in the end, you're still here // tao #2

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crédit/ tumblr ✶ tao #2

Douze semaines de grossesse ; c'est le délai maximum légal pour pouvoir avorter. Théoriquement, j'ai encore un peu de temps avant de prendre une décision. Et pourtant, les semaines défilent beaucoup trop vite à mon goût. Maintenant que Maddox est au courant, c'est déjà plus facile pour moi d'accepter la situation. Même s'il n'est pas au courant de toute l'histoire. Ce bébé ne peut être de toute évidence que de lui... ou pas ? Le timing pourrait également correspondre à la nuit que j'ai passé dans les bras de Tao. Mais ça, je ne peux pas lui dire. Tao a décidé de tirer un trait définitif sur notre amitié, et avec le recul, c'est peut-être mieux comme ça. Que ce soit pour lui, ou pour tout le monde d'ailleurs. Mais ça ne m'empêche pas de continuer de penser à lui... d'imaginer que l'histoire puisse avoir eu une issue différente. Mais à quoi bon ? Aucun retour en arrière n'est malheureusement possible. C'est le coeur lourd que je me retrouve à ouvrir ce paquet cadeau, livrée directement à mon intention à l'agence. Une simple carte de félicitations accompagne un doudou pour enfant. Mais son prénom en signature qui me ravive de douloureux souvenirs. Il est donc à présent au courant. Ce n'est pas comme si j'avais pu lui annoncer la nouvelle de vive voix... et en même temps, aurais-je eu le courage de le faire en le regardant dans les yeux ? La réponse me parait étrangement évidente. Ça a toujours été compliqué avec lui. Et je crois que la situation actuelle n'arrange définitivement pas les choses. En fin d'après-midi, sur un coup de tête, au lieu de prendre le chemin de mon loft, ma voiture se dirige inconsciemment vers le quartier sud... ce restaurant dans lequel j'évite de remettre les pieds depuis notre dernière confrontation. Mais Maddox travaille ici aussi, avec Tao justement. Je ne sais pas trop ce qui me prend de faire ça. Sans doute un élan impulsif, comme une envie incontrôlée. Peut-être dans l'espoir de réussir à croiser son regard ? J'hésite de longues minutes avant de franchir l'entrée du restaurant, me laissant l'opportunité de faire demi-tour comme si de rien n'était et de rentrer chez moi. Mais non. L'envie est là, intense, cachée au plus profond de mon être. Le restaurant n'est pas ouvert à cette heure-là, pas encore. Le service du soir ne débutera que dans quelques heures. Mais la porte de la salle est entrouverte et je suis déjà à l'intérieur.  « Salut. » Je sens une boule venir se loger au creux de mon ventre lorsque j'aperçois Tao sortir de l'arrière cuisine. « Je suis passée voir Maddox, est-ce qu'il est dans le coin par hasard ? » Comme si j'avais besoin de justifier ma présence ici.

Depuis quelques jours, Maddox respirait le bonheur et pour cause, Siam lui avait annoncé qu’elle était enceinte. La nouvelle soufflait un vent de fraîcheur sur leur relation et le serveur n’avait pu s’empêcher de la partager avec son ami. De son côté, Tao ne ressentait ni joie ni tristesse quant à cette révolution. Il savait que cela bouleverserait leur vie, mais il s’en tiendrait bien éloigné. L’histoire avec Siam ne faisait pas encore totalement partie du passé et la plaie était encore légèrement à vif. Néanmoins, il avait fait le geste de lui faire parvenir un présent qu’il avait choisi lui-même en boutique pour enfants. Tao accordait une importance folle aux détails. Il avait écarté les doudous aux matières irritantes ou aux couleurs trop vives. A son image, son cadeau était simple, mais efficace. Il avait péniblement écrit son prénom en bas d’une carte de félicitations dont le design faisait écho à une grossesse. Avec ce geste, Tao faisait preuve d’une classe qui lui avait manqué lors de cette fameuse soirée où il s’était retrouvé enlacé dans les bras de Siam sans même penser aux dégâts que cela ferait. La vie semblait avoir tranché : cet évènement était définitivement un écart à rayer de la carte, Maddox et elle allaient devenir parents et partageraient le restant de leur vie ensemble. Du moins, ils seraient liés à tout jamais par un petit être, tandis que le chemin de la blonde et le sien étaient définitivement étrangers.

Le restaurant était en pleine période charnière et pour cause, Tao et son père avaient travaillé pendant des semaines pour établir une nouvelle carte à la hauteur de l’ancienne. Ensemble, ils avaient passé des heures à s’interroger sur les mariages de saveurs et l’harmonie générale des menus. Ce jour-là, alors que le restaurant ouvrait dans quelques heures pour le service du soir, le jeune homme s’entraînait encore à parfaire son plat signature dans les moindres détails. Il n’y avait pas de place pour l’approximation dans un restaurant étoilé. Penché sur son assiette à déposer de la décoration autour de l’élément central du plat, Tao ne prêta pas attention à l’arrivée d’une voiture. Ce n’est que quand des pas se firent entendre qu’il se décida à relever la tête pour aller voir de quoi – ou plutôt de qui – il s’agissait. Il s’essuya les mains sur le torchon qui traînait et prit le chemin de l’arrière-cuisine avant de croiser le regard de Siam. Il avait pourtant été clair sur le fait qu’il voulait réduire les contacts avec elle et pourtant, c’était comme si, malgré eux, il demeurait une sorte de besoin de rappeler l’existence de chacun. Immédiatement, il baissa son regard sur son nombril. En dépit de toute l’attention que lui demandait l’élaboration d’une nouvelle carte, il ne pouvait pas chasser cette grossesse inopinée de son esprit. Rapidement, il remonta son regard vers celui de la blonde. « Non, il n’est pas là. Je suis seul pour le moment. Le reste de la brigade arrive d’ici une heure, une heure trente » répondit-il. Il ne pouvait pas croire que Siam ne savait pas ça. Après tout, avant de se comporter comme deux étrangers, ils avaient été suffisamment proches pour qu’elle sache ce type d’informations. Il en profita néanmoins pour embrayer. « Tu as reçu ma carte ? » demanda-t-il avec une pointe de douceur dans la voix. Même s’il regrettait que celui lui arrive maintenant, à elle et surtout sans lui, il était question d’un enfant qui n’avait rien à voir dans leurs histoires d’adultes torturés.

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C'est bien connu, entre la théorie et la pratique, il y a un monde. Même si nous avons tous les deux été d'accord pour qualifier notre écart comme étant une erreur de parcours, en réalité, ce n'est peut-être pas si évident que ça. C'est Tao qui a voulu tirer un trait sur notre amitié, ou du moins qu'on essaye chacun de notre côté de prendre nos distances. Et pourtant, il y a toujours un petit quelque chose pour nous rappeler l'existence de l'autre. Je ne sais pas exactement ce qu'il en est de son côté, mais pour ma part, je ne suis pas capable de tout oublier dans un claquement de doigts. Mais je suppose que c'est pareil pour lui, sinon pourquoi me faire parvenir cette carte et ce cadeau ? Maintenant que Tao est au courant pour le bébé, j'ai l'impression d'avoir besoin de me justifier. C'est réel maintenant, et je ne peux plus vraiment me cacher. Avec le recul, ce n'était peut-être pas une bonne idée de venir ici. Une fois confrontée au regard du jeune homme, les souvenirs de notre nuit ensemble me reviennent brusquement en mémoire. C'est bien beau d'avoir prétexté que l'alcool était la raison de cet écart, mais finalement, les souvenirs n'en ont pas été impactés pour autant. Cherchez l'erreur comme on dit. « Non, il n’est pas là. Je suis seul pour le moment. Le reste de la brigade arrive d’ici une heure, une heure trente. » Même si je ne connais pas le planning exact de mon petit-ami, je savais inconsciemment qu'à cette heure-là, il y avait de fortes chances qu'il ne soit pas encore arrivé. Est-ce que c'était voulu ? Peut-être un peu. « Ah merde, pardon, j'ai pas fait gaffe à l'heure. » C'est moi ou je suis en train de m'enfoncer dans ma connerie là ? En même temps, c'est pas comme si je pouvais me permettre de lui dire la véritable raison de ma présence ici. Parce que, même moi, j'ai du mal à en prendre conscience. Et pourtant, c'est évident. On aurait pu en rester là, se contenter de ce simple échange de banalités, s'il n'y avait pas cette envie sous-jacente de prolonger ce moment. C'est Tao lui-même qui lance la conversation sur le sujet du bébé. « Tu as reçu ma carte ? » C'est un sujet périlleux à aborder avec lui. Et en même temps, je ne peux pas continuer de l'éviter éternellement. « Je... oui, merci. C'est gentil de ta part. » Un sourire sincère vient se dessiner au coin de mes lèvres. « J'aurais préféré te l'annoncer par moi-même mais c'était compliqué. » Il est bien placé pour le savoir : c'est lui qui voulait que je reste gentiment en dehors de sa vie. Et aussi parce qu'avec Maddox, la nouvelle s'est répandue plus vite que je ne l'aurais voulu. « Comme tu t'en doutes, ce n'était pas vraiment prévu au programme... » Que les choses soient claires, cette grossesse n'était pas désirée. Je préfère le dire, pour ne pas qu'il pense qu'après avoir couché avec lui, j'ai eu envie de faire un enfant avec mon mec. Je veux bien avoir le mauvais rôle dans l'histoire mais quand même.

Au fond de lui, Tao savait que Siam n’avait pas vraiment perdu la raison en venant à cette heure-ci. Elle n’était peut-être pas le nez collé à sa montre une journée entière, mais elle connaissait le restaurant depuis suffisamment longtemps pour savoir qu’il y avait encore une marge avant que le personnel n’arrive. Le cuisinier ne tenait pas à enfoncer le clou. Accabler la jeune femme ne servirait à rien. Elle était peut-être venue avec une idée derrière la tête, mais il ne se sentait pas spécialement en état de faire une séance de psychologie pour savoir les tenants et les aboutissants.

Le bébé. Depuis qu’il avait appris, Tao ne cessait d’y penser. Il n’arrivait pas à croire que c’était dans les plans du couple. Si Siam avait opté pour Maddox il y a quelques années, il savait qu’elle ne passerait pas le restant de ses jours avec lui. Est-ce qu’il la connaissait mieux que son ami serveur ? Non, peut-être pas, mais il l’écoutait davantage. Tao disposait d’une sensibilité et d’une intelligence émotionnelle qui l’aidait à appréhender un grand nombre de situations et il savait que dans le cas de leur couple, il n’y avait pas de futur tout tracé. Pourtant, les faits étaient bien là, Siam était enceinte et ils étaient désormais liés pour la vie. Malgré un bon esprit irréfutable, Tao ne pouvait pas empêcher son cœur de battre dans ses tempes en pensant à ce qui les attendaient. Il avait l’impression que cette grossesse n’était pas une bonne chose, mais peut-être était-il biaisé de par son affection pour Siam. Maddox avait l’air heureux et il n’avait pas d’autre choix que de faire bonne figure devant lui.

« J’imagine que tu as eu d’autres priorités, de toute façon ». Il n’avait pas demandé à Maddox comment elle le lui avait annoncé. Il ne préférait pas savoir les détails. En revanche, quand Siam insista sur le fait que cet enfant n’était pas prévu, il sentit comme un soulagement dans sa poitrine. Un instant, il se demanda s’il était vraiment guéri de la jolie blonde. Il déposa son couteau puis se retourna vers elle. Chose qu’il n’avait pas faite depuis longtemps, il la regarda dans les yeux. « Et il est trop tard pour y mettre un terme ? » demanda-t-il avant de se reprendre « J’veux dire que ça reste ton corps donc si tu n’as pas vraiment envie d’être mère, Maddox ou pas, tu en as le droit ». Il le pensait vraiment. Dans ces circonstances si particulières, il était d’accord pour dire que c’était à Siam que revenait la décision finale et ce même si son copain le chantait déjà sur tous les toits. « Ça fait combien de temps ? » Il ignorait si elle savait précisément depuis combien de temps elle était enceinte, mais dans ses souvenirs de séries et de films, la science était capable d’estimer une date de conception. Non pas qu’il imaginait que ce soit lui le père. Ils avaient dérapé une seule et unique fois et il y avait fort à parier que ce simple accident ne faisait pas le poids contre une vie de couple quotidienne, vie qu’elle avait avec Maddox.

Désolé pour le délai de réponse

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Pour être honnête, que ce soit lui en premier qui aborde le sujet du bébé est finalement un mal pour un bien. En sachant qu'il était déjà au courant, j'aurais pu moi-même lancer la conversation mais il n'est pas difficile de comprendre que ce n'est pas encore très naturel pour moi d'en parler. C'est encore pire d'en parler avec lui d'ailleurs, quand on connait cette nuit qui nous a lié tous les deux il y a quelques temps. Au moins, maintenant, l'abcès est percé. Enfin pas totalement puisque je ne lui ai pas tout avoué non plus... notamment par rapport à mes interrogations sur le père du bébé. « J’imagine que tu as eu d’autres priorités, de toute façon. » Depuis la révélation, c'est vrai que les semaines n'ont pas été faciles pour moi. Il a fallu d'abord que je l'avoue à Maddox, puis que les tests de grossesse soient confirmés par une prise de sang. Mais le plus dur a été finalement le fait d'en prendre véritablement conscience et de l'accepter. « Et il est trop tard pour y mettre un terme ? » Théoriquement, non, il n'est pas encore trop tard. « J’veux dire que ça reste ton corps donc si tu n’as pas vraiment envie d’être mère, Maddox ou pas, tu en as le droit. » Même si Maddox est présent pour moi depuis la révélation, c'est effectivement à moi que reviendra la décision finale. Je ne suis pas encore totalement sûre de mon choix, et pourtant, au vu de l'enthousiasme de mon petit ami, c'est difficile de ne pas penser à lui. « Ça fait combien de temps ? » J'avale difficilement ma salive avant de répondre. « Euh... ça fait un peu plus de deux mois déjà. » Je reste assez vague sur la question, même si le timing correspond tout de même à notre nuit partagée ensemble. C'est bien là le problème. J'aurais préféré que les doutes ne soient pas possibles... mais malheureusement, ils sont là, bien ancrés au plus profond de moi-même. « L'avortement est encore possible en soit, mais je ne suis pas sûre d'être capable d'y mettre un terme. » Plus le temps passe, plus c'est difficile pour moi d'imaginer "tuer" cet enfant. Que ce soit une grossesse non désirée est une chose, mais de ne pas assumer ses responsabilités en est une autre. Non, je ne suis pas comme ça. « Ça ne me ressemble pas de faire ça... » Je crois qu'avec le recul, je préfère encore envisager l'adoption que l'avortement. Et si, finalement, cet enfant était un signe du destin ? Il me reste encore quelques mois pour essayer de me faire à l'idée de devenir mère. « Et puis, il n'y a pas de raison que je sois une mauvaise mère, non ? » Ajoutais-je dans un rire un peu nerveux, plus pour tenter de m'en persuader moi-même que pour lui demander réellement son avis sur la question.

Un peu plus de deux mois. Il n’avait suffi que de cette révélation pour que le sang de Tao ne fasse qu’un tour dans son esprit. Deux mois, cela coïncidait parfaitement avec le dérapage qui s’était produit entre eux et immédiatement, le cuisinier ne put s’empêcher d’établir un lien dans son esprit. Il se doutait que Siam avait toujours des relations avec Maddox et qu’elles étaient plus fréquentes que leur simple aventure, mais ces quelques mots avaient été assez pour qu’il s’arrête de bouger, paralysé par ce qu’il avait peur de découvrir. Siam y avait-elle pensé ? Il n’arrivait pas à se positionner. Si c’était le cas, elle l’aurait probablement contacté. Discrètement, Tao prit une profonde respiration. Il n’avait pas rebondi sur la durée de la grossesse de peur de faire une grossière erreur et de gâcher ce moment de sérénité. S’il avait essayé d’écouter les arguments de Siam en défaveur de l’avortement, il ne pouvait pas dire les avoir entendus, bien trop perturbé par la première information qu’elle lui avait donnée. La phrase qui le ramena à la réalité rendait cette nouvelle encore plus délicate. « Et puis, il n'y a pas de raison que je sois une mauvaise mère, non ? ». Que pouvait-il répondre à ça, lui qui ne s’était jamais vraiment imaginé devenir père ? Il ignorait ce que signifiait « avoir un enfant », il peinait à se projeter dans les responsabilités que cela demandait et la probabilité, même très faible, qu’il soit impliqué ne le rendait pas plus détendu. « Non, bien sûr. C’est simplement inattendu alors j’aurais compris que tu te poses des questions … Que vous vous posiez des questions ». Et Tao était sincère. Il ignorait comment elle et Maddox faisaient pour ne pas paniquer.

Volontairement, le second de cuisine marqua une pause dans son discours comme dans ce qu’il était en train de faire. Il baissa les yeux puis remonta lentement vers le regard profond de la jolie blonde. Même si cette idée le terrifiait, il fallait qu’il sache sans quoi cette éventualité l’empêcherait d’assurer le service et de regarder Maddox dans les yeux. Depuis que son ami avait appris la nouvelle, il trépignait de joie et faisait des plans sur la comète. Maintenant que Tao avait une vague idée de la date de conception, il ne pouvait s’imaginer que le mensonge qui les unissait avec Siam puisse être plus lourd. « Siam… » commença-t-il avec une certaine difficulté à déglutir « Est-ce qu’il y a la moindre chance pour que cet enfant soit de moi ? ». Pourtant habitué à mettre les formes, Tao voulait savoir. Par curiosité ou par désir d’arracher le pansement, il se pensait prêt à entendre la réponse.

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Parler du bébé avec lui comme si de rien n'était est vraiment une situation étrange. Mais Tao n'a aucune raison de se poser des questions à ce sujet. Enfin... ce n'est pas aussi simple que ça. Et sa question ne fait que remonter en moi les craintes. Je tente de rester infaillible comme s'il n'y avait pas de doute possible, mais je crois que j'en suis incapable. Mon visage se crispe un peu, alors que mon coeur bat plus rapidement dans ma poitrine. Jouer les filles détachées, ça n'a jamais été mon genre. Je suis entière, peut-être un peu trop, mais au moins, on ne peut pas me reprocher le contraire. Pourtant, à ce moment précis, je ne sais pas exactement comme je dois réagir. J'ai l'impression que nous sommes tous les deux en train de s'échanger des banalités alors que le fond du problème est juste là, bien présent. Et la tension de la conversation s'en fait ressentir. Comme si l'environnement qui nous entoure devenait brusquement plus lourd à supporter. « Non, bien sûr. C’est simplement inattendu alors j’aurais compris que tu te poses des questions … Que vous vous posiez des questions ». Évidemment que je me pose des questions. Et même si, dans le fond, je suis terrifiée, je commence doucement à avoir les idées claires à ce sujet. Les semaines qui suivent m'aideront sans doute à en avoir le coeur net. Le regard du jeune homme vient alors accrocher le mien. « Siam… » Mon coeur se serre dans ma poitrine consciente de la tournure que risque de prendre la discussion. « Est-ce qu’il y a la moindre chance pour que cet enfant soit de moi ? ». La question que je ne pouvais pas redouter de pire. Et en même temps, c'était prévisible. Un peu plus de deux mois... le timing correspond plus ou moins à notre soirée passée dans les bras l'un de l'autre. C'est un fait que je ne peux malheureusement pas changer. « Je... » Je fuis son regard, fixant un point inexistant sur le sol. Que pourrais-je répondre à ça ? Il sait tout autant que moi que cette nuit-là, nous n'avons pas pris le soin de nous protéger. Alors oui, les doutes sont possibles. « Je sais pas. » Je ne peux encore avoir aucune certitude sur le sujet. « Je ne connais pas encore la date de conception exacte... » Et pour être honnête, cette période de ma vie reste volontairement flou dans mon esprit. Je suis incapable de me souvenir précisément si j'ai couché avec Maddox dans les jours qui ont précédé ou suivi cette fameuse nuit. Je crois que mon cerveau fait une sorte de blocage. « S'il peut y avoir un risque ? » Je fais une pause pour respirer un grand oui. Je crois que la réponse à cette question est évidente, pour lui comme pour moi. « Oui. » Dans ces conditions, je ne peux plus faire comme si de rien n'était.

Aussi déconcertant que cela puisse paraître pour une personne n’ayant jamais songé à fonder sa propre branche de la famille, Tao vivait une période où tout semblait le ramener à la paternité. Il avait d’abord été témoin de la naissance des jumeaux d’Arlo et avait très naturellement endossé le rôle d’oncle pour les deux nouveau-nés. Plus ou moins rapidement, il avait franchi les étapes en venant même à être responsabilisé au point de garder les enfants pour que son couple d’amis puisse profiter d’un moment en tête-à-tête avant que le père Noël ne passe chez les Mehrtens. Il était même allé jusqu’à, de son plein gré, acheter des bonnets sur lesquels des bois de rennes avaient été cousus pour extirper un sourire aux parents épuisés. Malgré ça, le second de cuisine ne s’était jamais imaginé en chef de famille. Il ne pouvait pas prétendre avoir manqué de quoique ce soit : son père et sa mère – tous deux adoptifs – avaient tout fait pour qu’il se sente à sa place chez les Walker. Par passion, Tao avait suivi la voie professionnelle de celui qu’il appelait « Papa » et ce dernier l’avait accueilli avec plaisir dans leur restaurant que l’un et l’autre se faisaient un plaisir de qualifier de « familial ». Pourtant, quand il pensait au concept-même de la paternité, Tao ne pouvait s’empêcher de remarquer le trou béant qui demeurait dans sa poitrine et dont il connaissait la cause : il avait été abandonné. Quelles que soient les raisons pour lesquelles on avait choisi de le laisser à un orphelinat, il ne parvenait pas, à vingt-six ans, à comprendre ce geste. Quelles avaient été les questions que ses parents biologiques s’étaient posés ? S’en étaient-ils même posés ? Il n’avait pas de réponses à ses interrogations et quand le sujet de fonder son propre monde était mis sur la table, tous ses doutes et douleurs de l’enfance lui revenaient en pleine face.

L’hésitation de Siam suffit à Tao pour comprendre qu’il avait visé juste. Même sans ce moment de blanc, il savait que son hypothèse avait de grandes chances d’être valide et pour cause, dans le feu de l’action, il n’avait pas du tout pensé à se protéger. Il payait aujourd’hui le prix de son imprudence puisque cela suffisait à introduire le doute dans son esprit. A la fois soulagé d’avoir une réponse à son interrogation et inquiet des conséquences que cela aurait, il détourna les yeux et serra les poings. « Merde. » C’est le seul son que ses cordes vocales réussirent à produire. Voilà qu’à son tour, il s’invitait dans la danse des préparatifs à la naissance avec Maddox et Siam, schéma qu’il pensait avoir pourtant abandonné depuis plusieurs années, la blonde ayant choisi son meilleur ami. « T’y avais pensé ? » demanda-t-il avec une certaine hargne dans la voix qui ne lui correspondait que très peu. « Dis-le, t’y avais pensé ?! Ou bien tu comptais m’envoyer un faire-part de naissance avec comme légende de la petite étoile « Au fait, c’est peut-être toi le père » ? »

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La réponse est oui : il y a une chance pour que cet enfant soit effectivement de lui. Et peut-être même plusieurs chances possibles quand on y pense. C'est bien ça le problème. Nous avons fauté ensemble, et si nous avons déjà du mal à assumer notre responsabilité par rapport à Maddox, les conséquences deviendront sans doute pires encore. Le choc de ma réponse est violent. Et les répercussions qui vont suivre le seront tout autant. Cette révélation risque de bouleverser sa vie. Comme ce foutu test de grossesse a chamboulé la mienne. Je comprends exactement la tornade de sentiments incontrôlés qu'il est en train de ressentir : la peur en premier plan. La colère aussi, probablement. Et cette immense culpabilité qui me ronge de l'intérieur depuis cette nuit passée dans ses bras. J'ai ressenti exactement la même chose il y a quelques semaines. « Merde. » Ce que je vois dans ses yeux à présent ne lui ressemble pas. Comme s'il n'avait plus réellement de contrôle sur lui-même et sur ses réactions. « T’y avais pensé ? » Je fuis à nouveau son regard. Bien sur que j'y avais pensé. Mais c'est pas quelque chose dont on peut parler facilement. Est-ce que je regrette de ne pas lui avoir dit avant ? Sur le fond, non. Sur la forme, peut-être. Mais qu'aurais-je pu faire de mieux ? C'est lui qui a coupé les ponts avec moi suite à cette nuit passée ensemble. « Dis-le, t’y avais pensé ?! Ou bien tu comptais m’envoyer un faire-part de naissance avec comme légende de la petite étoile "Au fait, c’est peut-être toi le père" ? » Je comprends qu'il puisse m'en vouloir, et j'en assume les conséquences, mais de là à ce qu'il se défoule sur moi, non merci. Nous sommes tous les deux fautifs dans cette histoire. « Tu aurais voulu que je fasse quoi exactement ? » Mon ton devient plus distant, plus dur aussi. « Tu ne voulais plus me voir... » Son message était clair. C'est pas comme s'il m'avait jeté de sa vie comme une vulgaire étrangère la dernière fois, mais presque. « Je ne suis pas sûre qu'un texto aurait été plus approprié pour t'annoncer la nouvelle. » Je lève inconsciemment les yeux au ciel, agacée. « Tu crois que je suis venue aujourd'hui pour quoi au juste ? » Parce que oui, surprise, je ne suis pas venue ici pour voir Maddox. Et je suis persuadée qu'au fond de lui, il le sait. Certes, ce n'était pas calculé et je n'avais pas spécialement prévu ce qu'il se passerait exactement mais quand même. Il a sans doute besoin de temps pour encaisser la nouvelle. A l'heure actuelle, nous n'avons pas la réponse à nos différentes questions, et c'est le plus déroutant en soit. Nous sommes autant dans le flou l'un comme l'autre.

En quelques secondes, d’un mot monosyllabique, la vie de Tao avait basculé. Dans son esprit, un tas de sentiments contradictoires se bousculaient et il ne semblait pas y avoir de la place pour la raison. Après une grande respiration, il réussit à trouver une brèche. Certes, il y avait des chances pour qu’il soit le père de cet enfant, mais Siam n’était pas sûre qu’il soit l’élu. En y réfléchissant, même si la probabilité était plus faible de l’extérieur, il réussit à mettre des mots sur sa colère. Il lui fallait maintenant parvenir à dépasser sa fierté pour être le plus transparent possible envers Siam. « Je sais pas, peut-être que j’aurais aimé l’apprendre par ta bouche plutôt que par celle de Maddox ». En procédant ainsi, le cuisinier avait eu l’impression que son ami serveur s’était déjà approprié cette grossesse, grossesse dans laquelle il n’avait peut-être rien à voir. L’argument selon laquelle Tao avait coupé les ponts pouvait s’entendre, mais il ne pouvait accepter ça comme simple excuse à son silence. « T’aurais pu et dû insister. C’est pas comme si tu voulais m’annoncer que tu t’étais cassé un ongle » dit-il en ironisant qu’à moitié. S’énerver ne servirait à rien, il le savait. De toute façon, rien n’était sûr. Se projeter dans une situation complexe ne les aiderait pas.

« Bon et concrètement, c’est quoi nos options, maintenant ? » aussi brouillon que ce soit dans sa tête à présent, Tao ne s’imaginait pas devoir attendre la fin de la grossesse pour savoir s’il était bien le père de cet enfant. Visiblement, Siam le garderait quelle que soit l’identité du géniteur. De son côté, Tao ignorait s’il était prêt – le cas échant – à jouer le moindre rôle dans la vie de cet enfant, mais il ne pouvait pas rester dans l’incertitude. Faire l’autruche ne faisait pas partie de la façon d’être du cuisinier, c’était pour cette raison qu’il avait souhaité prendre ses distances avec Siam. L’idée que Maddox s’impose à ses côtés comme il s’était, de son regard à lui, s’était imposé comme le bon choix il y a quelques années le laissait amer. A l’image de leur soudain rapprochement, rien de tout ce qui leur tombait sur le coin du nez n’était prévu et pourtant, il ne ressentait pas de réelle panique à l’idée d’affronter tout cela. Tout ce qu’il voulait, c’était des réponses à ses questions. « On va pas attendre de voir si il ou elle nait avec un bindi entre les deux yeux ou un look douteux pour savoir qui de nous deux est le père, si ? » dit-il, taclant au passage le style vestimentaire de Maddox. L’heure n’était vraiment pas aux douceurs lexicales.

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Je ne suis pas parfaite, loin de là. Et ça, j'en suis totalement consciente. Mais je pense que la situation est suffisamment complexe pour qu'il puisse réellement m'en tenir rigueur. Qu'est-ce que j'aurais bien pu faire de mieux ? Il ne voulait plus me voir. Et je n'allais pas me pointer à sa porte comme si de rien n'était pour lui annoncer ma grossesse. Enfin, si. Peut-être. Mais je n'en ai pas eu le courage. Il m'a fallu du temps pour accepter la nouvelle de mon côté, déjà. « Je sais pas, peut-être que j’aurais aimé l’apprendre par ta bouche plutôt que par celle de Maddox ». Ok, c'est vrai. J'admets que ce n'était pas à Maddox de lui en parler en premier lieu. En même temps, je lui ai dit de ne pas le crier sur tous les toits mais il était bien trop excité par la nouvelle. Je suppose que ça lui tenait à coeur d'en parler à Tao. Je n'aurais pas pu l'éviter... il travaille tous les jours avec lui, il allait forcément l'apprendre avant que je puisse lui annoncer. Le délai était trop serré. Vous allez me dire que je me cherche des excuses mais, quand tous les éléments sont contre moi : c'est compliqué. Bref. « T’aurais pu et dû insister. C’est pas comme si tu voulais m’annoncer que tu t’étais cassé un ongle » Nouveau reproche que j'encaisse sans broncher. Finalement, c'est peut-être tout ce que je mérite. « Je suis désolée. Je n'ai sans doute pas fait les choses correctement, c'est vrai, mais j'ai essayé de faire de mon mieux. » Ça, c'est vrai. Mais c'est un peu compliqué pour moi d'avoir le cul entre deux chaises. La situation n'est clairement pas à notre avantage. « Bon et concrètement, c’est quoi nos options, maintenant ? On va pas attendre de voir si il ou elle nait avec un bindi entre les deux yeux ou un look douteux pour savoir qui de nous deux est le père, si ? » Il a raison, on ne devrait pas attendre la fin de la grossesse pour savoir ce qu'il en est exactement. Mais pour le moment, je n'ai toujours rien dit à Maddox et je me retrouve un peu coincée. « Je vais bientôt avoir ma première échographie, je crois que c'est à ce moment-là qu'ils pourront dater précisément la grossesse. » L'examen prénatal comme ils l'appellent. A ce moment-là, nous en saurons plus. Et il y aura toujours la possibilité de faire un test de paternité pour en avoir le coeur net. « On va devoir en parler à Maddox. » Même si ce secret devait rester entre nous, vu les circonstances, c'est quelque chose que je ne peux malheureusement plus lui cacher. Si mon petit ami n'est pas le père de ce bébé, les choses vont devenir encore plus compliquées. « C'est à moi de lui dire. » En disant ça, mes yeux lui demandent expressément de ne pas faire la connerie de lui en parler à ma place. Même si le secret est lourd à porter, même si c'est difficile. Je ne veux pas que Maddox l'apprenne de quelqu'un d'autre.

Tao le savait, il était dur avec Siam. Peut-être plus exigeant qui ne l’aurait été avec quiconque lui aurait annoncé la même nouvelle, mais il ne pouvait s’empêcher de réagir de cette façon. Avec ses quelques mots, la jeune femme venait de le replonger dans une spirale d’incertitudes qui lui rappelait l’époque où son cœur avait balancé entre lui et Maddox. S’il savait avoir cicatrisé, la plaie était encore bien visible. Quoiqu’il en soit, les choses étaient ce qu’elles étaient et ni Siam ni lui n’avaient le pouvoir de remonter le temps. Chacun faisait avec les armes qu’il avait en sa possession.

La maternité, Tao n’en savait pas grand-chose. Il avait suivi la grossesse de Laya de plus ou moins près compte tenu des circonstances, mais il n’avait pas eu les détails auxquels il aurait probablement le droit avec Siam. A l’évocation de la première échographie, Tao prit subitement conscience de l’ampleur de l’annonce. « Je suppose que Maddox est censé t’accompagner à cette échographie. Il nous a demandé de lui laisser une après-midi libre je ne sais plus quand ». Tout prenait sens dans son esprit. Toujours est-il qu’il restait le chef, bien que second, dans son restaurant et qu’il pourrait, s’il le souhaitait, bloquer Maddox. Du moins, c’est l’idée de plan minable qui lui venait sur le moment, encore un peu échauffé à l’idée qu’il n’ait pas vécu les premiers moments comme il méritait peut-être.

Que Maddox apprenne leur courte liaison était la dernière de ses volontés et pourtant, il était l’un comme l’autre obligés d’y songer. Devant la complexité de la situation, ils ne pouvaient garder le secret sans quoi il finirait par exploser un jour en emportant tout avec lui. Bien qu’échauffé par ce qu’il venait d’apprendre et les circonstances qui les entouraient, Tao n’avait pas imaginé un instant faire le premier pas seul et mettre Siam dans une situation inconfortable. « Tu vas lui dire quoi, exactement ? » à défaut d’être ensemble, Tao voulait connaître les détails de ce qu’il se dirait, conscient qu’il aurait par la suite des comptes à rendre à son ami. Il savait que la marche de cette trahison était haute et que Maddox serait sûrement en colère d’apprendre que son ami et sa petite-amie s’étaient rapprochés dans son dos. A sa place, Tao savait qu’il délaisserait son côté moine bouddhiste pour régler ses comptes avec lui. « Si tu préfères que je sois là, avec toi, on peut se trouver un moment. Je sais que Maddox n’est pas du genre violent, mais il risque de mal réagir ».

in the end, you're still here
crédit/ tumblr ✶ tao #2

Au fur et à mesure des jours, et surtout des évènements, cette grossesse devient de plus en plus concrète. Tout le monde est à présent au courant, ou presque. Mais concernant mon secret avec Tao, c'est une autre histoire. Ce secret qui risque justement de tout foutre en l'air s'il s'avère que cet enfant est bien de lui. Nous serons très certainement fixés lors de ma première échographie. Enfin je suppose, en réalité je ne suis encore pas très à l'aise avec le fonctionnement. C'est nouveau pour moi, et tout aussi déstabilisant. « Je suppose que Maddox est censé t’accompagner à cette échographie. Il nous a demandé de lui laisser une après-midi libre je ne sais plus quand. » Je me contente d'un petit hochement de tête pour acquiescer. Encore une fois, je ne suis pas certaine que ce soit la meilleure des options que Maddox vienne avec moi à cette échographie, et en même temps, comment pourrais-je lui en priver ? C'est vraiment une situation complexe que je ne souhaite à personne, même pas à ma pire ennemie. Je sais que je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, mais quand même. C'est douloureux. Le pire, c'est que ce n'est rien comparé à la douleur que Maddox va ressentir lorsqu'il apprendra la trahison - une double trahison même à ce niveau-là. Et le moment critique risque d'arriver plus vite que prévu. Étant donné les circonstances, nous ne pouvons malheureusement plus garder ce secret pour nous. « Tu vas lui dire quoi, exactement ? » Là est la question. Comment pourrais-je lui avouer une chose pareille sans risquer de le perdre à tout jamais ? C'est ça le problème. Les conséquences sont peut-être encore pires que celles que nous pensions lorsque nous avons couché ensemble dans son dos. « J'en sais rien. » Je soupire tout en secouant la tête, d'un air dépité. « Si tu préfères que je sois là, avec toi, on peut se trouver un moment. Je sais que Maddox n’est pas du genre violent, mais il risque de mal réagir. » A sa place, n'importe qui réagirait de la pire façon. Nous sommes mal placés pour l'en blâmer. « Je pense qu'il vaut mieux que je lui annonce en douceur. » Seule, pour commencer. Et peut-être sans mentionner Tao dans un premier temps. Je suis consciente que je ne pourrais pas lui cacher la vérité éternellement, mais je veux aussi penser à lui, à son bien. Et je n'ai pas envie que cette nouvelle le brise totalement. « Commencer par le début, et lui avouer que je l'ai trompé. » C'est effectivement la première chose à faire. Le reste viendra après. En réalité, je ne sais pas réellement ce qui est le mieux. Je ne sais pas encore quand ni comment, mais il faut que je prenne mon courage à deux mains. « Pour le reste, on verra. De toute façon, c'est pas le genre de discussion qu'on peut vraiment prévoir à l'avance. » Il faudra tenir compte des émotions du moment, de ses réactions aussi. Il y a de nombreux facteurs à prendre en considération. « Je te tiendrais au courant. » Évidemment. Si je l'ai écarté involontairement du début de ma grossesse, je ne compte pas refaire les mêmes erreurs.

A la place de Siam, Tao ne saurait pas comment s’y prendre. Bien qu’il ait mal vécu le choix de son amour de jeunesse quelques années auparavant, il savait que la trahison qu’il avait commise avec la complicité de la blonde était pleinement disproportionnée. « Je pense qu'il vaut mieux que je lui annonce en douceur ». Toute douceur que Siam veule y mettre, l’annonce de leur relation, aussi éphémère eut-elle été, briserait quelque chose d’irrécupérable entre elle et Maddox, mais aussi entre Maddox et Tao. Savoir qu’il avait été trompé ne ravirait pas Maddox, mais que cela s’était produit avec l’un de ses amis les plus fidèles le mettrait probablement dans une colère noire.

« Je te tiendrais au courant ». Cette fois-ci, il espérait que Siam ne lui cacherait rien de sorte à ce qu’ils puissent faire front devant la complexité de la situation. « Envoie-moi un message quand tu lui auras dit… » il marqua une légère pause avant de se rendre compte que le message ne serait qu’une vague idée de ce qu’il se passerait entre les hommes et que d’une façon ou d’une autre, il aurait rapidement des nouvelles de Maddox. « Enfin j’imagine que je le saurai rapidement. Essaie de faire ça à distance du service, si tu peux, j’aimerais éviter une scène devant les clients » dit-il avec autant de compassion qu’il le pouvait.

Considérant que leur discussion était maintenant finie, Tao ne savait pas quoi ajouter si ce n’est qu’il espérait que la suite des évènements prendrait une meilleure tournure, surtout s’il venait à avoir une relation de proximité avec cet enfant dont il digérait encore l’existence. Avant que Siam ne disparaisse de son champ de vision, il eut le bon réflexe de retourner à l’homme qu’il était avant qu’une histoire d’amour ne les sépare. « Siam », le temps qu’elle tourne les talons, il prit la décision de délaisser ses fourneaux pour la prendre dans ses bras. Il savait que l’étape avec Maddox serait plus difficile pour elle que pour lui et qu’il n’aurait de toute façon pas les mots pour être à la hauteur de la situation. « Je suis désolé qu’on en soit là, mais… Peut-être que finalement, rien n’arrive par hasard ». Et il le pensait, après avoir voulu s’éloigner, ce bébé, qu’il soit de lui ou pas, remettait les choses à leur ordre en les rapprochant de nouveau.