good vibrations → basilton

Pour quelqu’un possédant un bateau, on pourrait croire que Vesper serait plus branchée sports nautiques qu’elle ne l’est. D’autant qu’elle a quand même vécu pas mal d’années en Californie ; là aussi ça surfe pas mal, ainsi que tout ce qui va avec. Et pourtant, la fille des plaines arides en elle triomphe toujours de ce côté-là. Il faut croire que Basilton a cet effet sur elle : celui de lui donner envie d’essayer de tenir en équilibre sur une planche de surf. Ne sachant pas si ça serait son truc et connaissant des gens bossant au centre nautique, la texane leur a emprunté un peu de matos. Ce n’est pas la première fois ; généralement, les gens qu’elle fait voguer sur son bateau demandent toujours si elle a de quoi faire de la plongée, donc, pour peu qu’on la prévienne un peu à l’avance, c’est un service qu’elle peut offrir. Mais soit, pour en revenir à nos moutons, personne n’a tiqué lorsqu’ils ont vu qu’une fois n’est pas coutume, elle demandait de l’équipement de surf. Ce qui signifie qu’elle doit avoir le physique pour. Et rien de plus normal puisque, du haut de ses quarante-deux ans, Vesper reste quelqu’un de très athlétique, profession oblige.

Bref, avant d’emménager avec son copain, la blonde aurait dû prendre le bus – ce qui n’aurait vraiment pas été pratique avec une planche de surf, on est d’accord -, mais maintenant, elle n’a plus qu’à marcher un peu pour pouvoir admirer de ses yeux l’océan s’étendant à perte de vue. Rafa avait bien proposé de la déposer mais il s’est alors vu répondre qu’elle préférait marcher un peu. Dans un premier temps dans le but de prendre l’air, il est vrai, mais aussi et surtout pour mieux se rendre compte de la température. Car ici, en Nouvelle-Zélande, il fait toujours froid. Selon ses critères en tout cas. C’est sûr qu’on est très loin des quarante degrés minimums de son Texas natal et puis même en comparaison de la Californie, il fait tout de même froid. Cela dit, c’est à ça que sert la combinaison. Arrivée sur la plage, elle avise Basilton, déjà en train de barboter dans l’eau et presse le pas pour le rejoindre.
« Salut ! Alors, comment est l’eau ? »
Vous l’aurez compris, c’est un point qui l’inquiète un peu ; mourir d’hypothermie ne faisant clairement pas partie de ses plans d’avenir.

Le surf c’était un sport que Basilton affectionnait beaucoup. Il aimait surfer sur les vagues, traîner vers la plage. Il ne saurait dire pourquoi mais cela l’apaisait. Il se sentait bien à cet endroit et puis il pouvait être qui il voulait. Il y venait quelques après-midi avant d’aller travailler parfois. Il enfilait sa tenue et il n’y avait que le bruit des vagues qui comptait. Il ne pensait plus qu’à cela. Il y venait parfois avec sa cousine, ils se lançaient quelques défis. Il lui avait appris à monter sur une planche et, même si elle avait du mal au début, elle ne s’en sortait pas trop mal.

Aujourd’hui, il avait rendez-vous en compagnie de cette femme qu’il connait et qui possède un bateau. Il n’en avait pas Basil. Il ne possède qu’une voiture et sa boîte de nuit, ce qui n’est pas plus mal déjà. Il aimerait bien changer de boulot mais ce n’était pas à l’ordre du jour. Il n’était pas prêt. Il ne se sentait pas à l’aise avec cette histoire de musique. Est-ce qu’il le serait à un moment donné ? Il ne pense pas et ce, même si on lui a dit qu’il avait une belle voix et tout ça. Il se dit que la personne lui ayant dit n’était pas objective. Il ne veut pas y penser pour l’instant. Il allait continuer de faire ce qu’il savait faire.

La quarantenaire avait enfilé sa tenue pour le surf et récupérer sa planche. Il attendait que Vesper arrive. Elle ne devrait pas tarder. Elle avait son bateau elle ne pouvait pas trop se défiler. Parlant d’elle, il se tourne et lui adresse un salut. « Hey ! Elle me semble à la bonne température et il y a des vagues. » Oui car bon pas de vague ou peu, ça n’allait pas l’aider. « Tu prends une planche ? » Pour y aller ce serait mieux quand même. « Promis je serai gentil on va y aller doucement. »

A bonne température, Vesper aurait pu en douter mais au lieu de ça, elle décide de faire confiance à Basilton et désigne donc la planche avec laquelle elle est arrivée, la tenant sous le bras. Avant de se lancer, elle prend quand même le temps d’ôter les vêtements qu’elle porte par-dessus la combinaison, de les abandonner avec le reste de ses affaires sur le sable et sourit à la phrase de son instructeur. Une phrase pouvant ressortir dans le contexte de bien des premières fois.
« Je m’en fais pas. J’ai pas envie de te menacer mais sache que je suis pas du genre à me laisser faire. Et que j’en ai souvent botté, des culs, dans ma vie. »
Non, non, ça n’a rien d’une menace… Enfin, peut-être un peu. Mais dans le genre amical puisqu’elle ne la mettra pas à exécution. Autant rappeler que donner des corrections fait partie intégrante de son métier, voilà tout. Puis elle se jette à l’eau. Enfin, pas littéralement ; elle y entre petit à petit pour prendre la température et y habituer son corps de manière progressive, poussant sa planche devant elle. Un peu fraîche mais pas trop : elle s’y ferait rapidement. Un peu d’eau sur la nuque avant de se hisser sur sa planche.

Une fois sur son perchoir, la texane prend le temps de regarder un peu autour d’elle. Il y a d’autres surfeurs pas loin, à croire que c’est le spot. Elle en voit prendre des vagues comme des professionnels et puis d’autres qui font des exercices d’équilibre sur la plage avant de s’attaquer à quelque chose de plus sérieux.
« Une chance pour moi que j’aie un bon sens de l’équilibre. Sinon je serais obligée d’en passer par-là moi aussi. »
C’est du menton cette fois qu’elle désigne un petit groupe les pieds dans le sable. Et majoritairement composé d’enfants. C’est d’ailleurs sans doute ce point précis qui lui fait dire qu’elle a de la chance. Oui elle débute, mais elle n’aurait pas envie qu’on lui parle comme à une môme. Bref, mieux vaut en faire abstraction. Ce qu’elle fait en reportant son attention sur Basilton. Lui à l’air aussi décontracté que possible sur sa planche.
« Je tâcherai d’être une bonne élève, c’est promis. »
Puisqu’il est tout prêt à faire preuve de patience envers elle, alors elle peut bien lui promettre d’être attentive en retour, c’est la moindre des choses.

Il y avait peu de lieux où Basilton se sentait en sécurité mais sur une planche de surf et sur la plage, cela en faisait partie. Il adorait cela. Il aimait venir ici. Puis bon, plus on était de fous et plus on rit, c’était bien le dicton non ? Il était ravi que Vesper soit ici pour partager cette passion. En échange, il pouvait monter sur son bateau et il ne disait pas non. Il appréciait ces petites virées sur le large. Il profitait parce que cela lui faisait oublier les problèmes, tout comme le surf. Il ne pensait à rien, par exemple il ne pensait pas à son père. Les pensées lui restaient dans la tête parce qu’il n’oubliait pas ce qui s’était passé durant sa jeunesse. « Tu fais bien de le dire parce que botté des culs c’est ma spécialité également. Ca va être un vrai combat de coq alors. » Il suppose alors. Il ne bottait pas tant de fesses que cela mais disons que quand il voulait quelque chose, il ne se laissait pas faire. Il savait recadrer des personnes quand les choses n’allaient pas.

Basilton la laisse se dévêtir pour se trouver en tenue de surf et prendre sa planche. Il possède déjà la sienne. Il jette un coup d’œil autour de lui. C’est encore la bonne heure pour surfer sans qu’il y ait trop de monde. Son regard se pose sur l’endroit que lui désigne Vesper. Les enfants ? Il secoue la tête. Ce n’est clairement pas pour lui ça. Il n’aimait pas les enfants, il n’en voulait pas. Il ne se voyait pas être papa, encore moins avec l’enfance qu’il avait vécu. Il n’avait pas envie d’être comme son père, même si ça ne tenait sûrement qu’à lui. « Tu as peut-être envie de les rejoindre ? Ce serait davantage ton niveau, non ? » Il lui demande pour la taquiner. Il ferait bien de se méfier quand même. « Je n’en doute pas. » Il prend sa planche dans les mains et s’avancent vers l’eau. « Bon.. si tu me montrais ce dont tu es capable pour commencer, pour voir ? » Il lui propose alors.

La repartie de Basilton a le don de faire sourire Vesper. Bizarrement, personne ne la prend jamais au sérieux quand elle dit ça et qu’on ne l’a pas vue en action. Il faut dire qu’avec ses longs cheveux blonds, ses yeux bleus et son tour de poitrine, elle a tout de la Barbie. Une Barbie ayant passé la quarantaine, ce qui n’a bien sûr pas de sens mais vous avez saisi l’idée. Basilton ferait-il partie de ces gens qui refusaient d’aller voir plus loin que la couverture du livre ? Elle ne le connaît pas encore assez bien pour le savoir mais comme elle n’a pas envie de se le mettre à dos, elle entre dans son jeu en arquant un sourcil.
« Ah ouais ? Aurai-je enfin trouvé un adversaire digne de ce nom ? »
Parce que jusqu’ici, rares sont les hommes qui sont parvenus à lui tenir la dragée haute mais qui sait ? Ça la changerait pour sûr, peut-être même qu’elle irait jusqu’à éprouver du respect pour quelqu’un qui y arriverait. Ou pas. A vrai dire, il est difficile d’en être sûrs étant donné que ça n’a pratiquement jamais, voire jamais été le cas jusqu’ici. Bref, ils ne sont pas là pour se coller des baignes, simplement pour se baigner. Enfin, pour surfer pour être tout à fait exacte.

La texane reporte alors son attention dans un premier temps sur les vagues puis sur la plage où des enfants s’entraînent à se mettre en position debout sur leur planche avant de se jeter à l’eau. Une étape par laquelle elle ne passe pas, bien qu’il lui fasse remarquer que c’était plus son niveau. Vesper repère vite la taquinerie mais ne répond rien, sachant très bien qu’il n’est pas si loin de la vérité et que ça ne sert strictement à rien de se la péter si c’est pour le regretter ensuite. En revanche, elle s’exécute lorsqu’il lui demande de lui montrer ce qu’elle sait faire, se penchant sur sa planche et commençant à ramer pour prendre une vague. Pas une grosse, Vesper ne se sent pas d’attaquer par quelque chose de trop impressionnant, le genre que l’on peut facilement prendre avec un body board. Durant plusieurs secondes lui faisant l’effet de minutes, elle reste debout, jambes fléchies, une main effleurant l’eau. C’est beau. Puis c’est le drame : la vague l’envoie toucher le sable et c’est qu’après avoir bu la tasse qu’elle ressort la tête hors de l’eau. Elle tousse un peu, puis demande d’une voix incertaine.
« Alors ? Qu’est-ce que t’en penses ? »

Basilton n’avait peur de rien, ou pas grand-chose à vrai dire. Le jeune avait une grande carapace, une de celles qu’on ne pouvait pas trop percé. Il avait toujours fait en sorte d’être un gros dur. Il avait fait en sorte qu’on ne puisse lire en lui-même si dernièrement, on pouvait dire qu’Oswin y arrivait très bien. Pourtant, il y avait des choses qu’il ne disait pas. Il y avait encore tant de choses enfouis en lui. Il savait pourtant pour son père, pour sa famille alors il suppose que c’était déjà une bonne partie. Se battre, ce n’était pas quelque chose qu’il aimait parce que cela lui rappelait sans cesse les disputes et les coups avec son père. Il n’était pas violent en général même s’il avait toujours peur que cela déteigne sur lui. Néanmoins se battre gentiment, ce n’était pas grave ça. « Qui sait, tu aurais envie d’essayer peut-être ? » Il demande avec un sourire. Il ne serait pas dérangé lui. Ils n’allaient pas se faire mal non plus.

Pour l’instant, il faut déjà que tous les deux s’occupent de surfer. Ils étaient venus ici pour cela après tout, surtout Basilton. Il venait de plus en plus souvent, du moins tant qu’il le pouvait. Il décide de la laisser lui montrer ce qu’elle savait faire. De toute façon, il n’y a que comme cela qu’il allait pouvoir voir et lui donner quelques conseils après tout. Il est sympa, il ne rigole pas quand elle boit la tasse parce que bon le karma n’est jamais très loin lui. « Ce n’est pas si mal si on oublie la fin. » Il lui dit en récupérant sa planche pour la rejoindre. « C’est bien au niveau des jambes, tu devrais fléchir un peu plus. Et écartez un peu plus tes jambes sur la planche. » Il se positionne sur la sienne pour pouvoir lui montrer. « Tu seras davantage en équilibre et ce sera mieux pour ne pas tomber. » Ce n’était pas le but.

Si elle voulait essayer ? De quoi ? De se battre ? Okay, son job c’est également de savoir où frapper pour ne pas blesser mais un mauvais coup est vite parti. Ça ne la dérange pas, elle qui passe sa vie aux urgences ; des cassures, des fêlures, des brûlures, des coupures, Vesper doit avoir eu droit à absolument tout depuis le temps qu’elle bosse dans le milieu. Et toujours par accident, évidemment, car si le risque est trop grand sur un tournage, dans ce cas, ils tâchent de l’éviter. Question d’assurances, pas tellement d’estime pour le métier de cascadeur. Les réalisateurs ont plus souvent tendance à croire que les cascadeurs sont à leur service et doivent dès lors mettre leur vie en péril pour leur film. Comme s’il n’y avait pas des tas d’autres derrière. Bref, la proposition est tentante mais disons qu’à la base, c’est pas vraiment pour ça qu’ils sont là. La blonde hausse les épaules.
« Pourquoi pas ? Mais peut-être une fois qu’on sera sortis de l’eau, ça serait pas super pratique, sinon. »
Pour ce qui est du sable en revanche, aucun souci. C’est sans doute pas le plus pratique non plus, mais au moins, ça a l’avantage d’amortir les chutes.

En tout cas, c’est le moment de montrer ce qu’elle a dans le ventre. Oh ça, la texane ne manque pas de cran, c’est certain, et si elle ne pensait pas que le ridicule ne tue pas, elle aurait dû se lancer dans une autre carrière. Toujours est-il qu’elle se colle donc à sa planche, rame en direction des vagues, en prend une pas trop impressionnante et se rétame lamentablement au bout de quelques secondes à peine. Ce qui a l’air de faire rire Basilton. C’est vrai que, d’un point de vue extérieur, ça doit être drôle et, à vrai dire, ça lui passe au-dessus de la tête à Vesper, elle apprend, ça ne peut évidemment pas être parfait tout de suite. Si tant est que ça le soit un jour. Soit, elle écoute les précieux conseils de son instructeur. Selon lui, le problème est ses jambes. Pas assez écartées, pas assez fléchies. Elle prend bonne note, hoche la tête pour le signaler et s’élance vers une deuxième vague pour essayer de mettre ses conseils en application. Et force est d’admettre que ça paye, elle parvient à tenir debout quelques secondes de plus. Nouvelle tasse.
« C’était mieux ? »

Basilton ne doutait pas qu’elle était douée Vesper. Après tout, elle était cascadeuse donc elle devait savoir se battre et se défendre. Il n’en doutait pas mais lui il n’avait pas dit son dernier mot. Ce ne serait pas méchant même s’il faut dire qu’il n’aimait pas vraiment perdre de son côté. Il aimait bien gagner et tout faire pour. Il n’allait donc pas la laisser y arriver aussi facilement. Le jeune homme se met à rire à ses mots. « Ah bon ? Tu ne sais pas botter des fesses dans l’eau ? Parce que moi j’y arrive. » Disons juste que ce serait un peu compliqué c’est vrai. C’était plus compliqué de se déplacer dans l’eau.

Pour l’instant, ils allaient devoir s’entraîner à surfer. C’était bel et bien ce qui était prévu après tout. Il fallait qu’ils s’y mettent tous les deux. Elle tombe la première fois mais bon, c’est avec de la persuasion et de continuer à s’entraîner. C’était pour cela qu’il l’aide et lui donne quelques conseils. Il n’y a pas réussi du premier coup de son côté. « Allez tu peux y arriver. » Il lui lance avec un léger sourire pour l’encourager. Il la laisse faire et la regarde pour voir ce qui pourrait pêcher encore, ce qu’elle pourrait améliorer. « C’était mieux oui. Ca va le faire, il faut que tu continues à t’entraîner ensuite tu ne devrais plus boire la tasse à force. » Bon, cela arrivait également de tomber, c’était normal. « Allez à moi, je vais te montrer. » Il lui dit avant de prendre sa planche. Il se décide de se lancer sur l’eau pour un petit tour de surf. C’est là où il se sent bien et après quelques minutes, il sort de la. « Qu’est-ce que tu en penses ? »

Vesper arque un sourcil en entendant Basilton se vanter de pouvoir botter des fesses dans l’eau. Alors oui, c’est faisable mais l’eau empêche quand même n’importe quel coup de porter comme il faut. Se mouvoir dans l’eau ôte toute précision mais dans un sens, c’est sûrement plus safe de commencer par-là que sur la terre ferme. Toujours dans le but de ne pas se blesser.
« Alors ça, je demande à voir, mister Prétentieux. »
D’un autre côté, l’eau a l’air de plus être son élément que le sien alors il pourrait la surprendre. Mais y a un temps pour chaque chose et en ce moment, ils ne vont pas occuper le leur à se battre mais plutôt à surfer. Ce qui, dans le cas de la texane, relève quand même du combat. Une vraie lutte pour tenir debout sur sa planche. Exploit qu’elle ne parvient pas encore à accomplir bien longtemps. Et bien sûr, la question « combien de litres d’eau salée peut-on ingurgiter avant que ça ne devienne néfaste pour le corps humain ? » lui traverse l’esprit. Parce que mine de rien, elle en a déjà bu pas mal.

Nouvelle chute mais selon les dires de son professeur, elle s’améliore. Il lui manque surtout de la pratique. Il a raison. Puis il lui propose de lui faire une démonstration. Chose qu’elle accepte volontiers par un hochement de tête. La blonde observe, étudie sa posture pour essayer de la reproduire au mieux. Elle estime qu’elle n’en est pas si loin et qu’avec de la pratique – en effet -, elle pourrait y arriver. Bien sûr, il lui faudra du temps avant de pouvoir surpasser le maître, si tant est qu’elle y arrive un jour, mais ce n’est bien sûr pas son objectif.
« Je pense qu’à force, je pourrais finir par avoir la même position que toi. »
Notez bien qu’elle n’a pas dit qu’elle pourrait reproduire exactement la même chose, juste la même position. Sur une très courte durée, si ça se trouve. Avant de retourner boire la tasse. Mais ça serait déjà mieux que rien.
« Tu crois qu’on peut essayer ensemble ou je dois forcément être seule sur ma planche pour y arriver ? »
Qu’on soit bien d’accord, c’est pas une tentative de rapprochement quelconque, Vesper tient à Rafa et n’a aucune envie d’aller voir ailleurs. D’ailleurs, Basilton va peut-être lui rire au nez. Elle n’en sait rien, elle découvre.

Basilton ne s’avouait jamais vaincu, au contraire. Lorsqu’il avait une idée dans la tête, il était difficile de lui retirer. S’il avait prévu et décidé qu’il se battrait avec alors il le ferait et puis il gagnerait. Il n’aimait pas vraiment perdre, quand bien même il affrontait une femme. Cela ne voulait rien dire de tout façon parce qu’il y avait bien des femmes qui ne se débrouillaient pas trop mal. Il se doutait bien que Vesper serait également douée pour cela. Il n’espérait pas trop tout de même parce qu’il avait envie de la battre. « Tu ne devrais pas trop me tenter parce que tu ne risquerais pas d’apprécier ma victoire ensuite. » Il lui dit n haussant les épaules.

Enfin bon, avant de se mettre à se battre ou faire autre chose, il fallait d’abords qu’ils arrivent à surfer. Ce n’était pas un problème pour Basilton qui avait l’habitude maintenant. Le plus difficile, c’était pour l’instant pour la jeune femme. Ceci dit, il remarquait qu’elle avait progressé déjà. Elle n’était peut-être pas à son niveau mais, c’était toujours mieux que rien déjà. « Tu sais que ça peut avoir un double sens tes mots. Ou bien c’est moi qui ait des pensées tordues. » Il lui dit en rigolant. Il avait toujours des pensées tordues, ce n’était pas nouveau de toute manière. Il ne la draguait pas et toute façon ils n’étaient ni l’un ni l’autre intéressés. « Hum.. j’ai jamais vraiment essayer pour te dire. » Il ne donnait pas des cours à tout le monde non plus. « Je suppose qu’on serait lourd dessus à deux mais bon rien n’empêche d’essayer si tu veux. Au pire des cas, on sera deux à boire la tasse. » Heureusement pour eux, il n’y avait pas trop de monde donc ils ne risquaient pas de se ridiculiser de trop. « Allez on va essayer. » Il lui dit alors en se rapprochant de la jeune femme pour monter sur cette planche.

Ah, décidément les hommes sont tous pareils. Enfin, sauf Rafa. En tout cas, elle aime à le croire. Et si elle se voile la face, alors c’est avec plaisir. Quoi qu’il en soit, elle est certaine qu’il n’essayerait pas à tout prix de faire croire qu’en combat un contre un, ça serait forcément lui qui l’emporterait. Non. Et pourtant, Rafa était un ex militaire alors lui aussi avait été entraîné à ça. Moins depuis qu’il a pris sa retraite, c’est certain, mais il a tout de même de beaux restes. Lui, serait plutôt du genre à clamer qu’ils se valent tous les deux. La texane s’empêche tout juste de rouler des yeux.
« Ouais enfin, encore faudrait-il que tu gagnes. »
Car il n’est certainement pas question de le laisser gagner pas ne pas froisser son égo de mâle si fragile. Bref, pour l’heure, c’est un combat contre les vagues qui est en train de se mener. Et celui-là, Vesper n’est pas prête de le remporter vu qu’elles parviennent toujours à l’envoyer mordre le sable. Basilton lui fait savoir que ses paroles peuvent avoir un double sens. Ce dont la blonde n’avait pas pris conscience jusqu’ici. Ça la fait sourire.
« Ah ouais, t’es comme ça… J’aurais pas cru. »
Ce qui est faux ; c’est encore une fois quelque chose de très masculin de ne jamais laisser passer les doubles sens, même quand il n’y en a pas.
« Mais si ça peut te rassurer, c’était en aucun cas une tentative de drague. J’ose espérer être plus subtile que ça quand je m’y mets. »
Bof, pas sûre cela dit. Vesper a beau prendre des grands airs parfois, elle n’en reste pas moins une campagnarde dans l’âme. Doublée d’une hippie. Mouais, mieux vaut laisser tomber les grands airs finalement. Soit. Après quoi elle lui demande si ça serait un projet fou que de vouloir tenter l’exercice à deux. D’expérience, elle sait que c’est un très bon moyen d’apprendre comment se tenir exactement quand tout est question de posture. Cela dit, il doit être plus difficile de garder l’équilibre à deux que seul. Mais bon comme il vient de le dire, le meilleur moyen, c’est encore d’essayer. Elle rapporte donc sa planche sur le sable en vitesse pour éviter qu’elle ne parte à la dérive et revient pour grimper sur celle de Basilton, préférant lui laisser l’honneur de prendre la vague comme il faut.

Basilton pouvait être sympathique mais c’était rare. Il n’avait pas très envie de l’être avec Vesper sur ce coup. Lorsqu’il devait gagner quelque chose, il ne se laissait jamais faire. Il ne se laissait pas marcher sur les pieds. Il avait bien envie de gagner contre la blonde s’il devait l’affronter. D’ailleurs, s’il venait à perdre, il n’hésiterait pas à proposer une nouvelle manche. Il continuerait tant qu’il n’aurait pas gagné. « Tu sais quoi ? Pour la prochaine fois que l’on se verra on s’organisera cela. Tu verras qui va gagner ou non. » Il lui dit avec un sourire. Il ne se laisserait pas faire. Il n’allait pas se battre maintenant parce que bon, s’il venait à l’anéantir alors qu’ils devaient surfer, elle n’aurait plus d’énergie.

Il se concentre donc sur ce cours. « Comme quoi ? Je suis curieux. » Pervers ? Non pas vraiment. Il aimait juste séduire et il savait que cela fonctionnait auprès de certaines femmes. Il ne recherchait rien de plus que de la séduction et des relations qui ne duraient qu’une nuit, rien de plus. Si on omettait Oswin qui était l’exception mais il ne lui avait rien promis. Elle était bel et bien au courant. « T’inquiètes, j’ai pas très envie de donner ou de me battre à cause de quelqu’un qui n’est pas libre. » Il en avait déjà eu assez de ce côté même si dans cette histoire, l’homme en question jouait aussi double jeu et était un connard. Il avait juste eu envie d’embêter la jeune femme, rien de plus. Il prend place sur la planche en compagnie de la jeune femme. Ils font quelques essais tous les deux avant de revenir sur le sable. « Il semblerait qu’à deux on se débrouille pas trop mal. Tu as compris les techniques ? » Il demande alors. « Tu veux réessayer toute seule ? »

S’il y a bien un conseil que sa mère lui a donné qui compte pour elle, c’est de ne jamais reculer face à un homme. Sa mère les a toujours eus en horreur, les mecs. A ses yeux, ils n’étaient bon qu’à procréer puis à balancer aux ordures. Et elle avait bien essayé d’inculquer ces valeurs à ses filles. Ç’avait marché pour l’une des deux. Angie, sa sœur aînée, suivait le même chemin, faisant des enfants avec des types qu’elle ne reverrait jamais. Alors qu’en ce qui concerne Vesper, ça coince davantage. Pas de bébé mais un petit ami. Sûr que ça a fait scandale la fois où la texane a présenté Rafa aux autres Walker. Mais il fallait qu’elles s’y habituent. Tout ça pour dire qu’il n’est pas question qu’elle recule devant un homme. Pas avant, pas quotidiennement dans son métier et encore moins dans un futur proche où il lui faudrait botter le petit cul prétentieux de Basilton. Et s’il croit qu’il l’impressionne, il se trompe. Vesper acquiesce d’un signe de tête.
« Ça marche. Nous verrons. »
Qui, à l’issue de ce combat, sortirait vainqueur. Le rendez-vous est pris. Plus qu’à se concentrer sur ce qui est en train de se passer présentement. A savoir un cours de surf. Un cours de surf où il est question de grimper sur une planche à deux pour avoir un modèle précis en tête. Calmez-vous, on parle pas d’un cours de poterie avec Patrick Swayze non plus, juste d’une technique d’apprentissage en tout bien tout honneur.
« Du genre à avoir l’esprit mal tourné. »
Inutile de mâcher ses mots, c’est lui qui a vu un double-sens dans ses paroles, après tout. Bref, il n’a pas envie de se battre pour quelqu’un qui n’est pas libre, ce qui est tout à son honneur bien que le doute ne se soit jamais insinué dans l’esprit de la blonde : ils n’ont pas ce genre de relations tous les deux. Plutôt celle d’un prof et de son élève. Et quand bien même cette relation évoluerait-elle en amitié que ça ne changerait rien à l’affaire. Elle fait partie de ces femmes qui pensent qu’un homme et une femme peuvent tout à fait être amis sans qu’il y ait plus. Raison pour laquelle elle n’est pas le moins du monde jalouse des amies de Rafa. Nouvel hochement de tête signifiant que c’est bien compris et ils peuvent s’y mettre. Et, contre toute attente, force est de constater qu’ils se débrouillent plutôt bien en binôme. De retour sur le sable, Basilton lui demande si elle a compris et veut essayer de nouveau seule. Ce à quoi elle répond par un acquiescement supplémentaire avant de s’élancer et de tenir bien plus longtemps sur sa planche, cette fois.
« Alors ? C’est mieux, non ? »

Basilton n’était pas du genre à lâcher l’affaire. Il était plutôt tenace dans ce qu’il faisait, ce qu’il disait aussi. Il n’allait donc pas laisser Vesper gagné s’il avait décidé autrement. Il n’y avait pas de combat de prévu pour le moment mais pourquoi est-ce que ça ne pourrait pas avoir lieu à un moment donné ? Ils allaient déjà surfer et ensuite ils verraient. Pour une autre fois. Il n’avait pas envie que lorsqu’il utiliserait son bateau elle le balance par-dessus bord. Manquerait plus que cela. « Parfait, j’en conclus que c’est un rendez-vous.. » Il lui dit avec un clin d’œil. Ce serait intéressant à voir en tout cas, tout comme le fait de voir la jeune femme sur cette planche de surf. Il hausse les épaules à sa question. Il était du genre coquin et charmeur mais il n’avait jamais caché cette facette en lui. Il n’était pas le seul de toute manière à être ainsi. Il hausse les épaules innocemment. Il n’avait rien fait après tout. Il n’avait rien tenté concernant la jeune femme mais c’était parce qu’il n’avait plus envie de se mêler d’histoires de couples d’autres personnes. Il n’avait plus envie d’être la personne en trop. Il avait déjà donné pour ça. « Tu as encore beaucoup à connaître de moi alors. » Il faut dire que le brun ne se livrait pas beaucoup. C’était plutôt quelqu’un de mystérieux, de caché. Il était plutôt froid et distant et en dévoilait que très peu de sa vie. Il se protégeait tout simplement. Il avait eu des moments compliqués avec son père et sa famille. De ce fait, il ne se livrait pas facilement et il avait quelques cicatrices, que ce soit sur le corps ou bien mentalement.

Ils ont continué de s’entraîner sur cette planche et finalement, il la laisse reprendre la main et lui montrer les efforts qu’elle avait fait. A force de pratiquer, c’était comme cela qu’on s’améliore et après s’être entraînés à deux, il la laisse faire seule. Il surveille donc attentivement ses gestes. « Beaucoup mieux oui, ça devrait aller de mieux en mieux. » Il lui lance alors. « Tu as envie de boire quelque chose ? » Cela fait un petit moment qu’ils sont dessus après tout.

Effectivement, le rendez-vous est pris. Et comme c’est déjà très bien formulé ainsi, la blonde ne trouve rien d’autre à dire et se contente d’opiner du chef, sourire aux lèvres. Puis Basilton lui fait savoir qu’elle se fourvoie et qu’il n’a pas l’esprit mal tourné. D’ailleurs, il ajoute même qu’elle a encore beaucoup à apprendre de lui. Certes, Vesper ne peut le nier ; il faut dire que les deux ne se connaissent qu’assez peu, au final. Et puis surtout, les deux n’ont pas vraiment l’air d’avoir envie de s’épancher à n’en plus finir sur leur vie respective. Bien sûr, la texane n’a pas de mal à parler de sa carrière, de sa vie présente, ni même de sa carrière à Hollywood. Elle n’a même pas trop de mal à parler de son passé, du ranch, de sa famille. Sans toutefois en donner le nom afin d’éviter qu’on ne les retrouve trop facilement. Au final, la seule chose que Vesper évite très volontiers, c’est l’époque où elle était membre d’une communauté hippie. Communauté qui a tout de la secte et dont elle est parvenue à s’enfuir, prenant le premier avion pour l’autre bout de la planète. Raison pour laquelle elle se retrouve ici, en Nouvelle Zélande, sur cette planche de surf.
« T’as pas tort. Mais je ne demande que ça. »
Ils ne sont pas obligés de devenir meilleurs amis, confidents et tout ce qui s’ensuit, mais il serait tout de même temps que Vesper songe à élargir un peu son cercle d’amis. Ça fait quand même bientôt trois ans qu’elle a posé ses valises à Island Bay et malgré ça, en dehors de Rafa, Maxyne et l’un ou l’autre collègue, elle ne connaît toujours personne. Au début, ça se serait expliqué parce qu’elle ne savait tout simplement pas combien de temps elle resterait mais maintenant que Rafa et elle ont emménagés ensemble, on peut dire que c’est du sérieux et qu’il n’est pas question qu’elle reprenne le même avion mais en sens inverse incessamment sous peu, elle peut donc se le permettre.
Nouvel essai. Bien mieux que les précédents, selon les dires du jeune homme. Et, bien qu’elle ne s’y connaisse pas assez, elle est tout de même d’accord avec lui. Un verre – même un soda ou un jus de fruits - pour fêter ça n’est donc pas de refus.
« Avec plaisir ! Y a un truc dans le coin où on peut se poser ? »
La blonde vient courir presque tous les matins sur cette plage, et pourtant… Impossible de savoir si c’est le cas ou non.