La morsure d'Halloween (Jax et Noa)

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Prélude : Halloween, dimanche 31 octobre 2021, Wellington.

Un soir comme les autres ? Peut-être. Même surement. Rien d'autre à faire qu'à trainer dans les rues. Seule. A regarder les autres rires, s'amuser, collecter des bonbons, se faire peur avec des déguisements absurdes. En fait, non, je suis dehors pour une raison précise. J'ai réintégré le magazine Vogue mais avec un poste un peu différent. Il faut les comprendre, je suis restée à distance de la ville, à fuir un connard, pendant trop longtemps. J'ai été remplacée à mon ancien poste. Il parait qu'ils avaient apprécié un reportage que j'avais fait, au pied levé, à la place d'un collègue absent. Ils m'ont repris. Résultat, me voilà dans la rue en costume bidon, face version Rowan Black, mi flic mi sorcière, arborant sur la poitrine une plaque de police, pile version Jessica Jones, la privée, quand je sors mon appareil photo. Au choix ? J'en sais rien en fait si je ressemble à l'une ou l'autre, on va dire que j'ai le blouson de cuir noir et les bottes qui vont bien. Boulot ! Je chasse la tenue qui sera couronnée comme la meilleure d'halloween cette année. Photo à l'appui ! Ridicule ou pas, du moment que j'ai un boulot. C'est devenu mon taf du moment : prendre des clichés. Au moins je prends l'air, je ne suis pas perchée sur des talons hauts à regarder ma montre pour ne pas être en retard. Je traine dans les rues. J'observe les gens. J'ai l'impression de les voir davantage qu'avant. Avant que je sois la cible de ce type qui est venu jusque chez moi pour me faire la peau. J'entame une nouvelle vie. Non que la précédente soit terminée, il y a encore le procès à venir. Je ne veux pas y penser, ça viendra assez tôt, elle viendra trop tôt cette angoisse de témoigner et de déballer ma vie. Je vois les gens davantage, peut-être parce que je sais que le danger arrive tellement vite. Je vois les gens et je vois ce type prendre ce chemin. Je n'aime pas son allure, elle me fait penser à l'autre. Une photo de loin. Trop loin. On ne verra rien. Je le suis. Comment font les flics dans les filatures ? Comment fait un privé pour mitrailler sa cible d'images ? Je vais devoir apprendre, maintenant, sur le tas, parce qu'il a rejoint un type encore plus louche et qu'ils s'échangent quelque chose. J'improvise dans l'ombre d'une poubelle. Zoom. Une liasse de billets. Un truc emballé dans un tissu. Je reconnais la forme pour avoir planqué le mien dans un torchon. C'est un flingue. Là, je me sens très conne. Qu'est-ce que je peux faire ? Sortir ma plaque de police factice de la criminelle de Portsmouth aux States ? On est à Wellington ! Je ne suis pas armée, de toute façon, pour crier « Police, pas un geste », je sens que je vais m'en prendre une si je me montre. J'ai les photos. J'ai déjà pris des risques en d'autres temps. Je ne sais pas jusqu'à quel point j'ai envie d'en reprendre. Ce que je sais, c'est que si cette arme a pour objectif de tuer quelqu'un et d'enlever une personne, je ne peux pas laisser faire.

Aujourd'hui, dimanche 21 novembre 2021, Bannister avenue, Johnsonville, banlieue de Wellington.

J'ai envoyé mes photos de ces deux individus à la police et je continue à suivre celui qui a l'arme. Et c'est loin d'être rassurant. Il est toujours en liberté et personne ne semble s'inquiéter de cela. Pourtant j'ai fait un deuxième envoi le montrant ranger l'arme chez lui. Qu'est-ce que je dois faire pour que ce soit pris au sérieux ? La vente d'arme dans les ruelles de la ville est légale, sérieux ? Je ne peux pas être aux trousses de ce type H24. Mais aujourd'hui, je suis là, planquée à proximité de sa maison, dans cette banlieue proche de Wellington. Des petits pavillons individuels qui ne payent pas de mine. Propres sur eux quand la pelouse est tondue, quand la peinture n'est pas trop écaillée. Je suis installée à bord de ma Mustang. Plus discrète que ma BMW ? Hum... et si je me trouvais une moto ? Un casque, ça irait bien avec mon blouson de super héroïne. Enfin... pour l'instant, je suis une femme au volant de sa voiture, une paire de jumelles et un appareil photo à porter de main, une bouteille d'eau et un sandwich à moitié mangé guère plus loin, col de blouson remonté au max. C'est le mec d'en face qui est louche ? A tout bien considérer, non, c'est moi !

**○ inscrit le** : 28/11/2017

Drôle d’histoire. J’ai eu écho qu’on avait reçu des photos compromettantes, à la police. Enfin plus que compromettantes puisqu’il paraît que c’était carrément un deal entre mafieux ou quelque chose comme ça. C’est bien beau mais on peut pas toujours prendre ces clichés pour preuve dans une éventuelle enquête. Ca c’est le premier point. Le second, c’est de savoir de où proviennent ces photos. Qui prend des risques du genre ? Parce que, à la rigueur, la première fois, ça peut être un hasard. Mais les fois d’après, on a un justicier qui suit l’affaire de son côté. En espérant pour lui qu’il ne pas passer à l’acte tout seul. Y’a plus de chance que ça se retourne contre lui qu’autre chose. Je peux me tromper. Peut-être qu’on retrouvera le vilain ligoté à un poteau devant le commissariat un jour. A ce stade là, ça ne m’étonnerait plus trop. Ca parle un peu là-dessus entre collègues. Certains s’en foutent tant que les supérieurs se posent pas la question. D’autres trouvent ça trop cool. Moi, je m’y intéresse oui. Je suis curieux. Pas pour ça que je mène complètement une enquête de mon côté. Mais aujourd’hui je me retrouve devant la maison d’un coupable en question. Il me semble bien cacher son jeu. Une petite maison tranquille dans un quartier tranquille. Rien de mieux que se cacher dans un tel endroit quand on est un criminel. Qu’est-ce que je fous là ? Moi-même je me pose la question. Je vais pas non plus faire une grosse filature. Juste j’observe, pour le moment. Je vais pas rester là longtemps. Juste ce qu’il faut. Peut-être à moitié faire le tour du quartier à pied. Je le connais pas tant que ça. Même si je préférerais pas être vu. Ca se trouve on va se dire que c’est moi le mec qui envoie ces photos là. Surtout que les experts on a rien trouvé. Pas d’empreinte ou autre. Celui qui a fait ne l’a pas fait n’importe comment. Je prends mon téléphone, je réponds à un message. J’attends deux petites minutes et puis j’irai prendre l’air. Une petite balade à pied, non ?

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Qu'est-ce que je fais là ? A partir de combien de temps les voisins signalent une voiture suspecte avec au volant un individu suspect ? Une heure ? Deux heures ? Je suis là, moteur à l'arrêt, à rien faire que regarder autour de moi. Sérieusement ? Et le type dans sa maison, il fait quoi ? Un coup de jumelles ? Allez, un coup de jumelles. De toute façon, je suis sûre que je suis déjà grillée auprès de la brave dame qui vient de stationner sa voiture deux maisons plus haut. Elle décharge les courses de son coffre et je vois, dans mon rétroviseur, sa tête pivoter à chaque aller-retour. Je sais madame, une personne planquée dans sa voiture en train de surveiller un voisin, ça n'a rien de bon pour la tranquillité du quartier. Le temps que je réfléchisse à comment gérer si quelqu'un tape à la vitre de ma Mustang ou si une voiture de police remonte la rue, j'ai failli louper l'autre. Le voilà qui sort promener son chien. Un espèce de rottweiler. Enfin, pour ce que je m'y connais ! Je fais quoi maintenant ? Aucune boutique pour faire mine de lèche vitrine. Que du petit pavillon de banlieue. Je suis mal ! Si je sors et le suis à pied avec mon blouson et mon appareil photo en bandoulière, il va aussitôt se douter de quelque chose. Bon, la rue est tout droite, ça me laisse trente secondes pour trouver un truc... Je tombe le blouson dans une gesticulation peu artistique. Je descends avec lui sous le bras et mon attirail de parfait privé planqué à l'intérieur. Je contourne la voiture. Dans le coffre, j'ai une paire de baskets pourris. Elles ont pris l'eau salée plus d'une fois. Elles sont là pour ça, faire la jonction entre la tenue de ville et la tenue de surf. Aujourd'hui, elles vont servir de camouflage. Le blouson dans le coffre, les bottes et le reste plongent incognito dans le fond du coffre. Voilà, je ressemble à... pfff... à n'importe quoi, avec mes chaussures délavées et mon tee-shirt strawberry à la manche droite rongée par les dents d'un chiot. Non, je ne l'ai pas acheté neuf, parce que bonjour le prix, on me l'a donné, et je ne sais même pas pourquoi, et parce que voilà je me suis levée du mauvais pied et j'ai enfilé n'importe quoi qui m'est tombé sous la main. Et j'ai l'air de quoi maintenant ? De la conne qui s'est faite distancée. J'ai plus qu'à courir après l'autre pour le rattraper. J'ai gardé mon portable dans la poche arrière de mon jean, au moins j'ai ça pour prendre une photo s'il faut.

La tenue de camouflage de Noa, des fois que Jax ne la remarquerait pas :

**○ inscrit le** : 28/11/2017

Dix minutes. Encore dix minutes max et puis je pars d’ici. Faudrait pas non plus qu’on me voit trop longtemps. Trop tout court. Je vais revenir ici de si tôt. Ou pas autant de temps. Juste en passage un voiture, l’air de rien. Ce qui est complètement inutile on est d’accord. On dira que c’est pour un semblant de bonne conscience. Que je m’intéresse un peu à cette histoire de détective privé. Il a assez de jugeote pour nous envoyer des preuves. C’est pour qu’on fasse quelque chose non ? Après, il pourrait aussi envoyer à la presse. Même si c’est une information dangereuse. Enfin bref. Le suspect finit par sortir de chez lui avec son chien en laisse. Merde. Je réfléchis pas trop longtemps avant de me dire que je vais le suivre. Me la jouer tranquille à marcher derrière quelqu’un je sais faire. Et pas en mode super discret et tout. Ca fait plus suspect qu’autre chose. Non, faut juste avoir l’air naturel. J’attends quand même un petit peu avant de sortir. Je suis pas en tenue de flic sans quoi je l’aurais clairement pas fait. Je suis pas stupide. J’ouvre la porte, je sors, je la referme. Verrouillage de la voiture et me voila parti. A la cool. Je sors mon téléphone l’air de rien. J’entends des pas derrière moi. Qui se rapprochent à assez bonnes allure. Je me tourne juste pour voir de quoi il s’agit et … ah ? Je te reconnais de suite. Oh salut ! C’est limite si t’as fait attention à moi non ? Bon ça pourrit un peu ma filature mais … je m’arrête pas pour autant de marcher. Et toi non plus. C’est cool. Si on va tous les deux dans la même direction, mieux vaut avancer non ? Je remarque évidemment de suite ta tenue décontract’ de chez décontract’. Un t-shirt dont peu ont le secret. Ca va toi ? Avec tout ce que t’as traversé … Mais c’est fini. Ou presque. Une chose que tu peux un peu plus mettre derrière toi. Bien que ça te poursuivra toute ta vie. Est-ce que je me permets une réflexion sur ta tenue ? Oh bah pourquoi pas après tout. Et oui, je garde toujours plus ou moins un œil éloigné sur mon zigoto. La filature, là, à deux, c’est juste parfait en fait. Cool le t-shirt. C’est un collector non ? J’ai un petit sourire en coin. Si t’avais été une de mes sœurs, je me serais encore plus moqué. Mais là, je reste calme tout de même.

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Si je courre trop vite, je vais rattraper l'autre et son chien. Et même le doubler ! Si je fais du sur place à cinq mètres derrière lui, le toutou va pas aimer. Je suis certaine qu'il va se mettre à aboyer pensant que je les suis, que je veux les exciter, les provoquer, les agresser. Il manquerait plus qu'il téléphone à la police disant que je fais du harcèlement de rue. Ou pire, qu'il lâche son chien sur moi. Les dents de l'animal sont un peu plus volumineuses que celles de celui qui a perforé le tee-shirt. Je n'ai pas envie qu'il m'arrache un morceau. Je ne peux pas faire semblant d'être essoufflée, je ne le suis pas, je suis cap de courir plus de vingt mètres ! C'est quoi ce gars devant moi qui vient de sortir de sa voiture ? Il me cache mon gibier ! Zig-zag pour le contourner. Il me dit bonjour, mais... merde ! Ah merde ! C'est... Pas possible ! Hé ! Euh... Salut. Je piaffe sur place une minute et je me mets au pas à ses côtés. Il va dans le même sens que moi ? Ok, bon, alors, on va dire à moitié tant mieux. En marchant on va maintenir une distance correcte avec mon suspect. Un coup d'oeil vers lui. S'il tourne, il faudra que je lâche mon pote flic rapidement, on verra le moment venu. Ça va et toi, la forme ? Un couple qui se promène dans la rue, c'est parfaitement discret. Sauf qu'on n'est pas un couple, pas du tout assorti pour faire genre ensemble. Sinon, il a l'air d'aller, il se moque de moi ! Je le comprends tout à fait, j'aurais eu exactement la même réaction s'il arborait la même tenue que moi. Je sais, c'est trop classe, porter un tee-shirt de grande marque pour faire un jogging. C'est limite une insulte envers tous ceux qui n'ont que les moyens d'avoir un short soldé au black friday. Je soupire. Je devais faire la transition entre le sac en papier contenant l'exemplaire publicitaire, la responsable de la com de Vogue qui a un chiot mal élevé et la benne à ordure. J'ai fait une halte au milieu du mouvement. Il fallait quand même que je vérifie qu'il en jette un max ce tee-shirt. Leur chargé des relations publiques attend de savoir ce qu'on va en dire dans notre magazine. Je ne sais pas qui va se sacrifier pour lui annoncer qu'il est moche. Personne, je pense. Même si je peux écrire un article de trois page sur ce vêtement, je change de sujet. Pour une fois qu'on se croise sans craindre pour notre vie, ça fait bizarre. L'univers doit penser qu'on fait un duo de choc pour nous rassembler si souvent au même endroit, même si j'ai apprécié qu'il soit là plusieurs fois. On dit que Wellington est un village, ça se confirme une fois de plus. A peine ma phrase achevée que j'étouffe un cri de surprise, d'horreur, dans une toux sortie de nulle part. Le rottweiler vient de s'arrêter au pied d'un arbre ! A ce train-là, on va les doubler.

**○ inscrit le** : 28/11/2017

Quoi ? Toi ici maintenant ? Fais chier. Enfin fais chier … Pas non plus à fond. C’est juste vraiment pas de bol que tu tombes pile à ce moment là. J’aurais préféré rester seul et à moitié incognito. A moins que ? C’est un bon prétexte, une bonne excuse pour la filature. Si jamais il se retourne, il y verra que du feu. Ca va aussi ! Forcément que je vais bien. De manière générale. Le mariage tout ça. Concernant cette petite enquête à moitié en douce, on dira pas que ça va à merveille. J’aurais préféré faire ça dans les règles de l’art. Ou qu’on s’en occupe vraiment. Pour faire la conversation et pour faire en sorte que ce soit bien naturel, je parle de ton superbe t-shirt. Que dire ? Le genre de truc qu’on porte chez soi quand on sort pas. Il doit être agréable à porte je dis pas. Mais il est pas foufou. Je rigole un peu à ta réponse. Oh parce que c’est une grande marque ? Ou tu te moques de moi ? Je m’y connais pas toujours. Mais y’a des chances que tu me fasses marcher. Enfin t’aurais pas formulé comme ça si c’était le cas non ? Autant que je pose la question pour en être sûr. Waoh tout ça. Mais quand tu dis « vérifier qu’il en jette un max ». Ce serait pas plutôt vérifier le contraire en fait ? Nouveau petit rire. Les goûts les couleurs. Y’a bien une de mes sœurs qui le trouverait cool oui. Et comme vrai t-shirt pour sortir. De toute façon si tu l’as acheté, ou si on te l’a donné, c’est qu’on en vend. Et si on vend, c’est qu’il y a une certaine demande. En principe. Je garde un œil sur mon bonhomme toujours au loin. Il a pas pressé le pas, il a pas ralenti. Très bien. Il tourne, alors on tourne. Pour le moment, tu me dis pas que tu pars de ce côté ou autre alors tu me suis. J’avoue. C’est tout de même bien plus agréable. Difficile de faire pire en même temps. Surtout la dernière fois. Mais heureusement que j’étais là mine de rien. Enfin si je me souviens y’a eu cette fois au resto là. Rencontre hasardeuse. C’était plutôt un bon contexte. Et Nova qui traînait dans le coin aussi. C’est loin mine de rien. Qu’on se retrouve là ici tous les deux ? C’est un sacré coup de bol. Ou de malchance en fait. Pourtant, c’est pas que la ville est petite, au contraire. Ca reste la capitale et comme toute capitale, c’est géant. Faut croire que Tu m’interromps avec un cri. Ca me fait presque sursauter. Du coup je m’arrête. Je vois que le gusse devant s’est stoppé aussi. Il se retourne juste vite fait et je retourne le regard vers toi en riant. Et bah ? T’as oublié que t’avais mis ton sèche-linge en route et t’as peur que tout soit devenu rikiki ? Un petit rire à nouveau. Ouais. Les vêtements et moi, toute une histoire aujourd’hui. Le gars a pas l’air de trop se poser de question et reprend son chemin. Nous on fait pareil. En mode tranquille. Pourquoi je suis ce gars déjà ? Il promène juste son chien … Quelles sont les nouvelles alors de ton côté ?

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La mode est un univers particulier. Et ce que le commun des mortels trouve bizarre ou même moche fait fureur dans les milieux huppés ou qui cèdent au tape à l'oeil du nom sur l'étiquette. Quand tu vois des vêtements avec le logo de la marque écrit en gros sur la poitrine, tu te dis que c'est vraiment fait pour montrer que celui qui le porte a le fric qui va avec. Ou la stupidité de claquer son salaire pour n'importe quoi. Ouais, ce tee-shirt c'est une marque et pas des moindres. Ouais ce motif, il y a des gens qui croisent les doigts pour qu'il plaise et rapport son pesant de bénéfice. La mode dans toute sa splendeur ! Et le magazine pour lequel je bosse et là pour pointer du doigt là où le client doit regarder. Mais à voir le sourire moqueur de mon pote le flic, il n'est clairement pas dans ce trip vestimentaire. Hum... Et je te fais grâce du prix de la tenue. Je voudrais pas te faire peur. Je lève les yeux au ciel. Même moi qui suis habituée à voir ces créations et leur tarif de vente, je prends peur parfois.

Il mentionne nos retrouvailles au resto il y a... houlà, je ne saurais plus dire à quand ça remonte. Mais je me souviens. C'était sympa cette fois-là. On va dire qu'on aura eu deux fois sympas en comptant celle-ci. Je prédis une fin positive pour ce moment déambulation derrière un type que je tente de filer discrètement sans que personne me repère. Je prédis que tu ne te rendra compte de rien et lui non plus.

La fin va peut-être nous tomber sur le coin de la gueule plus vite qu'on ne l'imagine ! Le chien à l'arrêt. Mon cri. L'autre qui se retourne. Mon pote qui parle de sèche-linge. C'est totalement irrationnel. Il n'y a rien de naturel dans notre promenade dans la rue. Notre présence, ma tenue, le tueur à quelques pas, c'est du polar de gare mal écrit, c'est du vaudeville pour théâtre de campagne profonde au fin fond d'une vallée cernée de montagnes qui n'a jamais vu de film en 3D. Ou alors non, on est tellement loufoques, tellement extrêmes qu'on passe inaperçus ! Le chien se déleste et l'homme reprend sa balade. Les apparences sont sauvent. Même si je n'ai rien compris à la tirade sur le sèche-linge. Ce doit être de l'humour de flic, genre une allusion à quelque chose de très précis que seul un autre flic peut comprendre. Je ne suis pas de la maison, alors je n'ai pas compris. Mais je retiens. Je la ressortirai si un jour quelqu'un pousse un cri au milieu de la rue.

Oh, le boulot va son chemin, même si je n'ai pas retrouvé le poste que j'avais avant les événements... Je soupire. Je pense que je n'ai pas besoin de préciser lesquels. Pour dire, je bosserais dans la gazette du coin, je m'occuperais de la rubrique chien écrasé. A Vogue, c'est prendre des photos de rues ou de fêtes pour voir ce que porte les gens pour telle ou telle occasion. Je suis payée, je vois du monde, pas de stress, pas particulièrement d'horaire. On va dire que c'est bien. Avec un salaire moindre et un adieu au plan de carrière et la promotion qui va avec, mais ç'aurait pu être pire. Et toi ? Un client dans le collimateur ? Je n'ose pas entrer dans le sujet de mon kidnappeur. Je n'ose pas demander s'il a raconté mon intervention armée chez lui.

**○ inscrit le** : 28/11/2017

Ah ouais ? C’est vrai que parfois c’est assez aberrant. De là à ce que ce t-shirt coûte une fortune, il y a un pas. En tout cas, faut sacrément pas savoir quoi foutre de son argent pour acheter un truc pareil si c’est cher. Parce que y’en a des similaires pour trois fois rien dans les boutiques classiques. Ouais. C’est un bon début. Que nous réserve la fois suivante ? Mystère. En tout cas, on parle d’aujourd’hui mais … elle est spéciale malgré tout. Parce que tu t’en doutes pas mais je suis en plein dans mon métier de flic en ce moment même. Ou presque. Je ne suis pas officiellement sur l’affaire. Ca le deviendra peut-être. Pour ça, mieux vaut pas qu’il nous repère. Me repère. C’est un peu loupé quand tu te mets à crier. Pas comme une folle furieuse, une hystérique. Non, juste un cri de surprise. D’accord. Ca me permet de faire un petit arrêt. Le temps que mon suspect se remette en marche. Car il s’était stoppé pour que son chien fasse ses besoins. A les voir comme ça, ils ont pas l’air suspect. Mais les méchants peuvent aussi avoir des beaux toutous à priori. On reprend donc notre route très peu de temps après que l’homme fasse pareil. Je décide de faire causette un peu. Savoir comment tu vas. Après tout ce que tu as traversé, on en sort pas complètement guéri je pense. Aucune possibilité de le retrouver par la suite ? S’ils voient que tu fais toujours bien ton taff ? J’ai pas tous les détails. Ils ont peut-être du promouvoir quelqu’un pour te remplacer. Qui fait un peu mieux que toi et maintenant, ils peuvent plus te redonner le poste. Mais ce que tu fais à présent semble te convenir malgré tout. Puis tu peux toujours évoluer. Bah oui. C’est sympa d‘être sur des évènements ou autre. Enfin ça dépend ce que tu couvres. Si c’est la fête des voisins d’un sale quartier … Exemple bidon. On va pas t’envoyer là-dedans. Qui aurait envie de faire des photos ou un reportage là-dessus ? Il existe bien des émissions à la con alors pourquoi pas ça. Quant à moi ? Et beh, t’es en plein dans le thème. Bien sûr, je vais me taire sur le sujet. Pas particulièrement non. Je suis pas toujours chargé d’être sur des enquêtes … sérieuses. Graves. Il s’avère que je supervise une infiltration ça oui. Mais peu de gens le savent et c’est pas à toi que je vais le dire. Quant à notre coco, pareil. Après … je peux toujours te dire que si jamais je te le disais je devrais … Enfin tu vois. Je prends un air à moitié sérieux avant de sourire. Te faire taire. T’as bien compris la suite. La phrase clichée quoi. Mais qui passe toujours bien. Mon gugusse tourne à un carrefour, on fait pareil. Je le vois à moitié se retourner de temps en temps mais c’est pas pour autant qu’il suspecte quoique ce soit j’imagine. Vu ta dégaine et notre conversation, l’allure qu’on lui donne, il doit pas se méfier. C’est peut-être dur à croire, mais je fais pas partie des services secrets ou du SIS alors parfois, c’est plutôt calme. Ce qui me plaît en l’état.

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Jax insuffle une note d'optimisme en mentionnant que si je fais bien mon boulot actuel, je pourrais retrouver l'ancien. Je hausse les épaules. Ma remplaçante fait l'affaire, alors pour l'instant, je n'y crois pas trop. Mais je prends mon job actuel au sérieux, même si je me trouve sur un strapontin slash siège éjectable. Je suis en mode polyvalence et remplacement des absents. Je découvre. J'apprends. J'enrichis mon CV de savoir-faire. On verra avec le temps. En fait, une petite formation en plomberie et en électricité et je deviens indispensable ! Un rire quand mon acolyte parle de la fête des voisins dans un sale quartier. T'inquiète pas, Vogue ne fait pas dans les sales quartiers. Même si les beaux quartiers peuvent s'avérer aussi nocifs. Harcèlement, drogue, tentative de suicide, et j'en passe, parfois les draps en soie cachent vraiment du sordide. Mais Vogue ne donne pas dans le scandaleux alors ce serait bien un coup de pas de chance que je me retrouve au milieu d'un drame en prenant une photo d'anniversaire de la fille de cinq ans d'une star du cinéma. Vraiment l'énorme coup de pas de chance.

Mon pote flic ne fait pas dans la dentelle et me sort cette phrase digne d'un film d'espionnage. Je le vois bien en costume de James Bond. N'en dis pas plus. C'est bon, j'ai déjà donné en prise de risques. Alors pourquoi je suis ce mec, parce que prise de risque, j'en remets une couche là. ce doit être une question de monter d'adrénaline. Il faut sérieusement que je me remette au surf ou à la plongée sous-marine, au moins là on calcule le risque pour l'éviter autant que possible. Tandis qu'entrer dans la vie d'un mec qui a acheté une arme en douce, c'est tout sauf faire preuve de sagesse. Il y a un truc qui cloche dans ma vie, y'a pas à dire ! Je ne crois pas que dans la vraie vie, les espions annoncent à tout le monde qu'ils le sont. Ce serait bizarre il me semble et suicidaire probablement. Du calme, ça fait du bien. Perso, je trouve que le gars devant nous se retourne trop souvent. Mais je ne suis pas une pro de la filature. Le pro, il est à côté de moi et ne semble pas déranger. On va dire aussi que c'est normal, il ne bosse pas aujourd'hui. Un froncement de sourcils avant de le regarder. Du coup tu es en congé, en balade ? Et parce que j'ai besoin de son avis de flic, discrètement, sans qu'il s'en rend compte. Et comme on parlait de sale quartier tout à l'heure, tu le classes comment celui-ci ? Et ses habitants ? Genre, celui devant nous avec son chien ? Il fait un peu peur avec son chien, non ?

**○ inscrit le** : 28/11/2017

Est-ce que je m’inquiète pour toi ? Bah oui un peu. Normal. Après tout ce qu’il s’est passé. Ton job te fait pas prendre de risque non plus. Ils seraient bien con de te faire aller dans des quartiers chauds. Un peu de calme après tout ce que tu viens de traverser, ce serait pas de refus. Oui c’est sûr. C’est pas le même genre de danger. Mais ça peut ne pas être tout blanc non plus. Des avocats, médecins, comptables et autre qui sont des détraqués de toute sorte, on connaît. C’est même parfois eux les pire. Les plus malins sont les pires oui. Car ils savent quoi faire pour ne pas se faire prendre. Les espions aussi sont pas mal à ce jeu là. Et je me fais plus ou moins passer pour ça quand je plaisante sur le fait que je peux pas te dire ce sur quoi je travaille. A savoir notre type juste devant nous. Ce serait tellement bizarre que je t’en parle. Ouais ouais je me tais. En tout cas, même les circonstances de notre rencontre aujourd’hui sont particulières, elles le sont pas autant qu’auparavant. Loin de là. Et on peut discuter tranquillement. Ca change. C’est bien. Je perds pas de vue notre loustic malgré tout. Bien qu’à ce stade là, je pourrais arrêter de le suivre. Je crois même que ce serait le mieux à faire. Pour revenir mener ma petite enquête plus tard. C’est pas comme s’il allait se rendre dans un repère ou faire un deal louche. Y’a que dans les films qu’on voit ça. Sinon ça n’a aucun sens. Ou dans les comédies. Pour faire genre la blague du « je suis espion ». Et les personnages qui rigolent. Alors que non, en vrai, les personnes sous couverture ne laissent jamais aucun indice. Ou essayent du moins. Sinon, c’est le meilleur moyen de s’envoyer au suicide comme tu dis. Tu me questionnes ensuite sur le pourquoi je suis là. Zéro stress. J’ai préparé ma réponse depuis le début. Je devais passer chez un pote qui habite dans le coin. Mais il a du retard du coup je me suis dit que j’allais rendre visite vite fait à une famille pour prendre de leur nouvelle. J’ai travaillé sur un dossier les concernant. Et je fais la route à pied quoi. Un peu tiré par les cheveux mais pourquoi pas. Je vais pas inventer que je fais une balade. On est pas en plein bois. Ici c’est pas nécessairement l’endroit pour. Et puis … tu me poses des questions sur le mec que je suis. Ah. Bon. Un peu surpris mais on va continuer de déformer la vérité. Euh bah c’est plutôt un quartier cool non ? Pourquoi ? J’ai jamais trop entendu parler d’histoires dingues. Quant à lui … Mouais je sais pas. Il a pas l’air d’être le plus commode mais genre y’a pire. Puis faut pas non plus s’arrêter à la première impression visuelle. En bien comme en mal. Mais surtout en bien je dirai. Faut toujours se méfier un peu de tout le monde dans certains contextes. Même si ceux qui paraissent genre idéal. Mais c’est pas marrant. Tiens invente moi un peu un truc sur lui. Genre il creuse un tunnel secret sous sa maison qui va être relié à la banque. Très très con l’idée. Puisqu’on saura direct qui est le coupable. Mais soit, c’était un exemple bidon. On va voir quel genre d’histoire tu peux me sortir. Et si … ce type a vraiment l’air d’être un mauvais type.

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J'ai la raison de la présence de Jackson dans cette rue. Okay. Bon. Et du coup ? On fait la route ensemble ? Jusqu'où ? Et s'il me renvoie la question ? Je lui que... Non, je ne suis pas là pour un reportage. Non, je ne suis pas là pour rendre visite à un top-modèle qui vit à deux rues plus loin. Non, il n'y a pas de séance photos organisée par le magazine dans cet endroit où il n'y a rien de chouette à mettre en fond d'images. Non, je n'ai pas de famille qui habite ici. Pas d'ami non plus. Pas de raison de faire du tourisme dans ce coin sans intérêt. Aucune raison. A part peut-être... le bâtiment devant lequel j'ai stationné ma voiture ? S'il me demande je vais devoir broder un truc abracadabrant qui tienne la route ! Ouf, je suis passée à côté en l'abreuvant de questions. Donc, quartier cool, gars cool, zéro impression négative d'entrée de jeu ? Me voilà en train de me dire que j'ai imaginé n'importe quoi. La nuit où j'ai imaginé le pire sur ce gars, c'était halloween. Peut-être qu'il faisant une sorte de murder party grandeur réelle. Peut-être qu'il achetait le super révolver, goodie introuvable, du dernier jeu vidéo à la mode. Peut-être qu'il s'agissait d'une arme en plastique pour son gamin déguisé en Al Capone et qui récoltait des bonbons à trois pâtés de maisons plus loin. Peut-être que j'ai trop d'imagination. D'ailleurs voilà l'occasion de la mettre en pratique. Il veut mon avis sur le fameux loustic qu'on est en train de suivre. Et bien... Il entraine des chiens pour des combats clandestins où il y a des paris organisés par les triades chinoises et la pègre néo-zélandaise. Un partage pas équitable. C'est toujours les mêmes qui gagnent et plument les petits joueurs. Ça sens la futur guerre de territoire. Mouais, mais ça n'explique pas trop qu'il ait acheté une arme. Il est en plein divorce. Ça tourne mal pour lui. Sa femme l'a planqué, mais elle fait tout pour tout récupérer. Les enfants, la maison, le compte en banque, le chien. Il en peut plus quand il voit l'addition qui s'alourdit alors que son boulot ne permet que d'en couvrir la moitié. Alors depuis quelques nuits, il en vient à se dire que si sa femme mourait, ce serait plus facile. Pas mal. Là, ça justifie le flingue. Reste à savoir s'il est marié.

**○ inscrit le** : 28/11/2017

Qu’est-ce que je pense du type que je suis en train de suivre ? Très bonne question. Je pense pas mal de choses de lui. Des trucs dont je ne vais absolument pas parler. Même pas pour la blague. Ou dire l’exacte vérité pour faire comme si c’était complètement faux. Comme ça tu me croiras jamais. Mais non. Bien sûr que non. On va faire comme si ce gars était un gars complètement normal. Il promène juste son chien quoi. D’ailleurs, là en l’occurence, c’est vraiment ce qu’il fait. Une petite balade pour les besoins de son chien. Alors qu’il a un jardin. Et que c’est une longue balade ok. Pas pour ça que c’est suspect. Je te demande donc de m’inventer une petite histoire le concernant. Voir ce que t’en penses. De manière très préjugée. Tu fais preuve de beaucoup d’imagination. Y’a de l’idée y’a de l’idée. Mais les types comme ça, ils les enferment plus qu’ils les promènent les chiens. Enfin je crois. Ils ont pas de sympathie envers ces animaux si ? Ils pourraient pas les envoyer à la mort sinon. Moi j’en ai de la sympathie pour les bêtes à poil mais Nova y est allergique donc on est pas prêt d’en avoir un chez nous. A moins d’un remède miracle. Tu continues alors à fabuler sur ce gars. Sa femme. Ex. Son futur meurtre. Ah ouais. Je peux pas m’empêcher d’éclater de rire. Bien que la fin soit pas très marrante. Tu serais pas scénariste toi ? C’est digne d’un pitch de film ou de série policière. Plutôt un épisode de série. Où les flics enquêtent sur le meurtre de la femme. Mais le coupable est trop vite trouvé. Ou alors il doit bien couvrir ses traces. Mais pas trop pour qu’on puisse le retrouver. Il va falloir que je le garde à l’oeil alors. Par contre, je sais pas pourquoi, mais il a pas la tête du père de famille. Et il me faudrait l’approcher de plus près pour voir s’il a une marque d’alliance. Ca se voit parfois. Mais il faut que ça soit récent sinon ça disparaît. Et oui c’est un truc qu’on capte facilement si on y prête attention. Et parfois dans le métier, on observe tous les détails. Tiens d’ailleurs. Je lève la main et je te montre mon alliance à moi. Pourquoi je te la montre exactement ? Je sais pas. On est pas ami mais … on est au-delà de juste deux personnes qui se sont croisées à plusieurs reprises non ? Avec tout ce qu’on a traversé. Et je t’interdis d’inventer quoique ce soit concernant un flic qui se retrouve dans la mélasse et qui fait porter le chapeau à sa femme ok ? Petit sourire avant de reporter mon regard sur le type. Faut pas le perdre de vue. Même si … là j’ai tendance à penser que cette filature ne sert strictement à rien.

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