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Un petit concert de temps en temps, ça ne peut faire de mal à personne. A Silas histoire de le dérider un brin, à Robin pour lui sortir un peu la tête des préparatifs de son mariage. D’ailleurs, la jeune femme s’est fait une promesse : ce soir, elle éteindrait son téléphone portable. Sinon elle serait bien tentée de répondre à l’un ou l’autre mail qu’on lui enverrait à ce propos et ne serait donc pas entièrement là. On peut dire que Robin a toujours eu une sorte de petite addiction à son téléphone ; il n’était pas rare qu’elle passe la majeure partie de ses repas familiaux dessus. A discuter avec Matt, avec Nick, avec Silas… Bref, avec d’autres personnes qui lui étaient chères car si elle appréciait passer du temps en compagnie de sa mère et de ses petites sœurs – surtout Celeste, cela va sans dire, le fossé générationnel est moins grand -, il n’en allait pas vraiment de même pour ce qui était de ses petits frères. Alors parfois, une distraction était la bienvenue, même s’il fallait pour ça qu’elle s’abîme sur Youtube, quitte à regarder des vidéos sans le son puisqu’on réclamait quand même un minimum de son attention.

Tout ça pour dire que, ce soir, Silas et elle avaient décidé de se retrouver à un concert. Rien d’incroyable, un petit concert d’un groupe local dans un club sans trop de prétention : il n’y aurait pas que la scène et la fosse mais également de quoi s’asseoir, se poser un peu. Il n’y a pas à dire, elle commence à remonter l’époque où elle était capable de tenir toute la soirée en fosse, collée au reste de la foule, inhalant leur sueur et leur parfum bon marché. Une vingtaine de minutes avant l’heure du rendez-vous, Robin demanda à Ixchel de rester sage jusqu’au retour de Matt qui avait été retenu au travail ce soir-là. Ce qui tombait bien puisqu’il râlerait sans doute de savoir qu’elle a pris son antique Cox, sachant qu’elle risque à tout moment de la lâcher sur le bord de la route, comme tant de fois déjà. Mais cette fois, Robin n’avait pas commis la même erreur et lui avait envoyé un petit SMS pour le prévenir qu’elle était sortie et qu’il était donc bien possible qu’il en reçoive un autre un peu plus tard lui apprenant qu’elle est en panne. Toute cette logistique à chaque fois qu’elle sortait sans lui, tout de même… Elle ne le souhaitait pas mais le temps était peut-être venu de changer de voiture.

Soit, une fois dans le garage, elle jeta son sac sur le siège passager, prit place derrière le volant et c’était parti. Oui, enfin sauf qu’à peine quelques mètres plus loin, sa voiture commença à avoir des ratées. Une chance pour elle qu’elle tint le coup jusqu’au club. Où les gens faisaient la queue pour entrer. Ah. Comme quoi, elle avait été bien inspirée de réserver un peu plus tôt dans la journée car elle savait que c’était une possibilité. Robin tourna un peu dans le quartier jusqu’à trouver une place puis fit le reste du chemin à pied. Elle retrouva son ami dans la file : autant prendre le plus d’avance possible. Pas d’autre choix que de jouer un peu des coudes pour se frayer un chemin jusqu’à lui, ce qui lui attira pas mal de regards noirs de la part des autres clients et même un « fais la queue comme tout le monde ! » de l’un d’eux. Robin se contenta de rouler des yeux et de pousser un soupir tout en poursuivant sa route. Une fois à la hauteur de Silas, ce fut un grand sourire qui étira ses lèvres, elle était toujours ravie de le voir.
« Salut ! J’espère que je t’ai pas trop fait attendre. Tu sais bien, ma voiture. Elle a encore fait des siennes. »
Mais nul besoin de s’appesantir là-dessus puisqu’elle était là.@Silas McMahon

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Robin & Silas

Passer du temps avec ses amis, s’aérer l’esprit, c’est tout ce dont Silas a besoin dans sa vie. Travailler c’est bien mais il faut savoir décompresser et passer des bons moments de temps en temps. Même si l’agent immobilier est habitué à son petit train-train quotidien et qu’il n’est plus aussi fêtard qu’autrefois, il n’est jamais contre le fait de passer une petite soirée entre amis. Avec Robin notamment, l’une des femmes les plus chères à son cœur. Un véritable rayon de soleil qui illumine sa vie parfois trop sombre. La jeune femme est cette lumière indispensable à son monde, capable de dissiper les nuages sombres qui s’amoncèlent parfois dans son ciel gris. Elle est cette épaule sur laquelle il peut pleurer sans honte. Cette amie précieuse sur laquelle il peut compter en toute circonstance. La seule au courant de tous ses petits secrets inavouables. Son roc, son pilier infaillible, c’est elle.

Ce soir, les deux amis ont décidé de passer la soirée ensemble dans un club qui accueille un petit groupe local pour un concert convivial. L’occasion parfaite pour passer un moment tranquille autour d’un verre, à apprécier de la bonne musique en live. Chacun a sans doute besoin de décompresser un peu. Silas pour tout un tas de raisons, notamment la santé de sa mère qui se dégrade. Robin pour sortir la tête des préparatifs de son mariage, peut-être. Toujours est-il qu’après un détour dans sa douche, l’irlandais opte pour une tenue colorée – comme d’habitude. Si la chemise blanche, trop longue, surmontée d’une veste noire, toute aussi longue, reste assez sobre, le pantacourt qu’il choisir en revanche est bien plus bariolé à coup de rose, de jaune et de noir. Du Silas tout craché. Au moins, on le repère toujours de loin avec ses tenues toujours excentriques et voyantes. Fin prêt et ses chaussures enfilées, il récupère son portefeuille, son téléphone ainsi que ses clés et il quitte son appartement, l’enthousiasme déjà débordant.

Sur place, il doit tourner pendant quelques minutes en voiture avant de trouver une place un peu à l’écart. Visiblement, l’événement a attiré pas mal de monde à en juger le peu de places disponibles restantes. Mains dans les poches, il traverse les rues et avance jusqu’au lieu des festivités. Après un bref coup d’œil jeté à la volée, il constate que son amie n’est pas encore arrivée. Sans doute galère-t-elle aussi pour trouver une place où se garer. Qu’à cela ne tienne, il prend déjà place dans la file d’attente qui s’est déjà formée. De toute façon, elle ne devrait pas tarder. Ce sont des grognements indignés de personnes dans son dos qui attirent son attention et lorsqu’il se retourne, Robin apparait enfin dans son champ de vision. Un grand sourire fleurit sur ses lèvres pour l’accueillir et il se penche légèrement pour la serrer brièvement dans ses bras. « Salut ! » Il ne peut retenir un petit rire quand elle mentionne l’épave qui lui sert de voiture et les péripéties qu’elle ne cesse de lui faire vivre. « T’inquiète pas, de toute façon la file avance lentement. Je pensais pas qu’il y aurait autant de monde. » Heureusement qu’il est patient. « Tu comptes l’user jusqu’au bout cette pauvre voiture ? Un jour le volant va te rester dans les mains tu sais. En tout cas, tu es arrivée à destination, c’est déjà pas mal ! » Et en un seul morceau, ce qui est vraiment un exploit.

Les minutes défilent et plus vite que prévu, les voilà à l’intérieur. L’ambiance y est déjà à la fois festive et cosy. Le groupe n’est pas encore sur la scène et les gens continuent de s’installer tranquillement. Les deux amis en font de même pour se retrouver assis à une table dans un coin. Suffisamment éloigné pour s’entendre parler mais tout de même proche pour pleinement profiter du spectacle. L’enthousiasme débordant, Silas tapote ses mains sur la table. « Dis-moi ce que tu veux boire, je t’invite ! » Autant prendre de l’avance avant qu’un serveur ne vienne prendre leurs commandes. « Et comment va Matt ? » Matt et Sisi sont de vieux amis d’enfance, rencontrés dans une autre ville, victimes tous les deux de l’incapacité de leurs parents à rester sur place bien longtemps. Un vieux pote qu’il a retrouvé avec grand plaisir quand Robin lui a présenté son fameux fiancé. C’est fou comme le monde est petit.

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Ah, Robin le sait que sa voiture est une vieillerie. Pour tout dire, elle pourrait carrément la faire passer au statut d’ancêtre. Ce qui lui reviendrait moins cher en termes d’assurance ainsi que de taxes. Mais ça voudrait également dire ne plus pouvoir emprunter n’importe quelle route. A ce stade, mieux valait en changer, c’était certain. Mais le fait est qu’elle l’aimait bien sa petite Cox. Ce n’était pas celle avec laquelle elle avait appris à conduire – ça, c’était celle de sa mère -, mais c’était sa toute première voiture bien à elle. Celle avec laquelle elle avait découvert cette sensation de liberté lorsqu’on conduit de nuit, seul, cheveux aux vents, l’autoradio à fond. Tant de souvenirs ! Non, elle avait beau essayer de se résoudre à en changer, elle n’y parvenait pas. Au lieu de quoi, la jeune femme préférait nettement en changer toutes les pièces. Une à une jusqu’à ce qu’elle ait une voiture neuve, au fond. Un gouffre financier à force, certes, mais ça les valait bien. Enfin, probablement. Avançant au pas, elle commença par secouer la tête, lui bourra doucement l’épaule, un sourire coupable naissant sur ses lèvres.
« Jusqu’à la corde, tu me connais. »
Et ce, même si les voitures n’ont pas de cordes. Du moins, pas qu’elle sache. En plus de son addiction à son téléphone, Robin avait la faculté de s’attacher aux objets. Raison pour laquelle elle ne voulait toujours pas vendre son appartement alors qu’elle avait emménagé avec son fiancé depuis plusieurs mois déjà. Le fait est que, les objets, les biens, les propriétés ne l’avaient jamais abandonnée quand les gens oui. Et plus d’une fois. Non, bien sûr qu’elle ne croyait pas que Matt puisse la quitter ; elle savait qu’il l’aimait, mais… C’était arrivé si souvent par le passé – ou même l’inverse, qu’elle quitte la personne avec qui elle était -, que cette possibilité trouvait toujours le moyen de s’insinuer dans sa petite tête. Ce qui expliquait qu’elle se retrouve avec une voiture déglinguée et un appartement quasi vide sur les bras. Mais que voulez-vous ? Les vieilles habitudes ont la vie dure.

Tout ça pour dire que le temps passe bien plus vite quand on a quelqu’un avec qui papoter. De sa surprise quant au fait qu’il y ait tant de monde par exemple. Elle non plus n’aurait pas cru ; elle espérait surtout que ça ne serait pas trop la cohue à l’intérieur. S’il fallait partager sa table avec de parfaits inconnus, ça limitait toujours les sujets de discussion. Cela dit, Robin ne se posa pas la question bien longtemps puisqu’à force de piétiner, vint leur tour d’entrer. Puis ils ne tardent pas à se trouver une table dans un coin. Pile ce qu’il fallait. Là-dessus, Silas annonça qu’il l’invitait. Et puisqu’on avait toujours appris à Robin qu’une invitation ne se refusait pas – enfin, sous conditions, tout de même -, elle fit mine de réfléchir l’espace d’une seconde.
« Un Long Island, bien sûr. »
Avant de faire tomber son blouson sur la banquette d’un coup d’épaules. Ensuite, le sujet tourna bien vite autour de Matt. Si elle aurait pu croire qu’un de ses amis connaissait également celui qui aujourd’hui était son futur ami quand elle-même en avait fait la connaissance à Londres ? Jamais de la vie ! Pourtant, c’était bien ce qui s’était produit. D’ailleurs, Matt semblait avoir retrouvé d’autres connaissances par ici. Tant et si bien qu’elle ne se faisait plus le moindre souci quant à son acclimatation.
« Super bien ! Il a été retenu au travail ce soir, sinon, il serait peut-être venu. »
Qu’on se le dise, Robin n’était pas du tout le genre de personnes qui traîne son petit copain absolument partout et l’impose à chaque rassemblement entre amis mais puisque Silas et lui se connaissent aussi, elle savait parfaitement que ça ne poserait aucun problème. Et bien sûr, elle omit de mentionner qu’ils étaient en plein rush. D’abord parce que Silas était au courant mais aussi parce qu’elle en avait tellement rêvé de ce mariage qu’elle ne voyait absolument pas ça comme une contrainte. Plutôt comme une bénédiction. Une bénédiction qui lui bouffait pas mal de son énergie, peut-être mais tout de même.
« Et toi alors, comment ça va ? »@Silas McMahon

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Robin & Silas

Bien sûr que Silas connait sa meilleure amie. Par cœur. Elle n’a aucun secret pour lui et inversement. Il sait à quel point elle est conservatrice de ses vieilleries – à ce niveau là, ils se ressemblent pas mal – alors sa voiture, elle la gardera jusqu’à la panne fatale. Lui aussi a gardé sa vieille voiture pendant de nombreuses années, fier de son tout premier véhicule. Plus qu’un simple bien matériel, l’attachement était surtout sentimental. De nombreux souvenirs hantaient l’habitacle de son antiquité. Quelques mauvais mais surtout des bons. Cette épave qu’il avait depuis l’adolescence en avait vu passer de toutes les couleurs. Malheureusement, certaines pannes sont irréparables ou demandent des moyens financiers bien trop conséquents. Un véritable gouffre. C’est le cœur lourd qu’il a dû se séparer de la sienne à l’époque alors forcément, il est bien placé pour comprendre l’état d’esprit de son amie.

Au final, l’attente n’est pas si longue que ça. Sans doute que patienter en étant accompagné aide le temps à passer plus vite. Ou du moins, il en donne l’impression. A l’intérieur, ils ne tardent pas à trouver une table où s’installer et tout comme son amie, l’irlandais retire sa veste pour se sentir plus léger et plus libre de ses mouvements. L’invitation lancée et acceptée, il n’y a plus qu’à attendre l’arrivée d’un serveur pour commander. En attendant, ils en profitent pour discuter. Le premier sujet est tout trouvé ; Matthew. « Ah dommage. La prochaine fois on ne lui laisse pas le choix et on l’emmène avec nous. Faut savoir décrocher du boulot ! » Il ne sait pas vraiment si Matt y passe sa vie mais bosser encore à cette heure-ci, ça relève d’une certaine addiction, non ? « Ça lui ferait du bien de lâcher prise un peu de temps en temps, lui qui calcule tout dans les moindres détails. » Une grosse différence entre Silas le spontané et Matthew l’ordonné. L’irlandais s’efforce parfois de le prendre au dépourvu pour l’emmener en balade avec lui sans que rien ne soit prévu. Les surprises, ça a parfois du bon.

Robin n’est pas sans savoir que ces derniers temps, ce n’est pas forcément la joie dans la vie de son ami. Il pourrait se cacher derrière son sourire permanent et affirmer haut et fort que tout va bien, comme d’habitude. Pourtant, sa meilleure amie est bien la seule à qui il ne cache aucune de ses émotions. Cependant, pas le temps de répondre à sa question, un serveur s’approche de leur table pour prendre leurs commandes. Un Long Island pour l’une, un mojito pour l’autre et le voilà qui repart pour préparer tout ça. En attendant, Silas croise ses bras sur la table et pousse un soupir en haussant les épaules. « On va dire que j’ai connu mieux. Ma mère va plus ou moins bien, disons que ça dépend des jours. Il y a des hauts et des bas. J’ai toujours une petite appréhension avant d’aller la voir, je ne sais jamais dans quel état je vais la trouver. » Madame McMahon manque parfois de lucidité et ne reconnait pas son propre fils. C’est frustrant et triste de ne pas être reconnu par sa propre mère. Le serveur fait de nouveau irruption pour déposer leurs verres sur la table, coupant la conversation pendant quelques secondes. Silas le remercie et attrape son verre entre ses doigts. « Pour le reste et bien… Chris est de retour. » Encore. Un silence radio volontaire de la part de l’irlandais au cours de ces derniers mois. Une nouvelle rupture l’été dernier, une de plus qu’il n’a pas pu supporter. Un besoin de prendre un peu de distance pour soulager une énième fois son cœur meurtri. Mais voilà que le blond a mis fin à cette pause forcée. « Il veut déménager alors forcément il a pensé à moi. » Et encore une fois, Silas ne sait pas quoi penser de tout ça. Tout est toujours compliqué avec Christopher. Tout le temps. « Enfin bon. Et toi alors, ton mariage ? Comment ça avance ? » Mieux vaut se lancer dans un sujet un peu plus agréable. Il sait plus ou moins comment les préparatifs évoluent mais ce changement de sujet est le bienvenu pour penser à autre chose que ses tourments incessants.

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Oh oui, Matt adore son travail, c’est un fait. Mais qui ne l’aimerait pas à sa place ? C’est sûr que photographe de mode, c’était un poil plus passionnant que son métier à elle. Et pourtant, il ne fallait pas croire, Robin aimait beaucoup le sien aussi ; c’était son domaine, elle s’y sentait bien. Mais, s’il lui était arrivé d’enchaîner les heures supplémentaires du temps où elle reconstituait cette fresque dans une chapelle, quand l’heure de rentrer sonnait, elle quittait son poste sans un regard en arrière. Cela étant, la jeune femme avait moins de responsabilités que son fiancé ; aucun scrupule à ne rien rapporter à l’appartement, donc. D’un autre côté, il ne fallait pas oublier qu’elle avait un autre métier à côté et qu’en plus de ça, il lui arrivait d’aider la police sur l’une ou l’autre enquête. Oui, c’était à se demander où ils parvenaient à trouver un peu de temps pour eux dans tout ça. Mais ils y parvenaient. Et plutôt bien, de surcroît.
« Faut le comprendre, moi aussi je resterais plus que de raison au travail si je travaillais sur de jolis mannequins. Pas toi ? »
C’était faux, bien entendu. Depuis qu’elle avait enfin trouvé le bon, Robin ne s’intéressait plus du tout aux autres personnes de cette manière. Il ne s’agissait même pas d’une question de respect, c’est juste qu’ils n’avaient plus grand attrait à ses yeux. Et si elle ~~espérait~~ croyait qu’il en allait de même pour Matt, une part d’elle ne pouvait s’empêcher de penser le contraire. Bref, là n’était pas le sujet. Elle pouffa à l’évocation de cette manie qu’avait son fiancé de tout planifier dans les moindres détails. Pas qu’elle soit beaucoup plus spontanée. C’était même loin de lui déplaire, en vérité. Mais force était d’admettre que très peu de choses lui déplaisaient chez Matt.
« T’en fais pas pour lui, il sait se lâcher aussi, quand il faut. »

Dans tous les cas, la question lui fut bien vite retournée, à savoir comment allait-il ? Robin savait pertinemment que ce n’était pas la joie ces temps-ci mais Silas mettait toujours un point d’honneur à faire comme si tout allait bien. Outre ses capacités un peu spéciales, Robin n’était pas dupe. Non seulement elle connaissait suffisamment son ami pour savoir qu’il faisait de son mieux pour se voiler la face mais n’importe qui d’autre dans cette situation serait au trente-sixième dessous. Elle opina du chef, l’écoutant attentivement lui apprendre qu’il y avait des jours avec et des jours sans, concernant sa mère et ressentit un léger pincement au cœur de savoir qu’il appréhendait d’aller la voir. Tout à fait normal mais c’est le genre de choses qu’on ne devrait pas avoir à vivre, voilà ce qu’elle pensait. Avec empathie, elle posa une de ses mains gantées sur la sienne.
« Si un jour ça n’allait pas, tu sais où me trouver. »
Ce n’était bien sûr pas la première fois qu’elle le lui rappelait mais une de plus ne serait pas de trop. Si elle pouvait lui venir en aide d’une manière ou d’une autre, ça serait avec grand plaisir.

Là-dessus, son ami enchaîna sur le fait que Christopher était de retour et, inconsciemment, les poings de la jeune femme se serrèrent. Robin ne s’en était jamais cachée, elle n’aimait pas ce Christopher à qui elle refusait même de donner le surnom de Chris. Elle n’aimait pas la façon qu’il avait de jouer avec les sentiments de Silas. Néanmoins, elle ne pouvait rien y faire.
« Je vois. A croire qu’il ne trouve personne d’autre à faire souffrir… »
Elle préféra ne pas poursuivre sa phrase de peur de dire des choses qu’elle pourrait regretter par la suite et se concentrer sur son mariage.
« Ça avance plutôt bien ! C’est un peu bizarre parce que je n’ai rien de concret en dehors de ma robe sous les yeux, seulement des photos et des promesses par mail mais je crois que tout sera prêt à temps. »
Robin avait tellement rêvé de se marier un jour qu’elle avait filé acheter sa robe de mariée le lendemain de la demande de Matt. Enfin, le surlendemain étant donné qu’il l’avait demandée en mariage le trente-et-un décembre. Depuis ce jour, sa robe attendait sagement d’être portée dans son dressing à son ancien appartement. Comme quoi, il pouvait encore lui être utile.@Silas McMahon

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Robin & Silas

Certains jobs sont bien plus enviables et agréables que d’autres, c’est un fait. Vendre des maisons et des appartements, ça ne fait pas rêver. Ce travail n’a pas grand-chose de passionnant mais il paye le loyer. Devenir agent immobilier n’a jamais été un rêve de gosse mais au fond, c’est mieux que rien. Alors que photographe de mode, ça vend un peu plus de rêve, effectivement. Côtoyer des êtres parfaits – selon les normes de la société – et rencontrer parfois des stars, c’est sûr que c’est déjà plus idyllique que trouver un appartement. Pourtant, Silas n’est pas trop branché strass et paillettes. La célébrité, il s’en fiche éperdument et il considère que la beauté des personnes se trouve à l’intérieur et non à l’extérieur. « Peut-être, ça doit avoir ses avantages ! » Comme dans chaque métier. « Mais je suis sûr que certains ont des caractères de diva. J’aurais du mal à supporter ce genre de chose. » Chaque métier comporte également son lot d’inconvénient, il ne faut pas se leurrer.

Evoquer l’état de sa mère est devenu une habitude quand Silas doit parler de lui. Après tout, sa maladie impacte beaucoup sa vie et son état d’esprit. Difficile de faire l’impasse. Il y a des jours où tout va bien, où aucun nuage sombre ne s’amoncèle à l’horizon. D’autres fois au contraire, c’est un violent orage qui déferle. Sa mère étant la dernière famille qu’il lui reste – et qui lui importe, surtout – que la situation est d’autant plus difficile à vivre. Pour autant Silas McMahon n’est pas homme à se laisser abattre, au contraire. Le geste de sa meilleure amie lui arrache un petit sourire. « Je le sais oui, tu es la personne numéro un à contacter en cas de problème. » Il plaisante, même si sa blague n’est pas très loin de la réalité. Robin a toujours été un soutien sans faille pour lui, ce n’est pas maintenant que les choses vont changer. « Sortir avec toi de temps en temps me fait du bien. » Rien de mieux qu’une sortie entre amis pour se changer les idées.

Christopher est un autre sujet récurrent dans la vie de l’agent immobilier, et pour cause, malgré leur passé tumultueux, les deux hommes sont quasiment indissociables l’un de l’autre. Pour le meilleur mais surtout pour le pire. Combien de fois Robin a-t-elle ramassé son ami à la petite cuillère après une énième rupture ? Trop de fois pour pouvoir les compter. Une moue se dessine sur les traits de l’irlandais et il penche légèrement la tête sur le côté. « Tu peux exprimer le fond de ta pensée tu sais, je sais que tu ne le portes pas dans ton cœur et c’est parfaitement légitime. Si nos rôles étaient inversés, j’aurais déjà enterré celui qui t’aurait brisé le cœur à maintes reprises. » Il soupire un grand coup. « Je ne sais pas quoi faire avec lui, je ne sais pas ce qu’il veut, je ne sais pas ce qu’il cherche. Je suis un peu paumé. » Et encore, le mot est faible parce qu’il est littéralement au fond du trou. Ses sentiments pour lui sont forts mais à force de malmener son cœur, il n’est pas certain de parvenir à se relever éternellement.

Le mariage est un autre sujet qu’ils abordent. Un sujet important puisqu’il occupe une grande partie de l’emploi du temps de son ami. Silas ne rechigne jamais à mettre la main à la pâte en cas de besoin et il est tout aussi curieux de savoir comment les préparatifs avancent. « C’est le problème quand c’est organisé à l’étranger. Tu ne peux pas te rendre sur place comme tu le souhaites pour t’assurer de tes propres yeux que ça avance bien. Mais je suis sûr aussi que tout sera prêt en temps et en heure ! » Des images plein la tête, Il pose son coude sur la table pour appuyer sa tête dans sa main d’un air attendri. « Tu seras la lus belle mariée du monde, j’en doute même pas une seconde. Je ne peux pas te promettre de ne pas pleurer ce jour là, mais je vais essayer. J’ai vraiment hâte d’y être. Ce sera parfait j’en suis sûr ! » Dans un cadre aussi idyllique que le Mexique, ce jour ne peut être que le plus beau de la vie de sa meilleure amie. « S’il y a d’autres choses que je peux faire d’ailleurs, tu sais que tu peux tout me demander. Je suis toujours prêt à t’aider avec un immense plaisir. »

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Bien sûr que ça a ses avantages. Mais mater des bombes souvent pas très vêtues doit effectivement être le plus important. Comme beaucoup de gens, Robin avait cette image négative du milieu de la mode : de la rigueur, des exigences, du snobisme, une maigreur maladive pour la plupart des modèles. Car on ne leur demandait pas d’être beaux mais atypiques et surtout grands et très minces. D’ailleurs à ce stade, ce n’était même plus d’une demande qu’il s’agissait mais bel et bien d’un ordre. La plupart des grands couturiers ont l’air d’être de véritables peaux de vache. En dehors de ça, la jeune femme n’y connaissait pas grand-chose. Oui, son fiancé était photographe de mode. Vraiment bon, même, du genre qu’on s’arrache mais son environnement de travail avait l’air moins stressant que tout ce qui est généralement associé au monde de la mode. Sans doute plus que son travail à elle où elle ne côtoie que ses produits et ses pinceaux, parfois l’un ou l’autre collègue mais sans plus, c’est sûr. Ce qui fait qu’au fond, elle appréciait son métier. Certes, il ne mettait de paillettes dans les yeux de personne – à l’exception des gens qui avaient lu ou vu le Da Vinci Code -, mais elle aimait bien travailler pratiquement seule, répartir son temps comme elle l’entendait, bref, être plus ou moins libre de ses mouvements et libre de travailler avec un casque diffusant du Santana dans ses oreilles.
« Oui c’est sûr. T’imagines devoir travailler avec Karl Lagerfeld qui supervise derrière ? La pression. »
De son vivant, ce type avait l’air d’une véritable ordure. Et puis, bien qu’elle s’y connaisse très peu, les Lagerfeld, Saint-Laurent et autre Chanel pouvaient se la raconter autant qu’ils le voulaient, ils pouvaient également aller se rhabiller à côté de Gianni Versace. Mais bien sûr, c’est une question de goût.

Bref, lorsqu’elle lui demanda comment il allait, Silas parla plutôt de comment allait sa mère et c’était bien normal, son état à elle influait directement sur le sien à lui. C’est ainsi lorsqu’on s’occupe de ses proches malades. Raison pour laquelle elle ne manqua pas de lui rappeler qu’elle était là si besoin. A toute heure du jour et de la nuit, Robin serait présente si son ami avait besoin de soutien. Et quitte à se répéter, elle voulait que cette donnée soit bien assimilée. Souvent on n’ose pas déranger les autres mais pas de ça entre eux ! Un petit sourire en coin étira ses lèvres en l’entendant dire qu’elle était la personne de contact en cas de pépin et celui-ci s’élargit d’autant plus en apprenant que leurs sorties lui faisaient du bien. C’était le but de la manœuvre. Elle ne savait que trop bien combien ça pouvait être salvateur de se divertir, ne serait-ce que le temps d’une journée ou d’une soirée. Penser à autre chose, discuter, rigoler, tout ce qu’on s’empêche de faire lorsque la situation est trop tendue dans notre quotidien. Et forcément, comme on parle de Silas, on ne peut définitivement pas ne pas aborder le sujet Christopher. Ne pas le porter dans son cœur, c’était un euphémisme.
« Ça va au-delà de ça : je ne l’aime pas du tout. J’ai bien essayé de lui donner sa chance mais je pense sincèrement qu’il n’y a rien à en tirer. A chaque fois c’est la même chose. »
Ce qu’elle n’avait clairement pas besoin d’expliquer à Silas étant donné que c’était lui qui se trouvait au cœur de la situation. Mais puisqu’il lui avait dit qu’elle pouvait exprimer le fond de sa pensée, voilà qui était fait. Quant à savoir comment il devait réagir face à ce retour inopiné, Robin avait bien sa petite idée sur la question.
« Tirer un trait, voilà ce que tu devrais faire. Je ne suis pas sûre qu’il sache ce qu’il veut lui-même mais tu ne peux pas continuer à en faire les frais, Silas. Tu mérites quelqu’un de bien et qui te traitera bien, surtout. »
Incroyable de l’entendre donner ce genre de conseils, elle qui avait eu le cœur brisé un million de fois au bas mot autrefois. Mais jamais par la même personne, voilà toute la différence ainsi que la raison pour laquelle elle se permettait de parler.

Heureusement pour elle, elle avait fini par trouver la personne qui lui convenait, celle qui ne la ferait jamais souffrir. Et lorsqu’on trouve finalement cette personne, mieux vaut ne plus jamais la laisser partir, ce qui expliquait leur mariage à Matt et elle. Pas simple d’organiser un mariage à l’étranger. Si c’était à refaire, elle prendrait la même décision mais quand même, tout restait vague et flou pour le moment, elle ne pouvait que faire confiance aux organisateurs qui lui assuraient que tout serait prêt dans les temps. Ça ne la rendait pas folle mais ça la tarabustait quand même pas mal, cette sensation de n’avoir le contrôle sur rien. Robin prit un air très sérieux pour annoncer :
« Sinon des têtes vont tomber. »
Ce qui la fit ensuite rire car tout qui la connaissait savait qu’elle était généralement contre la violence. Généralement car il y avait bien des exceptions telles que Christopher ou encore Noah. Là, elle n’aurait pas hésité une seule seconde à lâcher la lame tranchante de la guillotine elle-même si elle l’avait pu. Après quoi elle rayonna littéralement ; elle attendait ce jour depuis tellement longtemps qu’elle espérait qu’il serait effectivement parfait.
« T’en fais pas pour ça, Matt a prévu des paquets de kleenex pour tout le monde. A commencer par lui. »
Pas spécialement parce qu’il était très émotif mais ça lui avait tellement servi le jour où Celeste avait accouché qu’il ne s’en séparait désormais plus. Au cas où.
« Je risque fort de t’embêter encore un peu, oui. »
Notamment lorsqu’elle serait sur place et qu’elle hésiterait à réserver Ricky Martin pour un petit concert ou quelque chose dans ce goût-là.@Silas McMahon

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