Unbreak the broken •• Chrichri d'amour

Unbreak the broken

Christopher & Silas

Le week-end, et plus particulièrement le samedi soir, est synonyme de fête et de sortie pour beaucoup. C’est le moment de décompresser d’une semaine de travail difficile, de passer du temps entre amis, de s’aérer l’esprit et de rencontrer du monde. Silas n’est pas un fêtard invétéré. A ce niveau là, il s’est pas mal calmé avec les années. Passer une soirée devant la console et une série ne lui pose pas de réel souci. C’est un moyen de se détendre comme un autre. Pourtant aujourd’hui, rester chez lui ne lui fait pas trop envie. Cette semaine a été compliquée et beaucoup de clients se sont pressés à l’agence. A croire que tout le monde a envie de déménager ces derniers temps. La semaine a été tellement éprouvante qu’il n’a pas pu aller voir sa mère. Le seul contact qu’ils ont eu s’est déroulé par téléphone et on ne peut pas dire que ça se soit très bien passé. Ajoutons à cela des messages ambigus échangés avec Christopher ces dernières semaines et on retrouve un Silas un peu paumé dans sa vie. Ses sentiments sont bien réels pour lui – ça il n’en a jamais douté – mais savoir que c’est réciproque du côté du blond, ça a de quoi chambouler malgré leur passé compliqué. Que faire avec ces informations ? Impossible de se projeter tant que son ex n’aura pas assumé ouvertement sa sexualité. Alors en attendant, l’agent immobilier se retrouve coincé. Condamné à avancer pour mieux reculer au prochain cataclysme. Trouvera-t-il le bonheur un jour ?

En attendant, l’irlandais ressent le besoin de rencontrer du monde, de sortir et de s’aérer l’esprit. Fin prêt, c’est vêtu d’un haut rouge et d’un pantalon en cuir noir qu’il sort de son appartement pour rejoindre le taxi appelé un peu plus tôt qui l’attend en bas de son immeuble. Prudence oblige, étant donné qu’il compte picoler, autant laisser sa voiture au garage et éviter de prendre le volant. Ce serait dommage de s’encastrer quelque part parce qu’il a trop bu. Le trajet n’est pas très long et il arrive rapidement à destination. Sur place, il entre dans le bar et balaye la salle de ses prunelles d’émeraude. Il y a un peu de monde mais il finit par trouver un endroit où se poser ; une place est libre au comptoir. Ni une ni deux, il se fraye un chemin parmi la foule pour rejoindre son point de chute. Les fesses enfin vissées sur le tabouret, il réfléchit à ce qu’il pourrait bien commander à boire. Il lui faut quelques minutes pour se décider mais lorsque le barman arrive à proximité, il glisse un cocktail devant lui, précisant qu’il s’agit là d’un verre offert par un homme un peu plus loin. Agréablement surpris, Silas suit des yeux son geste pour apercevoir un homme blond, sans doute un peu plus vieux que lui qui lui adresse un signe de la main. Un sourire se dessine sur les lèvres de l’irlandais alors qu’il lève sa boisson vers lui pour le remercier. La soirée commence bien.

Et elle se poursuit tout aussi bien lorsque le blond s’approche pour s’installer à ses côtés. L’homme est intéressant et il y va de ses petits compliments. C’est agréable de ne fournir aucun effort et de constater que les choses tombent à pic sans même l’avoir demandé. Les langues se délient au fur et à mesure que le temps passe. Les verres s’enchainent et Silas ne tenant pas très bien l’alcool en ressent très vite ses effets. La discussion prend une tournure différente quand les mains s’effleurent et que le blond laisse ses doigts courir sur le bras dénudé de l’agent immobilier. Le rire et la bonne humeur donnent déjà le ton sur la fin de la soirée à venir et les intentions de chacun ne sont plus à prouver. Cette nuit, c’est à deux qu’ils vont la partager.

La pride n’avait pas changé Christopher du tout au tout. Pourtant, il était… Etrangement plus heureux, depuis qu’il y avait foutu les pieds. Trop bourré pour se rendre compte qu’il y était sur le coup, de ce que ça pourrait signifier, il s’était réveillé le lendemain matin un peu paniqué. Mais aucun message sur son portable. Pas de Nathan qui lui demandait c’est quoi ce bordel, pas d’appels manqués de maman qui s’inquiéterait pour la dignité de son fils, pas non plus de signe de Valentina qui aurait sûrement rigolé à la situation. Christopher, à la gay pride ? Christopher, qui avait carrément fini la nuit en ramenant un mec chez lui, sans se rendre compte des yeux autour d’eux qui auraient pu les suivre, les juger, d’airs dégoûtés, ce Christopher, qui refusait de laisser le monde savoir, comprendre qui il était réellement. Sa panique s’était vite calmée. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Personne ne l’avait vu, personne ne savait, alors il pouvait continuer de faire semblant de rien. La fête était finie, retour à la vie normale maintenant. La vie de secrets, la vie perdue, pour ainsi dire. Une mi-vie, remplie de limites, le coeur toujours au bord des larmes des supplices qu’il s’infligeait lui-même. Et maintenant, maintenant il allait bien. Mieux, même, sûrement. Il avait tenté de réfléchir à ce que tout cela avait pu signifier pour lui, il avait bien évidemment prévenu Silas qu’il y était allé, comme pour lui prouver qu’il avançait, qu’ils s’en sortiraient, mais rien, foutrement rien n’avait changé. Finalement, ça avait peut-être plus été comme… Une erreur de parcours ? Christopher Peñali, ce Christopher, il était bien déterminé à continuer à foutre sa vie en l’air. Et celle de ses amants aussi, au passage. Plus on est de fous, plus on rit.

La conversation avec Silas avait bien tourné, et Christopher gagnait espoir. Comme il l’avait sûrement déjà fait une bonne trentaine de fois, en fait, depuis le temps qu’il jouait à ce jeu sans règles. Toujours les mêmes foutus espoirs, toujours le même foutu résultat. Aucun pas en avant, aucun pas en arrière. Christopher Peñali, il était pourtant pas ce genre de mec. Toujours besoin de tout changer autour de lui. Ses amis, ses endroits fréquentés, sa garde-robe… Quand il était petit, il essayait même de persuader ses camarades de classe de l’appeler autrement au moins une fois par mois, sans jamais grand résultat. Alors pourquoi, pourquoi ce foutu sentiment venu de nulle part, sans justification, n’arrivait jamais à partir, malgré toutes les preuves que le monde lui présentaient, qui lui criaient Chris, ça va bien se passer, Chris, personne va te juger, Chris, ils s’en foutent, ils t’aiment. Incapable d’entendre ces mots, il s’enfonçait un peu plus chaque jour dans ce mensonge qu’il servait au monde : Christopher Peñali est hétéro.

Sauf qu’il y avait quand même quelques limites à ne pas franchir, des limites bien précises, qui pouvaient le faire changer du tout au tout. Suffisait d’une personne, d’un homme, de cet homme, pour que Chris en oublie un peu, juste un peu ce mensonge. Parce que s’il jouait énormément avec les autres, on pouvait pas jouer avec lui pour autant.
Alors quand il était rentré dans ce foutu bar, Chris, là où il aurait jamais du mettre les pieds, et que son regard s’était posé sur lui, sur eux, sur ces mains trop curieuses, ses limites en tombèrent. Chris, il s’assit d’abord dans un coin, l’air de rien, après avoir vite commandé une bière. Le visage bien fermé, un air de dire personne m’approche, dégagez loin. Les yeux durs, la mâchoire serrée. Il faisait tout pour ne pas les regarder, mais impossible. Impossible de retenir son regard de cette mascarade, impossible de ne pas hurler intérieurement, insulter ce mec qui profitait un peu trop du bouclé, de son bouclé.
Il tint pas longtemps, Peñali. Parce que chaque seconde chauffait son corps dans une rage qu’il n’arriva tout simplement plus à contenir. Ca faisait quoi.. A peine 10 minutes ? Un coup d’oeil sur sa montre. Non, 4. 4 minutes qu’il était assis là à les fixer, à se détester intérieurement, à détester encore plus cet inconnu, et même un peu Silas. Hors de question de se le faire voler, pile devant son nez. Chris il attrapa sa bière, arriva vite à leurs côtés, et son premier réflexe fut d’attraper le menton du blond dont il ne voulait même pas savoir le nom, et de le tourner vers lui pour attirer toute son attention. « J’pense que tu devrais vite le laisser tranquille avant que ce soit moi qui te lâche plus, mon pote. » Instinctivement, ses doigts s’étaient resserrés sur sa peau. Il s’en rendait même pas compte, pourtant, Chris. « Donc tu peux dégager, merci, il va pas avoir besoin de toi ce soir. » Ah, et voilà qu’il parlait au nom de Silas, maintenant, carrément.

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Christopher & Silas

Elle est douce, cette sensation d’allégresse et de légèreté. Qu’il est bon, ce sentiment d’être apprécié, compliments lancés à la volée. Tout le monde aime être brossé dans le sens du poil, ego surdimensionné ou non. Paraitre attirant aux yeux de quelqu’un d’autre. Désirable. Sans peur ni honte. Le naturel et le laisser aller comme ligne de conduite. L’alcool aide à délier les langues et à apaiser les esprits. La musique ambiante n’est presque plus audible, tout ce qui compte c’est cet homme face à lui. Lui et son charme. Lui et ses gestes doux. Silas ne le connait pas, il n’a même pas retenu son prénom – si tant est qu’il l’ait prononcé. Mais qu’importe. Ce soir, plus rien d’autre ne compte. Pas de boulot en tête, pas prise de tête et surtout, pas de Christopher. Il est temps de relâcher la pression, de se laisser aller avec d’autres hommes. Côté femme, il est déjà pas mal avec Eywa mais les corps masculins lui manquent aussi. Un en particulier dont on taira le nom, soit dit en passant. Pour autant, l’agent immobilier fera avec ce qu’il a sous la main ce soir. A savoir un beau gosse blond, à défaut d’avoir celui qu’il veut.

Et qui n’est, somme toute, pas trop loin finalement.

L’euphorie comme compagnie, le sourire ne quitte plus les lèvres de Silas et son rire prend à présent beaucoup de place. Cet homme est drôle, quoi qu’il dise, et l’envie d’aller plus loin le titille déjà. Cette chaleur significative dans le bas de son ventre, ce regard pétillant et affamé et cette lèvre qui se coince de plus en plus souvent entre ses dents. Les signes sont évidents. Il n’y a pas à dire, l’irlandais est déjà mordu et prêt à aller de l’avant. Jusqu’à tomber sur un os. Un grain de sable qui vient perturber le bon fonctionnement de la machine. Les nuages sombres à l’horizon. Le ciel se couvre et l’orage gronde en la présence de Christopher qui fait soudain irruption. Preux chevalier ? Silas n’est pourtant pas une princesse en danger. Non au lieu de ça, Monsieur assoit son autorité – comme s’il avait une quelconque légitimité. D’abord surpris de cette intervention, l’irlandais ouvre de grands yeux ronds. D’où sort-il ? Cette question franchissant son cerveau embrumé, il se retourne pour chercher dans le dos de Chris un potentiel portail de téléportation. Rien, évidemment. L’homme blond, répondant d’ailleurs au doux nom de Ryan, fronce les sourcils et semble ne pas apprécier d’être traité de la sorte. « T’es qui putain ? » D’un geste de la main, il se défait de l’emprise du cascadeur en le repoussant pour se dégager. La surprise de Silas s’évapore pour laisser place à une toute autre émotion. Le rire. Le rire qui éclate. Il ne peut le retenir. « Oh wow Chris ! Quelle entrée ! » Fébrile, l’équilibre précaire, il se lève pour se poster entre les deux hommes, passablement agacés l’un comme l’autre. Pour Ryan c’est légitime. Mais Christopher ? La posture vacillante, l’alcool l’empêche de se tenir debout et immobile. « T’es làààà. » Un grand sourire fleurit sur ses lèvres. Malgré les circonstances, Silas est heureux de le voir. « J’t’avais pas vuuuu ! T’es doué dans l’camouflage en vrai. » Dans son dos, Ryan grimace, perplexe. « C’est qui ce crétin ? » C’est une très bonne question ça. Que représente Christopher exactement ? Beaucoup de choses mais qu’a le droit de révéler Silas ? Pas grand-chose, justement. Tentant un demi-tour un peu trop rapide, l’irlandais en perd l’équilibre et tangue vers l’arrière. Heureusement pour lui, il évite de s’écraser au sol en se rattrapant à ce qui lui tombe sous la main ; son ex. Accroché à lui, il relève ses prunelles émeraudes vers son blond préféré. « Et bah euh… » Trop bourré pour réfléchir correctement. Il ne sait plus quelle vérité il doit sortir exactement. « C‘est mon euh… bah vas-y dis-lui j’sais plus moi. » Qu’il se démerde après tout. C’est lui qui refuse d’avouer la vérité au monde. Cependant, avant qu’il ne daigne offrir une réponse à ce cher Ryan qui attend toujours, le regard de Silas glisse sur le cou de Christopher pour remonter vers son visage renfrogné. Sourire enjôleur sur les lèvres, il ne peut s’empêcher de susurrer un « T’es sexy quand tu t’énerves. » accompagné de ses doigts qui remontent le long de son torse en une longue caresse. Ouais, un Silas éméché, c’est un Silas qui n’a plus de filtre pour contenir ses pensées.

Il s’était clairement pas attendu à ce que Silas réagisse aussi bien. Au contraire, même. Il s’était attendu à une énième dispute, une esclandre en public, un truc qui l’aurait bien calmé tellement Christopher aurait eu honte. Honte de qui il était, de celui qu’il cachait au fond de lui-même. Dans le meilleur des cas, il s’était attendu à ce que Silas le remette poliment et gentiment à sa place, qu’il lui dise de se calmer. Chris, c’est ni l’endroit ni le moment, Chris tu veux pas de moi donc je me cherche quelqu’un qui voudra à ta place. Mais Chris, il avait surtout oublié que Silas était toujours plein de surprises. Un mec trop imprévisible, encore plus s’il avait bu. Il allait pas non plus s’en plaindre. S’il pouvait l’avoir de son côté, c’était vraiment la meilleure des possibilités qui s’offrait alors à lui. Il en oublia presque le mec face à eux, en réalité, le blond, trop concentré sur ses bouclettes préférées. Jusqu’à ce que Ryan se mette à l’insulter, directement. Fallait croire que Silas les choisissait bien, ses mecs. Y’en avait pas un pour rattraper l’autre, tous plus tête de con que le précédent. Il lui lança un regard glacial, prêt à riposter dans un aboiement alors que Silas s’agrippa d’un coup à lui. Christopher, il tourna directement sa tête vers lui, un de ses bras passant dans son dos et son autre main attrapant son épaule la plus proche. Il avait un léger air inquiet au visage, alors qu’il remarquait à quel point Silas devait être bourré. Raison de plus pour ne pas le laisser avec ce foutu inconnu, hors de question que quiconque profite de son amant dans un tel état d’ébriété. Surtout qu’il reprit la parole, finalement, porté par l’alcool, pour dire de la merde. Comment ça, il savait plus ? Non. Il disait juste à avec l’alcool, toujours respectueux, ne voulant pas dire la chose de trop, ne voulant pas le mettre dans l’embarras. Tout simplement, ne voulant pas lui voler la possibilité de dire ou ne pas dire qui il était réellement. Une opportunité qu’il ne prit pas. Impossible pour lui. Pas ici pour la première fois, pas face à des inconnus, pas face à un mec qui n’était même pas son ennemi, vu comme Silas n’en avait déjà plus rien à foutre de lui. « J’suis celui qui va l’ramener à la maison. » Insista-t-il alors. L’envie de rester au bar lui avait bizarrement passée, et il n’avait plus que cette idée en tête : ramener Silas en lieu sauf pour être sûr qu’il ne fasse pas de bêtise ici.
Même pas le temps de se tourner vers bouclettes qu’il reprit la parole, beaucoup trop dans les nuages. Sexy, il avait dit sexy. Sa mâchoire se serra. De colère, de frustration. Il n’avait pas forcément envie que les gens autour entendent ça, ce mot si  insignifiant qui pourtant représentait beaucoup pour lui, mais bordel ce que ça pouvait lui faire plaisir à entendre. Il aurait rougi, s’ils n’avaient été que tous les deux, dans un endroit plus calme. N’empêche que s’il ne comprenait pas, ce fichu Ryan, que ses chances étaient moindres, et même maintenant inexistantes, c’était vraiment qu’il se voilait la face. « Allez, dégage de là j’t’ai dit. On a pas besoin de toi, on peut s’en sortir tout seul. » Et sans attendre aucune réponse de sa part (pour dire quoi, de toute manière, insister pour lui voler Silas ? Ca finirait mal), il se tourna vers son homme, un air de nouveau plus inquiet que colérique au visage. « Dis lui, toi, que t’es pas intéressé. T’es trop bien pour ce sac à merde. Dis lui d’dégager avant qu’il me saoule vraiment. » C’était des mots dont il n’avait pas conscience, Christopher. Il avait beau les penser, il les sortait dans l’unique but de blesser l’homme à leurs côtés, alors que le seul ego dont il avait jamais pris soin, c’était le sien. Alors finalement, ouais, s’il ne comprenait pas, il faudrait bien avoir recours à la manière forte. « Ou on rentre, tu rentres avec moi ? » Finit-il par demander dans un murmure, précaution qu’il avait toujours pris de peur de voir des oreilles traînantes. Et tant pis s’il ne le buvait pas, son verre. Tout ce qu’il voulait, c’était Silas pour lui tout seul, alors ça se ferait chez l’un d’eux si l’homme ne voulait pas partir et continuait à insister.

Unbreak the broken

Christopher & Silas

Dans les bras de Chris, il est bien. Si bien qu’il n’a pas envie d’en sortir. Cette proximité lui donne chaud, terriblement chaud – en plus de l’alcool bien évidemment. S’il le pouvait, il passerait sa vie contre lui, au plus près de lui. Pour toujours et à jamais. Pour le meilleur et pour le pire, même si avec Peñali, c’est toujours le pire qui prime sur le reste. Sentir son corps contre le sien, laisser ses doigts courir le long de son t-shirt, c’est peu mais pour Silas c’est bien assez pour l’enflammer. Comment résister ? En presque vingt ans, il n’y est jamais parvenu bien longtemps. Pourquoi aujourd’hui serait-ce différent ? Christopher a toujours été attirant. C’est un fait indéniable, cependant, il l’est encore plus quand la colère et la jalousie le dévorent entièrement. Ryan n’existe plus, relégué au second plan – voire même encore plus loin. Seul un être compte réellement à ses yeux actuellement. Le seul pour qui son cœur bat, finalement. Il ne peut en être autrement.

Alors que son ex tente encore d’envoyer chier le pauvre Ryan, Silas se perd une nouvelle fois dans la contemplation de son ancien amant. Si proche de son visage, ses prunelles décrivent avec précision les traits de son visage. De son menton, en glissant sur sa mâchoire et remontant lentement jusqu’à ses jolies prunelles d’azur. Si l’agent immobilier n’écoutait que ses pulsions, il l’aurait déjà embrassé au beau milieu de cette foule. Pourtant, malgré l’alcool fortement présent dans son organisme, il sait faire preuve de retenue et surtout, de respect envers les principes de Christopher. Et ça, c’est un effort surhumain dans son état. Des tas de pensées – loin d’être chastes – inondent son esprit en cet instant et il peine à revenir sur terre lorsque Chris reporte son attention sur lui pour lui parler. Parce que Silas, il le dévore littéralement des yeux. Difficile de revenir à la réalité quand son esprit est déjà parti très loin de la réalité. Ses prunelles se fixent quelques secondes sur les lèvres tentatrices de son meilleur ami avant qu’il ne parvienne à accrocher son regard. Toujours contre lui, sa main remonte jusqu’à la base de son cou. « Ce sac à merde. » Qu’il répète en pouffant comme un adolescent. Et puis, la proposition qu’il ne peut pas refuser tombe. Celle qu’inconsciemment, il attendait. Rentrer avec Christopher, plutôt que de passer une soirée dans un bar avec un inconnu ? C’est vite vu. Coinçant sa lèvre entre ses dents quelques secondes alors que la perspective d’une bonne soirée se profile à l’horizon, Silas finit par hocher la tête. Lentement, il se détache de son amant et attrape sa veste qui traine sur le comptoir. « Bon, Cendrillon doit rentrer. Permission de minuit, tout ça, j’vais finir en citrouille sinon. » Ce n’est pas vraiment ainsi dans l’histoire, mais qu’importe. Accompagnant le geste à la parole, il tapote son index sur son poignet, à l’endroit d’une montre imaginaire. « Sorry Bryan. Mon pote il t’aime pas, il aime personne. » Ce qui n’est pas foncièrement faux. Le blond fronce les sourcils. « Ryan. Bande de cons. » Vexé, il tourne finalement les talons sans insister davantage. A quoi bon ? Silas quant à lui enfile tant bien que mal sa veste et glisse son bras sous celui de Chris pour l’entrainer avec lui à l’extérieur. « Allez, viens mon lapin. » La manœuvre n’est pas très aisée puisque l’irlandais peine à aligner un pied devant l’autre. On ne compte donc pas le nombre de personnes qu’il bouscule par inadvertance. Quoi qu’il en soit, une fois dehors, il se détache une nouvelle fois de lui pour récupérer une cigarette et son briquet dans ses poches. La clope entre les lèvres, c’est un nouveau combat qui s’annonce, celui pour faire apparaitre le feu. En équilibre précaire sur ses appuis, allumer son briquet est une véritable épreuve et lorsqu’il y parvient, viser juste est tout aussi difficile. Cela risque de prendre un peu de temps. D’autant que ça ne l’empêche pas d’articuler quelques mots. « Elle est où ta voiture mon chaton ? T’sais que tu peux la ramener le temps que j’arrive à… » La flamme effleure l’extrémité de sa cigarette mais son doigt ripe. Manqué. « Fuck. » Attrapant le tube de nicotine, il l’amène manuellement près du feu. « Sinon j’ai ma voiture pas loin, je crois. J’peux te ramener aussi. » Ou pas ? Conduire dans son état ? C’est l’accident assuré. Mais ça, il est bien trop bourré pour y penser.

Un sourire narquois s’installa vite sur le visage du blond alors que Silas n’eut pas besoin d’être convaincu très longtemps. En réalité, il avait même pas eu l’air de réfléchir avant d’accepter la proposition de Chris, ce qui le rendait atrocement fier et heureux. Il était pas compliqué, le jeune Peñali, suffisait de flatter son égo, de lui faire croire qu’il était le plus beau et le plus mâle sur Terre, que rien ni personne ne pouvait l’égaler, et hop le tour était joué. Rien de plus, rien de moi. Une recette simple pour l’avoir dans sa poche. Une recette que Silas avait déjà appris par coeur, et qu’il ressortait sans même aucune intention derrière. Juste parce qu’il avait envie de dire ces choses, même présentement aidé par l’alcool qui coulait dans son sang. C’était sûrement ça, aussi, qui le faisait s’accrocher à lui. Christopher, avec Silas, il avait pas (plus) besoin de lui apprendre quoi que ce soit à son sujet, il savait déjà tout. Il était même celui qui le connaissait le mieux. Il avait même appris ses mesures à un moment de leur relation, pour Dieu seul savait quel délire encore avait-il en tête. Une nouvelle personne, ça aurait voulu dire tout recommencer de 0. Et franchement, franchement Chris il avait pas la patience, il avait pas la foi. C’était pas quelqu’un de patient, c’était pas quelqu’un de diplomate non plus. Il l’avait bien prouvé avec toutes ses autres conquêtes de toutes manières, celles qui arrivaient pas assez vite à comprendre comment il fonctionnait, ce dont il avait besoin et ce qu’il aimait : porte de sortie sans aller-retour. Peut-être qu’il était mieux tut seul finalement, peut-être qu’il était tout simplement pas fait pour vivre avec quelqu’un, et que c’était pour ça que ça merdait tout le temps ? Ou peut-être était-il juste trop nombriliste et que les attaches lui importaient trop peu en amour. Pour Chris, tout le monde pouvait être remplaçable. Suffisait juste de bonne foi et de volonté. Les jamais je ne t’oublierai, de la connerie. Pur bullshit servi par les romantiques asservis qu’il n’arrivait jamais à suivre. C’était bien à cause de cette idée qu’il avait toujours peur de perdre Silas, son Silas : Christopher lui-même était remplaçable. Hors de question de laisser ça arriver.
Il était devenu pro du on and off, avec ce mec là. Le seul amant constant de sa vie, le seul qui pouvait faire des allers et venues sans qu’il ne dise cette fois j’en ai marre, barre toi, barre j’veux plus jamais te voir. Un semblant de stabilité. Ouais, ouais il voulait croire que c’était ça son côté stable : son amour pour McMahon qui n’avait jamais faibli malgré les années et les emmerdes dans lesquelles il les avait foutus. Mais bordel, bordel quelle stabilité avec qu’ils jouaient à je t’aime moi non plus ? Sûrement car Chris se sentait maître du jeu, sûrement car il avait toujours su qu’il avait les cartes en main. Et ouais, ouais tant qu’il les aurait, Silas, il serait jamais bien loin. Foutu maître du monde. Pour qui il se prenait, ce sale connard ?

« On en a rien à foutre, enfoiré. » Qu’il répondit sans réfléchir à l’ennemi du soir, avant de le bousculer pour entamer la marche jusque la sortie. Pas même un dernier regard vers cet autre blond, hors de question de lui apporter encore de l’importance à ce pourri là. Chris, il se contenta de bien garder Silas contre lui pour l’aider à marcher, alors qu’il se concentrait également pour ne pas trop réagir au surnom que son amour venait de lui donner. Pas ici, pas devant tous ces gens, pas sous toutes ces lumières. C’est qu’une fois à l’extérieur qu’il se sentit un peu plus libéré, comme si l’absence de murs le  soulageait d’un poids. « Tu t’fous d’ma gueule ? Hors de question que tu conduises. J’te dégage pas de l’emprise de ce taré de merde pour que tu puisses te tuer sur la route. » Rien de méchant dans ses mots, enfin pas envers Sisi, en tout cas. Ce mec resté dans le bar, comme il le lui avait dit, il en avait rien à foutre. Christopher s’approcha du bouclé pour attraper son briquet, et si l’idée lui vint de l’allumer face à sa tête, son besoin de contrôle prit le dessus. Il prit de son autre main la cigarette qu’il porta à ses propres lèvres, avant de l’allumer lui-même. Et après en avoir consumé qu’une taffe, il la repassa à son bien-aimé. « Et hors de question que j’te laisse tout seul. » Il avait peur de quoi, Chris ? Qu’il se blesse, qu’il s’en aille, qu’il trouve encore un nouvel homme avec son foutu alcool amoureux ? Sûrement un gros mélange. « J’suis pas garé loin. » Un coup de tête vers la direction à emprunter, et Chris, dans un élan qui lui arrivait parfois mais rarement, tendit sa main vers Silas pour qu’il la lui attrape, espérant qu’il n’allait pas être trop bourré pour faire ce minuscule trajet. Car franchement, il avait la flemme de s’arrêter toutes les deux secondes. Chris, pour une fois, il avait hâte d’être loin de ce foutu bar. Lui qui avait prévu de s’y prendre quelques verres trouvait maintenant l’idée de rentrer avec son homme bien plus intéressante.

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Christopher & Silas

Ryan a disparu de son esprit embrumé aussi vite qu’il est arrivé. Un passage éclair, un de plus. Silas n’est pas un adepte des conquêtes d’une seule nuit, il ne les collectionne pas comme cela peut-être le cas pour certains. Pour autant, il n’est jamais contre le fait de passer du bon temps avec la première personne venue occasionnellement. Ryan était un bon candidat, vite effacé par son concurrent le plus important. Nul ne fait de l’ombre à Christopher Peñali. Surtout pas lorsque l’alcool est de la partie. Il a joué, il a perdu, cet inconnu plutôt sexy. C’est la dure loi du jeu, tous les coups sont permis. Et Chris, il est plutôt doué à ce petit jeu, surtout quand les dés sont pipés.

A l’extérieur, la brise un peu plus fraiche n’aide pourtant pas Silas à revenir sur terre. Son cerveau est bien trop noyé sous les effluves de l’alcool pour réfléchir correctement. Des activités simples comme allumer une cigarette ne sont plus à sa portée. Même mettre un pied devant l’autre s’avère compliqué. Son tube de nicotine entre les doigts, il tente vainement de l’approcher de la flamme, tout en écoutant distraitement les mots de son bien-aimé. « Mais quoi, je sais conduire, qu’est-ce tu racontes ? » Certes, il sait conduire, personne n’a jamais dit le contraire. Cependant, entre savoir et pouvoir, dans son état, il y a une marge. Un gouffre. « Et quelle prise ? J’ai pas de prise. » Emprise mais est-il à ça près ? Pas le moins du monde. Au moment où il relève la tête vers son meilleur ami, il est surpris de le voir si près soudainement. Aux dernières nouvelles, il se trouvait un peu plus loin. Sourcils haussés, il l’observe sans bouger allumer lui-même SA cigarette. Bouche entrouverte, un sourire vient finalement étirer ses lèvres. « T’es jaloux en fait ! » L’illumination à retardement. N’était-ce pourtant pas évident ? Les ravages de l’alcool, c’est affolant. « C’est beau. Ça me plait bien. » Pour son propre bien, il ne devrait pas aimer ce genre de situation mais ça le réconforte, ça le rassure. Parce que si Christopher est jaloux, ce n’est pas anodin. Il l’a toujours été alors ça signifie que ses sentiments à son égard ne se sont pas envolés. Et ça, ça lui réchauffe le cœur à Silas. Sourire radieux, il récupère sa cigarette qu’il glisse entre ses lèvres. Fier et satisfait.

L’impensable se produit en une fraction de seconde. Juste le temps d’un battement de cil. Rejoindre la voiture de Chris, d’accord. Y aller main dans la main ? Inespéré. Et pourtant. Le miracle apparait sous ses yeux ébahis. Une main tendue. Surpris, Silas observe ses doigts en suspens. Ce ne sont pas les bras qui lui en tombent mais sa cigarette qui vient s’écraser sur le sol – tout ça pour ça. « Oh. Mon dieu qu’avez-vous fait de Chris ? » C’est presque déstabilisant. Ne réfléchis pas et prends les miettes qu’il daigne te lancer. Sans se faire prier, il rompt cependant la distance qui les sépare pour entremêler ses doigts aux siens, s’accrochant par la même occasion à son bras avec son autre main. On n’est jamais trop prudent. « Tu vois quand tu veux. Bravo t’as gagné un bon point. Si t’en gagnes, euh… » Grimaçant, il tente de réfléchir. « Hum, j’sais pas trois, quatre ? Ben t’auras une récompense ! » Laquelle ? Il n’en sait foutrement rien. L’idée lui viendra sans doute au moment venu. S’il n’a pas oublié d’ici là. Ainsi accroché à son cher et tendre – presque en mode koala – ils arrivent plus ou moins sans encombre près de la voiture de Christopher. Avant de monter sur le siège passager, Silas, toujours pendu à son bras, attrape le col du blond pour approcher son visage du sien. « Tu devrais faire ton jaloux plus souvent tu sais, ça m’donne envie de t’sauter dessus et de t’arracher tes fringues. » Aguicheur au possible, il approche son visage jusqu’à effleurer ses lèvres. Un léger soupir s’échappe avant qu’il ne s’écarte de lui, qu’il lui lâche le bras et que sa main ne vienne claquer gentiment sur ses fesses. Ouais, Silas est en forme, visiblement. « Allez mon trésor, on va où ? » Lance-t-il joyeusement en grimpant dans la voiture, sur le siège passager. De nouveau monté sur ressort, l’agent immobilier est prêt à s’amuser jusqu’au bout de la nuit, peu importe la destination. Avec Christopher, il sait qu’il ne s’ennuiera d’aucune façon.

Il aimait les lieux bondés, Christopher. Il aimait tous ces tas de mouvements, ceux tellement nombreux autour de lui qu’il les captait jamais tous. Il aimait tout simplement les endroits bruyants, vivants, là où on risquait pas de s’ennuyer, et où les surprises s’accumulaient. Il aimait pouvoir regarder le monde vivre, jouer aux observateurs dans son coin, un verre à la main, alors qu’il était clairement pas doué pour ça en réalité.
Pourtant, passer la porte du bar lui fit le plus grand bien. Très certainement parce que ça dénotait une distance, une vraie, avec ce foutu Ryan qu’il aurait préféré ne jamais rencontrer. Il était derrière eux, sans plus aucune raison de revenir. Manquerait plus que ça, de toute manière. Chris, il resterait pas patient bien longtemps. Avec Ryan, comme n’importe quel autre qui chercherait à se mettre en travers de sa route. De leur route. Sentiment atrocement égoïste qui ne l’avait jamais quitté, qui ne le quitterait certainement jamais. Mélange d’amour, de peur, mais surtout de gamineries qui l’habitaient. Il pouvait pas continuer à jouer avec Silas et ses sentiments, et pourtant, il pouvait pas s’en empêcher. Mais il faisait pas exprès. Il faisait vraiment pas exprès. Il était juste animé par ses sentiments, comme il l’avait toujours été, et il se contentait de les suivre sans se poser aucune question, comme il l’avait toujours fait.
Il leva ses yeux au ciel en voyant qu’il allait être dur de communiquer avec Silas ce soir. M’enfin, c’était peut-être pas non plus une trop mauvaise chose : il aurait pas la force, vu l’état dans lequel il était, de parler de choses sérieuses. Et ça, Chris, ça l’arrangeait atrocement. « Emprise. » Qu’il répéta alors à son amant, même s’il se doutait qu’il n’en aurait que faire. Silas, il était déjà concentré ailleurs.
Jalousie… C’était un mot bien faible pour décrire les sentiments de Christopher, lui qui la détestait mais l’adorait à la fois. La jalousie, elle n’était bonne que quand il l’offrait à quelqu’un, jamais quand c’était lui qui la ressentait. Forcément, car elle était d’un côté signe de contrôle, et de l’autre, signe de faiblesse. Et lui, lui, il avait besoin de ce foutu contrôle. Il avait besoin de savoir qu’il maniait sa vie sans surprises. Sauf qu’il pouvait pas. Pas quand ça impliquait d’autres personnes. Alors il se contenta de rougir face à l’observation qu’il détestait, ni répondant même pas. Seule sa main vint se nicher dans celle de Silas, dans un geste bien plus doux que ceux qu’on lui connaissait pourtant.

Il avait été prêt à la dégager, pourtant. Silas qui lui faisait bien comprendre à quel point c’était inhabituel ça le saoulait plus qu’autre chose. Chris, il aurait préféré faire ça dans le silence, qu’il attrape sa main sans un mot, comme s’ils en avaient toujours eu l’habitude. Il avait horreur des commentaires, surtout sur ça. Silas le savait. Mais il avait toutes les raisons d’en faire des caisses. Déjà, il était bourré, et parlait clairement beaucoup trop. Il l’avait déjà prouvait, et continuait à le faire. Mais en plus, c’était que fine vengeance face à tout ce dans quoi Christopher l’avait foutu. Silas, il avait bien le droit de dire ce qu’il voulait. Et si Chris ne réagit pas, ce fut bien à cause de l’état d’ébriété de son ami. Et la récompense, peut-être. L’idée lui faisait plisser le nez. Avec Silas, les récompenses pouvaient aller d’un coquetier personnalisé à un baiser bien trop orienté sud. Les deux idées lui plaisaient, tant qu’il était le principal concerné. « Et comment je gagne d’autres bons points ? » s’intéressa-t-il forcément, le sourire qui, finalement, s’étendait en coin.
Ils arrivent finalement à la voiture, et Chris défait sa main de celle de son compagnon. A contre coeur. Il aurait aimé la garder contre lui bien plus longtemps, voire à jamais. Dans une bulle, un monde créé rien que pour tous les deux. Pas besoin de monde parallèle pour ça, Silas se charge de tout tout seul, lui rappelant à quel point ils sont seuls. Il l’attrapa par le col, ne laissant que peu d’espace entre leurs deux visages. Un espace que Chris aurait aimé détruire en laissant ses lèvres venir emprisonner celles du brun. Surtout après ces paroles, ces foutus paroles qui traversèrent son corps en un grave frisson. Christopher, il sentit son corps se réchauffer, son instinct plus animal commencer à se réveiller. Si Silas commençait à lui parler comme ça, il était pas sûr de survivre au trajet. Encore moins s’il ne gardait pas ses mains pour lui, alors qu’une douce frappe sur ses fesses ne fit que de plus en plus réveiller ses envies.
« J’ai pas envie de rentrer. » Avoua Chris, avant de partir de son propre côté de la voiture pour s’installer derrière le volant. En fait, si, il avait envie de rentrer. Mais il savait que trop bien comment ça finirait. Du moins, il se l’imaginait. A peine rentrés, il ne pourrait s’empêcher de chauffer Silas, qui semblait sur la même longueur d’ondes. Après les choses sérieuses, il serait trop fatigué pour tout, s’endormirait, et… Et quoi ? Silas se réveillerait et partirait sans un mot ? Silas se réveillerait, le réveillerait, et marmonnerait qu’il était trop sou et n’aurait jamais du faire ça ? Se lancerait à nouveau dans un long speech pour dire que Chris n’était pas celui qu’il lui fallait ? Ou qu’il avait besoin de grandir, d’assumer qui il était et alors là, seulement là, ouais, ils pourraient envisager un peu plus ? Il avait pas envie de s’y risquer. Il avait pas envie de savoir ce que le lendemain leur réserverait. Alors autant faire vivre la nuit tant qu’ils le pouvaient. « On s’pose quelque part ? J’sais pas, à la plage, ou même sur les falaises. Sauf si toi tu veux rentrer. Sinon… On peut aussi juste rouler. Ou trouver un endroit pour manger un truc, ça ça pourrait te faire du bien. » Même s'il avait pas forcément envie de le voir désaouler. Chris, il savait que Silas était bien plus sympa avec lui, avec tout cet alcool. Mais il allait bien falloir qu'il redescende. En attendant, il démarra, commença à rouler sans but, attendant la moindre indication. Mais lui, il partait déjà en direction des falaises.