You can't stop the waves, but you can learn to surf → kalea

Lorsqu’il s’était réveillé ce matin-là, le premier réflexe de Mason fut de consulter son téléphone portable ; d’une part pour consulter ses messages et d’autre part pour jeter un rapide coup d’oeil à la météo. Rassuré de savoir qu’elle serait clémente pour cette journée de novembre où il s’adonnerait à son cours particulier de surf, le jeune homme quitta son lit sans trop tarder et fut rapidement accueilli par Luna, pressée de sortir pour sa promenade matinale. Il s’habilla rapidement et quitta son appartement pour faire un tour du pâté de maison, l’air encore endormi et les cheveux en bataille. Sur le chemin, Mason échangea quelques textos avec ses amis, déclinant les invitations de certains au profit d’une journée bricolage chez Mia. Il devait bien avouer que cet échange de bons procédés l’arrangeait à bien des égards, d’autant plus qu’il n’avait pas très envie de sortir dernièrement. Le coursier avait l’impression d’être à mille lieux des préoccupations de ses amis d’enfance qui, pour la plupart, lui donnaient l’impression de ne pas avoir grandi du tout. Etait-ce plutôt lui qui avait mûri trop vite ? Etait-il devenu beaucoup trop sérieux ? Trop exigeant envers lui ? Trop exigeant envers les autres ? Un mélange de tout ça, sans doute…

Certains jours, Mason s’autorisait tout de même à lâcher prise. C’était justement ce qu’il avait prévu ce soir, acceptant l’invitation de Kalea à surfer en fin de journée ou - plus précisément dans son cas - d’apprendre à surfer. Passionné de sport et curieux de tout, lui qui était pourtant natif de Nouvelle-Zélande s’étonnait de ne s’être jamais vraiment essayé à ce sport. Il fallait dire qu’il n’en avait pas vraiment eu l’occasion ; adolescence volée par trois années derrière les barreaux d’un centre de détention pour mineurs. Merci beau-papa. De plus, il appréciait Kalea. Elle avait toujours été l’une des rares personnes dont l’état d’esprit se rapprochait au plus du sien.

De retour à son appartement, Mason se prépara convenablement. Il prit son petit-déjeuné, s’empressa de nourrir Luna, fila sous la douche et quitta l’appartement en vélo et avec le jeune chien confortablement installé dans un panier spécial. Elle était encore petite, mais bientôt, il faudrait qu’il songe à une autre solution pour se déplacer avec sa boule de poils. Luna avait bousculé beaucoup de choses dans sa vie ; il envisageait de louer une petite maison avec jardin et même de passer le permis de conduire ! Pour l’instant, lorsque Mia ne pouvait pas la garder, il profitait de son agenda assez souple pour faire ses livraisons avec Luna grâce à qui il récoltait de jolis pourboires.

Sa journée fut rythmée par les livraisons, les révisions et, en début de soirée, Mason déposa Luna chez sa mère pour la nuit et pour le plus grand bonheur de sa demi-soeur, Neela, qui ne demandait que ça. Puis, il repassa chez lui, fourrant quelques affaires dans son sac et emprunta les transports en commun jusqu’à South Bay où il loua une cabine pour se changer et poser ses affaires, puis loua une planche de surf. Mason baissa les yeux sur sa combinaison shorty qui mettait en valeur cette musculature qu’il avait appris à cacher. Il planta sa planche de surf dans le sable, s’appuyant dessus et attendit patiemment Kalea à l’endroit qu’ils avaient convenu par texto le matin-même. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’il aperçut sa silhouette au loin, lui faisant de grands signes pour indiquer sa présence - ce qui n’était pas vraiment nécessaire puisqu’il était sur le lieu du rendez-vous et que la plage n’était pas très peuplée. Mason attendit qu’elle soit à portée de voix pour engager la conversation : « Aloha ! » dit-il, mimant le signe des surfeurs. « Comment tu vas ? T’es prête à dispenser ton premier cours au plus grand boulet de l’année ? » reprit-il, s'autorisant une pointe d'autodérision avant d'ajouter : « Oh ! J'ai pensé à prendre de quoi pique-niquer après notre séance. »

Mason était pour le moins enthousiaste. Il adorait tester de nouvelles choses (surtout lorsqu’il était question de sport) et il était content de pouvoir partager cette expérience avec Kaléa, laquelle était à l’origine de cette initiative pour le moins inattendue, de ce fait, il était donc convaincu qu’elle ferait preuve d’une grande patience à son égard. Mason avait beau être très adroit, il doutait de ses capacités à tenir en équilibre sur une planche chahutée par les vagues. « Très bien, merci ! J’ai hâte de découvrir le surf. Depuis le temps que je rêve d’essayer sans oser me lancer. Je te remercie encore de me l’avoir proposé ! » répondit-il avec enthousiasme. Il acquiesça aux propos de Kaléa qui se voulait encourageante pour son premier cours, lui assurant que le surf n’était pas plus compliqué que d’apprendre à pédaler. Mason n’en doutait pas un seul instant, mais il était vrai que le plus compliqué dans l’histoire était de se fier au courant souvent imprévisible. Le néo-zélandais avait parfaitement conscience qu’en plus de l’agilité, cela lui demanderait d’être particulièrement attentif à la météo. « Je t’en prie, c’était la moindre des choses que j’apporte un petit quelque chose à manger. » précisa-t-il, bien trop content de recevoir bénévolement des cours de surf, ces derniers étant particulières chers et ne concordant pas toujours avec ses horaires de travail ou son planning de cours. Un échange de bons procédés puisqu'en échange, Mason lui proposait également ses services. « Je suis prêt ! » s’exclama-t-il en acquiesçant d’un air entendu. : « J’ai regardé quelques vidéos sur YouTube ces derniers jours et même lu des articles sur des blogs spécialisés pour apprendre les règles de bases ; un surfeur par vague, aucun surfeur tu ne gêneras si tu es débutant, la zone de baignade est interdite et enfin, évites de lutter contre le courant pour ne pas se fatiguer. J’ai tout bon ? » demanda-t-il, prouvant ainsi qu’il n’avait pas attendu leur session pour se renseigner sur les règles élémentaires du surf. Mason avait toujours été reconnu comme quelqu’un de studieux, plus particulièrement lorsque le sujet retenait son attention. Il se doutait bien que Kaléa avait beaucoup de choses à lui apprendre, alors autant lui faciliter la tâche en potassant le sujet à l’avance. Il claqua ses mains et les frotta entre elles, trépignant comme gamin impatient. « Alors, par quoi on commence ? »