you're not fine ; spencer & rosemonde

Il a cruellement besoin de se changer les idées. Surtout depuis qu’il sait qu’il a rechuté. Qu’il sait qu’il n’a que peu de chance de survie. Son nouveau traitement ne se passe pas aussi bien que la première fois. Autant il y a deux ans, il n’a presque pas eu d’effets secondaires. Autant qu’ici on peut dire que c’est tout l’inverse. Il vient déjà d’avoir sa seconde chimiothérapie. Ne supportant pas cette dernière, il ne mange presque plus sinon il régurgite tout aussitôt. Il doit boire minimum un litre et demi d’eau par jour mais en réalité s’il prend deux verres sur la journée c’est un miracle. Inutile donc de préciser que sa thérapie commence déjà à attaquer ses reins. Plus les jours et ses semaines passent et plus il s’affaiblit. S’il force trop, il a du mal à tenir sur ses jambes. Il le sait. Pourtant rien n’empêche Spencer de faire ce qu’il veut. Têtu vous dites ? Mais non pas du tout ! Ce n’est qu’une impression voyons ! Disons qu’il est toujours à tester ses propres limites. Il refuse de se montrer faible. Quitte à se sentir mal par la suite. Peu importe ! Du moment que personne ne s’aperçoive de rien. Qu’il souffre en silence sans embêter qui que ce soit.

L’année passée, il avait aimé présenter son métier devant les élèves de sa petite sœur. Alors lorsque cette dernière lui a demandé de refaire un topo à sa nouvelle classe, Cooper n’a pas su dire non. Sortir. Prendre l’air. Voir du monde. Il a besoin de ça oui. Et pas uniquement de faire les allers et retours entre chez lui et l’hôpital. L’artiste en a plus marre de rester enfermé entre quatre murs. Il préfère délaisser son tuyau d’oxygène en faveur de la brise automnale. Il sait qu’il ne doit pas quitter bien longtemps sa bouteille d’oxygène. Mais encore une fois, il refuse de se montrer malade face aux gens. Surtout face à des enfants qui ne comprendront pas pourquoi il se balade avec un petit chariot dans lequel se trouve une petite bonbonne et un tuyau reliant cette dernière à son nez. Même Caitlin ignore qu’il est en insuffisance respiratoire. Seules l’équipe médicale qui le suit et sa petite amie le savent. Spencer minimise la gravité de son état de santé à l’extrême.

Il a une sale tête. Il est épuisé. Mais il a par miracle réussi à faire son intervention. Cette fois-ci Spencer avait demandé à Caitlin d’imprimer des feuilles et de les distribuer à ses élèves. Ces derniers devaient faire une caricature de leur maîtresse avec les instructions données sur le polycopié. Ce qui avait donné quelque chose de plutôt sympathique et amusant à la fois. Les enfants aimaient Caitlin et cela se voyait dans le travail qu’ils ont rendu. Ce qui avait donné le sourire à la jeune femme et du baume au cœur à son demi-frère par la même occasion.

L’intervention finie et les enfants repartis chez eux, place au débriefing. Spencer commence à se sentir de plus en plus mal. Il se sent obligé de se pencher légèrement en avant pour se tenir d’une main à la table et de l’autre sa tempe. Sa tête tourne. Il entend sa sœur lui parler mais d’un coup elle lui semble bien lointaine. Elle l’agrippe et l’aide à s’installer sur une chaise. Caitlin s’éloigne. Elle part sans doute chercher de l’aide. En fait il ne s’en préoccupe pas. Il ne le remarque pas vraiment. Il n’est plus en état de penser à quoique ce soit. Il se sent partir. Spencer essaye dans un dernier effort de se relever mais au lieu de ça il tombe de tout son long. Faisant du vacarme lors de sa chute avec la table qui a bougé et la chaise qui l’a suivi lors de sa rencontre brutale avec le sol. Sa respiration est faible. Il s’est ouvert l’arcade. Il est inconscient.

Elle est assise dans le fond de son siège, regardant les arbres dans la cours se balançaient au grès du vent. Elle est lessivé. Complètement lessivé, elle aurait du se faire porter malade, mais son éthique de médecin lui à interdit de le faire.

Elle avoue que la journée commence sincèrement à être longue. Le réveil fut compliquer et long, le cauchemars encore coller entre les parois de son cerveaux et les yeux collées pour les larmes, elle ne voulait pas se lever, juste comater dans son lit, sous les draps, là ou rien ne peut lui arriver. Juste se tapir hors de se monde, qu'il lui a tellement pris. C'est trop dure depuis ce matin. Le poids qui repose sur ses épaules semble encore plus lourd.
Mais ce n'était pas possible, alors elle a avaler comme elle a pu son petit déjeuner à la vas vite, son estomac criant à la torture, elle n'a même pas eu le temps d'aller courir, ni le temps de faire le tour de sa maison.

La fatigue tirant les traits de son visages, elle se regarde dans la glace qui se situe au dessus du lavabos, effectivement elle n'a pas bonne mine, elle espère juste que les enfants n'auront pas peur d'elle si ils la voient.
Tout ce qu'elle veut maintenant c'est une distraction assez importante pour que son cerveaux cesse son activité. Quelque chose qui l'éloigne des souvenirs de son cauchemars encore clairement présent sous ses yeux.
Elle ouvre le robinet et s'asperge plusieurs fois le visage pour se redonner contenance mais elles est n'est pas vraiment sur de l'utilité.

Et alors qu'elle éponge ses yeux d'une serviette qui semble avoir vécue des jours meilleurs, dans un mouvement brusque Caitlin apparait avec ses grands yeux de biche à sa porte et un sourire au lèvre, un peut inquiète.

"Ah Rose ! T'es là !" La jeune jemme soupire. "J'vais avoir besoin de toi. Mon frère qui a fait une intervention dans sa classe va pas très bien. Tu peux venir ?"

Rose pose la serviette sur le rebord du lavabo et cligne des yeux, elle se racle la gorge pour répondre.

" Où est-il ??? Est ce qu'il est tout seul ??? J'arrive, deux minutes et je suis tout à toi"

Voilà quelque chose qui va pouvoir l'éloigner de l'orage qui s'annonce au fond d'elle. Elle attrape son matériel qui traine sur la table au milieu de la pièce et rejoins sa collègue qui l'attend dans le couloir.

Caitlin ne connait que peu de détails sur l’état de santé de son frangin. Pourquoi ? Tout simplement parce que Cooper n’est pas du genre à se plaindre. L’institutrice a dû les tirer les vers du nez pour lui faire avouer qu’il est malade. Elle sait qu’il souffre d’un cancer en revanche elle ignore la gravité de la situation. Elle sait qu’il se fait hospitaliser régulièrement pour avoir sa chimio. En revanche comme elle le voit rarement après ses sorties d’hôpital, elle ignore à quel point il ne supporte pas son traitement. Pendant ses séjours au service oncologie, Spencer ne s’alimente pas car il ne supporte ni la vue ni l’odeur des aliments. Il régurgite aussitôt. Bon en même temps il faut bien avouer qu’il ne faut pas être difficile pour aimer les repas d’hôpital ! Le patient doit donc être alimenté par perfusions de glucose et de vitamines afin de tenir le coup. Il a déjà perdu pas mal de poids et a le teint terne. Il commence à perdre ses cheveux. Cependant ce fait n’est pas encore flagrant. La chimio ne faisant pas le travail espéré, le jeune homme a appris lors de sa séance qu’il doit se faire opérer. Seule sa petite amie est au courant car les médecins lui en ont parlé. Spencer avait l’intention d’en toucher deux mots à sa sœur. Enfin… Un jour peut-être ! Le connaissant très certainement après que l’opération aura lieu s’il s’en sort…

En attendant les malaises se font de plus en plus courants. Se sentant de plus en plus faible, le trentenaire avait déjà prévenu Caitlin qu’il ferait une intervention auprès des élèves beaucoup plus courte que la première fois. Il espérait quand même pouvoir rentrer chez lui sans encombre. Une fois encore il fait preuve d’une naïveté déconcertante ! Il se sent mal et d’un coup c’est le trou noir…

Un certain laps de temps s’écoule. Peut-être une simple minute ou deux. Peut-être plus. Il l’ignore. Lorsqu’il rouvre les yeux, il aperçoit deux silhouettes féminines. Une personne qu’il ne reconnait pas. Puis Caitlin. Elle lui tient la main pendant que l’autre femme s’occupe de… De le soigner apparemment. Elle est en train de panser une blessure au niveau de son front. Il a mal au crâne. Mais ce n’est pas ce qui le chagrine le plus. Le visage de sa sœur… Cette frayeur et cette inquiétude dans ses yeux… Oh non il ne se pardonnera jamais ce qu’il vient de faire à sa petite sœur ! Sentant la main de cette dernière dans la sienne, il la resserre légèrement avant de la lâcher. Il se redresse non sans mal pour étreindre Caitlin lui murmurant à l’oreille. « Pardon… » Les deux femmes l’aident à se relever et à l’asseoir sur une chaise.