one last night (vie alternative - keila)

one last night
crédit/ tumblr ✶ w/keila

Ce que j'espérais tellement est enfin arrivé : la sur-protection qui a fait suite aux menaces de mort reçues par mon père est désormais terminée et je vais pouvoir retrouver un semblant de vie. Je vais pouvoir sortir seule, emmener Lilly au parc sans avoir l'impression d'être suivie et surtout, je vais pouvoir voir Keila autrement que comme une garde du corps. Depuis l'anniversaire de Keith, nous n'avons pas vraiment reparlé de ce qui s'était passé ce soir-là, de cette conversation que nous avions eue et de cette attirance que nous nous sommes plus ou moins avouée. C'était sûrement mieux comme ça, plus simple. Cependant, depuis le début de la semaine, je n'arrête pas d'y penser. De penser à cette nouvelle conversation que nous pourrions avoir et à cette dernière soirée que nous allons passer : c'est quitte ou double et je le sais. Alors que le soleil a commencé à se coucher, la jeune femme quitte la maison, comme à son habitude, pour aller courir un peu. Pendant ce temps-là, son repas déjà pris un peu plus tôt, je m'occupe de donner un bain et de coucher Lilly. Elle est encore petite, alors elle ne fait généralement pas long feu le soir et ce n’est plus mal, surtout ce soir. Après plusieurs histoires, la petite fille finit par s’endormir et je peux alors redescendre pour m’occuper du repas que je vais partager avec Keila. Alors que j’approche de la fin de la préparation du repas, j’entends la porte d’entrée s’ouvrir : le timing est plutôt bon. J’essuie mes mains avec un torchon et me tourne vers la brune qui pénètre dans la pièce. « Ton tour s’est bien passé ? » Bientôt, elle va devoir trouver une nouvelle routine, de nouveaux parcours à faire. « J’ai couché Lilly. » Vu le calme qui règne dans la maison, elle devait s’en douter. « Nous avons la soirée pour nous deux. Ta dernière soirée. » Un fin sourire se dessine sur mes lèvres. « Tu peux aller te doucher, ça me laissera le temps de terminer tout ça. » Ce que nous mangerons ne sera pas digne d’un repas gastronomique. Néanmoins, on sera bien loin de la nourriture des fast-food.

Ça y est, mon contrat pour les Hallenstein touche à sa fin. C’est assez dingue, quand on y pense. Je n’arrive même plus à savoir quand tout ça a commencé. Il y a eu du bon et du moins bon, ça n’a pas toujours été évident, mais je dois die que dans l’ensemble, j’ai quand même eu de la chance de tomber sur quelqu’un comme Romi. La protéger était un jeu d’enfant, elle n’a pas du tout été difficile, ne m’a pas tenu tête, a respecté toutes mes consignes. Mon métier n’a pas toujours été aussi évident que ces derniers mois. C’est peut-être aussi pour cette raison que je me suis laissée aller à quelque chose d’un peu moins professionnel. Vivre avec quelqu’un avec qui on s’entent bien pendant plusieurs mois, jouer un couple lorsque nous passons la porte de cette maison, c’était un risque à prendre. Si j’avais pu, j’aurai renégocié ce point du contrat, mais de toute évidence, il n’était même pas négociable.
Lorsque je rentre chez Romi après mon footing, je la trouve aux fourneaux, et l’odeur qui se dégage de la cuisine est fort alléchante. « Ton tour s’est bien passé ? » Je hoche la tête en lui offrant un sourire, le souffle encore légèrement court. « J’ai couché Lilly. Nous avons la soirée pour nous deux. Ta dernière soirée. » Un petit pincement se fait sentir juste là dans ma poitrine, mais je réponds avec son sourire, du mieux que je peux. C’est bien la première fois que je ne suis pas heureuse à l’idée de terminer une mission. « Tu peux aller te doucher, ça me laissera le temps de terminer tout ça. » « Ok chef ! » lui dis-je en riant, avant de monter les escaliers de manière énergique, pour rejoindre la salle de bain. Une douche rapide et j’enfile une tenue décontractée, un legging en coton et un t-shirt très simple, légèrement fluide. Je vais devoir ranger toutes mes affaires, faire mes valises, et retrouver mon appartement à Wellington. Nouveau pincement au coeur. Lorsque je redescends, l’odeur de la cuisine s’est étalée dans toute la pièce à vivre, c’est un vrai bonheur. « Ça sent super bon ! Tu nous as préparé quoi ? » Pour le moment, c’est comme si tout était semblable à ces derniers mois, pourtant, nous savons que ce n’est pas le cas, et que dès demain, je quitterai la maison pour retrouver mon chez-moi. Loin d’elle. Loin d’elles.

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À peine rentrée de sa dernière course à pied ici, j’invite Keila à prendre une douche, me laissant ainsi l’occasion de finir ce que j’ai commencé : notre repas. Cuisiner est quelque chose que j’ai l’habitude de faire, mais ce soir, ça sonne un peu différemment. Ce soir, je me mets une pression supplémentaire pour que tout soit parfait, pour que nous puissions nous dire au revoir sans avoir de regrets après. Rapidement, elle revient à moi et je n’ai même pas besoin de la voir pour le savoir : le parfum de son gel douche parle pour elle. Est-ce que j’aurais retenu ce genre de détails s’il s’agissait de quelqu’un d’autre qu’elle ? Je ne sais pas, peut-être pas. En réalité, cela aurait certainement été mieux de ne pas en arriver là, car c’est une nouvelle chose qui va me manquer. Il va me falloir du temps pour me faire à son absence et pour me défaire des odeurs qu’elle a pris l’habitude de laisser. « Un risotto au poisson. J’espère que le plat sera aussi bon que l’odeur le laisse espérer. » Il n’y a pas de raison que cela n’arrive pas, j’ai suivi la recette à la lettre et ce n’est pas la première fois que je la fais. « Est-ce que tu veux goûter ? Pour me dire ce que tu en penses au niveau de l'assaisonnement. » Même si son avis me sera très utile, c'est aussi un stratagème pour que la jeune femme se rapproche un peu de moi. Comme je l'ai dit, c'est sa dernière soirée et je n'ai pas envie que celle-ci m'échappe. « Attention, c'est certainement chaud. » Dis-je, alors que j'approche la cuillère en bois d'elle. Je souffle une dernière fois dessus et lève légèrement ma deuxième main pour éviter qu'un morceau ou une goutte du plat se fasse la malle. Bien qu'un peu chaud, je déduis des expressions de son visage que le plat est bon comme il est. Parfait, nous n'avons plus qu'à passer à table. Une table que j'ai déjà mise dans l'autre pièce. J'ai sûrement mis un peu trop de cœur à l'ouvrage et la brune va très vite s'en rendre compte quand elle verra la décoration de la table et les bougies allumées. Mais nous n'en sommes pas encore là et avant de changer de pièce, je décide d'aborder le sujet un peu fâcheux. « Tes valises sont prêtes ? Un nouveau départ s'offre à toi. Impatiente ? » Ce n'est pas vraiment nouveau pour elle, elle a l'habitude de tout cela.

« Un risotto au poisson. J’espère que le plat sera aussi bon que l’odeur le laisse espérer. »  Je n’ai jamais été déçue avec sa cuisine, je dois dire. Je suis une plus mauvaise cuisinière qu’elle ne l’est. Enfin, disons que je ne prends pas non plus le temps de me mettre à la cuisine. Peut-être qu’un jour je m’y mettrai. Peut-être. « Il y a fort à parier que ce sera aussi divin que l’odeur. » Elle me propose de goûter pour vérifier l’assaisonnement. Là encore, je serai tentée de lui dire qu’elle n’a pas besoin de moi pour ça, mais je crois que c’est plutôt un prétexte. Je lui offre un sourire et m’approche alors qu’elle met la cuillère en bois à hauteur de ma bouche, me prévenant de la chaleur de la sauce. J’y vais doucement, gardant mon regard planté dans celui de la jeune femme. Mes papilles semblent sauter de joie. « Un délice. Je n’en doutais pas. » Et encore, ce n’est que la sauce. J’ai faim.
Je n’ai pas le temps d’aller dans l’autre pièce pour m’installer à table, qu’elle me demande « Tes valises sont prêtes ? Un nouveau départ s'offre à toi. Impatiente ? » Ok. C’est beaucoup. Je me pince un peu les lèvres avant de lui répondre. « Pas tout à fait bouclées, non. Je finirai demain matin. » Peut-être parce que je n’ai pas vraiment envie de les boucler, je crois. « Impatiente, c’est pas le mot que j’aurai choisi. » Je ris un peu, nerveusement. « C’est toujours un peu bizarre quand je termine une mission qui a duré plusieurs mois. » Presque six, avec Romi, et c’est long, quand on y pense. Surtout quand on apprend à connaître et à apprécier la personne avec qui in partage beaucoup de choses. « Je vais probablement prendre un peu de vacances, avant de commencer une autre mission. » Je hausse un peu les épaules, et me dirige vers la salle à manger tout en lui disant. « Attends, je t’apporte les assiettes, si tu veux nous servir… » Mais en arrivant dans la pièce, je remarque la manière dont elle a dressé la table, avec les bougies, en mode ‘romantique’. Mon coeur s’emballe et je bugue un peu. Je me reprends et récupère les assiettes avant de la rejoindre dans la cuisine. « Tu as mis le paquet sur la déco, je suis pas le président, tu sais ! » Je ris un peu, pour essayer de dédramatiser, mais je sens que ça part en cacahuète dans ma tête.

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Suite au premier compliment que fait Keila sur l’odeur qui s’échappe de la cuisine, je lui propose de goûter la sauce et de me dire si l’assaisonnement est correct selon elle. Par chance, elle trouve cela très bon – il aurait été dommage de devoir jeter arrivé à ce stade de la préparation. Rapidement, je l’interroge sur l’état de ses valises et par conséquent, sur son départ. Visiblement, ses sacs ne sont pas encore complètement terminés. Cette information me laisse un peu perplexe : c’est en cours et il n’y a plus de retour en arrière possible, mais en même temps, elle ne semble pas pressée de les faire. Est-ce un bon point pour moi ? La brune poursuit, indiquant que cela va lui faire bizarre de passer autre chose après six mois passés ici. Pour marquer une certaine différence entre ce contrat et le suivant, elle envisage même de prendre quelques jours de congé pour pouvoir partir. Elle a sûrement raison et avec le boulot qu’elle a fait avec Lilly et moi, c’est au moins ce qu’elle mérite. Je continue de remuer la préparation et Keila propose d’aller chercher les assiettes dans la pièce d’à côté pour qu’on puisse directement se servir. Avant même d’avoir ma réponse, la jeune femme change de pièce et découvre ce que j’ai préparé. Je serre légèrement les dents, un peu anxieuse de découvrir sa réaction. Elle revient vers moi et ne peut s’empêcher de plaisanter un peu. « Tu ne serais pas ici si c’était le cas. » L’humour n’est-il pas la meilleure défense ? Je l’espère, car c’est sur cette pente que je me lance la tête baissée. Avec un peu de chance, peut-être que ça prendra le dessus sur tout ce que je ressens à ce moment précis. « Je voulais être sûre que tu te souviennes de ta dernière soirée ici. » Je hausse légèrement les épaules. C’est sûrement l’excuse la plus simple que je pouvais trouver. Pourtant, il y a une part de vérité là-dedans, mais pas celle que je laisse paraître. « Et surtout, mettre la pression sur tes prochains protégés. » Un large sourire se dessine sur mon visage, alors que je la regarde d’une manière un peu joueuse. « Ou alors, c’est une façon pour moi de te soudoyer, de te donner envie de rester un peu plus longtemps. » Le ton que j’utilise pourrait être compris comme une nouvelle plaisanterie. Pourtant, je n’ai jamais été aussi sérieuse. La brune pose les deux assiettes et je les remplie du risotto. J’en saisie une et me rapproche de Keila pour la donner. Les choses pourraient être simples et se passer sans embûches. Pourtant, j’ai l’impression de tout rendre plus compliqué et forcément, cela aura un impact sur son départ demain. « Tu sais, tu seras toujours la bienvenue ici. »

« Tu ne serais pas ici si c’était le cas. » me répond-elle avec humour, ce qui me fait sourire. Effectivement, si j’étais présidente, je ne viendrai probablement pas dîner chez elle, chandelles ou non. « Je voulais être sûre que tu te souviennes de ta dernière soirée ici. » Elle est adorable, et je crois que mon regard me trahit. « C’est gentil. Je crois que je m’en serai souvenu, même en mangeant une pizza sur le canapé. Mais je te remercie d’avoir fait l’effort. » Je la laisse servir les assiettes, et lorsqu’elle me parle de mes futurs protégés, je me mets à rire. « Ils ont du souci à se faire, tu as mis la barre haute ! »[/color] C’est une réalité. La cohabitation avec Romi a été si facile, pendant six mois. Je n’aurai pu espérer mieux. « Ou alors, c’est une façon pour moi de te soudoyer, de te donner envie de rester un peu plus longtemps. » Mon coeur se serre légèrement. Je sais qu’elle essaie de le dire sur le ton de la plaisanterie, mais après notre conversation le soir de l’anniversaire de son ami, je sais un peu ce qu’elle en pense, au fond d’elle. Comme elle a dit, je suis la première personne qui la regarde depuis la mort de sa femme. C’est normal qu’elle se sente un peu perturbée. Je ne sais pas quoi répondre à ça, je me sens un peu démunie. « Tu sais, tu seras toujours la bienvenue ici. » affirme-t-elle d’une petite voix qui me donne juste envie de la prendre dans mes bras. Je me rapproche d’elle et viens replacer ses cheveux derrière son oreille, m’attardant un peu à caresser sa joue au passage. « Merci. Je ferai en sorte de repasser alors. Je ne voudrais pas que Lilly m’oublie définitivement… » En ce qui concerne Romi, je sais qu’avec son esprit d’adulte, elle me gardera toujours dans un coin de sa tête, comme un souvenir.
Nous passons à table sans tarder et le repas est un vrai délice, comme je l’avais deviné un peu plus tôt. Je ne suis pas avare de compliments. Cette soirée est étrangement plus légère, comme si nous ne cherchions pas à retenir quoi que ce soit. Notre complicité est d’autant plus évidente ce soir, et j’ai du mal à me dire que je suis censée partir demain, dans la journée. « Tu sais que tu pourras toujours compter sur moi. Si il y a quoi que ce soit, tu m’appelleras ? » Ça sonne comme un vrai au-revoir, et je n’aime pas trop ça, mais je dois me faire une raison. Je n’ai été que sa fausse petite amie après tout…

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J'essaye de faire bonne figure, de rigoler pour masquer tout ce que je ressens vraiment. Mais je sais bien que Keila n'est pas dupe : en six mois, elle a appris à lire en moi. Alors que je l'invite à revenir, si l'envie lui dit, la brune se rapproche de moi et replace l'une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille. Du bout des doigts, elle caresse ma joue et je penche légèrement la tête pour qu'elle puisse épouser parfaitement le creux de sa main. « Elle n'aura plus personne à faire tourner en bourrique. » Dis-je, un peu amusée. Lilly a beau être petite, elle a rapidement compris qu'il se passait quelque chose d'anormal à la maison et pourtant, elle s'en est accommodé et s'est même prise d'affection pour la garde du corps. Plus que quelqu'un qui était là pour la protéger, la petite fille a vu en la brune une personne avec qui s'amuser et je pense que son absence se fera ressentir, même pour elle.
Les assiettes remplies, nous nous dirigeons dans la salle-à-manger et prenons place autour de la table que j'ai dressée un peu plus tôt. Je ne sais pas si c'est l'ambiance générale ou si ce sont mes sentiments qui me poussent à penser cela, mais ce repas n'a rien de professionnel. En réalité, pendant un court instant, j'en oublie même que la brune est ici par obligation. Nos assiettes maintenant vides, la jeune femme m'indique qu'elle sera toujours là pour moi si j'en ressens le besoin. « Je n’y manquerais pas. » Un timide sourire se dessine sur mes lèvres, alors que ses mots sonnent comme une nouvelle claque dans mon esprit. Demain, à cette même heure, elle ne sera plus là et je vais devoir m’y faire. Posée sur la table, ma main se rapproche de la sienne, jusqu’à la saisir. Mes doigts viennent doucement caresser les siens et je me laisse aller à espérer que le temps s’arrête le temps d’une soirée. Aujourd’hui, c’est l’heure des aurevoirs et pourtant, j’ai envie que ce soit le début de quelque chose d’autres. Depuis plusieurs minutes, nous n’échangeons plus – pas de façon verbale au moins, mais ce n’est pas nécessaire. Nos regards, nos touchés, tout semble beaucoup plus intense, plus que ça ne l’a jamais été. C’est sûrement pour cela que je me sens pousser des ailes et que je me rapproche d’elle pour l’embrasser. C’est devenu une habitude pour nous, mais là, c’est différent et j’espère bien ne pas être la seule à ressentir tout ça. Ma deuxième main glisse le long de son cou, jusqu’à sa nuque. Naturellement, ce baiser s’intensifie et je me demande si j’ai vraiment envie d’y mettre fin. « Dors avec moi ce soir. » C’est presque à contre cœur que je m’éloigne d’elle, mais sans consentement de sa part, je ne veux pas aller plus loin : il ne faut pas que cette soirée soit gâchée à cause de mes sentiments.

« Elle n'aura plus personne à faire tourner en bourrique. » Je souris pour moi-même, à repenser à la petite fille en train de me faire devenir chèvre. Elle a bien compris qu’elle pouvait se jouer de moi, cette enfant est très intelligente, et il faudra être bien sûr qu’elle ne devienne pas une grande manipulatrice. Elle aurait les épaules. Mais Romi est là pour elle, elle veille au grain, et c’est tant mieux. J’en profite pour lui dire qu’elle ne doit pas hésiter à me contacter si elle a besoin, et que je serai toujours là pour elle. Jamais je n’oublierai cette mission, et ces six mois passés en sa compagnie. « Je n’y manquerais pas. » Je hoche la tête, comme ravie qu’elle ne cherche pas à se dérober à ma protection. Je ne pourrai pas être toujours là comme ces six derniers mois, et de toute manière c’était beaucoup trop. Mais je saurai me rendre aussi disponible que possible pour elle.
Le silence a pris possession des lieux, et à la place, la jolie brune vient glisser sa main en direction de la mienne, et je prends plaisir à caresser ses doigts, délicatement. Mon regard alterne entre nos mains qui se caressent et le visage de Romi dans lequel je peux lire tellement de choses. Et puis sans que je n’ai eu le temps de prendre conscience de quoi que ce soit, je sens son visage approcher, et ses lèvres quérir les miennes. Ce n’est pas notre premier baiser, mais sûrement le premier qui ait une signification bien différente des précédents. Mon coeur s’emballe, je me rapproche encore, me saisis de son visage que j’encadre de mes mains, tendrement, tout en intensifiant notre baiser. Nous en avions envie autant l’une que l’autre, c’est une évidence. « Dors avec moi ce soir. » me demande-t-elle comme une supplication, après qu’elle ait mis une micro distance entre nos visages. Je me recule juste assez pour pouvoir plonger mon regard dans le sien. Je ne sais pas si c’est une bonne idée, je suis partagée entre la raison et l’envie. « Je… est-ce que tu es sûre ? » Mon regard alterne entre ses deux iris brunes. « On ne pourra pas faire machine arrière après ça. » Elle le sait autant que moi, mais je crois que j’avais besoin de verbaliser, pour que si l’une de nous deux change d’avis, on ait l’espace de pouvoir le faire. Mais de toute évidence, Romi n’en a pas envie, et moi non plus. Alors sans réfléchir plus longtemps, je viens retrouver ses lèvres dans un baiser encore plus appuyé que les précédents. Je me lève en l’attirant dans mon geste, m’approchant finalement de son corps que j’entoure de mes bras, pour la sentir tout contre moi. Je ne sais pas ce qu’il adviendra de nous, mais l’important, c’est que nous en avions envie toutes les deux.

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Je joue à un jeu dangereux et je le sais bien, mais je pense que le fait qu’elle s’en aille demain me désinhibe complètement. Qu’est-ce que j’ai vraiment à perdre ? Pas grand-chose. Dans le pire des cas, nous ne tiendrons pas nos paroles énoncées un peu plus tôt, celles de garder contact – en quelques sortes. Et dans le meilleur des cas ? C’est la partie qui reste encore un peu flou pour moi. En réalité, ça peut promettre de bonnes choses : dans le futur ou simplement pour la nuit. Il y a une grande différence entre les deux, mais je suis prête à prendre l’un comme l’autre. Je prends mon courage à deux mains et embrasse la jeune femme. Si j’avais peur qu’elle me repousse à cause de ce que cela pouvait provoquer, je me rends vite compte que nous n’en arriverons pas là. Le baiser s’intensifie rapidement et les assiettes à côté de nous n’ont rapidement plus beaucoup d’importance. Si je suis sûre ? Oui. Sinon, elle peut être certaine que je n’aurais pas initié tout cela. Pour être honnête, si c’est la première fois que je me sens vue par quelqu’un depuis le décès d’Alice, c’est aussi la première fois que je regarde vraiment quelqu’un. Au début, j’avais toujours l’impression de la trahir, de briser tout ce que nous avions construit. Avec Keila, c’est différent : je me sens en confiance. Elle se lève et m’attire à elle. Mes bras viennent entourer son corps, alors que mes lèvres retrouvent les siennes. Là, il faut que je déconnecte de tout et que je me concentre sur elle. Rapidement, je viens éteindre les bougies et j’attrape la main de la brune pour l’attirer jusqu’à ma chambre – le reste attendra demain. Une fois dans la pièce, dans mon intimité, je referme la porte et reste attentive quelques secondes aux bruits à l’extérieur : Lilly n’a pas été réveillée, ouf. Mon regard se plante dans le sien et je me retrouve instantanément attirée à elle. Je l’embrasse de nouveau, pendant que mes mains s’aventurent sous son haut. Ce contact ne dure pas longtemps, puisque je retire mes doigts pour ôter mon propre T-Shirt. Là au moins, on est sûre que je ne veux pas faire marche-arrière. « Depuis Alice, je n’ai.. » Je n’ajoute rien d’autre, un peu honteuse. Il n’y a pourtant pas de raison de l’être, mais je crois qu’au fond de moi, j’ai peur que ça l’effraie et qu’elle mette fin à tout cela. J’aurais pu me taire et garder ce détail pour moi, c’est vrai, cependant, je me devais d’être honnête avec elle. Et puis, même si ça semble être un secret à mes yeux, ça ne l’est peut-être pas aux siens : elle est ici depuis six mois maintenant et entre mon deuil et Lilly, il doit être évident que je n’ai pas forcément eu le temps pour rencontrer quelqu’un de nouveau, que ce soit de manière passagère ou sur la durée.

Je préfère être sûre qu’elle sait ce qu’elle fait. Nous en avions envie toutes les deux, ça ne date pas d’hier, je sais que ça n’est pas un coup de tête. Et pourtant, j’ai besoin de savoir qu’elle ne va pas le regretter dès demain. Je sais que je suis la première femme pour qui elle a du désir de puis le départ de sa femme, mais je ne veux surtout pas gâcher un quelconque moment, ni même qu’elle imagine quoi que ce soit. Je ne suis pas sûre de pouvoir lui promettre la lune, non plus. J’ai un métier qui me demande une adaptation énorme, je peux ne pas pouvoir être dans les parages pendant plusieurs mois, sans même pouvoir la voir une seule minute, hormis le téléphone. Mais je ne pense pas à tout ça, quand elle revient m’embrasser, comme pour me dire sans un mot qu’elle est sûre d’elle. Nous montons à l’étage, et je m’amuse de la voir tendre l’oreille pour savoir si sa fille dort à poings fermés. A cette heure-ci c’est souvent le cas. Une fois rassurée, j’ai le plaisir de pouvoir avoir son attention entière, ce qui n’est pas pour me déplaire. Nos lèvres se retrouvent, et je me plais à caresser tendrement la peau de son dos. Elle me retire mon t-shirt et je frissonne légèrement, plus d’envie qu’autre chose, parce que qu’on se le dise, je n’ai absolument pas froid. « Depuis Alice, je n’ai.. » me confie-t-elle d’une vois assez peu assurée. « Eh… » Je viens caresser tendrement sa joue, pour la rassurer. « Je me doute, oui. Tu peux tout arrêter absolument n’importe quand, si tu ne te sens pas bien… ok ? » Je ne veux pas qu’elle se mette la pression. Si à un moment elle ne se sent pas de continuer, je gèrerai ma frustration. L’important, c’est qu’elle soit bien. « Peut-être que c’est elle qui m’a menée vers toi… » Je prends des risques en disant ça, mais au fond, j’y crois quand même un peu. Après tout, ce n’est pas un hasard si j’ai croisé sa route, si j’ai été là pendant six mois à jouer sa petite amie aux yeux de tous. Mais ce soir, ce n’est plus un jeu. C’est elle et moi, deux femmes qui n’ont plus aucun lien de travail entre elles. « Je ne te veux aucun mal… tu le sais… » Je l’embrasse doucement, j’ai tellement envie de prendre soin d’elle, comme si elle pouvait se briser d’un moment à l’autre. Romi n’est pas une femme faible ni même fragile, elle peut encaisser bien plus de choses que beaucoup ne pourraient même pas supporter. Mais je sais son coeur fragile de par ce qu’elle a vécu, et je veux simplement qu’elle soit bien. Heureuse.

[ MARQUAGE STAFF : comptage des points (ne pas effacer)]

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Rapidement les choses s’enchaînent et cela pourrait m’effrayer – devrait même. Pourtant avec Keila, je me sens exactement là où je devrais être et c’est comme si tout ceci était une évidence. Notre arrivée en haut se fait discrètement, comme en témoigne le sommeil non troublé de Lilly et ce n’est pas pour me déplaire, car là, mon corps n’aurait pas été prêt pour gérer un deuxième couché. La porte refermée, il n’y a plus aucun doute sur ce qui va se passer ici et pourtant, je laisse le doute s’emparer de moi. En réalité.. ce n’est pas vraiment du doute. Disons que je laisse l’occasion à la brune de faire marche-arrière si c’est trop de responsabilités pour elle : Alice a beaucoup compté pour moi et j’ai eu beaucoup de mal à me remettre de sa perte, au point que je n’ai pas eu de relation depuis. Keila a bien conscience de tout cela. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle ralenti un peu les choses et qu’elle me donne le contrôle sur ce qui est en train de se passer. « Je ne veux être nulle part ailleurs qu’ici. » Avec elle, avec mon corps entre ses mains. Tendrement, je viens caresser ses bras. Petit à petit, je viens apprivoiser la jeune femme – ou plutôt le refaire depuis que je me suis éloignée pour retirer son haut. Avant d’être complètement contre elle, c’est mon vêtement que je retire et que je laisse tomber sur le sol de la chambre. « Je te fais confiance. » Un sourire se dessine sur mes lèvres, avant qu’elles ne viennent fondre sur les siennes. Pendant de nombreuses années, mon épouse a été la seule avec qui j’ai partagé des moments charnels et voilà que maintenant, je fais rentrer une nouvelle femme dans ma vie. Je n’ai pas peur et surtout, je ne doute pas. Je suis bien et j’ai envie que ça continue. C’est d’ailleurs exactement ce qui arrive. Durant de longues heures, nous apprenons à nous découvrir plus intimement, nous apprenons ce qui plaît à l’autre et pour la première fois depuis des mois, j’ai l’impression d’être normale. Sûrement parce que la brune est passée de garde du corps à amante : toute cette histoire de protection ne compte plus, n’existe plus. Néanmoins, cette sensation de sécurité n’est jamais très loin, puisque c’est l’esprit paisible que je m’endors dans ses bras. Au petit matin, Keila est toujours là, endormie et je ne peux m’empêcher de venir déposer de tendre baiser sur sa peau dénudée. Maintenant, les heures sont comptées et je dois en profiter tant qu’il est encore temps.