everything is fine (love)

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Pour se vider l'esprit, après trois jours passés à la caserne, il n'y a rien de mieux qu'une bonne séance de course à pied. Habitant à Island Bay depuis ma naissance, je connais assez bien les parcours a emprunter pour être tranquille. Bien souvent, par plaisir plus que par obligation, mes trajets se terminent sur la plage. Pour finir une séance, il n'y a rien de mieux que le bruit des vagues et l'air marin. Je ralentis doucement la cadence, jusqu'à finir par marcher sur le sable humide. Lorsque je regarde l'heure sur ma montre, je réalise que j'ai encore quelques minutes avant de devoir partir pour récupérer Lilly. Je réalise à quel point je suis chanceuse d'être aussi entourée, entre ma famille, celle d'Alice, mes amis et mes voisins, j'ai toujours quelqu'un qui se propose pour garder la petite fille, le temps que je puisse prendre soin de moi, physiquement et psychologiquement. Ce matin, c'est Toni qui s'est portée volontaire et à en voir le message que je viens de recevoir, il serait préférable que je ne tarde pas trop. Je remets ma musique et remonte la plage jusqu’au chemin en dalles – pour marcher, ce sera plus simple. Alors que je prends la direction de mon logement, mes yeux ne peuvent s’empêcher de se poser sur une jeune femme qui marche dans le sens inverse de moi. Plus nous nous rapprochons l’une de l’autre et plus elle me dit quelque chose. Arrivée à sa hauteur, ou presque, je m’arrête et ose lui poser la question. « Bonjour. Nous nous sommes déjà vues, non ? » Je plisse légèrement les yeux, comme si cela allait m’aider à trouver une réponse plus rapidement. Je suis mauvaise langue puisque rapidement, mon cerveau fait la connexion. « Si je ne me trompe pas, tu es la fille de l’incendie. La bonne samaritaine. » J’ai utilisé ce même mot le jour de notre rencontre, alors elle ne devrait pas mettre longtemps pour comprendre qui je suis. « Si tu es ici, c’est que les choses vont mieux pour toi. » À moins qu’elle ait fait le choix de quitter l’hôpital contre avis médical. Même si Island Bay n’est pas une aussi grande ville que Wellington, il est rare de tomber sur des victimes. Alors la voir ici, sur ses jambes, ça me fait plaisir, en quelque sorte.

Les semaines se succèdent les unes aux autres, sans que je ne vois vraiment le temps passer. Je pensais que ça irait lentement, que le deuil serait beaucoup plus douloureux. Il l’est, c’est un fait, mais j’arrive à peu près à m’en tirer. Je passe une bonne partie de mon temps sur cette appli de rencontre, et ce n’est pas forcément pour mon bien. Mais au moins, les jours passent et je ne pense pas trop à Scarlett.
Aujourd’hui, comme à peu près tous les jours, j’ai eu besoin d’aller m’aérer l’esprit à la plage. C’est assez dingue comme ça me ressource. A Los Angeles, je n’avais pas vraiment le temps pour ça, mais j’ai choisi de m’offrir une villa sur les hauteurs, avec vue sur l’immensité. C’est pas comme avoir une maison les pieds dans l’eau, mais je ne peux pas me plaindre, c’est un fait.
Les pieds nus qui traînent dans le sable fin, les mains dans les poches, je me laisse aller à des pensées toutes plus différentes les une des autres. Je ne fais pas attention à mon environnement, ça ressemble plus à une introspection. Et lorsque je relève les yeux, je croise le regard d’une femme qui vient dans ma direction. Pendant une seconde, je cherche où je l’ai déjà vue, mais ça me vient assez rapidement. On oublie pas la personne qui vous sauve la vie. Mon sourire s’élargit alors qu’elle s’adresse à moi. Etrangement, sa question ne me met pas mal à l’aise, comme souvent quand on me la pose. La sensation de m’avoir déjà vue quelque part, c’est fréquent. « Si je ne me trompe pas, tu es la fille de l’incendie. La bonne samaritaine. » Son ajout de dernière minute me fait sourire un peu davantage. Je hoche la tête. « Et tu es mon ange gardien. » D’un côté, c’est un peu ça, même si je ne pense pas qu’elle puisse toujours me surveiller et me sauver la vie. Je tenterai d’éviter ce genre de situation à l’avenir. « Si tu es ici, c’est que les choses vont mieux pour toi. » « Oh, je suis restée deux heures à l’hôpital, le temps de vérifier que tout allait bien. Et tout allait bien. Grâce à toi ! » Entre autre. Au voisin aussi qui a appelé les pompiers, parce que moi j’en étais incapable. « Merci encore, sans toi, mes petits pieds ne seraient pas en train de kiffer leur meilleure vie dans les sable de cette plage ! » Je ris un peu avant d’ajouter. « Et crois-moi, ils préfèrent ça à la piscine ! »

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Je ne pensais vraiment pas tomber sur cette jeune femme aujourd'hui, mais il faut croire que parfois, le destin met des gens sur notre route pour une bonne raison. Là, c'est sûrement pour que je sois rassurée : lors de nos interventions, nous faisons de notre mieux pour sauver les victimes, mais après ça, nous n'avons plus vraiment de nouvelles d'elles. Cette brune, je l'ai ramenée jusqu'à l'ambulance, alors forcément, son sort compte un minimum pour moi. Lorsqu'elle évoque la notion d'ange gardien, je suis sûre de parler à la bonne personne. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de rigoler à cela. Comme je m'y attendais, la jeune femme a été gardée en observations quelques heures à l'hôpital avant d'être relâchée. C'est généralement ce qui arrive pour les personnes qui n'ont pas subi de brûlures qui demandent des soins plus poussés. « Tu n'as pas à me remercier, je faisais juste mon travail. » Je suis payée pour ça, mais surtout, je le fais par passion. Il en faut bien dans ce monde, sinon ça ne serait pas beau à voir : la planète serait proche de l'apocalypse. « Mais je suppose que maintenant, tu réfléchiras à deux fois avant de t’aventurer dans un immeuble que tu ne connais pas. » Même si en réalité, qu’elle avait l’habitude de venir là ou non, ça n’aurait rien changé. Les incendies sont imprévisibles et peuvent survenir n’importe où. Mais ce n’est pas vraiment ce que je voulais dire et j’espère qu’elle le comprendra. Disons que pour elle, les choses ne se sont pas vraiment passées comme prévues : elle a voulu venir en aide à une vieille femme et elle s’est retrouvée piégée dans un endroit qu’elle ne connaissait pas, rongée par de vieux démons. En parlant d’eux, je ne peux m’empêcher de l’interroger. « Est-ce que tu sais qu’il est possible de voir quelqu’un pour t’aider ? Pour lutter contre la peur du feu. » Je ne dis pas qu’elle doit obligatoirement consulter, mais parler à quelqu’un peut être une bonne chose. Elle a été chanceuse lors de cet incendie, ce n’est pas dit qu’elle le sera la prochaine fois – même si je ne lui souhaite pas de devoir revivre ça. Disons qu’il vaut mieux prévenir que guérir.

« Tu n'as pas à me remercier, je faisais juste mon travail. » me répond-elle avec un certain détachement, comme si sauver la vie des gens, c’était monnaie courante pour tout le monde. Certes, elle est payée pour le faire, et j’imagine que ça ne doit pas marcher à tout les coups malheureusement. Mais elle le fait. C’est une héroïne comme tant d’autres. Je trouve ça absolument dingue, cette humilité qu’ont ces gens là. « Que tu sois payée pour ça ou pas, ça ne change rien. Tu m’as sauvé la vie. » Et je lui en serai infiniment reconnaissante. « Mais je suppose que maintenant, tu réfléchiras à deux fois avant de t’aventurer dans un immeuble que tu ne connais pas. » affirme-t-elle, me faisant me refermer immédiatement. C’est fou ça, j’ai l’impression de me faire passer un savon par ma mère. Après tout, j’allais pas dans cet immeuble pour taguer des murs ou dealer de la drogue. J’y allais pour raccompagner une grand mère ! Je me doute bien qu’elle n’a pas dit ça pour me faire une remontrance, mais je me suis renfermée comme une huitre. Les mains dans les poches, je n’ose plus vraiment la regarder, je me sens vraiment comme une gosse qui a fait une connerie. J’ai juste eu peur… « Est-ce que tu sais qu’il est possible de voir quelqu’un pour t’aider ? Pour lutter contre la peur du feu. » Je hausse un peu les épaules, mes yeux rivés sur mes pieds qui s’enfoncent dans le sable encore humide. « Ouais, je sais… » dis-je avec un certain détachement, alors que ma gorge se serre en repensant à cet incident. « C’est juste que… j’ai peur. De remettre le nez là dedans, ressentir la culpabilité à nouveau… C’est déjà lourd à peser au quotidien… » Je ne pense même pas à l’image qu’elle pourrait se faire, le scenario que le cerveau peut se créer juste avec quelques mots. Mais en réalité, je m’en moque bien…

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Je ne fais pas mon métier pour que l’on me remercie, mais je ne peux pas empêcher les victimes sauvées de le faire. C’est le cas aujourd’hui, avec cette brune : même si je lui dis qu’elle n’a pas à faire cela, elle insiste. Je ne vais pas me vexer pour si peu, surtout qu’en réalité, c’est quelque chose d’assez flatteur à entendre. Ce sujet abordé, je m’intéresse à ce qui l’a tétanisé ce jour-là. Je ne connais rien d’elle et de son histoire, mais je veux qu’elle sache qu’il est possible de se faire aider et qu’il n’y a aucune honte à cela. Bien souvent, les gens pensent que les psychologues sont là que pour certaines personnes, mais il ne faut pas négliger leur rôle : ils peuvent aider pour un bon nombre d’histoires. Ce n’est pas quelque chose que la jeune femme semble ignorer, cependant, elle semble avoir quelques difficultés à ce sujet. « Remettre ? Quel est ton passif avec les incendies ? » Même si notre conversation était rapide, entre deux actions, je me souviens qu’elle a abordé quelque chose comme ça le jour de l’incendie. Pressées par le temps, nous n’avons malheureusement pas eu la chance d’aller plus loin. « Je ne te jugerais pas. » Si c’est de ça qu’elle a peur. Alors que mon regard est posé sur elle, je viens croiser mes bras au niveau de ma poitrine. J’essaye de la mettre à l’aise, pourtant j’ai l’impression que la jeune femme s’est doucement refermée face à moi. Est-ce que c’est de ma faute ? Peut-être.. Je l’ignore. « J’ai perdu mon épouse dans un incendie, je sais ce que ça fait. » Je ne sais pas vraiment pourquoi je lui dis cela, mais maintenant que c’est fait, c’est trop tard. Au fond de moi, j’espère peut-être qu’elle se livrera à moi. En m’ouvrant à elle, alors je lui indique qu’elle peut me faire confiance. « Tu dois me prendre pour une folle à faire ce métier malgré tout. » Dis-je, amusée. Elle n’a pas à mâcher ses mots : ce ne serait pas la première fois que j’entends ça.

Je me doute bien qu’elle ne me dit pas tout ça pour remettre de l’huile sur le feu - je sais, l’expression est bien choisie. Cependant, je ne peux m’empêcher de me renfermer un instant, parce que la culpabilité me ronge encore, même aujourd’hui. Je lui dis simplement que j’ai peur de me replonger dans ces souvenirs. « Remettre ? Quel est ton passif avec les incendies ? » Elle ne passe pas par quatre chemins, au moins, ça a le mérite d’être clair. Elle a envie d’en savoir plus. Malgré tout, moi, je ne sais pas si j’ai envie de lui en dire plus. Pourtant, après m’avoir dit qu’elle ne me jugerai pas, elle m’avoue de son coté : « J’ai perdu mon épouse dans un incendie, je sais ce que ça fait. » Ok. Alors celle là je ne m’y attendais pas. J’ouvre grand les yeux, montrant sans aucun mal ma surprise. Bordel, à côté, moi c’est du pipi de chat ! « Tu dois me prendre pour une folle à faire ce métier malgré tout. » Je secoue la tête, un peu moins sur la défensive, étrangement. « Non, au contraire, c’est super courageux de ta part ! » C’est fou comme avec une seule phrase de sa part, je suis passée du stade de défense au stade de compassion. Merde alors ! « C’est… Wow… à côté, ce que j’ai vécu c’est vraiment rien du tout. » Je sais que les traumatismes, c’est pas toujours proportionnel à ce qu’on a vécu en soi. J’étais petite, c’est la raison pour laquelle cette peur s’est insinuée en moi. « J’étais gamine quand c’est arrivé. Ma maison a pris feu en pleine nuit, heureusement mes pères et moi, on a été évacués assez vite grâce à un appel du voisin qui a prévenu les pompiers. La maison a fini en cendres, et j’ai entendu un des pompiers dire à mon père que l’incendie avait pris naissance au pied du sapin de Noël, à cause d’une peluche laissée trop près des guirlandes électriques. Je m’en suis toujours voulu… » Je hausse un peu les épaules, c’est vrai que raconté comme ça, ça peut paraître peu, puisque personne n’est mort, hormis la maison. Mais j’en garde un souvenir horrible, bien ancré dans ma mémoire. « Je suis désolée, pour ta femme. C’était y’a longtemps ? »

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Mes remarques et ma curiosité peuvent facilement être mal interprétés. Ce n’est pourtant pas mon objectif : j’ai vu la détresse de la jeune femme ce jour-là et je veux juste comprendre ce qui provoque une telle peur chez elle. Assez vite, je comprends que ce n’est pas une information que j’aurais aussi facilement, alors je décide de me livrer un peu à elle pour réussir à gagner sa confiance. À cette révélation, le visage de la brune change : elle ne s’attendait sûrement pas à quelque chose comme ça. Je m’attends à ce qu’elle me considère comme folle à continuer de vouloir faire mon métier, mais c’est tout l’inverse qui se produit, le mot qui sort de ses lèvres est "courageuse". Ce n’est pas l’avis de tout le monde. Mes proches sont bien souvent partagés entre la folie et l’inconscience. Le deuxième mot est surtout employé par les parents d’Alice qui ne souhaitent pas voir leur petite fille devenir orpheline. « Chaque incendie est différent. » Ça ne permettra peut-être pas à la brune de se sentir mieux, mais elle n’a pas à amoindrir ce qu’elle a vécu sous prétexte que les conséquences ont été plus dramatiques lors de mon expérience. Après avoir exprimé ce qu’elle pensait de mon histoire, la jeune femme raconte la sienne et il ne me faut pas longtemps pour comprendre ce qui se passe chez elle. « Tu penses que c'était à cause de toi ? Tu sais, avec des si, nous pourrions refaire le monde. Tu te dis que les choses auraient été différentes si cette peluche n'avait pas été au pied du sapin.. » Ou au moins, pas si proche de la guirlande. « C'est peut-être vrai, mais elles l'auraient aussi été si la guirlande avait été éteinte. » Je ne suis pas forcément douée pour faire de la psychologie, mais j'espère que la jeune femme voit où je veux en venir. « Si tout le monde s'en est sorti, c'est le principal. » Perdre une maison, ce n'est pas simple et même si on essaye toujours de relativiser, la pilule reste toujours difficile à avaler. « Il y a deux ans. Elle faisait le même métier que moi et elle n'est jamais revenue d'une intervention. » Je grimace légèrement. Ce n'est pas si loin et pourtant, j'ai l'impression que ça fait une éternité qu'elle est partie. « Je ne sais pas si ça pourrait t'aider, mais si tu veux visiter une caserne de pompier un jour, passe à celle d'Island Bay et je te ferais faire un tour. » Elle doit penser que ce genre d'action est généralement proposé à des enfants, mais parfois, comprendre comment ça fonctionne, ça permet au cerveau de passer à autre chose.

« Tu penses que c'était à cause de toi ? Tu sais, avec des si, nous pourrions refaire le monde. Tu te dis que les choses auraient été différentes si cette peluche n'avait pas été au pied du sapin.. » Je hoche la tête, la gorge encore nouée, comme si cette histoire ne datait que d’hier. « C'est peut-être vrai, mais elles l'auraient aussi été si la guirlande avait été éteinte. » Etrangement, je n’avais pas vu les choses sous cet angle. Si mes pères ont tout fait pour me rassurer, me dire que ce n’était pas de ma faute, ils n’ont eux, jamais pensé à me dire qu’il aurait dû éteindre les guirlandes pour la nuit. C’est comme un cadenas qui s’ouvre dans ma tête, aux mots de la pompière. Serait-elle en train de me sauver une seconde fois ? Elle relativise sur la bonne santé de tous, et je me contente d’un léger sourire, avant de lui poser cette fois une question, par rapport à son épouse. « Il y a deux ans. Elle faisait le même métier que moi et elle n'est jamais revenue d'une intervention. » Mon coeur se serre, j’ai même les yeux qui s’embuent un peu en l’entendant me raconter une toute petite partie de son histoire. Quelle horreur. Je ne peux même pas imaginer ce qu’elle a pu ressentir. « Je ne sais pas si ça pourrait t'aider, mais si tu veux visiter une caserne de pompier un jour, passe à celle d'Island Bay et je te ferais faire un tour. » Pourquoi est-elle si gentille avec moi au juste ? L’est-elle avec tous les gens qui croisent sa route ? Je lui offre un sourire adorable. Je n’ai jamais eu l’occasion d’entrer dans une caserne - ni même de parler avec un pompier - alors peut-être que ça pourrait me faire du bien, effectivement. « Merci, pour ta proposition. Je viendrai sûrement, quand je serai prête. J’espère que tu seras là, le jour où je viendrai. » J’ai une certaine admiration pour elle, et je crois que ça doit se lire dans mon regard…

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Island Bay étant une petite ville, ce n'est pas très surprenant de pouvoir la recroiser aujourd'hui. Néanmoins, je ne pensais pas que cela arriverait maintenant, si peu de temps après l'incendie dont elle a été témoin. Ce n'est peut-être pas si mal, car cela me permet de prendre de ses nouvelles, mais aussi de la rassurer un peu sur son histoire, qu'elle me raconte après avoir obtenu un bout de la mienne. Les choses ne sont pas pareilles, néanmoins, ce n'est pas pour cette raison qu'elle doit se sentir mal de ressentir toute cette peur. Pour faire ce que je fais chaque jour, c'est un combat, contre le feu, les autres, mais aussi contre moi-même. J'ai appris avec tout cela et pour être honnête, ce qui m'a pris autant est aussi ce qui me rend vivante. C'est sûrement un peu bizarre de penser cela et de continuer à faire ce qu'Alice faisait au moment où elle est partie. Mes quelques mots semblent aider la brune et c'est bien ça le plus important. « J'y suis souvent. Mais si tu veux t'en assurer avant de faire le déplacement, tu peux toujours appeler et demander si le lieutenant Hallenstein est là. » Dis-je, pour renforcer les chances que je sois là le jour où elle viendra à la caserne, si elle décide de le faire. « Je suis désolée, mais je dois y aller. » Si je ne veux pas éviter une crise à la maison, c'est le mieux à faire. Sinon j'ai bien peur de retrouver ma fille avec le visage remplie de peinture et ma sœur qui lui court après : le bain n'étant pas toujours une partie de plaisir, ça risquerait de gâcher un peu le reste de la journée. « Ce fut un plaisir de te voir et je suis rassurée de savoir que tout va mieux pour toi. » J'offre un tendre sourire à la jeune femme. Parfois, des personnes sont mises sur notre route pour nous aider, j'espère que c'est ce que je suis en train de faire avec elle. Lors de l'intervention de l'autre jour et aujourd'hui avec l'échange que nous avons pu avoir. « À bientôt. » Je lui fais un signe de la main et reprends le chemin qui me ramène jusqu'à chez moi.