Masquerade | Roman

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Roman & Jody

Masquerade

Ouvrant tant bien que mal la porte d’entrée de la maison, Jody la referma à l’aide de son pied et déposa son sac de travail dans le hall d’entrée. « Hellooo ! Je suis rentrée. » Lança-t-elle joyeusement, sans recevoir de réponse. Peut-être que personne ne l’avait entendue. Les bras chargés, elle se dirigea ensuite dans la cuisine où elle déposa son sachet rempli de courses sur une des armoires. Après sa journée de consultations, la kinésithérapeute était repassée par le supermarché pour acheter de quoi remplir le frigo pour le week-end. Sur le chemin, elle avait aussi effectué un petit détour indispensable par la pharmacie du coin. Récemment, la brune nourrissait des inquiétudes sur lesquelles elle avait besoin d’obtenir des réponses destinées à les lui confirmer ou au contraire à la rassurer. Contente d’être enfin rentrée chez elle, Jody retira sa veste et la déposa sur le dossier d’une des chaises de la cuisine. Ce n’était pas une maniaque du rangement à la seconde près, et heureusement dans une maison où les jouets d’enfants débordaient. Au fil des mois, ils avaient tous développé leurs habitudes dans ce petit cocon et la jeune femme avait progressivement trouvé sa place, entente qu’elle partageait à la fois avec les enfants et la mère du pompier. Contournant l’armoire, elle se rapprocha de son petit-ami, justeent occupé à préparer le repas sur le plan travail. Dans son dos, la jolie brune se pressa contre lui et passa les bras autour de sa taille, l’enlaçant dans une tendre étreinte. « Heyyy ! On va enfin pouvoir profiter d’un long week-end. » D’après ce qu’elle avait compris, les deux prochains jours, le lieutenant n’était pas de garde, alors le couple et les enfants pourraient partager du temps tous ensemble. Faire des jeux, aller se promener, profiter des derniers jours de beau temps. « Ta journée s’est bien passée ? » Roman continuait de s’affairer, paraissant peu réceptif à ses marques d’affection. Jody ne releva pas spécialement, probablement concentré comme il l’était à sa préparation. Se détachant de son dos, elle se dirigea vers le sachet de courses et le déballa afin de ranger les aliments qui devaient aller au frais dans le frigo. « J’ai ramené des fraises pour le petit-déjeuner demain. » Une bonne dose de vitamines ne ferait pas de mal pour bien commencer la journée.

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Depuis son départ de la caserne, Roman ne pouvait s'empêcher de ruminer. Ce qu'il avait entendu au détour d'un couloir ne lui plaisait pas et pour cause, il avait surpris plusieurs de ses collègues en train de parler d'un rendez-vous entre Jody et Josh. Sa petite amie et son collègue. Son collègue qui est d'ailleurs accessoirement le petit ami de sa sœur. Le pompier n'en avait pas entendu beaucoup, mais cela avait été suffisant pour le contrarier le reste de la journée. Et heureusement pour l'ambulancier, ainsi que pour le reste de la caserne, il n'avait pas eu à le croiser pour la fin de sa garde, sinon, il était certain que les choses se seraient mal passées. Les enfants récupérés de la garderie et de l'école, il les laissa vaguer à leurs occupations une fois arrivés à la maison. Lui, il allait s'occuper du repas pour le soir. La tête remplie de beaucoup de pensées, presque toutes négatives, il devait s'occuper les mains pour éviter de complètement dérailler. Ce qu'il avait avec la jeune était sincère, pour lui au moins et il n'arrivait pas à croire à quel point il s'était fait berner. Alors que les enfants jouent tranquillement dans le salon, surveillé de loin par Roman qui cuisine, Jody arrive à son tour à la maison, après sa journée de travail. Aussi surprenant que cela puisse l'être, Roméo et Louise sont concentrés dans ce qu'ils font et n'accordent presque aucune importante à la brune. Elle traverse la pièce et déposa son sac, avant de venir se blottir contre le pompier. « Heyyy ! On va enfin pouvoir profiter d’un long week-end. » Presque naturellement, sa mâchoire se serre. Elle agit comme si rien ne s’était passé, comme si tout était normal et cela a tendance à énerver Roman. Mais il y a les enfants, alors il se contient. « Ta journée s’est bien passée ? » « Super. » Un seul mot, rien de plus. Même pas de question en retour pour savoir comment ça s’est passé pour elle. Finalement, il est difficile pour lui de jouer la comédie : il ne peut pas cacher que quelque chose ne va pas. « J’ai ramené des fraises pour le petit-déjeuner demain. » « DES FRAISES ! » Là, Roméo réagit. Ce petit garçon est un grand fan du fruit rouge. Difficile de le blâmer et puis, c’est un fruit, c’est plutôt un exploit qu’il demande à en manger. « Roméo, c’est pour demain. » « Juste une ! S’il te plaît. » Il lance l’un de ses regards à son père, celui qui le fait habituellement craquer. Mais pas ce soir. « Nous allons bientôt manger. » C’est une excuse comme une autre et elle est plutôt valable. Grignoter à ce moment de la journée, ce n’est pas une bonne idée. « D’ailleurs, j’ai sorti les assiettes et les couverts. Tu pourrais mettre la table, s’il te plaît. » Mécontent de la réponse de son père, Roméo s’éloigne la tête basse pour lui obéir. Ce n’était pas un non catégorique, juste un "pas maintenant". « Est-ce que tu as parlé à Josh récemment ? » Roman ne pourra pas se retenir très longtemps, alors autant aller droit au but.

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Occupée à ranger les courses dans le frigo et les placards, Jody ne remarqua pas tout de suite la tension électrique qui émanait de son petit-ami. Lorsqu’elle sortit les raviers de fraises du sac et qu’elle évoqua le mot magique, Roméo quitta ses jeux et rappliqua aussi vite dans la cuisine pour en avoir une. « Et si tu venais me dire bonjour d’abord. » Répondit la kiné en souriant et en se penchant pour avoir son bisou habituel, celui qui marquait son retour à la maison. Roméo l’approcha et lui colla un baiser affectueux et un peu baveux sur le derme, suivi d’une petite accolade entre la jeune femme et l’enfant. Jody s’apprêtait à lui donner le fruit tant espéré, mais son père refusa d’une voix ferme, sous prétexte que le repas était bientôt prêt. Surprise par le ton, la kiné releva les yeux vers le pompier, persuadée qu’il refusait pour la forme et céderait au regard attendrissant de son fils. Mais, rien n’y fit. Inflexible, Roman demanda plutôt au petit garçon de mettre la table. La façon dont il avait répondu obligea Jody à arrondir les angles. « Ce n’est rien, mon grand, ça en fera plus dans ton assiette demain. » Elle lui adressa un petit clin d’œil destiné à lui rendre le sourire, puis Roméo partit exécuter la demande de son père. Même si Jody n’abondait pas dans le sens de Roman, elle ne l’aurait pas contredit devant son fils. « Pourquoi tu lui as répondu comme ça ? » Plus que le refus en lui-même, c’était la fermeté du ton employé qui l’avait surprise. Au fil des minutes, Jody se rendait progressivement compte que quelque n’allait pas. Roman ne semblait pas dans son assiette mais elle préféra ne pas relever tout de suite. Sans transition, il lui parla alors de Josh. Comme la kinésithérapeute échangeait avec son ami pratiquement tous les jours, elle était à mille lieues de penser que le pompier avait découvert pour leurs rencontres « secrètes ». Au contraire, il y avait un autre sujet de conversation qui lui venait à l’esprit en premier. « Oui, je l’ai eu hier au téléphone. Savannah et lui envisageaient de nous inviter prochainement, pour une après-midi tous les quatre avec les enfants. Il t’en a parlé aujourd’hui ? » Vu leur journée remplie hier, elle avait oublié d’en parler à Roman le soir mais ce n’était pas si grave puisque rien d’officiel n’avait encore été fixé par les principaux concernés, juste une proposition glissée sur le fil. Le sac de courses désormais vide, Jody jeta un coup d’œil dans le salon pour vérifier que tout se passait bien du côté des enfants. Louise jouait tranquillement, Roméo terminait de mettre la table. Elle rigola un peu avec eux, puis retourna dans la cuisine. « Tu as besoin d’aide pour terminer ? » Face à l’air froid – pour ne pas dire glacial du pompier – Jody décida de mettre les pieds dans le plat. Si quelque chose n’allait pas, elle était là pour lui. Distiller la mauvaise humeur dans la maison ne résoudrait pas le problème qui le préoccupait. « Tout va bien ? Tu as eu une mauvaise journée au boulot ? » Depuis le début de leur relation, Jody n’avait jamais vu Roman aussi contrarié, à l’exception de ce qui touchait la santé de ses enfants. A moins que… à moins qu’il n’ait découvert pour ses retards ? Le stress envahit la jeune femme. Angoissée à ce sujet, elle n’avait pas osé partager ses doutes avec son petit-ami, préférant être sûre avant d’évoquer une possibilité troublante. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle avait fait un détour par la pharmacie avant de rentrer ; pour aller chercher un test qui se trouvait dans le fond de son sac à main.

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Roméo n’a rien fait de mal. Il a été sage depuis son arrivée à la maison et aux dernières nouvelles, être gourmand n’est pas un crime. Mais la journée du pompier influence la manière dont il répond à son fils. En réalité, il ne pensait même pas être aussi dur avec son refus. C’est seulement le regard de sa petite amie qu’il sent sur lui qui lui fait comprendre cela. « Ce n’est rien, mon grand, ça en fera plus dans ton assiette demain. » Ne voulant pas que le petit garçon le prenne personnellement, la brune permet d’éviter une crise. Lorsqu’il s’éloigne pour mettre la table comme demandé, Jody s’adresse alors à Roman. « Pourquoi tu lui as répondu comme ça ? » Il hausse légèrement les épaules. Il n’a pas de raison valable à lui donner, pas sans s’énerver sur elle. Alors il choisit de garder le silence, pour l’instant. Mais cela ne dure pas très longtemps, doucement, il s’intéresse à Josh, à ce qu’il a pu entendre à la caserne. Il n’avait pas à l’apprendre comme cela. Cependant, il laisse une chance à Jody de lui donner une explication. « Oui, je l’ai eu hier au téléphone. Savannah et lui envisageaient de nous inviter prochainement, pour une après-midi tous les quatre avec les enfants. Il t’en a parlé aujourd’hui ? » Le pompier soupire légèrement, ce n’est pas ce qu’il espérait. « Josh et moi, nous ne parlons plus vraiment. » Pas depuis Savannah, pas depuis qu’il sait que son collègue sort avec sa petite sœur dans son dos. Ils étaient amis et maintenant, ils ne se parlent plus que dans le cadre de leur travail. Avec le temps, ça se serait peut-être amélioré. Enfin non. Pas maintenant, pas après ce que Roman a appris. « Tu as besoin d’aide pour terminer ? » D’un signe de la tête, il lui indique que c’est bon : il a bientôt terminé. « Tout va bien ? Tu as eu une mauvaise journée au boulot ? » Pendant de longues secondes, il réfléchit. Quoi dire, comment le dire. Le pompier l'ignore, mais il ne peut pas rester là, sans rien faire, toute cette histoire est en train de le ronger de l'intérieur. « Josh et moi ne parlons pas, mais les autres oui. » Ça fait beaucoup d'informations et en même temps, très peu. Ça peut vouloir dire beaucoup de choses, alors il finit par préciser où il veut en venir. « Tu le vois dans mon dos ? » Là, il n'y a pas plus direct. Même si encore une fois, l'interprétation possible n'est pas forcément celle attendue. Sans même lui répondre, Roman voit à travers le regard de la brune que ce qu'il a entendu est vrai. « Pourquoi ? Je pensais que nous étions bien ensemble. » Pour lui, Jody et Josh entretiennent une relation intime, d'où ses interrogations. « On ne devrait pas en parler là, pas maintenant. » Il sait que les choses vont dégénérer, il sait qu'il va s'énerver et c'est peut-être mieux pour les enfants qu'ils le fassent quand ils ne seront plus là. « A table, c'est prêt ! » Il amène la casserole sur la table, avant d'aller voir Louise qui est restée accrochée à son jeu. Lorsqu'elle le voit s'approcher, elle se cache, riant aux éclats par la même occasion. « Tu te caches ? Tu dois manger si tu veux devenir grande, allez viens. » Il rigole à son tour et la chatouille avant de la prendre dans ses bras. Durant ce temps, il oublie ce qui plane au-dessus de lui. Roman installe sa fille dans son siège et sert à tout le monde une part du repas qu'il a cuisiné.

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La première question de Roman à propos de Josh n’avait pas mis Jody sur la piste, pourtant le problème du pompier vis-à-vis de son collègue ne datait pas d’hier. Il s’était accru depuis que l’ambulancier fréquentait sa sœur, comme le lieutenant l’avoua à demi-mot. Depuis la pendaison de crémaillère, le fossé entre Josh et lui s’était étendu : ils ne parlaient plus beaucoup. Mais, la kiné ne se rendait pas compte à quel point son petit ami imaginait des scénarios loufoques. « Pourquoi ? Tes craintes n’ont pas évolué le concernant ? » Ce que Jody trouvait dommage mais Roman était un grand frère inquiet pour sa sœur, alors ce n’était pas son rôle de remettre en question la façon dont il veillait sur un membre de sa famille. Simplement, la relation entre Savannah et Josh perdurait, ce n’était pas une passade, alors la kiné avait cru que la situation évoluerait dans le bon sens entre les deux collègues. Apparemment, non. La brune offrit ensuite son aide pour la cuisine mais Roman avait bientôt terminé. Face à l’atmosphère étrange qui régnait, Jody se demanda si tout s’était bien passé pendant la journée du pompier. Une intervention difficile ? Des tensions entre collègues ? Un malentendu ? De nouveau, Roman reparla de Josh. La jeune femme ne comprenait toujours pas où il voulait en venir jusqu’à ce qu’il mentionne qu’elle voyait Josh dans son dos. Le regard de Jody changea. Mais ce que le pompier interpréta comme une « faute » était plutôt de l’étonnement et un mode panique qu’une personne maladroite ait « cafté » la surprise qui était en préparation. Qui avait eu la bonne idée d’évoquer ses rencontres avec Josh devant lui ? L’effet de surprise risquait de tomber à l’eau. Empourprée -pour des raisons différentes de ce que Roman croyait – Jody se mordilla la lèvre inférieure à la recherche d’une explication plausible. Sauf que les mots que son petit-ami lui balança ensuite la rendirent interloquée. Je croyais que nous étions bien ensemble. « Quoi ? Je ne comprends pas. » Pourquoi lui disait-il une telle chose et sur un ton accusateur ? Qu’avait-il bien pu entendre à la caserne ? Était-il fâché contre elle pour une surprise ? C’était le principe, de ne pas en parler. Pas le temps d’en savoir plus. Roman écourta la conversation et annonça que le repas était prêt. Perturbée, Jody prit place à table avec Roméo pendant que le pompier s’occupa de sa fille. « Et toi, qu’as-tu fait de beau à l’école aujourd’hui ? » Cette semaine, il lui avait parlé des premiers calculs qu’il apprenait, de son institutrice rigolote et des courses-poursuites entre élèves dans la cour de récré. Oh oui, le garçon adorait courir partout et se salir, c’était propre à son âge. « Ton grand copain est revenu ? » Un des amis de Roméo était tombé malade et s’était absenté quelques jours, ce qui avait bousculé le fils de Roman dans ses habitudes. Parler au petit garçon permettait de détourner l’attention des enfants de l’ambiance étrange qui planait entre les deux adultes. « Bon appétit ! » Le regard de Jody croisa discrètement celui de Roman. Une foule de questions se bousculait sur ses lèvres, mais elle les gardait pour plus tard aussi. La suite du repas se déroula dans un calme relatif, principalement animé par les enfants. Heureusement, Louise et Roméo ne se montrèrent pas difficiles par rapport à la nourriture et tout le monde termina à son rythme. A peine la table débarrassée, Roméo demanda aux grands de venir jouer un peu avec lui. La vaisselle et les autres corvées pouvaient attendre un peu. Passer des moments en famille, c’était important aussi. La kiné le suivit dans le salon, où Roméo lui passa des feutres et s’improvisa professeur de dessin. Premier moment de détente de la journée.

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Roman essaye de parler, d’expliquer ce qui le ronge. Cependant, mettre des mots sur ce qu’il a entendu est compliqué pour lui. Rester dans le flou est sûrement la meilleure des solutions, surtout que les explications doivent venir d’elle et non de lui. « Pourquoi ? Tes craintes n’ont pas évolué le concernant ? » En quoi est-ce qu’elles évolueraient ? Josh et lui étaient amis, c’est vrai. Mais c’est du passé maintenant. Avec Savannah et maintenant avec cette histoire, les choses ne risquent pas de s’améliorer. « Quoi ? Je ne comprends pas. » Des deux adultes présents dans cette pièce, c’est pourtant elle qui connaît toute la vérité. Une vérité bien différente de celle qu’imagine Roman, c’est de là que vient la confusion, mais pour l’instant il l’ignore. Pour lui, elle cherche simplement à gagner du temps, à se trouver des excuses et cela a tendance à l’énerver un peu plus. Il ne comprend pas et tous les films qu’il est en train de se faire n’aident pas. Mais les enfants sont là et ils ne méritent pas ça, la soirée est encore longue, ils auront le temps d’en parler un peu plus tard. La préparation du repas terminée, Roman appelle tout le monde à table. La petite dernière se fait désirer, alors son père va la chercher pendant qu’une discussion commence entre son fils et la brune. La petite fille installée dans son siège, le pompier s’assoit face à son assiette et commence à servir tout le monde. « Bon appétit ! » « Bon appétit. » Enchaîne-t-il à son tour, comme ils en ont l’habitude à chacun de leurs repas à quatre. Il a beau être tendu ou encore énervé, il est nécessaire que les enfants gardent leur routine. Durant de longue minute, il reste silencieux, se contentant de manger et d’écouter ce qui se dit à table. Ce moment est l’un des rares où les deux enfants peuvent s’exprimer librement, où ils ont la sensation d’être écoutés, d’être au centre du monde. Le repas terminé, il se lève et débarrasse, déposant toutes les assiettes et les couverts dans l’évier. Roméo attire Jody dans la salon pour jouer avec lui. Le petit garçon a encore un peu de temps avant d’aller se coucher et il veut en profiter pleinement. Roman, quant à lui, décide de s’occuper de Louise. Elle est plus jeune et forcément, elle fatigue plus vite. Il prend la petite fille dans ses bras et l’emmène dans sa chambre. Il nettoie son visage, enlevant ainsi les morceaux du repas qui ont trouvé place sur ses joues. Après cela, il retire ses vêtements et lui enfile son pyjama. Loin des deux autres habitants de cette maison, Roman décide de lui lire une histoire pour calmer un peu son excitation du soir. Après plus de quinze minutes tous les deux, ils retournent dans le salon. « C’est l’heure pour cette demoiselle d’aller dormir. » Elle s’avance vers son frère et sa belle-mère et dépose un baiser, un peu baveux, sur leurs joues. « Bonne nuit Louise ! » Retour à la chambre désormais. Roman allonge sa fille et reste à côté d’elle pour lui lire une nouvelle histoire. Une fois terminée, il allume une veilleuse, éteint la lumière principale et quitte la pièce. De retour dans la zone de vie de la maison, voyant que Jody et Roméo s’amusent bien tous les deux, il décide de se lancer dans la vaisselle. Ce sera ça de gagné pour plus tard et ça permettra à Roman de rester loin de sa petite amie, loin de la colère qui le ronge. Passant un bon moment à deux, Roméo demande à ce que ce soit la jeune femme qui aille le coucher. Sa proposition est bien sûr acceptée et alors qu’ils parent tous les deux, le pompier s’occupe maintenant de nettoyer la table.

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Malgré le report de la conversation à plus tard, Jody sentait le regard inquisiteur de Roman peser sur elle. Il paraissait énervé et elle n’avait toujours pas réussi à en comprendre la raison exacte. Une foule de questions se bousculaient contre ses lèvres et elle se faisait violence pour se retenir devant les enfants, préférant profiter des moments avec eux plutôt que de se triturer l’esprit en vain. La dernière phrase de Roman par rapport à leur couple l’avait rendue confuse et elle se demandait s’il n’était pas au courant des craintes qu’elle avait gardé pour elle. Mais Jody en doutait, car toutes les questions de son petit ami s’étaient orientées autour de Josh. Il avait entendu des rumeurs à la caserne et elle était donc persuadée qu’il avait découvert pour la surprise. Était-il donc fâché contre ses collègues pour avoir craché le morceau ? Dans ce cas, la réaction lui semblait disproportionnée. Le pompier détestait-il les fêtes organisées à ce point ? Jody pouvait encore tout annuler. Pas besoin d’en vouloir à Josh qui l’avait gentiment aidée, c’était son idée à elle. Bien sûr, la kinésithérapeute était loin du compte. Un quiproquo se jouait dangereusement dans la pièce, mettant en exergue un problème bien plus profond au sein de leur couple, un problème que Jody découvrirait très vite. A table, elle fit abstraction des tensions et s’intéressa à Roméo, parvenant à oublier ce qui la préoccupait le temps du repas. Enjoué, le petit garçon lui raconta sa journée, heureux d’avoir retrouvé son meilleur copain. Roman, lui, était resté particulièrement silencieux. Le souper terminé et la table débarrassée, Jody rejoignit Roméo dans le salon pendant que Roman partit s’occuper de Louise. Recevant des feutres de couleur de la part de son beau-fils, la jeune femme se prêta au jeu d’un cours de dessin. La plupart des membres de la famille Jenkins étaient dotés d’une fibre artistique. Jody avait développé un goût pour la photographie et la musique au travers de la pratique du piano, le dessin étant plutôt la corde sur l’arc de ses deux grands frères. Toutefois, elle se débrouillait et elle s’amusa à faire deviner des animaux à son professeur improvisé. Tous les deux rigolèrent à s’en travailler les abdos. Finalement, la kiné attira Roméo contre elle et le chatouilla gentiment, transformant cet instant de rigolade en bataille de genoux, conclue par un tendre câlin du garçon contre elle. Au même moment, Louise et Roman reparurent dans la pièce. Il était temps pour Louise d’aller dormir. « Bonne nuit, ma chérie. » Jody déposa un bisou sur la joue de la petite et la serra brièvement contre elle. Son père s’occupa ensuite d’aller la coucher pendant qu’elle continuait de jouer un peu avec Roméo. Occupée qu’elle était avec lui, la benjamine Jenkins ne remarqua pas immédiatement que Roman était reparti en cuisine. Ce n’est qu’un peu plus tard, au moment d’accompagner le garçon dans sa chambre et où il souhaita bonne nuit à son père, qu’elle s’en rendit compte et songea que la discussion promettait d’être animée. Jody emmena donc Roméo dans la salle de bain où il se brossa les dents. Pendant qu’il rinçait son visage, la kinésithérapeute partit remettre la couverture de son lit correctement. Il avait appris à le faire mais elle s’occupait ainsi pendant qu’il terminait. Roméo la rejoignit ensuite dans la chambre. Jody l’aida à enfiler son haut de pyjama puis il choisit une histoire dans sa bibliothèque, un livre d’aventures sur les pirates. Il grandissait mais il aimait encore avoir son père ou sa belle-mère quelques minutes avec lui pour l’aider à s’endormir. L’histoire achevée et Roméo couché, Jody revint ensuite dans la pièce de vie où le regard de Roman en disait déjà suffisamment long : la discussion qui l’attendait n’aurait rien d’une partie de plaisir. Comme il avait déjà terminé la vaisselle et les autres corvées, elle se risqua à relancer le sujet. « A présent, je t’écoute. Qu’essayais-tu de me dire tout à l’heure ? »

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Roman n'est pas l'homme le plus bavard de la Terre, mais là, il l'est encore moins, ça témoigne de la tension qui existe dans la pièce. Il y a encore quelques heures, se tenir debout près de Jody était un plaisir, pourtant maintenant, il a juste envie de fuir. Fuir pour ne pas entendre que leur relation est terminée. Mais une fois les enfants couchés, il n'y a plus d'échappatoire. Le dos appuyé contre l'un des meubles de la cuisine, le pompier voit la brune le rejoindre. Il ne cherche même pas à la regarder, il serre simplement la mâchoire. « A présent, je t'écoute. Qu'essayais-tu de me dire tout à l'heure ? » Le calme dans la pièce était pesant et bizarrement, il aurait presque préféré que ça dure. Qu'est-ce qu'il pourrait bien lui dire maintenant ? À la caserne, il n'a entendu que des morceaux d'une conversation. Alors la personne la mieux placée pour savoir ce qui est à dire, c'est bien la kinésithérapeute. « Je sais que tu vois Josh dans mon dos. » Finit-il par lâcher. Mais ce n'est pas tant une surprise que cela, Roman lui a déjà dit un peu plus tôt. « Pourquoi lui ? Qu'est-ce que vous avez toutes à lui trouver ? » Savannah et maintenant Jody. Comment les personnes ont pu trouver sa réaction exagérée lorsqu'il a appris que son collègue sortait avec sa petite sœur ? C'est un coureur de jupons et ça se vérifie encore aujourd'hui. « Il est doué au lit, c’est ça ? » Le pompier hausse légèrement la voix, énervé par tout cela. Par Josh, par Jody et par ce qu’il essaye de dire. « Il y a deux mois, nous passions un super moment ensemble pour la Saint-Valentin. Est-ce que j’ai raté quelque chose ? Est-ce j’ai fait quelque chose ? » Avant Jody, entre son histoire avec la jeune femme et son histoire avec Odessa, Roman n’était pas l’homme idéal avec les femmes. Mais aussi loin qu’il s’en souvienne, il n’a jamais trompé quelqu’un. Pour lui, c’est la pire des choses à faire. Si quelque chose ne va pas, si quelque chose s’est brisé, alors il est préférable d’en finir avant de tout gâcher. Là, en regardant enfin la brune dans les yeux, il ne sait plus qui il a devant lui. Sa petite amie, la femme qu’il aime ou bien quelqu’un qu’il ne connaît finalement pas ? « Je ne comprends pas. Il a quoi de plus ? » Il ne sait plus quoi dire. Cette question se répète encore et encore dans sa tête, car au fond de lui, s’ils en sont arrivés là, c’est en partie à cause de lui. Un couple, c’est être deux. Dans les bons comme dans les mauvais moments. Mais c’est toujours plus simple dans les bons. Là, il ne sait pas quoi faire. Crier, partir ou l’écouter ? Il devrait déjà se calmer, il pourrait ainsi voir que tout ce qu’il imagine ne tient pas debout. Comment les choses auraient pu changer en deux mois ? Surtout avec une femme comme Jody, elle n’est pas du genre à s’intéresser aux autres hommes, à être polygame.

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« Je sais que tu vois Josh dans mon dos. » En effet, Jody avait saisi qu’il n’aimait pas l’idée qu’elle soit allée voir l’ambulancier sans le tenir au courant, mais elle ne comprenait toujours sa réaction disproportionnée. C’est normal que la kinésithérapeute ne l’ait pas dit puisque tous les deux lui organisaient une surprise. Cependant, elle n’apprécierait que Roman l’empêche de rendre visite à son ami et lui dicte sa conduite parce qu’il n’appréciait toujours pas Josh. Elle ne l’avait jamais défendu de voir des amies non plus, quand bien même il était proche de certaines d’entre elles. Ce n’était pas ainsi que leur couple fonctionnait et Jody espérait qu’ils ne rentreraient pas dans une forme de dynamique malsaine tous les deux. « Pourquoi lui ? Qu'est-ce que vous avez toutes à lui trouver ? » En réalité, la colère de Roman était plus profonde que ce qu’elle avait soupçonné. Apparemment, il n’avait pas compris pourquoi ils se voyaient. Il croyait carrément autre chose. « Il est doué au lit, c’est ça ? » Cette interrogation jetée en pleine figure l’horrifia. Interdite, Jody ouvrit de grands yeux. « Je rêve ou tu m’accuses de te tromper avec Josh ? » Elle n’en revenait pas. Par cette simple phrase, c’était comme s’il écrasait les sentiments qu’elle avait pour lui sous son pied. Alors que n’importe qui serait en droit de se poser la question. « Il y a deux mois, nous passions un super moment ensemble pour la Saint-Valentin. Est-ce que j’ai raté quelque chose ? Est-ce j’ai fait quelque chose ? » Roman semblait réécrire l’histoire de leur relation en imaginant tout un tas de scénarios sordides. « Mais non ! C’est vraiment ce que tu crois ? » De par ses accusations, Roman la blessait. C’est pourquoi, au lieu de le rassurer calmement, Jody se braqua un peu. « Je ne comprends pas. Il a quoi de plus ? » Il continuait sur sa lancée. « D’où vient cette rivalité avec lui ? C’est ton collègue, ton coéquipier. » La colère de Roman enfilait un masque hideux, entre deux collègues qui exerçait un travail qui les avait déjà amené à se sauver la vie et celle des autres ni plus ni moins. Maladroite, brusquée par ces questions surréalistes, la kinésithérapeute prenait la défense du petit ami de Savannah, ne comprenant toujours pas cette déferlante de colère qui s’abattait sur eux, une défense qui risquait d’exacerber encore plus les tensions qui venaient d’éclater entre Roman et elle. « Tu me fais si peu confiance ? Josh est un ami, rien de plus. Pourquoi chercher plus loin ? » Sa parole devrait être suffisante, mais puisqu’elle l’avait vu dans le dos de Roman, la réponse risquait de ne pas le satisfaire. Il se triturait déjà l’esprit pour savoir ce qui avait merdé entre eux alors il ne s’en contenterait sûrement pas. « Tu entends des rumeurs à la caserne, et tout de suite, tu en conclus que j’ai fauté ? Tu ne t’es pas dit une seule seconde, qu’il y avait peut-être une autre raison pour que je le vois ? » Tant bien que mal, elle tentait de ne pas éventer le motif de leurs rencontres secrètes mais c’était de plus en plus difficile. « Notre couple est si peu solide pour toi ? » Pas habituée à vivre des disputes aussi frontales avec son petit ami, la kiné était sur le point de se renfermer. Au risque d’empirer une situation qui pourrait facilement se désamorcer si elle trouvait les bons mots pour lui expliquer, pour le rassurer. Au fond, c’était tout ce dont Roman avait besoin. Mais, désemparée par ce qu’il la pensait capable de faire, elle se crispait, ouvrant la porte à une nouvelle escalade d’incompréhensions.

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Les enfants maintenant couchés, le couple peut avoir sa discussion. Cette discussion qui s’annonce compliquée et qui n’annonce rien de bon pour le futur de leur couple. Si un tel futur est encore possible après. Avec ce qu’il a entendu à la caserne, Roman est en colère. Pourtant, il n’a pas entendu grand-chose : son imagination prend le dessus sur la vérité. « Je rêve ou tu m’accuses de te tromper avec Josh ? » Oui, c’est ce qu’il est en train de dire et pourtant, il n’a jamais utilisé ce terme exact, peut-être parce que ça lui ferait bien trop mal. Mais à rester dans le flou comme ça, ça multiplie les incertitudes de Jody. « Mais non ! C’est vraiment ce que tu crois ? » Il la regarde, fronçant légèrement les sourcils. C’est ce qu’il croit et pourtant, il n’arrive pas à comprendre pourquoi. Sûrement parce qu’il n’y a rien qui justifie un tel geste. « D’où vient cette rivalité avec lui ? C’est ton collègue, ton coéquipier. » Et ? Pour lui, ça ne justifie rien. Ils se sont rencontrés à la caserne, grâce à leur métier. Mais ils ne l’ont pas choisi. Ils ont appris à se connaître, à se supporter et maintenant, à se détester. « Tu me fais si peu confiance ? Josh est un ami, rien de plus. Pourquoi chercher plus loin ? Tu entends des rumeurs à la caserne, et tout de suite, tu en conclus que j’ai fauté ? Tu ne t’es pas dit une seule seconde, qu’il y avait peut-être une autre raison pour que je le vois ? » S’il y a bien une autre raison, pourquoi ne lui en a-t-elle pas fait part ? La confiance, ça passe par la communication notamment. « Notre couple est si peu solide pour toi ? » Non. Enfin, ce n’est pas ce qu’il pensait jusque là. Mais il faut croire que parfois, les choses changent. « J’ai confiance en toi, mais pas en lui. » Le jeune homme est un coureur de jupons, Roman ne serait pas surpris qu’une relation existante ne l’arrête pas. Enfin ça, c’était sûrement avant. Avant qu’il ne rencontre Savannah. Mais à ce moment précis, il est bien trop aveuglé par la colère pour s’en rendre compte. Pour comprendre cela et pour voir que tout ce qu’il dit là, c’est seulement tiré de son imagination. « Si ce n’était rien, pourquoi ne pas m’en parler ? » Voir Josh est une chose, lui cacher en est une autre. Il est facile de tirer des conclusions quand des informations sont manquantes. « Tu le vois souvent, tu partages même des jacuzzis de bière avec lui. C’est logique en fait. » Jusque là, il n’avait rien dit et pourtant, à sa place, de nombreuses personnes auraient fait des crises de jalousie. Tout ce qu’il a laissé coulé ces derniers mois remontent à la surface comme si depuis tout ce temps, il était passé à côté d’indice laissés juste sous ses yeux. « Tu n’arrêtes pas de le défendre ! Depuis plusieurs mois, tu prends son parti et moi, tu me fais passer pour le méchant ! » Avec toute l’histoire liée à sa sœur et à ce que Roman en pensait, jamais Jody n’a essayé de se mettre à sa place pour comprendre ce qu’il ressentait : elle a toujours pris la défense de l’ambulancier. Jusque là, il n’avait rien dit, mais ce soir, il a besoin d’extérioriser tout cela.

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Roman & Jody

Masquerade

Roman ne l’avait pas touchée, pourtant Jody avait la sensation de prendre une gifle verbale. Les insécurités et les incompréhensions se réveillaient parfois dans un couple, par manque de confiance en soi ou par peur de perdre l’autre. Il y avait toujours des moments où on l’on se remettait en question ou l’on avait besoin d’être rassuré. Pour avoir vécu des périodes de doute par le passé, Jody le comprenait parfaitement et elle tenait à apaiser les craintes du pompier. Mais il lui était de plus en plus difficile d’encaisser son ton accusateur et ses mots blessants. En réalité, la jeune femme avait pris comme une véritable insulte le il est doué au lit, c’est ça ?. Cette phrase lui restait en travers de la gorge. Persuadé de la réalité qu’il s’était monté dans sa tête, Roman lui adressait un regard dur et incisif ; elle ne l’avait jamais vu autant en colère depuis qu’elle était en couple avec lui, si bien qu’au lieu d’avoir envie de continuer à se défendre – car il s’agissait désormais de défense et non plus de le rassurer – elle se renfermait, triste de voir à quel point leur relation ne pouvait finalement tenir qu’à un fil. Au moins, Jody savait maintenant ce dont il la croyait capable. « J’ai confiance en toi, mais pas en lui. » La kinésithérapeute ne comprenait pas à quoi rimait cette conversation alors, après lui avoir affirmé qu’il ne se passait rien avec Josh et qu’il était un ami. « Ah oui ? Tu as une bien drôle de façon de le montrer. » La brune décroisa les bras et soutint le regard de son petit-ami. « Si ce n’était rien, pourquoi ne pas m’en parler ? » « Je t’ai dit qu’il y avait une autre raison. Tu la connaitras bientôt. Si tu as confiance en moi, comme tu le dis, pourquoi ma parole ne te suffit pas ? » Toutefois, Roman continuait sur sa lancée, comme si toute l’inquiétude et la frustration qu’il avait accumulée vis-à-vis de Josh ressortait, ne se limitant plus seulement à cette rumeur de caserne mais s’étalant carrément sur des moments partagés entre l’ambulancier et la kiné, notamment cette fameuse sortie au festival de la bière. Cette dispute prenait une tournure malsaine et déplaisante. « Tu le vois souvent, tu partages même des jacuzzis de bière avec lui. C’est logique en fait. » « Logique ? Je n’aime pas du tout tes insinuations. » Cette fois, ce n’était plus un sentiment de dépit ou de désarroi qui s’emparait d’elle. Roman allait trop loin. « Tu n’arrêtes pas de le défendre ! Depuis plusieurs mois, tu prends son parti et moi, tu me fais passer pour le méchant ! » D’une nature paisible d’ordinaire, Jody se laissait gagner par l’indignation, ébullition née face à ces accusations injustes. La fatigue et le stress des questionnements qui la traversaient depuis des jours n’aidèrent pas à calmer la situation tendue. Le ton monta. « Tu mélanges tout. D’abord, la rumeur à la caserne et maintenant ce qui s’est passé avant. Pour le jacuzzi, tu étais d’accord. Je t’en ai parlé. Pourquoi ne pas m’avoir dit que ça te dérangeait à l’époque ? » En plus, le festival se passait en public. Si Jody et Josh avaient fait quelque chose de mal, il l’aurait forcément su. Cependant, elle n’avait pas montré l’exemple en termes de communication non plus en taisant ses insécurités aussi, par peur de passer pour la fille jalouse alors qu’elle détesterait l’être, mais les contrariétés avaient besoin de sortir des deux côtés visiblement. « Toi aussi tu vas voir les mêmes amies souvent, pourtant je n’en tire pas des conclusions. Et puis, je dois bien me faire à l’idée que la moitié des femmes de cette ville bavent sur mon petit-ami en tenue d’Adam dans leur salon. Tous les commentaires que j’ai entendu pendant la soirée du gala quand je parlais avec Lou. Mmh, je me le ferai bien celui-là. Mmh, à croquer. Mmmmh, il est trop canon, viens on va baver dessus au stand ! Tu crois que ça m’a fait plaisir ? Mais tu vois, j’ai confiance en toi. La confiance, ce n’est pas d’accuser de but en blanc ton ou ta partenaire de voir quelqu'un d'autre. » Bien sûr, Jody continuait parfois de se demander ce qu’il avait trouvé chez elle, persuadée qu’un jour, il pouvait se réveiller et se rendre compte qu’il ne l’aimait plus. C’était un manque de confiance en elle pas en lui. Mais la kiné pourrait aussi carrément s’imaginer, que si parfois, il rentrait tard, ce n’était pas à cause d’une intervention qui avait duré plus longtemps ou d’une petite réunion tardive entre collègues. Ces couvertures-là donnaient aussi de bonnes justifications. Or, elle ne l’avait jamais pensé, alors qu’aujourd’hui Roman n’hésitait pas à l’accuser, elle. « Je défends Josh parce que tu as tort. » Les mots tombèrent comme une sentence. En effet, le pompier avait faux sur toute la ligne les concernant, alors non, elle n’allait pas approuver sagement. « Je comprends ta peur, celle qu’il blesse ta sœur, qu’il soit proche de moi. La réputation qu’il traine derrière lui le poursuit mais tout le monde peut changer. » Après tout, Roman en était la preuve. C’est juste qu’il nourrissait une rancœur particulière vis-à-vis de son collègue parce que les deux femmes qu’il aimait – Savannah et Jody - faisaient aussi partie de la vie de l’ambulancier et il craignait que Josh les blesse. « Je ne suis pas intéressée par lui et il ne m’a jamais fait d’avances non plus. Il ne se passera jamais rien parce que nous nous respectons. » Elle serra les dents et recula d’un pas, désabusée par cette conversation de sourd. Face à la nouvelle défense que Jody venait de prendre envers Josh, Roman risquait de voir encore plus rouge. Elle n’avait d’autres choix que de cracher le morceau. Tant pis pour la surprise. « La vraie raison pour laquelle je l’ai vu sans t’en parler, c’est parce que j’avais besoin de son aide. On voulait t’organiser une fête pour ta promotion, en invitant tes collègues et leurs familles à l’occasion d’un barbecue dans son jardin, pour accueillir tout le monde en dehors de la caserne. Mais après tout ce que je viens d’entendre, il ne vaut mieux pas en fait. » Josh et Jody se cassaient la tête depuis des semaines pour tout, c’est pour cette raison qu’elle n’avait pas accepté qu’il parle mal de lui en étant tellement à côté de la plaque. Voilà toute l’estime qu’il avait pour un coéquipier qui consacrait son temps libre pour organiser une surprise avec elle. Autant dire que le cœur n’y était plus. Avant que Roman ne puisse répondre, Jody prit son téléphone dans son sac et déverrouilla le clavier. « Vas-y, prends-le et vérifie, puisque tu ne me crois pas. Au point où nous en sommes. » Après tout, elle n’avait rien à cacher mais leur relation venait clairement de prendre un coup dur s’ils en étaient réduits à ce point, dans un contexte où elle vivait déjà dans le doute d’être enceinte et d’un Roman qui était à deux doigts de ne plus croire en leur couple. Jody le fit glisser sur le plan de travail et s’éloigna ensuite dans le salon, blasée par les accusations infondées.

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Ce qui est en train de se passer dans la cuisine ne ressemble pas à Roman : s'énerver de la sorte, ce n'est pas lui. Mais depuis quelques mois, il faut croire que Josh prend un malin plaisir à lui causer des ennuis. Savannah et maintenant Jody. Il touche à toutes les femmes qui comptent pour lui et ça, le pompier ne peut pas laisser passer. Toute sa vie ou presque, il a été celui qu'on a laissé et il faut que les choses changent. Il était heureux dans sa vie et il pensant qu'il en était de même pour sa petite amie, mais parfois, on se trompe facilement sur les gens. « Ah oui ? Tu as une bien drôle de façon de le montrer. » Remettre tout son couple en question comme ça, en mettant la femme devant le fait accompli, ce n'était peut-être pas la meilleure des solutions. Mais lui aussi, il a l'impression d'être pris de court. Sa journée se passait bien et d'un coup, il a appris que sa petite amie voyait en douce l'homme qu'il aime le moins en ce moment. Même si la brune lui répète qu'il y a une bonne raison à cela, Roman n'arrive pas à la voir et ça l'énerve d'autant plus. Et puis bêtement, il commence à créer des connexions, à se faire de nouveaux films. Tout ce qui a pu se passer ces derniers mois trouvent maintenant une explication. « Logique ? Je n'aime pas du tout tes insinuations. Tu mélanges tout. D'abord, la rumeur à la caserne et maintenant ce qui s'est passé avant. Pour le jacuzzi, tu étais d'accord. Je t'en ai parlé. Pourquoi ne pas m'avoir dit que ça te dérangeait à l'époque ? » « Parce que ça ne me dérangeait pas à ce moment-là ! Je vous voyais comme des amis, mais vous vous voyez encore et encore. Dans mon dos en plus ! Si vous n'avez rien à vous reprocher, pourquoi ne pas m'en parler ? » Au final, c'est bien ça qui dérange le plus le pompier. Jody parle de confiance, mais pour cela, il faut être au courant des choses : cacher quelque chose, c'est parfois pire que mentir. « Tu savais que ça ne me plairait pas. » Dit-il, en réponse à sa propre question. Mais très vite, la jeune femme lui démontre qu’elle aussi pourrait lui faire une scène comme celle-ci. Pourquoi ? Pour son métier et plus particulièrement pour le calendrier qui est sorti en début d’année. Il ne pensait pas qu’un objet vendu aux habitants dans le but d’aider une association caritative éveillerait de la jalousie de la part de sa petite amie, mais il voit où elle veut en venir. « Je défends Josh parce que tu as tort. » Machinalement, Roman balance la tête de gauche à droite montrant ainsi son désaccord avec la kinésithérapeute. « Je comprends ta peur, celle qu’il blesse ta sœur, qu’il soit proche de moi. La réputation qu’il traîne derrière lui le poursuit mais tout le monde peut changer. » Au fond de lui, Roman le sait bien, c’est ce qui est arrivé pour lui. Mais c’est difficile pour lui de le voir pour Josh, tout simplement parce qu’il est avec Savannah. Pour lui, il peut simplement lui faire du mal et rien d’autre. À sa façon, Jody essaye de rassurer son petit ami, mais il n’est pas bête, il voit bien que tout cela est en train de l’ébranler, elle et leur couple. « La vraie raison pour laquelle je l’ai vu sans t’en parler, c’est parce que j’avais besoin de son aide. On voulait t’organiser une fête pour ta promotion, en invitant tes collègues et leurs familles à l’occasion d’un barbecue dans son jardin, pour accueillir tout le monde en dehors de la caserne. Mais après tout ce que je viens d’entendre, il ne vaut mieux pas en fait. » Toute cette histoire paraît d’une intention, Roman ne peut pas le nier et il se sent un peu bête. Pourtant, il n’arrive pas à baisser les armes aussi facilement vis-à-vis de Josh. « De toute la caserne, c’est le seul qui t’es venu à l’esprit ? C’est le seul que je ne peux pas voir et tu t’es dit que j’allais apprécier passer une soirée avec lui ? » Il ne serait pas seul, mais elle voit l’idée. Au boulot, ils se tolèrent pour le bien de la caserne, mais il ne veut pas faire semblant plus longtemps à l’extérieur. « Mara ? Non. C’est ta meilleure amie, elle aurait très bien pu t’aider. Wade aussi. Ils ne sont pas de la même garde que moi, mais ça ne change rien. » D’ailleurs, le capitaine de la seconde garde aurait sûrement été le mieux placé pour aider Jody. C’est celui qui a mis l’idée en tête à Roman pour le poste, alors forcément, il aurait sûrement été ravi d’aider. « Vas-y, prends-le et vérifie, puisque tu ne me crois pas. Au point où nous en sommes. » Dit-elle avant de lui lancer son téléphone et de s’éloigner. Le jeune homme ne regarde pas, il se contente de récupérer le sac de sa petite amie pour le ranger. Mais ce qu’il découvre à l’intérieur le surprend un peu : un test de grossesse. Elle peut lui reprocher bien des choses, cependant ils ont visiblement tous les deux des torts. À son retour, il rejoint le salon. « Tu parlais de confiance, c'est bien ça ? » Lâche-t-il avant de lever sa main, l'emballage du test de grossesse serré entre ses doigts. « Et ça, tu comptais m'en parler ? Ou peut-être que tu préférais attendre l'accouchement ? » Ou peut-être qu'elle n'en serait jamais arrivée à cette étape. Lorsqu'ils se sont rencontrés, Roman avait déjà Roméo et Louise n'allait pas tarder à pointer le bout de son nez. Les enfants ont toujours été là et finalement, ils n'ont jamais abordé le fait de fonder une famille, le fait d'avoir un enfant ensemble. Sûrement parce que Jody est encore jeune et que les deux mineurs de la maison sont encore petits, Louise surtout. Mais si l'occasion se présentait, peut-être que la brune préférerait mettre un terme à la grossesse. Et même si Roman ne se mettrait jamais contre elle pour une telle décision, il voudrait tout de même savoir. La boite n'est pas encore ouverte, mais le doute est forcément là, on n'achète pas un test comme ça pour le plaisir.

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Face aux accusations de Roman, Jody se défendit tant bien que mal au point qu’elle n’eut d’autres choix que de lui révéler la vérité et de gâcher la surprise qui était prévue. Au final, la kinésithérapeute n’avait même plus envie de l’organiser après tout ce qui venait d’être balancé. Elle pouvait comprendre les insécurités et les périodes de doute. Dans un couple, c’était normal d’avoir besoin d’être rassuré dans l’amour que l’un et l’autre se portaient. Mais le pompier n’en était plus au stade des questionnements et des soupçons, il était déjà convaincu de son interprétation et de la tromperie de sa petite-amie, reflet d’une relation branlante où la confiance qu’elle croyait acquise entre eux était finalement réduite au minimum. Certes, Jody n’avait pas de leçon à donner en matière de confiance, puisqu’elle aussi cachait ses doutes par rapport à son retard cyclique, pas seulement par crainte de la réaction de Roman mais parce qu’elle avait peur à titre personnel aussi. Un bébé, ce n’était pas rien comme nouvelle, elle voulait d’abord s’en assurer avant de tirer la sonnette d’alarme. Toutefois, en dépit de son interrogation, Jody ne remettait pas toute leur relation en doute à cause de cette alerte alors que le pompier écrasait ses sentiments d’un coup de pied en l’accusant d’aller voir ailleurs. « Tu me prends pour la fille qui va se réveiller un beau matin et se dire que ce serait sympa de tester avec ses amis ? Je pensais que tu avais confiance en moi, tu as beau me dire que c’est le cas, ta rancœur envers lui te fait douter de nous aussi. » Les accusations frontalement lancées laisseraient des traces sur leur couple. D’ailleurs, Le pompier remettait maintenant en cause le choix de Jody, qui s’était tournée vers Josh pour l’aider à organiser cette surprise. Avait-elle bien entendu ? La kinésithérapeute hallucinait. Plutôt que de redescendre d’un ton et de faire profil bas, Roman continuait de s’enfoncer dans son délire. « Oui, j’ai pensé à organiser une petite fête avec tous tes collègues et leur famille, navrée de ne pas avoir pensé que j’allais en plus devoir les trier sur le volet. » Le lieutenant lui balançait vraiment des réflexions absurdes : inviter toute la caserne et exclure un pompier ? D’autant que Josh était son beau-frère maintenant, et plus seulement un collègue, que ça lui plaise ou non. Et à l’époque où Jody s’était tournée vers le petit-ami de Savannah, elle n’avait pas idée à quel point l’insécurité de Roman se décuplerait et dévoilerait un visage peu commode de l’aîné des Hellington. « En plus, tu te permets de discuter de la façon dont je m’y suis prise ? T’es sacrément gonflé. » Protesta-t-elle, plus fermement. La douce Jody avait encaissé, avait essayé de raisonner et de rassurer Roman, elle lui avait ensuite tout expliqué pour dissiper les malentendus et ce n’était toujours pas assez. A bout de patience, elle commençait elle aussi à se fâcher, démontant les pseudo-arguments de son petit ami les uns après les autres. « Au cas où tu l’aurais oublié, Mara a failli perdre son frère fin de l’année passée, la situation est toujours compliquée pour elle, je n’ai pas eu envie de l’embêter avec l’organisation. Et Wade, je n’avais pas ses cordonnées, je ne lui ai jamais parlé en dehors de la caserne. En fait, c’était juste logique de passer par Josh pour me mettre en contact avec les autres. Comment j’aurai pu deviner que tu en ferais toute une histoire ? Tu ne m’avais jamais fait sentir que notre amitié te dérangeait aussi. » De toute façon, Jody n’avait plus envie de se justifier. Roman avait son opinion arrêtée sur Josh et il ne changerait pas d’avis, mais elle n’accepterait pas ses accusations infondées ni ses attaques gratuites. Elle ne modifierait pas non plus son amitié envers Josh, même si elle tiendrait un peu plus compte du ressenti de Roman à l’avenir, quand il serait mieux disposé à lui parler sur un autre ton. Preuve en était que la jalousie n’amenait rien de bon dans un couple. Abandonnant son téléphone sur le plan de travail à la vue de son petit-ami, en guise de conclusion, Jody quitta la cuisine et se dirigea dans le salon pour que la pression redescende un peu et éviter que d’autres mots malheureux ne franchissent leurs lèvres. Parfois, c’était mieux de prendre un peu de distance et de recul. Mais c’était sans compter sur le revirement de situation… Le test de grossesse à la main, Roman débarqua dans la pièce. Surprise et déjà émoussée par leur première dispute, elle se braqua. « Le téléphone ne suffisait pas ? Il fallait que tu ailles dans mes autres affaires aussi ? » Blessée depuis ses accusations, elle réagissait à chaud. « La prochaine étape, c’est quoi ? Me demander si Josh est le père ? » Excédée, elle retournait le propre venin de Roman contre lui, raison pour laquelle elle s’était judicieusement éloignée. S’il osait embrayer et insinuer une éventuelle paternité de Josh juste pour l’énerver, la limite de non-retour serait franchie, le pompier irait trop loin et signerait probablement la fin de toute confiance entre eux alors qu’elle attendait peut-être leur enfant. Se rendant compte que cette discussion prenait des proportions périlleuses, Jody redescendit ensuite d’un ton. En effet, elle n’avait pas parlé de ses doutes à Roman par rapport à une éventuelle grossesse, inquiète de la situation, de leur avenir et de sa réaction aussi. A raison, visiblement. « La façon dont tu me vois me fait sincèrement poser des questions. » Après tout, ce n’était pas prévu. Peut-être même penserait-il qu’elle avait cherché à le piéger ou pire… Vu ce dont il l’avait cru capable aujourd’hui, plus rien ne surprendrait Jody. « Bien sûr que je comptais t’en parler ! Tu vois bien que la boîte n’est pas encore ouverte, je ne connais pas la réponse. J’ai été chercher le test aujourd’hui mais c’est un peu compliqué d’en placer une sur un enfant quand ton petit-ami te parle de tromperie. »

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La colère de Roman n’est peut-être pas justifiée, c’est vrai. Pourtant, elle l’est pour lui. Indirectement, Josh gâche sa vie depuis plusieurs mois maintenant, alors ça semble logique qu’il continue de la sorte. Mais là, le pompier ne le laisse pas seul, il embarque Jody avec lui et c’est sûrement la plus grosse erreur qu’il voulait faire. Jusque là, il n’avait jamais douté d’elle, mais la simple évocation qu’ils prévoient des choses ensemble et Roman avait vu noir. Quand on le regarde, il est difficile de se dire que de telles insécurités peuvent le toucher et pourtant, le jeune homme n’ouvre que très rarement son cœur et lorsqu’il le fait, pour l’instant en tout cas, ça finit toujours mal. « Tu me prends pour la fille qui va se réveiller un beau matin et se dire que ce serait sympa de tester avec ses amis ? Je pensais que tu avais confiance en moi, tu as beau me dire que c’est le cas, ta rancœur envers lui te fait douter de nous aussi. » Machinalement, il balance la tête de gauche à droite. « Oui, j’ai pensé à organiser une petite fête avec tous tes collègues et leur famille, navrée de ne pas avoir pensé que j’allais en plus devoir les trier sur le volet. » Il soupire. Une telle fête n’est-elle pas censée faire plaisir au principal concerné ? Si tel est le cas, alors oui, il aurait sûrement préféré la faire sans Josh. Mais ce n’est plus le sujet maintenant puisqu’elle ne se fera sûrement jamais. Il vient d’enlever toute envie à Jody de l’organiser et lui, il n’a jamais été convaincu que c’était une bonne idée. « En plus, tu te permets de discuter de la façon dont je m’y suis prise ? T’es sacrément gonflé. » Bien qu’énervé, le pompier reste silencieux, de peur d’aggraver encore un peu plus la situation. « Au cas où tu l’aurais oublié, Mara a failli perdre son frère fin de l’année passée, la situation est toujours compliquée pour elle, je n’ai pas eu envie de l’embêter avec l’organisation. Et Wade, je n’avais pas ses cordonnées, je ne lui ai jamais parlé en dehors de la caserne. En fait, c’était juste logique de passer par Josh pour me mettre en contact avec les autres. Comment j’aurai pu deviner que tu en ferais toute une histoire ? Tu ne m’avais jamais fait sentir que notre amitié te dérangeait aussi. » Le problème principal n’était plus cela en réalité. Il n’avait jamais rien dit et il n’était pas en droit de le faire : obliger sa petite amie à voir ou à ne pas voir quelqu’un, ça ne lui ressemblait pas. Lui, restait bloqué sur le fait qu’à deux, ils s’étaient vus dans son dos et lui avaient caché quelque chose. Une surprise, certes. Mais c’était fait avec la pire personne pour lui et ça le bloquait. La jeune femme prend ses distances, laissant son téléphone à Roman pour lui prouver qu’elle ne ment pas. Cependant, fouiller, c’est au-delà de ses forces et il décide de ranger l’appareil là où elle l’a pris. Deuxième surprise de la soirée, il y trouve un test de grossesse. Il vient de se prendre la foudre vis-à-vis de la confiance au sein de leur couple et voilà qu’il tombe sur cela : il a besoin d’explications. « Le téléphone ne suffisait pas ? Il fallait que tu ailles dans mes autres affaires aussi ? » Cette fois-ci, il n’avait rien fait. Pas volontairement en tout cas et pourtant, il se retrouvait encore décrit comme le méchant. Il n’avait pas fouillé volontairement, la boîte s’était présentée à lui alors qu’il rangeait le téléphone. Mais ça, Jody ne le voyait pas comme cela. Avec ce qu’il avait pu lui dire un peu plus tôt, elle ne voyait qu’une possibilité : la pire. « La prochaine étape, c’est quoi ? Me demander si Josh est le père ? » Par réflexe, il serre un peu plus la boite entre ses mains, abîmant le carton par la même occasion. Ça, il ne l’aurait pas dit. En réalité, ça ne lui a même pas traversé l’esprit. Pourtant, avec ce qu’il a déjà sorti, ça aurait pu facilement coller à son état d’esprit. « La façon dont tu me vois me fait sincèrement poser des questions. » Avec la colère, Roman a surréagit. Ses mots ont dépassé sa pensée, mais encore une fois, Jody lui a caché quelque chose. « Bien sûr que je comptais t’en parler ! Tu vois bien que la boîte n’est pas encore ouverte, je ne connais pas la réponse. J’ai été chercher le test aujourd’hui mais c’est un peu compliqué d’en placer une sur un enfant quand ton petit-ami te parle de tromperie. » « Non, c’est vrai, tu as raison. Je suis le méchant, fin de l’histoire. » Pour l’histoire de Josh, il est responsable, mais pas pour le test de grossesse. Alors sa phrase sonne un peu ironique et il ne s’en cache pas. « Tu l’as acheté parce qu’il était en promotion, c’est ça ? Tu l'as acheté parce que tu avais des doutes, n'est-ce pas ? Tu avais peur de quoi au juste ? » S'il a douté de leur couple un peu plus tôt, elle, elle a douté de lui, de ce qu'il pourrait faire en apprenant ses doutes. Pourtant, c'est une chose difficile à prédire : à ce moment précis, le pompier lui-même ignore ce qu'il ferait avec un test positif. « Nous sommes tous les deux concernés dans cette histoire ! Tu aurais dû m'en parler ! » Qu'elle l'ait fait ou que la boite soit encore fermée, c'est la même chose pour lui : elle avait des doutes, ce devait être suffisant pour lui en parler. « Je crois qu'il est préférable que j'aille prendre un peu l'air. » Il pose la boite sur la table basse, récupère l'une de ses vestes et sort de la maison. Il a besoin d'air, de marcher, de s'éloigner. Et ça, il va le faire pendant près de trois heures, arpentant les rues de la ville, jusqu'au parc. Toutes les lumières sont éteintes lorsqu'il revient : la maison a retrouvé son calme et c'est sûrement mieux ainsi. Jusqu'ici, Jody et Roman ne s'étaient jamais vraiment disputés. C’était peut-être trop beau pour être vrai. Mais là, le pompier ne pouvait pas laisser passer, même s’il se trouve qu’il s’est trompé sur toute la ligne. Il est amoureux. C’est vrai que ça n’excuse pas tout, cependant il n’agissait pas pour blesser tout à l’heure, il voulait simplement se préparer si le pire était vraiment en train de se passer sous son nez. C’est déjà arrivé pour lui, alors il n’y aurait rien eu d’étonnant à ce que le proverbe "jamais deux sans trois" se réalise. Discrètement, il marche jusqu’à l’un des placards du couloir de la partie nuit pour récupérer une couverture : il est sûrement mieux qu’il dorme sur le canapé cette nuit. Jody n’a probablement pas envie de le voir à ce moment précis et si elle dort, ça lui évitera de la réveiller. De retour dans le salon, il installe ce qu’il vient de récupérer, positionne les oreillers et prend place sur le sofa.

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Roman & Jody

Masquerade

Blessée par les accusations à répétition de Roman, Jody avait perdu son calme aussi et elle réagissait de façon déplaisante à son tour. Lorsqu’elle vit le pompier revenir dans la pièce, le test de grossesse en main, elle imagina le pire scénario : il avait fouillé dans son sac. Cette supposition rajouta de l’huile sur le feu et refléta une dispute qui se basait certes sur le manque de confiance de l’un envers l’autre mais également sur des quiproquos qui n’aidaient pas à apaiser les tensions. Sur la défensive, Jody se braqua de plus belle en anticipant une des interrogations que son petit-ami pourrait lui lancer par rapport à la paternité étant donné le sujet de leur discorde. Les dents serrées, Roman encaissa en silence tandis que la kiné avait pris conscience de la façon dont il la percevait et ce dont il la pensait capable. En réalité, cette vision l’attristait, d’autant plus dans un contexte où elle stressait sur une éventuelle grossesse. Une foule de questions se bousculaient dans sa tête et en effet, elle ne l’avait pas encore annoncé à Roman, parce qu’elle ignorait comment gérer la situation. Attendait-elle vraiment un enfant ? Et si oui, que se passerait-il ? Était-elle prête ? Difficile à dire, Jody n’y avait pas encore réfléchi, elle ne s’attendait pas à tomber enceinte si vite. Elle venait à peine d’ouvrir son cabinet et d’emménager chez le pompier quelques mois auparavant. Et Roman voudrait-il encore d’un enfant lui aussi ? Ne risquait-il pas de penser qu’elle l’avait piégé ? Peut-être bien étant donné ce dont il l’avait déjà accusée aujourd’hui… Certes, il fallait être deux pour concevoir un bébé et ne pas prendre les précautions, mais ce n’était pas nouveau : les moyens de contraception n’étaient pas fiables à cent pour cent. La crainte ressentie par Jody venait à la fois du fait qu’elle n’était pas au point avec elle-même sur la question et aussi parce que le couple n’avait jamais parlé d’enfant jusqu’à présent. Le tableau familial était déjà occupé par Roméo et Louise, c’était suffisant pour l’instant. Toutes ces interrogations, la kiné avait eu l’intention d’en parler à Roman en étant fixée. C’est pourquoi, elle était allée chercher un test de grossesse aujourd’hui. Par la suite, la soirée ne s’était pas du tout passée comme prévu et elle n’avait plus la tête à cela. Certes, Jody aurait dû en parler plus tôt à Roman mais avec le ressentiment, la kiné ne voyait pas dans le même sens que lui. « Tu l’as acheté parce qu’il était en promotion, c’est ça ? Tu l'as acheté parce que tu avais des doutes, n'est-ce pas ? Tu avais peur de quoi au juste ? » Sur ce point, il avait raison : elle n’avait pas eu suffisamment confiance en eux pour en parler avant d’aller à la pharmacie, pas par volonté de le blesser mais elle était anxieuse et elle n’avait pas bien géré la situation. « Nous sommes tous les deux concernés dans cette histoire ! Tu aurais dû m'en parler ! » C’était au tour de Jody de se renfermer. Plongée dans le silence, elle n’avait plus envie d’en discuter alors qu’ils étaient tous les deux trop énervés pour continuer sur des bases constructives. La potentielle nouvelle d’un bébé était un autre enjeu que leurs problèmes de couple, des problèmes mis en lumière par une dispute qui laisserait des traces durables. Tant que les esprits échauffés ne se calmaient pas, inutile d’en reparler. Et tant qu’ils n’en reparlaient pas pour lever les incompréhensions et crever les abcès, un malaise persisterait entre eux. Malheureusement, Jody n’oubliait pas aussi facilement les mots accusateurs de son petit-ami. Sentant lui aussi qu’il valait mieux en rester là, Roman décida de sortir prendre l’air. La jeune femme acquiesça et le regarda partir, cette distance était la bienvenue. Elle aussi avait besoin de retrouver ses esprits, seule.

Après le départ du pompier, Jody gagna la salle de bains où elle enfila sa tenue de nuit, puis elle rejoignit leur chambre. Dans le lit, la brune essaya de se changer les idées en lisant un livre mais sa tête vagabondait, elle n’arrivait pas à se concentrer. Contrariée, la brune referma le bouquin et le déposa sur la table de chevet. Elle éteignit ensuite la lumière, toutefois l’obscurité n’aida pas à l’apaiser, la brune se remit à ressasser leur dispute. La première pour le couple et non des moindres. Sous le drap, Jody se retourna à plusieurs reprises et mit longtemps à s’assoupir. Au début, elle dormit d’un sommeil lourd, fatiguée par la journée de travail suivie d’une soirée riche en émotions. Pourtant, son repos devint plus agité dans le milieu de la nuit. Seule dans le lit, elle se retourna à nouveau sur le dos, les paupières se fronçaient et elle secouait la tête. La tension se lisait sur son visage, reflet du cauchemar qui la troublait, un de ceux qu’elle revivait parfois, terreur nocturne qui la poursuivait comme un spectre dans la nuit et qui lui rappelait ce jour fatidique de son agression. Cet événement continuait parfois de la hanter, elle se sentait tantôt traquée comme une proie, tantôt impuissante. Le cauchemar débutait souvent de la même façon. Jody passait une soirée avec des proches, des amis. Insouciante, elle riait et s’amusait, puis elle sortait, seule, dans une ruelle sombre et elle sentait une présence derrière elle. La suite se troublait assez rapidement, mais la peur qui se glissait dans son ventre était bien réelle. Quand Roman dormait à côté d’elle et qu’il la sentait remuer, il suffisait parfois qu’il l’entoure de son étreinte protectrice pour la rassurer et la calmer. Elle se sentait alors entourée, en sécurité, et le mauvais rêve se dissipait progressivement. Quand il découchait à la caserne, Jody buvait des tisanes pour s’endormir plus facilement. Avec le temps, les cauchemars s’étaient raréfiés. Si son sommeil était quand même troublé et qu’elle se réveillait, elle allumait la lumière et se raisonnait, rassurée par la présence des enfants dans la maison. Mais cette nuit, le cauchemar prit de vilaines proportions. Était-ce l’esprit de Jody, déjà perturbé par la dispute, qui accentua l’intensité et la peur ? Elle qui se réveillait toujours assez vite pour sortir de ce mauvais rêve effrayant, elle resta coincée dedans et se mit à crier. Dans le lit, elle se débattit avec ses jambes et ses bras contre le poids de la couverture. Des larmes brillantes bordèrent le coin de ses yeux. Tourmentée, elle cria de nouveau comme si elle luttait contre un adversaire invisible. Dans son agitation, Jody tomba lourdement sur le sol à côté du lit, ce qui la réveilla enfin. Au bord de la crise d’angoisse, elle adopta une position fœtale, son corps tremblait et frissonnait tout le long tandis que les perles salées provoquées par la terreur roulaient sur ses joues. Tout lui avait semblé tellement réel...

AVENGEDINCHAINS

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