you and i. (azegan)

L’idée de retrouver Reagan le soir-même était ce qui lui avait permit de durer toute la journée. Maintenant qu’elles n’étaient plus que deux, Azel avait enfin l’impression d’être dans une véritable relation, Reagan était enfin à elle, elles étaient en couple et personne ne pouvait venir changer cela. Il est vrai que cela était encore caché aux yeux du monde, mais Azel pouvait attendre que la jeune femme soit prête, jusque là sa patience avait payé, le fait de devoir garder cela cacher plus longtemps n’était pas grand chose.
Poussant la porte de sa maison, Azel soupira longuement avant de sourire en voyant les affaires de Reagan posées sur la table. Retirant sa veste, elle déposa ses clés dans le bol dans l’entrée avant de vérifier son courrier. « Reagan, je suis rentrée, t’es là ?! » Le fait de pouvoir dire ce genre de phrases la fit sourire, cela sonnait naturel, appeler Reagan qui l’attendait à la maison après le travail, comme un couple. Posant le courrier sur la table, elle fut surprise de ne pas avoir de réponse venant de la brune, d’habitude quand Reagan la rejoignait chez elle sans la prévenir, cela prévoyait une superbe soirée, seulement à deux, à regarder un film en mangeant un bon repas, buvant du bon vin, finissant par elles deux blottis l’une contre l’autre et dans ces cas là, à peine avait-elle posé le pied au sein de la maison que sa petite amie lui sautait dessus en l’embrassant avec la plus grande tendresse. Pourtant là, la maison était bercée par le silence et si la présence des affaires de l’étudiante au sein de la maison ne lui prouvait pas le contraire, elle aurait été persuadée de son absence. Fronçant les sourcils face à cette absence de réponse, s’avança dans la salle à manger avant de voir un sac en papier provenant du supermarché posé sur le comptoir de la cuisine, elle n’avait certainement pas le souvenir d’avoir fais des courses et Reagan était incapable de cuisiner quoi que ce soit, elle avait pourtant bien voulu essayer mais cela s’était avéré une catastrophe. Ramassant le papier en soupirant afin de le mettre à la poubelle, elle fut surprise d’y trouver quelque chose à l’intérieur, plongeant la main dans le sac, elle cru faire un malaise en découvrant ce qu’elle venait retirer du sac : une boîte contenant un test de grossesse. La conclusion se fit rapidement, Reagan était enceinte ou du moins se pensait enceinte et cette idée lui déchira le cœur. S’appuyant contre le plan de travail, Azel porta une main à son visage tentant de retenir les larmes qui menaçaient de couler. Quand est-ce que cela allait cesser, quand pourraient-elles enfin être heureuses ? Chaque fois qu’elle pensait que cela était bon, chaque fois quelque chose ou quelqu’un venait mettre fin à cette plénitude, à ce bonheur éphémère, mais cette fois ci c’était trop, Azel en avait assez, assez de se battre face à une relation qui se voyait vouée à l’échec. Reagan était enceinte et une chose était certaine, ce n’était pas d’elle … Il n’y avait que Declan pour être le père du possible futur enfant, Declan ou bien alors Reagan lui avait caché quelque chose, un autre homme.
Saisissant la boîte, elle ne perdit pas un seul instant et grimpa les escaliers avant d’entrer dans la chambre. Là, posée sur son lit Reagan semblait pétrifiée et pourtant Azel ne pouvait enfuir la colère qui montait en elle, balançant la boîte sur le lit, elle croisa les bras sur sa poitrine, prête à faire face à une nouvelle dispute. « Tu m’expliques. Aux dernières nouvelles je n’ai pas de pénis donc je peux pas être le père de ton futur enfant … Tu comptais me le dire quand que tu pensais être enceinte, un soir tu m’aurais appelé. Hey Azel c’est moi, t’as pris du pain, bien, ah et je viens d’avoir un bébé, surprise. » Soupirant une nouvelle fois, elle comprit rapidement qu’elle ne pouvait pas être en colère contre Reagan, elle semblait terrifiée. S’asseyant à ses côtés elle enfuit sa tête dans ses mains. « C’est pas vrai Reagan … je veux dire j’ai payé des impôts pour t’offrir des cours d’éducation sexuelle au lycée, on t’as pas appris à toujours se protéger ?! »

Ma séance à la pharmacie fut un vrai carnage. D'une part parce que j'ai dû acheter un test de grossesse, mais aussi parce que j'ai eu la chance, si on peut dire ça, de tomber sur Noa. Au moment où je ne souhaitais qu'une chose : ne rencontrer personne que je connaisse. Alors évidemment, après ça, je n'avais qu'une envie, m'enfuir et me terrer dans un endroit où peu de personnes pourrait me trouver. Chez Azel. Elle seule pourra me trouver et d'ici là, j'aurais fini mon petit ''trafique''. Malheureusement pour moi, ce test est beaucoup plus effrayant qu'il n'y paraît et au moment où Azel franchit la porte, je n'ai toujours rien fait, je suis toujours assise sur le lit, complètement pétrifiée. « Reagan, je suis rentrée, t'es là ?! » De l'endroit où je me trouve, j'entends parfaitement la jeune femme, mais je ne suis actuellement pas en état de pouvoir lui répondre. Mes mains tremblent. Il s'agit du résultat du sentiment qui prend actuellement le dessus sur moi, la peur. Jamais je n'aurais cru avoir à faire ce genre de choses, pas à vingt ans en tout cas. J'ai été bête, tellement bête. Pour l'absence de protection, ou le fait que je n'ai pas remarqué qu'il y avait eu un accident, mais aussi d'avoir laissé l'emballage de ce test dans le salon. En effet, je le comprends très vite lorsqu'Azel débarque dans la chambre, visiblement énervée par sa découverte. « Tu m'expliques. Aux dernières nouvelles je n'ai pas de pénis donc je peux pas être le père de ton futur enfant … Tu comptais me le dire quand que tu pensais être enceinte, un soir tu m'aurais appelé. Hey Azel c'est moi, t'as pris du pain, bien, ah et je viens d'avoir un bébé, surprise. » Si j'avais eu l'occasion de lui cacher tout ça, je pense que je l'aurais fait. C'est peut-être méchant dit comme ça, mais s'il s'avère que je ne suis pas enceinte, la découverte du test n'est qu'une dispute inutile. Inutile dans le sens où à part nous disputer, il risque de ne pas apporter grand-chose. « C'est pas vrai Reagan … je veux dire j'ai payé des impôts pour t'offrir des cours d'éducation sexuelle au lycée, on t'as pas appris à toujours se protéger ?! » Je rigole légèrement, nerveuse de tout ça. « Tu crois vraiment que c'est ce que je souhaite ? J'ai tellement peur que ce test soit positif. » Depuis tout à l'heure, je me répète en boucle que je ne suis pas prête pour être mère, que je suis trop jeune encore et bien sûr, je me pose la question suivante : et si le test s'avère positif ? Je n'arrive pas encore à trouver de réponses. Je suis incapable de savoir ce que je pourrais faire ou ne pas faire. « On s'est protégé avec Declan, je te le jure. Mais je sais pas. J'ai du retard, alors que normalement, je suis toujours très.. réglée. » C'est le cas de le dire. Depuis que je suis en âge d'avoir mes règles, elles arrivent toujours le même jour. Depuis des années, mais pas ce mois-ci. Il a fallu, alors que pour une fois tout allait bien, que tout mon système interne se retourne contre moi. « Ne me détestes pas Azel, je t'en supplie. » Je me déteste bien assez comme ça, pas besoin qu'elle le fasse aussi. Je tourne le visage vers la jeune femme, qui se trouve toujours recroquevillée sur elle-même, sa tête entre ses mains. Je glisse alors mes doigts dans son dos et je remonte jusqu'au niveau de son cou. Je n'aime pas la voir dans cet état, surtout que si elle est comme ça, c'est par ma faute. Je me penche un peu plus vers elle et dépose un tendre baiser sur ses cheveux, avant de finalement coller mon front contre son crane. Nous restons comme ça durant plusieurs minutes, silencieuses, mais rester ici ne nous donnera pas d'indication si je suis enceinte ou non, alors je décide de me lancer. « Je devrais aller le faire. Ça ne sert à rien d'attendre là et de se demander quel en sera le verdict. » Je caresse une dernière fois son dos, puis je me lève et prends la direction de la salle de bain. Je pourrais partir, sans rien ajouter de plus qui pourrait la blesser, mais j'ai besoin d'éclaircir un point. J'ai besoin d'être rassurée, qu'elle me dise que tout ira bien et que tout ceci ne changera rien à nous. « J'ai besoin de savoir que tu resteras avec moi, peu importe le résultat de ce test. » C'est peut-être beaucoup lui demander, surtout qu'il s'agit peut-être de l'enfant de Declan. Declan, encore et toujours. C'est égoïste de ne penser qu'à moi dans ce moment, mais j'ai besoin de l'entendre me dire que si ce test est positif, alors ce ne sera pas la fin de nous.

Et si toute cette histoire n’était qu’un signe du destin ou autre connerie du genre pour lui dire qu’elle fonçait droit dans le mur ? Après toutes les épreuves par lesquelles elles étaient passées, celle-ci était peut-être celle de trop. Devoir élever un enfant avec Reagan était une chose, mais devoir élever un enfant avec Reagan et Declan en était une toute autre et Azel n’était pas certaine qu’il s’agissait d’une chose dont elle était réellement capable. Elle avait essayé de mettre une petite touche d’humour dans tout cela, mais visiblement Reagan n’avait pas l’envie de rire et cela était compréhensible. Tout d’abord la blonde fut rassurée que cela ne fut pas un choix de sa petite amie, mais bel et bien un possible accident. Elle s’était protégée avec Declan, mais ils n’étaient que des gosses, dans le feu de l’action ils auraient très bien pu arriver sans faire attention, elle avait été jeune avant eux, elle savait que parfois il arrivait que l’excitation on oublie le plus important. Soupirant longuement, Azel tenta de reprendre son calme alors qu’elle sentait son estomac se retourner, elle avait envie de vomir, d’oublier tout cela, d’aller prendre un bain et se goinfrer de tout ce qui était à l’encontre de son régime alimentaire. Mais elle ne pouvait pas faire ça, elle ne pouvait pas car elle avait une crise à gérée car c’était elle l’adulte dans l’histoire que Reagan semblait complètement paniquée et qu’elle s’était engagée avec elle, à l’aimer jusqu’à la fin. Et alors que Reagan était censée paniquée parce qu’elle était possiblement enceinte, elle n’avait qu’une seule peur, celle de la perdre et cela réchauffait le cœur d’Azel. Elle la laissa s’en aller faire le test sans répondre à sa question. Elle devait prendre une décision et elle avait cinq minutes pour ça. Cinq minutes pour choisir si elle s’engageait dans toute cette histoire, cinq minutes pour choisir de fuir et de tout oublier pour recommencer une nouvelle vie. Cinq minutes qui pouvait et risquait de bouleverser son existence à jamais. Relevant la tête, elle se leva avant de pousser la porte de la salle de bain pour découvrir Reagan assise à attendre le résultat. S’appuyant contre la chambranle de la porte, elle se mit à détailler le visage de la brune du regard.
« Je ne pars pas Reagan, ni maintenant, ni plus tard. Je t’aime et cela veut aussi dire que je m’engage dans tout ce que tu peux faire. Alors si tu dois être enceinte d’un homme, si tu dois avoir un enfant avec quelqu’un d’autre que moi et bien … je pense que je vais rester. » S’avançant dans le salle d’eau, elle se posa à son tour sur le carrelage froid avant de passer un bras autour de la brune pour la ramener contre elle. « Qu’importe le résultat, je suis là. On va gérer tout ça ensemble, je t’ai promis que tu n’étais plus seule. Et peu importe la décision que tu prends, je te soutiendrais. » Embrassant la crâne de sa petite amie, elle attrapa le petit bâton blanc et avant de regarder le résultat, elle fit relever le visage de la brune pour enfin croiser son regard. « Et je ne te déteste pas, jamais. » Elle lui déposa un furtif baiser sur les lèvres avant de regarder le résultat. Deux bâtons. Reagan était enceinte. De Declan. Soupirant longuement, elle hocha la tête avant de caresser le visage de la brune en tentant de lui sourire. « Reagan, chérie … tu es enceinte. Mais les faux positifs ça existe, alors avant de paniquer ou de te mettre à pleurer, sache qu’on va prendre rendez-vous avec un gynéco, je peux même appeler Polly si tu préfères. » Tout allait très vite dans la tête d’Azel et déjà elle imaginait le petit ventre arrondit que pourrait arborer Reagan et la catastrophe que cela enclencherait dans sa vie, mais le possible bonheur que ça pourrait leur apporter. « Tu n’es pas seule. » Elles étaient ensemble et c’était sûrement cela le plus important.

Je quitte la chambre, direction la salle de bain et laisse Azel seule, le temps qu'elle puisse réfléchir à ce qu'elle veut vraiment et aussi le temps que je puisse faire ce fichu test. Depuis le début de notre relation, les épreuves sont là, on ne peut pas dire le contraire. Mais jamais il y a plus grande que celle-ci. Accepter un possible enfant de mon ex, qu'elle déteste légèrement, ça peut être compliqué. Je ferme la porte derrière moi et regarde une dernière fois le test avant de le faire. Ce qu'ils ne précisent pas sur la boîte, c'est que la partie la plus dure n'est pas d'uriner dessus, mais bien d'attendre le résultat. Je m'assois sur le sol, le test à côté de moi et la tête entre mes mains. Après plusieurs minutes, la porte s'ouvre. Azel semble vouloir se joindre à moi, c'est plutôt une bonne chose. En effet, elle n'a pas encore fuie. Je relève alors le visage et plante mon regard dans le sien. « Je ne pars pas Reagan, ni maintenant, ni plus tard. Je t'aime et cela veut aussi dire que je m'engage dans tout ce que tu peux faire. Alors si tu dois être enceinte d'un homme, si tu dois avoir un enfant avec quelqu'un d'autre que moi et bien … je pense que je vais rester. » Un timide sourire se dessine sur mon visage. C'est au moins ça, je suis maintenant assurée de ne pas finir seule dans les deux cas possibles. « Qu'importe le résultat, je suis là. On va gérer tout ça ensemble, je t'ai promis que tu n'étais plus seule. Et peu importe la décision que tu prends, je te soutiendrais. » Dit-elle tout en s'installant à mes côtés. Elle passe l'un de ses bras autour de moi et je viens déposer ma tête sur son épaule. Azel est une femme forte, je n'en connais pas beaucoup qui auraient agit comme elle. Elle caresse tendrement mes cheveux et je me sens rapidement apaisée. Ça ne durera pas, mais c'est déjà ça. « Et je ne te déteste pas, jamais. » La jeune femme m'offre un baiser, rapide, puis regarde le résultat du test. Je ferme alors les yeux et sers les dents. Le verdict est proche, si seulement il pouvait être négatif. « Reagan, chérie … tu es enceinte. Mais les faux positifs ça existe, alors avant de paniquer ou de te mettre à pleurer, sache qu’on va prendre rendez-vous avec un gynéco, je peux même appeler Polly si tu préfères. » En vérité, j'ai décroché à partir du mot ''enceinte''. Une fois ce mot sorti de la bouche d'Azel, le reste n'a plus eu d'importance. « Non, non, non... » Dis-je machinalement. C'est impossible pour moi d'être enceinte. Je sors juste de l'adolescence, comment est-ce que je pourrais élever un enfant ? « Tu n’es pas seule. » Dit-elle cela pour me rassurer ? Certainement, mais ça ne fonctionne pas trop. Je suis déjà en train de m'imaginer avec un enfant, en train de jongler entre lui, mes études, mon job au magazine et Azel. Ce n'est pas possible, clairement pas possible. « On doit aller voir ton amie, elle doit me dire que je ne suis pas enceinte ! » À cause du stress, je parle vite. Je suis normalement du genre calme, mais plus aujourd'hui. Non, aujourd'hui est une journée de crise. « Je ne veux pas d'enfants. » Cette phrase est sortie si vite que je n'ai pas pu la stopper. Je ne suis pas idiote, je sais bien que ce n'est pas le cas d'Azel et c'est logique, elle est en âge d'en avoir, mais pas moi. En me choisissant, moi, une fille de sept ans de moins qu'elle, elle a pris ce risque. « Pas maintenant. » Deux mots pour me rattraper, deux mots pour éviter une nouvelle catastrophe. Je me relève difficilement et tente de tenir sur mes jambes. L'annonce a eu l'effet d'un électrochoc et maintenant, mon corps tout entier tremble. Si Azel ne serait pas là, pas sûre que je sois capable de rester debout. Elle est là, avec moi et je sais désormais qu'elle le restera, alors forcément, ça me retire un poids. « On y va ? » Dire que je ne suis pas pressée serait mentir. N'importe qui dans ma position réagirait de la même manière.

La réaction de Reagan était tout ce qu’Azel avait pu imaginer en moins de dix secondes et bizarrement elle était contraire à la sienne. D’accord élevée un enfant qui n’était pas le sien, mais qui en plus était celui de Declan aurait été compliqué à gérer et pourtant … pourtant elle ne paniquait pas, au contraire. Elle ne pouvait pas dire qu’elle s’en réjouissait, mais un bébé, Reagan, une maison au bord de la mer, c’était tout ce dont elle rêvait. Alors oui Reagan était jeune, toujours à l’université et en grand froid avec Declan, oui ce n’était pas la meilleure des situations, mais comme le lui avait répété Azel, elle n’était pas seule et la blonde se sentait parfaitement capable d’organiser une vie de famille entre travail et enfants, entre vie de couple et vie familiale, cependant en une phrase sa belle illusion se brisa. Je ne veux pas d’enfants. Reagan ne rêvait pas d’une vie de famille, de bambins qui courent dans l’herbe, elle ne rêvait pas de la maison pleine de jouets et de rires de bébés qui emplissent les pièces, elle ne voulait pas tout ce qu’Azel désirait. Secouant la tête pour reprendre ses esprits, Azel lui pris le visage entre ses mains avant de la regarder dans les yeux. « Ok Reagan, tu as besoin de te calmer, tu comprends ça ?! Calme toi. Parce que si tu paniques, je vais paniquer et ça ne va rien rendre de bon. Les faux positifs ça existe et si tu es réellement enceinte, alors on étudiera les options possibles, mais pour l’instant pas la peine de faire des plans sur la comète tant qu’on n'est certaines de rien. » Se relevant, elle attrapa la main de la jeune femme avec de hocher la tête. Enfilant sa veste, elle ne mit pas longtemps à trouver ses clés et à prendre la direction de la clinique où travaillait Polly, il était un peu tard, mais Azel savait que sa belle-sœur avait tendance à rester prendre les dernières clientes jusque tard dans la nuit et puis là il s’agissait d’une situation d’extrême urgence, Reagan ne pouvait pas attendre le lendemain de savoir si le test se révélait exact ou non et c’était aussi son cas. Tournant la tête à un feu rouge, elle posa sa main sur le genou de sa petite amie pour tenter de la rassurer, néanmoins la phrase qu’avait annoncé plus tôt Reagan avait tendance à tourner dans sa tête, elle ne voulait pas de bébé. Si pour le moment Azel était d’accord avec ça, la question allait rapidement se poser et si là encore, Reagan refusait d’entendre parler d’enfant alors la blonde imaginait mal un avenir avec elle, elle ne pouvait pas la forcer à un vouloir d’un bébé, mais Azel ne s’imaginait pas sans enfant dans sa vie. Un coup de klaxon la sortie de ses pensées, alors que le feu était passé au vert, finalement la question de cette grossesse ne remettait pas seulement la question de savoir comment des adolescents pouvaient encore coucher ensemble sans protection, mais surtout de savoir comment leur couple allait évoluer après une telle épreuve, Azel aimait Reagan de tout son cœur, elle était même persuadée d’avoir trouvé l’amour de sa vie, son âme sœur et pourtant la question de l’enfant venait tout remettre en question, pouvait-elle vraiment accepter de ne pas avoir d’enfant par amour ? Ou bien cela allait-il creuser un gouffre entre elles ? Malheureusement, au fond d’elle, Azel connaissait déjà la réponse.
« Alors Reagan, j’ai discutée quelques instants avec Azel et elle m’a expliquée ta situation, je te propose qu’on voit ça ensemble. » Azel n’avait pas été longue à arrivée à la clinique et en un seul regard, Polly avait pu comprendre que quelque chose n’allait pas avec sa meilleure amie, la blonde avait alors pris quelques secondes pour lui expliquer la situation et suite à cela, la gynécologue s’était décidée à prendre Reagan en priorité et maintenant voilà que sa petite amie se retrouvait face à sa meilleure amie pour vérifier si oui ou non, il y avait un fichu bébé dans ce ventre. « Azel, je vais te demander de sortir, ne t'en fais pas, je veille sur elle. » Relevant le regard vers la médecin, elle hocha la tête avant de venir embrasser sa petite amie sur le front. « Je t’attends dehors. » Elle ferma rapidement la porte avant de s’appuyer contre le mur de la salle d’attente, fermant les yeux, elle laissa silencieusement les larmes couler avant de murmurer. « Pourquoi c’est à moi que ça arrive ? » Elle voulait juste être heureuse avec la femme qu’elle aimait, rien de plus.

Azel fait de son mieux pour me rassurer, j'en ai bien conscience, mais c'est plus fort que moi, je suis en panique totale. Si je me ramène chez mes parents avec un enfant, ça risque de hausser la voix et tout le quartier sera au courant. J'ai beau faire la guerre à mes parents depuis presque un an, ce n'est pas pour ça que je désire que l'on se dispute encore, pour un sujet dont ils m'ont déjà parlé, la protection. Je suis tellement ailleurs, à imaginer le pire, que le trajet jusqu'à la clinique me paraît très rapide. À peine arrivée que déjà ma petite amie me laisse seule dans un couloir. Je ne peux pas lui en vouloir, elle est partie discuter avec son amie et belle-sœur pour moi. « Alors Reagan, j’ai discutée quelques instants avec Azel et elle m’a expliquée ta situation, je te propose qu’on voit ça ensemble. » Je hoche vivement la tête et suit la jeune femme, ainsi que ma petite amie, jusqu'à la salle d'examen. Je m'installe sur le fauteuil qu'elle me montre. Je suis déjà venue dans une telle salle, pour voir mon gynécologue notamment, à partir du jour où j'ai commencé à fréquenter Declan, ma mère m'a fait venir le voir. Mais jamais je n'ai été aussi paniquée de me retrouver entre quatre murs blancs de la sorte. C'est bien pour ça que je serre la main d'Azel dans la mienne. « Azel, je vais te demander de sortir, ne t'en fais pas, je veille sur elle. » Alors là, ça ne me plaît pas du tout. Ma petite amie était mon point de repère et voilà qu'on veut me la retirer. Malheureusement pour moi, je n'ai pas mon mot à dire, Azel non plus d'ailleurs. Elle dépose un baiser sur mon front et prend la direction de la porte. « Je t’attends dehors. »  Aussitôt dit, aussitôt fait, la voilà déjà dehors. Ce qui est quand même dommage, car de nous deux, c'était elle qui faisait la discussion. Polly ne se laisse pas abattre face au silence que j'impose. « À quand remonte ta dernière relation sexuelle ? » Je pose alors mon regard sur elle et fronce légèrement les sourcils. Veut-elle vraiment connaître les détails de la relation sexuelle que je partage avec Azel ? Elle comprend rapidement mon incompréhension et se rattrape. « Avec un homme. » J'aurais dû m'en douter, après tout, je suis ici pour ça, mais la panique a pris le dessus sur moi. « Depuis un mois, environ. » « Ce qui veut dire que si tu es enceinte, nous le verrons en faisant une échographie. Nous aurions pu faire une prise de sang aussi, mais le résultat aurait mis plus de temps à arriver et je suppose que plus vite tu es au courant, mieux c'est, non ? » Je hoche vivement la tête. J'ai besoin de savoir si je suis enceinte ou pas, pour pouvoir ensuite agir en conséquence. La jeune femme se lève et la suit. Je passe alors d'un fauteuil à la table d'examen. Je m'allonge, relève mon haut et la médecin ne perd pas de temps pour étaler du gel. Je grince légèrement des dents en sentant la froideur du produit. Ça ne donne pas envie d'avoir des enfants ça. Elle pose ensuite la sonde sur mon ventre et je détourne mon regard du résultat. « Azel tiens beaucoup à toi. » Dit-elle en sentant que j'ai bien besoin d'être divertie, de parler d'autre chose. Un timide sourire se dessine alors sur mon visage. « Moi aussi. C'est bien pour cette raison que je ne souhaite pas lui imposer l'enfant d'un autre, d'un homme qu'elle a détesté. » Pourtant, je sais qu'elle serait capable de vivre avec, d'accepter tout cela. « Si je suis bien enceinte, je ne pourrais pas lui imposer cet enfant, je ne pourrais pas la forcer à rester avec moi. Elle mérite tellement mieux que ça. » Dis-je en essuyant une larme qui commençait à couler le long de ma joue. Tout ce que je fais subir à Azel n'est pas fait par simple plaisir, j'aimerais lui éviter tout ça. D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi on s'acharne autant sur nous. À croire que l'on ne mérite pas d'être ensemble. « Tu n'es pas enceinte. » « Quoi ? » J'ai besoin de l'entendre une deuxième fois pour m'assurer que c'est vrai. « Tu n'es pas enceinte. Sinon, il y aurait une vésicule. Là, il n'y en a pas. » Je tourne la tête vers ce qui ressemble à une petite télé et remarque, comme elle me l'explique, qu'il n'y a rien. Polly me tend une feuille d’essuie-tout et range la machine alors que j'enlève le gel qui se trouve sur mon ventre. « Ton retard est certainement lié à une période de stress. Il faudrait que tu ailles voir quelqu'un pour t'assurer que tout va bien. » Du stress ? Non. Seulement une double relation, une bisexualité confirmée et un mensonge constant sur une relation qui me semble interdite. Je me relève, un petit sourire sur le visage. Petit, mais toujours plus grand qu'à mon arrivée. Je récupère mes affaires et la jeune femme me raccompagne jusqu'à la porte. « Je vous laisse toutes les deux. » La jeune femme s'avance vers Azel, dépose un baiser sur sa joue, pur geste amical et s'éloigne de nous. Dès qu'elle disparaît de notre champ de vision, la blonde se tourne vers moi et un sourire se dessine sur mes lèvres. « Je ne suis pas enceinte. » J'aurais bien ajouté qu'il n'y aurait pas de petit ou de petite Declan, mais je pense que cela aurait fait trop pour aujourd'hui.

Elle était en stress total, quoique non, à ce niveau là, c’était plus de la panique qu’autre chose. Elle avait terminé sa journée en espérant pouvoir passer une soirée calme avec sa petite amie, regarder un film plus que moyen qui lui aurait permit de passer la fin de la soirée d’une manière beaucoup plus agitée. Seulement là ce n’était pas ça, là elle était au milieu d’un cabinet gynécologique, entourée de femmes dont le ventre ne laissant aucunement place au doute à attendre qu’on lui balance en pleine figure que oui la femme qu’elle aimait était enceinte de son actuel petit ami. Et pourtant l’idée d’avoir un bébé maintenant n’était pas la pire chose qui lui venait en tête et c’était là le problème. Cet écart entre elle et Reagan, parce que non seulement l’arrivée de cet enfant serait une catastrophe, ça personne ne pouvait dire le contraire, mais apprendre qu’il n’en serait rien serait peut-être pire, parce que jusque là Azel avait fermée les yeux sur la différence d’âge, sur les différences qui l’opposait à Reagan. Elle ne disait rien sur les lacunes en histoire quand il lui arrivait de parler avec des collègues, du manque de vocabulaire dans certaines situations, au bien du fait qu’elle ne savait pas danser la valse là où Azel la connaissait sur le bout des doigts. Oui elles étaient différentes, Azel avait construit sa vie, il ne lui manquait plus qu’une famille pour la comblée, elle était une femme d’affaires accomplie, très riche dont la réputation n’était plus à faire, Reagan n’était qu’une étudiante de vingt ans qui découvrait sa bisexualité, rêvait voyage et non pas bébé et brunch du dimanche. Alors oui jusque là elle n’avait rien dit, mais là, avec toute cette histoire, Azel savait que le torchon venait de commencer à brûler et bientôt leur relation allait prendre feu et la blonde n’était même pas certaine de vouloir éteindre l’incendie. Elle voulait des enfants, un mariage et tout ce qui va avec et si Reagan ne pouvait pas lui offrir cela, alors elle ne se voyait pas avec elle dans l’avenir.
Enfin la porte s’ouvrit et le sourire de Reagan lui donna la réponse, elle n’était pas enceinte, les paroles de sa petite amie confirma cette pensée. Elle était soulagée, Declan était le fléau de sa vie, un boulet qu’elle avait l’impression de devoir traîner jusqu’à ce que mort s’en suive, elle n’aurait sûrement pas supporté l’idée de devoir élever un enfant en l’ayant dans les pattes toute la journée, elle finirait par l’étriper, ce n’était pas ça qui étrillait son ventre à cet instant. Non, ce qui lui donnait envie de pleurer était le sourire de soulagement qui s’étalait sur le visage de Reagan et quelque part ça l’agaçait. Elle avait comprit, Reagan ne voulait pas gâcher sa vie, sa jeunesse avec un enfant, mais avait-elle seulement pensé à ce qu’elle voulait elle ? Si oui ou non elle désirait tout ça, dans sa panique Reagan n’avait pensé qu’à elle, ça et son désir de ne pas avoir cet enfant et encore une fois Azel devait gérer tout ça, encore une fois elle devait panser les plaies, ramasser les pots cassés. Là était la différence d’âge, Reagan était une adolescente qui apprenait à devenir adulte, Azel voulait une petite amie, pas d’une ado dont il fallait s’occuper et rassurer à longueur de journée. Mais ce n’était pas le moment, à cet instant elle devait juste faire semblant d’encaisser encore une fois, d’essuyer les plâtres pendant que Reagan, par on ne sait quel miracle, venait une nouvelle fois de s’en sortir, cette fille avait une bonne étoile au dessus de la tête. « Va dans la voiture, je te rejoins. »
Elle laissa la brune dans le couloir avant de venir taper à la porte du bureau de sa meilleure amie et après en avoir eu l’autorisation, elle entra dans la pièce, le visage blanc d’expression. « Merci de l’avoir prise en urgence, je t’en dois une. » « C’est normal, elle était effrayée. » Azel hocha la tête et offrit un sourire à son amie avant de se retourner pour prendre la porte. « C’est une ado Azel, elle ne voulait pas de ce bébé. Peu importe ce dont toi tu voulais, elle n’en voulait pas et n’en voudra pas dans les années à venir. A vingt ans, on ne veut pas d’un bébé ou d’un mariage, pas comme à trente ans. » « T’es entrain de me dire que ma relation est sans avenir ? » « Non, je dis que tu devrais protéger ton cœur avant qu’elle ne te fasse souffrir, parce qu’elle se découvre, tu lui as fais découvrir beaucoup de choses et des expériences, elle va en vouloir de plus en plus, là où toi tu veux une famille. » Fermant les yeux, elle quitta la pièce sans un mot avant de rejoindre sa voiture et c’est dans ce même silence qu’elle démarra le bolide. Polly avait raison et ça faisait mal presque autant que ça l’énervait et c’est seulement arrivée devant l’immeuble de l’appartement de Reagan qu’Azel ouvrit la bouche, les yeux rivés devant elle. « Tu devrais rentrer et te reposer, la soirée a été mouvementée. » Elle ne pouvait plus supporter l’idée d’avoir Reagan proche d’elle, pas ce soir, pas après tout ça. Elle avait besoin de temps pour digérer, pour réfléchir à ce qu’elle voulait faire, ce qu’elle devait faire.