It's been a while •• Nathan

It's been a while

Nathan & Silas

Il y a des chanceux dans la vie. Des gens à qui tout sourit. Que ce soit le hasard ou les opportunités fortuites. Certains sont nés sous une bonne étoile et les coups de chance se multiplient, tant sur le plan professionnel que personnel. Pour d’autres en revanche, c’est un peu plus compliqué. Le destin a choisi de leur mener la vie dure et de placer embûche sur embûche sur leur chemin. C’est un peu le cas de Silas. Maladroit de prime abord, il n’a jamais été très chanceux dans sa vie. Il n’y a qu’à voir sa vie familiale ; un frère aîné décédé, un père absent qui préfère profiter de sa vie de son côté et une mère malade qui sombre peu à peu dans un Alzheimer précoce et bien ancré. Ajoutons à cela une vie sentimentale chaotique et compliquée. Il n’y a pas à dire, la vie de Silas n’est pas à envier. Et pourtant, l’irlandais garde le sourire en toute circonstance. Il n’y a que chez lui, quand il est seul qu’il laisse retomber la pression et qu’il prend enfin le temps de craquer. Le reste du temps, il est toujours souriant.

Sauf aujourd’hui. Debout dans la salle d’attente du commissariat, malgré sa patience plus ou moins sans limite, il ne parvient pas à attendre sagement dans un coin. Il y a un peu de monde mais le temps presse. C’est en enfilant sa veste ce matin qu’il s’est rendu compte que son portefeuille était manquant. Immédiatement, il a téléphoné à sa banque pour faire opposition sur sa carte bancaire mais pour le reste ? Tous ses papiers ? L’argent liquide – bien que ce ne soit pas le plus important – son permis de conduite, sa carte d’identité ? Il ne sait pas trop s’il l’a perdu – ce qui ne serait pas étonnant – ou si on lui a volé. Peut-être même qu’un bon samaritain l’a rapporté au commissariat, qui sait ? Toujours est-il que son angoisse est palpable et que le stress le rend quelque peu irritable et impatient. C’est rare que Silas se sente aussi démuni et impuissant. C’est réellement désagréable comme sensation.

Ne pouvant plus attendre plus longtemps  – parce qu’il a l’impression de devenir fou à chaque seconde qui passe – il se dirige vers l’hôtesse d’accueil qui préfère visiblement papoter avec un collègue que de s’occuper de tous les pauvres gens qui attendent. Vivement, il pose ses deux mains sur le comptoir. « Bonjour, excusez-moi de vous déranger en pleine conversation, semble-t-il hautement fascinante, mais j’ai un problème assez urgent. » Le ton de sa voix est posé, pourtant l’agacement y est palpable. L’hôtesse le dévisage quelques secondes, outrée par son culot. « Faites la queue comme tout le monde, Monsieur, on s’occupera de vous dans quelques minutes. » Fronçant les sourcils, Silas ne bouge pas pour autant. « Ecoutez, ça fait déjà une demi-heure que j’attends, quelqu’un se promène sans doute quelque part avec mon portefeuille plein alors j’estime que c’est suffisamment important pour-. » Pas le temps d’expliquer davantage qu’elle ose lui couper la parole. « Faites la queue comme tout le monde. » L’irlandais est un pacifiste dans l’âme. Il n’est pas spécialement impulsif ou du genre à sauter à la gorge de qui que ce soit. Pourtant, en cet instant précis, des envies de meurtre le titillent fortement. « Il faut que je vous parle en quelle langue pour que vous compreniez ? En espagnol ? » Bon, il ne parle pas vraiment cette langue, à part quelques mots et expressions par-ci par-là apprises par Christopher. Pas sûr que ça lui soit utile dans ces conditions cela dit. Le contexte ne se prête pas à lui sortir un « te deseo » par exemple.

It's been a while

Nathan & Silas

Nathan Peñali. Le frère aîné de son ex et meilleur ami. Quelle était la probabilité pour qu’il tombe sur lui aujourd’hui ? Faible, a priori. Cela fait des années qu’ils ne se sont pas croisés, ou très brièvement, et c’est aujourd’hui que le destin, le hasard ou n‘importe quelle force supérieure a décidé de les réunir. Soit. C’est inattendu mais Silas est capable de s’adapter à tout type de situation. C’est fou comme Nathan a le chic d’apparaitre là où on ne l’attend pas. Comment oublier leur première rencontre ? La plus marquante. Etre récupéré avec Christopher au commissariat après avoir gueulé dans un mégaphone en état d’ébriété sur la voie publique, ce n’est pas la meilleure première impression qu’on puisse donner. Un souvenir bien ancré qui lui revient en tête à la seconde où le médecin légiste se pointe pour parler espagnol. Evidemment, Silas ne comprend pas un traitre mot de ce qu’il vient de dire. Il faisait le malin quelques secondes plus tôt, mais cet imbécile ne parle pas la langue – ou des mots par-ci par-là bien évidemment hors contexte dans ce genre de situation.

Dans tous les cas, ses propos font mouche puisque l’hôtesse d’accueil se lève pour s’éloigner. Nathan reprend la parole dans une langue compréhensible cette fois et même si Silas n’a rien compris auparavant, lui aussi aurait filé droit juste au ton employé, c’est dire. Il en impose, l’aîné Peñali. « Le ton doit jouer aussi. » Lance-t-il en souriant légèrement. Nathan a quelque chose de charismatique, le genre d’aura qui a tendance à impressionner. A moins que l’irlandais ne se sente encore comme un adolescent face à lui, qui sait. Un petit rire s’échappe des lèvres de l’agent immobilier face à l’évocation du passé. Non, Nathan n’a visiblement pas oublié lui non plus. « Non, l’un des deux s’est assagi à ce niveau là. Je te laisse deviner lequel. » Un clin d’œil un peu trop familier lancé à la volée, la spontanéité de Silas n’est plus à prouver. Quand on connait Chris, impossible de douter. Si le brun s’est calmé et mène à présent une vie un peu plus stable et rangée, ce n’est pas le cas du cascadeur. « Sinon ouais, ça va mis à part que j’ai perdu mon portefeuille. Ou alors on me l’a fauché, j’en sais rien. J’aimerais bien le signaler ou savoir si une âme charitable l’aurait ramené ici par miracle. » Ce serait trop beau mais pourquoi pas ?

Toujours est-il qu’à présent le problème numéro un est réglé, à savoir réussir à capter l’attention d’un membre des forces de l’ordre pour remplir de la paperasse. Silas jette un œil sur le papier à présent sous ses yeux et récupère le stylo. « De la paperasse, toujours de la paperasse. » Ce n’est pas un reproche, juste une constatation. Même dans son travail, tout est toujours une histoire de papier aussi. Attrapant le stylo entre ses doigts, il commence à remplir le formulaire. « Je te remercie en tout cas, j’aurais pu y passer des heures. Je me suis peut-être un peu emporté face à ta collègue mais j’estime que la situation est quand même urgente. Y’a pas mort d’homme, certes, mais quand même. Enfin, je ne veux pas paraitre égoïste, ce n’est pas mon genre mais bon… » Ce n’est pas son genre de se plaindre non plus mais c’est bien ce qu’il fait. « Et je dois dire que je n’aime pas qu’on me prenne de haut, encore moins quand je suis sur les nerfs. » Silas ou l’art de faire deux choses à la fois ; discuter et écrire. Il y en a bien un qui va foirer, non ? « Après on se plaint que la police véhicule une mauvaise image mais à agir comme ça… C’est tendre le bâton pour se faire battre, non ? » Soudainement plus enclin à faire la conversation, il relève la tête vers celui qui, sans le savoir pourrait être – et a été par le passé – son beau-frère. « Regarde, s’ils étaient aussi serviables que toi, les gens seraient plus sympas et ça se passerait bien. Ça me donne envie de t’offrir un café, tu sais. » Mais pour se faire, il termine de remplir son formulaire. Parce que s’il est là, c’est pour une bonne raison. « Enfin, si j’avais encore mon portefeuille. » Sans doute a-t-il encore quelques dollars en poche. « Mais je ne voudrais pas empiéter sur ton temps non plus, tu as surement des choses à faire. » Surtout que Silas lui tient la jambe depuis de longues minutes. Le papier rempli, il repose le stylo à côté. « Voilà, ça c’est fait. Et maintenant ? » Sauf que Nathan ne fait pas partie de la police, aux dernières nouvelles. Pas sûr qu’il puisse l’aider davantage pour le moment.