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À la caserne, les derniers jours ont été intenses. C'est toujours comme cela quand il y a des catastrophes naturelles. Cette fois-ci, c'était un séisme, mais la prochaine fois, ce sera autre chose. Ça fait partie du métier aussi, il n'y a pas que les incendies ou les accidents. Heureusement pour le jeune homme et pour ses collègues, ils n'ont pas eu à retrouver de cadavres ensevelit sous des tonnes de gravats. Néanmoins, ce genre de garde est éreintant et il est bien content de retrouver le calme habituel, un calme relatif quand on ne travaille pas ici. Lorsque sa garde se termine, en fin de matinée, Roman ne rentre pas directement à la maison. Jody ne travaillant pas ce matin, elle a décidé de prendre rendez-vous avec un psychologue et le jeune homme lui a promis de passer pour venir la récupérer. Elle fait face à une grosse épreuve, même si son agression remonte à plusieurs années maintenant, et il se doit d'être là pour elle. Surtout après les différentes turbulences qui ont touché leur couple. Sur le chemin qui l'emmène au cabinet du spécialiste, le pompier s'arrête à une boulangerie que le couple connaît bien. Il y achète deux sandwichs, des boissons et différents desserts miniatures pour plus de plaisir. Les enfants sont à l'école et à la crèche, c'est l'occasion pour les amoureux de se retrouver un peu seul, de profiter de la tranquillité que les deux tempêtes de deux et sept ans vont perturber. Ça fait maintenant plusieurs semaines qu'il pense à organiser un pique-nique, c'est l'occasion ou jamais. Lorsqu'il arrive devant le cabinet, la brune n'est pas encore sortie. Il y a quelques années, on aurait dû à Roman qu'il arriverait en avance à un rendez-vous, il ne l'aurait jamais cru. Mais il faut dire qu'il n'est plus vraiment le même homme depuis l'arrivée de son fils. Après quelques minutes à attendre, il reconnaît une silhouette familière sortir de l'établissement. « Coucou. » Dit-il, alors qu'il s'avance vers sa petite amie pour l'embrasser. « Ça s'est bien passé ? » Cette question est celle que l'on pose à toute personne sortant d'un tel rendez-vous. Il ne veut pas être invasif, car même s’ils partagent leur quotidien, elle peut vouloir garder sa séance pour elle. Lorsqu’il a appris pour son agression, Roman ne l’a jamais poussé à rentrer dans les détails : elle avait vécu un traumatisme, inutile de le remettre au goût du jour. « Comme ton rendez-vous se terminait un peu avant midi, j’ai acheté de quoi manger. » Ils n’auront pas à se poser de questions en rentrant chez eux, surtout que dans ses souvenirs, le réfrigérateur n’était pas loin d’être vide avant sa garde. « J’ai pris le sandwich que tu aimes tant. » Faire preuve de bonne intention n’a jamais fait de mal à personne. « On pourrait aller jusqu’au parc pour pique-niquer ? J’ai une serviette dans mon sac, on pourra s’en servir pour nous poser. » Ou alors, comme il est encore tôt, ils auront peut-être la chance d’avoir de la place au niveau des tables en bois.

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Le séisme qui avait frappé Island Bay avait heureusement généré davantage de dégâts matériels que de blessés graves. Cependant, cet événement avait pas mal secoué la population qui redoutait une réplique. Jody l’avait constaté pendant les consultations avec ses patients, au cours desquelles ils lui avaient confié leurs craintes. Pragmatique, elle avait tenté de les rassurer du mieux possible, espérant elle aussi que la terre ne tremblerait plus. Au cabinet, elle n’avait pas de dégâts à déplorer, alors elle s’était inscrite comme bénévole pour aller aider des personnes qui avaient eu moins de chance après journée, tandis que Roman avait allongé ses horaires à la caserne en raison d’un plus grand nombre d’interventions. Chacun de leur côté, ils faisaient de leur mieux pour venir en aide aux gens. Aujourd’hui, cependant, Jody avait gardé sa matinée pour se rendre à une consultation. La dernière dispute avec Roman avait précédé une nuit mouvementée, ponctuée d’un cauchemar intense qui avait clairement démontré qu’elle n’arrivait plus à gérer ses terreurs toute seule. C’est pourquoi, la kiné avait décidé de se tourner vers un psychologue dans l’espoir de trouver une autre forme d’aide pour atténuer le traumatisme. Dans l’ensemble, la séance s’était bien passée. Le thérapeute avait d’abord pris le temps de la connaitre et s’était concentré sur les raisons qui l’avaient poussée à se tourner vers lui via une remise en contexte. Aucun point trop sensible n’avait été abordé lors de cette première approche. Il avait surtout essayé de mettre Jody à l’aise et d’être à son écoute. Quand la kiné sortit du cabinet privé, elle retrouva Roman qui l’attendait dehors. Le pompier lui avait promis de venir la chercher après son travail. « Hey ! » Lança-t-elle, ravie de le voir. Ils n’avaient pas passé beaucoup de temps rien qu’à deux dernièrement, entre leurs obligations professionnelles, leurs occupations respectives ou bien tout simplement les responsabilités de famille. Ce n’était peut-être pas plus mal, le couple avait ainsi pu prendre du recul depuis leur dispute. Jody l’embrassa, puis répondit à sa question. « Oui, ça a été. J’ai un autre rendez-vous la semaine prochaine. » Pour l’instant, la jeune femme n’avait pas plus envie de s’étaler mais elle lui confirmait ainsi qu’elle continuait. « Oh c’est vrai ? » Le regard de Jody s’illumina lorsque Roman précisa qu’il avait été chercher de quoi manger et qu’en plus il avait pris son sandwich préféré. Ce devait être à leur boulangerie habituelle. Il avait pris le temps d’y passer avant de venir la rejoindre, il était tellement attentionné. « Tu as pensé à tout ! Merci. » La boule au ventre, la kinésithérapeute n’avait rien avalé ce matin mais maintenant qu'elle était plus détendue, elle ne se ferait pas prier pour manger. Elle s’approcha de lui et l’enlaça tendrement, l'embrassant de nouveau. Roman avait vraiment tout prévu pour un moment en amoureux. Au programme : pique-nique au parc. « Oui, ou avec un peu de chance, il y aura peut-être encore des tables de libre. » Bien que la perspective de manger posée sur l’herbe, à même la serviette, ne la dérangeait nullement. Ainsi, le couple prit la direction du parc. Sur le chemin, Jody s’enquit de la journée du pompier. « Et toi, tout s’est bien passé ? » Les interventions s’étant multipliées pour les sinistrés depuis le séisme, les journées étaient donc intenses.

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Leur couple a été mis à rude épreuve dernièrement, mais Roman ne doute pas une seule seconde que les choses vont finir par s'arranger : il est fou amoureux de la jeune femme et il fera de son mieux pour que le calme et la cohésion retrouvent leur foyer. Il n'est pas parfait, il le sait, mais jamais il n'aurait dû douter de sa petite amie. La tension qui existe en ce moment entre Josh et lui n'a pas aidé, il ne peut pas le nier. Maintenant, il connaît la vérité, alors peut-être que les choses vont finir par changer. Mais pas aujourd'hui, il n'a pas la tête à ça. Aujourd'hui, il va passer du temps avec Jody et c'est bien là, la seule chose qui l'importe. Connaissant l'heure du rendez-vous de sa petite amie chez le psychologue, il fait en sorte d'arriver devant le bâtiment un peu avant la fin et lorsqu'il reconnaît la brune au loin, il se rapproche d'elle, lui offrant rapidement un baiser. Il sort tout juste d'une garde, ça fait donc plusieurs jours qu'ils ne se sont pas vus. « Oui, ça a été. J'ai un autre rendez-vous la semaine prochaine. » S'il lui a proposé de voir un spécialiste, c'est bien parce qu'il était incapable de l'aider à son niveau et même si ça l'intrigue de savoir ce qu'il s'est passé à l'intérieur, il comprend que Jody a peut-être envie de garder cela pour elle, pour l'instant au moins, alors inutile de la brusquer. À la place de cela, il lui propose d'aller pique-niquer tous les deux, au calme, loin de tout. Et pour ça, il a déjà pensé à tout, notamment en s'arrêtant à leur boulangerie préférée avant de venir. « Oh c'est vrai ? » Fier de son coup, il hoche la tête, un large sourire dessiner sur ses lèvres. « Tu as pensé à tout ! Merci. » Elle s'approche à son tour et l'embrasse, avant que le pompier ne glisse sa main dans la sienne. « Oui, ou avec un peu de chance, il y aura peut-être encore des tables de libre. » Les rues semblent encore calmes, il y a donc une chance pour qu'ils arrivent à trouver une place à l'une des tables. Ne voulant pas passer à côté de cette éventualité, le couple se lance en direction du parc. « Et toi, tout s'est bien passé ? » « C'était de bonnes journées. Petit à petit, les choses vont commencer à se calmer et on va retrouver la ville d'avant. » En terme d'énergie, c'est bien sûr plus fatiguant de faire de telles journées, mais quand on aime son boulot comme Roman, la passion compense assez vite. Bien sûr, il ne souhaite pas voir des séismes se produire à tout va, pour le bien des habitants et de cette ville qu'il aime tant. « Une fois que tout sera rentré dans l'ordre, je prendrais peut-être quelques vacances. Je pourrais emmener les enfants au parc et pourquoi pas montrer à Roméo l'endroit où nous avons fait de l'escalade pour la Saint-Valentin. » Il n'est pas forcément du genre à prendre beaucoup de vacances, alors autant dire qu'il en a en stock, encore plus depuis qu'il a été promu d'ailleurs. « Peut-être qu'on pourrait se prendre du temps ensemble aussi. Je suis sûr que ma mère ou même Savannah se proposeront pour s'occuper des enfants. » Il ne parle pas forcément de partir loin, sauf si c'est ce qu'elle veut, mais déjà dans une ville voisine ça pourrait être bien. Un peu comme ils l'avaient fait, indirectement, à Hamilton. Après plusieurs minutes de marche, ils finissent par arriver et après quelques mètres passés sous les arbres, le jeune homme remarque une table libre qui se dessine face à eux. « Je pense qu'on sera très bien ici. »

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La tête dans la lune, encore accaparée par son rendez-vous, Jody accueillit Roman comme si elle l’avait vu récemment alors qu’ils ne s’étaient pas croisés depuis plusieurs jours. Pourtant, la kiné était contente de le retrouver en dehors du cabinet du psychologue. Sa présence lui permettrait de ne plus penser à ce rendez-vous et de se changer les idées, c’est pourquoi elle préféra garder pour elle les détails de la consultation. Et puis, le pompier avait fait un détour sur le chemin pour aller chercher à manger et de quoi organiser un pique-nique dans le parc. Agréablement surprise, Jody approuva cette idée, ravie de pouvoir passer un peu de temps avec son petit-ami. Le couple se mit donc en route en direction du parc. Pendant ce temps, la brune prit des nouvelles de Roman. Avec le séisme, le nombre d’interventions avait augmenté. Il était resté de garde pendant plusieurs jours. Optimiste, le pompier pensait que la ville redeviendrait bientôt telle qu’elle était avant le tremblement de terre. « Oui, espérons qu’il n’y aura pas d’autres alertes. En tout cas, les gens ont fait preuve d’une belle solidarité. Il y a eu beaucoup de dons de vêtements et de produits de première nécessité. Tout a été stocké au gymnase pour les sinistrés. » Deux jours de suite, Jody avait terminé assez tôt et elle avait été aider à trier les objets avec d’autres bénévoles afin que tout soit centralisé dans ledit gymnase et redistribué à des gens qui avaient beaucoup perdu suite au séisme. Pour elle, c’était impossible de regarder le malheur des autres en restant les bras croisés alors elle participait à son petit niveau. « D’ailleurs, il y a un besoin pour des vêtements d’enfants en bas âge. Tu penses qu’on pourrait regarder dans les affaires que Roméo et Louise ne peuvent plus mettre ? » En effet, ce qui était apporté était surtout des affaires d’adulte. Forcément, les dégâts chez certains ménages ne permettaient pas à ces familles de se racheter des pièces neuves et bien chères dans l’immédiat. Lorsque la situation se calmerait, Roman envisageait de poser des congés. Il n’en prenait pas souvent et accumulait les jours. Des vacances lui permettraient de souffler et de passer plus de temps avec les enfants. Il comptait d’ailleurs emmener Roméo au même endroit où le couple avait pratiqué de l’escalade en amoureux. « Bonne idée. Je suis sûre que ça lui plaira. » L’enfant était fonceur et casse-cou, curieux de tout et prêt à tout essayer comme son père. En plus de ses enfants, Roman souhaitait consacrer du temps à sa petite-amie aussi. « Oui. Tu voudrais partir un week-end ? Il faudra juste que je sois au courant suffisamment à l’avance pour m’organiser avec les rendez-vous. » Indépendante, elle pouvait déposer ses congés comme elle le voulait, du moment qu’elle le savait assez tôt pour aménager son agenda de consultations en fonction. En général, Jody ne travaillait pas les week-ends mais si elle partait avec le pompier, elle prendrait sûrement le jour avant le départ et un jour après le retour pour tout préparer et récupérer ensuite. A propos du cabinet, la jeune femme avait aussi une nouvelle à annoncer à Roman. Entretemps, le couple était arrivé au parc et le pompier remarqua une table libre non loin d’eux. Sous couvert des arbres, elle était parfaite pour leur pique-nique improvisé. Ainsi, les deux amoureux s’installèrent autour de la table et disposèrent le nécessaire pour boire et manger devant eux. Le ventre creusé, Jody déballa son sandwich et avala une première bouchée en montrant par une grimace approbatrice qu’elle appréciait vraiment celle-ci. « Bon app’ ! C’est vraiment trop bon. » Un petit rayon de soleil, une brise légère, le chant des oiseaux, une bonne nourriture. Tout pour lui plaire. Jody n’était pas difficile. Après un petit moment à profiter, elle reprit le fil de la discussion. « Pour prendre des congés, je ne pourrai pas me libérer tout de suite. A la fin de ce mois-ci et le mois prochain, je vais récupérer certains des rendez-vous de Derek. Il m’a annoncé cette semaine qu’il avait d’autres projets de vie et qu’il quittait la ville pour un long moment. » Son partenaire et associé dans cette aventure prenait le large. En dépit d’un petit pincement au cœur au vu de leur belle collaboration, Jody était contente pour lui et lui souhaitait tout le meilleur pour la suite. Son collègue terminait les rendez-vous les plus urgents et mettait ses papiers en ordre puis il décollerait très vite, laissant à la kinésithérapeute le soin de gérer le cabinet en son absence. N’étant pas une ostéopathe agréée, Jody ne pourrait pas reprendre toutes les consultations mais elle s’occuperait des cas les plus « légers » qui étaient aussi dans ses cordes. Pour le reste, la patientèle se redirigerait vers d’autres spécialistes, néanmoins elle aurait quand même des journées plus remplies dans les semaines à venir, le temps de prendre cette vague de rendez-vous supplémentaires en charge.

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Roman n’a pas choisi le métier le plus simple, celui qui lui promet des journées calmes qui se ressemblent. Mais c’est ça qui lui plaît aussi : être dans le feu de l’action, mettre sa vie en danger pour venir au secours des autres. « Oui, espérons qu’il n’y aura pas d’autres alertes. En tout cas, les gens ont fait preuve d’une belle solidarité. Il y a eu beaucoup de dons de vêtements et de produits de première nécessité. Tout a été stocké au gymnase pour les sinistrés. » Il est vrai que de tels actes de générosités sont beaux à voir. Pourtant, s’ils existent de la sorte, c’est surtout parce que ce n’est pas la première fois que des événements météorologiques se produisent. La Nouvelle-Zélande est un pays qui connaît assez bien ce genre de choses, les habitants sont préparés aux gestes à faire dans de telles circonstances et à l’après. « D’ailleurs, il y a un besoin pour des vêtements d’enfants en bas âge. Tu penses qu’on pourrait regarder dans les affaires que Roméo et Louise ne peuvent plus mettre ? » Pour Roméo, il y a bien des affaires les cartons, mais rien de quand il était bébé. Tout ça, c’est resté en France, là où Odessa et lui ont vécu les premières années. Néanmoins, c’est sûrement des vêtements qui peuvent servir tout de même. Concernant les affaires de Louise, Roman voudra en garder certaines. Les premiers vêtements qu’elle a pu mettre ou encore, ceux qu’elle portait lors de certains événements, en souvenir. Mais à côté de ça, il en reste encore plein, des affaires qui pourront aider. « Oui bien sûr. En plus, en ce moment, Louise n’arrête pas de grandir. Je suis presque sûr qu’elle n’a pas porté certains des vêtements qu’on lui avait offerts. » Ça serait quand même bête qu’ils restent dans son armoire, sans être portés une seule fois. Le pompier évoque ensuite ses vacances et l'idée qu'il a d'emmener Roméo au point d'escalade où ils ont été pour la Saint-Valentin. Étant actif comme son père, c'est quelque chose qui devrait l'emballer. La jeune femme semble du même avis que son petit ami. Rien d'étonnant là-dedans, puisqu'il s'agit de quelque chose qu'ils ont déjà eu l'occasion de se dire lorsqu'ils étaient là-bas. « Oui. Tu voudrais partir un week-end ? Il faudra juste que je sois au courant suffisamment à l'avance pour m'organiser avec les rendez-vous. » « Si nous faisons le choix de rester en Nouvelle-Zélande, je pense qu'un week-end c'est bien. Sinon, il faudra partir plus longtemps. » L'ouverture du cabinet de Jody remonte à seulement un an, alors le pompier a bien conscience qu'elle n'a pas beaucoup de libertés encore. En plus, elle travaille en libéral, ce qui complique un peu plus les choses, car à moins de se trouver un remplaçant, elle ne peut pas partir du jour au lendemain. Installés à la table, la brune ne tarde pas à déballer son sandwich et à croquer dedans. Visiblement, elle avait faim. « Bon app' ! C'est vraiment trop bon. » Un large sourire se dessine sur les lèvres du pompier. « Ravi que ça te plaise ! » Après ce qu'il s'est passé entre eux, le brun a conscience qu'il doit se racheter, qu'il doit lui montrer que leur relation compte pour eux. « Pour prendre des congés, je ne pourrai pas me libérer tout de suite. A la fin de ce mois-ci et le mois prochain, je vais récupérer certains des rendez-vous de Derek. Il m'a annoncé cette semaine qu'il avait d'autres projets de vie et qu'il quittait la ville pour un long moment. » Alors qu'elle lui énonce ce fait, Roman mange à son tour une bouchée du sandwich. « On fera au mieux. Si ce n'est pas pendant mes vacances, je suis sûr que je pourrais reprendre un ou deux jours plus tard. » Elle n'échappera pas à ce voyage. Que ce soit maintenant ou plus tard, le jeune homme y tient. Se retrouver tous les deux est en partie ce qui leur faut. « Il t'a dit quand est-ce qu'il allait revenir ? » D'après ce qu'elle a pu dire, ce n'est pas définitif, alors peut-être qu'ils ont déjà parlé de l'après. « Tu vas déposer une annonce pour le remplacer ? Par un ostéopathe ou par n'importe quel autre métier médical d'ailleurs. » Sans parler des patients, ça sera aussi plus simple pour elle d'avoir quelqu'un à ses côtés pour payer les factures à la fin du mois. « Je m'arrangerais avec ma mère pour les enfants. Comme ça, pas de pression. » Tant qu'il ne sera pas en vacances, si la brune doit faire des heures supplémentaires, il faudra quelqu'un à leur côté pour aller récupérer les enfants à l'école et à la garderie. « En parlant d'organisation. » Dit-il, se demandant encore si la suite de ses propos est une bonne idée. « Tu crois qu'on aurait réussi à s'en sortir si le test s'était révélé positif ? » Ce n'est pas quelque chose qu'ils ont beaucoup abordé suite à cette nuit compliquée et au résultat du test de grossesse, quelques jours plus tard. Pourtant, depuis, il n'arrête pas de se poser des questions, de s'imaginer avec un autre enfant.

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Roman n’avait certes pas de vêtements en bas âge dans les affaires de Roméo mais son fils restait un petit garçon et si certains habits étaient devenus trop grands pour lui, son père pourrait toujours décider de les trier en guise de don. Les cartons d’affaires de Louise s’accumulaient aussi alors tout n’était probablement pas à garder mais il ne serait pas venu à l’idée de Jody de prendre l’initiative de trier elle-même sans l’accord de Roman et des enfants. Elle hocha la tête d’un sourire quand il répondit par la positive, puis le pompier lui évoqua ses vacances au cours desquelles il envisageait d’emmener Roméo pratiquer de l’escalade à l’endroit où le couple avait passé leur Saint-Valentin. Roman souhaitait aussi passer du temps avec sa petite-amie. La durée et la destination restaient à définir, suffisamment à l’avance pour que Jody puisse prendre ses dispositions. « D’accord, on pourra en rediscuter. Sauf si tu as déjà des idées ? » Pour l’heure, elle sortait tout juste de son rendez-vous chez le thérapeute et elle avait envie de se détendre sur ce temps de midi avec son petit-ami, puisque Roman était venu la chercher. Le couple se dirigea vers le parc et s’installa à une table. Jody déballa son sandwich et commença à manger tout en expliquant ensuite à son petit-ami ce qui rendrait sa prise de congés plus compliquée à court terme. En effet, Derek lui avait récemment annoncé son départ pour une durée indéterminée. La jeune femme reprenait donc temporairement la gestion de l’ensemble du cabinet. Compréhensif, Roman s’adapterait à la situation. Jody risquait d’être débordée dans les semaines à venir. « Non, je crois qu’il ne le sait pas lui-même. » Derek était resté assez vague mais il avait besoin de voyager et de changer d’air un bon bout de temps. Toutefois, il reviendrait un jour puisqu’il avait sa famille et sa maison ici. Il faudrait mettre ses affaires en ordre. « Oui, je pense. Avoir un ostéopathe, ce serait bien. C’est complémentaire à la kiné. Je dois encore y réfléchir. En attendant, je ferai au mieux pendant la transition. » L’avantage était la localisation du cabinet idéalement situé en centre-ville. Jody ne doutait pas qu’elle trouverait un confrère à court terme, que ce soit en ostéopathie ou dans une branche qui se rapprochait. Le partage du loyer était aussi un des autres arguments de poids. Cependant, Derek était un homme correct, il ne l’avait pas lâchée sans filet, puisqu’il lui avait laissé une enveloppe contenant deux mois de loyer le temps qu’elle puisse se retourner. Un peu comme une renonciation officieuse. Pour les enfants, Roman s’arrangerait avec sa mère car le pompier avait compris que les heures de Jody augmenteraient sensiblement. « D’accord. Mes parents ou même Gabriel peuvent aussi nous dépanner si jamais ça n’arrange pas tout le temps ta mère non plus. » Ce n’était pas la première fois que ses parents voyaient les enfants de Roman. Le jour du séisme qui avait frappé Island Bay, elle était encore allée chez eux avec Roméo et Louise après avoir récupéré les enfants à l’école. Elle avait voulu s’assurer que tout se passait bien pour eux. Heureusement, aucun dégât matériel – ou pire – n’avait été à déplorer chez ses parents non plus. Quant à Gabriel, il avait l’habitude avec les enfants pour être l’heureux père de la petite Victoria. Si Jody le lui demandait, il n’hésiterait sûrement pas à les aider. Cependant, la kiné n’ignorait pas que Roman avait des scrupules à impliquer d’autres personnes que sa mère car il estimait que ses enfants étaient sa responsabilité mais si Jody devait faire partie de leur famille, ça impliquait les Jenkins aussi. Alors qu’elle continuait de manger, Roman lui reparla soudainement de ce test qu’elle avait effectué quelques temps auparavant. Celui-ci avait suivi de peu leur dispute et s’était révélé négatif. Le retard important dans le cycle de Jody n’était qu’une fausse alerte, sans doute lié au stress des derniers mois. « Je ne sais pas, je n’y ai pas vraiment réfléchi puisqu’il ne l’était pas. Je pense qu’on aurait trouvé le moyen de s’adapter à la situation. Pas toi ? On n’aurait pas eu le choix de toute façon. » Pour Jody, il n’aurait pas été question de mettre un terme à cette grossesse si elle était tombée enceinte accidentellement mais toutes les dimensions de ce sujet n’avaient pas été abordées, notamment les attentes ou envies de l’un et de l’autre à propos d’un enfant supplémentaire dans la famille… C’était compliqué, surtout que la kinésithérapeute gardait un goût amer des jours qui avaient suivi leur dispute. Cette dispute avait mis en lumière le manque de confiance l’un envers l’autre et les accusations de Roman l’avaient profondément blessée bie qu’il lui ait rapidement présenté ses excuses ensuite. Depuis lors, la situation s’était calmée entre eux, même si la pilule n’était toujours pas complètement avalée.

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Avec tout ce qui a pu se passer dans sa vie dernièrement, que ce soit du côté privé ou professionnel, les vacances de Roman vont tomber à point nommé. Pour l’instant, il ne sait pas encore de quoi elles seront faites, mais il espère au fond de lui qu’à un moment donné, il pourra se retrouver seul avec sa petite amie. Avoir une vie de famille, ce n’est pas de tout repos et avec ce qui s’est passé entre eux, il est persuadé que partager un moment, juste à deux, leur fera du bien. « D’accord, on pourra en rediscuter. Sauf si tu as déjà des idées ? » Ce séjour lui a simplement traversé l’esprit pour l’instant et avec l’emploi du temps de la brune qui semble être un peu compliqué, il ne vaut mieux pas s’avancer : évoquer de simple possibilités est peut-être la meilleure option qui s’offre à lui pour l’instant. « Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de voyager, alors je ne serais pas contre l’idée de partir un peu plus loin. Néanmoins quand je vois comment Hamilton m’avait plus, je me dis que rester en Nouvelle-Zélande ne serait pas non plus une si mauvaise chose. D’ailleurs, pour changer un peu, on pourrait aller sur l’île du Sud, à Christchuch par exemple. » Au final, cette idée pourrait être un juste milieu. Pour y aller, ils seront obligés de prendre l’avion ou le bateau, mais en même temps, ils resteront sur le même fuseau horaire, ce qui n’est pas négligeable pour communiquer avec les enfants ou pour plus tard, reprendre le travail sans trop de difficultés. Lorsque Jody évoque le départ de son collègue, le pompier est un peu surpris. Jamais il n’avait entendu parler de ses envies de partir. Peut-être que c’est arrivé comme ça, sur un coup de tête. Ce sont des choses qui arrivent quand on a besoin de faire une pause. Visiblement, s’il a annoncé son départ, il n’a pas parlé de retour, ce qui complique encore plus les choses, pour le cabinet au moins. Quoique, c’est peut-être mieux de trouver un remplacement sur une longue durée que sur une courte. « Oui, je pense. Avoir un ostéopathe, ce serait bien. C’est complémentaire à la kiné. Je dois encore y réfléchir. En attendant, je ferai au mieux pendant la transition. » Roman lui proposerait bien son aide, mais contrairement au bricolage qu’il a pu faire durant les travaux, aujourd’hui, ça ne les mènerait sûrement pas très loin : il n’a que très peu de connaissances dans le para-médical et la jeune femme a besoin de quelqu’un là quotidiennement. Un tel changement va forcément entraîner une modification de leur rythme de vie, mais ce ne sera rien d’insurmontable. Depuis l’arrivée de Louise, Roman a renoué avec ses parents et ce n’est pas quelque chose de négligeable, car chaque jour, ils sont là pour épauler le couple si besoin. « D’accord. Mes parents ou même Gabriel peuvent aussi nous dépanner si jamais ça n’arrange pas tout le temps ta mère non plus. » « Je lui demanderais et je te dirais. Car c’est vrai qu’avec l’énergie de Roméo, elle va finir par s’épuiser. » Elle tient la route encore, mais elle n’a plus l’âge qu’elle avait quand c’était Roman et Savannah qui couraient partout. Alors qu’ils ont commencé à manger et que la question de l’organisation a été soulevée, le pompier ne peut s’empêcher de se questionner sur la réussite ou non qu’ils auraient eu avec un troisième enfant. « Je ne sais pas, je n’y ai pas vraiment réfléchi puisqu’il ne l’était pas. Je pense qu’on aurait trouvé le moyen de s’adapter à la situation. Pas toi ? On n’aurait pas eu le choix de toute façon. » Ces derniers mots marquent Roman, plus que le reste de sa phrase. Il comprend bien ce que cela signifie, mais pour ne pas parler à la place de sa petite amie, il préfère éclaircir ce point. « Ça veut dire que tu n’aurais pas avorté ? Ce n’est pas une option pour toi ? » Ce n’est pas un reproche, ou quoique ce soit qui pourrait y ressembler. Comme l’idée d’une grossesse, ce sujet n’a jamais été abordé et Roman réalise qu’il ignore la position que Jody a à ce sujet. « Je pense aussi qu’on aurait trouvé un moyen. Je ne suis pas un expert, mais j’ai envie de croire que le passage de deux enfants à trois n’est pas le plus compliqué. » Surtout que pour eux, Roméo est grand maintenant, il se débrouille seul pour beaucoup de choses. Louise, elle, aurait eu deux ans et demi si cette alerte s’était révélée vraie. Il n’y aurait pas eu de réelle pause dans le monde des couches, c’est vrai, mais leur situation aurait été loin d’être insurmontable. « C’est quelque chose que tu souhaiterais ? Avoir un enfant ? » Maintenant que le sujet est lancé, autant aller dedans jusqu’au bout, non ? « On n’en a jamais parlé avant, mais avec ce qu’il s’est passé, c’est peut-être l’occasion rêvée. » Peu importe la réponse de la jeune femme, des décisions pourront être prises. Celle de discuter d’un essai, si la brune souhaite un enfant, ou celle de protections sur le long terme, si elle n’en souhaite pas : le préservatif et la pilule ne permettent malheureusement pas d’être protégé à 100 %.

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@Roman Hellington

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Attablé dans le parc, les deux amoureux se projetaient pour leurs prochaines vacances. Contrairement à Jody qui voyageait une fois par an avec ses frères et sa sœur, Roman n’était jamais parti très loin. Les deux options étaient possibles. Un beau voyage à l’étranger ou un séjour dépaysant en Nouvelle-Zélande. La destination dépendrait de la durée de leurs congés. « Pourquoi pas ! Je n’y suis pas allée depuis longtemps. » Les parents Jenkins avaient emmené leurs enfants dans divers endroits du pays, dont l’île du Sud. « Je me souviens de belles balades à vélo en famille là-bas. » A l’époque, elle bougeait déjà beaucoup. Jody n’avait certes pas la forme physique de son petit-ami mais elle était plutôt active quand il s’agissait de visite avec un rythme cool lors des vacances. Avant de prendre des congés, la kinésithérapeute devait d’abord gérer le départ de Derek au cabinet, c’est-à-dire reprendre certains de ses rendez-vous en plus des siens, chercher une nouvelle personne pour louer les locaux de l’ostéopathe et rediriger les patients dont elle ne pourrait pas s’occuper. Ce programme annonçait des heures supplémentaires pour la jeune femme. Le couple devait donc s’organiser pour les enfants et pouvait heureusement compter sur les parents de Roman ou sur la famille Jenkins au besoin. Depuis que Jody avait emménagé chez le pompier, ses parents le considéraient aussi comme partie intégrante de la famille. Cette réorganisation souleva néanmoins une question chez Roman en rapport à la fausse alerte que Jody avait eue récemment, une alerte qui remontait au temps de leur dispute. Quand elle avait constaté que le résultat du test était négatif, une partie d’elle avait été soulagée, principalement parce qu’elle n’était pas prête à devenir maman maintenant ni préparée à gérer un enfant supplémentaire dans l’immédiat. Le départ de Derek bousculait un quotidien déjà chargé au cabinet. Pourtant, si elle était tombée enceinte, Jody aurait probablement gardé l’enfant. Il ne lui serait pas venu à l’idée d’envisager d’autres options, à moins de circonstances très particulières. Roman reformula d’ailleurs ses derniers mots afin de bien les comprendre. Visiblement, le pompier avait envie d’avoir cette conversation maintenant puisqu’elle n’avait pas voulu s’attarder dessus après le résultat du test, perturbée par l’enjeu et un flot d’émotions. « Non… Tout dépend de la situation. Mais je pense que je ne pourrai pas. » Ce serait au-dessus des forces de Jody, dans l’optique où le bébé est en bonne santé et que la grossesse ne représente pas un risque pour l’enfant et elle. Cependant, la question ne se posait plus présentement. En revanche, elle ignorait si Roman souhaitait encore avoir des enfants. Il en avait déjà deux alors elle comprendrait que ce ne soit plus le cas même si ses envies à elle n’étaient pas forcément similaires. Bien sûr, il y avait Roméo et Louise que Jody aimait profondément, elle s’était attachée à eux et ferait n’importe quoi pour eux mais ce n’était pas tout à fait pareil et il le comprenait sûrement. C’était donc un sujet sur lequel il était important de communiquer pour savoir les attentes de l’autre. Le couple qu’ils formaient était suffisamment sérieux pour songer à l’avenir sur le long terme. Contrairement à ce que Jody pensait, Roman n’avait pas été effrayé par l’éventualité d’un troisième enfant. « Sans doute mais nous sommes aussi très occupés alors il aurait fallu s’organiser un peu plus. » Ce qui dans le contexte actuel était difficile entre Roman appelé pour de multiples interventions afin d’aider les sinistrés du séisme et Jody qui devait mettre les bouchées double au cabinet. « Oui, j’ai toujours voulu devenir maman un jour. Bien sûr, il y a Roméo et Louise, mais je ne suis pas… Enfin, on se comprend. Je ne chercherai jamais à remplacer la leur. » Ce n’était pas un aspect de leur vie facile à aborder. Le quatuor formait une famille recomposée. Jody avait certes trouvé sa place parmi eux, cependant l’équilibre était fragile. La kiné ne voulait pas franchir certaines lignes, même si Roman ne lui avait jamais rien dit à ce sujet. « En tout cas, je n’envisage pas un enfant tout de suite. Il faut d’abord que la situation se calme un peu et qu’on soit deux à en avoir envie. » Il y avait une différence entre tomber enceinte accidentellement et l’assumer ou chercher à concevoir volontairement un enfant. Comme le pompier le lui avait dit, le couple n’avait pas encore eu l’occasion d’en parler. Peut-être que Roman avait d’autres attentes. « C’est ce que tu souhaiterais aussi ? » Depuis que la conversation avait dérivé sur les enfants, Jody avait déposé son sandwich sur la table, l’attention portée sur son petit-ami.

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**○ inscrit le** : 24/10/2016

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crédit/ tumblr ✶ w/jody

L’idée d’aller sur l’autre île de la Nouvelle-Zélande semble plaire à Jody. Comme quoi, parfois, il n’est pas nécessaire de partir loin pour se ressourcer. Avec leurs métiers respectifs et les enfants, il est peut-être même mieux de rester sur le même fuseau horaire. Cela permettra d’éviter des complications à leur retour. « Je me souviens de belles balades à vélo en famille là-bas. » Étant un sportif dans l’âme, avant même de devenir pompier, Roman ne dira jamais non à une telle activité. Mais ils n’en sont pas encore là et rien ne dit qu’au moment où ils décideront de partir, la météo sera clémente avec eux. Le sujet des vacances passés et leurs sandwichs entamés, le jeune homme ne peut s’empêcher de questionner sa petite amie sur ce qu’il s’est passé il y a plusieurs jours : sur cette grossesse qui aurait pu avoir lieu et sur ses sentiments à ce sujet-là. « Non… Tout dépend de la situation. Mais je pense que je ne pourrai pas. » Dit-elle, en réponse à la question sur l’avortement. C’est une démarche qui légale depuis peu en Nouvelle-Zélande, mais s’il avait fallu, le pompier aurait accompagné sa petite amie n’importe où pour qu’elle puisse faire son choix sans la pression politique. Vient ensuite le sujet d’un enfant ensemble. Le test s’est révélé négatif, ce ne sera donc pas pour tout de suite, mais il est important d’en parler. Au fond de lui, Roman est persuadé qu’ils auraient réussi à s’en sortir. Il aurait fallu s’adapter un peu, bien sûr. Cependant, aucun des deux n’auraient voulu laisser cet enfant de côté s’il était venu au monde. « Sans doute mais nous sommes aussi très occupés alors il aurait fallu s’organiser un peu plus. » Il hoche doucement la tête, retrouvant sa propre pensée dans les mots de la brune. Maintenant, il reste à savoir si ensemble, ils sont prêts à devenir parent, pas par accident, mais par choix. « Oui, j'ai toujours voulu devenir maman un jour. Bien sûr, il y a Roméo et Louise, mais je ne suis pas... Enfin, on se comprend. Je ne chercherai jamais à remplacer la leur. » Jody est la personne la plus douce qu'a rencontré le pompier, alors loin de lui l'idée de penser ça. Elle a toujours été là, pour lui, pour eux, sans jamais trop s'imposer. « Ils t'aiment beaucoup, tu le sais ça ? » Roman est d'ailleurs ravi de voir qu'ils s'entendent ainsi, avoir quelqu'un dans sa vie qui n'accepte pas ses enfants, c'était inenvisageable. « Louise n'a connu que toi. » Elle est encore jeune pour s'exprimer et aussi pour comprendre toute l'histoire qu'il y a autour de sa venue au monde ou derrière sa mère biologique, alors Roman se dit, au fond de lui, qu'il n'y aurait rien d'étonnant à ce que la petite fille considère Jody comme sa maman. C'est un peu ce qu'elle est au final. Pas biologiquement, c'est vrai. Mais depuis sa naissance, elle a toujours été là pour apporter son soutien, pour s'occuper d'elle. Si un jour il arrivait quelque chose au pompier, il espère bien que la brune restera dans la vie de ses enfants. « En tout cas, je n'envisage pas un enfant tout de suite. Il faut d'abord que la situation se calme un peu et qu'on soit deux à en avoir envie. C'est ce que tu souhaiterais aussi ? » Jusque là, Roman n'a abordé que les envies de Jody, alors quand elle lui retourne la question, un sourire se dessine naturellement sur ses lèvres. « J’y ai beaucoup pensé depuis cette fausse alerte. Je crois que l’idée ne me déplairait pas. » Alors qu’ils ont tous les deux laisser leur repas sur la table, le jeune homme attrape les mains de sa petite amie. « Je t’aime. Tu es déjà ma famille. Mais si tu en as envie aussi, je rêverais d’avoir un enfant avec toi. » Il y a quatre ans, il ne se serait jamais imaginé père, mais l’arrivée de Roméo a complètement changé sa façon de voir les choses. Aujourd’hui, c’est un papa comblé, complètement fou de ses enfants. Qu’ils soient deux ou trois, ça ne changera rien pour lui. « Peut-être pas tout de suite, comme tu le dis. » Mais au moins maintenant, ils savent tous les deux que si la situation d’il y a quelques jours avait à se reproduire, alors ça ne serait pas la pire des choses. « J’ai merdé, je le sais. » Dit-il, en référence aux doutes qu’il a pu avoir et à la tromperie dont il a accusé la jeune femme. Ce jour-là, il ne cherchait pas à fuir leur relation ou à y mettre un terme, il avait simplement peur de la perdre. Cela va bientôt faire deux ans qu’ils sont ensemble et pourtant, il a l’impression que ça fait bien plus longtemps que ça. « Mais je sais aussi que nos sentiments l’un envers l’autre sont sincères. Je n’ai jamais ressenti ça pour personne. » Il n’essaye pas de l’attendrir pour obtenir son accord pour ce bébé, il est tout simplement honnête avec elle. Ne faut-il pas dire aux gens qu’on les aime quand c’est le cas ? « C’est avec toi que je veux faire tout ça. » Cet enfant là, un autre peut-être, si ça se produit un jour. Un mariage aussi, enfin.. c’est une possibilité. Il ne sait pas encore de quoi l’avenir est fait, mais tout ce qu’il peut vivre, il a envie de le faire avec elle.

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Chaque année, les frères et sœurs Jenkins s’organisaient pour partir en vacances ensemble et de se détendre en famille. Jusqu’à présent, ils avaient toujours réussi à s’arranger pour se réunir mais Jody devait aussi garder des congés pour passer du temps avec Roman. Le couple avait besoin de se retrouver et de partager des moments à deux ou avec les enfants. Cependant, la période était compliquée pour la kinésithérapeute. Avec le départ soudain de Derek, elle devait réviser le planning de son agenda dans les semaines à venir. Jody reprendrait les rendez-vous urgents qu’elle serait en mesure de gérer et allongeraient ses horaires en conséquence. Difficile de lever le pied dans de telles circonstances. Sans freiner les envies de congé du pompier, elle ne pourrait pas se libérer tout de suite. Parler de vacances et planifier des moments à deux n’allait pas résoudre les problèmes sous-jacents du couple entre les paroles blessantes de Roman qui avaient marqué Jody et les frayeurs de la jeune femme quand elle avait cru qu’elle pouvait être enceinte sans en parler directement à son petit ami. Leur dispute avait mis en évidence le manque de confiance et de communication. Depuis que la kiné avait fait le test qui s’était révélé négatif, elle avait soigneusement évité d’en reparler. Pourtant, Roman sentait que le malaise couvait toujours et il profita de ce pique-nique à deux pour mettre le sujet sur la table. Dans l’optique où la brune aurait attendu un bébé, elle l’aurait très probablement gardé, réticente à l’idée d’avorter. Le pompier poussa alors la réflexion plus loin et s’enquit de ses souhaits concernant l’avenir, comme celui d’avoir des enfants. Jody en désirait bien sûr, même si le pompier, Roméo, Louise et elle formaient déjà une belle famille. Deux fois papa comblé, Roman ne voulait peut-être plus l’agrandir. Dans un premier temps, il rassura sa petite amie sur l’amour que ses enfants lui portaient. « Oui et je les aime aussi. » Depuis l’emménagement de la kiné, le lien entre eux avait encore évolué et elle sentait combien les enfants tenaient à elle aussi. Et en effet, Louise n’avait connu que Jody comme figure féminine alors elle la considérait sûrement comme une maman. Ce ne serait pas insensé. Il est vrai que la benjamine Jenkins avait petit à petit trouvé sa place au sein de la troupe Hellington. Peu importe son désir d’avoir un enfant, la période ne s’y prêtait pas actuellement. Et puis, Roman avait aussi son mot à dire. Qu’adviendrait-il si leurs attentes étaient différentes ? Des couples avaient eu des désaccords pour moins. Toutefois, le sourire qui s’étira sur ses lèvres annonça un signe de bon augure. La fausse alerte l’avait amené à y réfléchir et la perspective d’un autre enfant ne lui déplaisait pas. Attrapant les mains de sa petite amie, le pompier reprit ensuite la parole. « Je t’aime. Tu es déjà ma famille. Mais si tu en as envie aussi, je rêverais d’avoir un enfant avec toi. » Jody retint son souffle, digérant la jolie déclaration de son petit-ami. Entre ses sentiments et son désir d’enfant partagé, la kinésithérapeute sentit une chaleur réconfortante s’installer dans le creux de son ventre, un mélange d’émotions pures et intenses. Du bonheur. Pourtant, elle ne répondit pas dans la foulée, laissant Roman continuer. « Peut-être pas tout de suite, comme tu le dis. » Pour l’instant, ce n’était pas l’idéal en effet mais il avait été essentiel d’en reparler pour connaitre les désirs de l’un et de l’autre si une surprise se reproduisait. Le couple serait mieux préparé à toute éventualité. Roman continua ensuite sur sa lancée, évoquant brièvement leur grosse dispute. « J’ai merdé, je le sais. » Jody ne répondait toujours pas, incertaine de la suite de la conversation. Les mots du pompier l'avaient blessée mais elle avait compris qu'il avait eu peur. La peur poussait les gens à perdre pied. C'est ce qui l'avait poussée à ne pas parler de ses doutes concernant une possible grossesse dans l'immédiat non plus. Elle regrettait la façon dont tout ceci avait explosé, chacun ayant accumulé ses frustrations en silence mais cette dispute leur servirait d'exemple à retenir pour communiquer davantage, notamment à propos de leurs insécurités. « Mais je sais aussi que nos sentiments l’un envers l’autre sont sincères. Je n’ai jamais ressenti ça pour personne. C’est avec toi que je veux faire tout ça. » Tout ne redeviendrait pas normal en un jour. Il faudrait du temps pour que la confiance et l’aisance retrouve sa place dans leurs rapports au quotidien puisqu’une distance s’était installée entre eux depuis ce fameux soir mais Roman venait de faire un pas pour qu'elle revienne vers lui. Jody n’avait jamais cru possible de l’aimer plus encore qu’à présent. A la seconde où tous les derniers mots s’étaient échappés de sa bouche, elle avait compris que cette amour continuerait de la dévorer longtemps encore. Cet homme qui lui abandonnait son destin, voyait un avenir certain à ses côtés, l’entrainait dans ses projets de vie et de famille, était son âme sœur et jamais elle ne s’en était aussi bien rendu compte qu’aujourd’hui. Se levant, la kinésithérapeute contourna la table du parc et vint se poser à côté de son petit-ami. Elle qui était pourtant avare en démonstration publique n’en eut cure dans le moment présent. « Moi aussi, je t’aime. Et je serai heureuse de faire tout ça avec toi. » Se rapprochant de lui, Jody déposa ses lèvres sur celle de Roman dans un doux baiser, comme si cet échange scellait la promesse qu’ils venaient de partager. Le cœur battant, elle prolongea l’instant en se collant un peu plus contre lui et en mêlant leurs souffles un peu plus longtemps. Un baiser comme ils n'en avaient plus partagé depuis cette fameuse soirée.

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