party in the elevator. (vesper)

C’est assez rare que Vesper traîne sur VR Chat. Notamment parce qu’elle a souvent l’impression que la moyenne d’âge sur ce truc n’est pas bien élevée. Ont-ils seulement la vingtaine ? Rien n’est moins sûr… Mais le fait est que ça peut donner lieu à des situations des plus cocasses, ce qui est souvent drôle. Alors une fois, de temps en temps, la blonde aime bien enfiler son casque – celui de Rafa, en vérité - et rejoindre d’autres personnes qui ont ce même objectif. En dépit de l’avatar derrière lequel elle se cache, elle sent bien qu’il y a en effet une différence d’âge assez marquée avec les autres, mais elle tâche de la mettre de côté le temps d’un instant. C’est alors qu’elle tombe sur un salon particulier qui a pour hôte une sorte de poupée un peu gothique. Bien que l’icône de micro ne s’affiche, la texane imagine que c’est elle qui se met à lui parler, à lui donner des coordonnées, un point qu’elle doit rejoindre. Pas qu’elle, bien sûr, tous les gens du salon, probablement. Car pour Vesper, il ne s’agit que d’une communication un peu hasardeuse pour une fête. Une fête pour jeunes, à n’en pas douter. Elle n’avait pas l’intention de s’y intéresser jusqu’à ce qu’elle se rende compte, après une rapide recherche, que l’adresse qu’on lui donnait se trouvait tout près. Et ça, c’est fou parce qu’il lui semble qu’on peut rencontrer des gens de tous horizons sur ce genre de trucs.

C’est ce qui la décide à aller voir d’un peu plus près, d’ailleurs. Enfin, « tout près », tout est relatif puisqu’il lui faut tout de même prendre un taxi jusqu’à Wellington. Mais on ne peut pas non plus dire que Wellington, c’est l’autre bout du monde. Et elle finit par le trouver sans trop de souci. En même temps, c’est un hôtel de la branche Hilton, donc on peut supposer que ces gens ont mis le paquet pour qu’il soit bien situé. A vrai dire, Vesper n’en sait trop bien, c’est quelque chose à laquelle elle ne fait pas attention. Et une fois sur place, quelle n’est pas sa surprise de tomber sur Nisha. Nisha est sa cartomancienne attitrée. Enfin presque. Mais en dehors de ça, elle est jeune et on revient encore là-dessus mais il s’agit très certainement d’une fête pour jeunes, donc ça ne devrait probablement pas la surprendre à ce point.
« Tiens, salut ! T’es venue faire la fête, toi aussi ? »

Les esprits ? Vesper n’a jamais trop su comment se positionner face à tout ça, à mi-chemin entre « ça pourrait exister » et « jamais de la vie », mais elle se doute que Nisha sait parfaitement où se placer, elle. Car elle ne doit pas croire qu’en ce que lui disent les cartes, non, un peu comme une sorte de package, ça vient généralement avec une tripotée d’autres croyances. Auxquelles la texane n’y connaît pas grand-chose étant donné qu’en ce qui la concerne, c’est surtout au destin qu’elle croit ; tout est écrit et si vous pensez avoir réellement un libre-arbitre, alors vous vous foutez le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Dans tous les cas, la blonde rit avec Nisha puis acquiesce. Elle aussi se demande bien comment on peut commencer à jouer. D’autant que personne ne vient à leur rencontre pour leur expliquer quoi que ce soit. Pas même la vieille chouette qui se trouve à la réception. Heureusement que sa cartomancienne est là pour prendre les choses en main et qu’elle se dirige alors vers elle, Vesper sur ses talons afin d’avoir de plus amples informations. Sans ouvrir la bouche, celle-ci lui balance une feuille sur laquelle sont écrites les instructions. D’accord, elle bosse peut-être de nuit et comme la jeune femme vient de le faire remarquer, ce n’est sans doute pas très drôle mais tout de même, un peu de respect ?
« Trop aimable, vraiment… »
Qu’elle lance en levant les yeux au ciel avant de se pencher un peu pour lire par-dessus l’épaule de Nisha. Le treizième étage… La texane lève les yeux et regarde les chiffres indiqués au-dessus des portes de l’ascenseur. Pas de numéro treize. Par superstition, beaucoup d’architectes se sont cru obligés de sauter cet étage dans bon nombre d’hôtels, d’hôpitaux et autres buildings. De peur que cet étage n’attire que le malheur, sans doute. Pas besoin de ça, ils ont raison. Mais c’est difficile de savoir si le nombre treize est censé plus porter malheur que bonheur alors elle trouve ça un peu idiot aussi. Vesper affiche une moue dubitative.
« On pourrait prendre le risque de poser la question à cette vieille mégère mais je suis à peu près sûre qu’elle ne nous répondrait même pas. »
Le meilleur moyen de le savoir est encore de monter. Sans hésiter plus longtemps, la blonde appuie sur le bouton d’appel.
« Allons voir ça. On va s’arrêter au douzième et voir si on peut trouver un étage caché entre les deux. »
Les portes s’ouvrent, elle pénètre dans la cabine et appuie sur le bouton du douzième.
« Tu sais à quoi ça me fait penser tout ça ? A une ancienne attraction de Disneyland : la Tower of Terror. Si ça se trouve, on va vraiment finir dans la Twilight Zone ? »
Perspective à la fois excitante et effrayante.

Un étage entièrement dédié à la criminalité ? Ça lui semble à la fois tiré par les cheveux et très ingénieux. Si elle était une criminelle, il y a fort à parier qu’elle abuserait de la stupidité des gens pour installer son QG en pleine lumière tout en en rajoutant une couche comme quoi l’étage est hanté, oui, oui, bien sûr, faut surtout pas y traîner. Mais si c’est le cas et si ce treizième étage existe bien, alors on doit forcément s’en douter car le temps de passer du douzième au quatorzième doit être deux fois plus long. Finalement, avant de se lancer dans toutes recherches, Vesper estime que le mieux à faire est encore de commencer par vérifier ce détail. Distraitement, elle appuie sur le bouton du douzième puisque c’était son plan initial. Et, une fois que les portes sur furent refermées sur elles, débute l’ascension. Comment se termine Twilight Zone ? Une petite grimace vient déformer les traits de la texane.
« Mal en général. »
Loin d’elle l’idée de jouer les oiseaux de mauvais augure mais Twilight Zone fait partie de ces séries qui vous laissent un arrière-goût doux amer. Qu’est-ce que c’est cool ! Mais qu’est-ce que c’est déprimant aussi. D’autant qu’elle ne croit pas se rappeler d’avoir vu un seul épisode où les protagonistes en sortent, de cette zone.

A la possibilité qu’évoque Nisha, Vesper se dit qu’il n’est pas improbable qu’elles soient les seules à être tombées dans le panneau, en effet. Et qu’il s’agisse d’une farce. Ce à quoi elle hausse d’ailleurs les épaules.
« Ça se peut. Mais je t’avoue que je ne m’attends pas à grand-chose, pour ne pas dire à rien alors je ne serai pas vraiment déçue s’il n’y a vraiment rien. »
Elle se contenterait alors de rentrer chez elle comme elle était venue, voilà tout. Les portes s’ouvrent donc sur le douzième et la blonde inspecte le couloir qui s’étend devant elles en vitesse : rien d’anormal. Mais avant de sortir, elle retient Nisha d’un geste de la main.
« Attends, on va vérifier quelque chose d’abord. »
Elle appuie ensuite sur le bouton de l’étage suivant, c’est-à-dire celui du quatorzième et fait attention au temps que met l’ascenseur pour les y emmener. Plus long. Elle regarde la jeune femme et, d’un air entendu, hoche la tête.
« Maintenant on est sûres que ce treizième étage existe bel et bien. »
Ce qui est complètement idiot de la part de l’architecte du bâtiment, mais soit. Elle sort de l’ascenseur et s’avance dans le couloir mais n’a en revanche aucune idée d’où commencer à chercher.

Comment accéder au treizième étage ? Voilà la grande question de la soirée. Inutile de ne serait-ce que songer à détériorer l’hôtel, c’est certainement au poste de police qu’elles la termineraient, la soirée, si elles essayaient de faire ça. Pour l’instant, personne d’autre dans le couloir que le chariot d’une femme de ménage. Et pendant que Nisha s’empare d’un verre pour mieux entendre ce qui se trame en-dessous, Vesper fouille en vitesse le petit chariot. Rien. Pas de passe, pas de clé d’accès ouvrant la porte de toutes les chambres car il serait trop encombrant de se balader avec un trousseau de clefs aussi énorme. Et surtout, quelle perte de temps de devoir trouver quelle clef correspond à quelle serrure. La texane ne s’attendait pas à croiser la femme de ménage allant avec le charriot à cette heure et pourtant, elle est là. A leurs côtés, comme si elle avait entendu le bruit qu’elles étaient en train de faire et qu’elle avait décidé de rappliquer. Raison pour laquelle elle s’éloigne dudit charriot et fait comme si rien n’était. Nisha engage la conversation et Vesper fait mine d’écouter tout en observant scrupuleusement la bonne femme. Si la carte ou le passe ne se trouve pas sur le chariot, alors elle l’a forcément sur elle. Et bingo, elle voit alors une carte magnétique, accrochée à sa ceinture. Ah. Voilà qui pose problème. Surtout qu’elle n’a rien d’une pickpocket. Mais que Nisha continue de l’occuper, surtout.

La blonde la contourne pour se placer dans son dos et, restant à bonne distance, tend le bras pour se saisir de la carte. Bien, plus qu’à la décrocher. En douceur afin de ne pas éveiller les soupçons. Elle sent la sueur envahir un peu son visage, comme si elle était en train de désamorcer une bombe. Puis c’est de nouveau à elle que sa complice s’adresse, lui proposant d’appuyer sur le 1 et le 3 de l’ascenseur en espérant tomber sur l’étage correspondant.
« Ouais, ça me semble être une bonne idée, on peut carrément essayer ça ! »
Là-dessus, elle tourne les talons pour regagner l’ascenseur et y attend Nisha. Dans un premier temps, elle la laisse essayer d’appuyer sur les boutons. Ce qui a l’air de faire un peu buguer l’ascenseur dont les portes s’ouvrent et se ferment sans que la cabine veuille bien monter ou descendre. Vesper sort donc la carte de sa poche arrière et la montre à son amie.
« J’ai récupéré ça sur la femme de ménage. Est-ce que tu vois un endroit où on pourrait l’insérer ? »

Pour une fois, c’est Vesper qui se la joue cartésienne. Bien qu’elle aime assez l’idée des portes, voire même carrément de toute la cabine d’ascenseur possédée, c’est une idée qui lui plaît bien mieux dans une attraction de Disneyland qu’en vrai. Elle pense que c’est plutôt dû au fait qu’elles aient essayé d’appuyer sur le un et sur le trois en même temps ; l’ascenseur n’a pas dû aimer, ne sachant plus si c’est au premier ou au troisième qu’il doit se rendre. Alors qu’elle demande à Nisha si elle voit un endroit où insérer la carte, la blonde cherche aussi. Mais c’est son amie qui trouve le boîtier avant elle, quelque peu dissimulé. Elle le lui désigne et la texane en approche la carte magnétique. A trois, elle acquiesce pour monter qu’elle a compris et attend le compte. Quand vient le trois, elle insère donc la carte dans la fente et un petit écran lumineux apparaît alors, semblant enregistrer le treize que Nisha vient de « taper » à l’aide des boutons. Les lumières clignotent mais l’ascenseur se met en branle pour descendre d’un étage. Les portes s’ouvrent à nouveau. Sur un couloir un peu différent du précédent étant donné qu’il n’y a pas de lumière à cet étage. Sans doute parce que personne n’est censé venir s’y perdre et qu’il faut par conséquent l’activer manuellement. S’avançant, elle tâtonne au niveau du mur afin de trouver un interrupteur puis se rappelle qu’elle a un téléphone portable et qu’elle peut se servir de son application lampe de poche pour voir plus clair. Ce qu’elle fait.
« Là ! Que la lumière soit. »
Sans perdre une seconde, elle actionne l’interrupteur pour s’apercevoir que l’étage à l’air en travaux.
« Hm tu crois qu’ils se sont décidés à enfin l’ouvrir au public et que c’est pour ça, tout ce chantier ? »
Ça l’étonnerait mais on ne sait jamais. Bien, maintenant qu’elles sont là, que doivent-elle chercher ? Voilà la grande question. Vesper pousse la première porte qu’elle rencontre. Celle-ci s’ouvre, n’étant pas verrouillée. Rien de plus qu’une chambre vide dont les murs en placo ne sont même pas peints.
« Je sais pas ce qu’on cherche exactement mais ça doit pas être là, en tout cas. Essayons une autre. »
Ce qu’elle s’apprête à faire avec la porte voisine au moment où elle entend le bruit de quelque chose d’assez lourd qui tombe par terre, à l’autre bout du couloir.

Intriguée par ce bruit qu’elle vient d’entendre à l’autre bout du couloir, Vesper ne prête pas tout de suite attention au SMS qu’elle vient de recevoir. Qu’elles viennent toutes les deux de recevoir, à en croire l’alerte du portable de Nisha aussi. De toute manière, si l’une des deux le lit, l’autre n’en a pas forcément besoin, donc elle laisse son amie s’en charger. Une boîte. C’est sans doute ce qu’elles sont censées trouver.
« Manquerait plus que ça soit à une attaque terroriste qu’on est en train de participer sans le savoir. »
D’accord, la texane ne s’y connaît pas tellement en matière de terrorisme et elle ne peut absolument pas dire si c’est de cette manière qu’ils opèrent, mais s’ils sont assez sadiques pour ça alors pourquoi pas ?
« Suis-moi, j’ai entendu du bruit par là-bas et j’aimerais m’assurer que quelqu’un n’est pas en train de s’y cacher. »
Puis qui sait ? Peut-être bien qu’elles trouveraient ce qui ressemble fort à un cadeau au détour de ce couloir. Tandis qu’elles avancent prudemment, Vesper réfléchit sérieusement à la question que Nisha vient de lui poser. Si elle croit au paranormal ? Vaste question sur laquelle la blonde ne s’est encore jamais penchée aussi sérieusement.
« Ça dépend de ce que tu entends par-là, je suppose ? Tu veux dire les esprits, les démons, ce genre de choses ? Et toi, t’y crois ? »
Parce qu’elle ne croit pas tout à fait aux esprits – disons qu’elle pourrait, à condition d’avoir une preuve un peu plus concrète que des images abîmées d’une vidéo tournée en parfait amateur -, et n’étant pas particulièrement croyante, ça lui paraît pratiquement contre nature de croire à n’importe quel démon, hormis ceux que les humains se créent eux-mêmes. Pourtant, on ne peut pas vraiment dire qu’elle soit des plus cartésiennes non plus, elle qui voit de temps en temps une cartomancienne… Quand elle parlait de ça, il arrivait souvent qu’on lui dise que tout ça c’était des conneries, rien d’autre que du vent. Mais rien n’y faisait, elle continuait de croire dure comme fer que tout était écrit, qu’il n’y avait qu’à voir et comprendre les signes. Bref, elles arrivent au bout du couloir et la lumière du téléphone de Vesper tombe sur quelque chose au sol. Vraisemblablement ce qui a fait tout ce bruit tout à l’heure : la boîte, le cadeau. Et personne dans les parages, bien sûr. Mais il n’est pas vraiment difficile de s’imaginer jouer à cache-cache dans un tel endroit.
« Bon, y a plus qu’à croiser les doigts pour que ça soit pas une tête fraîchement tranchée à l’intérieur. »