les informations en vrac
1. Si on devait commencer par le commencement, Maya est née un soir d'Octobre. Sous le signe du Poisson si on suit l'astrologie du calendrier Agraire, mais c'est plutôt sous le signe du Scorpion qu'on l'identifie. Bien que ça ne soit pas réellement sa tasse de thé, elle aime lire à quoi ressemble une femme scorpion, c'est souvent lié à de la passion, de la force et du courage, chose qui la boost souvent lorsqu'elle est au plus bas. Elle n'a pas de sœurs mais elle a deux frères, des jumeaux, de vrais petits diables ! Yigit et Izem ont deux ans moins qu'elle mais au vu de leur comportement avec elle, on leur donnerait dix ans de moins.
2. Elle a vécu quelques années dans les montagnes de sa ville avant de déménager au centre ville pour ne rester qu'une petite année avant que tout se chamboule dans la vie de la petite famille.
Le printemps noir. Un épisode douloureux après la décennie noire, la goutte d'eau qui fait déborder le vase, le déclencheur pour s'exiler hors du pays. Elle n'avait alors que 9 ans lorsqu'elle s'est retrouvée dépaysée, en Espagne, plus précisément à la province de Malaga.
3. Maya a finit par s'adapter. Ce n'était certes pas facile de se retrouver dans un nouveau pays, à devoir parler une nouvelle langue en plus de celles qu'elle avait apprise en Algérie mais grâce à cette petite vie, elle était ce qu'on appelle une personne presque polyglotte. Elle parlait couramment l'Amazigh et pouvait très facilement tenir une conversation en Arabe littéraire et en Algérien et puis, étant Algérienne, le Français était une langue qu'on apprenait depuis la maternelle et en plus de la télévision, elle le parlait quasiment couramment, avec un léger manque de vocabulaire, mais une conversation pouvait facilement se tenir avec un natif. Elle avait ajouté à ce tableau l'espagnol mais aussi l'anglais. Son père avait fait ses études en Angleterre à l'époque alors c'était évident que ses enfants maîtrisent cette langue. Bref, elle était chanceuse de ce côté là.
4. Le tableau est peint si parfaitement qu'elle y croirait. « C'est tes parents malgré tout ! », c'est tout ce qu'elle entendait. Elle ne savait pas si elle trouvait leur comportement anormal parce qu'elle vivait dans un pays où les droits de l'homme étaient plus ou moins respectés ou parce que c'était réellement un problème, mais tout semblait à croire que c'était elle le soucis, que c'était elle la rebelle, on lui rappelait à chaque fois qu'ils n'auraient jamais dû quitter l'Algérie pour un pays libre, qu'elle était une enfant indigne, qu'elle touchait l'honneur de sa famille... Pourtant, elle ne faisait rien de mal. Par exemple, elle n'avait jamais couché avec un garçon, ni même avec une fille, mais elle souhaitait s'inscrire à la salle de Boxe. Mais non, une fille ne fait pas de boxe ! Elle voulait aussi faire des études en Electronique, mais ça aussi c'était interdit, une fille ne faisait pas ce genre d'études voyons ! Ce n'était pas l'interdiction en elle-même qui la dérangeait, mais la façon dont ça se faisait. Les cris étaient souvent présents chez elle et malheureusement, on ne la considérait pas comme une humaine. Si les parents disent non, c'est que c'est un non. Si on répond, c'est qu'on est mauvais. Il y avait une pression psychologique tellement intense qu'elle avait l'impression de perdre les pédales à chaque fois. Du haut de ses vingt-cinq ans, son père la menaçait toujours de lui faire arrêter le travail et de l'envoyer au pays, pourtant, les autres jours, il avait l'air d'un parfait papa, un féministe même ! Il l'encourageait à se battre pour ses rêves, il ne lui mettait aucune pression pour le mariage contrairement aux autres filles de la communauté avec lesquelles elle avait contact,il la défendait si un homme ou un maman disait quelque chose de travers du genre "les filles ne sont bonnes qu'à faire de la cuisine". Au fond, c'est ce paradoxe qui la dérangeait. Elle avait l'impression que c'était de la manipulation psychologique parce qu'elle ne savait jamais - et ne saura jamais - comment ses parents voyaient les choses. Tantôt on lui donnait toutes les libertés du monde, tantôt on se permettait de les prendre juste parce qu'ils l'avaient décidé.
5. Le problème dans la vie de Maya, c'est qu'il ne venait pas seulement de sa famille. Faire partie d'une communauté minoritaire n'aidait pas. C'était raciste et complètement incensée de le penser, mais elle se sentait parfois chanceuse d'avoir des couleurs clairs, ça lui évitait pas mal de situations insoutenables mais pourtant, elle savait que les couleurs n'étaient pas le seul problème. Il suffisait qu'on l'entende parler dans sa langue maternelle pour qu'on commence à la juger. Bref, elle détestait tout de sa vie si on peut dire ça comme ça. Elle aimait son pays plus que tout au monde et comme tout Algérien, elle avait cette fierté démesurée à vouloir sortir le drapeau tous les jours et à n'importe quelle occasion. Pourtant au fond, elle savait qu'elle n'était plus aussi algérienne qu'avant, elle savait que son pays ne l'aimait pas, que si elle descendait, elle subirait du racisme également parce qu'elle est Kabyle. Elle ne se sentait pas non plus la bienvenue en Espagne, elle n'était pas intégrée culturellement, elle n'était pas à sa place. Lorsqu'elle parlait de ses parents, la plus part l'encourageait à déposer plainte pour violence psychologique, mais comment pouvait-elle faire tout ceci alors qu'elle est prisonnière de sa culture ?
6. Retracer la vie de Maya n'est pas une chose facile, du moins, pour elle. Elle ne sait pas qui elle est et elle ignore ce qu'elle souhaite dans la vie. Mais c'est une combattante, jamais elle ne baisserait les bras. Après l'obtention de son diplôme en informatique (et ça aussi, c'était soit-disant un métier pour homme mais elle a réussi à le faire malgré tout), elle trouva du travail un peu plus loin de sa maison. Une heure et demi de trajet, tous les jours. C'était horrible, beaucoup trop fatigant, mais c'était tout ce qu'elle avait trouvé pour gagner un petit peu en indépendance. C'était malheureux de le dire, mais elle voulait fuir la maison de ses parents. Elle ne pouvait pas non plus louer ailleurs toute seule parce que « C'est dangereux pour une fille de vivre seule ! », « et comment je saurai ce que tu fais et à quelle heure tu rentres si tu vis seule ! » mais elle l'avait accepté; elle voyait même le bon côté des choses : être nourris et logée n'est pas si mal finalement pour avoir un max d'économies.
7. Pendant ses pauses, Maya trouva une petite salle de sport, de fitness et musculation. C'était comme une bouffée d'air frais, de l'oxygène ! Elle en parla à ses parents mais c'était comme prévu : refus catégorique. Cependant, pour une fois dans la vie, elle tenta le tout pour le tout et le fit en cachette. A 27 ans, Maya se cachait pour faire du sport. Une vraie blague. Mais elle tenait le coup, son corps -qu'elle évitait de montrer- se transformait et petit à petit, elle fit des formations qu'elle couvrait de mensonges pour devenir une coach sportive et nutritionniste. Elle ignorait si ça allait vraiment lui servir, mais à la base, elle voulait comprendre ce sport et comprendre le corps humain, parce que mine de rien, bien qu'elle le détestait avant, elle avait fini par se rendre compte que ça lui faisait énormément de bien à sa santé mentale. C'était son petit moment où son cerveau se mettait en off, où elle souffrait parce qu'elle l'avait choisi, où elle pouvait extérioriser tout le mal qu'elle ressentait en se déchaînant sur ces machines. Ca ne lui apportait pas grand chose au fond, elle stressait à chaque fois qu'on l'appelle et qu'elle ne puisse pas répondre ou qu'on entende la musique des salles, elle paniquait à l'idée de se blesser et de devoir se justifier, elle ne montrait jamais ses courbatures et elle s'efforçait à agir le plus normalement possible lorsque chacun de ses muscles lui donnait une sensation de déchirement, mais elle vivait. Elle soufflait et elle avait un léger contrôle sur sa vie, et c'était le plus important pour elle.
8. Et les malheurs ne viennent pas seuls. Lorsqu'on vit dans un environnement destructeurs, tous les aspects de la vie sont touchés. Les amours par exemple. Un sujet sensible pour la jeune femme. Sa dernière relation a été la plus belle. Une vraie âme soeur qu'elle a dû perdre à cause de... Roulement de tambours ... ses parents. Plus précisément sa mère cette fois. Pour elle ne sait quelle raison. Là, c'était vraiment la goutte d'eau qui fit déborder son propre vase. Elle a décidé que c'en était trop, qu'elle devait cesser d'accepter cette obéissance aveugle et sans fondement pour ses parents, elle avait décidé de se détâcher de cet amour parental toxique et contre toute attente, elle acheta le premier billet vers Island Bay, lachant sa famille et son travail par la même occasion. Une ville côtière pour ne pas s'interdire cet air marin qu'elle avait tant l'habitude de sentir mais assez loin de toutes ses peines. Un nouveau départ, une nouvelle vie qu'elle espérait plus calme, une vie où elle prendrait le temps de guérir mais surtout de contrôler.
9. Les débuts ne furent pas faciles. Ses économies lui permettait à peine de louer un loft mais ce n'était pas suffisant pour subvenir à ses besoins alors elle enchaina les petits boulots. D'abord serveuse dans un bar, puis vendeuse de ticket de cinema ou encore community manager la plus part du temps, créatrice de site web lorsque l'occasion se présente. Après presque deux années, Maya trouva enfin sa place. Coach dans une salle de sport où elle se donnait à fond. Elle se surpassait, coachait les gens en ligne, personnel ou collectif sans pour autant lâcher le développement à ses heures perdues. Un acharnement qu'elle appréciait parce que pour une fois, bien qu'elle était crevée en fin de journée, elle avait l'impression de goûter à la liberté et à l'indépendance.
10. Elle ignore ce qu'elle ferait de sa vie dorénavant. Dire qu'elle est satisfaite serait mentir. Malgré tout, Maya ressentait un vide énorme. Elle ignore si c'est dû à la perte soudaine de sa famille ou à cause de son amour perdu pour toujours, son manque d'amis à Island Bay bien qu'elle s'y sente bien mais là encore, elle n'avait pas réussi à se sentir chez elle, ce sentiment de « Home » elle ne le connaît pas et ne le connaîtera probablement jamais et rien que d'y penser, ça l'angoisse. Elle a beau remplir ses journées, elle a beau être productive, mais à la fin de la journée en rentrant chez elle, elle se retrouve seule, pas même l'ombre d'un animal de compagnie, encore moins une amie avec qui elle se ferait un facetime, rien, le néant. Exister pour exister. Chasser cette liberté et cette volonté de vivre éternellement, c'est ce qu'elle avait l'impression de faire. Une bonne minable routine.
11. Maya aimait la nourriture. Elle aimait cuisiner et n'achetait pratiquement jamais de fast food. Elle faisait attention à son corps, non pas pour la forme, mais pour sa santé. Elle avait lu tellement d'articles et d'étude qui montrait que le sucre est beaucoup plus dangereux et mortelle que la cigarette. C'est aussi une adepte du thé, probablement dû à ses origines pour ça. Une tasse de thé à la menthe est sans doute primordiale après un festin !
12. Son rêve de s'inscrire à la Boxe n'a pas vraiment disparu. Elle souhaite toutefois se stabiliser, trouver une bonne routine qui la rendrait vraiment heureuse avant de se lancer. Elle a plus l'impression qu'elle craquerait et ferait une crise de panique si elle ajouterait quelque chose à son emploi du temps mais bon, chaque chose en son temps. C'est sa phrase fétiche.
13. Le caractère de Maya n'est pas spéciale. C'est une jeune femme souvent pleine de vie, elle ne sait toujours pas si elle se met du côté des introverties ou des extraverties, quoique, elle se pencherait plus pour les introverties, mais ça, c'est peut-être dû à son côté Geek et rien à voir avec le caractère, peut-être une question d'habitude aussi. Grandir dans une famille casanière nous rend casanier aussi. Elle est joyeuse la plus part du temps, plutôt bavarde mais avec la langue tranchante. Le problème avec elle, c'est qu'elle s'est tellement senti contrôlé et dominé dans sa vie qu'elle réagit presque violemment si elle sent ne serait-ce qu'un peu de contrôle, surtout venant de la part d'un homme. Elle n'irait pas jusqu'à agresser tout le monde, on finit toujours par la taquiner ou l'apprécier, n'empêche, c'est une vraie petite tigresse lorsqu'on l'approche ou qu'on fasse quelque chose de travers devant elle.
14. Elle rêve de voir un psy. Si si, vous ne rêvez pas. Maya est persuadée qu'elle a besoin d'aide mais trente ans d'existence sur terre et zéro courage pour passer le cap. Elle a tenté de prendre rendez-vous deux ou trois fois, mais à chaque fois elle trouvait une excuse pour ne pas se pointer, à la dernière minute en plus ! Une patiente que peu de médecins souhaiteraient avoir, si vous voulez mon avis.
15. Bien que ça soit surprenant, Maya a un diplôme agréé par l'état de L'espagne en Stylisme et modélisme. Pendant ses dix huits mois de chômage, elle refusait de rester les bras croisés et voulu suivre les pas de sa grand-mère. Elle n'a jamais rien fait avec ce diplôme si ce n'est quelques robes et quelques hauts qu'elle coud elle-même, sa petite victoire de la décennie, mais ça aussi c'est une activité qu'elle souhaite reprendre une fois stable financièrement, car elle n'a pas pu ramener sa machine à coudre en avion, beaucoup trop en colère pour faire ses bagages correctement.
16. La mer c'est aussi ce qu'elle aime le plus. Elle nage comme une petite sirène dans l'eau, elle ne refuserait jamais un rendez-vous à la plage et elle est toujours partante pour se jeter à l'eau, sauf en hiver, lorsqu'il fait moins de dix degrés.
17. Elle n'est pas très films. Sa culture cinématographique est horrible ! Elle n'a jamais regardé le Titanic, elle confond entre Brad Pitt et Leonardo Dicaprio, elle n'a jamais regardé le parrain, par contre ! Elle adore les petites séries et films d'ado, surtout ceux en relation avec le Surf. Elle les trouve simple et joyeux, le contraire de son quotidien.
18. Malgré son amour pour la plage, la saison préférée de Maya est l'automne, et bien que ça ne soit pas du tout de sa culture, elle adore fêter Halloween à sa façon, à savoir, se faire un marathon de tous les Tim Burton le soir du trente et un Octobre. C'est sacré !
19. Elle adore le chiffre 19. C'est stupide, mais c'est à cause d'une chanson rap où il dit pour déconner "Alger dix-neuf" ! Alger n'est pas sa ville natale, mais c'est la capital de son pays, une ville magnifique qu'elle porterait toujours dans son coeur. Bien que son chiffre est le 16, elle préfère l'identifier au 19. Ca n'a absolument aucun sens, mais si tout avait un sens dans la vie, elle serait plutôt ennuyeuse, n'est-ce pas ?
20. Elle n'en parle jamais mais elle n'est toujours pas fixée sur son orientation sexuelle. Elle a toujours été hétéro, elle a toujours aimé les hommes et elle s'est toujours imaginée avec des hommes, mais maintenant qu'elle se détâche de son ancienne vie, Maya réalise que les filles ne la laisse pas indifférente. Ce n'est pas nouveau, mais le petit ange sage qui lui disait que ce n'était pas correct et que c'était impossible ne venait plus l'embêter. Alors oui, Maya ignore toujours ce qu'elle aime, ce qu'elle est, mais elle a décidé de vivre au jour le jour et laisser la vie la surprendre.