Chaque livre était une porte sur de nouveaux mondes et de nouvelles idées - Abel

❝ Chaque livre était une porte sur de nouveaux mondes et de nouvelles idées ❞
Abel & Skye

Je regarde les documents devant moi. J’ai abattu une sacrée quantité ce matin. Mon projet se définit de plus en plus dans ma tête et j’aimerais également ajouter une spécialité à mon cv : le droit des sociétés. Cela complèterait parfaitement avec les fonds d’investissements et permettrait de ramener davantage de clients. Mon but étant de quitter le cabinet dans lequel j’exerce actuellement, je préfère garder tout cela pour moi. Personne n’est au courant et il est préférable que cela reste ainsi. Seuls mes clients fidèles ont eu vent de ce projet et sont prêts à me suivre. Cela me rassure. J’aimerais ouvrir mon cabinet ou alors, passer managing partner dans un cabinet déjà fondé. J’ai conscience de ma jeunesse et peu de d’associé gérant sont si jeunes. Mais je pars avec des fonds, mon portefeuille clients et toute mon ambition. Il suffit de trouver quelqu’un qui me donne ma chance. Dans le cas contraire, je monterai tout, seule. Je sais que je peux y arriver, j’ai les cartes qu’il faut. A moi de m’en donner les moyens. Une fois tout cela terminé, je décide de m’accorder un moment pour moi entre midi et deux. J’attrape mon sac, y fourre mon livre du moment et prends ma voiture. Je prends la direction de North Bay et m’installe au café. J’y viens régulièrement. Le coin est sympa et j’apprécie leur chocolat. Gamine un jour, gamine toujours. Je trouve une table en terrasse. Le temps est très clément aujourd’hui et une légère brise apaise la chaleur. Je sors mon roman lorsqu’un serveur arrive à ma hauteur. Je passe commande et ne déroge pas à la règle du bon chocolat chaud. Je n’y peux rien, on ne me changera pas. Tandis que le jeune homme repart, je me remets à ma lecture. Une odeur déplaisante arrive à mes narines. Je lève la tête et cherche ce qui peut bien me déranger. Finalement, j’identifie le responsable. Un homme devant moi. Avec le vent, la fumée est projetée derrière lui. Je m’apprête à ouvrir la bouche lorsque mon chocolat apparait devant moi. « Je vous remercie » dis-je en souriant. Ma bonne humeur repart aussi vite qu’elle est arrivée. Une nouvelle bouffée arrive à ma hauteur. Je lève les yeux au ciel et souffle un bon coup. L’hauteur de cette odeur est en extérieur. Sur le principe, je ne peux pas lui demander d’éteindre sa cigarette, mais il pourrait au moins faire attention. Je chasse les trainées d’un geste de la main, ce qui s’avère inutile. « Excusez-moi, pourriez-vous décaler votre main. La fumée me vient directement dans le nez, ce n’est pas très agréable.» Je reste courtoise mais suis tout de même ennuyée. Vous savez, parfois ce sont des petites choses insignifiantes mais qui vous irritent au plus au point.

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Abel & Skye

La lecture est mon pêché mignon et ce, depuis que je suis gamine. Mes parents ont rapidement compris que les dépenses pour les Noël et anniversaires se feraient dans la fiction. J’avais toujours envie de me plonger dans les histoires des autres, vivre ces péripéties et aventures à travers eux. Je rêvais de magie. Aujourd’hui je suis bien plus rationnelle mais cela ne m’empêche de me plonger tête la première dans toutes ces histoires. Comme pour les films ou séries, j’ai besoin d’échapper au quotidien alors je me dirige de manière quasi automatique vers le fantastique/fantaisie. Les polars également, les bons. Ceux qui nous tiennent en haleine jusqu’au bout. Parlant français, j’ai l’avantage de pouvoir m’intéresser à la littérature étrangère. Autant dire que j’ai de quoi faire. Alors j’ai hâte de m’installer en terrasse pour profiter de ce moment à moi. Après avoir passé commande, je sors mon bouquin mais une odeur désagréable vient me chatouiller les narines. Je lève la tête et réalise qu’il s’agit de la fumée de cigarette. Je ne fume pas, je déteste ça pour être honnête. Finalement, je décide de parler à la personne responsable. J’essaie de rester courtoise. Je fais mouche puisque l’homme en question s’excuse et écrase sa cigarette. Je n’en demandais pas autant, juste qu’il décale sa main éventuellement. « Je vous remercie » et me replonge dans mon livre. J’aime ces moments où je ne pense à rien d’autre que les mots qui défilent devant mes yeux. Le serveur revient avec mon chocolat chaud que j’accueille avec le sourire. Certes c’est l’été mais j’adore ça ! Je paye l’addition immédiatement, comme ça c’est fait. Mon attention est à nouveau attirée par autre chose. Le fumeur me demande quel est le titre de mon roman. J’avise qu’il tient également un livre dans ses mains. Un féru de lecture ? Ce serait une belle coïncidence. « C’est un roman, le miroir de Cassandre, dans un style fantastique/fantaisie » lui dis-je en souriant. S’il y a bien un sujet sur lequel je suis intarissable, c’est bien celui-ci. J’en oublie aussitôt « l’incident » de la cigarette. « C’est un genre que j’affectionne beaucoup. L’imagination est sans limite » J’en ai lu des centaines des livres et je suis très souvent émerveillée par ce que les auteurs sont en mesure d’inventer, sortir de leurs esprits. « Et vous ? » lui dis-je en indiquant son bouquin.

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Abel & Skye

J'apprécie ces moments où je me retrouve avec moi-même. Cela a été dur pendant longtemps. Je détestais cette sensation de solitude et je pense que ce qui me dérangeait davantage était le fait de ne pas l'avoir choisi. Je donnerai tout pour récupérer Josh. Vivre avec soi-même n'est pas chose facile. On apprend beaucoup et aujourd'hui, je me sens bien mieux. Il faut dire que je travaille pas mal sur le sujet et je n'ai plus peur de demander de l'aide lorsque cela ne va pas. Et je reconnais que dans ces moments, j'apprécie être tranquille. Heureusement ce léger désagrément n'est que de courte durée. L'homme en question s'avère être respectueux et l'incident, si je peux l'appeler ainsi, est quasi immédiatement clôturé. Ce qui me rassure. Je n'ai qu'une envie actuellement : me détendre. Finalement, la conversation se lance de manière très naturelle. La littérature a ce pouvoir. Rapprocher les gens. J'évoque mon ouvrage tout en essayant de ne pas m'embarquer dans un discours à rallonge. « Oui, c'est un roman français. Les américains sont très doués pour ce style, pour ne citer que King, Rice et Stocker mais parfois, on trouve quelques pépites » De son côté, il me fait part de sa lecture. C'est un roman que je n'ai jamais lu. Je reconnais le nom et même s'il existe des classiques, il ne fait pas partie de ceux que j'ai pu lire. J'ignore pourquoi, mais la littérature classique n'est pas un genre vers lequel je me tourne naturellement. J'ai adoré les Hauts de Hurlevents, ou encore Orgueil et Préjugés. Les exceptions qui confirment la règle comme on dit.
La description qu'il fait de son livre me fait sourire. Effectivement, cela ne donne pas une image très joyeuse mais elle a le mérite d'être vraie. « Parfois, la réalité est suffisante. Je reconnais que je préfère m'évader dans la fiction » Je prends une gorgée de mon chocolat avant de répondre à sa question. Je hoche la tête « Oui, tout à fait ! Généralement, une fois par mois, le dimanche. Vous y trouvez des habitués, c'est plutôt sympa » Même si je n'y suis pas allée depuis des lustres. Pourtant j'adore ce genre d'évènements : des livres partout, passionnés, amateurs peu importe. Il m'est arrivé de trouver de véritables pépites. Ca valait le coup. Peut-être sera t-il intéressé ?

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J’acquiesce en souriant aux propos de mon interlocuteur. Il est vrai que les grands sont souvent adaptés sur petit ou grand écran. Avec plus ou moins de succès bien entendu. Pour certaines œuvres, j’arrive à me laisser porter par les adaptations. Les Harry Potter en sont l’exemple parfait. Dans quelques mois, la ville organise un évènement sur cette saga. Ils rediffuseront les huit films, accompagnés d’un orchestre. Je sens que l’expérience va être fantastique ! Mais toutes les adaptations ne sont pas réussies. Fan des romans de Dan Brown, j’ai adoré Inferno, la morale et la leçon à tirer sont marquantes. Cette idée que pour sauver l’humanité il faut en réduire son nombre, par tous les moyens possibles. Dans son récit, par rendre infertile 50% de la population mondiale. Et bien, le réalisateur a choisi de transformer la fin et d’effacer l’essence même du roman, son intérêt. Pour le coup, j’ai été particulièrement déçu. Passons. Nous continuons à discuter et je lui fais part des salons du livre qui se tiennent une fois par mois. C’est très sympathique comme évènement. On y trouve parfois de vraie pépite.
Tandis que la conversation avance, je me dis qu’il est idiot de rester à deux tables différentes. J’attrape mon sac et ma tasse avant de m’installer à sa droite, évitant ainsi la fumée de sa cigarette « C’est peut-être plus pratique, vous ne pensez pas ? » lui dis-je en souriant avant de répondre à sa question « Au centre-ville, dans un petit quartier. Ce n’est pas très grand mais c’est très sympa. Il m’arrive d’y aller lorsque j’ai du temps. Je me force parfois à m’en accorder. Le travail ne fait pas tout » J’ai hâte de pouvoir ouvrir mon cabinet. Normalement, le contrat est signé la semaine prochaine et j’ai déjà tout en stand-by : les locaux, les fournitures etc … pour un début d’activité la première semaine de février. Je vais pouvoir fonctionner comme je l’entends. Cela risque d’être très compliqué au départ, ce qui est normal et j’ai conscience que les premiers mois, je ne compterai pas mes heures. Mais c’est l’aboutissement de tout mon travail alors je vais me donner à fond. Je sais quel univers je veux créer, quelle ambiance je souhaite instaurer. Et pouvoir être en mesure de tout mettre en œuvre, c’est un rêve qui se réalise. « Au fait, je m’appelle Skye » lui dis-je en lui tendant la main. J’ai fini par percuter que nous n’avions même pas échanger nos prénoms.

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Abel & Skye

Skye a le contact assez facile. Dans son travail, c’est un atout. Elle sait se vendre, choisir ses mots. Alors rien d’étonnant qu’elle entame une conversation avec cet homme. Il fallait tout de même qu’elle soit certaine que les choses n’allaient pas dégénérer lors du petit incident avec la cigarette. Mais pour le moment, tout se passe pour le mieux. Nous partons sur notre passion commune : la lecture. J’essaie de me contenir et ne pas partir dans de grands débats. C’est le risque avec ce sujet. Je lui explique qu’il a effectivement, une foire aux livres, une fois par mois. C’est souvent l’occasion de trouver de vieux ouvrages parfois même des éditions limitées. Je me cherche des ouvrages d’Anne Rice en ce moment, il faut dire qu’elle n’a pas son pareil pour décrire les vampires.
J’en profite également pour me présenter. Cela doit bien faire une bonne demie-heure que nous discutons sans s’être donné la peine d’échanger nos prénoms. « Enchantée également Abel » lui dis-je en souriant. J’attrape mon sac à main, et lui tend ma carte de visite. « Mon numéro y figure. N’hésite pas à me passer un coup de téléphone et nous irons ensemble » Je ne ressens pas d’animosité chez Abel. On pourrait me prendre pour une folle d’agir de la sorte avec un homme que je viens tout juste de rencontrer. Mais je me suis toujours fiée à mon instinct. Et rien ne me crie de m’enfuir en courant, ce que je prends comme un bon signe. La conversation se poursuit naturellement. « Je suis avocate. Finalement, j’ai toujours eu la tête plongée dans les bouquins » ajouté-je en riant. Impossible de réussir ces examens sans étudier inlassablement. 4 années non-stop. Je ne regrette pas, j’aime ce que je fais sinon je ne retournerai pas sur les bancs de l’école pour ajouter une spécialisation à mon cursus. Mais il faut aimer étudier sans quoi, tous ces mois peuvent s’apparenter à une forme de torture. Honnêtement, je ne me serais pas vue faire autre chose. Certaines personnes regrettent leur choix de carrière. Pas moi. Le droit me passionne, peu importe sa forme. «  Et toi Abel, que fais-tu dans la vie ? » Je n’essaie pas de deviner, n’étant pas très douée pour ce genre de chose. Il pourrait être ébéniste, professeur, vendeur.