get out of the daily routine (love)

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crédit/ tumblr ✶ w/love

Aujourd’hui, je vais rencontrer Morgan. Pour la première fois, nous avons décidé de planifier ce moment à deux, plutôt que de laisser le destin faire. Il faut dire que deux des trois fois où c’est arrivé, nous nous sommes vues et je portais ma casquette de pompier. La troisième fois aussi – à bien y réfléchir, puisque c’était à la caserne, mais on peut dire que c’était assez détendu ce jour-là. Ayant des jours de congés sans grand-chose de prévu, je lui propose qu’on se retrouve dans un café. Encore une fois, je serais rassurée de la voir après ce qui s’est passé chez elle. C’était une crise d’angoisse, donc rien de dramatique, mais à répétition et dans des endroits autre que chez elle, ça pourrait se compliqué. C’est peut-être un peu bête, mais je me dis que parler pourrait peut-être l’aider : même si je connais maintenant le gros de son histoire – cet incendie, puis cette perte brutale. Mon père étant lui aussi en congés, je dépose Lilly chez lui, avant de prendre la route de North Bay pour un café. Ce n’est pas forcément celui où je vais le plus, mais avec la célébrité de la jeune femme, je me dis qu’il est peut-être préférable d’éviter la forte affluence du centre-ville à cette heure de la journée. Un peu en avance, je commande une boisson et m’installe à l’une des tables. Rapidement, je vois Morgan qui fait son arrivée à son tour. « Morgan ! » Dis-je, tout en agitant ma main en l’air pour qu’elle me voit. « Prends ce que tu veux, c’est pour moi. » Pour elle, ce n’est sûrement pas grand-chose, mais disons que c’est plus pour le geste qu’une question de moyen que je propose ça.

Romi est devenue vraiment comme mon ange gardien. Je ne pensais pas en avoir besoin d’un ‘réel’, j’ai toujours cru avoir une bonne étoile au dessus de ma tête, jusqu’à il y a cinq mois, quand Scarlett est partir les rejoindre, les étoiles. Peut-être d’ailleurs que c’est elle qui veille sur moi, en m’envoyant Romi sur ma route. J’aime bien cette idée, mais je ne voudrais pas non plus que la pompière ne me prenne pour un putain de boulet. Il faut dire qu’elle a vu des parties de moi pas super glorieuses…
Cet après midi, nous avons rendez-vous pour boire un café toutes les deux, et éviter nos rencontres fortuites et pour la plupart, un peu malheureuses. Lorsque j’arrive au café, je vois sa main se lever, et je lui réponds d’un large sourire. Une fois à sa hauteur, je retire ma casquette que je pose près de moi sur la table. Elle me propose de m’offrir ma conso, je trouve ça super gentil de sa part. « C’est moi qui suis en retard ou toi en avance ? » Je ris un peu et fais signe à la serveuse que je veux bien commander, puisque Romi a pris de l’avance. Je commande un jus d’orange pressé, et repose mon regard sur la brune. Cette idée qu’elle me soit envoyée par ma meilleure amie me perturbe un peu, je dois arrêter d’y penser. « Ça fait du bien de se voir alors que je suis en pleine forme ! » J’écarte un peu les bras l’air de dire ‘tadaa’, et ris un peu. « En tout cas, merci encore, pour tout. J’ai eu de la chance de tomber sur toi… »

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Finalement, je crois que sans m'en rendre compte, quelque chose s'est créé entre Morgan et moi. Quelque chose de platonique – bien sûr, qui tourne presque vers le côté fraternel. Je suis l'aînée d'une famille de six enfants et je crois que j'ai toujours été là quand mes frères et sœurs avaient besoin de moi, ça doit sûrement aider. Alors que la jeune femme me rejoint à la table, elle s'interroge sur qui de nous est en retard ou en avance. « Je suis peut-être un peu en avance. J'ai dû aller déposer ma fille et je pensais que ça prendrait plus de temps que ça. » Ce n'est pas là une révélation, puisque je l'ai déjà évoqué lorsque la jeune femme est venue à la caserne. Assise face à moi, elle plaisante un peu de son état de santé et du fait que nous nous voyons alors qu'elle est en pleine forme – pour une fois. Je ne peux m'empêcher de rire un peu, avant de prendre de ses nouvelles. « Ça va mieux ? Tu as pu te reposer un peu ? » Je ne sais pas vraiment si c'est de ça qu'elle avait besoin, mais après la crise qu'elle a eue, ça ne lui aurait certainement pas fait de mal. « Il faut croire que parfois, nos chemins croisent ceux d'autres personnes pour une bonne raison. » Je suis persuadée que tout arrive pour une bonne raison, même si ce n'est pas toujours ce qu'on veut. « J'ai progressé depuis la dernière fois : j'ai regardé l'un de tes films ! Tu es plutôt douée. » J'ai mis un peu de temps, mais après avoir appris sa profession, je ne pouvais pas passer à côté. Et puis, ce sujet de conversation est sûrement plus agréable qu'un autre pour commencer.

Déposer sa fille. J’avais oublié ce détail. Je ne sais pas pourquoi, la mort de sa femme ça m’a marquée, mais pas qu’elle ait une fille. Je n’ose pas poser la question, est-ce qu’elles l’ont eue ensemble ? Est-ce que c’était avant ? Après ? Ça ne me regarde pas après tout. « Ça va mieux ? Tu as pu te reposer un peu ? » Je hoche vivement la tête. En dehors de ma voisine qui me prend le chou, j’arrive à peu près à bien dormir. Disons que cette nouvelle situation, ma vie entre parenthèses, c’est un peu… étrange. « Il faut croire que parfois, nos chemins croisent ceux d'autres personnes pour une bonne raison. » Je hoche de nouveau la tête vivement. Parce que je suis entièrement d’accord avec elle. Et je sais qu’elle n’est pas sur mon chemin par hasard, c’est une évidence. Sinon, je ne serai peut-être pas là. « J'ai progressé depuis la dernière fois : j'ai regardé l'un de tes films ! Tu es plutôt douée. » Oh, alors celle là je m’y attendais pas. « Oh ! » Je ris un peu, presque mal à l’aise. Pourtant, j’ai plutôt l’habitude que les gens aient vu mes films, mais là, c’est un peu bizarre. Au départ, Romi ne me connaissait pas, elle a regardé un film dans lequel j’ai tourné, simplement parce qu’elle a appris que j’étais actrice. Je ne lui en aurai pas voulu de ne pas le faire. « C’était lequel ? Sans indiscrétion ? » J’ajoute sans tarder, pour me justifier « Non parce que si c’était un dans lequel je suis mauvaise, t’étais pas obligée d’être gentille… » Je hausse les épaules en souriant. Je n’ai pas vraiment confiance en moi, disons que le fait que mon père soit mon agent aide beaucoup. Il croit en moi plus que n’importe qui sur cette planète. « Ça me fait plaisir que tu aies eu cette curiosité. Chacune son tour ! » lui dis-je en souriant, faisant référence à la fois où je suis passée la voir à la caserne.

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Aujourd’hui, la jeune femme va mieux et c’est une bénédiction. J’ai vraiment l’impression de la voir dans des moments où elle est en difficulté, puis quelque jour après, pour prendre de ses nouvelles. Pour elle, comme pour moi, j’espère que cette boucle prendra fin. Même si l’idée de la revoir dans un autre contexte qu’une intervention ne me dérange pas. D’ailleurs, depuis qu’elle est ici, je ne sais pas vraiment ce qu’elle fait, mais peut-être qu’elle a eu l’occasion de croiser des membres de ma famille : certains sont dans ses âges. Quoi que.. avec sa célébrité, elle évite sûrement les endroits où ils vont. En parlant de célébrité, je ne peux m’empêcher d’évoquer le fait que j’ai regardé l’un de ses films. Comme dirait l’un de mes collègues, je ne suis plus si inculte que ça. « Il était récent ! Six hundred miles return ? » Moi et les titres avec plusieurs mots, ce n’est pas trop ça. Mais j’espère ne pas me tromper et ne pas écorcher le nom. « Si tu penses qu’il est préférable que j’en regarde un autre, dis-le moi et je verrais pour me caler ça un jour de repos. Ou même à la caserne, entre deux interventions, je suis sûre que mes collègues seraient d’accord. » Après tout, l’un d’eux a su avant moi qui elle était vraiment. « Ce doit être particulier comme vie. Ça ne te dérange pas ? » La popularité, je connais un peu, grâce à l’entreprise familiale. Mais je n’ai jamais été mise sur le devant de la scène comme c’est le cas avec elle aujourd’hui. Je ne sais pas si j’arriverais à gérer comme elle le fait, elle m’impressionne. Mais peut-être que c’est quelque chose qui s’apprend aussi avec le métier. Pour se protéger et pour protéger ses proches.

« Il était récent ! Six hundred miles return ? » Ah, oui, bon ça va alors. Je lui offre un sourire, plutôt rassurée qu’elle ait vu celui-ci plutôt qu’un vieux. Elle me demande s’il est préférable qu’elle en voit un autre, elle est prête à prendre du temps sur son boulot quand c’est calme. Je trouve ça mignon. « Oh, c’est comme tu veux. Celui là est bien, il fait pas partie de ceux dont je me cache un peu parce que j’assume qu’à moitié. » Ça va, j’ai de la chance, cette catégorie est assez limitée, ils ne sont pas si nombreux. Pas que j’ai honte du film, mais je sais que j’aurai pu faire mieux dans mon jeu. Je suis perfectionniste, j’y peux rien… « Par contre, tu as vu le deuxième volet d’un diptyque. Donc si tu veux voir le premier… » Je hausse un peu les épaules en souriant. « Ce doit être particulier comme vie. Ça ne te dérange pas ? » Grande question. « C’est pas toujours facile, c’est sûr. On doit faire attention à à peu près tout, mais avec le temps, on s’y fait. Et puis, je suis quand même bien entourée. » Mon père me surveille de près. D’ailleurs, le fait que je le mette au pied du mur pour mon retour ici il y a quelques mois, il n’a pas trop aimé. Mais il m’aime et il est inquiet pour moi. Il ne se passe pas trois jours sans qu’il ne soit pas chez moi en train de vérifier que tout va bien. « Après, je ne suis pas non plus Beyonce, et puis j’ai pas tendance à faire des trucs qui poussent à la controverse. Mis à part mon investissement dans la cause LGBT, j’ai pas de casserole. Donc ça va ! » Je ris un peu, plutôt fière de mon parcours, au final.

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À en croire ce qu'elle dit, je n'ai pas fait un si mauvais choix pour le film. Ce n'est pas plus mal, car me connaissant, j'aurais été capable de choisir le seul film qu'elle n'aimait pas. D'ailleurs, si jamais je renouvelle l'expérience un jour, je lui propose de me faire une proposition sur celui que je devrais regarder ensuite. C'est alors que j'apprends que j'ai regardé le deuxième film d'une série. « Si je fais les choses à l'envers.. » Je rigole légèrement. À croire que même en essayant, ça ne suffit pas vraiment. « Je regarderais ça ! » Et puis, si je me prends vraiment au jeu, je suis sûre que je trouverais des personnes qui me diront quoi regarder ou non dans mon entourage. « Tu as beaucoup de films à ton actif ? » Même si j'ai été curieuse en en regardant un, on ne peut pas vraiment dire que je me suis attardée trop longtemps sur sa filmographie. Je ne l'ai pas rencontrée dans ce cadre, alors je trouvais cela un peu bizarre d'ouvrir sa page Wikipedia. Je bois une gorgée de ma boisson, alors que je l'écoute répondre à ma deuxième question. Selon elle, même si elle est célèbre, elle n'est pas non plus comme ces stars internationales et elle fait de son mieux pour ne pas faire trop de scandales. « Une casserole ? Il est vrai que certaines personnes sont toujours fermées d'esprit. » Surtout qu'à son niveau, en étant connue, je suis sûre que des personnes se permettent de la juger à tout va et de donner leur avis sur des choses qui ne les regardent pas. « Tu dois te douter que ce n'est pas mon avis. » D'ailleurs, quand je lui ai parlé de mon histoire, je n'ai pris aucune pincette. J'aurais pourtant pu craindre qu'elle se braque si c'était quelque chose qui ne lui plaisait pas. « C'est d'ailleurs une très belle cause ! » Même si à bien y réfléchir, je ne la défends sûrement pas assez.

Elle prend les choses à la dérision sur cette histoire de diptyque, et je ris avec elle. « Tu as beaucoup de films à ton actif ? » Je fais une petite moue, je ne suis pas sûre de trop savoir répondre à la question. « Pas mal, pour mon âge, il paraît. Pourtant j’ai commencé qu’à 17 ans. Mais j’ai pas trop conscience, j’aime tellement ça… » Je n’ai jamais eu de trop mauvaise expérience jusque là, et j’espère que ça durera. Je sais que ce n’est pas un métier tout beau tout rose, mais j’aime pouvoir jouer des rôles, passer des messages et des émotions aux gens… « Une casserole ? Il est vrai que certaines personnes sont toujours fermées d'esprit. Tu dois te douter que ce n'est pas mon avis. » Je ris un peu en hochant la tête. « Oui, dès que tu sors un peu du chemin que la société a tracé pour tout le monde, ça fait parler. Mais je suis fière de ça, j’ai été élevée par deux hommes, je crois qu’à partir de là, je ne pouvais pas faire autrement. Et ça me va très bien comme ça ! » Elle est dans le ‘milieu’ elle aussi, donc elle sait de quoi je parle, comme elle l’a si bien souligné. Et puis, elle a raison, c’est une très belle cause. Comme toutes celles qui visent à représenter des personnes issues de minorités. Moi, j’ai la double casquette. LGBT, et origines afro-américaines. « Dans la série dans laquelle je joue depuis deux ans, je joue une fille un peu paumée dans son identité de genre, sa sexualité. Tout est fait pour poser question. J’adore de genre de rôle qui permet aux jeunes de se reconnaître, surtout en ce moment, je crois qu’ils ont besoin de voir qu’ils ne sont pas seuls… »

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Grâce à ce qu'elle me dit, j'apprends qu'elle a commencé le cinéma à l'âge de dix-sept ans. Je suppose qu'il y a plusieurs façons de voir cela : soit c'est tard, car elle aurait pu faire un bon nombre films étant enfant, soit c'est tôt, car il lui reste encore beaucoup de choses à vivre. J'ai envie d'être optimiste et de partir sur la deuxième option, surtout que si elle en a fait autant déjà, c'est sûrement qu'elle est douée dans ce qu'elle fait. Naturellement, le sujet dévit sur la cause LGBT, qu'elle défend. C'est un environnement dans lequel elle a grandi et elle ne se voyait pas faire autrement. En réalité, elle se sert même de son rôle au cinéma pour essayer de faire avancer un peu les choses. « Films et séries ? Tu es vraiment multitâches. » Si j'ai voulu m'ouvrir un peu à ce qu'elle faisait, il faut croire que j'en ai raté une grosse partie encore. « Tu as bien raison. Surtout si tu as ce pouvoir de faire passer un message, je pense que c'est important. » Elle est connue et il y a sûrement beaucoup de monde qui l'idolâtre. S'ils sont jeunes, c'est autant de personnes à qui elle peut ouvrir l'esprit – sauf s'ils sont déjà sous l'influence un peu radicale de leurs parents. Contrairement à nos précédentes rencontres, le sujet est un peu plus léger et je pense que c'est une bonne chose. Je suis pompier et dans mon métier, j'ai été amenée à la voir dans des situations délicates, où elle n'était pas à l'aise, et ce n'est pas ce que je souhaitais faire – encore – en la faisant venir ici. Nous échangeons comme ça, sur différents sujets, jusqu'à ce que nos boissons soient vides et qu'il soit l'heure pour nous de repartir à nos emplois-du-temps. Cette parenthèse était agréable et qui sait, peut-être qu'il y en aura d'autres du genre.