i'll be there for you (coloc #27)

« Lexa, ton lingeeeeee » hennit Marcus dans l’appartement. Lui qui avait appris la rigueur et l’ordre en rentrant dans la police se voyait bien dépourvu face à la conception bien particulière du rangement qu’avait l’une de ses colocataires. Depuis qu’il avait emménagé, Marcus était devenu la fée du logis des lieux. Il lui restait encore quelques jours avant de reprendre officiellement une activité professionnelle et il occupait ce temps à bon escient. Si entre deux parties de jeux vidéo - dont il pouvait maintenir pleinement profiter puisque l’appartement était fibré - il lui arrivait de s’adonner aux finitions en installant des portemanteaux ou autre décoration sur demande de ses colocataires, son activité préférée se limitait sans doute à mener la vie dure à Lexa avec qui la complicité avait été naturelle dès son arrivée et ce malgré ses trente-deux ans bien trempés.

Décidé à lui faire entendre que non, on ne laisse pas traîner ses sous-vêtements propres pendant plusieurs jours dans la pièce de vie, il se prépara des munitions en roulant en boule ceux qu’il avait sous la main dans l’attente qu’elle sorte de chambre sous le regard amusé de Loreleï. Avec elle, tout était plus facile. Déjà parce que s’il y avait un prix pour la colocataire idéale, Lo pourrait facilement y prétendre, mais aussi parce qu’il la connaissait depuis longtemps, même de loin. Il lui en fallait du courage pour supporter les deux diablotins que pouvaient être Lexa et Marcus réunis dans une même pièce et rien que pour ça, elle mérite d’être épargnée.

Après environ 5 minutes d’attente - un record encourageant pour la blonde - Marcus vit la silhouette de Lexa arriver grâce au déplacement de son ombre. Une fois à portée, il enchaîna les tirs de munitions, cinq au total, en prenant garde à viser le milieu du corps ou les jambes. Après tout, il ne voulait pas abîmer ce grâce à quoi elle gagnait de l’argent ou se retrouver au coeur d’un scandale après la publication d’une vidéo « Storytime » sur les réseaux sociaux.

« C’est Lo qui m’a soufflé l’idée ! » dit-il avec un sourire jusqu’aux oreilles.

sont appelés à répondre s'ils le souhaitent:

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crédit/ tumblr ✶ coloc #27

Le calme avant la tempête. Si si, je vous jure, c'est pas normal que l'appartement soit aussi calme ce soir. Il y a forcément quelque chose qui cloche. Je connais les loustiques de cette coloc, ou plutôt le SEUL élément perturbateur de cette coloc. Depuis qu'il est là, c'est devenu un peu la troisième guerre mondiale. Lo et Orion sont là pour temporiser ou pour compter les points aussi, au choix de leur humeur. Mais c'est justement ce qui fait tout l'équilibre de notre colocation. Parce qu'on s'y sent bien dans cet appartement, et que malgré tout, on ne peut pas se passer les uns des autres. Comme une petite famille, la famille de coeur que nous avons su nous créer. Et dire que Marcus n'est là que depuis quelques semaines. On dirait qu'il vit là depuis toujours, en mode fossile de la préhistoire. En même temps c'est un peu le cas non ? Il est tellement vieux dans le décor qu'il fait un peu tâche quand même. « Lexa, ton lingeeeeee » Ah bah tiens, en parlant du loup. Il va finir par se casser la voix à force de crier comme un vulgaire hystérique. Je laisse échapper un petit rire amusé d'entre mes lèvres le laissant volontairement mariner un peu. S'il croit que je vais venir le voir et lui obéir au doigt et à l'œil, il me connait mal. Après quelques minutes, je décide d'enfin faire mon apparition dans la pièce de vie. « Tu as entendu quelqu'un dire quelque chose ? » Demandais-je à Loreleï comme si de rien n'était, comme si Marcus n'était pas là. Mais à peine ai-je eu le temps de finir de parler que des missiles viennent me frapper de plein fouet, à cinq reprises. Putain le con. Il vient vraiment de me lancer mes petites culottes ? « C’est Lo qui m’a soufflé l’idée ! » Bah voyons ! « Tu fais vraiment un piètre menteur. » Je soupire en levant instinctivement les yeux au ciel. Il a lancé les hostilités, la guerre est déclarée. « La solidarité féminine, tu connais ? » Je me dirige discrètement vers la cuisine cherchant ma future arme de vengeance. Un paquet de farine fera entièrement l'affaire. Vous le croyez ou non, mais je n'ai encore jamais fait de bataille de farine. Il faut bien une première fois à tout. Je regarde mon amie du coin de l'œil pour qu'elle se ligue avec moi. Si elle pense à ce que je pense, il va passer un sale quart d'heure. Les hostilités ne font que commencer !

En matière d’amusement, Marcus n’était pas le dernier. Oui, il avait passé le fameux cap de la trentaine qui le faisait basculer dans la cible utilisant des crèmes anti-rides et éligible à une sorte de contrôle technique tacite de la société, mais il prenait un malin plaisir à faire usage de ses talents d’enquiquineur sur Lexa. A eux deux, ils suffisaient pour mettre l’ambiance à la colocation. Si les deux autres membres pouvaient sembler subir l’électricité qui s’était établie entre eux, ils n’en étaient pas en reste.

En tant qu’ancien flic, Marcus avait appris à se méfier. Il savait que les petites phrases balancées à la volée par Loreleï était un moyen de lui faire baisser la garde, pas bête la guêpe. Un sourcil arqué en direction de la benjamine des O’Brien, il lança « c’est beaucoup trop vrai pour être honnête ». Ses sens en éveil, il tenta d’anticiper la suite des évènements. En voyant Lexa se hâter vers la cuisine, il comprit tout de suite qu’elle préparait un coup. Il aurait bien aimé avoir le temps de lui dire qu’on ne jouait pas avec la nourriture - puisqu’elle tenait à le faire passer pour un vieux, il lui fournissait le package complet du père de famille accompli - mais le coussin jeté par Lo ne lui en laissa pas le temps. Le souffle légèrement coupé, Marcus réceptionna la pièce de tissu molle.

« Judas c’était un vrai petit joueur comparé à toi ! » dit-il avant de lui renvoyer le coussin dans l’épaule. Les quelques années de rugby qu’il avait faites quand il était plus jeune lui servaient enfin. Il savait que l’offensive principale viendrait d’un moment à l’autre de l’autre blonde de la colocation et c’était sûrement celle-ci qu’il craignait le plus de par l’ampleur des dégâts qu’elle pourrait faire. Déforme professionnelle ou non, il ne comptait pas attendre que la sentence lui tombe dessus alors il se rendit dans la cuisine à son tour.

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crédit/ tumblr ✶ coloc #27

Ok, je suis peut-être un peu bordélique de nature. Mais depuis que Marcus est arrivé dans la coloc, c'est limite si je ne le fais pas exprès de l'être encore plus. J'abuse un peu, jouant volontairement de la situation et de lui aussi par la même occasion. C'est tellement jouissif de le faire chier. Je suis surtout contente d'avoir trouvé un adversaire à ma taille, avec du répondant. C'est encore plus drôle maintenant. Je vous rassure, je ne suis pas dans l'excès non plus et il m'arrive parfois toute seule de me mettre des limites. Comme quoi, tout arrive. Mais là, c'est lui qui a commencé. Il faut forcément qu'il s'attente à des représailles. « Tu sais Lex’ pour le coup j’suis d’accord avec Marcus, tes p’tites culottes et tes soutifs sur le canap’ c’est plus possible ! » La blonde m'offre une diversion sur un plateau d'argent et j'en profite pour m'armer discrètement en conséquence. « Marcus se donne un mal de chien pour que tout soit rangé au millimètre près !» C'est sûr qu'il est un peu maniaco-dépressif sur les bords le garçon. A croire que c'est son côté flic qui ressort. Mais l'autorité et moi, ça fait deux. « c’est beaucoup trop vrai pour être honnête. » Je ne peux m'empêcher de rire. « En vrai, vous êtes fans de mes culottes, avouez-le. Je suis sûre que ça vous manquerait de ne plus les voir à longueur de journée. » Sinon ils n'en parleraient pas autant n'est-ce-pas ? A croire qu'ils font une fixette dessus. Surtout Marcus, le coquin. En parlant de lui, il doit sentir le vent tourner puisqu'il a l'air de se méfier. Il vient me rejoindre dans la cuisine, et je profite d'un moment d'inattention de sa part pour l'attaquer avec mon paquet de farine en pleine figure. Je le déverse sans aucune gêne sur lui, dans des éclats de rire non dissimulés. « Fais pas cette tête de rabat-joie, t'es tout beau comme ça. » Je pouffe de rire continuant mes assauts de plus belle. Je sais très bien qu'il ne se laissera pas faire, et c'est justement tout ce que j'attends de lui. En pire traitresse que je suis, je viens quand même éclabousser un peu Loreleï de farine en même temps. « Il faudrait quand même pas que tu sois jalouse. » Ajoutais-je dans un petit sourire en coin.

Les paroles mielleuses de Lexa feraient presque oublier ses agissements. Heureusement pour l’ensemble de la coloc, il ne s’agissait que d’un « presque ». Qu’elle ait un penchant pour lui, passe encore, mais qu’elle utilise ce moyen pour s’en sortir… Il ne put s’empêcher d’hausser un sourcil et de rouler les yeux en signe de protestation. Le calme avant la tempête. « Vu que j’ai pas cédé à ton charme en balançant tes fringues dans chaque recoin de la maison, tu tentes une autre approche à base de compliments, c’est ça ? » lança-t-il en direction de Lexa. Il épousseta le surplus de farine qui ne lui collait pas à la peau et profita du moment de relâchement de ses deux ennemies pour envisager la deuxième phase. « Et attends de me voir en mode thriller à Halloween » dit-il à Loreleï. Il venait de trouver son costume.

En un instant, il assista au revirement de situation entre ses deux colocataires féminines. Même plus besoin de s’immiscer qu’elles se battaient entre elles. Lorsque Lo mouilla Lexa, l’ancien flic prit un moment pour profiter du spectacle. C’est alors qu’une idée miraculeuse lui vint à l’esprit. Pas question de rendre les armes, non, il pensait à tout autre chose, mais il lui fallait fendre l’abandon. « J’avoue, peace and love… et du coup, comme je veux répandre de l’amour… » commença-t-il en s’approchant de Lexa pour la prendre malgré elle dans ses bras. Le temps que la surprise la rattrape, Marcus eut l’opportunité de partager son sort et de convenablement la recouvrir de farine. Tout en sachant qu’elle serait moins importante, il réserva la deuxième tournée à Lo. S’il tenait habituellement la distance avec cette dernière en raison des liens qui l’unissaient à Chance et Maxyne, il avait décidé de faire une exception dans le cadre du jeu. « Comme disait Lex, pas question que tu sois jalouse… » dit-il en rigolant.

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crédit/ tumblr ✶ coloc #27

Il a suffit d'une infime seconde pour que la colocation parte en règlement de compte. Et en même temps, rien d'étonnant connaissant les énergumènes que nous sommes. Vivre ici n'a jamais été de tout repos. Marcus, le grabataire, est désormais prévenu ; les murs de cet appartement ne ressemblent aucunement à une maison de retraite. Pourtant, avec sa farine sur la courge et son teint pâle, je suis sûre qu'il ne ferait pas trop tâche dans le tableau. Suite à ma trahison, la blonde réplique de plus belle jetant le contenu de son verre sur moi. C'est de bonne guerre, et je ne peux m'empêcher d'en rire. Loreleï nous menace à présent avec une bouteille pleine. A croire qu'elle est prête à inonder l'appartement sans aucun scrupule. Et en même temps, ce n'est pas ça qui pourrait nous arrêter. Un dégât des eaux ? Étonnant que ça ne nous soit jamais arrivé tiens. « Les gars il est encore temps de rendre les armes. » Je sais bien que Marcus répliquera d'une manière ou d'une autre. Il ne va pas nous laisser l'attaquer sans rien faire. A cet instant, je me méfie de lui comme de la peste scrutant ses faits et gestes à la loupe. « J’avoue, peace and love… et du coup, comme je veux répandre de l’amour… » Voilà qu'il vient me prendre de force dans ses bras pour me faire profiter de son surplus de farine. « Quelle gentillesse de ta part ! » Quelle ironie surtout. Mais je joue le jeu et profite de son étreinte pour lui secouer la farine qu'il a dans les cheveux avant qu'il aille faire la même chose à ma voisine. On est beaux comme ça tiens. « Manque plus que des oeufs et un peu de sucre pour pouvoir faire un bon gâteau. » Ça me donnerait presque des idées ces conneries. Mais non, on va pas transformer la cuisine en champ de bataille non plus. Quoique... c'est déjà un peu le cas non ? « Vous avez faim ? » Je leur adresse un grand sourire avant de pouffer de rire. Bah quoi ?

A la coloc, les bons cuisiniers se faisaient rares. Si Lexa se proposait pour faire un gâteau, il y avait fort à parier que ce dernier finirait pas assez ou trop cuit. C’était d’ailleurs une de ses caractéristiques dont Marcus se moquait le plus. Lui non plus n’était pas un véritable cordon bleu, mais il savait faire des pâtes sans qu’elles ne soient collantes. C’était sûrement pour ça que personne ne relevait la proposition de la blonde. Ou peut-être aussi qu’ils savaient qu’elle voulait utiliser les œufs pour leur vertu nourrissante et dans ce domaine, c’est Loreleï qui dégaina en premier. La remarque sur ses cheveux courts, Marcus l’avait attendue, peut-être même qu’il aurait été grandement déçu si personne ne l’avait faite. C’était devenu une sorte de running gag à la coloc, mais à chaque fois, il bottait en touche. S’il rasait ses cheveux de près, c’était surtout parce qu’il avait passé une grande partie de sa vie avec cette coupe et qu’il ne se voyait pas arborer autre chose. Si demain il décidait de se faire des tresses, sa chevelure ne le contredirait pas, il en était sûr. Il lui restait encore un peu de marge avant de s’entendre parler de calvitie. « C’est moche la jalousie, Loreleï. Je comprends qu’avec la somme que tu dépenses dans tes soins capillaires, t’aimerais qu’ils soient au moins à la hauteur des miens. » Et bim. Ca, c’était fait.

Les œufs auraient pu finir sur le crâne de l’un des membres de la coloc si Ginny n’avait pas interrompu leur partie de jeu. De l’autre côté de la cuisine, la jeune femme appelait à l’aide. Marcus espérait que s’il cessait les hostilités, c’était pour la bonne cause et qu’un monticule de pâtisseries l’attendait dans les bras de la brune. Concourant au titre de meilleur colocataire de l’année, il se faufila entre les jeunes femmes et les laissa sur le champ de bataille pour venir au secours de Ginny. Il prêta ses bras pour recevoir ce qui l’embarrassait et attendit que ses deux compères sortent de la cuisine pour lancer un : « premier arrivé, premier servi ! » dit-il en se donnant donc l’avantage de choisir son dû en priorité.

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crédit/ tumblr ✶ coloc #27

Vous l'aurez compris, je ne suis pas en reste quand il s'agit de foutre la pagaille dans cette colocation. C'est souvent moi qui suis à l'origine des premières batailles d'ailleurs. Même si, pour le coup, c'est Marcus qui a commencé. Entre nous, je ne fais que me défendre. Et c'est bien connu, chez moi, la meilleure défense c'est l'attaque. La base. Après la farine et la bouteille d'eau, je mentionne l'idée des oeufs et du sucre pour accompagner le tout et faire un bon gâteau. Un gâteau à taille humaine sur le papy de la coloc, c'est plutôt une bonne idée n'est-ce-pas ? La blonde en profite pour le piquer sur son crâne rasé et je ne peux m'empêcher de rire en les regardant faire. Pour une fois que c'est moi qui peut compter les points. « Je ne sais pas pourquoi... je sens que c’est une question piège. » Faut croire que Loreleï commence à bien me connaitre depuis le temps. Je me contente de lui adresser un petit sourire en coin, révélateur de ce que j'ai réellement derrière la tête. Mais avant que je me décide vraiment à me mettre à exécution, la voix de Ginny se fait entendre dans l'entrée de l'appartement. « L’on peut m’aider s’il vous plaît ? » C'était moins une. Elle le sait peut-être pas encore mais elle vient d'interrompre la bataille. Marcus part à sa rescousse et je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel. « Quel lèche-cul celui-là ! » C'est un vrai papa pour nous tous ici. « premier arrivé, premier servi ! » Nous suivons le mouvement pour le rejoindre, alors que mon regard est captivé par l'emballage cartonné qu'il accueille dans ses bras. « Tu tombes à pic Ginny, nous allions justement nous mettre aux fourneaux. » Apparemment, elle nous a ramené des pâtisseries. Ou comment nous épargner la confection d'un gâteau. « Un peu plus et tu voyais Marcus avec une tête d'oeuf. » Je pouffe de rire avant d’ajouter. « Enfin, c'est pas comme si c'était déjà le cas à longueur de journée mais bon... » Ça, c'était trop tentant. « Drapeau blanc ? » Moment historique à marquer dans les annales : Lexa Herrman demande une trêve. C'est bien parce que la bouffe est plus importante que tout à mes yeux.