let's have fun (siam)

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On apprend toujours de ses erreurs. Et bien non, c'est complètement faux. Ou alors, je suis l'une des rares exceptions pour ce proverbe. Me tenir loin de Freya, c'est ce qu'on m'a suggéré de faire, mais je n'en ai fait qu'à ma tête et j'ai continué de la voir, me rapprochant un peu plus d'elle à chaque fois. Au point même qu'un soir, nous avons passé une soirée semblable à celle de Barcelone. Une soirée pleine de désir et un lendemain plein de remords. Remords ? Non, ce n'est pas exactement ça. Mais disons que malgré les années, les choses ne changent pas vraiment. Il s'est passé quelque chose entre nous, je l'ai ressenti et je suis sûre qu'elle aussi. Pourtant, aujourd'hui, elle est encore avec mon frère et ça devient de plus en plus difficile à accepter. C'est sûrement pour cela que pour la première fois depuis nos retrouvailles, j'ai envie de mettre tout cela derrière moi et d'avancer. Elle pensait vraiment que ça pourrait fonctionner comme ça ? Que je jouerais la maîtresse sans rien dire ? Non, ce n'est pas possible. Et pour me changer un peu les idées, il n'y a rien de mieux qu'une petite soirée. Je sais que ça ne me réussit pas souvent, mais j'ai juste besoin de pouvoir penser à autre chose. Tegan n'étant pas disponible ce soir, je dois me rabattre sur d'autres amies, des personnes que j'ai eues l'occasion de rencontrer après mon retour à Island Bay. S'amuser est le mot de maître de cette soirée, c'est bien pour cela que l'alcool coule à flot. Je le regretterais sûrement demain, mais tant pis, je mettrais ça sur le dos de l'hôtesse de l'air, encore. Un verre à la main — et déjà plusieurs dans mon estomac, je me dirige sur la piste de danse et commence à me bouger au rythme de la musique. Doucement, je perds le contrôle de mon corps et aussi celui de l'espace personnel de mes voisins. C'est accidentel, mais il m'arrive de leur taper un peu dans les épaules. Quelle idée d'être baraqués comme ça aussi, ou alors c'est moi qui suis petite ? Ça n'a que peu d'importance tant qu'ils ne s'énervent pas contre moi. Après plusieurs dizaines de minutes, les choses n'ont pas vraiment changées, c'est juste que cette fois-ci, le visage de la personne que j'ai bousculée m'est familier. « Siam ? » J'essaye de faire jouer ma mémoire, mais elle semble déjà m'avoir laissé seule. « Ça fait une éternité que je ne t'ai pas vue ! » Depuis le lycée finalement. Il faut dire que je n'étais pas forcément enjouée de reprendre contact avec les personnes qui avaient côtoyé mon ancien petit ami. « Je travaille avec ton frère et il n'a même pas eu la bonne idée de me parler de toi ! » Pour être honnête, ce n'est pas exactement la vérité : il a bien parlé de l'une de ses sœurs, qui attendait un enfant avec son meilleur ami, mais sur le coup, je n'ai pas fait le rapprochement avec la jeune femme. C'est pourtant logique maintenant que j'y réfléchis bien, car si je ne me trompe pas, leur autre sœur est encore un peu jeune pour ça. Enfin.. est-ce qu'il y a vraiment un âge pour ce genre d'événement ? Je serais plutôt mal placée pour répondre à la positive.

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L'effet papillon. Si j'avais su que coucher avec William allait avoir autant de conséquences... croyez-moi, j'y aurais réfléchi à deux fois. Pourtant, ce soir-là, je n'étais pas totalement lucide. L'alcool aidant, sur le moment, je ne me suis pas rendue vraiment compte de mon erreur. Je sais que ce n'est pas une excuse valable mais peut être que les choses auraient été différentes... de toute façon, c'est trop tard maintenant. Le mal est fait. Ma vie sentimentale est en train de voler en éclats, mais je ne peux pas me laisser aller pour autant. Je ne suis plus toute seule, il y a cet être vivant logé dans mon ventre à qui je dois faire attention. Même s'il n'était pas désiré, loin de là, je ne peux m'empêcher d'en faire ma priorité. Alors c'est ça l'instinct maternel ? Il faut croire qu'on en apprend tous les jours. Et avec cette grossesse, je pense que je ne suis pas au bout de mes surprises. Mais en attendant, j'essaye de continuer à vivre normalement. Quand mes collègues de l'agence me proposent de sortir boire un verre, je ne peux pas vraiment leur dire non. Pas d'alcool pour moi, évidemment, mais profiter de penser à autre chose pendant l'espace d'une soirée ne peut pas me faire de mal. Je suis même contente de pouvoir passer un moment avec elles, entre filles. Nous avons la chance de toutes bien nous entendre dans l'équipe et c'est plutôt agréable. Nous passons d'ailleurs une bonne soirée, à parler, rire et danser, jusqu'à ce que je me fasse bousculer. Le coup n'était pas violent, mais inconsciemment je panique un peu portant la main à mon ventre avant de croiser un regard familier. « Siam ? » Riley, une fille avec qui j'étais au lycée. Enfin, nous n'étions pas dans la même classe mais comme je trainais beaucoup avec des gens plus âgés... on se connait un peu aussi. « En chair et en os ! » Répondais-je dans un petit sourire. « Ça fait une éternité que je ne t'ai pas vue ! » C'est vrai qu'elle a disparu des radars après le lycée, ou presque. En réalité, je ne savais même pas qu'elle était de retour dans le coin. « Je travaille avec ton frère et il n'a même pas eu la bonne idée de me parler de toi ! » Je fais mine d'être offusquée avant de laisser échapper un léger rire amusé d'entre mes lèvres. « Mais quelle erreur ! » Mais je lui pardonne, il a d'autres préoccupations en ce moment avec les jumeaux que de parler de sa soeur avec une ancienne connaissance. « Alors comment tu vas, depuis le temps ? » Je me rapproche un peu d'elle pour qu'elle puisse m'entendre. Avec la musique, c'est parfois difficile de se faire comprendre. « Je t'aurais bien proposé de te payer un verre, mais je vois que tu as déjà les mains pleines. » Ajoutais-je en désignant d'un signe de tête le verre qu'elle a dans la main. « Ta soirée a l'air de plutôt bien se passer. » Contrairement à moi, la jeune femme, elle, a l'air d'avoir déjà pas mal consommé. Comme si le fait de ne pas avoir bu me permettait de pouvoir analyser plus facilement les autres. Si, si, je vous jure !

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Profiter de la vie. C’est une phrase qu’aurait pu me dire Tegan et si je ne l’ai pas écouté dernièrement, je crois que pour une fois, le temps d’une soirée, j’ai envie de faire quelque chose qui irait dans son sens. Pour elle, pour lui faire plaisir, mais aussi pour moi, car je crois que j’en ai vraiment besoin. Avec ce qui est en train de se passer dans ma vie, je dois penser un peu plus à moi et me retirer de la tête ce qui risque de me causer quelques nuits blanches. Est-ce que je vise quelque chose en particulier quand je dis cela ? Bien sûr. Ce n’est pas vraiment quelque chose d’ailleurs, mais quelqu’un. Depuis que mon chemin a recroisé celui de Freya, ma vie est quelque peu sans dessus-dessous : je laisse mon cœur agir, oubliant parfois que mes actions auront des conséquences. Ce soir, j’oublie tout. Mon boulot, ma famille et elle. Au sens propre, comme au sens figuré et pour ça, l’alcool que je suis en train de boire va grandement m’aider. Vu ma taille et mon habitude à boire, autant dire que ça va même plutôt vite pour que je sois euphorique et pour que plus rien ne m’affecte. Au point même que je me retrouve à percuter quelqu’un dans l’une de mes danses. Par chance, la personne n’en tient pas vraiment rigueur. Mieux encore, son visage m’est familier. Malgré l’alcool qui a déjà coulé dans mon sang, il ne me faut pas longtemps pour remettre un prénom sur ce visage. Bien que plus jeune que moi, j’ai eu l’occasion de croiser Siam, la sœur de mon collègue, à plusieurs reprises au lycée. Même si ça n’a pas forcément été une période très agréable pour moi, je n’ai jamais rien eu contre elle, alors je ne trouve pas déplaisant de lui faire un peu la conversation. « Je vais plutôt bien. Et toi alors ? Est-ce que c’est toi la sœur d’Arlo qui attend un enfant ? » Oui.. je dois rapidement me rendre à l’évidence que j’ai tiré quelques conclusions hâtives sur ce que le jeune homme m’a dit ou non. Discrètement, mes yeux se posent sur son corps, mais aucune courbe ne peut affirmer ou infirmer ce que je pense, ce sera à elle de le faire. Elle se penche un peu vers moi et prononce quelques mots qui me font sourire. « Si ce n’est que ça, je peux le finir. » Un verre de plus ou de moins, ce n’est pas grand-chose maintenant. D’ailleurs, à en croire sa remarque, mon état actuel ne laisse que peu de doutes sur le nombre de boissons que j’ai déjà eu l’occasion de boire. « J’ai eu une semaine compliquée, alors je cherche à décompresser un peu. » Boire plus que nécessaire, ce n’est pas dans mes habitudes, alors je ressens le besoin de me justifier. « On devrait peut-être se trouver un endroit un peu plus calme, si jamais on veut parler un peu. » Ce sera sûrement plus simple que de se pencher l’une vers l’autre à tout bout de champ. Nous quittons la piste de danse pour nous installer à l’un des coins du bar. Là, la musique est bien moins forte. « Est-ce que tu veux boire quelque chose ? » Sans alcool sûrement, mais ce n’est qu’un détail ça.

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Je ne m'attendais pas à tomber sur une ancienne connaissance... et pourtant, je suis bien placée pour savoir que le monde peut être petit, quand il veut. Mais je suis contente, parce que Riley est une fille que j'ai toujours apprécié. A l'époque du lycée, même si nous n'étions pas vraiment des amies, nous nous entendions bien. Ça me fait plaisir de voir qu'elle ne m'a pas oublié. Même si travailler avec mon frère a forcément dû l'aider un peu à se rafraichir la mémoire. « Je vais plutôt bien. Et toi alors ? Est-ce que c’est toi la sœur d’Arlo qui attend un enfant ? » Ah. « Je vois que les nouvelles vont vite. » Je laisse échapper un petit rire nerveux d'entre mes lèvres. Alors c'est comme ça que je vais être catégorisée pour les prochains mois ? Pour le moment, j'ai encore de la chance que ça ne soit pas écrit sur mon front. Mais bientôt, je ne pourrais plus vraiment le cacher. « Mais pour répondre à ta question, je vais bien aussi, merci. » Si on met évidemment de côté tout l'iceberg qui se cache derrière les apparences. Mais à en croire l'état de la jeune femme et son envie de faire la fête, c'est peut être la même chose pour elle. D'ailleurs je ne peux m'empêcher de penser que si je le pouvais, j'aurais sans doute fait la même chose. « Si ce n’est que ça, je peux le finir. » Vu comme ça, c'est vrai que c'est un détail. « J’ai eu une semaine compliquée, alors je cherche à décompresser un peu. » La jeune femme se justifie, et je hausse un peu les épaules comme si ça n'avait pas réellement d'importance. Loin de moi l'idée de la juger. « Bienvenue au club ! » Même si, dans mon cas, ce n'est pas simplement une question de semaine. La mauvaise période commence malheureusement à durer. « On devrait peut-être se trouver un endroit un peu plus calme, si jamais on veut parler un peu. » C'est vrai qu'il y a mieux que le milieu de la piste de danse comme endroit pour avoir une vraie discussion. Après quelques pas, nous nous installons finalement près du bar. « Est-ce que tu veux boire quelque chose ? » Je hoche la tête avant d'ajouter. « Oui, mais laisse, c'est ma tournée ! » Je prends alors l'initiative de commander la même chose pour elle, et un Virgin Mojito pour moi. « A la tienne ! » Ajoutais-je tout en trinquant mon verre contre le sien. « En tout cas, ça me fait plaisir de te revoir. » Aux dernières nouvelles, elle n'était plus dans les parages depuis l'époque du lycée, ou presque. Enfin, c'est ce que je croyais mais apparemment je ne suis plus tout à fait à jour. « Tu es de retour dans le coin depuis longtemps ? » Je m'intéresse naturellement à elle en essayant d'en apprendre un peu plus sur son histoire. « Dis-moi pas que tu avais le mal du pays... » Ajoutais-je en riant légèrement.

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Je ne pensais pas tomber sur quelqu'un que je connaissais ce soir. Mais finalement, ce n'est peut-être pas une si mauvaise idée. Je n'ai pas forcément l'habitude de boire, alors quand je le fais, je réagis assez mal. La dernière fois où c'est arrivé, j'ai appelé l'une de mes colocataires à l'aide. Là, j'aurais directement quelqu'un, même si j'espère ne pas en avoir besoin. Je donne l'impression de passer une bonne soirée. Ce n'est pas exactement cela, mais les quelques verres que j'ai déjà pu boire ne me permettent pas de le cacher à la jeune femme. Par chance, elle ne me juge pas. En réalité, elle se retrouve dans le même cas que moi – au détail près qu'elle ne peut pas boire pour oublier. La discussion maintenant lancée, je propose à Siam de quitter la piste de danse pour un endroit plus calme : pour parler, ce sera plus simple. Je lui demande ce qu'elle veut boire, mais elle prend les devants et commande pour nous deux. Maintenant seule, elle pose des questions avec un peu plus d'intérêt. « Depuis un peu plus d'un an. » Un an et demi si je veux être précise. C'est dingue, j'ai l'impression que ça fait bien plus longtemps que je suis là. Les récents événement n'aident sûrement pas. « Il y avait un peu de ça. » Dis-je, tout en laissant échapper un petit rire. Avant mes dix-huit ans, j'ai accepté de partir, car je suffoquais ici et que j'avais peur de recroiser mon ancien petit ami. Pourtant, des années plus tard, j'ai ressenti ce besoin de revenir, malgré tout. « J’ai terminé le lycée en Australie. J’ai continué mes études là-bas et après ça, j’ai décidé de me prendre une année sabbatique pour voyager. » Je voulais voir du pays et je l’ai fait. Mais ce n’était pas pareil et après mes différentes vadrouilles, j’ai voulu revoir ma famille – surtout que je n’ai pas pu être là pour l’enterrement de Lissandro. « C’était très agréable, mais à un moment, j’ai ressenti le besoin de revenir. » Ce n’est pas la même vie. À l’étranger, je ne faisais que me balader, découvrir de nouvelles choses, de nouvelles personnes. Alors qu’en revenant ici, j’ai commencé une nouvelle vie, avec un appartement fixe et un métier qui me passionne. « Finalement, je devrais peut-être repartir un peu. Ça m’éviterait de traîner dans des bars et de vider des verres à tout va. » Surtout avec ma mauvaise tolérance à l’alcool. Et puis, parfois, fuir ses problèmes plutôt que de les affronter, ça ne doit pas être mal. Ces paroles dites, je viens boire une gorgée de mon verre. « Maintenant que je sais que c’est toi, cette histoire de grossesse m’intrigue un peu. » Siam est encore jeune, alors naturellement, je me demande si cet enfant était voulu. Néanmoins, c’est une question un peu indiscrète, alors je préfère que ce soit elle qui l’aborde sous cet angle – si vraiment ça doit arriver. Il n’y a pas que cela, de ce que j’ai compris, le père du bébé est l’un des amis de son frère, peut-être que je le connais.

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Finalement, Island Bay est une petite ville. Je le savais déjà, mais les nouvelles sur ma récente grossesse sont aussi là pour le confirmer. Ici, tout le monde se connait, ou presque. Et il n'est pas rare d'apprendre des choses sur l'une de nos connaissances. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé pour Riley. A croire que mon frère ne s'est pas tenir sa langue. Bon en même temps... ce n'est plus vraiment un secret maintenant. Il faut bien que je me fasse à l'idée que tout le monde sera vite au courant quand mon ventre commencera à se voir. Mais chaque chose en son temps ! Je commence à peine à me rendre vraiment compte de la situation. Faut dire que les joies des symptômes du premier trimestre ne me laissent pas trop de répit. Ce soir, j'ai de la chance, la fatigue n'est pas à son maximum. Mais au lieu de parler de moi, je préfère engager la discussion sur elle en évoquant son retour dans le coin. « Depuis un peu plus d'un an. » Ah oui, ce n'est plus si récent. « J’ai terminé le lycée en Australie. J’ai continué mes études là-bas et après ça, j’ai décidé de me prendre une année sabbatique pour voyager. » Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de voyager de mon côté, mais c'est quelque chose qui fait forcément rêver. « Han mais c'est trop bien ! » J'envie les gens qui sont capables de tout quitter pour voyager de la sorte. Même si ça me donnerait envie, je ne suis pas sûre d'avoir suffisamment de courage pour le faire. De toute façon, je ne peux pas vraiment me le permettre avec le travail si je veux avoir la chance d'évoluer dans l’événementiel. « C’était très agréable, mais à un moment, j’ai ressenti le besoin de revenir. » Voyager, c'est bien, mais avoir une situation stable peut aussi avoir des avantages. Et je comprends qu'elle ait eu envie de revenir pour se poser. « Finalement, je devrais peut-être repartir un peu. Ça m’éviterait de traîner dans des bars et de vider des verres à tout va. » Je ne peux m'empêcher de rire à sa remarque. « Maintenant que je sais que c’est toi, cette histoire de grossesse m’intrigue un peu. » Riley joue les curieuses, mais ce n'est une question déplacée pour autant. Peut être que les choses auraient été différentes si ça avait été quelqu'un d'autre. Mais avec elle, je me sens libre de me confier sur le sujet. « Ce n'était pas vraiment prévu, si ça peut te rassurer. » Je suis jeune, et même si le désir de devenir maman est présent, ce n'était pas comme ça que j'avais imaginé les choses. Pas dans ces conditions. « Tu devrais faire attention, l'alcool fait des ravages. » Pour rebondir sur elle et sur sa détresse qu'elle essaye apparemment de noyer. « Ou des bébés, en l’occurrence. » Je ris un peu avant d'ajouter. « Je suis tombée enceinte d'une nuit un peu trop arrosée. » Pour la faire courte, parce qu'en réalité c'est un peu plus complexe que ça. « Ouais... c'est compliqué. » Un nouveau rire s'échappe d'entre mes lèvres, plus nerveux qu'autre chose. « Et toi alors ? Déception amoureuse ? » Je ne sais pas pourquoi je pense directement à ça. Disons que je suis bien placée pour savoir que c'est souvent l'une des raisons principales... mais peut être que je suis complètement à côté de la plaque. A première vue, c'est sans doute une question indiscrète. Mais j'ai comme l'impression que nous avons dépassé ce stade toutes les deux, et que le feeling avec elle n'a pas totalement disparu depuis toutes ces années.

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La soirée prend une tournure bien différente de ce que j'imaginais au départ. Mais ce n'est pas une mauvaise chose. En réalité, c'est même plutôt bien. J'ai déjà bu plusieurs verres ce soir, alors avoir quelqu'un que je connais avec moi est une bonne chose : ce serait dommage que je finisse au bras d'une inconnue. Mais avant de penser au pire et à ce que l'alcool pourrait me faire faire dans les minutes qui viennent, autant parler un peu et rattraper ce que nous avons pu manquer lors des dernières années. Lorsque nous nous sommes éloignées, nous étions encore au lycée, alors il s'est passé pas mal de choses depuis. Sans aucune retenue, je réponds à ses questions. Après tout, je n'ai rien à cacher. Enfin presque.. mais je préfère éviter d'aborder des sujets fâcheux. Ma courte histoire abordée, c'est maintenant à moi de l'interroger un peu et tout naturellement, ma curiosité est dirigée vers sa grossesse. Ce n'est sûrement pas très original et elle doit avoir abordé ce sujet un bon nombre de fois, mais c'est aussi ce qui peut être le plus important pour elle actuellement. Sa première phrase me fait légèrement rire. Me rassurer, c'est un bien grand mot. Surtout quand il est question d'aborder une grossesse non désirée, mais comme cette histoire ne me touche pas de près, je n'ai pas à la juger pour autant. Selon elle, je devrais me méfier, car c'est dans une soirée comme celle-ci que l'accident est arrivé. « Oula.. non. » Si j’en arrive à tomber enceinte ce soir, ça voudrait dire que je suis passée outre mes préférences sexuelles et ça, ça n’arrivera pas. Ça n’arrivera plus. Surtout que quand on y réfléchit un peu, la dernière fois où j’ai passé la nuit avec un homme, ça s’est plutôt mal passé. Je crois bien que c’est la seule information que j’aurais sur sa grossesse : Siam ne semble pas très à l’aise pour aborder cela et je n’ai pas envie de la forcer. Si elle se braque, le moment que nous échangeons risque de devenir assez gênant. « Il y a un peu de cela. » Dis-je, alors qu’elle me demande pourquoi j’en suis là aujourd’hui. Une déception amoureuse ? C’est un peu ça, même si les sentiments que j’éprouve pour Freya ne devraient pas exister. « Je ne suis même pas avec cette personne et je ne l’ai jamais été, alors je ne suis pas sûre d’avoir le droit d’être déçue. » De l’être à ce point et de me noyer dans l’alcool pour oublier. Je devrais simplement accepter les choses et passer à autre chose. Pourquoi est-ce que c’est si compliqué ? « Je pense aussi que je ne mérite pas ce que l’on me fait. » Être la troisième roue du carrosse, ce n’est pas idéal. C’est même une place bien désagréable, que je ne souhaite à personne, même pas à ma pire ennemie – ou bien à Elio, quoi qu’avec lui, les choses sont un peu compliquées. « L’alcool est donc mon meilleur allier pour oublier, au moins le temps d’une soirée. » Ce n’est pas dans mes habitudes. Pourtant, depuis plusieurs semaines, je me retrouve plus souvent dans cette position. À chaque fois qu’il se passe quelque chose avec Freya pour être honnête. « Mais je me ferais rattraper par la réalité dès demain : je supporte assez mal l’alcool. » Dis-je, avant de rire un peu. Il faut croire que je suis sadique sur les bords.

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Aborder ma grossesse est devenu plus facile. Ma situation est compliquée, ce n'est pas un secret, mais maintenant que les choses sont claires dans ma tête : c'est plus facile à accepter. J'ai fait le choix de garder cet enfant, et je suis sur la bonne voie. Je suppose que le reste viendra avec le temps, et les semaines de grossesse qui se profilent à l'horizon. Mais j'ai l'impression d'avoir un poids en moins sur mes épaules maintenant que Maddox est au courant de toute la vérité. Ce n'est pas lui le père, et même si notre relation s'est terminée de la pire des manières, avec le recul, c'est peut être un mal pour un bien. Je ne suis pas certaine que nous avions les mêmes attentes pour l'avenir. Ce que j'espère du plus profond de mon coeur, c'est que malgré notre rupture, nous arriverons à nous retrouver, amicalement parlant. Parce qu'il reste mon meilleur ami et j'ai besoin de lui. Mais il a surement besoin de temps pour réussir à me pardonner. Je ne rentre volontairement pas dans les détails de mon histoire auprès de Riley, pour ne pas plomber l'ambiance mais aussi pour lui laisser l'occasion de parler d'elle aussi. Si nous sommes toutes les deux dans une position difficile, nous pouvons surement nous entraider et nous serrer les coudes. En tout cas c'est comme ça que je vois les choses. « Il y a un peu de cela. » Finalement je ne suis pas complètement à côté de la plaque. « Je ne suis même pas avec cette personne et je ne l’ai jamais été, alors je ne suis pas sûre d’avoir le droit d’être déçue. » Je ne connais pas les détails de son histoire, mais à mon sens, il n'est pas réellement question de ça. Chacun est libre d'être triste à sa façon. Il n'y a pas de règle préétablie pour avoir le droit de l'être, qu'elle soit avec cette personne ou non. « Je pense aussi que je ne mérite pas ce que l’on me fait. » Je ne sais pas exactement à quoi elle fait référence, mais il n'est pas difficile de comprendre qu'elle ne semble pas épargnée dans toute cette histoire. « L’alcool est donc mon meilleur allier pour oublier, au moins le temps d’une soirée. Mais je me ferais rattraper par la réalité dès demain : je supporte assez mal l’alcool. » Un léger rire s'échappe alors d'entre mes lèvres. « Je vois. » A ce niveau là, je suis un peu comme elle. « Si tu veux, je peux être ton allier pour le reste de la soirée. C'est toujours mieux de me supporter moi que de devoir supporter une bonne grosse gueule de bois demain matin. » Je ris de nouveau, à ma propre connerie. « Je sais pas ce que tu comptais faire avant de me croiser, mais on peut peut-être aller prendre un peu l'air ? » Après tout, pourquoi pas. Je n'avais à la base pas prévu de prolonger la soirée en dehors de ce bar, mais maintenant que nous nous sommes retrouvées, ce n'est pas une si mauvaise idée que de partager plus de temps ensemble. « Enfin c'est juste une proposition, je ne voudrais pas que tes amies m'en veuillent de t'accaparer. » Personnellement je sais que mes collègues ne m'en voudront pas de m'éclipser mais ce n'est peut être pas le cas de tout le monde. « Je peux toujours les rassurer sur mes intentions, s'il n'y a que ça. » Je souris un peu.

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Quand je vois l'état dans lequel elle est après avoir parlé de sa grossesse et celui dans lequel je suis à cause de mon histoire, je me dis que nous aurions certainement pu nous croiser dans de meilleures conditions. Il est maintenant trop tard pour cela. En réalité, c'est même l'occasion parfaite pour tirer avantage de cela et rendre ce moment, ainsi que nos deux états émotionnels meilleurs. « Je crois qu'il est un peu trop tard pour ça. Mais si tu deviens mon allier à partir de maintenant, alors peut-être que j'aurais besoin d'une dose de médicaments en moins demain. » Sa proposition est intéressante. Surtout que je pense qu'il serait bien pour moi de m'arrêter là au niveau de l'alcool : si je continue comme ça, je vais finir par faire des choses sans vraiment le vouloir et c'est le genre de situations dans lequel je déteste me mettre. Ne plus vraiment savoir ce que je fais, oui. Mais aussi de perdre le contrôle sur le reste et sur les actions des autres. « Nous nous sommes rassemblées pour nous tenir compagnie, alors je ne pense pas que ça les dérangera. » Dis-je, alors qu'elle me demande si l'idée de partir d'ici, à deux, pourrait déranger mes amies. Ce qui selon moi, ne sera pas le cas. Il y avait de fortes chances pour que l'on finisse toutes séparées, seules dans nos coins ou par petits groupes, donc que je sois la première à partir ne devrait pas m'apporter le bannissement au sein de mon groupe d'amies. Ma dernière phrase prononcée, la musique s'arrête. Cela donne presque l’impression d’une fin, comme s’il était temps de partir. De cette piste de danse, mais aussi de ce bar, comme la blonde le suggérait. « Allons dehors ! » Je ne lui laisse pas l’occasion de se défiler – même s’il n’y a aucune raison pour que cela arrive – et j’emboîte le pas en direction de la sortie. Je fais un rapide détour à la table de mes amies, pour récupérer mes affaires et leur dire au revoir. Je ne sais pas exactement ce qui nous attend avec Siam, alors par précaution, je préfère prendre les devants et dire que je ne reviens pas. Arrivée dehors, je viens glisser ma veste sur mes épaules et sortir une cigarette de mon sac. L’alcool arrêté, ça ne pourra pas me faire de mal pour me détendre un peu. « Tu veux que l’on marche un peu ou tu voulais simplement prendre l’air devant le bar ? » Les deux options, bien que différentes, sont envisageables. « Deux femmes dehors, seules.. cela attirera peut-être l’attention. Mais si ça peut te rassurer, j’ai une bombe lacrymogène ! » Autant dire que je suis bien équipée. Car à bien y réfléchir, avec nos deux gabarits, je doute que l’on arrive à faire le poids contre un groupe de personnes. Là au moins, avec un simple coup de spray, nous pourrions gagner un peu de temps. « Ton frère en a malheureusement fait les frais.. le pauvre. » Malgré mon dernier mot, je ne peux m’empêcher de rigoler un peu en repensant à la scène. Je m’en suis vraiment voulue sur le coup, mais comme le jeune homme va bien maintenant, ça reste une anecdote originale à raconter.

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Finalement, je lui propose de devenir son allier pour le reste de la soirée. Après tout, si on peut se soutenir et s'entraider pour se changer les idées, ce n'est pas une si mauvaise idée. Et dans son cas, si ça peut aussi lui éviter la gueule de bois, ce n'est pas plus mal. « Je crois qu'il est un peu trop tard pour ça. Mais si tu deviens mon allier à partir de maintenant, alors peut-être que j'aurais besoin d'une dose de médicaments en moins demain. » C'est toujours ça de gagné ! Pourquoi ne pas aller prendre l'air un peu ? Maintenant que nous nous sommes retrouvées, l'idée de prolonger la soirée ailleurs peut être une bonne alternative. Ce n'est pas que je n'aime pas être dans ce bar, mais avec la musique et le monde qui nous entoure, ce n'est pas toujours facile d'avoir une vraie conversation avec quelqu'un. Selon elle, ses amies ne lui en tiendront pas rigueur si elle les abandonne, et c'est tant mieux. La jeune femme accepte donc ma proposition, et nous récupérons mutuellement nos affaires. « Tu veux que l’on marche un peu ou tu voulais simplement prendre l’air devant le bar ? » L'air de l'extérieur est agréable, même s'il fait tout de même un peu frais. Mais l'idée de se balader un peu est une option tentante. « Deux femmes dehors, seules.. cela attirera peut-être l’attention. Mais si ça peut te rassurer, j’ai une bombe lacrymogène ! » Carrément. « Ah ouais... tu rigoles pas toi ! » Que je lâche dans un rire amusé. « Ton frère en a malheureusement fait les frais.. le pauvre. » Riley ne fait pas les choses à moitié, et apparemment mon frère en a déjà subit les conséquences. Je ne sais pas ce qui a pu se passer pour qu'elle en arrive à un tel extrême, mais j'imagine que ce n'était qu'un vulgaire malentendu. En tout cas, Arlo ne s'en est pas vanté de celle-là. « J'aurais bien aimé être là pour voir ça. » Même si ça ne doit pas faire du bien de se prendre de la bombe lacrymogène dans les yeux, la scène devait quand même être drôle à voir. « Mais j'espère que tu n'auras pas besoin de l'utiliser ce soir. » Ce serait quand même mieux. « On peut marcher un peu, je connais un super endroit pas très loin d'ici où je peux t'emmener. » Marcher est un bon moyen de faire redescendre un peu les effets de l'alcool. Et puis l'endroit dont je parle vaut vraiment le coup d'oeil. C'est un endroit que j'ai découvert un peu par hasard, non loin de l'agence où je travaille. Et c'est vrai que j'aime bien y aller, pour souffler et me ressourcer. C'est sur les hauteurs d'un bâtiment à l'abandon, sur les toits, où il y a une magnifique vue dégagée sur toute la ville. Et à cette heure-là, avec toutes les lumières allumées, c'est juste magnifique. « Par contre il ne faut pas prendre peur, les alentours ne font pas vraiment rêver. » Une légère grimace se dessine au coin de mes lèvres. « Mais je te promets qu'une fois là-bas, tu ne le regretteras pas. » Même si nous ne sommes pas vraiment proches toutes les deux, nous nous connaissons un minimum. Riley peut avoir confiance en moi. « Tu me fais confiance ? » Je plante alors mon regard dans le sien dans un petit sourire.

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Sortir entre filles, c'est devenu une habitude pour moi et quand il n'y a personne de disponible, alors je me résous à rester chez moi. C'est sûrement un peu triste dit comme cela, mais je n'arrive pas à sortir seule, surtout en soirée. J'en connais parfaitement la raison, mais autour de moi, rares sont les personnes au courant. En réalité, il n'y a que Tegan qui sait et ce n'est pas plus mal ainsi. Le fait que tout le monde soit au courant, ça ne m'emballe pas : les regards de pitié et les discussions gênantes où les gens ne savent pas comment réagir, non merci. Je me protège donc avec ces sorties entre filles, sans jamais être seule, ou avec cette bombe lacrymogène cachée dans mon sac que le frère de Siam a eu l'occasion de tester. Une situation qu'aurait bien aimé voir la jeune femme. Il est vrai que nous en rigolons maintenant, mais sur le coup, je m'en suis voulu d'avoir agi sans prendre le temps de voir qui venait m'aborder. En pleine nuit, seule, j'ai simplement eu peur et je n'ai pas réfléchi. Une chose est sûre, Arlo ne viendra plus m'aborder sans me prévenir à l'avance. « Je n'étais pas très fière sur le moment. Par chance, sa douleur aux yeux est rapidement passée. » La culpabilité n'aurait été que plus grande sinon. J'espère ne pas avoir à l'utiliser ce soir et je partage ce sentiment avec Siam. À deux, bien que nous soyons un peu frêles, les hommes se tenteront peut-être moins à nous accoster — même si les personnes un peu lourdes, ça existe partout. Elle est partante pour faire un petit tour et à même en tête un endroit où nous pourrions aller. Mais pour ça, je dois lui faire confiance : les environnements ne sont pas idéaux, pourtant l'endroit semble en valoir le coup. « Tu es mon pilier maintenant, ne l'oublie pas. » Je hausse légèrement les épaules. « Alors si je ne te fais pas confiance, autant s'arrêter là dès maintenant. » Siam n'est pas méchante, du moins elle ne l'était pas à l'époque, alors je pense que je peux la suivre sans avoir trop peur. Si jamais les choses venaient à mal se passer — si je suis encore vivante pour témoigner — je pourrais facilement savoir où la trouver pour régler mes comptes. « Montre-moi ce fameux endroit. » Sans affirmation de ma part, j'ai un doute sur le fait qu'elle accepte de m'emmener. Maintenant que c'est fait, nous voilà parties en direction de ce fameux lieu mystère. Après plusieurs minutes de marche et quelques acrobaties — qui valaient sûrement le coup vu mon état, nous voilà arrivées à destination. Je me redresse et mon regard se pose sur la vue qui s'offre face à nous. « C'est très joli ! » Ce n'est pas un coucher de soleil ou l'un des nombreux endroits que j'ai pu voir à l'étranger, mais cela a le mérite d'être là. « Tu t'y connais. Cela a sûrement des avantages d'être toujours resté ici. » J'ai grandi ici et pourtant, je connais bien mieux les autres pays. Pour elle, ça semble différent. Mais ce n'est pas un reproche. Il y a de belles choses partout et parfois, on oublie de voir celles qui sont juste à côté de nous. « Ne me dis pas que c'est ici que tu as.. enfin tu vois quoi. » Je suis désinhibée par l'alcool et ça se ressent. Sans ces quelques verres en trop, jamais je ne me serais pas permise d'aborder un tel sujet comme ça.

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crédit/ tumblr ✶ riley

L'idée de prendre l'air n'était pas une mauvaise idée. Le calme de l'extérieur nous fait du bien, et je pense que c'est ce dont Riley avait besoin pour retrouver ses esprits. Je ne sais pas combien de verres elle a bu avant, mais maintenant que je suis là, je ne préfère pas qu'elle continue. Si je peux éviter de finir la soirée en lui tenant les cheveux, ce serait pas du luxe. « Tu es mon pilier maintenant, ne l'oublie pas. Alors si je ne te fais pas confiance, autant s'arrêter là dès maintenant. » Elle hoche la tête en guise de confiance, et je ne peux m'empêcher de sourire. C'est con, mais en réalité il ne m'en faut pas plus. Nous marchons alors quelques minutes avant d'arriver à destination. « Suis-moi. » Le bâtiment est à l'abandon, défraîchi, mais ce n'est pas pour ça que je l'ai emmené ici. Une fois arrivées en haut de l'escalier en béton, je prends les devants pour ouvrir la porte qui nous mènera directement sur les toits. « Je te présente mon petit coin de paradis. » C'est mon endroit à moi, mon intimité. Et le calme qui vient alors nous envelopper, la vue sur la ville, les lumières... c'est tout ce qui me fait rêver. Comme quoi, même le plus mal famé des quartiers peut parfois nous cacher de bien jolis trésors. « J'adore tellement cet endroit. » Je la laisse contempler la vue, à ses côtés, ne pouvant m'empêcher de tourner la tête à plusieurs reprises dans sa direction, un large sourire au coin des lèvres. « C'est très joli ! » Je crois qu'elle ne s'attendait pas vraiment à ça, et l'effet de surprise semble avoir plutôt bien fonctionné. « Tu t'y connais. Cela a sûrement des avantages d'être toujours resté ici. » C'est vrai que j'ai la chance de connaitre plutôt bien les lieux. « Ne me dis pas que c'est ici que tu as.. enfin tu vois quoi. » Alors celle-là... je ne m'y attendais pas. Sérieusement ? « Alors... non. » Je ne peux m'empêcher de rire en voyant que Riley a pu imaginer une chose pareille. Est-ce que j'ai vraiment une tête à faire ça ? « Je te rassure tout de suite, je n'ai jamais emmené de garçons ici. » C'est mon jardin secret, mon petit cocon à moi. « En réalité, je n'ai jamais emmené personne d'autre ici. Tu es la première à avoir ce privilège. » Un sourire naturel se dessine alors sur mes lèvres. Jusqu'à maintenant, j'étais toujours venue seule. Je ne sais pas trop pourquoi j'ai eu envie de l'emmener ici, ou si ça veut dire quelque chose en soit, mais en tout cas, c'est nouveau pour moi de partager ça avec quelqu'un. Est-ce que c'est un signe que je me sens bien avec elle ? Peut être un peu. Riley est une fille que je connais, et je suppose que le passé qui nous a lié est un plus dans ce lien de confiance qui semble s'être naturellement installé entre nous. « Estime-toi chanceuse ! » Je prends alors l'initiative de m’asseoir près du bord.

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crédit/ tumblr ✶ siam

Je crois bien que tomber sur Siam est la meilleure chose qui pouvait m’arriver ce soir. Je ne suis clairement pas dans mon état normal et si elle n’avait pas été là pour me distraire un peu, je ne sais pas exactement jusqu’où j’aurais pu aller. Désormais entre de bonnes mains, j’accepte de la suivre à l’extérieur, puis dans cet endroit mystérieux qu’elle me vend. Je ne doutais pas de ses capacités, mais je suis tout de même surprise de découvrir un tel lieu ici. Je m’émerveille quelques secondes, avant de lui poser une question qui semble la troubler un peu. Quoi ? Est-ce si étonnant d’amener quelqu’un ici pour y passer un moment intime ? Je suis presque sûre que ce n’est pas ce qui freinerait certaines personnes, surtout que ça semble plutôt tranquille. Pour Siam, c’est en réalité la première fois qu’elle amène quelqu’un ici et je ne peux freiner le sourire qui se dessine sur mes lèvres. « C’est un honneur ! » Peut-être se dit-elle que j’aurais tout oublié demain et que je serais bien incapable de venir troubler sa tranquillité en revenant seule. Il se peut qu’elle ait raison sur ce point. « Je suis heureuse d’être tombée sur toi dans ce bar. » Dis-je, alors que je m’avance légèrement vers le bord du toit. Loin de moi l’envie de sauter, je me dis simplement que la vue sera encore plus belle en me rapprochant un peu – et par procuration, en m’éloignant un peu plus des bâtiments qui se trouvent derrière nous. « C’est à des personnes comme toi que je devrais m’intéresser. » Je ne sais pas exactement pourquoi, même si je pense que l'alcool doit aider, mais je ne trouve rien de mieux que cet endroit pour parler, pour me libérer. Peut-être que les derniers mots de la blonde aident un peu. « Des personnes qui pensent à moi et qui m'emmène dans des endroits insolites. » Elle n'a emmené personne d'autre ici. Pourquoi est-ce que Freya ne fait pas cela aussi ? Je ne devrais pas me plaindre, je me dis que je suis peut-être la seule avec qui elle a passé une nuit dans un hôtel à Barcelone. « Des personnes qui me font passer avant les autres. » La situation est particulière, c'est vrai et ça, la pauvre Siam ne le sait pas encore. « Je suis bête, tellement bête. » Je viens naturellement prendre ma tête entre mes mains et j'essaye de me calmer un peu. Quelques secondes, peut-être une ou deux minutes, avant de finalement me tourner pour faire face à la jeune femme. Elle est ici, avec moi, alors la moindre des choses, c'est que je lui offre un peu de vérité. « Je n'ai d'yeux que pour une fille qui va se marier. Il faut être bête pour se faire du mal comme ça, non ? » Je ne suis pas certaine d'attendre – de vouloir – une réponse de sa part, mais c'est sorti tout seul. Comme le fait que c'est une femme qui fait battre mon cœur. Une femme et non un homme, un critère que beaucoup de gens ignorent encore. « Dans toute cette ville, il doit bien exister quelqu'un qui m'aimera vraiment. Quelqu'un pour qui je compterais. » Une nouvelle fois, je me retourne vers la vue qui s'offre à nous, dans l'espoir peut-être d'y voir un signe, une lumière.

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Je n'ai pas emmené Riley ici pour l'impressionner, ou pour quoi que ce soit d'autre. Juste parce que sur le moment, j'en ai eu envie. Tout simplement. Est-ce qu'il faut toujours avoir une raison précise pour partager un moment particulier avec quelqu'un qu'on apprécie ? Non, je ne pense pas. Je suis plutôt du genre carpe diem, à vivre les choses comme elles viennent. Surtout en ce moment, je crois que c'est exactement ce dont j'ai besoin. Ne plus me prendre la tête pendant une décennie entière - ou presque. Si seulement. En tout cas, ce soir, je passe un agréable moment avec la jeune femme. Et je ne regrette absolument pas de l'avoir emmené dans ce petit coin secret. « Je suis heureuse d’être tombée sur toi dans ce bar. »  Elle se rapproche un peu, alors que je tourne la tête dans sa direction pour lui sourire. « C’est à des personnes comme toi que je devrais m’intéresser. » J'arque un sourcil, un peu surprise, sans vraiment comprendre exactement où elle veut en venir. « Des personnes qui pensent à moi et qui m'emmène dans des endroits insolites. Des personnes qui me font passer avant les autres. » Le chemin se fait doucement dans ma tête, et je comprends qu'elle fait référence à sa fameuse déception amoureuse que nous avons brièvement évoqué tout à l'heure. J'ai l'impression qu'elle a besoin de vider son sac. « Je suis bête, tellement bête. » Elle prend sa tête entre les mains, désespérée. « Alors là, je t'arrête tout de suite. Tu n'as pas le droit de dire ça. » Je n'ai pas les tenants et les aboutissants de son histoire, mais peu importe de quoi il en retourne, il est hors de question que la jeune femme puisse dire une chose pareille. Je la connais suffisamment pour savoir que c'est une bonne personne, et qu'elle ne mérite pas de s'autoflageler comme elle semble vouloir le faire. « Je n'ai d'yeux que pour une fille qui va se marier. Il faut être bête pour se faire du mal comme ça, non ? » Ok, je comprends mieux pourquoi elle s'est mise dans cet état. Et étrangement, le fait qu'elle m'avoue qu'il s'agisse d'une fille ne me surprend pas plus que ça. En réalité cela n'a pas réellement d'importance à mes yeux - et non dans le sens que cela puisse être si "évident". « Dans toute cette ville, il doit bien exister quelqu'un qui m'aimera vraiment. Quelqu'un pour qui je compterais. » Elle a voulu se confier à moi, et c'est le moment pour moi de lui rendre la pareille en me montrant présente pour elle. Comme une amie pourrait le faire. « Mais bien sûr ! » Encore une fois, je n'ai pas envie qu'elle se remette en question alors que ce n'est très certainement pas à elle de le faire. « Je ne sais pas qui est cette fille, et ce qui se passe exactement entre vous... mais si elle n'arrive pas à se rendre compte de ta valeur, c'est que ce n'est malheureusement pas la bonne. » Dit comme ça, les choses paraissent faciles. Mais je suis bien placée pour savoir qu'entre la théorie et la pratique, il y a un monde. « Mais je te rassure, c'est elle la plus perdante dans cette histoire. » Pas Riley. « A sa place, crois-moi, c'est à toi que je mettrais la bague au doigt. » Je dis ça en rigolant, mais dans le fond, je suis sûre que l'autre personne ne fait pas le poids face à Riley. Je ne suis sans doute pas totalement objective - en même temps je ne connais qu'un côté de l'histoire - mais il faut bien que je tente de rassurer la brune comme je peux. « C'est pas pour rien si j'ai voulu t'emmener ici qu'est-ce-que tu crois ? » Je continue sur le ton de l'humour, pour jouer un peu, et surtout pour la faire sourire. Là, tout de suite, c'est tout ce qui m'importe.

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crédit/ tumblr ✶ siam

Siam ne semble pas de mon avis sur certains points. Cependant, dans l’état dans lequel je suis et avec ce que je sais de l’histoire – la totalité, contrairement à elle –, je n’arrive pas à voir les choses comme la jeune femme. Pour mon égo et pour relever un peu la tête, je devrais pourtant l’écouter. Peut-être que le problème ne vient pas de moi ? Ce qu’elle dit n’est pas complètement idiot : on ne choisit pas toujours nos sentiments, mais Freya, elle, a choisi de continuer cette vie un peu bizarre, cette double vie. Malgré notre point de vue qui diverge, je continue d’exprimer mon opinion et par la même occasion, de dévoiler un peu mon histoire. Par exemple, sans vraiment m’en rendre compte, j’évoque le fait que ma déception amoureuse soit avec une femme. Avec ma famille, c’est un sujet que j’évite – puisqu’ils ne sont pas au courant de mon homosexualité et qu’Elio serait peut-être plus prudent avec sa fiancée s’il savait –, mais avec les autres personnes que je croise, je me livre parfois plus facilement. C’est le cas de Siam, sûrement parce que ça fait plusieurs années que nous nous connaissons maintenant et peut-être parce qu’elle m’inspire confiance. Je ne me trompe pas vraiment, puisqu’elle ne relève même pas : elle continue de donner son avis sans même prendre la peine de faire une différence significative dans son discours. Qui est cette fille ? La fiancée de mon frère. Pour le coup, je garde volontairement ce détail pour moi, car je doute que cela aille vraiment dans mon sens. Être la maîtresse de quelqu’un, c’est déjà quelque chose. Mais être l’une des personnes qui brisera le cœur d’un membre de ma famille, c’est encore pire. Non ? Parfois, j’essaye de me rassurer, en me disant que je ne suis pas la première à faire cela et que je ne serais sûrement pas la dernière. Mais c’est un sentiment éphémère et je doute que ce soit une bonne idée de tomber dans tout cela ce soir. Siam continue sur sa lancée, prenant par la même occasion ma défense – rien d’anormal là-dedans, elle n’a que ma version de l’histoire. À l’évocation de la bague qu’elle pourrait me passer au doigt, je ne peux m’empêcher de rire un peu. Ce n’est même pas ce que je voudrais. Me marier ne fait pas partie de mes plans et je crois bien que ça ne l’a jamais été. Cependant, je suppose qu’il y a un juste milieu entre le mariage et quelques nuits passées sous silence. « Attention.. je te rappelle que j’ai un peu d’alcool dans le sang. Si tu continues de me dire des choses gentilles comme cela, je pourrais avoir envie de t’embrasser. » Je hausse légèrement les épaules, comme pour lui indiquer que je ne suis pas complètement sérieuse. Pourtant, si on y réfléchit un peu, ça ne serait pas non plus impossible que cette idée me traverse l’esprit à un moment donné. « En tout bien tout honneur, bien sûr. » Et si elle est d’accord. Vu mon passé, je ne me permettrais jamais de faire quelque chose que la personne en face ne souhaite pas. « Je commence vraiment à dire des bêtises, je ferais peut-être mieux de rentrer chez moi. » Sans même parler des bêtises que je dis, il commence à se faire tard et vu les excès que j’ai pu faire dans le bar, c’est sûrement mieux. « Enfin.. il faudrait que tu me ramènes chez moi. » Un sourire vient automatiquement se dessiner sur mes lèvres, comme pour essayer de la charmer un peu et de faire en sorte qu’elle accepte. Ce n’est peut-être pas sur sa route, ça ne l’est sûrement pas même, mais vu mon état, je pense qu’il est préférable qu’elle m’accompagne, histoire d’être sûre que je rentre dans le bon appartement. « Ou alors, il faudrait qu’on appelle un taxi. » Cette solution ou l’autre, ça me va. Mais par pitié, je ne veux pas marcher seule jusqu’à mon immeuble. Je suis suffisamment paranoïaque en temps normal, il est inutile de chercher à voir ce que ça pourrait donner alcoolisée.