all i want for christmas is all of you (arya)

Dès les premières notes aiguës qui déchirent l’air, Arlo se réveille en sursaut. Jetant un vague coup d’oeil au radio-réveil de la chambre d’amis, il constate qu’il est encore très tôt - rien de bien étonnant en somme, pour un bébé de cinq mois et demi. Mais en ce début d’été en Nouvelle-Zélande, l’aube pointe déjà le bout de son nez, commençant à peine à éclairer la plage. Alors que ce constat résonne dans son esprit, le jeune homme entend presque aussitôt d’autres pleurs se joindre aux cris qui retentissent déjà. Évidemment, les jumeaux ont tendance à se suivre mutuellement. S’étirant brièvement, Arlo rejette ses couvertures et glisse d’un pas silencieux vers la chambre de ses enfants. C’est l’heure de les nourrir, de les laver et de les changer, routine matinale pour les jeunes parents depuis plusieurs mois. Laya est déjà auprès des berceaux, tendant les bras vers Kala, qui semble être la première à avoir pleuré. « Hey » la salue-t-il doucement avec un léger sourire, s’approchant de Theo pour le soulever dans ses bras. Ensemble, ils s’occupent de leurs bébés, faisant tout ce qu’il a à faire avant de pouvoir passer à autre chose. Rapidement, le brun se débarbouille, se brosse les dents et passe vaguement un peigne dans ses cheveux  plus longs que d’habitude avant de se changer. Puis il prend les jumeaux dans ses bras en descendant au rez-de-chaussée, laissant Laya dans la salle de bain pour qu’elle puisse se préparer pour commencer la journée. Le temps qu’ils fassent leur rot, Arlo les emmène un peu à l’extérieur, ce qui lui permet de laisser son regard se perdre vers l’immensité de l’océan peu à peu éclairée par la lumière du jour. Pendant ce temps, il leur murmure quelques mots à l’oreille. Ils ne pourront pas s’en souvenir, mais c’est le tout premier Noël des jumeaux et le jeune père a envie que ce soit parfait - ou autant que possible. La veille, Laya et lui ont cuisiné bien assez de choses pour qu’il en reste pour aujourd’hui, nourriture mêlant à la fois tradition et innovation, pour que tout le monde y trouve son compte. Ils ont bien profité de leur réveillon et, maintenant - ou bientôt -, c’est l’heure des cadeaux. Quand Arlo retourne dans la maison, Laya est descendue à son tour et elle s’affaire dans la cuisine. « Bien dormi ? » Depuis qu’elle a accouché, cette question est évidemment toute relative - leurs heures de sommeil à rattraper ne se comptent plus. Mais il sait qu’elle le comprendra. Parce que maintenant, ils ont les mêmes préoccupations, les mêmes soucis, les mêmes joies et le même but dans la vie. Ça rapproche, forcément, tableau de famille dans lequel il ne manque plus qu’une chose désormais… Sourire aux lèvres, le Néo-Zélandais s’approche du réfrigérateur, mais il a déjà les mains bien occupées. « Il y a encore de la pavlova ? » Rien d’idéal pour un petit-déjeuner, mais comme l’immense majorité de ses compatriotes, Arlo est un fan inconditionnel de cette pâtisserie. « Sinon je me ferai juste un café plus tard, je pense… J’ai hâte d’ouvrir les cadeaux, pas toi ? » Désormais mieux réveillé, le Mehrtens a du mal à cacher son excitation. Maintenant, Kala et Theo savent attraper des objets, secouer leurs jouets et, d’après le pédiatre, différencient les couleurs vives et adorent les sons aigus. Ça semble donc être le moment idéal pour de nouveaux jouets à l’occasion de Noël, ce qui ne manque pas d’enthousiasmer Arlo. Theo s’agitant dans son bras gauche, il installe les jumeaux au salon et se met auprès d’eux pour les surveiller, non loin du sapin illuminé.

Glissant dans la chambre des jumeaux, Laya s’approcha du berceau de sa fille et la prit dans ses bras pour la calmer en douceur contre elle. Arlo lui avait emboité le pas pour s’occuper de Theo, qui pleurait en écho aux cris de sa sœur dans cette cacophonie matinale. « Hey. » Voilà bientôt six mois que les deux merveilles avaient transformé leur quotidien en celui de parents. Pour être auprès d’eux et s’occuper des enfants plus facilement, Arlo avait réemménagé à Porirua. Depuis, la famille tentait de se reconstruire autour de la dynamique instaurée par l’arrivée des bébés. Au fil des mois, les Mehrtens s’étaient soutenus, ils avaient réappris à se connaître et à vivre avec l’amnésie partielle du néo-zélandais sans redevenir intimes cependant. C’était trop tôt. Lorsqu’ils terminèrent de s’occuper ensemble de leurs bébés, Arlo partit se débarbouiller pendant que Laya veillait sur eux puis les rôles s’inversèrent. L’équipe était rôdée et efficace. La veille, ils avaient préparé un bon repas pour le réveillon de Noël avec des quantités suffisantes pour tenir le week-end avec le surplus de nourriture, ce qui leur donnerait l’occasion de se relâcher un peu et de profiter de leurs enfants. Lorsqu’elle redescendit dans la cuisine, elle croisa Arlo qui revenait de sa petite sortie matinale avec Theo et Kala. « Ils ont fermé l’œil quelques heures alors on ne s’en sort pas si mal. Et toi ? » Répondit-elle, le sourire aux lèvres. Certes, la fatigue tirait leurs traits et Laya ne serait pas contre des heures de sommeil en plus, toutefois ce n’était rien en contrepartie de toute la joie que les enfants leur apportaient. « Oui, il en reste pas mal, fais-toi plaisir. » Le couple avait cuisiné pour un régiment alors il ne fallait pas se priver pour finir les restes. Quoi de mieux que de commencer Noël par un petit-déjeuner « dessert » sucré ? « On commence par ceux des enfants ? A toi l’honneur d’ouvrir le premier. Le café est déjà lancé. » Sourire en coin, Laya adressa un regard complice à son mari. Par habitude, elle avait anticipé son besoin de caféine dès le matin. Le couple pouvait donc passer à l’étape déballage des cadeaux pendant que le précieux liquide noir coulait dans le thermo. « Cela dit, vu ton excitation, je ne suis pas sûre que tu en aies besoin. » Rigola-t-elle gaiement. Laya se rapprocha d’eux et gazouilla un peu avec leurs enfants puis la petite famille se dirigea dans le salon où trônait le sapin illuminé pour l’occasion. Ce n’était pas une fête dans les traditions d’enfance de Laya mais depuis qu’elle était en couple avec Arlo, elle avait adopté celle-ci Le couple prit donc le temps de déballer les cadeaux des enfants. Entre les nouveaux jouets et vêtements choisis par leurs soins ou offerts par des proches, les bébés avaient été gâtés. « Merci Papa Noël pour toutes ces belles affaires. » Laya se pencha ensuite près du sapin et saisit un cadeau qu’elle tendit à Arlo. « A ton tour maintenant. » La jeune femme n’avait pas eu de mal à trouver ce qui pourrait lui faire plaisir. Deux tickets pour aller voir un match de son équipe de rugby préférée. Il n’en avait pas eu l’occasion dernièrement.

« Ça peut aller, oui » confirme-t-il. Arlo a connu des nuits plus courtes que celle qui vient de s’achever, tout comme Laya évidemment. « De toute façon, l’excitation de cette journée devrait me maintenir éveillé suffisamment longtemps » avoue-t-il, tout en songeant que lorsque les jumeaux feront leur sieste de l’après-midi, il en fera probablement autant. Caler leur sommeil à celui des bébés, c’est un peu devenu une obligation. « La température est super agréable à l’extérieur. On pourrait faire une promenade tous les quatre, plus tard ? » propose-t-il en jetant un coup d’oeil à travers la fenêtre. La luminosité augmente, le soleil éclairant ce panorama qu’il aime tant. Le jeune homme sait pourquoi il a voulu ré-aménager ici au moment où les choses sont devenues sérieuses avec Laya. C’est à ses yeux l’endroit idéal non seulement pour vivre, mais aussi pour élever des enfants - ils aimeront peut-être la mer autant que lui-même, plus tard. Mais revenu à des préoccupations bien plus terre-à-terre, Arlo s’intéresse au petit-déjeuner même s’il n’a pas encore faim - après tout, la période des fêtes est bien celle pour profiter sans culpabiliser, non ? La brune le rassure en affirmant qu’il en reste pas mal, ce qui fait sourire le néo-zélandais. « Ah, bonne nouvelle ! Je sais quoi manger tout à l’heure, merci. » Installé près du sapin illuminé avec Kala et Theo, Arlo regarde Laya les rejoindre. « Merci aussi pour le café. C’est vrai que ce sera peut-être pas nécessaire dans l’immédiat… Mais bientôt, à mon avis » sourit-il, tandis qu’elle s’assoit auprès d’eux. « Super ! Par quoi tu veux commencer ? » demande-t-il à l’oreille de Kala, sa fille agitant une main dans tous les sens. Comme il n’obtient évidemment pas de réponses, ce sont les parents eux-mêmes qui choisissent quels paquets ouvrir. Il y a les leurs, bien sûr, mais aussi ceux de quelques-uns de leurs proches. Le brun découvre ces derniers avec curiosité, s’exclamant parfois pour communiquer son enthousiasme à leurs enfants. Déjà, ils semblent intrigués par les couleurs et, surtout, par les bruits. « Le cadeau de tonton Tao te plaît ? » souffle-t-il à Theo, qui a l’air de commencer à s’exciter en agitant des objets ici et là. L’immense majorité des cadeaux sont évidemment pour les jumeaux, mais il y en a aussi pour eux deux. Presque surpris - on a tendance à s’oublier facilement quand on a des enfants en bas âge -, Arlo prend le paquet que Laya lui tend. Touché, il l’ouvre, découvrant des tickets pour aller voir jouer les Hurricanes. « Oh… Merci beaucoup, c’est gentil. » Ça fait longtemps qu’il n’a pas eu l’occasion d’aller en voir, mais il aime vraiment ça. « Ça va me faire vraiment plaisir. Les billets, c’est pour toi et moi ? » s’enquit-il, se demandant si elle veut l’accompagner ou pas. « Enfin, tu as peut-être envie de faire autre chose si jamais on s’arrange ensemble pour avoir un peu de temps libre… Comme ça, par exemple. » À son tour, le jeune père prend un petit paquet qu’il tend à l’indienne. Il s’agit d’une après-midi entière où elle pourra profiter d’un établissement thermal, quelques heures durant lesquelles elle aura le choix des massages ou autres soins dont elle préférera bénéficier. Rien de bien original, mais ça lui semblait être une bonne idée. « J’espère que ça te plaira… J’ai pensé que ça te ferait du bien d’être bichonnée. Il n’y a pas de date précise, donc tu peux y aller quand tu veux et, bien sûr, je m’occuperai des jumeaux. » Pile à ce moment-là, Kala tend son nouveau hochet vers Theo et, juste à temps, Arlo l’empêche de taper sur son frère. Avec un sourire, il les observe : sa famille, celle qu’ils ont fondée, réunie.

Ce Noël se rapprochait de la réunion de famille idéale pour Laya, entourée de son mari et de leurs deux merveilleux enfants. Celui célébré l’année auparavant avait été fêté en demi-teinte, marqué par l’éloignement entre les époux et les tensions survenues avec la famille d’Arlo. Une situation d’autant plus difficile à vivre pour l’Indienne, dont la plupart des membres du propre sang lui avait déjà tourné le dos en raison de son mariage avec le Mehrtens, une union désapprouvée par ses parents. Cependant, l’Indienne ne gardait pas que de mauvais souvenirs du Noël précédent. Soutenue et entourée par Andrea et Kaïn, elle avait passé les fêtes auprès de ses deux amis précieux, des amis qui avaient désormais déménagé ailleurs pour concrétiser d’autres projets de vie. Mais le Noël de cette année lui était plus doux à son cœur car elle avait retrouvé son mari auprès d’elle. Et même si tout n’était pas redevenu comme avant, l’avenir était moins trouble et incertain, une sérénité ressentie dans leur foyer et dans leur complicité. « Nous pourrons nous caler sur l’heure de leur sieste pour retourner nous reposer. » Répondit-elle, amusée. Les rayons du soleil inondaient la cuisine, annonciateurs d’une belle météo. Arlo proposa donc une balade en famille dans la journée. « Oh oui, bonne idée. » Habiter dans cet endroit magnifique était une chance inouïe dont ils profitaient chaque jour. Si son mari n’avait pas lancé l’idée, elle l’aurait lancée elle-même. Après avoir convenu de se régaler des restes de la veille plus tard, le couple se posa dans le salon pour l’ouverture des cadeaux. Tout comme Arlo, Laya avait hâte de les déballer. Le couple entreprit d’ouvrir tous les paquets, sous les réactions diverses de leur progéniture. Les proches des Mehrtens avait aussi gâté leurs enfants notamment des amis de longue date comme Tao. Depuis la naissance des bébés, la famille d’Arlo avait aussi tenté de se rapprocher d’eux mais Laya avait toujours du mal avec ses beaux-parents. Elle n’était pas de nature rancunière, toutefois c’était difficile de digérer leurs manigances pendant l’amnésie de leur fils au vu de la gravité de tout ce qui s’était passé. Sans Théo et Kala, elle ne l’aurait peut-être jamais retrouvé à ses côtés. La situation restait donc tendue à certains niveaux. Pour l’heure, Laya se concentrait sur le moment heureux que la famille partageait, loin de toutes ces considérations. Après ceux des enfants, Arlo découvrit son cadeau. Quand le visage de son mari s’illumina d’un air heureux, la jeune mère esquissa un sourire radieux. C’était tout ce qui comptait. « C’est pour toi et pour qui tu veux. C’est ton cadeau. » Ce n’était pas parce qu’ils étaient mariés qu’il était obligé de l’emmener. Il pouvait aussi profiter du match en compagnie d’un ami ou d’un collègue. « Mais si tu veux qu’on y aille ensemble, je t’accompagnerai avec plaisir. » Elle n’était pas fan de rugby aussi passionnément qu’Arlo mais elle appréciait les bons matchs et l’ambiance qui les entourait. Le jeune père se pencha ensuite à son tour sous le sapin et lui tendit un petit paquet. Laya n’avait aucune idée de ce dont il s’agissait, c’est pourquoi la surprise la gagna lorsqu’elle découvrit un bon pour profiter d’une après-midi dans un établissement thermal avec différents soins bien-être à la clef. « Oh… merci beaucoup. » La perspective d’un moment de détente n’était pas pour lui déplaire car s’occuper de deux enfants en bas âge n’était pas une mince affaire et les occasions de se relâcher n’étaient pas nombreuses. « J’adore. Je vais pouvoir me faire dorloter, que demander de mieux ? » Arlo lui précisa qu’elle pourrait choisir le jour et qu’il garderait les jumeaux pendant ce temps. Laya réitéra ses remerciements et se pencha vers lui pour déposer un baiser affectueux sur sa joue. La brune retourna ensuite dans la cuisine. Elle servit le café et prépara pour chacun deux assiettes à dessert avec une portion de celui préparé la veille. Puis, la jeune maman revint dans le salon et déposa les tasses et les assiettes sur la table basse devant eux. « Le petit-déjeuner du guerrier est servi. » Ils déposèrent les enfants dans leur parc le temps d’avaler les premières calories de la journée. Pas de doute. Une balade au grand air serait la bienvenue pour éliminer le repas de fête. « Tu as prévu d’aller voir ta famille prochainement ? » Demanda finalement Laya, ne s’incluant pas dans l’équation. La question ne pouvait pas être éternellement évitée. La période des fêtes avait été l’occasion pour les Mehrtens de les solliciter.

Programme de la journée évoquée, les jeunes parents sont sur la même longueur d’ondes : les cadeaux, la sieste, la balade au bord de la mer, le repas constitué des restes de la veille… En cette période particulière de l’année, Arlo se surprend à éprouver une sérénité certaine. Bien sûr, la vie est loin d’être toute rose : il n’a pas retrouvé tous ses souvenirs, sa relation avec Laya n’est pas typiquement celle d’un mari et d’une femme et l’ambiance avec les autres Mehrtens est toujours tendue. Mais depuis la naissance des jumeaux, depuis son emménagement à Porirua, il a l’impression que l’avenir s’éclaire, que ce qui les attend ne peut être que meilleur que les difficultés traversées. Alors le jeune homme a envie d’être optimiste et, tandis qu’ils s’échangent leurs cadeaux, c’est comme si l’atmosphère se réchauffait encore plus. Ses billets pour un match de rugby dans la main, il sourit. « Alors c’est décidé, on ira ensemble, si à ce moment-là tu es toujours partante. » Comme l’écrasante majorité des néo-zélandais, Arlo est passionné par ce sport depuis sa plus tendre enfance. Il est certain qu’il a déjà assisté à plusieurs matchs avec Laya - impossible pour lui de ne pas vouloir que la femme qu’il a choisie l’accompagne au moins une fois. Et maintenant, c’est l’occasion de se créer des nouveaux souvenirs qu’il pourra conserver précieusement. « Et puis ça nous fera du bien. » D’être tous les deux, de ne plus être seulement des parents pendant une soirée. Confier les jumeaux à une autre personne d’autre reste difficile, mais le Mehrtens sait aussi que c’est nécessaire et pas seulement pour les obligations à proprement parler. C’est un travail de longue haleine, inutile de s’épuiser dès le début - et c’est un peu dans cette idée qu’il a voulu que Laya puisse se détendre et être bichonnée l’espace de quelques heures. Le sourire éclairant le visage de la brune lui fait plaisir, réchauffant son coeur. « Je suis content que ça te plaise. Tu le mérites entièrement. » Depuis qu’elle a revêtu la casquette ô combien complexe de maman, Arlo l’admire encore plus. Il se perd parfois dans l’évolution de ses propres sentiments, mais il se sent de plus en plus à sa place. Alors quand elle se penche pour l’embrasser sur la joue, il a presque l’impression qu’il rougirait comme si c’était la toute première fois. Regard complice échangé, le jeune père installe les enfants dans leur parc pendant qu’elle s’occuper de préparer le petit-déjeuner. « Merci beaucoup. » Assis à côté d’elle devant la table basse, Arlo se dit qu’il ne voudrait être nulle part ailleurs. Ces instants de fêtes, en famille, sont très précieux à ses yeux. Et évidemment, le fait que la nourriture soit excellente ne fait qu’embellir la journée. Avalant quelques gorgées de café, le brun s’attaque ensuite à la pavlova, dessert très prisé en Nouvelle-Zélande et encore plus en période festive. La question de sa femme le prend un peu de court, mais au fond ça n’a rien d’étonnant vu qu’ils ont été contactés par sa famille. « Je sais pas trop » avoue-t-il. « J’en veux encore à mes parents, alors je sais pas trop si c’est une bonne idée… Par contre, j’aimerais bien passer un peu de temps avec mes soeurs. » Il leur a envoyé des cadeaux, mais ce n’est pas pareil. « Cali me réclame beaucoup quand on échange des textos et Siam… J’ai l’impression qu’elle va moins bien que ce qu’elle prétend, mais peut-être que je me fais juste des idées. » Reposant sa cuillère, Arlo se tourne vers Laya. « J’aimerais beaucoup que mes soeurs puissent voir les jumeaux plus souvent, si… Si tu es d’accord bien sûr. » C’est compliqué et il ne veut pas lui forcer la main, mais c’est un espoir en même temps qu’un désir qu’il exprime, Siam et Cali n’ayant vu Theo et Kala que peu de fois. Lentement, il glisse une main pour la poser sur la sienne. « Qu’est-ce que tu en penses ? »

Ce matin de Noël se passait de la plus belle des façons pour Laya, entourée de son mari et de ses deux enfants. Dans le salon, le petit groupe était occupé à déballer joyeusement les cadeaux. Des cadeaux qui réservaient des moments de détente à venir, entre des billets pour un match de rugby et une après-midi détente aux thermes. C’était décidé. Laya accompagnerait Arlo pour voir son équipe préférée et il garderait les enfants le jour où elle irait au centre de bien-être. La petite famille continua de se reposer un peu, puis la jeune maman partit dans la cuisine préparer le petit-déjeuner composé du café fraichement coulé et des restes de pavlova, un des desserts préférés d’Arlo. Laya revint ensuite dans le salon et reprit sa place à côté de son mari qui avait installé les enfants dans leur parc. Buvant une gorgée de café, la brune imita ensuite leur père en se régalant du dessert. Depuis qu’elle était arrivée en Nouvelle-Zélande et surtout depuis qu’elle était en couple, elle célébrait Noël dans les traditions du pays et avait pris goût à ces réunions de famille dans une ambiance chaleureuse, abstraction faite des tensions qui les avaient éloignés des leurs. C’est en songeant à l’esprit de Noël que Laya interrogea Arlo sur ses prochaines intentions par rapport à sa famille puisqu’ils avaient été contactés à cet effet. Perplexe, le conservateur admit qu’il en voulait toujours à ses parents mais qu’il espérait pouvoir passer du temps avec ses sœurs. Cali le réclamait et Siam paraissait avoir besoin de son frère. En dépit des tensions qui existaient entre les Mehrtens et Laya, elle ne l’avait jamais empêché de voir ses proches. En revanche, les parents d’Arlo ne s’étaient pas gênés pour le manipuler pendant son amnésie. Depuis le mariage de leur fils, ils tenaient l’Indienne pour responsable de son éloignement alors que celui-ci s’était simplement construit sa propre vie à Porirua, à une distance correcte de sa famille. Arlo n’était pas parti à l’autre bout du monde mais à force que ses parents n’acceptent pas sa femme, il avait fini par prendre ses distances. Une distance qui s’était transformée en fossé depuis qu’il avait découvert la vérité suite à son amnésie et ainsi le vrai visage de ses parents. Si Laya ne cherchait pas à influencer son mari, elle avait en revanche son mot à dire à propos des enfants, et pour l’instant, elle préférait les préserver un maximum de ses beaux-parents. L’Indienne n’avait par contre pas de griefs contre les sœurs, elle était juste déçue de la façon dont tout s’était passé après l’accident d’Arlo mais elle pouvait comprendre la pression exercée par les parents, elle qui venait d’une famille où il était difficile de contourner l’autorité parentale. « Oui bien sûr, si tu ressens le besoin de les voir, tu fais comme tu le sens. Pour les jumeaux, du moment que l’un de nous est présent, ça me va. Je ne voudrais pas qu’ils soient emmenés auprès de tes parents sans que nous le sachions. » Laya ne voulait pas confier leurs enfants à la famille Mehrtens sans qu’Arlo ou elle soient présents, de peur que les grands-parents profitent de l’occasion en leur absence. Au vu des manigances passées de la famille, l’Indienne n’avait pas confiance. Le père des enfants glissa alors une main dans la sienne et lui demanda ce qu’elle en pensait. Par ce geste, elle comprit qu’il voulait l’inclure dans ces retrouvailles de famille. « On pourrait inviter tes sœurs ici début janvier, à l’occasion de la nouvelle année ? » Laya n’aimait pas vivre dans le conflit non plus et elle espérait que cette perche tendue serait le bon moment pour rétablir des ponts et apaiser les coeurs, au moins avec les sœurs d’Arlo.


La période des fêtes étant généralement celle durant laquelle on en profite pour retrouver ses proches, il est sans doute normal que les parents d’Arlo soient à nouveau évoqués. Le sujet est aussi délicat que complexe car, s’ils restent ses parents et qu’ils seront toujours liés par le sang, le jeune homme se sent toujours un peu perdu. Depuis qu’il a découvert leurs manigances qu’il assimile directement à une trahison, il a en même temps compris à quel point leur désir d’évincer Laya de leur vie était important. Et comme la vie est tout sauf belle au milieu de tels conflits, il ne sait pas encore très bien à quel point il veut renouer avec eux. Il comprend évidemment leur désir de se rapprocher de leurs petits-enfants, mais il y a justement déjà bien assez à faire avec deux bébés sans devoir en plus gérer tout ça. En ce qui concerne ses soeurs en revanche, c’est une autre histoire. Arlo aurait aimé apprendre la vérité au sujet de son amnésie, mais il peut comprendre la difficulté de s’opposer aux fermes souhaits parentaux : lui-même a connu ça au moment où son père lui a mis la pression pour qu’il continue le sport à un autre niveau. Ils n’ont pas coupé les ponts, mais ils ne se voient pas suffisamment, du point de vue du brun en tout cas. Et maintenant que les choses vont mieux, que tout semble commencer à s’améliorer et à s’apaiser, c’est sans doute le moment idéal pour y remédier - d’autant plus qu’il est naturel qu’elles veuillent voir aussi leur neveu et leur nièce. « C’est noté, pour les jumeaux. De toute façon, j’ai du mal à les lâcher… » Arlo a très bien compris ce que Laya voulait dire même si, en vérité, il n’aurait pas pensé à d’éventuelles manipulations de la part de ses parents. Mais après tout ce qu’ils ont vécu, sa requête a du sens. Et comme lui-même ne sait de toute façon pas très bien où il en est, ce n’est pas bien compliqué. En plus, ils semblent être sur la même longueur d’ondes en ce qui concerne Siam et Cali. La proposition de l’Indienne éveille aussitôt l’intérêt du Néo-Zélandais. « Ça me ferait très plaisir de les inviter ici » affirme-t-il, sourire s’élargissant. Ce serait une manière de les inclure davantage dans ce tableau de famille et peut-être, quelque part, d’une façon plus générale, d’entamer un dégel avec tout le monde. « Merci. J’ai hâte d’organiser ça. » Le coeur encore plus joyeux, Arlo reprend sa cuillère pour recommencer à manger la pavlova. « Tu te rends compte que l’année prochaine, Cali va avoir dix-huit ans ? Je me souviens encore du jour où elle est née… Et de la tête que Siam a fait en réalisant qu’elle ne serait plus la dernière fille. » Sa main toujours posée sur celle de Laya, Arlo la resserre un peu dans la sienne, avant de la libérer. Ces derniers mois, en plus d’avoir retrouvé quelques souvenirs par-ci par-là (mais jamais suffisamment à son goût), il s’est rendu compte que ses sentiments pour elle évoluaient petit à petit. Partager l’expérience de la parentalité et vivre à ses côtés en réapprenant à la connaître n’y est assurément pas pour rien, mais ce petit flambeau dans son coeur est porteur d’espoir à ses yeux - d’autant plus avec la discussion qu’ils viennent d’avoir. C’est dans la bonne humeur que le petit-déjeuner se déroule et, après ça, ils sont d’accord pour partir pour leur promenade matinale. Le jeune père s’occupe de débarrasser la table et de faire la vaisselle pendant que la jeune femme prépare les enfants et, quelques minutes plus tard, ils sont tous les quatre au bord de la mer. « Profiter les uns les autres dans un cadre idyllique et en profiter pour essayer de digérer, ça me paraît idéal ! » Theo dans les bras - c’est le plus lourd -, Arlo admire l’océan tout en marchant, reconnaissant pour ce qu’il a retrouvé. « Qu’est-ce que tu dirais de prendre quelques jours de vacances, peut-être un week-end ? Tu préfères peut-être attendre qu’ils soient plus grands parce que c’est une vraie expédition, mais je me dis que ça peut nous faire du bien, en famille. »

Pour Arlo, Laya était prête à prendre sur elle et à faire un effort vis-à-vis de ses sœurs. Par rapport aux parents, elle n’avait toujours pas digéré leur volonté de la garder éloignée de son mari. A cause de leur trahison, le couple avait perdu de précieux mois dans le rétablissement du sportif. La journaliste n’avait pas pu être à ses côtés pour l’aider après l’accident et lui avait aussi raté des moments importants comme les premiers mois de la grossesse de sa femme. L’un dans l’autre, si elle n’avait pas croisé Arlo au détour de ses endroits préférés et si elle n’était pas tombée enceinte, la comédie aurait pu perdurer longtemps. Le destin leur avait donné un coup de pouce en les aidant à se retrouver mais c’était tout aussi dur de pardonner à une famille qui avait profité de sa vulnérabilité pour trafiquer la vérité dans l’espoir de se rapprocher de leur fils. Au final, cette histoire n’avait fait que blesser Arlo et ses proches. Il s’était éloigné davantage de sa famille. Laya était bien placée pour comprendre la peine que de tels conflits familiaux causait. La plupart des membres de sa propre famille avait coupé les ponts avec elle pour avoir épousé l’homme qu’elle aimait. Sous pression, un de ses frères s’était rangé derrière ses parents. En revanche, celui qui était venu en Nouvelle-Zélande avec elle n’avait rien changé dans sa façon d’être. C’était lui désormais le dernier pont entre Laya et les autres membres de la famille. Il leur avait annoncé pour les enfants de leur fille mais l’Indienne n’avait toujours eu aucun signe de vie de leur part. Pour elle, l’espoir de renouer avec les personnes de son propre sang s’amenuisait de jour en jour. Pour Arlo, il n’était pas trop tard. Dans l’idée de revoir les sœurs dans un endroit où elle se sentait à l’aise, Laya proposa donc de les inviter chez eux à Porirua, une invitation qui séduisit le conservateur. « C’est normal. Tu as raison, il ne faut pas laisser la situation se dégrader si on peut apaiser les tensions. Tes sœurs ont besoin de leur frère, puis Theo et Kala de leurs tantes aussi. » Le cœur léger, Arlo évoqua le temps qui passait à une vitesse folle en réalisant que Cali passerait bientôt le cap de la majorité. Fier de ses sœurs, il partagea des souvenirs d’enfance avec elles. « Oui, le temps passe trop vite. Je nous vois encore étudiants, à déambuler dans les couloirs de l’université. » Répondit Laya, amusée, consciente que lui n’avait pas retrouvé tous ses souvenirs mais il n’y avait pas de mal à en évoquer certains. « Vous avez prévu d’organiser une fête surprise pour ta sœur ? » Arlo avait peut-être commencé à y réfléchir en dépit de la distance entre eux. « Vous formez un beau trio tous les trois. » Avec un pincement au cœur, la brune songea à sa propre enfance avec ses frères, une époque où ils étaient soudés jusqu’à ce que tout change. La main réconfortante d’Arlo qui se resserra autour de la sienne l’aida à chasser cette mélancolie. Aujourd’hui, elle était entourée de sa propre famille et elle ne pouvait rien demander de mieux. A refaire, Laya ferait exactement les mêmes choix de vie. Esquissant un sourire, elle termina son petit-déjeuner et s’occupa ensuite des enfants pendant qu’Arlo débarrassa la table, une équipe finement rôdée. Fin prête, la petite bande sortit ensuite en bord de mer. Ce bon bol d’air frais sous un beau soleil était agréable. Laya serrait Kala contre elle tandis qu’Arlo jouait les papas gâteaux avec Theo. Ces deux-là étaient inséparables. « J’avoue, on a un superbe cadre. La première fois que tu m’as emmenée à Porirua, je suis tombée amoureuse de cet endroit. C’est tellement plus calme que la ville. » Et encore si Laya devait comparer Island Bay (et Wellington au sens large) aux mégapoles indiennes, elle était loin du compte. Arlo avait grandi à Porirua mais pour elle, s’installer ici, avait été un véritable changement de vie. Du coin de l’œil, la journaliste observa son mari. Il n’avait visiblement plus aucun mal à se rapprocher de l’océan – à pied du moins et ça faisait plaisir à voir. Ce n’était pas sûr qu’il reprenne l’eau tout de suite mais il avait toujours aimé les sports nautiques et les bateaux alors elle espérait qu’il se réconcilierait avec sa passion quand il serait prêt. « Pourquoi pas un week-end oui… Nous pourrions aller dans une autre région de Nouvelle-Zélande. » Partir plus longtemps serait compliqué pour elle puisqu’elle venait de reprendre le travail récemment après son congé de maternité. Pour l’heure, son employeur principal lui donnait des articles à écrire à domicile ou à réviser en raison de ses enfants en bas âge mais elle devrait bientôt retourner en expédition de plusieurs jours elle aussi. Après tout, son travail consistait principalement dans des reportages sur des problématiques scientifiques et écologiques, en particulier tout ce qui touchait à la faune et la flore, des articles pour lesquels elle devait se rendre sur le terrain. La Nouvelle-Zélande était un pays merveilleux pour ces thèmes puisqu’elle abritait certaines des plus belles réserves naturelles au monde. Et puis, comme Arlo l’avait soulevé, les enfants étaient encore très petits. « Peut-être dans les environs de Kaikoura ? J’y ai été pour observer les baleines et écrire un article sur elles plus tôt dans l’année. C’est devenu un de mes endroits préférés. » Certes, Theo et Kala seraient trop petits pour profiter de la présence des cétacés mais il y avait aussi d’autres choses à faire sur l’île du Sud comme flâner en famille. Cette destination pouvait devenir une tradition entre leurs parents puis avec eux quand ils seraient suffisamment grands pour se rendre compte. Le couple continua ensuite leur petite balade sous l’agréable température, croisant parfois des voisins qui venaient échanger avec eux leurs bons vœux en vue de la nouvelle année et admirer leurs bébés qui changeaient vite. Tout le voisinage avait été particulièrement chaleureux et contents pour eux à l’arrivée des enfants.  


D’un hochement de tête, Arlo approuve les propos de Laya. Il a toujours été un grand frère relativement protecteur, même s’il n’entretient pas tout à fait les mêmes rapports avec Siam et avec Cali. Et il ne voit pas ses enfants grandir sans leurs tantes, même si les relations avec les grands-parents sont encore compliquées. Ça ne rend pas les choses faciles à gérer, mais le jeune homme a envie d’être optimiste. « On n’a pas encore prévu de fête surprise, mais ce serait sûrement une bonne idée. Après, je me demande si elle a vraiment envie de ça ou si, comme beaucoup d’adolescentes, elle préfèrerait pas être seulement avec ses amis et un éventuel copain » ne peut-il s’empêcher de grimacer, glissant un regard vers Kala comme dans une prière silencieuse pour qu’elle ne grandisse pas trop vite. « Enfin, je verrai bien avec Siam à ce moment-là, c’est sûr qu’elle saura de toute façon mieux s’y prendre que moi. » L’évocation de leur trio fraternel par Laya est à la fois touchante et émouvante, Arlo comprenant qu’elle ne peut s’empêcher à ses propres frères. Ses relations avec sa famille n’ont rien de simple non plus et, pendant quelques instants, le brun se dit que leur couple a décidément rencontré une bonne dose d’opposition. Leurs débuts ont dû être légers, mais la suite ? « Puisque tu parles d’université, je me rappelle qu’en y entrant j’avais les cheveux plus longs. C’était encore le cas quand tu m’as vu pour la première fois ? » Heureusement que, malgré les difficultés, ils ont décidé de continuer à se serrer les coudes. Car même s’il est loin de se souvenir de tout, Arlo comprend que ça veut forcément dire quelque chose. Et maintenant avec leurs enfants, il est évident que ça valait tous les efforts du monde - et tous les sacrifices qui puissent exister aussi. Avec les jumeaux en train de marcher au bord de la mer, les Mehrtens admirent à haute voix le beau cadre dont ils bénéficient. Laya affirme qu’elle est tombée amoureuse de cet endroit dès la première fois où il l’y a emmenée et, à ce moment-là, le néo-zélandais lui lance un clin d’oeil complice. « Et le fait que tu sois déjà sous le charme d’un certain étudiant en histoire de l’art a dû jouer aussi, non ? » la taquine-t-il, heureux de profiter d’instants légers. Toujours dans cet esprit-là, Arlo propose à la jeune femme de partir quelque part avec les enfants pour changer un peu d’air. Laya approuve pour un week-end, évoquant une autre région du pays avant de proposer plus précisément Kaikoura. Le visage du néo-zélandais s’éclaire. « C’est une très bonne idée ! Je trouve que c’est l’un des plus beaux endroits du pays, alors ça ne m’étonne pas que tu l’aies autant aimé… Et on devrait encore pouvoir croiser des baleines à cette époque de l’année. J’ai déjà hâte qu’on s’organise ça ! » La future escapade familiale dans l’île du sud enthousiasme déjà beaucoup Arlo, lequel fait l’avion avec Theo pendant quelques instants. Puis ils échangent pour qu’il fasse la même chose avec Kala, le rire des enfants retentissant dans leur coin de plage. Ils continuent ensuite à marcher pendant un moment, profitant de la douceur du soleil, de la vue sur l’océan et de bouger un peu en famille, saluant par-ci et par-là d’aimables voisins. À un moment, les jeunes parents se rapprochent au point de s’effleurer et, après un instant d’hésitation, il glisse une main dans la sienne. Puis il lui adresse un sourire plus assuré car, à ses yeux, leurs rapprochements récents veulent dire beaucoup. Plus qu’une vie de famille, c’est aussi leur mariage qu’ils se sont attelés à rebâtir - plutôt lentement certes, pourtant les sentiments d’Arlo se précisent avec un mélange de force et de douceur qui sont réconfortants, entre souvenirs retrouvés et nouvelle vie reconstruite à deux, à quatre même. « Je suis heureux qu'on partage tout ça. »

Arlo se réjouissait des dix-huit ans de sa sœur et en même temps, il constatait à quel point le temps défilait vite. Fraichement parents, les Mehrtens ne souhaitaient pas voir leurs enfants grandir trop vite. Par rapport à Cali, son frère ignorait si elle préférait une fête surprise organisée par la famille ou plutôt célébrer son anniversaire avec ses amis. Ce serait une occasion pour lui d’en parler avec Siam. L’évocation de sa fratrie renvoya Laya vers la sienne. Il était loin le temps de l’enfance et de l’insouciance où elle s’entendait avec ses frères aussi. La vie en avait décidé autrement. A la place, Laya se rappela de ses années à l’université. C’est justement au cours d’une soirée estudiantine qu’elle avait rencontré Arlo. Il la questionna d’ailleurs sur ses cheveux lors de leur première rencontre. « Oui, tu les avais un peu plus longs que maintenant. Avec un peu de gel aussi, c’était pas très flatteur, heureusement tu as vite arrêté d’en mettre. Tu t’es allégé capillairement avec les années ensuite. » Répondit-elle par une taquinerie affectueuse. Par chance, son mari n’avait pas à rougir de sa chevelure. Il concurrençait n’importe qui. Les vitamines ou les bienfaits du grand air sans doute. La petite famille profita de sa balade en bord de mer et soupesait la chance qu’elle avait de vivre dans un cadre comme celui de Porirua. « C’est sûr que ça a joué. Le foyer, ce n’est pas que la maison, c’est aussi les personnes qui en font partie qui comptent. » Inspirée par cette vue magnifique, Laya s’était soudainement exprimée en mode poétesse par l’art de manier les mots en tant que journaliste. Inspiré lui aussi par ces moments en famille, Arlo proposa de partir en vacances. Comme elle venait de reprendre le travail, l’indienne ne pouvait se permettre de repartir aussi vite. Le mieux était d’organiser un week-end à une distance raisonnable, ce serait un bon compromis pour s’évader et emmener des bébés si jeunes. « Bientôt, nous pourrons dresser une liste de tous nos endroits préférés. Tout à l'heure, nous regarderons pour un week-end où nous pourrions partir. » Un nouveau sourire étira ses lèvres. Laya se concentra ensuite sur sa fille et lui parla de l’océan et des grands animaux qui vivaient dedans. Elle était encore trop petite pour comprendre mais c’était en interagissant avec eux que les enfants apprendraient. Arlo s’amusa ensuite avec eux et la famille continua de savourer ces moments précieux, croisant de temps à autre des voisins et autres connaissances de Porirua sur la plage. Au fur et à mesure, les deux parents se rapprochèrent et finirent naturellement par marcher main dans la main, un bébé dans les bras. Laya ressentait une allégresse dans le ventre tandis que sa relation avec Arlo se reconstruisait petit à petit. L’avenir s’annonçait doux et prometteur, une fin d’année bien différente de la précédente. L’esprit de Noël était définitivement au rendez-vous. En écho aux pensées de sa femme, le néo-zélandais exprima son bonheur de partager tout ceci avec elle. Avec eux. « J’en suis heureuse aussi. » La famille termina sa balade et retrouva ensuite la maison afin de continuer cette journée dans une ambiance aussi réconfortante que chaleureuse.

Sujet terminé