The cat with the Cream (Boris Atkinson)

l'histoire de ma vie

Enfance
BO : This is England – The Clash
Son premier cri de nouveau-né poussé un jour glacial de fin d’automne 1982 dans une petite maternité du quartier de Camden ( London – England ) eut l’effet d’une onde de choc dans la vie de plusieurs personnes. Sa mère, la jeune Susan Blake, bien qu’en froid avec ses parents après avoir fui la maison  familiale quelques années auparavant à la veille de ses 18 ans pour rejoindre une faune hétéroclite dans un squatt londonien, crut naïvement que la naissance de leur petit fils pourrait les ramener à de meilleurs sentiments. Ce fut exactement le contraire qui se produisit, le lien fragile qui unissait encore la jeune mère et ses parents fut définitivement rompu sous un flot de mots méprisants voire injurieux. Donné le jour à un enfant sans père étant pour eux le comble de la déchéance. Le petit Boris grandirait donc sans connaître ni ses grands-parents, ni son géniteur. Ce mystérieux inconnu peuplera néanmoins longtemps ses rêves et s ses fantaisies d’enfant, le faisant exister dans son théâtre intérieur tour à tour comme un acteur célèbre, un chanteur de rock à succès ou un agent secret sous couverture. Quand il fut en âge d’interroger sa mère à ce sujet, elle lui expliqua avec la liberté de ton et de mœurs qui la caractérisait qu’à cette époque là vivant dans une sorte de communauté post-hippie chaque homme partageant son toit pouvait potentiellement être son père. Cette légende, érigée en vérité, Susan s’y accrocha toute sa vie, et ce fut seulement lorsque la mort vint la tirer par les pieds qu’elle se résolut à dire la vérité à son fils, qui comprit alors que sa naissance avait aussi fait trembler une autre famille, un autre foyer. Mais ceci est une autre histoire...
Le fait est que la vie décomplexée et bohème de sa mère lui offrit un cocon plus que chaleureux et stimulant durant toute son enfance. De squats en colocations, le petit Boris aux oreilles décollées et au sourire lumineux grandit entouré de jeunes artistes plus déjantés les uns que les autres, du punk  militant anarchiste au hippie attardé, il fut plus qu’un autre ouvert à tous les horizons, à toutes les différences. Sa fréquentation de l’école, par contre, était loin d’être très assidue, l’école de la vie ayant dans ce milieu bien plus de crédit que l’institution rigide du même nom.

Adolescence
BO : Champagne Supernova – Oasis
Cette éducation en marge du système ne prit que plus d’importance durant son adolescence et une chose est certaine c’est qu’il n’a sûrement pas laissé de souvenirs impérissables à ses professeurs de l’époque, encore eut-il fallu pour cela que Boris daigne mettre un pied en classe régulièrement. Mais sa curiosité insatiable et la richesse culturelle qu’il trouvait à la maison pallièrent largement à ce décrochage scolaire chronique. Certes les théorèmes mathématiques lui resteront sûrement à jamais hermétiques mais sa culture littéraire, artistique et son ouverture sur le monde en faisait déjà à l’époque de ses 16 ans une tête bien pleine et un citoyen averti.
Et si l’école, ce lieu peuplé d’enfants puis d’ados souvent sans pitié voire cruels envers ceux se différenciant du troupeau, le rebutait d’autant plus une fois la puberté passée, c’est qu’il se savait depuis ses premiers émois attiré par les garçons. Cette particularité qui déchaîne si facilement les hordes d’adolescents boutonneux poussés par la société à affirmer leur soi-disant virilité en s’en prenant aux garçons comme lui.
Ayant grandi dans un milieu plus qu’ouvert sur la question, il ne comprit pas d’abord la mise en garde de sa mère qui tout en l’assurant de sa totale compréhension lui intima de ne pas trop s’afficher, de faire attention. Jusqu’au jour où l’année de ses 17 ans alors qu’il rentrait au petit matin,  il fut pris à partie dans le métro par une bande de jeunes à peine plus âgé que lui, il eut beau se défendre vaillamment il ne fit pas le poids et c’est en pleurs que sa mère le retrouva aux urgences quelques heures plus tard. S’il garda de cette épisode quelques cicatrices, ce fut surtout la prise de conscience que s’il voulait être respecté et vivre sa vie librement il fallait s’en donner les moyens. Ce qu’il fit en s’affirmant plus que jamais, la tête haute et l’humour corrosif aux lèvres, et en se lançant dans un entraînement physique acharné pour gagner en musculature. D’un besoin immédiat pour se sentir moins vulnérable le sport devint une véritable addiction qu’il continue à pratiquer assidûment encore aujourd’hui .
Sa vie amoureuse et sexuelle pendant ses dernières années d’adolescence ne fut qu’une succession de prénoms et de visages, de rencontres palpitantes et de déceptions blessantes. Une vie d’ado comme les autres en somme. Plus prometteuses assurément furent les expériences professionnelles que, grâce à sa mère, il collectionna dès ses 13 ans : photos de mannequin, tournage de publicités, petits rôles comme figurant dans des films et finalement ses premiers pas au théâtre. Se retrouver à 16 ans sur la scène du prestigieux Royal National Theatre lui fit assurément autant d’effet que sa première relation sexuelle l’année suivante. Dans les deux cas il trouvait enfin à se réaliser, à savoir ce qu’il voulait faire de sa vie, qui il était… Une fin d’adolescence pleine de promesses donc pour le jeune Boris qui avait compris que ses oreilles excessivement décollées qui auraient pu être un handicap était en fait devenu son meilleur atout , autant sur le plan sentimental que professionnel, en le rendant unique et reconnaissable entre tous.

Twenties
BO : The Libertines – What became of the likely lads ?
Les années 2000, celle de ses vingt ans, furent comme il se doit celles de la fête, des voyages et de la liberté absolue du jeune adulte assumé et épicurien qu’il était devenu. D’amours contrariées en expériences diverses et rencontres sans lendemain, sa vie amoureuse ne fut pas un long fleuve tranquille. Au contraire de sa vie professionnelle qui lui offrit d’année en année des rôles de plus en plus intéressants dans des pièces de théâtre d’auteurs contemporains où il eut droit à des premiers rôles encensés par la critique. Il eut même l’opportunité de tourner quelques longs métrages, mais le cinéma ne détronna jamais son amour immodéré pour le théâtre. Entouré de sa bande de fidèles amis, plus proche que jamais de sa mère devenue sa meilleure confidente, il termina cette décennie comblé tant sur le plan amoureux que professionnel. En effet, à un an à peine de ses 30 ans, un rôle en or lui fut offert sur scène à Broadway ! Ces six mois passés aux États-Unis furent une expérience inoubliable, incroyablement riche d’enseignements, de connaissances et de bons moments partagés. D’autant qu’il n’en revint pas seul… Un soir dans un club feutré de la 52ème rue il fit la rencontre d’un marchand d’art argentin vivant à … Londres… Malgré les quelques années qui les séparaient  Boris et Oscar ne tardèrent pas à s’installer ensemble et à vivre le parfait amour, s’instruisant mutuellement sur l’art et la danse pour l’un et le théâtre et la littérature pour l’autre. Une relation équilibrée qui le réconcilia enfin avec les choses de l’amour qui s‘étaient obstinées à lui échapper jusqu’à cette rencontre. La fête qui célébra ses 30 ans restent assurément encore dans la mémoire de nombre de gens tant elle fut démesurée et vibrante d’ondes positives et débridées.

Thirties
BO : Belle & Sebastian – Nobody’s Empire
Cette nouvelle décennie s’ouvrit donc sous les meilleurs auspices. L’initiation que lui offrit son compagnon à l’art contemporain se transforma bientôt en une passion si dévorante qu’elle finit par prendre peu à peu le dessus sur son amour du théâtre. D’achat de quelques œuvres d’art avec ses cachets de comédien en transformation de leur loft londonien en une véritable salle d’exposition il n’y eut qu’un pas. Seul le coût parfois astronomique de ce hobby l’empêchait encore de se consacrer à 100 % à celui-ci, il continua donc à jouer sur scène, tout en devenant avec la maturité  plus exigeant sur la qualité des rôles qui lui étaient proposés.
Un premier tournant dans sa vie eut lieu en 2014, au bout de 5 ans de vie commune Oscar et lui s’éloignèrent inexorablement et finirent par se séparer. Sur le moment il ne réalisa pas que cet événement marquait le début de la période la plus sombre de son existence. Le choc de la rupture fut vite oublié dans les bras de Gary, un superbe rugbyman, dont il tomba éperdument amoureux. La vie repris son cours, bien marquée de temps en temps par quelques soubresauts quand des rumeurs sur la vie passée de son nouveau compagnon parvenait jusqu’à lui, mais il choisit de les ignorer et de profiter de son bonheur retrouvé.
Deux ans plus tard les nuées sombres qui le guettaient depuis le début de la décennie s’abattirent sur lui par deux mots : cancer et trahison. Le mal touchant sa mère adorée, sa seule famille, le cueillit de plein fouet et les tromperies répétées de son amoureux le mirent à genoux. Célibataire de nouveau, il n’eut plus alors qu’un but : aider sa mère à vaincre cette saleté de crabe dans un premier temps puis tout donner pour l’accompagner jusqu’au bout face au diagnostic implacable. Plus proches que jamais, la mère et le fils se confièrent alors leurs secrets les plus inavouables, c’est ainsi qu’il appris que son père n’avait jamais été un inconnu… Qu’il était même très connu dans certains milieux richissimes… Cela ne l’empêcha pas de se sentir définitivement orphelin le jour où il accompagna sa mère vers sa dernière demeure, non sans jurer sur sa tombe qu’il ferait payer à cet homme dont il avait hérité des gênes le comportement ignoble qu’il avait eu à l’époque envers la jeune et innocente Susan.
Ce fut ce jour de 2019, alors qu’il quittait le cimetière, entouré de ses amis mais plus seul que jamais, que son regard fut attiré par une petite boule de poil mouillée qui gémissait dans un caniveau, à peine dissimulée sous une voiture à l’arrêt. Se baissant, il saisit la pauvre bête et l’enveloppa dans son manteau. Ce soir là, au lieu de s’effondrer, il fit tout ce qu’il put pour réchauffer et sauver le petit rouquin à peine sevré, il allait continuer à prendre soin de lui les jours suivants, comme un défi lancé à la mort qui lui avait pris une vie… Lennon survécut et devint son alter ego, le seul, l’unique et le plus fidèle.

2022 Vers une nouvelle vie
BO : Alok feat John Martin – Wherever You Go
En ce premier jour de janvier 2022, lunettes de soleil sur le nez, une caisse de transport avec un grand chat roux à la main, c’est un nouveau Boris qui s’avance pour monter dans un taxi dont le coffre déborde de ses bagages. Direction : Island Bay. Sur son passeport un nouveau nom et sur son compte en banque des chiffres avec plus de 0 qu’il n’en a jamais eu. Si cet argent et ce nom lui reviennent certes de droit, comment les a-t-il obtenus ? Ceci est une autre histoire…
La seule chose dont il est certain c’est qu’une nouvelle vie s’offre à lui, il est libre de devenir celui qu’il a toujours voulu être, libéré des ombres du passé, prêt à saisir la vie à pleines dents et à rire à gorge déployée… Pour oublier ses cicatrices et ce petit bout de cœur qu’il a laissé dans un cimetière londonien...