the start of something new (thea) mois du challenge

Enfin débarrassée de ses cours pour la semaine, Abby est trop heureuse de quitter l’université. Cheveux épais qui volent au vent, elle est bien décidée à profiter de son week-end comme il se doit. Déjà, elle pense à sa planche de surf qui l’attend bien sagement à la maison. Mais avant, elle doit passer en centre-ville, car elle a dans l’idée de faire plaisir à sa mère avec ses plats préférés du traiteur du coin. Marchant d’un pas vif dans les rues de Center Bay, la jeune femme énumère dans sa tête tout ce qu’elle a envie de faire ce week-end : outre le surf, passer du temps avec Charli et les garçons, se rendre à une fête le lendemain soir, rattraper les derniers épisodes de sa série… Vie bien remplie, ses occupations ne manquent pas et elle s’en réjouit d’avance. D’ailleurs, elle n’est peut-être pas assez attentive à ce qui se passe autour d’elle, car la collision avec une autre personne est brutale. Bousculée sans qu’elle comprenne par qui ni comment, Abby tombe lourdement, chutant sur le trottoir tandis que l’une de ses chevilles forme un angle pas très rassurant. Au sol, la brune sent ses yeux s’humidifier et elle s’en fustige aussitôt, car le sentiment de honte surpasse la douleur pour l’instant. Alors elle tente aussitôt de se relever, mais sans succès : c’est une exclamation sonore qui s’échappe de ses lèvres. « Aïe ! » Une grimace s’étale sur son visage tandis que sa main se faufile en direction de sa cheville gauche, qu’elle palpe comme si elle était une spécialiste alors qu’il n’en est rien. « Je… Je crois que je me suis fait mal à la cheville. » Abby ne sait pas bien à qui elle s’adresse, mais elle espère que quelqu’un autour pourra l’aider, car elle est toujours par terre à sa plus grande honte. Et la douleur se diffuse lentement dans son organisme. « Vie de merde. »

Face aux excuses d’une jeune femme, visiblement l’autre personne impliquée dans la collision, Abby esquisse un pâle sourire. Elle ne sait pas qui est responsable, mais en réalité elle veut juste se sortir de là. Difficile de trouver une solution un tant soit peu viable pour elle, mais son interlocutrice semble avoir déjà une idée bien précise. « À l’hôpital ? » répète-t-elle, la mine déconfite. Ça ne la tente pas beaucoup, d’autant plus qu’elle pense à sa mère. Mais a-t-elle vraiment le choix ? « Ou peut-être chez un médecin privé, si c’est plus près ? » Il faut dire que la brune s’en fiche pas mal de payer, merci papa et maman. Quoi qu’il en soit, l’autre fille semble bien décidée à l’aider. Abby se voit refourguer une boîte qui semble contenir des pâtisseries et, jetant un coup d’oeil autour d’elle, l’étudiante en droit est presque soulagée de constater que personne ne fait vraiment attention à eux. Sa chute est peut-être passée inaperçue, en tout cas ça l’arrangerait bien. « Bon, d’accord. Sinon, on risquerait de ressembler à des animaux. » Avec un peu d’appréhension, Abby grimpe sur le dos de la jeune femme, s’accroche doucement à son cou et resserre ses jambes autour d’elle pour être certaine de ne pas tomber. « Ça va, je suis pas trop lourde ? » Elles risquent d’avancer bien lentement, mais ce serait encore pire si elle s’obstinait à marcher à cloche-pieds. « Merci… Désolée si je gâche tes plans. C’est quoi, ton truc à manger ? » Elles sont peut-être toutes les deux responsables de la collision, mais la métisse espère quand même ne pas trop déranger l’autre fille. Et forcément, elle s’intéresse à ce qu’elle tient dans une main. « Au fait, moi c’est Abby. » Tant qu’à être ensemble quelques minutes, autant se présenter l’une à l’autre.

« Tu penses ? D’accord, c’est comme tu préfères… Après tout, c’est toi qui diriges. » Abby s’est fait blessée à la cheville, alors tant qu’à faire, autant plaisanter un peu. Rajouter une touche d’humour à la situation ne fait jamais de mal, d’autant qu’elle se sent un peu mal à l’aise d’être ainsi perchée sur le dos d’une inconnue. En plus, même si elle n’est ni très grande ni grosse, la métisse espère ne pas peser trop lourd. Son interlocutrice lui assure que tout va bien et en même temps, elles espèrent sans doute toutes les deux que ça durera le moins longtemps possible. Pendant ce temps, Abby engage la conversation, histoire de parler un peu pendant ce trajet pour le moins inhabituel. L’autre brune lui apprend qu’elle sort du travail et qu’elle n’a de toute façon pas prévu grand-chose, à part déguster des pâtisseries. « Oh, tu bosses dans le coin ? Où ça ? » La proposition, en tout cas, sonne d’une manière alléchante à ses oreilles. « Alors là, c’est pas moi qui vais dire non ! Je suis sûre que le plus difficile, ce sera de choisir. Et puis il faut bien trouver du bon dans chaque situation, non ? » Un léger rire s’échappe de ses lèvres, parce qu’encore une fois, mieux vaut en rire qu’en pleurer. « Enchantée, Thea… Même si comme tu dis, j’aurais préféré que ce soit en d’autres circonstances. » Au moins, elle pourra se consoler avec une pâtisserie et Thea semble plutôt sympathique. La Hallenstein espère seulement que ce n’est rien de grave avec sa cheville, mais de toute façon elle va bientôt le savoir. « On est bientôt arrivées. » Et elle appréhende un peu l’atterrissage ainsi que l’auscultation, mais c’est un mauvais à passer et dans quelques semaines, ce sera sûrement tout à fait passé.