Noche cara a cara ☼ Christopher (Flashback, début mars 2021)

Les Peñali étaient une grande famille : avec quatre enfants – trois garçons dont un adopté et une fille – autant dire que les fêtes de famille étaient toujours bruyantes et joyeuses ! Dans cette fratrie très unie existaient tout de mêmes quelques frictions. L’aîné, Nathan, avait quelques difficultés avec Isaac, qui était une vraie tête de mule qui ne supportait pas avoir tort, ce qu’il avait souvent malheureusement. Et puis, il y avait aussi le fait que Nathan et Christopher, le petit blondinet de la bande, avaient une relation privilégiée : rien ne pouvait se mettre entre eux deux, clairement pas ! Ils étaient plus comme des frères jumeaux / meilleurs amis que simplement frères. Ça se ressentait pas mal, dans la fratrie, mais ça n’avait jamais posé de problème à la benjamine. Valentina aimait ses trois frères très fort et ne faisait aucune différence, même si elle était moins proche d’Isaac que des deux autres il fallait l’avouer. Leur caractère explosif avait causé quelques disputes mémorables entre eux, même si Valentine était loin d’être la personne avec qui le jeune homme se disputait le plus ! Bref, tout ça pour en arriver là : chez les Peñali, à part pour Nathan et Christopher, il n’était pas simple d’avoir des moments en tête à tête. Il y avait tellement de monde dans cette famille que chercher à voir un seul membre devenait presque un parcours du combattant ! La benjamine adorait cette ambiance de tribu soudée – et très bruyante – mais elle ressentait aussi parfois l’envie de voir un de ses frère tranquillement, sans avoir à gérer les deux autres.
C’était le cas en de ce début du mois de mars. Profitant d’un de ses jours de repos, la chilienne avait proposé à son grand-frère Christopher de venir prendre l’apéritif à la maison, apéritif qui finirait probablement à pas d’heure donc elle avait prévu de le faire dormir sur le canapé au besoin. Ses colloques étaient tous parti quelque part alors ils seraient tranquilles. Valentina, passionnée de cuisine comme elle l’était, avait préparé un apéritif dinatoire digne d’une émission genre Top Chef. Elle avait mis les petits plats dans les grands pour Chris et elle espérait bien qu’il apprécierait. Il y avait d’ailleurs bien trop à manger pour seulement deux personnes, mais la jeune femme comptait sur l’appétit de son frère pour qu’il n’y ait pas tant de restes que ça. Puis, de toute façon, Teddy et Alexie, ses colloques, dévoreraient les restes sans aucun souci si besoin, ils se feraient même une joie de ça. Cela faisait un moment que Valentina et Chris ne s’étaient pas retrouvés juste tous les deux, sans les blagues de Nathan et les ronchonnements d’Isaac, alors la chilienne avait hâte et espérait bien que son blondinet de frère aurait plein de choses à lui raconter !
Alors qu’elle sortait les empanadas du four, Valentina entendit la sonnette de son appartement. « J’arrive ! » cria-t-elle en posant le plat sur son plan de travail et en se débarrassant des maniques. Elle sautilla jusqu’à la porte d’entrée qu’elle ouvrit avec un immense sourire. « ¡Ahí tienes!* » dit-elle avant de se pencher et de prendre Christopher dans les bras. « J'espère que tu as faim. Aller, entre ! ».

La complicité existante entre Nathan et Christopher n’était plus à démontrer. Les deux hommes étaient inséparables et se voyaient très souvent, bien plus souvent que les autres membres de la fratrie. Ça n’avait jamais choqué ou dérangé la benjamine, Valentina, qui voyait même dans cette relation privilégiée quelque chose de beau, de fort et d’unique. Qui était-elle pour ressentir de la jalousie face à ça ? Les liens du sang n’étaient pas les liens du cœur, et celui-ci faisait ses propres choix. Bien qu’elle soit très proche de ses trois frères, c’était différent de ce qu’il y avait entre ses deux grand-frères, et ce n’était pas grave. Elle savait où était sa place, elle l’avait trouvée très rapidement dans cette famille nombreuse et si chaleureuse, et elle l’appréciait. Tous ses frères l’aimaient, et Valentina le leur rendait bien. Dès qu’elle le pouvait, elle essayait de voir chacun d’entre eux en tête-à-tête pour renforcer leur lien ou simplement passer un bon moment.
Ce jour-là, c’était Christopher qu’elle avait invité chez elle, profitant du fait que ses colocataires soient absents pour passer une soirée tranquille avec le blondinet. Évidemment, comme chaque fois qu’il avait rendez-vous quelque part, Chris était en retard, mais connaissant son frère, la jeune femme l’avait prévu. Le dernier plat sortait tout juste du four lorsqu’il toqua et la jeune femme se précipita vers la porte d’entrée. En la saluant, il ouvrit grand ses bras et Valentina s’y blottie sans réfléchir. Elle sourit au baiser de son frère, sur sa tempe, et le suivit du regard lorsqu’il entra dans son appartement. Le blondinet déclara qu’une bonne odeur régnait dans la pièce et affirma qu’il mourrait de faim. « Tant mieux, j’ai cuisiné toute l’après-midi ! » déclara-t-elle en fermant derrière lui. Il lui demande ensuite si elle avait dégagé tous ses colocataires pour lui, ce qui fit rire la brunette. « Évidemment, tu me manques, mais ils sont sortis d’eux-mêmes ! Apparemment ils ont une vie amoureuse » dit-elle en haussant les épaules, comme si elle ne comprenait pas ce que ces mots voulaient dire, ajoutant un petit clin d’œil en direction de son frère et le suivant jusqu’à la cuisine. « Et toi alors, c’était le seul soir où tu n’avais pas prévu de squatter chez Nathan ? » demanda-t-elle pour rire en lui donnant un petit coup de coude avant de se diriger vers le côté bar du grand meuble de la cuisine. « Je te sers quoi ? » dit-elle en se penchant pour attraper une bouteille de vodka pour se faire un Sex on the bitch, son cocktail du moment.
Une fois les verres remplis et les derniers plats bien garnis déposés sur la petite table du salon, sur laquelle il n’y avait plus aucune place vu le nombre impressionnant d’assiettes, Valentina invita son frère à s’installer sur son canapé. Le grand canapé d’angle, couleur crème, était du genre très très confortable, tellement confortable qu’on avait bien souvent du mal à en sortir. « Bon, j’ai peut-être cuisiné plus que nécessaire… » observa-t-elle en voyant tout ce qu’elle avait fait, « Mais il vaut mieux trop que pas assez ! » affirma-t-elle avec un sourire. Elle approcha ensuite son verre de celui de son frère pour trinquer et déclara « A notre soirée ! ».
Une fois les premières gorgées bues et les premières bouchées avalées, Valentina se tourna vers Chris. « Alors, quoi de neuf ? ». Ils se voyaient si peu souvent que sa petite sœur était bien obligée de lui demander ça.

Valentina leva les yeux au ciel de manière très théâtrale lorsque son blondinet du frère affirma que ses colocataires étaient chanceux, rebondissant sur leur fait qu’ils étaient, pour la grande majorité, chez leur compagne et compagnon. « Arrête, toi et moi on sait très bien que tu n’as qu’à sortir dans la rue et sourire pour faire tomber quelqu’un sous ton charme ! » affirma la jeune femme avec un petit sourire. C’était vrai, Christopher était du genre mignon, même beau à vrai dire. Il avait ce truc qui attirait les gens, ce charisme qui avaient fait craquer la grande majorité de ses amies quand Valentina était adolescente et qu’elle les invitait chez eux. Mais voilà, faire tourner des têtes, ce n’était pas tout, il fallait assumer après, et ça c’était la partir avec laquelle le Peñali avait le plus de mal. Il n’était pas un mauvais garçon, pas le genre à faire du mal aux autres de manière volontaire, mais Valentina avait bien compris que son frère n’était pas très doué pour maintenir des relations. Christopher ne lui en parlait très peu, voir plutôt jamais, réservant probablement ce sujet à Nathan, mais la chilienne était observatrice surtout lorsqu’il s’agissait des gens qu’elle aimait. L’amour, ce n’était ni le centre du monde ni l’objectif principal de la vie, et Christopher se débrouillait très bien sur tous les autres aspects de sa vie. Peut-être était-il heureux comme ça, au final, mais sa petite sœur ne désespérait pas de le voir un jour épanoui et amoureux.
Ce qui était assez dingue, chez les Peñali, c’était que, contrairement à d’autres familles, ce n’était pas les parents qui en étaient le centre névralgique. En effet, chez les Chiliens, c’était plutôt Nathan, l’aîné, qui endossait ce rôle. Il était au centre de la famille, tout passait quasiment par lui. Christopher était extrêmement lié à lui ; Valentina partageait un lien particulier de père de substitution et de protecteur avec lui ; Isaac au contraire était plutôt dans la rébellion constante envers lui, comme un adolescent en pleine crise. Bref, Nathan était le cœur de la famille, le soleil de ce système de planètes. Evidemment, tous les membres de la fratrie s’aimaient indépendamment de lui, mais il cristallisait quand même beaucoup des liens entre eux, comme la pièce centrale, celle qui fait tenir tout le reste ensemble. Nathan était un mur porteur, voilà, l’image était parfaitement trouvée. Alors forcément, la jeune femme demanda à son frère pourquoi il n’était pas plutôt avec leur aîné, ce à quoi Chris répondit avec de l’humour, faisant rire sa petite sœur. « Ah les vieux, de vrais rabat-joie ! » déclara-t-elle en entrant dans son jeu, se retenant de rire trop fort. Valentina adorait l’humour de Christopher, c’était d’ailleurs une des choses qu’elle préférait chez lui.
Créer des cocktails, c’était une grande partie du métier actuel – enfin d’un des métiers actuels – de Valentina, ce que son frère n’avait visiblement pas oublié, souhaitant prendre la même chose qu’elle. La jeune femme s’appliqua alors d’autant plus, même s’il ne s’agissait que de mélanger divers jus de fruits et de l’alcool. Une fois les cocktails servis, les deux Peñali s’installèrent sur le canapé, face aux multiples plats qui trônaient – ou plutôt ensevelissaient – sur la table. Le blondinet porta un toast à la nourriture devant lui avant d’un avaler un d’un trait, faisant part de son contentement de manière bruyante, ce qui fit rire sa petite sœur. Valentina bu une gorgée de son verre avant de se servir elle aussi à manger : une bouchée au chorizo et aux tomates fraîches avec du basilique, un régal ! Lorsqu’elle lui demanda de ses nouvelles, le motard affirma que ça allait, développant sa routine : le travail allait bien, tout comme l’appartement et la moto. Il avait fait le tour, mais cette réponse ne satisfaisait pas du tout la jeune femme. « Ravie de savoir que tout ça va bien, mais toi ? » insista-t-elle. Non pas qu’il semblait aller mal et qu’elle s’inquiétait, mais depuis que Valentina avait découvert que son petit ami avait un cancer elle espérait davantage parler des choses importantes avec ses proches, notamment avec ses frères qui avait la fâcheuse tendance à ne surtout pas parler d’eux.
Christopher lui demanda ensuite si elle était la pauvre malheureuse de l’appart qui n’avait pas de petit copain chez qui aller, ce qui fit rire la principale intéressée. Elle aurait pu lui répondre qu’elle avait quelqu’un, lui parler de Spencer, de ce qu’elle ressentait avec lui, mais la jeune femme n’avait encore pas parlé du jeune homme à sa famille. Alors, elle s’abstint, préférant recentrer la conversation sur Chris. « Tout à fait, du coup j’appelle mon frère qui, je suis sûre, viendra parce que l’appel de la nourriture est trop fort ! » déclara-t-elle en riant avant de se reprendre. « J’avais juste envie de passer une soirée avec toi, ça faisait bien trop longtemps ! Et puis, c’est important, la famille… », surtout quand un proche était presque mourant, on se rendait alors compte qu’il était nécessaire de resserrer les liens avant qu’il ne soit trop tard.

Spoiler:

Valentina aimait tous ses frères. Mais elle était très bien placée pour connaître leurs qualités ainsi que leurs défauts. Pour Chris, c’était assez simple : il était beau, courageux, drôle, rebelle, mais il était aussi peu enclin à l’engagement, peu sérieux, nonchalant… Il avait toujours attiré les gens, que ce soit des filles pour des relations amoureuses, ou des garçons pour de l’amitié. Peut-être attirait-il d’ailleurs les hommes aussi pour l’amour, mais ça, Valentina n’en savait strictement rien. Enfin bref, la jeune femme savait parfaitement que son frère plaisait, il avait toujours plu. Mais aujourd’hui, il atteignait un âge où son côté bad boy devenait handicapant pour l’avenir : difficile d’imaginer du long terme avec un homme du genre de ceux qu’on croise dans les romans à l’eau de rose pour adolescente. Pourtant, son frère, c’était un chouette gars, et tout le monde pouvait comprendre qu’il avait peur de l’engagement. Il avait été abandonné par les personnes qui étaient sensés prendre soin de lui plus que d’eux-mêmes, normal qu’il ait du mal à s’engager ! Sa petite sœur ne comprenait pas comment aucune femme – ou aucun homme – n’avait encore compris ça et n’avait pas pris le temps de l’aider à surmonter ça… Mais les histoires de cœur, elle avait déjà suffisamment à faire avec les siennes, et elle n’était pas vraiment de bons conseils de toute façon, vu ses anciennes histoires…
Chris sembla être presque désarçonné lorsque sa petite sœur lui demanda si lui, il allait bien. La jeune femme était très proche de sa famille, et elle mettait donc un point d’honneur à se soucier d’eux, mais à dire vrai elle le faisait déjà naturellement. Le blondinet affirma tout simplement que oui, si tout allait bien, alors il allait bien. Elle, elle n’était pas vraiment convaincue. Déjà, parce qu’il avait froncé les sourcils, ce qui soulevait quelque chose, mais elle ne savait pas quoi. En plus il avait laissé un petit blanc après avoir dit « Bah… ». Mais bon, visiblement, il ne voulait pas s’étaler, alors elle ne lui redemanderait pas. Il avait aussi le droit de ne pas vouloir tout partager avec elle, elle pouvait comprendre. Valentina espérait simplement que son frère savait qu’il pouvait compter sur elle pour l’épauler s’il avait besoin. C’était aussi ça, la famille Peñali.
Le geste à la fois tendre et taquin de son frère fit rire la jeune femme. Elle le regarda avec un air amusé lorsque le blondinet affirma qu’il était content de passer une soirée calme, ce dont il perdait l’habitude. « J’avais oublié que Mônsieur sortait tous les soirs avec ses copains acteurs. Tu fais partie de la jet set » dit-elle en levant les yeux au ciel et en éclatant de rire. Elle imaginait très bien Chris sur la piste de danse, entouré par de nombreuses personnes, buvant et riant jusqu’aux lueurs du petit matin. En effet, c’était bien loin du programme qu’avait imaginé sa petite sœur, bien enfoncée dans son canapé, un verre à la main et un canapé aux crevettes dans l’autre.
Avec un surnom qu’elle entendait depuis toute jeune, son grand frère lui demanda de lui raconter ses anecdotes sur ses clients. Val se pencha alors vers lui, comme s’ils allaient se raconter des secrets d’enfants. Elle but une gorgée avant de souffler. «[color=#cc0000 Par où commencer… [/color]» déclara-t-elle en levant les yeux au ciel. « Tu sais, les clients, ils partent du principe qu’ils sont rois et que tu es là pour répondre au moindre de leur désirs » dit-elle pour contextualiser. Elle en avait vécu, des vertes et des pas mures, en tant que serveuse. « Un jour, il y en a un qui a renvoyé son plat trois fois, à chaque fois parce qu’il disait qu’il était froid ! Sauf qu’à chaque fois qu’on le servait, il parlait pendant un quart d’heure avec son collège avant de porter la fourchette à sa bouche, alors forcément… » raconta-t-elle avec un petit sourire. Celle-là, elle était drôle, c’était bon enfant. « Une autre fois, au bar cette fois, pas au restaurant, il y a un cabrón* qui a fait tomber son verre exprès pour mouiller mon haut et que je ramasse les éclats. Quand je me suis baissée, il a commencé à mimer des trucs degueu derrière moi pour faire rire ses potes » raconta-t-elle, sans sourire cette fois. Ce genre de choses, cela lui arrivait bien trop souvent. « Mon patron l’a foutu dehors » dit-elle en haussant les épaules. Lorsque son frère évoqua un compte Tik Tok pour raconter tout cela, elle laissa échapper un petit rire. « C’est vrai que ce serait drôle ! Puis les gens prendraient peut-être conscience qu’ils agissent parfois comme des cons » affirma-t-elle en hochant vivement la tête. Elle n’avait pas le temps pour traîner sur les réseaux, mais peut-être certaines de ses collègues trouveraient ça intéressant…

Hors rp: