baby step forward (keila&romi - vie alternative)

Voilà plus de trois mois que je m’occupe de la sécurité de Romi, sur les ordres de son père. Visiblement, l’enquête est en cours, et nous n’avons pas plus d’informations pour le moment, il faut donc prendre notre mal en patience. Ce n’est évident ni pour elle ni pour moi, même si j’ai bien conscience que ce soit pire pour elle. Moi, c’est mon métier, j’ai fait un croix sur ma vie privée il y a longtemps, quand j’ai décidé de protéger des gens, leur offrir une couverture pour éviter le pire. Mais Romi elle, n’a fait aucun choix, elle se contente de subir. Je fais en sorte qu’elle ne soit pas trop étouffée par ma présence, j’essaie de me faire toute petite chaque fois que j’en ai l’occasion. Mais malheureusement, tant que cette enquête n’est pas résolue, je me dois d’être avec elle tout le temps. Il n’y a que chez elle que nous pouvons avoir un peu plus d’intimité, chacune de notre côté, sans avoir besoin de jouer ce rôle de couple. J’apprécie beaucoup la jeune femme, même si mon jugement est sûrement biaisé par le côté professionnel de notre relation. C’est un fait. Pour autant, je ne veux pas qu’elle s’empêche de vivre parce que je suis là.
Ce soir, elle avait refusé une invitation à l’anniversaire d’un de ses amis. En général, je suis rassurée qu’elle ne me fasse pas travailler dans ce genre de condition, parce que ça me demande beaucoup beaucoup d’efforts, d’attention, je dois être beaucoup plus vigilante. Pourtant ce soir, j’ai décidé de lui accorder cette soirée. Elle ne s’y attend pas. Je frappe quelques coups à la porte de sa chambre et attends qu’elle me donne le feu vert pour ouvrir. La petite Lilly est avec ses grands parents pendant une semaine, autant en profiter. « Tu t’habilles, on sort ce soir. » elle se doute bien que je veux parler de l’anniversaire de son ami. « La seule condition, c’est qu’on se lâche pas d’une semelle. » Je lui offre un léger sourire, espérant qu’elle accepte de faire cet effort, pour pouvoir sortir et que je sois un peu plus tranquille. Je n’ai pas envie de lui courir après, si le danger rôde.

[ MARQUAGE STAFF : comptage des points (ne pas effacer)]

baby step forward (va)
crédit/ tumblr ✶ w/keila

Finalement, les journées se suivent et se ressemblent. Néanmoins, depuis la dernière fois où je me suis plainte – le même jour où j'ai appris qu'il y avait des améliorations dans l'enquête, j'essaye de voir les choses du bon côté. Ou d'un meilleur angle au moins. Avec un peu de chance, ce n'est plus qu'une question de jours. C'est d'ailleurs pour cela que je prends un peu plus sur moi et que c'est plus facilement que j'ai décliné une invitation pour l'anniversaire d'un ami. Bien sûr, je suis un peu triste de rester ici, mais je me dis que la prochaine fois, les choses seront différentes. Pendant que je fais un peu de rangement dans mon armoire – Lilly n'est pas là, alors autant en profiter –, Keila vient frapper à la porte de ma chambre. Je l'invite à entrer, persuadée que nous allons parler de ce que nous voulons manger ce soir. Néanmoins, notre discussion prend une tout autre tournure avec ce qu'elle me propose. « Vraiment ? » Je sais que cette soirée ne l'emballe pas, alors avant de trop m'emballer, je préfère être certaine de sa décision. « Tu es sûre ? Je ne voudrais pas que tu regrettes ton choix plus tard. Passer ma soirée ici, ça me va. » C'est bien moins exotique, mais j'ai commencé à m'y faire maintenant. Avec le regard que la brune m’offre, je comprends qu’elle est sûre d’elle. À partir de là, un large sourire se dessine sur mes lèvres. Je me rapproche un peu de la garde du corps et dépose un tendre baiser sur sa joue. « Merci ! Je vais me changer ! » Avec un peu de chance, si je me dépêche, nous ne serons même pas en retard. La brune quitte la pièce et je commence à fouiller dans mon armoire à la recherche d’une tenue. Après plusieurs minutes – peut-être trop longues pour Keila, je sors de ma chambre et descends les escaliers, vêtue d’une longue robe rouge, coiffée et maquillée comme j’ai l’habitude de le faire pour les soirées de gala. « Ça va ? Je ne ressemble pas trop à une sorcière ? » Ce serait dommage qu’avec le temps, j’ai perdu un peu la main ou alors que ma tenue soit un peu trop excessive pour ce qui nous attend ce soir. Alors que je descends les dernières marches, je me souviens de la phrase qu’elle m’a dite un peu plus tôt. « Promis, je ne te lâcherais pas d’une semelle. » J’ai le sentiment que je ne risquerais rien là-bas, mais elle fait un effort pour moi, alors je peux bien en faire un pour elle aussi. « Nous pouvons y aller. »

« Vraiment ? » me demande-t-elle, véritablement surprise de ce revirement de situation. En réalité, ça n’en est pas vraiment un puisque je n’avais pas eu besoin de lui demander de refuser l’invitation, elle l’avait fait d’elle même. La jeune femme tente tout de même de vérifier que je suis sûre de ma décision, et j’appuie d’un hochement de tête. Je vois une nouvelle énergie dans son regard, et je suis contente de lui faire plaisir, même si je sais que je vais devoir bosser bien plus en étant à cette soirée. Après tout, j’aurai pu tomber sur quelqu’un de bien plus difficile à gérer, qui ne m’aurait même pas laissé le choix, ou n’aurait pas suivi la plupart de mes recommandations. Romi n’est pas une cliente délicate, et je suis contente d’être tombée sur elle. Maintenant qu’elle a accepté, je file aussi de mon côté trouver quelque chose d’un peu habillé. Je ne suis pas obligée, mais je sens que la jeune femme va faire un effort sur sa tenue, et je ne veux pas avoir l’air d’une guenille à côté. Pas que je sois du genre à m’habiller n’importe comment, mais j’aime le simple et le pratique.
Je choisis une combinaison fluide, bleue marine, accompagnée d’une paire d’escarpins. Je n’en fais pas des caisses sur le maquillage, je n’ai pas envie d’être le centre de l’attention, ce n’est pas dans mon caractère. Et c’est même contre productif vu le planning de la soirée. Mais à l’inverse de moi, Romi met le paquet. Lorsqu’elle descend les escaliers, j’ai l’impression d’avoir une vision, d’être dans un dessin animé avec une princesse qui descend les marches. Je me retrouve un peu conne, et secoue la tête pour moi-même, pour me remettre le cerveau en place. « Non c’est… parfait. Tu es très belle. » J’en ai un peu perdu mon latin. Je retrouve mon sac dans lequel je glisse une arme blanche, sait-on jamais. « Promis, je ne te lâcherais pas d’une semelle. » me dit-elle en réponse à ma seule recommandation. « J’espère bien. » Je décide de commander un taxi pour ne pas avoir à prendre le volant en rentrant. Je ne boirai pas une goutte d’alcool, je suis au boulot, et c’est contre indiqué.
Une fois sur place, je glisse une main dans le creux des reins de la jeune femme, gardant l’oeil un peu partout. « Je te suis. Si jamais tu as le moindre doute sur n’importe quoi, surtout préviens-moi. » Je lui adresse un regard appuyé, et y ajouter un léger sourire, pour la rassurer. J’espère que tout se passera bien.

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Si je crains que ma tenue ne convient pas pour ce soir, ce doute est vite balayé grâce au compliment que la jeune femme me fait. Si d’un point de vue extérieur ça va, alors c’est sûrement le cas. Nous n’attendons pas plus longtemps pour envisager de partir. Exceptionnellement, c’est un taxi qui nous emmène jusqu’au lieu de rendez-vous. Arrivées là-bas, Keila me demande de rester sur mes gardes et de la prévenir en cas de problème. « À vos ordres madame ! Que ce soit surnaturel ou non, je reste à l’affût de la moindre bizarrerie. » Je plaisante un peu de cela, mais la brune peut être sûre que je prends cela très au sérieux. Un peu plus jeune que moi, Keith fête ses trente ans et autant dire qu’il a vu les choses en grand – en terme de décoration, mais aussi d’invités. Ici, pour se mêler à la foule, c’est parfait. Cependant, ça multiplie aussi les menaces et je crains que la soirée de Keila se complique. Nous nous avançons dans le grand bâtiment et rapidement, l’organisateur nous remarque. « Romi ! Keila ! Quelle surprise ! Je ne pensais pas vous voir ce soir. » Dit-il, tout en quittant le groupe d’amis avec qui il se trouvait. « Nous n’avions pas Lilly avec nous, alors c’était l’occasion ou jamais. » Pour mes collègues, la brune est ma petite amie. C’est aussi le cas pour un grand nombre de personnes autour de moi, Keith ne fait pas exception à la règle. « Joyeux anniversaire ! » Je m’avance vers lui et lui offre une tendre accolade. Très vite demandé ailleurs, le jeune homme nous laisse, en nous demandant au passage de profiter de la soirée et de tout ce qu’il y a. Je vais saluer quelques amis et prends ensuite la direction du buffet, la garde du corps jamais trop loin de moi. Alors que ça fait maintenant deux heures que nous sommes ici et que je vois les regards de Keila aux alentours, je décide de lui offre un peu de répit – de mon point de vue, du sien, ce sera sûrement une autre histoire. « Est-ce que tu m’accordes cette danse ? » Ici encore, nous sommes un couple, alors autant jouer la comédie à la perfection. La brune accepte. Nous posons nos verres sur l’une des tables et j’attrape sa main pour l’emmener avec moi sur la piste de danse installée pour l’occasion. C’est une musique calme qui passe et ce n’est sûrement pas plus mal, cela évitera le trop plein d’animation autour de nous. Au milieu de la piste, je viens me rapprocher de la brune et glisser mes bras autour de son cou. La proximité entre nous est devenue habituelle entre nous et pourtant, ça me fait toujours quelque chose. À quelques centimètres de son oreille, je me permets un compliment que j’ai oublié de lui rendre tout à l’heure. « Tu es très belle aussi. »

Arrivées à la soirée, je demande à Romi de me prévenir si elle ressent, voit, entend quelque chose d’anormal. « À vos ordres madame ! Que ce soit surnaturel ou non, je reste à l’affût de la moindre bizarrerie. » Je ris légèrement, essayant de me détendre même si je sais que cette soirée ne sera pas de tout repos. Nous arrivons à la soirée comme un couple, jouer le jeu n’est pas désagréable, et encore moins difficile. L’ôte de la soirée vient nous saluer, visiblement heureux de notre venue. Je ne l’ai croisé qu’une fois, mais de toute évidence il a retenu mon prénom. Je lui offre un large sourire, réponds à l’accolade qu’il m’offre, et nous pouvons entrer pour participer à la fête. Il a vu les choses en grand, et ce n’est pas pour m’arranger. J’observe absolument tout, restant très à l’affut, reposant régulièrement mon regard sur Romi. En même temps, je dois jouer le jeu de la petite amie amoureuse, et jouer sur les deux tableaux n’est pas le plus évident.
Après deux bonnes heures, Romi s’approche pour me proposer « Est-ce que tu m’accordes cette danse ? » Oh. Vraiment ? On est obligées d’en arriver là ? Pas que je n’aime pas danser, pas que danser avec elle serait agréable, mais est-ce que… bon. D’accord. J’accepte et la suis jusqu’à l’endroit où les gens dansent, lorsqu’une musique plus lascive sort dans les enceintes. Elle s’approche et vient entourer mon cou de ses bras, pendant que je viens poser mes mains dans son dos. Je ne peux me comporter avec distance, elle est censée être ma petite amie. Et je ne compte pas en profiter pour autant. « Tu es très belle aussi. » Glisse-t-elle à mon oreille, alors que je sens un frisson me parcourir. Merde. Je la remercie simplement, et nous continuons de danser. La première minute, je reste attentive à ce qu’il se passe autour de nous. Et assez vite, j’arrive à me détacher de ce rôle pour prendre un peu plus de plaisir, ici, dansant lentement, Romi dans mes bras. « Après ça, je crois qu’on pourra prétendre à une carrière d’actrices. » lui dis-je dans un sourire alors que je me décale juste assez pour pouvoir plonger mon regard dans le sien. « Ce serait un beau discours à la cérémonie des oscars… » Je ris légèrement, avant de dangereusement glisser mon regard sur ses lèvres. Mauvaise idée. Et pourtant, perdue entre le jeu et la réalité, je m’approche pour venir l’embrasser. Je ne réfléchis pas, ça va avec le reste, ce n’est qu’un jeu d’actrices bien rôdé. Bien sûr…

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La soirée s'éternise un peu et au fond de moi, je crois que je sens que Keila ne s'amuse même pas un petit peu. Ce n'est pas illogique, car elle est là pour travailler. Cependant, je ressens le besoin de lui offrir une échappatoire le temps de quelques minutes et pour cela, je ne trouve rien de mieux que de lui proposer une danse. Proposer est un bien grand mot puisque je ne lui laisse pas vraiment l'occasion de se défiler. Au milieu de la pièce, nous nous fondons assez bien dans la foule, tel le couple parfait que nous jouons depuis plusieurs mois. Je ne suis pas la seule à le remarquer puisque la jeune femme ose deux remarques à ce sujet. Je souris un peu, mais ce rictus est plus amer que d'habitude. Je crois que pendant un temps, je me suis demandée s'il n'y avait que de la comédie là-dessous et Keila m'a rapidement ramenée à la réalité. Pourtant, malgré cette idée de fausse relation, la brune se rapproche un peu de moi et m'embrasse. Je ne reste pas de marbre à face à ce geste et je laisse l'une de mes mains se glisser le long de la nuque de la jeune femme. Pour coller à ce jeu entre nous ou parce que je me suis laissée rattrapée par la réalité ? La réponse à cette question n'est sûrement pas celle qu'il faudrait. Quand nous retrouvons une certaine distance, celle que nous avions au début de la danse, je me risque à une question. « Est-ce qu'il est uniquement question de comédie ? » Emportée par ce moment, je laisse l'un de mes doigts caresser tendrement sa nuque. « Ce n'est sûrement pas l'endroit pour ça.. pardon. » Je baisse légèrement la tête. J'ai envie de parler et en même temps, je sais que ce n'est pas une bonne idée. « Tu es la première femme qui me regarde vraiment depuis.. » Depuis Alice. Et ce que je vois n'est sûrement qu'une mauvaise interprétation de la réalité : la brune est forcée de travailler à mes côtés et il n'est question de rien de plus que ça. La dernière fois où l'on m'a porté un peu d'attention remonte à un certain temps maintenant, alors mon jugement est forcément biaisé. « J'ai besoin de prendre l'air. » Si j'espère avoir un peu de temps seule, je me trompe. Malgré cette danse, malgré ce que je viens de dire, Keila travaille et ne peut pas me lâcher d'une semelle. Je me sépare de la jeune femme et quitte la piste de danser pour rejoindre l'une des terrasses qui donne sur le jardin.

Je ne sais pas vraiment pourquoi je me laisse aller comme ça, je ne réfléchis pas vraiment en réalité. Cet échange est agréable, peut-être même un peu trop, d’ailleurs. Romi se laisse entraîner et je finis par mettre un terme à notre baiser avant que ça n’aille trop loin. Aux yeux de tous, il n’y a rien d’anormal, mais pour nous, c’est une autre affaire. « Est-ce qu'il est uniquement question de comédie ? » me demande-t-elle alors que le bout de ses doigts parcourent encore ma nuque. Je me sens bête d’avoir initié ce baiser, d’avoir laissé mon envie du moment prendre le pas sur mon professionnalisme. Jusque là, nos échanges de tendresse n’étaient que pour donner le change et faire quoi à qui voudrait bien l’entendre que nous sommes un couple épanoui, même si c’est faux. Ce soir, je l’ai embrassée parce que j’en avais envie, non pour les besoins de notre couverture. Et je sens que j’ai dépassé une limite que je n’aurai pas dû. « Ce n'est sûrement pas l'endroit pour ça.. pardon. » Merde. Ça l’a bouleversée, et je n’avais pas prévu une telle réaction de sa part. Quelle conne. « Tu es la première femme qui me regarde vraiment depuis.. » Ma gorge se serre, mon coeur aussi. Elle m’échappe. Merde merde merde. « J'ai besoin de prendre l'air. » « Attends, Romi… » J’hésite un court instant entre la laisser tranquille, quitte à prendre le risque qu’il arrive quelque chose, ou continuer mon travail comme je l’ai toujours fait, coûte que coûte. Sauf que ce soir, j’estime avoir fait une faute, et je m’en veux.
Je rejoins la jeune femme à l’extérieur, lui laissant juste un peu d’air un instant, avant de la rejoindre. « Je suis désolée… J’aurai pas dû, je me suis laissée emporter je… » Je soupire et m’accoude sur la rambarde, le regard au loin. « Pour être honnête, non, il n’était pas question de comédie. Mais tu sais aussi bien que moi que ça pourrait compromettre beaucoup de choses… » Même si au fond de moi, j’aurai envie de tenter l’aventure. « Je ne sais pas si j’aurai autant de recul, si je me laissais aller à une vraie histoire… » Je soupire un peu tout en me pinçant les lèvres. « J’ai pas envie de te blesser, Romi. Tu mérites quelqu’un qui prendra soin de toi, après tout ce que tu as vécu… » Et je ne suis pas sûre d’être cette personne…

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Cette proximité entre nous n’est pas vraiment une découverte. Pourtant, cette fois-ci, tout semble différent et je ne sais pas si c’est vraiment une bonne chose : je ne peux pas m’attacher à elle, je n’en ai pas le droit, ça ne ferait pas bon ménage. Ayant besoin de m’aérer un peu l’esprit, je décide de quitter la pièce pour rejoindre l’une des terrasses extérieures. « Tu n’es pas la seule responsable Keila. » Dis-je, en réponse à ses excuses. Malheureusement, ça ne suffit pas à effacer tout cela et ce n’est peut-être pas une si mauvaise chose. Ce sentiment au fond de moi, ça fait maintenant plusieurs jours que je le ressens et il est peut-être mieux d’avoir une conversation, même si celle-ci ne sera sûrement pas agréable. Je n’avais pas complètement faux, il y avait autre chose que la comédie que l’on joue depuis plusieurs mois maintenant. Cependant, cela n’est pas censé changer ce qu’il y a entre nous. Du moins, c’est ce que je comprends dans ce qu’elle dit. « Mon père n’aurait pas dû nous demander de jouer un couple. Je crois qu’il n’a pas vraiment conscience de ce que ça peut faire aux gens. » Pour lui c'est simple, il ne pense qu'à l'image que l'on renvoie. Peut-être qu'il ne pensait pas que quelque chose était possible entre Keila et moi. Je ne le pensais pas non plus au début et pourtant.. Est-ce normal de commencer à ressentir des choses pour quelqu'un qui vit sous le même toit que moi ? Sûrement. Nous aurions peut-être dues être plus prudente, mettre une certaine distance entre nous dès le début. « Ce n'est plus qu'une question de semaines maintenant. » Ensemble, si tout va bien. Quelques semaines à résister à ce qui me pousse inlassablement vers elle. Seule avec elle, j'ai plusieurs scénarios qui me traversent l'esprit, mais aucun ne peut se produire ce soir. Je viens me mettre à côté d'elle, le dos appuyé contre la rambarde. « En m'autorisant cette soirée, tu t'attendais sûrement à autre chose. » Il y a quelques temps, je lui ai fait remarquer que je commençais à en avoir marre de tout cela et je me doute que c'est ce qui a influencé son choix aujourd'hui, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit si compliqué. Bientôt, je pourrais dire au revoir à la protection, au suivi constant et à la peur d'être écoutée, regardée. Mais ça va aussi vouloir dire que je devrais lui dire au revoir, à elle.

« Tu n’es pas la seule responsable Keila. » Peut-être, mais j’aurai pu me retenir de lui quérir ce baiser. Certes elle n’a pas refusé, mais j’ai initié le geste. « Mon père n’aurait pas dû nous demander de jouer un couple. Je crois qu’il n’a pas vraiment conscience de ce que ça peut faire aux gens. » J’esquisse un sourire léger. « Il ne pouvait pas se douter qu’on se plairait… » Parce que c’est le cas. De mon côté c’est une certitude, et je crois comprendre que c’est réciproque. Mais on sait toutes les deux que continuer sur cette lancée n’est pas une bonne idée. Pourtant je le savais bien avant de l’embrasser tout à l’heure, et ça ne m’a pas empêché de flancher. « Ce n'est plus qu'une question de semaines maintenant. » finit-elle par lâcher, attirant mon regard à elle. Une question de semaine pour ? Ah… que je sorte de sa vie. Oui. effectivement. Un pincement douloureux se fait sentir dans ma cage thoracique, mais je fais mine de rien. « En m'autorisant cette soirée, tu t'attendais sûrement à autre chose. » Je soupire un peu et secoue cette fois la tête. Je sens bien qu’elle n’est pas à l’aise, et je le comprends tout à fait. Cette situation n’est évidente pour personne. « Je ne m’attendais à rien, Romi. JE ne me suis jamais attendue à rien. » Depuis que j’ai accepté ma mission auprès d’elle, mon rôle était simplement de la protéger, coûte que coûte. Je n’aurai jamais pensé développer cette affection pour elle, et encore moins cette attirance. Je la regarde cette fois avec un peu plus d’insistance. « Les choses seront peut-être différentes, quand je ne travaillerai plus pour ton père. » Je ne sais pas ce que j’insinue, si même ce que j’espère, au fond de moi. Romi retrouvera sa liberté, et avec elle son envie de rencontrer quelqu’un, probablement. Je ne suis pas sûre de faire partie du voyage. « Tu veux rester ? Ou on rentre..? » Je veux lui laisser le choix, après tout, je suis ici ce soir uniquement pour elle.

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Espérer que les semaines passent vite, jusqu'à ce que la brune soit obligée de quitter ma vie, c'est une torture. Mais qui sait, peut-être qu'en arrêtant de travailler pour mon père, les choses seront différentes entre nous. C'est un point de vue que l'on semble partager. Pourtant, au fond de moi, j'ai l'impression que les choses ne seront pas aussi faciles, ce serait trop simple sinon. « Peut-être. » Ou alors, la brune sera envoyée ailleurs, à plusieurs centaines de kilomètres d'ici et nos chemins ne se recroiseront pas. Bien sûr, ce n'est pas ce que je souhaite, mais malheureusement, je n'ai pas le contrôle de tout cela. Après cet échange, le calme reprend place sur cette terrasse. Ce n'est que quelques minutes plus tard que Keila brise le silence en me demandant si je souhaite rester ou partir. « Je veux bien qu'on rentre. » Nous ne pourrons pas dire que nous avons dansé jusqu'au bout de la nuit, mais venir à cette soirée tient déjà du miracle, alors je vais me satisfaire de cela. Surtout que l’envie n’est plus vraiment là, il est donc inutile de se forcer. Keith m’a vu et ce n’est pas mon départ précipité qui va gâcher son anniversaire, c’est bien ça le plus important. Ensemble, nous retournons jusqu’à l’avant du bâtiment et nous attendons quelques minutes, jusqu’à ce qu’un taxi arrive. Comme l’attente, le trajet se passe dans un silence de plomb. Ce n’est qu’une fois de retour à la maison que j’ose lui adresser de nouveaux mots. « Bonne nuit Keila. » On aura sûrement connu mieux comme discussion, mais je ne pouvais pas aller me coucher sans échanger avec elle, sans lui montrer, en quelques sortes, que cette soirée ne changeait rien. Je lui offre un léger sourire, avant de tourner les talons et de me diriger à l’étage. Lilly aurait été là, je serais allée me glisser dans son lit. Mais là, c’est dans le mien que je dois aller et il n’a jamais été aussi vide, aussi froid. Remplie de doutes et de pensées diverses, il me faut un certain temps pour m’endormir. En réalité, ce n’est qu’une fois la brune sortie de mon esprit que j’arrive à rejoindre les bras de Morphée.