiration d'un bébé et donc de savoir, grâce à une plaque placée sous le matelas, s'il arrête ou non de respirer. Si jamais cela arrive, nous serons alertées avec une alarme et nous pourrons alors agir. La technologie fait des miracles maintenant et ça me soulage, car je ne sais pas ce que je ferais si je venais ici un matin et que je trouvais le petit garçon sans vie. Sans le quitter des yeux, la brune expose le fait que contrairement à moi, elle n'a pas eu l'occasion de le voir de la journée. Elle marque un point, mais Leo a besoin de dormir. Même si c'est tentant de vouloir le couvrir de bisous ou de le serrer contre soi à cette heure tardive. Finalement, elle finit par accepter de le laisser et de descendre. Nous prenons place dans le canapé et enfin Natalia s'intéresse à moi. Enfin.. c’est de courte durée puisque rapidement, elle reparle de Leo. Je soupire légèrement avant de lui répondre. « Des caméras de surveillance ? » Je répète ces quelques mots, car ils sonnent étrangement à mon goût. C’est un bébé, pas un fugitif. « Des ? Tu ne trouves pas cela un peu exagéré ? » Je vais peut-être vite en conclusion, mais j’imagine déjà des caméras à chaque coin de sa chambre et je pense que c’est un peu trop. « Et puis, tu veux qu’un étranger vienne ici ? » Pour elle, ce ne serait pas un étranger, mais pour moi oui, alors j’essaye de faire jouer la corde sensible pour la rallier à ma cause. « Quand il sera gardé ailleurs qu’ici, tu feras aussi poser des caméras ? » Pour l’instant, je ne travaille pas. Mais quand ce sera le cas, il faudra bien qu’on trouve une solution pour le faire garder. « Tu sais qu’à tout moment, tu peux me demander des photos ou même m’appeler en FaceTime. Au pire, on pourrait voir pour prendre un babyphone vidéo, mais tu ne fais intervenir personne. » Avec une application dédiée, il est sûrement possible de voir ce qui se trouve derrière la caméra, que l’on soit dans le salon ou au commissariat. « Tu pourrais aussi venir ici, de manière plus officielle. Tu pourrais emménager. » Je lâche ça, sans vraiment de préparation au préalable. Mais ça reste une idée. Elle n’aurait plus de trajet à faire chez elle, ce serait du temps gagné auprès de Leo. Auprès d’Elliot et de moi aussi.

elle accepte de laisser son fils dormir tranquillement et si ce n'est certainement pas à contre coeur, ce n'est pas non plus facile. mais elle a une grande idée natalia, un truc qu'elle pense être du génie, parce qu'elle en a parlé à ses collègues et ils ont eux-même trouvé ça génial. et quand elle entend celeste rejeter d'un revers de main la proposition d'installer des caméras dans la chambre de leo, elle fonce les sourcils. attends, on parle de la sécurité de mon fils ... notre fils, y'a rien d'exagéré là dedans. parce que natalia elle est prête à dormir dans la chambre de leo avec son arme à la main pour être tranquille. elle se lève natalia, attrape une bière dans le frigo avant de s'appuyer contre le plan de travail, les yeux fixés sur celeste. évidemment que ça ne sera pas un étranger, ça sera un gars de la technique, un flic. je lui en ai déjà parlé et il est totalement ok. elle y pense maintenant natalia, au fait que si tous les flics à qui elle en a parlé étaient d'accord avec elle, c'est peut-être justement parce qu'ils étaient flics, déformation professionnelle finalement. elle décide de rejoindre sa petite-amie dans le canapé et porte la bouteille à ses lèvres avant d'entendre la brune parler et si elle n'avait pas fait attention, elle aurait sûrement tout recraché sur le tapis. pardon ? tu crois que je vais laisser une inconnue garder leo ? elle a envie de rire natalia et c'est ce qu'elle fait d'ailleurs. c'est drôle ça celeste, vraiment, t'as failli m'avoir là dessus. et puis elle se rend compte qu'elle ne plaisante pas celeste, loin de là même. t'es pas sérieuse ?! jamais je vais confier mon fils à quelqu'un en qui je n'ai pas confiance. déjà je vais vérifier chacun des casiers des personnes qui vont vouloir s'approcher de lui. au mois je suis certaine que noah restera loin de lui. elle lève les yeux au ciel natalia, l'alcool venant la détendre après la tension accumulée de la journée. pourtant elle se doute qu'elle aurait pu éviter le petit pic envers noah, mais elle n'y peut rien, elle ne peut pas supporter le garçon et elle veut le tenir le plus éloigné possible de sa famille. on peut parler des caméras plus tard ? parce que je sens que ça va être un sujet de dispute et j'ai pas envie de ça ce soir. parce qu'elle va pas en décrocher natalia, elle veut des caméras dans la chambre de leo, au pire elle fera en sorte de les cacher, dans des peluches ou truc dans le genre, celeste n'est pas toujours obligée d'être au courant de tout. et puis soudain y'a un truc qui parvient à ses oreilles et y'a ses yeux qui s'écarquillent à natalia, parce que c'était pas dans les plans de déménager, mais celeste marque des points avec ses arguments. ouais, je suppose que c'est la suite logique des choses. elle hoche doucement la tête, tapotant nerveusement sur le verre de la bouteille entre ses mains. mais j'ai pas donné mon préavis et puis j'ai tj, on va faire quoi s'il ne s'entend pas avec leo ? elle sait déjà qu'elle est en train de mentir, parce que son chien adore les enfants, adore elliot et serait sûrement plus heureux dans une maison avec jardin plutôt que dans un appartement en ville. et j'ai toutes mes affaires aussi. et elle se tire une balle dans le pied natalia, parce que forcément celeste sait qu'il n'y a pratiquement rien chez la mexicaine, le minimum syndical. alors elle soupire natalia, parce qu'elle ne supporte pas mentir à celeste, lui cache déjà un mariage, c'est bien assez. bébé, tu sais que je t'aime, j'aime elliot et leo plus que tout au monde. mais ... t'es ma première relation sérieuse depuis ... un moment et au final ça fait pas si longtemps qu'on est ensemble. première relation sérieuse depuis adrian et c'est quelque chose. avant de rencontrer celeste, elle était partie pour une vie de coup d'un soir natalia. je suis devenue maman alors que je pensais même pas être capable de m'occuper de mes neveux et nièces. elle se repositionne natalia, pour être certaine de bien être face à celeste. et si ça fout tout en l'air ? si on brûle trop vite les étapes ? pas que ce n'est pas déjà fait, mais quand même, elle est accro à son indépendance natalia.

Rien d'exagéré dans la réaction de Natalia ? Je pense que nous ne voyons pas la même scène ou alors, nous ne pensons pas pareil. Leo est son premier enfant, alors que j'ai déjà eu Elliot. Toutes ces inquiétudes qu'elle a, je les ai eues avant et j'ai eu le temps de trouver des solutions. Les caméras, c'est quelque chose d'un peu extrême je trouve et même si elle propose cela dans une bonne intention, il y a aussi de mauvais côtés. Je n'ai pas envie d'avoir l'impression d'être surveillée et puis, une caméra de la sorte, ça se pirate sûrement, non ? Natalia a un métier risqué et si quelqu'un s'en servait un jour pour la faire chanter ou quelque chose comme ça ? Bon d'accord.. je commence aussi à voir le pire dans les gens, je dois arrêter. « Je ne vais pas rester ici jusqu'à ses dix-huit ans Natalia. Je vais reprendre le travail, nous allons devoir trouver une solution. » Quelqu'un devra bien s'occuper de lui, sauf si elle compte le faire. Même si je doute qu'elle arrivera à rester longtemps loin d'un commissariat. « La personne qui a gardé Elliot a appris pour Leo. Elle a mentionné qu'il lui restait une place de disponible pour le garder, si jamais nous le voulons. » Elle ne m'a pas appelé pour cela, elle voulait simplement me féliciter. « C'est quelqu'un de bien. Elle a des diplômes, elle fait des formations aux gestes de premiers secours et n'a pas de casier. Je suppose que tu voudras vérifier par toi-même et c'est normal. » Bien qu'un peu extrême. Il faut dire qu'en général, les gens ne voient pas le pire dans ceux qu'ils fréquentent, ils essayent de voir le meilleur. « Tu pourras même la rencontrer si tu veux, lui poser les questions que tu veux. Et si ce n'est pas elle, il faudra trouver quelqu'un d'autre. » Ce n'est sûrement pas l'idéal d'en parler ce soir, tout comme cette histoire de caméra. Le mieux est de faire comme elle dit, de repousser ce sujet à un autre moment. Celui que je choisis d'aborder n'est peut-être pas mieux, mais il a traversé mon esprit et je ne pouvais le garder pour moi. Natalia commence à paniquer. Même si elle ne le dit pas, ça se voit et il n'y a rien d'étonnant là-dedans. Elle cherche une échappatoire et je ne lui en veux pas, je ne peux pas lui en vouloir. « Brûler les étapes ? C'est vrai qu'élever un enfant à deux, c'est commun à tous les couples. » Dis-je, amusée, pour détendre un peu l'atmosphère. Je me rapproche un peu d'elle et dépose l'une de mes mains sur sa cuisse. « Ce n'est qu'une proposition, tu n'es pas obligée d'accepter. Et si tu acceptes, ce n'est pas obligé d'être dans les secondes à venir. » Je ne veux pas qu'elle prenne la fuite. « Prends ton temps, mais réfléchis-y, d'accord ? Ça pourrait te faire gagner du temps. Avec les enfants, mais avec moi aussi. » J'ai besoin de ça. De sentir que j'existe encore. À chaque fois qu'elle est ici, ou presque, elle est avec les enfants. « J'ai passé une partie de l'après-midi à cuisiner, alors profitons de notre soirée toutes les deux. » En espérant que la soirée sera calme. « Comment était ton travail ? Ils sont contents de te retrouver pleinement ? » Parler d'autre chose que ces sujets qui nous mettent en opposition, ce n'est peut-être pas une si mauvaise idée. Et puis, entendre autre chose, imaginer sa journée, ça ne peut pas me faire de mal. Je peux vivre par procuration avant de retrouver mon travail.

elle le sent natalia, que la situation est en train de se tendre et elle aussi par l'occasion. parce que si celeste est plus préparée c'est surtout parce qu'elle a déjà eu elliot et forcément elles n'ont pas la même vision des choses. leo est le seul enfant de natalia, l'unique qu'elle aura parce qu'elle ne se voit pas non plus à la tête d'une colonie de vacances, son petit prince, celui qu'elle veut protéger du monde et si elle doit se battre avec celeste avec ça pour ça, elle est prête à faire. si tu crois que je vais laisser une babysitter qui doit surveiller plusieurs enfants en même temps, gérer leo, tu me connais vraiment mal. elle s'énerve natalia, parce qu'elle a l'impression que celeste prend les choses à la légère et elle ne peut pas le supporter. si on doit prendre quelqu'un, alors elle s'occupera exclusivement de leo, je veux une surveillance unique pour lui, de plus j'ai pas envie qu'un autre gamin lui refile des maladies ou lui montre le mauvais exemple. elle sait de quoi elle parle natalia, ils sont quatre frères et soeurs et il faut multiplier ce chiffre par 4 pour compter combien elle a de neveux et de nièces. elle se lève natalia, met de la distance entre elle et sa petite amie, parce que sinon ça va dégénérer elle peut le sentir, ça boue au fond de son être et elle est sur le point d'exploser et voilà que celeste met son envie de voir natalia emménager sur le tapis. j'aimerais que tu arrêtes de te servir de notre fils pour me faire vivre avec toi. elle ferme les yeux et inspire lentement, il faut qu'elle se contrôle, qu'elle garde son sang-froid et quand elle ouvre finalement les yeux, elle agrippe le plan de travail de la cuisine. je vais y réfléchir. elle se garde bien de lui dire natalia, que c'est surtout pour leo, pas qu'elle n'aime pas celeste, c'est quelque chose de clair depuis un moment, mais vivre avec elle, c'est beaucoup. t'avais pas à te donner autant de mal, une pizza aurait été parfaite. elle hausse les épaules natalia, se contentant du peu et du plus simple et de toute façon elle n'est pas certaine d'être dans le moon pour une soirée romantique. la conversation dérive sur son travail et elle attrape un verre natalia, dévisse le bouchon de la bouteille de whisky qui se trouve dans un placard et verse la liqueur ambrée, sa bière n'étant pas assez forte pour qu'elle puisse se détendre. ouais ils étaient contents, ils ont acheté plein de cadeaux de naissance pour leo, j'ai tout laissé au bureau, je te ramène ça plus tard. le verre est avalé d'une traite alors qu'elle grimace légèrement à la sensation de brûlure dans sa gorge. mon partenaire part en retraite à la fin du mois, ils ont déjà trouvé son remplaçant, sûrement un incapable mais je vais faire avec, je m'adapte toujours. et elle la regarde, c'est intense. parce qu'elle s'est adaptée à cette situation, adaptée à celeste qui avait déjà un enfant quand elles se sont rencontrées, adaptée à la famille ultra présente de celeste qui lui donne parfois l'impression de ne pas être légitime, adaptée à un bébé. je veux qu'on fasse au plus vite les papiers de reconnaissance pour leo. j'ai déjà tout réuni, il ne manque plus que ton accord pour finaliser le tout et je veux que ce soit fait pour la fin de la semaine. c'est la flic qui parle et elle en a conscience natalia, mais elle n'y peut rien, la peur qu'on lui enlève son fils à n'importe quel moment lui bouffe l'esprit et puis y'a juste l'envie de ne plus regarder celeste dans les yeux, parce que si elle le fait, ça va mal finir.

J'étais loin de me douter que ces sujets de conversation seraient aussi difficiles et que nos avis divergeraient autant. Nous sommes différentes et nous avons élevées de deux manières différentes, mais je ne pensais pas que ce serait un obstacle pour fonder une famille. Les caméras et maintenant cette histoire de nourrice juste pour lui, je trouve cela exagéré. Mais au moins, concernant le fait que continuer cette conversation n'est pas une bonne idée, nous sommes d'accord. Alors je lui parle de ce que j'ai préparé pour nous, ce que j'ai pris plaisir à faire. Cependant, la réaction de Natalia n'est pas celle que j'espérais. Je me suis prise la tête en cuisine, pour lui faire plaisir, pour passer une soirée tranquille avec elle et c'est ce que je récolte : "une pizza aurait été parfaite". Une pizza aurait été mieux ? C'est bête de s'attarder sur de tels détails, mais depuis l'arrivée de Leo, j'ai l'impression de ne plus vraiment exister pour elle et j'essaye de faire des efforts pour que ça change. En vain. Je décide de lancer un autre sujet, pour qu'enfin les choses s'apaisent un peu, mais ça ne dure pas. Elle évoque deux choses, avant de revenir sur Leo. « Tu veux ? Donc tu dois l'avoir, c'est ça ? » C'est plus fort que moi. Jusque là, j'ai encaissé, mais je ne peux plus rester là à ne rien faire. « Tu veux ci, tu veux ça. J'ai mon mot à dire ou pas ? Depuis tout à l'heure, tu démontes chacune de mes propositions. Elles sont si mauvaises que ça ? Je suis une mauvaise mère, c'est ça ? » Ce que j'ai proposé pour Leo, c'est ce que j'ai fait avec Elliot. Alors si ce n'est pas bien là, ça ne devait pas l'être il y a quatre ans aussi. « Leo est un être humain, il n'est pas en verre : il ne se cassera pas si quelqu'un le touche. Dans sa vie, il tombera malade et il se blessera, c'est comme ça. Tu feras quoi ? Tu incendieras tout le monde ? » Il y a des choses qu'on ne peut pas contrôler, c'est comme ça. Le petit garçon ne pourra pas passer sa vie dans une bulle, que Natalia essaye à tout prix de le protéger ou pas. « Ce que je voulais, c'était une soirée avec toi, rien qu'avec toi. Mais tu n'arrives même pas à me regarder plus de trente secondes et dès qu'on parle de quelque chose, tu remets Leo sur la table. » Je me lève du canapé et récupère ce que j'ai pu amener pour le rapport en cuisine. Maintenant, ça ne vaut plus le coup. « Je te rappelle que pendant trois mois, c'est à peine si tu faisais quelque chose pour cette grossesse. » Le changement est radical et même si je trouvais ça mignon au début, je ne sais plus si c'est une bonne chose, surtout si nos avis divergent autant. « Si tu n'as pas envie d'être là, tu ferais mieux de partir. » Tout ce que je dis semble l'énerver, même quand j'essaye d'apaiser les choses. Alors si on ne veut pas que cela aille trop loin, il est peut-être mieux qu'on passe la nuit séparées.

c'est pas ce qu'elle avait en tête pour sa soirée, elle voulait juste rentrer voir celeste et leo et passer du bon temps, décompresser d'une journée à bosser sur des affaires sordides qui lui font prendre conscience du danger de ce monde. au lieu de ça, elle peut sentir chaque fibre de son être se tendre et la colère dévorer ses intestins. oui c'est exactement ça. je veux reconnaître mon fils, je veux qu'il porte aussi mon nom de famille, aux dernières nouvelles t'étais aussi d'accord avec ça ! elle ne comprend pas natalia, comment celeste peut revenir remettre en question sa volonté de reconnaître leo, comment elle peut prendre autant les choses à la légère et forcément qu'elle est agressive, qu'elle perd patience, parce qu'elle ne voit pas où est le mal. oh bien évidemment tu veux jouer la victime ! à aucun moment j'ai supposé que t'étais une mauvaise mère celeste, mais quoi, parce que t'as déjà été mère et moi non, ça fait de toi la mère parfaite ? elle lèves les mains en l'air parce que tout ce qu'elle veut natalia, c'est protéger leo, c'est de le mettre dans les meilleures dispositions et elle ne voit pas où est le mal à ça. pourtant celeste continue de pousser, continue d'alimenter le feu qui gronde en elle et ça en est trop pour elle, alors elle vient claquer ses mains sur le plan de travail de la cuisine et forcément elle élève la voix. leo n'est pas un être humain lambda, il est mon fils. j'ai décidé de passer ma vie à le protéger et si pour qu'il soit en sécurité je dois incendier le monde entier, alors je vais le faire. il va tomber de vélo, il va avoir le coeur brisé et je serais là pour le relever, pour l'aider à remonter sur son putain de vélo et pour aller menacer la vie de celui ou celle qui viendra lui faire du mal. elle l'a connu ça natalia, les menaces envers les petits amis, elle se souvient de son père qui accueillait ses prétendants avec son fusil et si à l'époque elle trouvait ça lourd et archaïque, elle comprend à présent. celeste se lève et la rejoint dans la cuisine et inconsciemment elle met au moins deux mètres de distance entre elles, parce qu'elle se connaît natalia, elle n'est pas certaine de garder le peu de nerfs qui lui restent, très longtemps. t'es plus ma priorité celeste ! et je ne devrais plus être la tienne non plus ! je suis flic et contrairement à ce que pense ton frère, je ne passe pas mes journées à coller des pv. je passe mes journées à annoncer des mauvaises nouvelles à des parents parce que leur enfant est mort ou coupable, je dois regarder la douleur dans leurs yeux, je n'ai pas le luxe de voir la vie en rose en vendant des gâteaux. et elle ferme les yeux natalia parce qu'elle regrette, parce qu'elle ne veut pas que celeste pense que son travail vaut moins que le sien, qu'il n'est pas important et elle ouvre la bouche pour s'excuser, elle s'apprête à apaiser toute la situation mais il y a les mots de celeste qui font plus mal qu'une blessure par balle. wow, t'as vraiment été sur ce terrain là hein. elle secoue la tête natalia, n'arrive pas à croire que ça a pu aller aussi loin. c'était pas réel, c'était juste une possibilité, j'allais pas m'investir dans un truc qui pouvait ne pas arriver, voilà la vérité. c'était rien. c'est devenu concret une fois que je l'ai eu dans mes bras. elle se rapproche natalia, mais c'est pas romantique, c'est pas tendre, c'est presque dangereux. j'étais amoureuse de toi et tu m'as balancé être enceinte, je devais faire quoi ? sauter de joie alors qu'on est ensemble depuis même pas un an. t'as pas le droit de me reprocher quoi que ce soit que je suis restée. parce qu'elle n'a pas hésité, malgré le fait que ça la terrorisait, elle est fière de dire qu'elle est restée natalia, sans une once d'hésitation. mais je suppose que tu t'en fous finalement, dans quatre ans tu retrouveras celui qui t'as déjà abandonné deux fois et tu lui demanderas un autre gosse, c'est comme ça que tu fonctionnes non ? parce qu'elle sait faire mal aussi natalia, parce que c'est comme ça qu'elle a quitté adrian, c'est pour ça qu'avant celeste, elle pensait finir seule. non à ce moment précis, je n'ai pas envie d'être avec toi, en fait j'ai envie de tout sauf d'être dans le même espace que toi. et elle fait deux pas en arrière natalia, attrape sa veste et s'apprête à partir mais il y a leo qui se met à hurler, alors elle ferme les yeux et soupire, longuement. je m'en occupe, à moins que pour ça aussi j'ai besoin de ton autorisation ?! et après un dernier regard, elle se rend dans la chambre de son fils afin de calmer ses pleurs.

La soirée que je prévoyais agréable tourne doucement au cauchemar. C'est indéniable, notre avis diverge sur plusieurs sujets. Néanmoins, nous nous retrouvons sur un point : le bonheur et le bien-être de Leo. Si Natalia veut qu'il soit gardé seul pour qu'une personne se consacre sur lui, je pense plutôt qu'il est préférable qu'il soit entouré d'autres enfants. Ce sont des détails que nous n'avions pas évoqués encore, sûrement prises de court par ce déni de grossesse qui nous a privé de plusieurs mois précieux. « Notre. C'est notre fils. » Depuis tout à l'heure, la jeune femme utilise rarement ce pronom, lui préférant le "mon". Nous sommes deux, Natalia doit le comprendre. Mais moi aussi. Même si je suis déjà la mère d'Elliot, c'est différent aujourd'hui. Pour lui, j'étais seule, Archie n'intervenait pas dans mes décisions. Alors maintenant, je dois apprendre à élever un enfant à deux, à prendre les envies de ma petite amie en considération et à discuter sur divers sujets pour arriver à se mettre d'accord sur un milieu d'entente. Lorsque la brune évoque la notion de priorité, je balance légèrement la tête de gauche à droite. Ce n'est pas de cela qu'il est question ce soir. Bien sûr que mes enfants passeront toujours en premier, mais je ne suis pas qu'une mère et ce soir, j'espérais pouvoir profiter d'un début de soirée calme pour me retrouver avec elle. Depuis l'accouchement, nous n'avons pas vraiment eu de moment rien que toutes les deux. Énervée, je peux comprendre certains de ses reproches, mais lorsqu'elle évoque mon boulot au café, je prends cela pour de la méchanceté gratuite. Je ne faisais pas cela avant, je ne passais pas mes journées à simplement vendre des gâteaux, mais j'ai quitté mon boulot pour pouvoir élever Elliot, pour ne pas passer mes journées au travail, à finir à pas d'heures, et pour pouvoir le voir grandir. Ce choix, si j'avais à le faire de nouveau, je le referais. Mais elle ne peut pas s’en servir contre moi, pas comme ça. Vient alors la discussion au sujet de la grossesse. « Je ne t’ai jamais forcé la main. Tu serais partie, je ne te l’aurais pas reproché. » Ce n’était pas ce que je voulais et ce n’est toujours pas ce que je veux. Mais peut on vraiment blâmer quelqu’un dans une telle situation ? Leo est arrivé comme ça, sans que je m’y attende et sans que j’ai la possibilité de faire quoique ce soit vis-à-vis de cette grossesse. Pour quelqu’un qui ne veut pas d’enfant, ou même pour quelqu’un qui en veut finalement, quand cela arrive au début d’une relation, c’est effrayant. Sans promesse faites, un enfant vient créer un lien pour toujours. Alors que je pensais que les choses ne pouvaient pas s’empirer, Natalia évoque ce qui est arrivé avec Archie, à deux reprises. Alors quoi ? Je suis une traînée à ses yeux, c’est ça ? C’est vraiment comme cela qu’elle me voit ? Bien qu’elle soit énervée, je ne suis pas certaine que ses mots soient justes. Mon histoire avec Archie n’est pas simple, mais à aucun moment j’ai calculé ce qu’il s’est passé. J’étais amoureuse de lui et naïvement, j’ai cru qu’il changerait pour moi, qu’il quitterait sa femme. Cette aventure en juin était une erreur, la dernière avec lui. Alors qu’elle s’apprête à partir, Leo se met à pleurer et la jeune femme monte pour s’en occuper. J’ai passé la journée avec le petit garçon, elle est en droit de s’en occuper maintenant, pour profiter au maximum de lui. « Fais chier. » Je pousse les objets posés sur le plan de travail. Les verres s’entrechoquent, mais rien ne casse. « Maman ? » À cette petite voix endormie, je me retourne. « Leo m’a réveillé. » « Ce n’est rien mon chat, viens. » Je m’approche de lui, me baisse et lui ouvre les bras. Le garçon vient se blottir contre moi. Son corps contre le mien et son odeur m’apaisent. Je commence doucement à marcher, le balançant pour le bercer. Sa nuit a été coupée, mais avec un peu de chance, il se rendormira très vite. Après de longues minutes, Natalia finit par redescendre. « Il dort ? » Il n’est pas avec elle et il ne fait pas de bruit, alors je suppose que oui. « Je vais aller recoucher Elliot. Tu peux rentrer chez toi. » Elle ne voulait pas rester ici tout à l’heure et après ce qui a été dit, je ne suis pas sûre de le vouloir non plus. « C’est mieux que tu partes. Pour ce soir au moins. » Nous n’avons plus rien à nous dire, pas tout de suite. Nous avons besoin de prendre nos distances et de nous calmer un peu. « Je t’enverrais un message demain pour te dire comment s’est passée la nuit. » Pas la mienne bien sûr, celle de Leo. S’il se réveille ou non, s’il mange bien ou pas. Le genre de détails qui comptent pour un nourrisson.