time to relax a little (skye #2)

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Une soirée entre filles, c'est ce que nous nous étions promis avec Skye et pour être honnête, je suis sûre que ça nous fera le plus grand bien. J'ai l'habitude de sortir, mais bien souvent, je le fais avec certains de mes collègues, après nos gardes et forcément, ça ne sonne pas pareil. Ils me connaissent et je leur dis beaucoup de choses, cependant, ça ne sera jamais comme avec un membre de la famille. Car à bien y réfléchir, même si nous nous sommes connues grâce à nos moitiés respectives, c'est un peu comme cela que je la considère. Le rendez-vous étant pris à Wellington, je me presse un peu plus qu'à mon habitude à la sortie de la caserne. Je fais un détour jusqu'à ma maison et donne quelques consignes à Toni pour la soirée qu'elle va passer avec Lilly – c'est quand même bien pratique d'avoir quelqu'un qui vit sous mon toit : ça m'enlève une certaine pression au sujet de la garde de la petite fille. Habillée d'une tenue chic sans pour autant en faire trop, je prends place derrière mon volant et pars en direction du bar dont nous avons parlé avec Skye. Avec les sorties de boulots et les personnes qui ont eu la même idée que nous, j'accuse quelques minutes de retard : j'espère que la brune ne m'en tiendra pas rigueur. Après avoir tourné en rond dans le quartier à la recherche d'une place, j'en trouve une à quelques mètres de l'entrée. Un peu plus tôt, j'ai envoyé un message à ma belle-sœur de ne pas m'attendre à l'extérieur, c'est donc assise à l'une des tables que je la retrouve. « J'espère que je n'ai pas été trop longue ! » Dis-je, alors que je me rapproche d'elle. Elle se lève et je lui offre une tendre accolade. « Comment vas-tu ? »

Après notre entrevue impromptue avec Romi, nous nous sommes promis de nous voir plus souvent. Chose promise chose due, nous devons nous retrouver ce soir pour une sortie entre nanas. J’attendais ce moment avec une impatience non dissimulée. La vie me sourit à nouveau et j’ai envie d’en profiter. Faire partager ma joie, ma bonne humeur. Plusieurs idées ont émergé pour travail. Le team building est très important pour moi, alors c’est important de créer des évènements où tout le monde participera, pas uniquement les associés. Passons. Ce soir est réservé à la détente. Aujourd’hui je porte une robe cintrée et un blazer. Je fais tomber le blazer pour un côté plus cool et clôture le dernier dossier. En sortant de mon bureau j’ai le plaisir de constater que l’étage est vide. Mes consignes sont donc prises en compte. Je ne peux pas vérifier qu’ils ne penchent pas sur leurs dossiers une fois rentrés, mais c’est toujours ça de pris. Je monte rapidement dans ma voiture et file vers le bar où nous nous sommes donné rendez-vous avec Romi. Le parking est presque complet. Je réussis à trouver une place et me dirige à l’intérieur. Un coup d’œil à ma montre m’indique que je suis pile à l’heure. N’ayant pas aperçu ma belle-sœur, j’en déduis qu’elle n’est pas encore arrivée. Une table nous attend et je prends place. Le bar se remplit rapidement. Et finalement, ma camarade du soir me rejoint. Je l’accueille avec le sourire et lui rend son étreinte « Non ne t’en fais pas, je suis tout juste arrivée » Nous prenons chacune notre place sur les petits canapés en cuir. Très confortables d’ailleurs « Ca va très bien et toi ? » J’attrape la carte des boissons « Je reconnais que j’attendais cette soirée avec impatience » Il y a une liste longue comme le bras de cocktails différents. Prenant le volant ce soir, je resterai raisonnable avec un verre afin de fêter notre première sortie entre nanas depuis longtemps. La première d’une longue série je l’espère.

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Je pense qu'à la caserne, tout le monde sait où je vais ce soir. Il faut dire que j'ai eu l'occasion d'en parler à tout le monde et même plusieurs fois. D'ailleurs, certains de mes collègues – en majorité masculins – ont même essayé de s'inviter. Ils ont prétexté que ça leur ferait du bien à eux aussi, mais je sais qu'au fond, ils espéraient juste pouvoir mettre le grappin sur Skye. Même si c'était souvent de courte durée, ils ont déjà eu l'occasion de la voir de loin et je comprends qu'elle ait pu leur taper dans l'œil. Quoi qu'il en soit, c'est bien seule que je rejoins mon amie et ce n'est pas plus mal, car nous allons pouvoir en profiter pleinement. Je la retrouve à une table et la serre rapidement contre moi. « Je vais bien ! » Dis-je, lorsqu'elle me retourne la question que j'ai posée juste avant. « À quand remonte la dernière fois où tu es sortie comme ça ? » Nous avons vécu la même chose, alors je sais ce qu'elle peut ressentir. Il m’a fallu du temps aussi pour reprendre une vie que l’on peut qualifier de normale. C’est dans ces moments-là qu’être entouré est important. « Je vais prendre un Mojito et après ça, du soft. Sinon je vais devoir laisser ma voiture ici et venir la rechercher demain. » Ça ne serait pas la première fois que cela arrive, mais pour être honnête, ce n’est pas vraiment pratique : ça fait perdre du temps inutilement. Comme il n’y a pas de raison d’arriver à l’excès, autant partir sur cette option là. « Qu’est-ce que ça fait du bien de ne rien avoir à penser pendant une soirée ! » C’est toujours bien de relâcher un peu la pression et c’est d’autant plus vrai dans son cas : avec tout ce qu’elle a dû gérer au boulot dernièrement, je suis sûre que ça lui fera le plus grand bien aussi. Et puis qui sait, peut-être que cette soirée sera riche en surprises !

J’avais si hâte de retrouver Romi ce soir. Cette sortie est une véritable aubaine et pour nous deux je pense. Ma belle-sœur est tout aussi occupée par son boulot que moi et elle doit également élever Lilly. Ce n’est pas une mince affaire. Et depuis peu, je me surprends à espérer, à vouloir avancer. Par moments, je culpabilise. Josh est décédé il y a un an et je m’en veux d’envisager retomber amoureuse. Je sais très bien qu’il ne m’en voudrait pas et qu’il me pousserait même à sortir, rencontrer du monde. Je n’ai que 28 ans, et toute la vie devant moi. Ma thérapeute m’aide à rationnaliser un peu et à me faire comprendre que c’est normal. Je crois surtout que je vais avoir besoin de prendre mon temps et d’y aller tranquillement. « Ouhla ! Ca doit remonter à un an, voire un peu plus » Pendant un temps nous enchainions les allers-retours à l’hôpital pour divers examens, ce qui ne laisser plus le temps à quoi que ce soit d’autre « Et toi ? » Une sortie entre filles est très différente d’une sortie entre collègues. Peut-être a-t-elle plus l’occasion de bouger avec les autres pompiers de sa caserne ? Sa remarque me fait rire « Ce n’est pas le plus pratique mais je suis d’accord » Une serveuse vient justement prendre notre commande « Un mojita et un sex on the beach s’il vous plait » La jeune femme repart et nous nous retrouvons à nouveau en tête à tête « Totalement ! On va penser juste à nous ce soir, et c’est déjà un gros travail » lui dis-je en riant. Nos vies sont assez remplies et nos expériences passées prennent une grande place encore aujourd’hui « Alors ca se passe bien à la caserne en ce moment ? » La serveuse revient avec nos verres et je réalise que je suis affamée. Nous sommes venues directement après le travail et je pense que Romi non plus, n’a pas eu le temps de manger. « Est-ce que vous auriez un petit assortiment à nous proposer pour grignoter un peu ? On vous fait confiance, merci beaucoup » Je lève mon verre en souriant « A notre première soirée depuis des lustres ! »

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Cette soirée va me faire le plus grand bien et renouer un peu plus avec Skye aussi. Arrivées sur place, nous regardons rapidement la carte des boissons pour faire notre choix. Pendant ce temps-là, j’interroge la jeune femme sur la dernière fois où elle est sortie comme ça. Sans grande surprise, ça remonte à de longs mois. « Ma dernière sortie ? Ce n’est pas si vieux. Nous allons souvent prendre un verre entre collègues après nos gardes. » Ça permet de décompresser un peu et de mettre de côté tout ce que nous avons pu voir pendant les quelques jours où nous étions ensemble, avant d’aller retrouver nos familles respectives. Nos choix faits, nous passons commande à une serveuse qui s’approche de nous. Une fois repartie, Skye m’interroge sur mon boulot. « Ça va, c’est une période assez calme. En interventions et au sein de la caserne. Ça commence à faire plusieurs mois qu’il n’y a pas eu de nouvelles personnes. » Et ce n’est pas plus mal – même si ça casse un peu la monotonie de faire redécouvrir la caserne –, car ça nous permet tous d’apprendre à nous connaître en profondeur et donc de prédire, puis de corriger, les problèmes qui pourraient arriver en intervention. Un moment d'inattention peut arriver si vite et les dégâts peuvent vite être dramatiques, pour les membres de mon équipe, mais aussi pour les victimes. Nos verres arrivent et la jeune femme profite d'avoir la serveuse sous la main pour demander de quoi grignoter. Ce n'est pas une si mauvaise idée, car même si nous avons décidé de ne prendre qu'un vers d'alcool, ça serait dommage que notre taux d'alcoolémie grimpe en flèche parce que nous avons l'estomac vide. « À cette soirée et à nous ! » Dis-je, alors que je viens entrechoquer mon verre contre le sien. Je bois plusieurs gorgées et regarde les personnes autour de nous. « Je crois que tu plais à l'homme là-bas. Il n'arrête pas de te regarder depuis tout à l'heure ! » J'essaye d'être discrète dans mes gestes pour qu'il ne comprenne pas trop vite que nous parlons de lui, mais moi et la discrétion, ça ne fait pas toujours bon ménage. « C'est quelque chose que tu as déjà envisagé ? De voir quelqu'un ? » Je sais à quel point ça peut être difficile et peu importe sa réponse, je ne la jugerais pas.

Avec les récents évènements tant côté professionnel que personnel, je ne prenais plus le temps de sortir. Pour mener à bien ce type de projet, il faut accepter de sacrifier un peu de son temps et s’investir à fond. Ce n’est qu’une fois terminé que nous pouvons nous permettre de souffler. Alors je suis plus que ravie de pouvoir reprendre ses habitudes, et réapprendre à décompresser. Romi m’explique qu’avec son boulot, elle sort plutôt régulièrement avec ses collègues après le travail. Cela pourrait une idée à mettre en place au cabinet. Un afterwork de temps en temps, pour favoriser les liens et la bonne ambiance. Il semblerait qu’il s’agisse d’une période calme pour elle, sur le plan pro. Compte-tenu de la nature de son gagne-pain, ce n’est peut-être pas plus mal. Je serais davantage inquiète si elle passait son temps en intervention. Je me demande si dans ce type d’emploi, on trouve le temps long ? Ou si on apprécie réellement la paix que l’absence d’urgence procure ? « Ça vous permet de souffler un peu aussi, c’est une bonne chose » Une fois nos verres et notre assortiment servis, nous trinquons. Ma belle-sœur me confie qu’un homme regarde dans ma direction. La question qui suit ne me surprend donc pas. Je réfléchis quelques instants en prenant une gorgée de mon cocktail « A vrai dire, c’est le sujet sur lequel on travaille avec ma thérapeute. Elle essaie de me faire déculpabiliser. J’ai envie d’y croire, je suis jeune, je n’ai même pas trente ans, j’ai toute la vie devant moi » Et je sais que c’est ce que Josh aurait voulu. Je l’entends parfois dans ma tête me dire : arrête de penser à moi, pense à toi. Fais ta vie et sois heureuse. « Mais j’ai l’impression de le tromper. Ce qui est idiot surtout qu’il me dirait que je suis idiote de penser ainsi. Tu te souviens comment il était »

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Le sujet des rencontres, pour la jeune femme, m’intéresse depuis quelques temps maintenant, mais je n’avais pas eu l’occasion de l’aborder avec elle jusque là. Alors finalement, cet homme qui la regarde tombe plutôt bien – même si je ne m’attends pas à ce qu’elle parte avec le premier inconnu ce soir. Visiblement, c’est aussi quelque chose qui la fait se questionner en ce moment : elle en a parlé avec sa thérapeute. Quand on est âgé et qu’on perd quelqu’un qui a partagé sa vie pendant plusieurs années, c’est compliqué, mais ça l’est tout autant quand tu es jeune, même si tu as passé moins de temps avec cette personne. Il faut dire qu’on ne se met pas en couple en se disant que dans quelques années ce sera fini car un drame viendra nous toucher. Non, quand on est jeune, on a envie de se mettre complètement dans une relation pour que ça dure et se faire arrêter comme ça, si brutalement, c’est cruel. « C’est difficile de passer à autre chose, surtout quand on a aimé comme ça. » Toutes les deux, nous avons aimé les frères et sœurs O’Hara, profondément, et on s’imaginait bien finir notre vie avec eux. « C’est normal que ça prenne du temps et que ce soit compliqué. » Je sais de quoi je parle, je suis passée par là. Mais chaque personne est différente et elle ne doit pas se forcer sous prétexte que quelqu’un lui a dit de le faire. « Je pense que tu dois y aller à ton rythme. » Je lui offre un tendre sourire, avant de poursuivre. « Et puis, rien ne dit que tu dois retrouver le grand amour dès le premier homme que tu croiseras. Tu peux t’amuser un peu aussi. » C’est un peu ce que je fais au final. Je n’irais peut-être pas jusqu’à dire que je m’amuse des personnes que je croise, mais disons que je les mets au courant qu’il ne s’agira pas quelque chose de sérieux. Un jour, peut-être que mon avis changera, mais je n’en ressens pas le désir pour l’instant.

Clairement, cette soirée est une aubaine. Une soirée entre nanas, une vraie, cela m’avait énormément manqué. Et finalement, à Romi aussi. Je pense qu’il va falloir réellement penser à être plus assidue avec tout ça : la détente. Et ça fait du bien. Je me sens en confiance et j’ai envie de m’amuser ce soir. La conversation prend alors un chemin que je n’avais pas vu venir : celui des amours. Honnêtement, pendant très longtemps je me suis refusée de ne serait-ce que penser à avancer. Mais la vie continue et c’est le message que j’essaie de faire passer à ma belle-sœur. Elle se trouve dans la même situation. C’est réellement la bonne personne pour discuter de tout cela. Evidemment, nous aurions préféré ne pas avoir ce point commun et vivre pleinement heureuses avec nos moitiés. Le destin en a décidé autrement. J’essaie de me laisser porter, d’avancer pas à pas et les choses se feront d’elles-mêmes. J’écoute attentivement ma belle-sœur et opine. « C’était notre anniversaire il n’y a pas si longtemps. » Je fixe mon doigt nu. J’ai réussi à retirer mon alliance. Cela n’a pas été une mince affaire. Je porte encore les marques de bronzage, témoin de mon union perdue. Cette petite trace ne partira pas tout de suite. Je sais qu’elle peut attirer l’attention des gens. Et je me demande si les hommes que je rencontrerais, peut-être se diront-ils que je l’ai retiré juste pour l’occasion et que l’adultère ne me pose aucun problème. Je secoue la tête. Là clairement, je divague. Nous n’en sommes pas là du tout. Et justement, peut-être que le temps que cette marque disparaisse est exactement ce dont j’ai besoin. Cependant, je porte toujours son nom. C’est également le nom sous lequel j’ai créé mon cabinet. J’ignore si un jour si je le changerai.  Je souris à Romi. J’ai conscience que ma confession a dû jeter un froid. « Ne t’inquiète pas, ça va. Mais tu as raison, je vais y aller à mon rythme. Je pense sincèrement que l’on peut aimer intensément plusieurs personnes. Mais nous les aimons d’une manière différente à chaque fois » Je termine tranquillement mon verre avant de reprendre « C’est pour ça que je n’attends de retrouver la même chose. Ca n’arrivera pas. Et ce n’est pas ce que je recherche. Mon histoire avec Josh est unique et elle le restera » L’important est de garder espoir et foi en l’avenir. « Quant à l’amusement, ca viendra peut-être. Pour l’instant, je me concentre sur m’amuser avec mes amies » ajouté-je en riant.

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Quand Skye évoque son anniversaire avec Josh, il n’y a pas longtemps, je me sens un peu bête de lui avoir proposé de s’amuser un peu. Pourtant, c’est un sentiment qu’elle aura chaque année et elle doit le mettre de côté. Avec le temps, il va s’estomper. C’est comme ça avec tout : plus les années passent et moins on se souvient. Au fond, c’est ce qu’on veut et pourtant, on aime l’idée d’avoir des souvenirs, d’avoir des flash-back qui reviennent à certains moments de nos vies. Face à elle et face à cette information, je ne sais pas vraiment quoi dire. Elle doit sûrement le voir, car rapidement, elle essaye de me rassurer : malgré cet anniversaire, elle va bien et reste convaincue qu’un jour elle trouvera quelqu’un d’autre. Ce ne sera pas comme avec Josh, mais ça ne voudra pas pour autant dire que ça ne comptera pas pour elle. Et puis, comme je lui suggère, avant de considérer une nouvelle relation amoureuse sérieuse, elle peut aussi s’amuser un peu. Si seulement elle le veut, bien sûr. En fonction des personnes, c’est plus ou moins simple. Pour moi, un an après le départ d'Alice, c'est devenu facile. Je ne voulais plus être seule et pourtant, je ne voulais pas de quelqu'un à mes côtés. C'est sûrement un peu contradictoire dit comme ça, mais voir des personnes sans penser au lendemain a finalement été le choix le plus judicieux, celui qui répondait au mieux au besoin. « Tu as bien raison, c'est soirée filles ce soir ! » Et puis, si cette idée de passer à autre chose est nouvelle pour la jeune femme, je ne vais pas la jeter dans le grand bain comme ça – surtout qu'on ne connaît pas vraiment cet homme qui la regarde. « Pas de garçon, pas de boulot et pas d'enfant. » Même si pour ce dernier point, je suis la seule à être concernée. « Juste toi et moi, ainsi que ces magnifiques cocktails. » Un nouveau sourire s'installe sur mes lèvres et je relève mon verre vers le ciel, comme pour trinquer une nouvelle fois, à cette soirée et à cette idée que nous avons eue. Avec nos deux boulots respectifs et le temps qui file, ces rares moments sont précieux. « On devrait voir pour s'organiser ça plus souvent. » Un peu comme ça nous arrivait avant, quand nous étions encore quatre.

J’ai vécu une belle histoire avec Josh. Et je ne regrette rien de ce qui s’est passé. Bien entendu, je préfèrerais qu’il soit toujours à mes côtés. Mais je ne changerais rien. Aujourd’hui je vais enfin de l’avant et je suis confiante. Les choses se feront en temps voulu. Et parfois, il faut savoir forcer le destin. La vie est contradictoire ainsi. Personne ne sait réellement comment cela fonctionne. Personne n'a de manuel avec les instructions sur les bons choix à faire. Mais hors de question de casser l’ambiance. Je rassure Romi, ce n’est que de la nostalgie, tout va bien. Ce soir, c’est la fête ! Nous sommes là pour nous détendre et profiter de la compagnie l’une de l’autre. Nous trinquons et j’opine à sa remarque. « Je suis entièrement d’accord ! » Nous avions pris l’habitude d’organiser régulièrement des sorties à quatre. Le nombre sera réduit mais je crois que ça nous ferait du bien de nous retrouver plus souvent. Nous sommes de la même famille et il est important de rester soudée. Je ne sais pas trop comment nous allons nous organiser avec nos emplois du temps chargés, pour autant, je suis certaine que l’on trouvera. Cela pourrait être un rendez-vous mensuel. On en aurait des choses à se raconter.  Je fais signe à la serveuse. Cette dernière ne tarde pas trop à arriver et je repasse commande. Une autre tournée pour célébrer notre soirée. « Comment va Lilly ? » J’aime cette petite. Je crois que lorsqu’il s’agit d’enfants, mes neveux et nièces confirment l’exception à la règle. Je ne me sens pas l’envie d’être mère, ni le besoin. Un point sur lequel Josh et moi étions d’accord. Même si je suis prête à espérer à nouveau, j’ai peur que ce soit un frein. Certains hommes changent d’avis avec l’âge et je ne voudrais pas m’engager auprès de quelqu’un, m’investir dans une histoire et finalement, devoir se séparer parce que nos objectifs de vie diffèrent. C’est quelque chose que je n’ai pas encore abordé avec ma thérapeute mais je dois bien reconnaître que ça me taraude.

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L’idée de se faire des soirées comme celle-ci, plus fréquemment, plaît à Skye. Pour l’instant, ce n’est qu’une proposition faite comme ça, mais quand elle aura trouvé le bon équilibre avec son cabinet, alors nous pourrons reparler de cela et évoquer les détails techniques. Nos verres se vident assez vite et comme pour célébrer ce pacte a moitié scellé, Skye appelle la serveuse pour commander une nouvelle tournée. Elle s’intéresse ensuite à Lilly, cette petite fille qui lui a fait une tonne de dessins la dernière fois où nous sommes allées la voir à son bureau – au moins, elle a de quoi décorer maintenant. « Elle va bien. Elle grandit un peu trop vite. » Mais ça, je suppose que c’est le cas pour tous les enfants et c’est quelque chose que disent fréquemment les parents. Nous nous préparons pendant neuf mois et après ça, le temps semble filer à toute allure, nous laissant l’impression de passer à côté des moments importants. « J’ai écouté mes beaux-parents, j’ai pris rendez-vous pour visiter une école. Nous verrons bien ce que ça donne. » Au départ, je n'étais pas vraiment emballée par cette idée et finalement, je me suis dit que voir n'engageait à rien, que ça nous donnerait, à Lilly et moi, un aperçu de ce qu'est l'enseignement de nos jours. « Ils acceptent les enfants assez tôt, alors quand je travaille, ça permettra à Lilly de commencer à apprendre. » J'ai évoqué cette possibilité et la petite fille a approuvé. Elle ne l'aurait pas fait, alors nous aurions attendu pour son inscription. Ici, en Nouvelle-Zélande, l'école n'est pas obligatoire avant cinq ans. Néanmoins, il existe des écoles privées, comme celle que nous allons visiter, qui accepte des enfants plus jeunes. Avec mon métier, ce sera sûrement plus simple, même si je sais que ma famille sera toujours là pour m'épauler au besoin. « Tu sais.. parfois, les premiers mois me manquent. Au point que je me dis que j'en ferais bien un deuxième. » Bien sûr, pour ça, il faut être deux et c'est là que ça coince. Surtout que ce n'est pas une étape comme une autre dans une relation, c'est quelque chose qui doit être réfléchi et forcément, tu ne peux pas aborder ça dès le premier rendez-vous. Ça veut aussi dire qu'il faut revoir ses conquêtes et ça, ce n'est pas encore au programme.

Une fois la deuxième tournée commandée, je m’enquiers de ma petite nièce. Cette gamine est magique et sans vouloir paraitre pour une mégère, l’une des rares enfant que j’arrive à supporter en comptant, bien sûr les enfants de ma fratrie. C’est la famille, c’est encore différent. J’écoute attentivement ma belle-sœur. Il semblerait qu’elle cherche une école pour sa fille. N’ayant aucune expérience, je ne peux pas réellement la conseiller. Ceci étant je trouve que c’est une bonne idée. La petite pourra se sociabiliser et commencer à développer certaines compétences. Il n’est jamais trop tôt pour apprendre, ni trop tard d’ailleurs. Et puis, ils doivent certainement adapter leur enseignement à leur âge. Et visiblement elle partage mon avis. Elle veut donner le meilleur à Lilly. Romi est vraiment une mère formidable, elle se donne à fond et avec un boulot aussi prenant que le sien, je trouve qu’elle gère à mort, pour parler vulgairement. Elle me confie alors qu’elle ne serait pas contre un deuxième enfant. C’est un sacré travail lorsque j’y pense. Avant que je ne puisse rebondir, la serveuse dépose la seconde tournée sur notre table. Je la gratifie d’un sourire. Elle est vraiment sympathique. « Honnêtement, je ne suis pas la mieux placer pour te conseiller mais je pense que ça pourrait être bénéfique pour elle d’apprendre, de développer aussi sa sociabilité. Et puis, il parait qu’à cet âge-là, ce sont de vraies éponges » Je pousse son verre dans sa direction et me saisit du mien « Au fait, si jamais ça t’intéresse, je peux commencer à parler à Lilly en français. Ca pourrait lui être utile pour plus tard » J’hésite même à lui proposer le gaélique. La famille de Josh vient d’Irlande, quelque part, ce sont aussi ses origines. Mais c’est bien plus complexe. Il m’aura fallu toute notre relation, en pratiquant tous les jours pour que je sois en mesure de le maitriser « Et peut-être qu’ils proposeront ce type d’éveil dans l’école que tu visiteras » Je prends une gorgée de mon cocktail et me fait la réflexion que ce sera le dernier. L’alcool peut vite monter à la tête. « Tu es encore jeune, tu as le temps pour un deuxième. Il y a aussi la possibilité de n’attendre personne, mais c’est une autre expérience et très loin d’être évident. Enfin je suppose » ajouté-je en souriant, conscience de mes lacunes sur le sujet « Il n’y a que toi qui peut savoir où tu es par rapport à tout ça » Elle m’a confié ne rien chercher de sérieux pour l’instant. A ce titre, il est plus difficile d’envisager un second enfant avec quelqu’un.

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En plus des deux personnes qui ont partagé nos vies, et qui sont malheureusement partis maintenant, Lilly est ce qui nous unit aujourd’hui. Depuis son arrivée sur Terre, la petite tête brune a partagé des journées entières avec son oncle et sa tante. Skye est quelqu’un que Lilly apprécie et l’inverse est d’autant plus vrai, je le sais. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’avocate prend de ses nouvelles. La jeune femme n’a pas d’enfant, mais je sais pourtant que c’est un sujet que je peux aborder librement avec elle. « Tant que tu ne lui apprends pas à dire des bêtises, ça me va. » Dis-je, alors qu’elle me propose de lui parler en français, dans le but de lui apprendre quelques mots d’une autre langue pendant qu’elle est encore jeune. Ne maîtrisant pas du tout ce sujet, il serait quand même dommage qu’elle commence à dire des vulgarités et que je ne m’en rende pas compte. Néanmoins, je doute que ce soit le genre de Skye de faire cela. Ayant évoqué un peu plus tôt que le temps passant pourrait me donner envie de faire un deuxième enfant, quelque chose que je n’avais pas envisagé avant, ma belle-sœur reprend le sujet et me dit que j’ai encore le temps. Ou alors, que je ne suis pas obligée d’attendre quelqu’un. Il est vrai que maintenant, il est simple de faire un enfant seule, surtout quand on est une femme. Mais dans ma situation, je doute que ce soit l’idéal. « Avec mon métier, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée de me lancer dans quelque chose comme ça seule. » Avec le décès brutal d’Alice, c’est finalement ce qui est arrivé. Ce n’était pas prévu et j’ai eu la chance d’être entourée par ma famille, mais me lancer dans une nouvelle aventure comme celle-ci, seule, ce n’est tout bonnement pas possible. Je ne peux pas leur imposer deux enfants en bas âge si les choses ne se passent pas bien pour moi. Bien sûr, ce n’est pas comme si cette envie d’enfant était vitale. En réalité, c’est juste quelque chose qui m’a traversé l’esprit comme ça. Plus tard, si jamais je croise le chemin de quelqu’un qui me redonnera cette envie, comme l’a faite mon épouse, alors ça signifiera sûrement que c’est le bon moment pour ça. « Comme tu le dis, j’ai encore le temps. » Même si pour nous, les femmes, il faut toujours penser à l’épée de Damoclès qui se trouve au-dessus de nos têtes pour ce qui est de la reproduction. « Je suppose que ne pas être enceinte à certains avantages. Ces petits cocktails notamment ! » Je survivrais bien sans alcool, mais ça ne fait jamais de mal de s’en servir un peu pour se vider l’esprit. Je me saisie une nouvelle fois de mon verre, le nouveau amené par la serveuse, et j’en bois plusieurs gorgées. « Même s’il ne faut pas abuser des bonnes choses. Après celui-ci, je pense que je serais bonne pour rentrer. » Ce soir, l’idée était juste de sortir entre filles. Il est inutile de vouloir se mettre la tête à l’envers. D’ailleurs, je pense même que nous avons passé l’âge pour ça.

L'apprentissage de nouvelles langues devient de plus en plus compliqué en vieillissant. Plusieurs études scientifiques prouvent que plus on est jeune, plus ce sera naturel. A l'âge de Lilly, son cerveau est une véritable pâte à modeler. Romi semble d'accord et je souris à sa remarque. Au contraire, j'enseignerai à la petite fille à s'exprimer correctement et non pas de manière vulgaire comme on peut entendre certains jeunes de nos jours, toute langue confondue.« C'est promis. » Ma belle-soeur évoque l'idée d'un second enfant. Honnêtement je l'admire. Bien sûr, c'est un choix de vie, et avoir Lilly était une décision réfléchie. Mais un sacré boulot surtout maintenant. La jeune femme exerce un métier dangereux et j'imagine que lorsqu'elle part en intervention, sa fille doit être omniprésente dans son esprit. L'idée de ne pas revenir. Je chasse ses pensées négatives. Ce n'est pas le moment de songer à cela. Romi sait ce qu'elle fait, elle excelle dans son domaine et Lilly ne manque de rien. Si ce n'est de sa mère mais je sais qu'elle fait tout pour la rendre heureuse. La petite est épanouie, assez vive. Elle gère. « Je comprends mais si c'est ce que tu souhaites, je suis certaine que tu parviendras à le réaliser un jour » La loi de l'attraction. Je reprends mon verre et continue à picorer dans les petits amuse-bouche. Ce n'est pas un vrai repas mais cela reste appréciable. Si j'ai vraiment un creux, je pourrais toujours me faire quelque chose en rentrant à la maison. Il doit bien y avoir des restes dans mon réfrigérateur. Je me cale dans mon siège, détendue. Cette soirée était vraiment une excellente idée. J'écoute Romi en portant mon cocktail à mes lèvres et ne peux m'empêcher de sourire. « Je suis parfaitement d'accord. Généralement en fin de semaine, j'apprécie déguster un verre de vin blanc. Une sorte de petit rituel. Ce qui n'est pas envisageable en portant la vie » Je bois rarement le reste du temps, même pendant les entrevues avec mes clients. Davantage lors de dîners mondains mais cela n'arrive pas tous les jours. Je repense une nouvelle fois à la promesse implicite que nous nous sommes faites d'organiser plus souvent ce genre de soirée. Je sors mon portable de ma pochette et consulte mon calendrier. « Que dirais-tu d'une soirée à la fin du mois ? En fonction de nos emplois du temps, nous pourrons toujours décaler mais au moins, le rituel est en marche » ajouté-je en terminant mon verre. Ainsi, nous n'avons pas d'excuse.

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À bien y réfléchir, je crois que Skye est l'une des rares amies que j'ai en dehors de la caserne. Bien sûr, il y a aussi les sœurs Herrman et encore, les choses sont plutôt compliquées avec Laurel depuis qu'elle est revenue d'entre les morts. Cependant, c'est quelque chose de bien différent qui me lie à la brune et étonnement, ça me fait du bien de pouvoir la retrouver de temps en temps. Suite aux drames qui nous ont touchés, nous aurions pu choisir de laisser le temps nous éloigner et pourtant, nous avons fait le choix de nous unir et de nous soutenir dans les épreuves. Aujourd'hui, nos vies sont différentes de ce que nous avions projeté il y a quelques années maintenant, mais nous avons appris à vivre avec et surtout, à être heureuses malgré ça. Ce n'est pas toujours facile et le fait que l'autre soit là quand il y a un moment de moins bien, c'est important. Lilly aide dans cela aussi, mais ce n'est pas étonnant puisque nous l'avons en commun. Après le décès de sa mère, puis celui de son oncle, je ne pouvais pas me résoudre à retirer sa tante de sa vie et aujourd'hui, je crois qu'elle lui rend plutôt bien. Après une rapide discussion sur mon envie d'avoir un deuxième enfant, un jour peut-être, Skye sort son téléphone et me propose de voir ensemble pour une soirée comme celle-ci en fin de mois. « Regardons ça. » À mon tour, je sors mon téléphone pour ouvrir mon calendrier. J'ai pris l'habitude d'y rentrer mes jours de garde et les rendez-vous que Lilly et moi pouvons avoir, ça devrait donc nous donner une idée générale du temps que j'aurais. « Le dernier week-end, je suis de garde. » Dis-je, alors que je fais dérouler les jours sous mes doigts. « Nous pouvons nous prévoir quelque chose en semaine ou alors les week-ends avant ou après. » Nous avons passé l'âge des couvre-feux en semaine, mais ce n'est pas toujours évidant avec le boulot. Les soirs des derniers jours de garde sont généralement réservés à mes collègues, mais si vraiment cela arrange Skye, alors je me ferais porter absente pour cette fois-là. Après quelques négociations, comme deux femmes aux vies bien chargées, nous tombons d'accord sur jour et nous le notons directement dans nos téléphones pour ne pas l'oublier. D'une traite, je finis le fond de mon verre, avant d'annoncer mon départ. « Il commence à se faire tard, je vais te laisser. En espérant que je retrouve ma maison en un seul morceau. » Dis-je, amusée. Quand je laisse ma petite sœur avec Lilly, elle a tendance à oublier qu'elle est majeure. Par chance, il n'y a jamais eu de catastrophe. Je me lève de mon siège et viens enlacer ma belle sœur. « On se revoit très vite. » Au pire, lors de cette soirée que nous avons planifiée. Au mieux, un peu plus tôt si le destin est de notre côté. Les au revoir faits, je me dirige vers le bar pour payer ma consommation et je quitte ensuite l'endroit.