remembering high school (josh)

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crédit/ tumblr ✶ josh

Ce matin, je n’ai pas l’occasion de traîner dans mon lit. Ce n’est pourtant pas l’envie qui me manque, mais j’ai rendez-vous pour une visite médicale, dans le cadre de mon boulot. C’est donc compliqué pour moi d’y échapper ou d’envoyer quelqu’un d’autre à ma place. Cependant, je dois penser positivement : mon rendez-vous a lieu tôt, mais comme j’ai posé ma matinée pour y aller, j’aurais sûrement l’occasion de me reposer à mon retour. C’est grâce à cette façon de voir les choses que je me découvre une énergie impressionnante, qui me pousse à sortir de mon lit. Après un rapide détour dans la cuisine pour prendre de quoi grignoter, je vérifie que la salle de bain est disponible et je m’y glisse, le temps d’une douche en quatrième vitesse et d’une mise en beauté rapide – le médecin ne sera pas là pour voir ma tête, alors inutile de vouloir faire quelque chose d’élégant pour lui. Lorsque je quitte l’appartement, rares sont les personnes réveillées. Je salue celles que je croise et m’éclipse sans plus attendre : si je m’arrête pour parler, même un peu, je vais finir par être en retard. Je ne reste pas longtemps entre les mains du médecin. En réalité, j’ai passé plus de temps à attendre que ce soit mon tour qu’à l’intérieur du cabinet. Bien sûr, j’ai pesté intérieurement à chaque minute de retard qu’il avait. Mais maintenant que je suis dehors, un papier entre mes mains, plus rien n’a d’importance. En plus, il me reste du temps pour profiter de ma matinée. Sur la route du retour, je m’arrête à une supérette et fais quelques achats, personnels, mais aussi pour remplir les placards de la colocation. Lorsque j’arrive au logement, tout est calme, beaucoup trop calme. Personne ne répond à mes appels. Néanmoins, j’entends des bruits sourds au loin et je décide de les suivre. Ils m’emmènent à la chambre de Josh où je cogne et entre après avoir eu l’accord de l’habitant. « L’appartement est bien calme ce matin. » En cette fin de matinée plutôt. « Je crois que nous sommes seuls. Sauf si quelqu’un dort toujours. » Il n’y aurait rien de surprenant à cela, même si en semaine, ça reste assez rare. « Est-ce que tu as prévu quelque chose ce midi ? Sinon, je me disais que nous pourrions manger ensemble. » J’ai tendance à utiliser des plats surgelés, mais je ne suis pour autant pas mauvaise en cuisine, alors c’est peut-être l’occasion de faire mes preuves au sein de cette colocation. En attendant une réponse de sa part, je m’intéresse à ce qu’il faisait avant mon arrivée. « Est-ce que tu faisais déjà de la boxe au lycée ? » Si c’est le cas, je ne m’en souviens pas. Mais rien d’alarmant, ce n’est pas comme si nous étions meilleurs amis à l’époque : il y avait bien des choses que l’on ignorait sur l’autre.

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crédit/ skaikruwheda ✶ @riley carvalho

Si Josh a parfois l’impression de perdre du temps en dormant, il n’empêche qu’il ressent de temps à autre le besoin de se prendre une bonne grasse matinée. Pour lui qui n’a pas des horaires classiques de bureau, ça fait peut-être encore plus de bien de prendre le temps de se reposer. Alors contrairement à d’habitude, il traîne un peu au lit. Pas de footing prévu aujourd’hui, ni d’entraînement à la salle de sport : c’est censé être son jour de repos. Commencer à regarder la dernière série proposée par le MCU tout en se faisant livrer à manger, ça lui semble être un programme idéal. C’est d’autant plus vrai qu’il sera probablement seul à l’appartement aujourd’hui. Comme il travaille parfois le week-end, il a aussi des journées de libres pour récupérer en semaine, au moment où la plupart de ses colocataires sont au boulot. Alors le jeune homme fait sa vie tranquillement, passant par la salle d’eau pour se rafraîchir avant de se servir un bol de céréales devant la télévision. Puis il retourne dans sa chambre en tentant de se motiver pour y mettre un peu d’ordre, quand il se retrouve finalement à cogner contre son punching-ball. Jour de repos ou pas, ça lui fait toujours du bien de se défouler un peu. Il s’arrête seulement en entendant des coups frappés à sa porte. « Entre ! » Sa tenue est un peu débraillée, mais ce n’est pas comme si ses colocataires n’avaient pas l’habitude. C’est Riley qui est à la porte de sa chambre. « Non, il me semble que tout le monde est parti. Enfin, sauf si quelqu’un est vraiment très silencieux, comme tu dis. » Baissant ses mains gantées, il se tourne vers la jeune femme avec un sourire. Sa proposition est tentante. « Avec plaisir ! Je suis censé aller faire des courses, mais je pensais simplement acheter en ligne et me faire livrer, alors au pire on peut aussi commander à manger. J’ai mangé il y a pas si longtemps que ça, mais j’ai toujours de la place. Qu’est-ce qui te tenterait ? » Josh n’est pas bien difficile, alors il s’adapte à tout. Mais comme Riley pose une question liée à la boxe, il jette un coup d’oeil à son punching-ball. « Oui ! Mes parents m’ont inscrit à des cours quand j’étais encore un pré-adolescent. Ils ont remarqué que j’avais beaucoup de… Euh… Colère à évacuer, alors ils ont pensé que ça pourrait me faire du bien. Et ils avaient raison. En tout cas, je suis ravi si tu as oublié les bagarres auquel je me mêlais dans les couloirs. » Rien de très glorieux, il faut bien l’admettre. Heureusement que depuis, il a canalisé son énergie autrement. « Tu veux essayer ? » propose-t-il en désignant l’objet pour taper. « Avant ou après manger, d’ailleurs, tu peux venir tester quand tu veux. »

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Pour être honnête, j'ignorais comment ma matinée se terminerait. Bien sûr, il y avait la possibilité que je retourne dans mon lit. Mais cette optique faisait plus partie de la fiction que de la réalité : en journée, il est rare de me voir dormir. Par chance, en arrivant à l'appartement, j'entends les quelques bruits qui viennent de la chambre de Josh et me voilà maintenant occupée pour les quelques minutes à venir – au moins. Comme nous sommes les seuls ici et que l'heure du repas approche, je lui propose naturellement s'il désire que nous partagions ce moment ensemble. Une proposition qu'il accepte, malgré son petit appétit. « Thaï ? Ça te dit ? » Cela changera des pizzas que nous avons récemment pu partager avec les autres colocataires et à bien y réfléchir, je crois que ça fait un petit peu que je n'ai pas mangé thaïlandais. Ce sujet abordé, je ne peux m'empêcher de m'intéresser à l'activité qu'il pratiquait avant mon arrivée. Je n'ai pas souvenir de l'avoir vu pratiquer de la boxe au lycée, mais visiblement, c'est ma mémoire qui me joue un tour, puisqu'il a eu l'occasion de se battre dans les couleurs de notre établissement. « Nous faisons tous des erreurs. Jeunes et cons, c'est ce qu'on dit, non ? » Par chance, pour beaucoup, nous ne restons pas les personnes que nous étions au lycée : nous grandissons, évoluons et devenons bien souvent de meilleures personnes. Le jeune homme me propose de le remplacer un peu et je ne peux m'empêcher de sourire. « Ça remonte à plusieurs années la dernière fois où j'ai tapé dans un sac comme ça. J'espère que ça ne s'oublie pas avec le temps. » C'est en Australie que j'ai pris des cours d'auto-défense, alors rares sont les personnes au courant de mon petit talent caché. Ou du moins, du plaisir que j'ai eu à un certain moment à taper dans un sac de boxe. Avant d'accepter vraiment la proposition de mon colocataire, je récupère mon téléphone dans ma poche et lance l'application Uber Eats. Ce n'est pas la première fois que je commande Thaï, alors je sais exactement où je dois me rendre et chez qui commander. Je passe en revue les différents choix et ajoute au panier ce que je désire. Je tends ensuite mon téléphone à Josh. « On fait un échange ? Donne-moi tes gants et prends mon téléphone. » Le temps que la nourriture arrive, j'aurais sûrement le temps de donner quelques coups et le jeune homme quelques conseils. « Choisis ce que tu veux et valide la commande. » S'il a une petite faim, il est libre de prendre que des petits en-cas. Avec ce que j'ai déjà mis dans le panier, nous ne devrions pas avoir de soucis pour la livraison.

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« Avec plaisir ! Manger épicé, c’est toujours une bonne idée en hiver. » Pad thaï ou panang curry, Josh a déjà des idées à ce sujet. Mais ils auront bien le temps de se mettre d’accord pour pouvoir partager, puisque pour l’instant ils sont en train de s’intéresser au punching-ball. Riley se demande s’il faisait déjà de la boxe à l’époque où ils étaient au lycée ensemble, et c’était effectivement le cas en plus des bagarres auxquelles il participait. La réplique de la jeune femme le fait rire. « J’imagine que tant que c’est derrière nous, c’est une bonne chose… J’espère avoir évolué depuis le temps, quand même. » Elle serait probablement à même de le dire vu qu’elle le connaît depuis des années, mais il estime avoir changé et c’est sûrement déjà une bonne chose. Être bagarreur a longtemps été un trait de sa personnalité et ça pourrait probablement refaire surface en cas de situation exceptionnelle, mais les choses ne sont plus les mêmes qu’auparavant. N’empêche, ça fait quand même du bien de taper dans un punching-ball, en colère ou pas ça défoule. « Je pense pas que ça s’oublie. Tu avais pris des cours ? » Forcément, comme c’est son domaine, le brun s’y intéresse. Il côtoyait déjà Riley à l’époque du lycée, mais comme elle l’a souligné ils ne se connaissaient pas si bien que ça. « Va pour l’échange. » Josh enlève ses gants pour les donner à ses colocataires. Heureusement, ils sont relativement propres, car il ne les utilise pas si souvent que ça à l’appartement et en a d’autres pour le centre sportif. « Tiens. » Au même moment, il prend le téléphone de Riley. Elle a déjà préparé sa commande et il regarde ce qu’elle a pris avant de choisir. Il hésite un peu, passant en revue les différentes possibilités avant de prendre sa décision. Puis il valide la commande et verrouille le téléphone, se laissant tomber en même temps sur son lit. Pendant ce temps, Riley a enfilé ses gants. « Recule un tout petit peu… Relève légèrement les bras… Et te voilà prête à frapper. » Il a le sourire aux lèvres, comme à chaque fois que quelqu’un s’intéresse un tant soit peu à la boxe.

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Je pense qu’au fond de nous, nous restons plus ou moins les mêmes. Nous voyons juste les choses différemment et cela influence nos gestes. Je n’ai jamais vu Josh comme un mauvais garçon, alors je suppose que s’il s’est battu plusieurs fois, c’était pour de "bonnes" raisons. Et puis, s’il était vraiment mauvais, avec toutes ces années qui se sont passées, il serait certainement derrière les barreaux d’une prison – même si la justice ne fait pas toujours son boulot correctement. Suite à l’intérêt que je porte à son sac de boxe, Josh me demande si je veux essayer. En soi, ça ne serait pas la première fois que j’essaye, mais comme la dernière fois où c’est arrivé remonte un peu, ce serait finalement tout comme. Enfin pour ça, le brun ne semble pas de mon avis. Pour lui, ce n’est pas quelque chose qui s’oublie. « Oui, en Australie, quand j’étais encore à l’université. C’était des cours d’auto-défense. » Je grimace légèrement lorsque je réalise que les choses sortent un peu trop naturellement de ma bouche. J’aurais pu m’en tenir à l’université, sans aborder les cours que j’ai pris – même si je ne suis sûrement pas la première femme à en prendre, ni la dernière. « Disons que ça peut toujours servir. » Par chance, je n'ai jamais eu besoin de mettre à exécution ce que j'ai appris à cette époque-là. Il y a juste eu l'épisode d'Arlo récemment, où le pauvre a eu la malchance de goûter à ma bombe lacrymogène. Si j'avais su que c'était lui, ça ne serait jamais arrivé, mais il est arrivé par surprise, dans la nuit, et j'ai paniqué. Comme proposé, Josh me tend ses gants, alors qu'il se saisit de mon téléphone pour choisir ce qu'il veut commander. Je glisse mes mains dans les morceaux de tissu et me positionne face au sac. Ayant rapidement choisi ce qu'il voulait, le jeune homme est prêt pour me donner quelques conseils. « Comme ça ? » Je fais exactement ce qu'il me dit et attends son approbation avant de taper dans l'objet. Je donne de petits coups, avant de terminer par un plus gros. « Je sens que c'est un peu plus dur qu'à l'époque. J'ai dû perdre un peu de muscles. » Il faut dire que dernièrement, le sport n'a pas fait partie de mes priorités. C'est peut-être quelque chose que je devrais revoir. « Tu en fais tous les jours ? »

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Se côtoyant durant toutes leurs années lycée, Riley et Josh se sont ensuite perdus de vue à l’époque de l’université - plus ou moins en tout cas, car au fil du temps les réseaux sociaux aident toujours à garder plus ou moins le contact et à avoir des nouvelles de ses camarades de temps à autre, même via des intermédiaires. Le jeune homme ne savait donc pas que son amie avait pris des cours d’auto-défense, mais en réalité ça ne l’étonne pas vraiment. Un certain nombre de femmes en prennent et c’est assurément une bonne chose, même si c’est très dommage si c’est parce qu’elle se sentent obligées de le faire car elles ne se sentent pas forcément en sécurité. Quoi qu’il en soit, il sait que ça peut vite devenir un sujet délicat, alors il reste prudent même si c’est une pratique courante. « Tu avais apprécié ? Je veux dire, ça t'avait apporté quelque chose ? » Il sait que de base Riley est plutôt une danseuse, alors ça a dû la changer. « C’est sûr que ça peut être utile, même si on espère que ça ne servira jamais. » Maintenant qu’elle est à nouveau devant un sac de boxe, Josh donne deux ou trois recommandations à la jeune femme, juste pour qu’elle corrige légèrement sa posture et que ce soit ainsi plus facile pour elle. Elle s’exécute avant de lui demander si c’est bon, ce à quoi il répond par l’approbation. Et elle commence à frapper, d’abord de petits coups, puis plus fort. Elle a l’impression que c’est plus difficile qu’à l’époque. « Oui, ce ne serait pas très étonnant. Mais ça peut aussi vite revenir, parce que tu as une bonne condition physique globale. » Non qu’elle tienne à se lancer dans la boxe, mais il tient aussi à la rassurer. Ce n’est pas la même chose que de pratique régulièrement, c’est sûr. « En gros, oui. Je me prends un jour de repos par semaine, mais je boxe souvent quand même, j’ai l’impression que ça m’apaise. Mais depuis que j’ai passé mon diplôme pour enseigner le crossfit, j’ai commencé à me diversifier un peu plus et ça fait du bien. Ça te dirait de passer, à l’occasion ? » Il fait un peu de pub, mais c’est parce qu’il est toujours content de voir ses amis.

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Être là, avec Josh, c’est bien différent de ce que j’avais imaginé en partant de la colocation ce matin, mais ce n’est pas déplaisant. Il y a une époque où nous étions proches, sans pour autant être les meilleurs amis du monde, et comme le destin semble vouloir nous remettre sur le même chemin, il est peut-être temps de mettre un peu du nôtre pour retrouver cette amitié. Naturellement, j’évoque les cours d’auto-défense que j’ai pris en Australie. Je ne sais pas exactement pourquoi, sûrement parce qu’il s’y connaît et que je me dis qu’il comprendra peut-être plus facilement le besoin que j’ai ressenti de faire ça. « Disons que grâce à ça, j’ai eu un poids en moins sur mes épaules. » Dis-je, alors qu’il me demande si c’est quelque chose que j’ai apprécié. Ce n’était pas le but premier, mais grâce à ces cours, j’ai pu me défouler un peu de ce qui m’était arrivé au lycée, avec mon ancien petit ami. Peu de personnes savent ce qui s’est passé, alors pour en parler, c’est compliqué – sans parler de la complexité du sujet et des sentiments que j’ai vis-à-vis de ça. Taper dans un sac de boxe était donc l’idéal. Cette idée m’a été soufflée par Tegan, ma meilleure amie, et je ne la remercierais jamais assez pour cela, car ça m’a fait un bien fou. Et comme je n’étais pas la seule à faire cela, à prendre des cours pour me défendre, je n’ai jamais eu à me justifier de mon envie soudaine. Après plusieurs coups dans le sac, il est temps de faire un bilan. Selon Josh, mon état d’antan peut revenir, comme j’ai une condition physique globalement bonne. Le sport n’est pas ce que je pratique le plus en ce moment et je ne mange pas très sainement non plus, mais je suppose que quand on le veut vraiment, c’est quelque chose qui peut se modifier rapidement. Je demande au jeune homme s’il pratique la boxe de manière quotidienne et à sa réponse, je comprends rapidement que c’est quelque chose qui le passionne vraiment. Au point qu’il m’invite à venir le voir où il travaille. « Est-ce que tu vends la salle de sport où tu travailles à tout le monde ? » Dis-je, quelque peu amusée. « Si c’est le cas, j’espère qu’il n’oublie pas de grossir un peu ton salaire pour te remercier. » Un peu comme un pourcentage à chaque inscription faite grâce à lui. « J’essayerais de passer un de ces jours. » Je connais plus ou moins l’emploi-du-temps de Josh, ça ne devrait donc pas être compliqué de venir un jour où il est là. Pendant que nous discutons, quelqu’un sonne à la porte. « C’est déjà notre repas ? Si c’est ça, ça tombe bien. Donner quelques coups m’a creusé l’appétit. »

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« Je vois. C’est toujours ça de pris. » Josh hoche la tête en signe d’assentiment. Il ne sait pas très bien quoi répondre d’autre, notamment parce que si Riley n’entre pas dans les détails, c’est sûrement parce qu’elle n’a pas envie de le faire. Et lui-même n’a pas envie de se montrer indiscret. Au sein d’une colocation, il est important que chacun ait son jardin secret : déjà qu’ils se voient tous les jours, il ne faudrait pas en plus qu’ils commencent à empiéter sur l’intimité les uns des autres. Mais le jeune homme a quand même une proximité différente avec la guide-conférencière, très certainement parce qu’ils se connaissaient déjà il y a plus de dix ans. En tout cas, il n’a aucune hésitation à l’inviter à passer au complexe sportif, parce que ça ne peut que faire du bien. La réponse de Riley le fait rire. « Peut-être… Je dirais pas non à un salaire un peu plus élevé, mais c’est une autre histoire. Plus sérieusement, ça me fait toujours plaisir de voir des amis là-bas. Je pourrais te faire visiter et te montrer les cours qui t’intéresseraient le plus. » La jeune femme ne promet rien, mais elle affirme qu’elle va essayer de passer un de ces jours. C’est à ce moment-là que la sonnette de la porte d’entrée retentit et, presque tout de suite, Josh est sur ses pieds. « Tu sais quoi ? Moi aussi, j’ai faim. » Ce n’est pas vraiment une surprise. Peut-être parce qu’il pratique beaucoup d’activités physiques, le brun a souvent l’estomac dans les talons. Il s’efforce de manger d’une manière relativement saine la plupart du temps, mais les quantités seraient peut-être à revoir. « Alors à table ! » Il est déjà quasiment sûr que c’est bien de leur commande qu’il s’agit, étant donné qu’ils n’attendent rien d’autre. Et effectivement, le livreur leur apporte plein de bonnes choses. « Merci ! » Posant le tout sur la table basse du salon, Josh part ensuite à la recherche de couverts. « Ça te dit de manger là ? Je vais juste aller me débarbouiller un peu avant. » Aussitôt dit aussitôt fait, il part se rafraîchir avant de revenir s’installer. « Bon appétit ! Ça sent super bon, en tout cas. » Et le goût est à la hauteur de l’odeur : le néo-zélandais se régale déjà. « Est-ce que l’Australie te manque, parfois ? Je veux dire, ça doit changer de déménager dans un autre pays, même si ce sont nos voisins. »

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Josh est passionné par ce qu’il fait et ça se voit. Je ne peux pas vraiment le blâmer pour cela, puisque moi aussi, j’ai pris plaisir à taper dans un sac de boxe il y a plusieurs années maintenant. J’avais besoin de me défouler, de me libérer d’un poids qui était devenu bien trop compliqué à porter pour moi. Après ça, j’ai laissé la boxe de côté, mais je dois admettre que ça ne me fait pas de mal de donner de nouveau des coups. Une expérience qui pourrait se reproduire si je fais confiance au jeune homme et que je passe le voir un jour à son boulot. Cela finira par arriver, sûrement. Avant même de pouvoir ajouter quelque chose, nous nous trouvons interrompus par la sonnette de l’appartement. N’attendant personne, je fais rapidement le rapprochement avec le livreur et notre repas – même si nous ne sommes jamais à l’abri d’une visite inattendue. Pour le coup, là, c’est bien notre commande qui se trouve derrière la porte. Josh récupère le tout et vient le déposer sur la table basse du salon. Ici ou ailleurs, pour moi, c’est la même chose. Ce n’est sûrement pas l’idéal, puisque nous ne sommes jamais à l’abri d’une catastrophe. Néanmoins, nous ferons attention et nous nettoierons tout après notre repas. Mon colocataire s’absente quelques minutes, juste le temps de se rafraîchir un peu. À son retour, il n’y a plus rien qui ne nous sépare de nos plats. « Bon appétit ! » Dis-je, alors que je me saisis d’un premier plat. Avant même de goûter à tout cela, Josh me pose une question et je lui réponds. « Parfois. Étrangement, je trouvais la vie plus simple là-bas. » Et pourtant, j’ai fait le choix de quitter le pays pour partir à la découverte du monde. « Mais si je suis revenue ici, c’est aussi parce que la Nouvelle-Zélande me manquait. » Selon moi, avec mon histoire, il n’y a pas forcément d’endroit parfait. Disons juste qu’il y en a des mieux que d’autres et certains où les points positifs ne sont pas chez leurs voisins – et inversement. « Je crois qu’il n’y a pas un endroit où je me sens pleinement chez moi. Du moins, pas sur la durée. » Partout, que ce soit ici, en Australie, ou même au Portugal où il y a ma famille, il y a toujours quelque chose qui manque – ou quelque chose en trop si on pense à Elio. « Est-ce que tu pars parfois ? En dehors d’Island Bay et de Wellington ? » Je n’ai pas traversé tous les pays, mais j’ai eu la chance d’en voir pas mal et je me demande si c’est quelque chose qu’il a eu l’occasion de faire aussi.

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Après une petite séance à taper dans un punching-ball, la pause repas est bien méritée. Rafraîchi et affamé, Josh s’installe avec Riley pour déguster leurs plats thaïlandais. « Merci pour le déjeuner ! La prochaine fois, c’est moi qui t’invite, quand tu veux. » C’est elle qui a payé via l’application en question et même si elle ne lui a rien demandé pour l’instant, le jeune homme est reconnaissant des petites choses et ne veut pas profiter de ses colocataires. La gestion de l’argent peut parfois être compliquée quand on vit à plusieurs, mais jusque-là ils s’en sont toujours bien sortis avec leur organisation. « Qu’est-ce qui te plaisait le plus là-bas ? » Tout en mangeant, les deux amis de lycée discutent tranquillement. Josh s’intéresse à la période durant laquelle il a perdu la jeune femme de vue, à la fin de leur adolescence. « Je comprends qu’on revienne souvent au point de départ au final. » Pour quelqu’un qui a une histoire difficile comme la sienne, les origines sont un sujet important. Mais c’est rarement simple. « Et tu penses trouver cet endroit un jour ? Ou du moins, essayer en bougeant à nouveau ? » L’entraîneur sportif se sent un peu triste qu’elle n’ait pas réellement trouvé son chez-soi, mais il la comprend aussi. « Je pense que je vois ce que tu veux dire. Je sais pas vraiment d’où je viens et j’ai pas toujours vécu au même endroit non plus, mais je dirais que mon chez-moi c’est là où il y a ma famille. » Car ceux qui l’ont adopté lui ont offert un avenir en plus d’une place dans leur coeur. C’est auprès d’eux qu’ils se sent réellement à sa place. Le fait d’avoir déménagé à l’âge adulte pour prendre son indépendance financière n’y change absolument rien. « J’aime bien voir un peu du pays. Si j’ai l’occasion pour un week-end par exemple, ou quelques jours de congés en plus, j’en profite parce que je trouve qu’il y a pas mal de belles choses à découvrir chez nous. Mais ça fait un petit bout de temps que je suis pas parti à l’étranger. Je me souviens avant, quand on voyageait en famille, on était tellement nombreux que c’était toujours toute une expédition. » Mais évidemment, Josh ne dirait jamais non à des voyages, tant qu’il en a les moyens et la disponibilité. « On devrait se faire un truc, un de ces jours. Partir entre colocs, si on arrive à caser ça. Pas forcément loin, mais je suis sûr qu’on s’amuserait bien. »

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Si la prochaine fois, c’est lui qui offre, alors je ne manquerais pas de venir cogner à sa porte un peu plus souvent. Même si pour le coup, que je sois à l’appartement à ce moment de la journée reste assez rare : habituellement je travaille et j’en profite pour manger en ville, à côté du musée ou au centre d’Island Bay. Alors que nous commençons à manger, Josh évoque l’Australie, le pays où je suis partie pour finir mon lycée. Si ça me manque ? En partie. Mais si je suis partie une fois mon diplôme obtenu, ce n’était pas pour rien. J’avais besoin de voir d’autres choses, de découvrir un peu le monde. Puis après plusieurs pays visités, j’ai fait le choix de revenir en Nouvelle-Zélande, car ça me manquait un peu. Néanmoins, même si je me sens bien ici, ce n’est pas pleinement chez moi : je n’arrive pas à être complètement moi. Après cette première question, Josh me demande ce qui me plaisait le plus en Australie. « J’ai rencontré ma meilleure amie là-bas et finalement, je crois que je me suis rencontrée aussi. » Ce n’est sûrement pas la réponse à laquelle il s’attendait, mais je ne pouvais pas être plus honnête que ça. « Bien sûr, à cela s’ajoute la vie là-bas : les différentes villes et les paysages qu’il est possible de voir. » L’évocation de ma "maison" semble attiser sa curiosité et dans son récit, je me retrouve un peu, même si nos deux histoires sont différentes. Il a dû se trouver une famille, alors que je dois me faire accepter de la mienne et vu la relation que j’entretiens avec la fiancée de mon frère, je doute que cela arrive dans un futur proche. « En effet, peut-être qu’il n’est pas simplement question d’un endroit. Une maison, ça se crée avec les personnes qui nous entourent. » Peut-être que ça finira par arriver pour moi. Finalement, j’ai peut-être tout pour être heureuse ici. Il y a Freya, de temps en temps, Tegan est venue me rejoindre et j’ai Marley aussi. Pour le reste, disons que pour l’instant, c’est accessoire. Le fait de parler de voyage semble donner des idées au jeune homme et je ne peux m’empêcher d’approuver. « Un roadtrip ! Ça serait trop tentant, surtout qu’il existe beaucoup de beaux paysages en Nouvelle-Zélande. » Pour le coup, nous n’avons même pas besoin de partir loin. Ce n’est qu’une idée bien sûr et l’organisation d’un tel événement demandera forcément d’autres discussions plus profondes. « Tu ne regrettes pas ton choix ? » Dis-je, alors que d’un signe de la tête, je montre son plat.

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« On dit souvent que les voyages forment la jeunesse. J’imagine qu’en partant ailleurs, on peut apprendre à se découvrir aussi… Et les occasions de rencontres sont probablement parmi les plus beaux moments. » Au fond, Josh n’est pas vraiment étonné. Même s’il est loin de tout connaître, ce que dit Riley fait sens. « Il paraît que la qualité de la vie là-bas fait partie des meilleures au monde, tu serais d’accord avec ça ? » Curieux, il l’est parfois, peut-être parce qu’il n’est pas autant avide de découvrir le monde que d’autres jeunes de son âge. C’est probablement parce qu’il se sent mieux auprès des siens, après avoir cherché sa place pendant les neuf premières années de sa vie. Pour cette raison (et d’autres), il ne peut qu’approuver les dires de Riley. « C’est pas moi qui te contredirais ! L’important, c’est sûrement pas l’endroit, mais plutôt les personnes. » Ou en tout cas, c’est ce qu’il pense sincèrement. D’autres personnes, plus solitaires, auraient peut-être un point de vue quelque peu différent. « Carrément ! Un road trip entre colocataires, à la découverte d’une partie de la Nouvelle-Zélande, ça envoie du rêve. » Des milliers de personnes à travers le monde les envieraient probablement. « J’évoquerai l’idée avec Maël et les autres filles, à l’occasion. » Rien d’urgent, évidemment. Mais pour réussir à tous poser des congés en même temps, il faudra probablement s’y prendre bien à l’avance. En tout cas, l’entraîneur sportif a déjà quelques idées en tête, même si c’est bien trop tôt pour y penser. En attendant, il se concentre sur son plaisir immédiat, à savoir la nourriture. Riley lui demande s’il n’est pas déçu. « Non ! En plus, je suis assez difficile quand il s’agit de pad thaï. » Josh a l’habitude à la fois de manger dehors et de cuisiner, alors il peut parfois être assez exigeant. « Et toi ? Tu aimes ? » En tout cas, en ce qui le concerne il a déjà presque terminé. « Il devrait y avoir quelques biscuits encore au frigo. Je pense que j’irai faire des courses plus tard. En attendant, j’avais prévu de regarder la dernière série sortie sur Disney, si jamais ça te dit. » L’invitation est lancée car le repas touche à sa fin, mais ce qui est certain c’est que le jeune homme a bien apprécié ce moment passé en sa compagnie.

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crédit/ tumblr ✶ josh

Ayant traversé plusieurs pays dans ma vie, je ne peux pas contredire Josh. Même si le premier que j'ai fait, en Australie, n'était pas de mon plein gré. Lorsqu'ils ont appris que j'étais enceinte, mes parents n'ont pas réfléchi à deux fois et m'ont inscrit dans un internat là-bas. Au début, ce fut compliqué. Mais avec le temps, je m'y suis faite et je crois que c'est ce qui m'a motivé à partir en Europe. Être seule, loin de ma famille, je connaissais déjà, alors pourquoi ne pas le faire une nouvelle fois. Ici, il n'est pas question de ces voyage-là et ce n'est pas si surprenant que cela, puisque l'Australie est l'un des pays qui est facilement accessible à partir d'ici. « Je pense que oui. La sécurité y est bonne et il y a beaucoup de choses à faire. Le seul inconvénient, c'est le coût : la vie est plutôt chère là-bas. » Mais ça, quand on connaît un peu le pays, ce n'est pas vraiment un secret. L'avantage d'avoir passé ma première année à l'internat, c'est que j'ai doucement pu me faire à cette idée, sans avoir à me soucier d'un appartement à payer – ce sont mes parents qui le faisaient. La conversation tourne encore un peu autour des lieux où nous nous sentons bien et les voyages, notamment celui que nous pourrions envisager entre colocataires. Comme l'idée du road-trip l'emballe, il ne reste plus qu'à convaincre les trois autres habitants de cet appartement. Nos échanges avancent et nos plats se vident : la compagnie est agréable et nos commandes sont validées. « Ce n'est pas vraiment une surprise, c'est ce que je prends à chaque fois – ou presque. » C'est une valeur sûre, alors pourquoi changer ? Notre repas touche bientôt à sa fin et Josh se projette déjà sur la suite. Comme c'est son jour de congé, il a un programme bien plus attrayant que le mien – pour quelqu'un qui n'aimerait pas ce qui se trouve dans un musée. « Pourquoi pas. J'aurais peut-être le temps pour un, mais pas plus. Je travaille cet après-midi. » Je grimace un peu, avant de prendre une nouvelle bouchée de mon plat. Encore quelques minutes et voilà que nous en avons terminé avec notre repas. Je récupère les emballages et les mets à la poubelle. « Je te laisse installer ? Je vais aller me préparer. Quand l'heure sera venue, je n'aurais plus qu'à partir. » C'est son programme, je ne suis que son invitée, alors autant qu'il se mette à l'aise comme il veut.