Un projet à grande ampleur - Avec Carla Holt

Cela faisait à peine trente minutes que j’étais plonger dans le dossier d’un nouveau patient que le téléphone se mis à sonner. Un rapide coup d’œil pour voir que le numéro provenait du service de la direction des ressources humaines, pourtant l’ensemble de mes documents devaient être en règle vu le temps que ça m’a pris pour les rassembler. De plus, il était encore un peu tôt pour que ça ne soit lié à la paie « Qu’est-ce que j’ai pu faire encore pour qu’ils m’appellent… ». Mettant fin au suspense, je décrochai avant d’entendre la voix de la secrétaire « Bonjour Docteur Crawford, vous auriez un instant ? Madame Holt aimerait s’entretenir avec vous sur un projet ».

Tiens tiens, un nouveau projet, connaissant Carla je n’ose même pas imaginer ce que ça peut être et ma curiosité est piquée à vif. Je la remercie avant de la prévenir que je serais là dans une dizaine de minutes, juste le temps de rejoindre le bâtiment à l’opposé de mon bureau. Je traverse les couloirs remplis de patients et de professionnels pressés qui tentent comme ils le peuvent de répondre à l’ensemble des besoins de chacun. Je pénètre dans le service de la DRH, qui laisse place à une multitude de bureaux quelques-uns en open-space et d’autres ayant la chance d’avoir leur propre pièce.

J’adresse un petit signe de main à certaines collègues qui ont eu le malheur de me supporter il y a trois ans quand je venais extrêmement souvent pour constituer mon dossier suite à mon embauche. Un sourire se dessine sur le coin de mes lèvres à ce souvenir, la directrice en avait eu tellement marre qu’elle avait fini par s’occuper elle-même de mon dossier. C’est ainsi que nous avions eu le temps de faire davantage connaissance.

Mes pas m’amènent progressivement à son bureau après que sa secrétaire m’ait autorisé à aller toquer. Trois petits coups résonnent sur la porte et sans attendre la réponse je passe ma tête où ma voix se fait amuser en entrant.
- «Bien le bonjour par ici, alors comme ça il parait que ça te manque de ne plus m’avoir dans les pattes ? »

Elle fronce les sourcils tandis qu’elle est occupée à répondre au téléphone et comme à son habitude, elle effectue des grands gestes dans l’air pour occuper ses mains. Son bureau est impeccablement rangé et je m’approche pour m’installer sur la chaise en face, puis du bout de l’index je viens pousser légèrement son stylo qui était trop parfaitement mis en place. Un excellent moyen de vérifier la présence de tic. A peine le temps de terminer son appel, que je reprends la parole, assez impatient de savoir ce qu’il en est.
- « Alors quel est donc ce stratagème que tu as dû mettre en place pour me faire venir ici ? Un nouveau projet ? Tu n’avais donc pas suffisamment à penser ? » Je m’interromps un instant, ma tête se penchant un instant « d’ailleurs… je croyais que tu avais déjà arrêter de bosser ».

Au vu de son regard qui doit encore chercher quelle attitude adopter, je lui adresse un grand sourire, avant de faire un mouvement de mains vers elle pour lui indiquer que je me tais

(( un projet à grande ampleur ))
@arlington crawford
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cela faisait quelques mois que tu préparais cette rencontre avec arlington, le psychologue de l'hôpital de wellington. tu avais montée, avec ton équipe des ressources humaines, un plan d'intervention qui te semblait tout indiqué pour les autres travailleurs des services essentiels de la communauté. puisque les derniers mois avaient été on ne peut plus demandant auprès de tous les services régionaux en vus de « reconstruire » la ville et les environs, une idée avait germée dans ton esprit et tu l'avais concrétisé en parlant à ton équipe et aux autres départements sujets à t'aider dans la réalisation de ce projet. le jeune homme était tout indiqué pour être le mieux placer pour mettre en place les dernières pièces de ce puzzle. tu demandas à ta secrétaire de l'appeler pendant que tu fignolais deux ou trois trucs dans ta requête. tu pris une grande inspiration alors que tu pressas la touche « imprimer » sur ton logiciel de traitement de texte, faisant sortir sur ton imprimante le contenu du projet pilote que tu voulais mettre en place d'ici quelques mois. ouais, niveau timing ça laissait vraiment à désirer étant donné que dans moins d'un mois tu seras en congé de maternité pour au moins les douze prochains mois... ça te rendait fébrile, nerveuse... mais tu te sentirais tellement efficace si tu arrivais à mettre ce projet en branle avant de partir. tu pris la pile de feuille et vint y mettre un trombone dans le haut gauche. tu plaças le document sur le coin de ton bureau avant que le téléphone ne sonne. tu répondis sans attendre. sûrement quelques derniers préparatifs pour la vague d'embauche qu'il y aurait au courant de la semaine prochaine. « bien certainement, je serai présente ainsi que ma collègue... je préparerai des formulaires rapides et quelques questions d'intégration... oui... » la conversation allait bon train, mais tu ne voulais pas t'éterniser alors que tu aperçus le visage du docteur crawford à l'entrée de ton bureau. tu lui fis signe d'entrer, mais de ne plus parler, lui montrant du doigt l'oreillette que tu portais à droite. tu essayas tant bien que mal de couper court à ton interlocuteur qui visiblement ne semblait pas prêt à ton départ imminent. arlington se donnait un malin plaisir à foutre le bordel à ton espace de travail, si bien que tu lui tapas les doigts lorsque ceux-ci s'avancèrent une deuxième fois pour venir tenter de déplacer ton agrafeuse parfaitement alignée avec les pinces à papier. tu raccrochas en soupirant. « ça va ? tu t'es assez marré ? » dis-tu faussement énervée. tu souris à ton collègue et ami. « alors quel est donc ce stratagème que tu as dû mettre en place pour me faire venir ici ? un nouveau projet ? tu n’avais donc pas suffisamment à penser ? » il te connaissait bien, mais il devrait savoir depuis le temps que tu ne peux pas partir en vacances sans au moins essayer de laisser ta trace. et cette fois, c'était de très longues vacances. « d’ailleurs… je croyais que tu avais déjà arrêter de bosser » tu souris. « calme-toi, je pars seulement dans un mois. et ça me donne suffisamment de temps pour te parler de mon projet pilote. » dis-tu solennellement avant de lui tendre le document que tu venais tout juste d'imprimer. tu lui laissa le temps de le lire en diagonale avant de t'empresser de lui demander si ce projet lui plaisait. « je me disais que depuis les derniers évènements qu'on a vécut en tant que communauté, les autres services essentiels auraient probablement besoin de soutient. c'est immanquable, il y a une pénurie de psychologues et de travailleurs sociaux pour venir en aide aux policiers, aux pompiers, aux services d'urgences... ce serait bon de redonner à la communauté et de le faire rapidement et sans frais. ce sont grâce à eux que nous avons pu rebâtir notre ville, notre milieu... pourquoi ne pas leur offrir quelque chose en retour ? les fils d'attente sont longues et interminables et le suivi n'est tellement pas adéquat... qu'en dis-tu ? » tu avais fait ton speech de vente comme une vendeuse à commission style tupperware. tu savais d'avance qu'arlington embarquerait dans tous tes projets et c'est peut-être pour cela que tu étais aussi confiante, mais il ne lui restait plus qu'à lire toutes les formalités de ton ébauche pour voir si le projet lui plaisait autant que tu le prétendais.

Je ne pouvais m’empêcher de sourire à ses gros yeux, avant de recevoir la menace de ses doigts tel un enfant pris en flagrant délit de bêtises. Je savais pertinemment la présence de ses tics, elle n’avait pas changé à ce sujet et c’était toujours plus fort que moi de venir la taquiner ainsi. Son ton employé au moment où elle avait raccroché le téléphone montrait bien qu’elle était à moitié fâchée et pas mécontente d’un brin de légèreté. Je sentais qu’elle bouillonnait aussi de me raconter son projet. Carla était du genre passionné par tout ce qu’elle entreprenait, si elle se lançait dans un projet c’est qu’elle y croyait dur comme fer et il en faudrait beaucoup pour la décourager de ne pas aller au bout de celui-ci même si elle ne pourrait pas le poursuivre. Ton amie tu la connaissais, tu ne lui aurais jamais dit à voix haute, mais tu savais qu’une peur au fond d’elle était présente, cette peur pendant son absence d’être remplacée. Alors forcément, je ne pouvais que supposer que ce projet était pour elle son moyen de montrer à toutes et tous, qu’elle débordait d’idées.

Mes doigts se posent sur le document pour le tirer vers moi, son côté maniaque se ressentait jusque dans ses écrits, tout était extrêmement bien ficelé. Je dissimulai un petit rire à l’idée de ce tourbillon qui pointerait bientôt le bout de son nez, en me demandant comment elle ferait face pour garder la maitrise de la situation. J’eu à peine le temps de parcourir la première page ainsi que le sommaire avant d’entendre son enthousiasme. Ça y est elle est partie. Ma tête se redresse en hochant en rythme pour grappiller les informations essentielles. Ma main glisse dans ma barbe, mes yeux rieurs et sérieux à la fois afin qu’elle ne pense pas non plus que je me moque d’elle. Elle s’arrête de parler à bout de souffle, ses yeux accrochent les miens, comme suspendus à ma réaction. Mon corps bascule légèrement en avant afin de pencher mon visage dans sa direction.

« Juste pour savoir, ton projet, tu en as déjà parler à d’autres personnes ou tu attends de savoir si le plus fou d’entre eux est prêt à se lancer avec toi afin que les autres ne soient plus qu’une formalité ? » Je tournai les pages du document avant de relire les petites notes prises à l’instant « Non c’est un projet extrêmement intéressant, tu as dû travailler d’arrache-pied pour faire en sorte qu’il puisse voir le jour avant ton départ. Il faut que je le relise sans une puce excitée en face de moi pour que je comprenne bien les enjeux et les aboutissants mais j’adhère entièrement. »

Je me recule pour m’adosser au siège. Oui il n’y a pas à dire, je ne savais pas où elle trouvait toutes ses idées mais c’était impressionnant. La ville avait été pas mal secouée entre le séisme et l’ouragan, ce qui avait eu des répercussions pour les citoyens, à court terme certes mais également à long terme. Si nous pouvions apporter quelques billes pour chasser certains démons, ça serait toujours ça de pris. Contrairement à beaucoup d’endroits, j’étais toujours surpris de voir l’esprit d’entraide qui se déroulait ici. Je suppose que si j’arrivais à bien présenter les choses, je pourrais également lui suggérer d’apporter notre soutien aux associations en plus de ces différents réseaux. Je redressai la tête pour voir qu’elle ne m’avait pas quitté des yeux et jubilais à la vue de mon attitude. Elle me connaissait aussi, elle savait très bien qu’elle n’aurait aucun mal à me convaincre. Il faut dire que je l’appréciais et j’avais toujours eu du mal à lui refuser quelque chose, ses projets étaient de toute évidence toujours bien construits.

Je plaçai mes avants bras sur le bureau, mes mains se frottaient entre elles « alors quels professionnels vas-tu inclure dans ce projet ? Je te préviens c’est surtout moi qui vais me les coltiner alors hors de question d’avoir une bande de bras cassés ! Tu as déjà contacté les réseaux de la ville ? Tu envisageais de commencer par qui ? » Oui ça y est, me voici déjà lancé dans mes questions tandis qu’elles fusent dans ma tête. Les réponses sont peut-être dans le document mais impossible de me concentrer sur sa lecture. Soudain une question apparue dans mon esprit avec une certaine appréhension « Tu vas tout de même superviser un peu ce projet ou tu vas faire un relais avec la personne qui prendra momentanément tes responsabilités ? »